Des semaines entières s’étaient écoulées depuis ces événements qui avaient marqué un tournant définitif dans la vie du jeune Tybalt Waters, bâtard de Culpucier de sa condition.

Des semaines, depuis qu’il avait pu rencontrer son illustre père illégitime, l’ancien roi Maegor Targaryen. Ce simple événement avait eu de quoi alimenter ce feu qui avait toujours fait rage en lui.

Des semaines, depuis qu’il avait pu dompter son dragon, Aelion. Cet épisode avait irrémédiablement débloqué quelque chose en lui, un nouveau vent d’air frais, un espoir de définitivement faire ses preuves. L’ancien prétendu roi dragon de Culpucier avait certainement vu son égo démesuré s’agrandir un peu plus.

Puis, il y avait eu la préparation. Le jeune homme s’était acharné dans cette préparation. A la base, il avait seulement eu l’intention de se rendre jusqu’à Volantis pour y retrouver son épouse. Et pour ce simple fait, il avait fait d’innombrables aller-retour entre Port Real et Peyredragon afin de renforcer son lien avec Aelion, mais aussi pour s’entraîner à le monter sans risquer une stupide chute. Ensuite, il avait particulièrement dû se faire violence pour entreprendre un devoir qu’il savait à l’avance compliqué. Apprendre le Valyrien parlé à Volantis. Oh, il avait régulièrement eu envie de se taper la tête contre les murs et plus encore de passer ses nerfs sur le mobilier ou ceux qui commettaient l’erreur de passer à côté de lui dans l’un de ses moments de frustrations. Et lorsqu’il sentait sa frustration bien trop imposante, il disparaissait auprès d'Aelion. Lui seul semblait bien capable de calmer les ardeurs de ce chien fou.

Les progrès étaient présents, mais cela ne semblait jamais assez satisfaisant pour lui. Pourtant, il devrait s’en satisfaire, cela serait bien suffisant pour trouver son chemin jusqu’à elle. Mais c’était à cet instant même qu’une autre destinée lui ouvrit sa porte.

Tybalt avait revu son père, ce jour-là. Il était toujours heureux de le voir, oh, il avait assurément été particulièrement fier, le jour, où il avait pu lui compter le simple fait d’avoir pu dompter son dragon. L’homme était toujours avide de faire ses preuves, de le rendre fier. Aussi, l’écouta-t-il aussi attentivement qu’il en était capable. Il souhaitait donc qu’il parte pour Volantis définitivement ? Tybalt l’écoutait parler parler de Rhaenyra Targaryen, de cette nouvelle reine de la citée libre. Au fond de son regard brillait assurément cette lueur d’ambition. Il n'avait même pas vraiment eu besoin de donner de réponse, son regard et ce sourire en coin parlait pour lui. Ce serait parfait pour lui. Mais bien sûr, maintenant, il allait devoir approfondir encore plus sa connaissance de la langue régionale, les bases ne seraient définitivement plus suffisantes. Alors du temps qu’il lui restait à Westeros, il avait accepté l’aide d’un mestre pour accélérer son apprentissage, quand bien même le pauvre avait dû faire face à ses nombreuses crises de nerfs et lancé de matériel en tout genre. En définitive, il avait encore beaucoup à apprendre, mais il était en bonne voie et il était malin, il saurait toujours trouver son chemin.

Le départ était plus proche de jamais. Tybalt avait alors prévenu par corbeau son père. Il partirait quelques jours plus tôt que prévu pour la citée libre. Ils se rejoindraient à l’endroit prévu à l’heure prévue. Il devait s’y rendre à l’avance, car il y avait urgence. Il devait chercher après Prisca, c’était la première chose qu’il devait faire en arrivant à Volantis. Car il la connaissait si bien qu’il savait pertinemment, qu’il ne pouvait guère lui laisser le temps d’apprendre sa présence avant de tenter de la retrouver. Non, il ne pouvait pas lui laisser cette chance.

Le vol avait naturellement été plus long que tout vol qu’il avait déjà pu effectuer avec son cher Aelion. Mais il avait une confiance aveugle envers son dragon et le trajet lui avait semblé être un cadeau du ciel. Un instant où il avait pu être seul avec lui-même et son dragon. Ce moment était bien nécessaire pour lui permettre de remettre ses idées en place et calmer ses ardeurs avant d’atteindre la célèbre citée libre. Il avait observé la ville, cherchant un endroit où il pouvait atterrir avec son dragon qui malgré sa prétendue petite taille, mesurait tout de même sept mètres de long. Il laissa ensuite son dragon à l’abri, lui promettant qu’il serait bientôt de retour. Tybalt disparu ensuite dans les méandres de la ville pour une histoire qu’il ne raconterait pas tout de suite.

