「waitin on you」(ft. Lucerys Velaryon)

Cher Lucerys,

J'ai pensé à ce que tu as écrit il y a quelques temps. J'ai décidé que tu devais avoir raison, rien ne m'attend plus à Westeros qu'à Essos et honnêtement, une drôle d'odeur de carnage flotte dans l'air. J'ai embarqué sur un navire, retrouvons-nous à Volantis, je suis sûr que tu as bien des choses à me raconter. Je t'y attendrais pour toute une lune, si nous ne nous retrouvons pas, je suis certain que nous saurons nous revoir bien assez tôt. Toutes les routes me mènerons forcément à Meereen un jour.

Bien à toi,
R.

Un corbeau s'envola, ses ailes battant d'une force remarquable pour partir vers l'est. Par où passerait-il? Que verrait-il de ses yeux? Est-ce que son chemin l'amènerait à contourner la Mer Fumeuse et la péninsule valyrienne où il ne restait plus rien que la désolation et le cauchemar? Romarn se demandait à quoi ressemblait les reliefs de l'ancien empire le plus puissant du monde. Y avait-il encore quelques ruines désolées des tours draconiques d'antan? Et ses bâtiments à flanc de montagne? Plus d'une fois, ses mains avaient attrapées le fusain qu'il taillait de son couteau, retraçant les pourtours d'une civilisation qu'il n'avait jamais connu, qui lui semblait flou et détachée. Le port-réalais n'avait vu Peyredragon qu'une fois, de loin, en passant par la mer alors qu'il se rendait à Lamarck par Pointe-Vive et dans son esprit, Valyria y ressemblait.

Mais il fallait à présent se concentrer sur ce qui existait encore, ce qui était touchable. Il y avait, bien des endroits à Essos que le jeune Sawler voulait voir, observer, décrire et cartographier. Les côtes tout d'abord, chaque embouchures dont la profondeur signifiait une potentielle source s'approvisionnement en eau pour toute une région. Après tout, Westeros connaissait des conditions plus clémentes, semblait-il, qu'à Essos et nombres de personnes s'installaient malgré tout le long des cours d'eau ou des grandes routes. Trouverait-il une similarité ici, lors de ces voyages?

Cette pensée accompagna alors Romarn lors de ses tâches quotidiennes sur le navire sur lequel il s'était engagé pour sa traversée. Par moment, quand le calme revenait et qu'il ne lui restait plus qu'à observer, au loin, les traits confus d'une terre qu'il ne savait pas nommer, deux yeux bruns lui revenait en tête accompagné d'un sourire incertain et doux. Le temps que le cartographe avait passé avec Lucerys Velaryon lui revenait souvent en tête, comme un souvenir précieux qu'il ne souhaitait pas perdre. Avait-il retrouvé sa famille et tout ceux qui lui était cher? Après tout, les morts revenaient à la vie par dizaines quand il avait quitté le continent où il était né pour le vieux monde. Un sourire lui échappa quand il imagina son ancien amant lui raconter avec vigueur ce qu'il avait eu le temps de faire et voir à Essos.


Une chape de plomb étouffante et chaude était tombée sur Volantis, une de ces chaleurs que Romarn n'avait jamais connu auparavant, même lors de ses jours dans la forge de son père. Des jours chauds et ennuyeux avaient déjà frappé Port-Réal plus d'une fois. Des jours caniculaires qui donnaient l'impression que les milliers d'âmes qui y vivaient, avaient allumé un gigantesque brasier. Les odeurs remontaient plus terriblement encore, peu importe où l'ont se trouvaient. Personne n'y pouvait rien, malheureusement. Ici, en revanche, dans la plus grande des anciennes possessions valyrienne, la chaleur était différente.

Il y avait une humidité brûlante dans l'air, quelque chose qui flottait en apesanteur et qui donnait l'impression d'aspirer l'énergie de ceux qui sortaient en plein soleil. Même Dorne n'était pas aussi terrible, aussi traitre et naturellement, le cartographe s'était rendu à l'évidence qu'il lui fallait à présent se fondre dans la masse et adopter des vêtements plus fins et légers. Cela n'avait pas empêché le jeune homme de sortir, attrapant ses outils, afin de cartographier la partie occidentale de cette ville si vaste qu'elle s'étalait de part et d'autre d'un des bras de la Rhoyne. La partie orientale de la cité n'était point accessible aux étrangers, Romarn le savait, il en dessinait parfois les contours en laissant son esprit vagabonder dans des rues imaginaires faites de marbre et d'or que le Mur Noir cachait.

