❝ the things we lost in the fire ❞ ft. Jacaerys Targaryen

JOUR 9, LUNE 9, ANNÉE 874

Lorsque Rhaenyra Targaryen observe son fils, elle voit en lui la promesse d’un avenir brillant, elle voit en lui tout son potentiel, celui même qu’il ne doit pas soupçonner et elle sait qu’un jour, il fera un bon souvenir mais avant cela, elle a tant à lui apprendre, tant à lui montrer et heureusement, ils ont le temps. Ils ont tout le temps cette fois.

« — You will do good, I know it. »

La mère ne doit pas de son enfant. Jacaerys a prouvé qu’il était capable durant la guerre, quand elle ne l’était pas, quand elle ne savait pas décider parce qu’elle avait trop peur de conséquences de ses actes, parce qu’elle avait trop peur d’envoyer ses enfants à la mort comme elle avait envoyé Lucerys. Il a encore à apprendre mais il sait prendre des décisions, il sait prendre les choses en mains quand il le faut et de cela, elle est fière. Elle est extrêmement fière. Lui a-t’elle déjà dit combien elle est fière de ce qu’il a fait ? De la manière dont il a mené le conseil quand elle en était incapable ? Elle ne croit pas l’avoir déjà fait, elle ne croit pas avoir déjà réellement parlé de tout cela avec quiconque d’autre que Daemon car dans ces années de guerre résident ses plus grands moments de faiblesses, ses plus grandes peines et lentement, sa descente aux enfers qui l’a mené à sacrifier chacun de ses enfants, à les perdre un à un, à perdre tout son entourage, tout ceux qui lui furent proches et enfin, se perdre elle-même pour marcher inconsciemment vers son bûcher funéraire. Dracarys! furent les derniers mots qu’elle put entendre dans la voix d’un demi-frère qui l’avait toujours laissé indifférente jusqu’à ce qu’elle en vienne à le haïr de plus profond de son être. Il y a des êtres qu’elle se sait incapable de pardonner, avec qui elle sera incapable de faire preuve de la même tolérance qu’envers Alicent et Aegon l’Usurpateur en fait partie. Tout comme le fait Aemond. Qu’importe combien de fois Luke lui a dit qu’il s’était excusé, combien de fois il lui a dit qu’ils s’étaient pardonnés, Rhaenyra n’oublie et ne pardonne pas. Jamais ce demi-frère qu’elle méprise n’est venu lui présenter ses excuses pour lui avoir arraché son fils, pour lui avoir arraché son époux et même avec de sincères excuses, elle serait bien incapable de lui dire I forgive you, jamais ces mots ne franchiront ses lèvres.
Princesse ou reine, la valyrienne a toujours eu le pardon difficile, elle n’a jamais oublié une offense, pas entièrement et même lorsqu’elle a mené Alicent avec eux à Meereen, derrière les intentions sincères et honnêtes de cette entreprise, derrière le désir d’avoir une amie à ses côtés car sa solitude est grande en ce monde et qu'un époux, un amant, ne remplacera jamais une amie, il y a toujours eu cette voix en elle qui lui soufflait que la Hightower était à sa merci, qu’elle dépendait d’elle, qu’elle avait le pouvoir sur sa vie et que si elle le désirait, la vengeance était à portée de mains. Si elle ne l’a jamais fait, si elle n’a jamais agi et que la pensée n’est restée d’une pensée, elle a souvent rempli son cœur d’une confiance et d’une arrogance certaine qui vinrent la réconforter dans ses peines. Elle ne pardonne pas, elle n’oublie pas. Seul Daemon a obtenu pleinement son pardon car Daemon à son entière confiance, ils brûlent ensemble et sans lui, la solitude a toujours été bien trop lourde à porter.

« — Somehow, wasn’t he always lonely? All of you have precious memories of our life in Dragonstone but Viserys has none. »

Un triste sourire se dessine sur les lèvres de la souveraine de l’Antique Volantis à ces paroles, elle sait très bien ce que cela implique. Si Viserys a connu et se souvient d’Aegon et de Baela, ils ne sont tous que des étrangers pour eux. Parfois, Rhaenyra le ressent plus qu’elle ne le voudrait. Elle est une étrangère pour son propre fils, un souvenir distant, une présence réconfortante qui lui a manqué sans qu’il ne l’ait jamais véritablement connu. C’est un fait douloureux pour une mère qui aime ses enfants, qui les aime un peu trop.

