Baela avait répondu au hochement de tête de Maegor. Elle avait beau ne pas l’apprécier des masses, mais elle ne portait finalement pas énormément de monde dans son cœur non plus. Elle ne le détestait pas, c’était déjà une avancée. Maegor était vraisemblablement l’ami de Daemon Targaryen, son père, et elle entendait sans doute ce dernier au loin lui dire ne pas se le mettre inutilement à dos. Appréciant néanmoins qu’il prenne Aegon en main, Baela accepta volontiers sa chambre et passa une nuit des plus étranges puisqu’une moitié lui servit à réfléchir tandis qu’elle finit par s’endormir durant l’autre moitié et ne se réveilla que lorsqu’elle entendit le poing de Maegor rencontrer le bois de la porte. C’est donc rapidement qu’elle se prépara avant de les rejoindre en bas devant deux hommes de Gyrolo.

Le sourcil arqué et la tête légèrement penchée sur le côté, elle écouta les deux moussaillons de ce sale type qui possédait l’épée tant convoitée. Le ridicule de la conversation l’ennuya presque, avait-elle finalement autant de temps à perdre que d’écouter deux marins se chamailler comme deux frères de sept ans jusqu’à ce que la vérité n’arrive sur le dragon qu’avait terrassé Gyrolo. Evidemment… Il n’était pas simple de se débarrasser d’une telle créature majestueuse, alors il parut évident à ses yeux pendant quelques instants que ce fut un leurre. Maudits marins d’Essos et leurs histoires modifiées. Baela sentait qu’elle ne pouvait ni faire confiance aux Conjurateurs ni à Gyrolo… Mais quoi d’étonnant quand on connaissait Baela Targaryen ? Le plus étonnant eut été qu’elle fasse confiance à quelqu’un et seule Daena ici lui inspirait confiance.


« — Oui, évitons un massacre. »

Appuya-t-elle en soutenant les mots de Maegor. Baela avait le sang chaud et aimait parfois se frayer un chemin à l’aide de ses poings et de ses épées, mais pour cette fois, le dialogue était de mise et sans doute le meilleur moyen d’obtenir l’épée. Le seul vrai choix qui s’offraient à eux c’était la vie du Capitaine. Alors qu’il se tenait désormais devant eux, la jeune femme aurait pu pousser le plus long soupir de la terre si elle avait pu. Elle n’avait certainement pas envie de ramener sa tête aux conjurateurs maintenant que Daena semblait toujours en vie, et non traumatisée. A en juger par son observation, elle semblait ne pas avoir passé une mauvaise soirée ?

Baela quitta ses propres tergiversations lorsque Maegor vint déposer tout ces sous devant Gyrolo avec une proposition en or que la plupart d’entre eux ne pourraient contrer – en plus de dévoiler la vérité sans qu’ils ne se concertent. Levant les yeux au ciel, elle lâcha un rire jaune et lui lança un regard des plus noirs, loin de la presque sympathie dont elle avait fait preuve la veille. Evidemment, elle aurait dû s’y attendre que l’un d’entre eux prenne ce genre de devants, même si elle avait plutôt misé ça sur Aegon. Et bien entendu que Maegor ne devait même pas considérer ni Daena ni elle comme des choix envisageables pour obtenir l’épée. Pourtant Baela savait la manier, mieux que certains hommes. Baela hocha la tête aux mots de Daena.

« — Elle a raison. C’est ensemble que nous avons commencé et bien que tu nous aies tous doublé en ayant cette somme depuis le début et en laissant Daena agir pour baisser un prix que tu avais déjà, nous terminerons ensemble. »

Baela soupira et ajouta les cent pièces d’or des Conjurateurs ainsi que deux cents de sa poche, ne pouvant de toute façon pas en mettre davantage, ses économies s’arrêtant ici. Quel échec si elle ne ramenait pas cette épée. Sa fierté personnelle en prendrait un coup et également… Sa volonté de réussir et de ramener cette épée auprès de sa famille, de pouvoir la manier… Quel héritage qui se volatilisait devant ses yeux. Comment même rivaliser ?

« —Prends la ta foutue épée... En revanche, en ce qui concerne une vie humaine, elle ne se marchande pas. Gyrolo, sachez que vous êtes libre de vous joindre à nous, et pas seulement parce que Maegor vous propose trois cents pièces pour vous recruter. »

Baela et son légendaire langage qui avait autrefois fait frémir une cour choquée de ce qu'elle pouvait dire. La jeune Targaryen était sincère cependant et espérait au moins que sa volonté de ne pas acheter quelqu’un comme s’il était lui-même une épée, lui vaudrait un peu de considération. L’épée était peut-être une cause perdue pour elle désormais mais elle refusait de se laisser marcher sur les pieds par un ancien roi qui pensait que tout lui était dû ou s’échangeait contre des pièces d’or. Une seule chose semblait les mettre d’accord désormais : s’opposer à ceux qui les avaient envoyé ici en premier lieu.

« —Pourquoi les Conjurateurs vous cherchent-ils ? »

Choix 1, Payer Gyrolo.

Le regard de Baela se posa sur la jeune fille de l’aubergiste, qui au final semblait être la fille de Gyrolo. Un faible sourire se dessina malgré elle sur son visage puisque cela lui rappelait ses propres enfants mais également son père, Daemon. Elle comprenait pourquoi il ne voulait pas se battre contre les conjurateurs, rien ne valait de perdre la vie quand votre enfant était encore à vos côtés. Elle admirait ce père qui restait en retrait. Et au fond d’elle, Baela avait envie d’éliminer ces conjurateurs car dans cette aventure, elle avait pu se confronter à quelque chose de bien plus important qu’une épée ou que le coup de Maegor qui l'avait blessée dans tout son ego. En écoutant l’histoire de Gyrolo, elle avait réalisé que l'élimination des conjurateurs était la réelle récompense de cette histoire. Celle qui fut appelée la courageuse ne reculerait devant rien, elle qui aurait toujours préféré être chevalier qu’être reine, elle sauterait sur une occasion pareille. La confiance devrait être de mise s’ils voulaient réussir. Baela ne donnait pas sa confiance à tout le monde mais elle faisait déjà confiance à Daena. Daemon était ami avec Maegor alors elle pouvait également lui faire confiance. Et le jeune Daeron n’avait fait que lui proposer son aide durant cette aventure. Aegon -le seul en qui elle ne pourrait avoir confiance - semblait être porté disparu désormais et elle se disait qu’à quatre, avec de la confiance dans le cadre de cette quête, ils pouvaient le faire. Lorsque Maegor proposa de porter l’épée, Baela hocha la tête.

« — Tu l’as payée en entier, après tout. L’important est désormais la mort de ces rats. Alors, nous devons nous souder pour y parvenir et nous faire confiance. Au moins le temps de ce combat.»


Choix 3. Affronter les Conjurateurs et quitter Quarth juste après.