L'homme, habitué aux conditions difficiles et ambulantes de sa condition ouesterienne, ne se plaignit pas de devoir marcher, ignorant les regards suspicieux de ceux qui se demandait pourquoi il n'empruntait pas un hatay. La réponse était assez simple pour lui. Comment pourrait-il prendre le temps de voir les choses s'il se déplaçait en carriole. Comment aurait-il pu voir le dragon aussi azur que le ciel quand il traversa ce dernier, sans se demander s'il avait rêvé? Voilà que Romarn, d'ailleurs, pressa le pas en suivant l'endroit où ses larges ailes semblaient l'emmener. Après tout, les déambulations du jeune Sawler l'avait amené à apercevoir nombres de ses créatures indomptables pour la plupart des êtres de ce monde.

L'empressement de ses pas trahissait toute son espérance. Il y avait peu de chance que la créature se soit posée quelque part, non loin de la cité. Peut-être avait-elle plané au-delà des rares nuages qui flottaient dans le ciel, disparaissant comme une illusion crée par le soleil lui-même. Peut-être était-elle, cependant, le dragon d'une personne chère à son cœur que ce voyage à Essos avait rapproché de lui davantage. Après tout, Lucerys des maisons Velaryon et Targaryen, prince et fils de celle que l'histoire avait décidé de retenir comme la Reine d'une demi-année, n'était-il pas une des raisons de la précipitation de son ancien amant et ami à partir? Ses ambitions et ses rêves, certes, jouaient beaucoup. Mais comment pourrait-il aider le plus jeune en se trouvant si loin de lui?

L'homme pressa sa main sur son front pour bloquer les rayons du soleil, un sourire trahissant ses lèvres. Il reconnu sans mal cette chevelure brune.

"Luke? demanda-t-il alors avec un certain amusement. Tu es venu."

Romarn s'approcha plus vite encore, coinçant les nombreux croquis qu'il tenait entre ses mains sous l'un de ses coudes. Après tout, il s'agissait de retrouvailles et si le ouesterien aimait sa solitude et le calme, il ne pouvait pas non plus dire qu'il n'était pas le plus heureux de retrouver quelqu'un de si cher à son cœur.

Romarn aimait sa calme tranquillité. Il aimait être entouré d'un silence qui ne réveillait aucune de ses colères, pourtant, le jeune homme mentirait s'il disait qu'il n'aimait pas la présence de Lucerys Velaryon à ses côtés, celle qu'il avait eu quand ils étaient à Westeros et celle qu'il avait maintenant, ici, à Volantis. Quand il l'avait vu, Romarn avait lâché ses rouleau pour le rattraper, serrant sa taille entre ses bras en le soulevant bient trop joyeusement pour de simples retrouvailles entre amis. Le plus jeune avait été bien plus que cela pour le cartographe. Il avait été son compagnon, son amant, son ami, bien trop d'étiquette pour qu'il n'attacha aucune importance à leur tant attendue retrouvailles. Même son nom dans la bouche du jeune prince lui semblait être quelque chose de spécial, quelque chose qui lui avait manqué.

Ses doigts se glissèrent un instant entre les boucles brunes du Velaryon, fermant ses yeux en le reposant au sol lentement, soupirant d'aise et de soulagement. Il fallait avouer que passer d'un duo au retour de la solitude lui avait paru particulièrement étrange et le port-réalais avait dû retrouver ses habitudes lentement mais sûrement. Il avait ensuite enchaîner le travail pour oublier qu'étrangement, le silence était devenu étrange. L'Ouest, le Trident, les îles de Fer, Romarn n'avait pas chômé et il pu rapidement rejoindre un équipage pour Essos afin d'honorer sa parole et retrouver Lucerys à Volantis.

Quand enfin, il fallut relâcher le petit brun, Romarn l'écouta non sans être étonner. Il imaginait déjà les choses incroyables que son ami avait à lui raconter. Après tout, s'il se rappelait bien, Luke avait péri d'une façon tragique à dos de dragon et voilà qu'il était à nouveau sur l'une de ces créatures fascinante? Et plus encore, l'artiste se demanda si le Velaryon avait pu retrouver sa famille intacte. Il ne doutait pas, cependant, que le récit viendrait à un moment. Pour l'heure, voilà que ses joues rougirent délicatement aux paroles tendres que le prince adressait à son égard.