« — Practice might make it easier to learn grammar. Aegon gave you good advice and you’re taking this learning seriously. I have no doubt you will succeed in this. »

Il a toujours su réussir quand il se plonge sérieusement dans une tâche, quand il y voit une utilité concrète quand auparavant, le Haut Valyrien n’était qu’une langue qu’ils apprenaient majoritairement par tradition et pour se lier à leurs dragons que par une réelle nécessité au quotidien. Essos est différent, il est nécessaire d’apprendre la langue des gens qui vivent ici, des gens qu’ils dirigent, sans quoi ils ne s’intégreront jamais, sans quoi ils ne pourront pas comprendre le peuple qu’ils doivent protéger et servir.

« — You always do what’s right, you will find your courage when the time comes. I raised a brave son. »

Son regard est tendre et empli de fierté. Elle est fière de chacun de ses enfants, elle les aime tous intensément et autant les uns que les autres et pourtant, Jacaerys possède une place particulière dans son cœur car il a toujours été son héritier, il a toujours été son premier enfant, celui qui a fait d’elle une mère mais aussi celui sur lequel elle s’est si souvent reposée dans les moments difficiles. Lorsqu’elle a eu ses autres enfants, elle était déjà une mère, elle savait déjà comment s’y prendre, ce ne fut jamais le cas avec Jace. Elle avait appris à aimer inconditionnellement avec lui, elle avait découvert cet amour seulement avec lui et ensuite, il était là, déjà en elle, prêt à être offert à chaque enfant qu’elle mettait au monde.

« — Choose wisely the people you trust, this is the best advice I can give you. »

Au fond, la valyrienne sait qu’elle ne peut pas conseiller à son fils de ne jamais accorder sa confiance, elle sait qu’elle ne peut pas lui dire qu’il peut être trahi à chaque instant et par ceux qui lui sont le plus proches car cela le mènera vers une paranoïa qu’elle ne souhaite pas pour lui, une dans laquelle elle se plonge bien souvent quand elle s’entoure d’autres personnes que ses enfants et Daemon. Même ceux de son sang, les Targaryen de l’autre côté du Détroit, ont sa méfiance. Même Maegor, qu’elle considère comme un ami, pourrait un jour devenir son ennemi, s’opposer à elle en raison d’un désaccord, d’une divergence d’opinion, d’un conflit d’intérêt. Elle ne le souhaite pas mais c’est une éventualité qu’il est impossible d’exclure. Ses faiblesses ont tant été utilisées contre elle, elle a tant été trahie et blessée qu’elle ne peut plus faire confiance aveuglément, qu’il y a toujours cette méfiance qui réside en elle et qui la pousse à garder un œil attentif sur ceux qui entourent sa famille.
La prise d’initiative de son ainé fait sourire la mère. Elle hoche doucement la tête avec un sourire quelque peu satisfait. Il veut s’impliquer et c’est une bonne chose car elle désire sincèrement qu’il s’implique, qu’il s’apprenne comme elle l’a fait avec son propre père et alors elle se rapproche de lui de seulement un ou deux pas.

« — Good. It was my next point, I want you to have a seat in the council. »

Tout comme elle en eut un quand le moment fut venu au conseil de son père, Jacaerys mérite sa place. Il l’a gagné il y a longtemps, il a dirigé son conseil durant les lunes qui ont suivi la disparition de Luke et qui ont précédé la sienne et il est plus que prêt à s’assoir à ses côtés.

« — You will listen and learn. Sometimes, I will ask for your opinion and when you are ready, you will be a permanent member of my council. As my heir, you belong there. »

Ses doigts attrapent la bague en or simple autour de son annulaire et la font tourner comme elle le fait si souvent, comme elle l’a déjà fait plusieurs fois depuis le début de cette entrevue avec son premier fils puis elle sourit plus amplement.

« — I would also like you to choose a cause, something you want to change in Volantis, and work on it. It can be anything, something you think is important. It is time for you to learn to pick your battles and when it is done, come to me with a plan of what changes you’d like to make and how you’d do it. If it pleases me, you’ll let you put this plan into action. »