Tous furent de retour là où ils avaient commencé. Qu’il était ironique de savoir qu’une quête prenait fin là où elle avait commencé. Baela espérait qu’ils s’en sortiraient tous face à ces personnes dont le pouvoir et l’influence étaient incontestable. Rien qui n’effrayait la Targaryenne, cependant, et cette dernière espérait d’ailleurs que Gyrolo et sa fille soient désormais loin. Ses yeux s’arrêtèrent sur la tapisserie, par réflexe, et elle grimaça en notifiant le changement. La première née de Daemon hocha la tête aux mots de Maegor et pose à son tour sa main sur le manche d’une dague qu’elle gardait toujours proche d’elle, simple habitude héritée de sa précédente vie.

La jeune femme fait un pas vers Maegor mais aussitôt alors, la voix des conjurateurs s’évanouit. Tout tourna et elle remercia ses années d’expérience à dos de dragon pour supporter ce léger tournis. Les souvenirs proches de la princesse semblent flous. Et alors qu’elle cherche… Qui cherche-t-elle ? N’était-elle pas venue accompagnée de Maegor et des autres ? Ou peut-être pas… Délirait-elle ? Toutes ces questions furent dissipées par la voix de Daemon Targaryen. Son cœur loupa un battement alors qu’elle se tourna vers lui. Son père avait sans doute toujours été l’un de ses points faibles. Lorsque Laena avait rendu son âme aux Sept, cela n’avait plus été que Daemon, Rhaena et elle pendant un petit moment. Il tenait une place spéciale, rassurante, dans son cœur. Et pourtant, lorsque ses yeux violacés fixaient la silhouette de Daemon, elle sentait que quelque chose n’allait pas.

Baela ne se souvenait pas de pourquoi elle était là mais ce dont elle se souvenait, c’est qu’elle avait vu Daemon Targaryen il y a très peu de temps. Pourquoi lui disait-il que cela faisait longtemps ? Et que diable faisait-il dans ce décor comme si c’était chez lui ? Sans Rhaenyra ? Sans personne ? Sans même le bruit d’un dragon ? Peut-être était-ce son père qu’elle venait voir ? Mais si elle voulait voir son père, jamais cela n’aurait été en ce lieu, ils habitaient ensemble après tout. Non, elle n’était pas venue voir son père. Ce n’était pas son père. Elle aurait reconnu Daemon entre mille et si elle rentrait à la maison en disant qu’elle n’avait pas su différencier un vrai Daemon d’un faux Daemon, elle en entendrait parler pendant quinze lunes. Minimum.

La magie était fascinante mais elle ne faisait pas tout. Elle jouait avec son esprit. Mais elle n’arrivait pas reproduire les détails qui faisaient de son père qui il était. Sa façon de sourire ou de s’adresser à elle n’était en rien semblable à ce que Daemon Targaryen dirait. En plus que ses paroles tiennent peu la route et l’endroit où ils se trouvaient encore moins. Alors, Baela alla s’asseoir près de ce faux père. Elle vint poser sa main derrière sa tête, touchant ses cheveux argentés et lors d’une étreinte, elle enfonça sa dague dans son ventre.


« — Bien que je doive me tuer de reconnaître que tu fus une copie convaincante de mon père durant quelques secondes, tu n’es pas et ne seras jamais Daemon Targaryen. Et je ne suis pas une idiote avec laquelle tu peux jouer à ta guise. »

Dit-elle à son oreille, tellement sûre d’elle qu’elle ne ressentit pas la peur une seconde d’avoir potentiellement tué son père. Elle savait que ce n’était pas lui. Cette sensation au fond d’elle ne la trompait pas. Et l’inconfort qu’elle avait ressenti en le voyant s’était en partie dissipé. Pourtant, elle ne sembla pas reculer pour observer le cadavre de l’homme. Si elle savait qu’il ne s’agissait pas là de Daemon, elle ne voulait pas être témoin de son reflet sans vie car cela la ramènerait à l’une de ses plus grandes peurs : être confrontée au cadavre de son père.

Choix 2. Tu sors ton épée et tues ton père

Lorsque la magie se dissipe, Baela fait face à toute l’horreur de son geste. Ses yeux violacés se posent sur le corps sans vie de sa nièce. La colère, l’horreur, la tristesse, l’effroi… Toutes ces émotions grimpent en elle. Aegon ne lui pardonnera jamais. La Targaryen est absolument effondrée d’avoir tué sa nièce, une fille qu’elle a pourtant connu… Mais elle l’est encore plus de la souffrance qu’elle va causer à son propre frère. Son Aegon… Cependant, le chagrin et l’horreur, elle le gèrerait plus tard. Quand elle serait seule. Comme elle l’avait toujours fait.

Pour le moment, elle devait se concentrer alors elle ne pensa qu’à la colère. Ses yeux brillants, menaçant de faire couler des larmes, devinrent secs et déterminés. Son sang bouillonnait et elle détestait ces conjurateurs qui l’avaient poussé à tuer son propre sang en la piégeant. S’ils n’avaient pas aidé Gyloro, les conjurateurs n’en seraient pas là mais Baela les portait pour uniques responsables car Gyloro, à ses yeux, du peu qu’elle en savait, était un grand homme. Ce qui n’était pas le cas de ces sorciers.


« — La ferme ! » cria-t-elle au conjurateur qui parlait autour d’eux.

Alors, quand Maegor lui dit de s’échapper, Baela s’indigne. Elle n’avait fuit qu’une fois pour échapper à Aegon II. Jamais, ô grand jamais, elle n’avait fuit. La fille de Daemon était courageuse, têtue et en colère. Trois raisons qui firent qu’à cet instant, tenant sa propre arme, elle emboîta le pas à Maegor.

« —Je n’ai jamais reculé devant le danger. Et je ne rentrerais pas à la maison en portant la nouvelle de ma lâcheté. Je veux les voir morts. »

De plus, il était hors de question qu’elle laisse Maegor faire le chevalier musclé à la chevelure blonde qui a tout résolu par lui-même. Peut-être cherchait-il seulement à la protéger. Cependant, Baela ne l’entendait pas de cette façon. Alors, c’est aux côtés de son ancêtre qu’elle entra dans la pièce voisine pour suivre cet ombre qui leur fit tant froid dans le dos.

Choix 1. Suivre l'ombre dans la pièce voisine