Deux jours s’étaient écoulés, le soleil brillait fièrement dans le ciel. Tybalt Waters étaient présent, non loin de l’édifice royal. Lieu où ils avaient convenu de se retrouver dans les courriers qu’il avait pu échanger avec Maegor. Particulièrement excité par toute cette histoire, l’homme était présent plus tôt que prévu. Mais cela n’était pas grave, il était assis contre sur un muret, légèrement en hauteur. Il jetait parfois des regards en arrière. Il s’amusait des regards que lui lançaient des hommes armés qui gardaient l’entrée. Son sourire narquois ne quittait pas ses traits, tandis qu’il ne bougeait pas d’un millimètre.

Sans aucun mal, Tybalt avait vu Maegor au loin qui approchait. Son père était un véritable géant qui ne devait passer inaperçu nulle part. Sans plus attendre, Tybalt bondit du muret pour se présenter face à l’ancien roi Targaryen, le saluant d’un signe de tête, un sourire inondant bientôt ses traits.

« Father ! I hope your fligh was pleasant »

Ils n’avaient guère attendu longtemps avant de rejoindre l’illustre monument royal. Et Tybalt ne résista guère à l’envie de lancer un nouveau sourire narquois vers ce garde royal qui l’avait si mal regardé quelques temps plus tôt avant qu’ils ne passent à côté de lui. L’homme se reprit pourtant très vite en entendant qu’ils seraient rapidement reçus par la reine. Toute cette situation aurait dû lui paraître totalement irréelle. Mais il avait de l’ambition pour lui, autant que de la pure mégalomanie. Aussi, s’y sentait-il peut-être plus facilement à sa place. Il avait enfin la chance de prouver à tous qu’il était bel et bien un dragon. Et l’un qui ne manquait ni d’aplomb, ni d’ambition.

Tybalt suivait le mouvement, observant au passage les décorations riches de l’édifice. Nul doute que son propre ancien royaume de Culpulcier n’aurait jamais pu rêver d’autant de richesse. Elle était ensuite apparue face à eux, la reine Rhaenyra Targaryen. Le jeune homme porta ses yeux vert-d ’eau jusqu’à elle. Il avait fait ses devoirs, afin de ne pas embarrasser son père, aussi, lorsqu’il fut son tour de prendre la parole, la salua-t-il comme, il convenait de saluer une reine.

« My queen »

Tybalt apparaissait ainsi pour la première fois face à elle. Le bâtard de Maegor Targaryen venu d’une tout autre époque. Ses cheveux n’étaient guère blonds, mais bruns foncé. Ses yeux n’étaient pas non plus violets, mais bel et bien particulièrement clairs. Il était d’une taille moyenne, mais aurait assurément pu paraître petit à côté de son père qui était – lui – un véritable géant. Une caractéristique physique qui pouvait ressortir chez lui, était cette fine cicatrice qui partait de la base de son nez pour rejoindre sa lèvre supérieure. Un rappel d’une enfance particulièrement chaotique au milieu des bordels de Culpucier. Puis il y avait ce regard féroce dont il ne pouvait pas se défaire. Il était facile de voir en lui cette ambition, cette volonté de faire ses preuves, cette force de la nature qui le pousserait toujours à en vouloir plus.

Un sourire illuminant un peu plus les traits de son visage, son regard se transformait presque aux quelques mots de son père.

« Yeah, it was quite peaceful »

Ce dernier mot, qu’il avait employé, semblait presque inhabituel dans sa bouche, lui qui était d’ordinaire cet ouragan toujours en mouvement. Mais oui, Aelion avait un certain talent naturel pour apaiser le petit dragon. Ce lien était assurément fort. Et bientôt, son regard aurait pu à nouveau s’embrumer, tandis qu’il affichait un sourire presque gêné et pourtant déjà si large. C’était l’une des choses qui lui avait manqué dans sa vie, cette relation paternelle, cette fierté qu’il aurait pu faire naître chez son père. Et par ces quelques mots, Tybalt n’en fut que plus encouragé à faire du mieux qu’il pouvait dans cette rencontre avec la reine Targaryenne. Car il en serait assurément mort de honte s’il embarrassait son père devant son amie.

Légèrement en retrait durant les présentations, Tybalt avait observé cette reine. C’était bien la première fois de sa vie qu’il était en présence de royauté, au plein milieu de leur palais. De sa vie à Culpucier, son palais avait été un taudis légèrement en hauteur dans la fourmilière des vices de la capitale et sa reine avait été sa femme. Mais une vraie reine entourée de cette richesse qu’il n’avait vu que sur quelques rares nobles qui avaient commis l’erreur de s’aventurer dans son antre, cela, il n’en avait encore jamais été témoin de sa vie. Et par cette première rencontre, il reconnaissait que cette reine ne semblait nullement proche du stéréotype de la reine faites de roses et d’eau fraîche. Oh non, celle-là inspirait un certain respect féroce. Et lorsqu’elle avait croisé son regard, il avait soutenu son regard avec toute sa force d’âme. Ce n’était pourtant pas un défi, mais plutôt une forme de respect dans son esprit.

Respect qui manqua, assurément, de voler en éclats en l’entendant manqué de l’appelé bâtard avant de dire fils. Oh, Tybalt savait ce qu’il était. Mais il y avait toujours un mépris dans ce terme de bâtard. Mais qu’attendait-on d’un bâtard ? Qu’il se contente de vivre dans la crasse, qu’il finisse ses jours à genoux au milieu du peuple. Qu’est-ce qu’un simple bâtard aurait bien pu faire ici, face à la nouvelle reine de Volantis.

Tybalt était un homme sûr de lui, un homme qui n’avait jamais manqué de charisme et d’aplomb. Des qualités qui lui avait permis de s’élever au milieu de Culpucier et de construire un véritable groupe d’adepte autour de lui. Tant d’ingrédients qui lui avait permis de se rêver roi de Culpucier, lui l’homme qui aurait pu contrôler cet endroit chaotique hors du contrôle des soldats royaux. Et il y était parvenu jusqu’à ce que la mort l’emporte à ses trente ans. Qu’aurait-il pu faire de plus si le destin n’avait pas été si funeste ? Ils étaient ici pour le découvrir justement. Mais Tybalt était un homme hors de contrôle, un homme qui avait tendance à être trop impulsif, à parler à tort et à travers, trop fort, trop vite. Pourtant, ici, il devait mesurer ses propos, éviter d’étaler son manque d’éducation. Il devait rendre fier Maegor. Et c’était d’ailleurs brièvement vers lui qu’il s’était tourné tandis que Rhaenyra l’invitait à s’exprimer à son tour.

« I appreciate the time you're giving us, Queen Rhaenyra. What brings me here? I'm here to pledge my allegiance to you. As long as your intentions don't contradict my father's, I shall remain by your side. My true loyalty is as fierce as my ambition »

Il y avait une certaine honnêteté presque brutale dans ses propos. Tybalt avait énormément de défaut, mais il était un homme loyal, il n’accordait que très rarement et difficilement sa loyauté. Ironiquement, sa trop grande loyauté avait peut-être bel et bien été ce qui avait entraîné sa mort, car il n’aurait jamais suspecté son bras droit ou son épouse de fomenter son meurtre par empoisonnement.

Le naturel revenait trop facilement, car Tybalt se sentit presque obligé d’immédiatement enchaîner.

« You may wonder why you would need me? After all, I'm just a bastard. But I'm not built like any other men; I'm the infamous Dragon of Fleabottom. And I can bring you something noble men will never be able to provide. I understand the people, how the city breathes and lives. I had influence over Fleabottom, and after spending some time in Volantis, I can say without any doubt that they are much the same. I can foresee where revolutionary fire might ignite and quench it elsewhere in that beautiful city. Did you know that some of them have already made up stories of you consuming the former ruler's heart? »

Il s’était plutôt amusé à entendre cette histoire dans les ruelles de Volantis, il avait réussi à la comprendre de bout en bout grâce à ses progrès dans la langue valyrienne. Et il fallait dire que l’image que cela renvoyait imposait une certaine crainte et respect. Qui aurait été assez bestial pour consommer de la chair humaine, pour consommer un cœur sans la moindre crainte pour son âme. Oh, bien sûr, il n’avait aucun doute sur le fait que ces rumeurs étaient totalement, fumeuses, ceux qui la répandaient ne devaient peut-être pas y croire eux-mêmes. Mais cela fonctionnait comme la peur du monstre sous le lit pour les petits enfants. Ils créaient leur propre croque-mitaine. Et Tybalt était de ceux qui croyaient dur comme fer qu’un leader devait être craint pour être respecté. Il avait lui-même usé de la peur pour asseoir son autorité sur Culpucier en agissant comme un véritable despote capable de faire abattre la pire cruauté sur ses ennemis.

« I know I might not be the smartest, and I know I talk too much, but I'm one of those who rise, not those who fall on their knees and dies »

Un sourire en coin prenait naissance sur son visage, l’un de ces sourires qui irradiait de cette confiance en lui, cette arrogance aussi, tout comme sa trop grande fierté. Au fond de son regard brillait ce besoin de reconnaissance, cette volonté qu’il avait de réussir à s’élever plus haut qu’il avait pu le faire, de rendre fier son père.

« If you’re willing to give me that opportunity, I promise that I will shine! I never throw away my shot »