"Tu sais bien que je n'aurais jamais loupé une occasion de venir à Essos, encore plus pour te retrouver. Il va falloir que tu me racontes absolument tout, de ton voyage jusqu'à Peyredragon à ta vie ici en passant par ton départ, ton voyage, ton installation... Enfin tu l'auras compris, absolument tout sans rien oublié. Je... Je dois avouer qu'il était étrange de revenir sur certains lieux que nous avons visité ensemble sans que je ne regrette ta présence."

Que lui arracherait-il de dire que Lucerys lui avait particulièrement manqué dans ses pérégrinations géographiques? Rien. Absolument rien. Pourtant, le port-réalais voulait prononcer ses mots dans une sphère plus privée et intime qu'en plein milieu d'une rue pleine d'une foule qu'ils semblaient déranger à rester là. Alors que le jeune Sawler s'apprêtait de proposer à Lucerys quelques plans fous, le jeune homme le devança bien rapidement alors qu'il ramassait ses rouleaux de cartes.

"Tu me connais trop bien. Bien sûr que j'en ai toujours rêvé. Par tous les Dieux Luke, il va falloir que tu m'expliques absolument tout. Laisse-moi poser tout ça, j'aimerais ne pas perdre tout ça, histoire ne pas avoir à revenir avant un moment. J'en ai pour vraiment pas longtemps. Est-ce que tu as des obligations? Peut-être que tu pourrais... Rester un peu ici avec moi? Enfin, si tu veux, bien entendu. Il y a tant de choses que je dois te raconter aussi. Des choses folles, vraiment."

Romarn ne pu s'empêcher de passer un doigt sous le menton de Lucerys pour redresser son visage en souriant malicieusement. Ô, il remarquait sans mal une pointe d'un je-ne-sais quoi brillant dans le regard du petit prince Velaryon. Il était impatient de savoir ce qui rendait le brun si heureux mais aussi d'enfin voir un dragon de près sans avoir à risquer pour sa vie face à une de ces créatures sauvages et dangereuses dans la nature.

"Luke? Je suis vraiment, vraiment très heureux de te voir." prononça Romarn Sawler avec une pointe de tendresse qu'il n'avait pas ressenti depuis un moment.

Si Essos avait toujours été la terre de tous les rêves de Romarn Sawler, ce dernier n'avait aucun doute sur le fait que sa présence ici avait fortement été aidé par la présence du jeune Velaryon qu'il avait le plaisir de trouver après tant et tant de lune loin de lui. Il le lui dirait un jour, quand le moment serait venu et que le cartographe aurait tant et tant vu qu'il lui serait impossible de rester ici davantage. Cela n'arriverait pas, cependant. Car si le jeune homme n'avait aucune idée de la grandeur de ce continent, il n'avait aucun doute que sa taille dépassait les Sept Couronnes et le Nord réunies. Peut-être aurait-il les tempes grises quand il remercierait Lucerys. Pour l'heure, il lui fallait exprimer sa joie.

"Je suis heureux de savoir cela, Luke. Plus que les mots ne pourraient le dire. Ne me remercie pas. Tu sais bien que de nous deux, je suis celui qui a eu le plus de chance."

Les mots de Lucerys avaient eu un effet particulier sur Romarn dès la première seconde où il l'avait rencontré. Le port-réalais n'avait jamais été un grand maître des mots et de la prose mais Luke, lui, avait ce phrasé si facile et si sincère qui savait calmer les vagues de colère qui habitaient profondément le cœur de son ancien compagnon de voyage. Au début, il avait pensé que cela était la raison principale de son attachement pour celui qu'il avait appris être un prince d'une dynastie éteinte depuis des siècles. Et puis les mots avaient été couché sur le papier et pour autant, la saveur n'avait pas été la même.

Il y avait tant de choses différentes, tant de sensation que le papier ne savait pas retranscrire, lui que Romarn appelait son ami le plus précieux. Car sur des kilomètres et des kilomètres de parchemin, le cartographe savait faire parler les monts et les rives, les îles et les cités d'une manière unique. Pourtant, les mots de Lucerys alors qu'il était si loin l'avaient blessé davantage qu'il ne l'aurait cru possible. L'éloignement était quelque chose qu'il n'avait pas pensé si difficile. Et pourtant, il avait fallu partir pour, à cet instant, mieux se retrouver. Ses joues chauffèrent dangereusement aux paroles de Luke et alors que son regard fixa le sol, le plus âgé secoua sa tête lentement.

"Visenya... Comme la première reine de ta famille, n'est-ce pas? C'était aussi le nom de ta petite sœur dans ta vie précédente, tu me l'as dit une fois. C'est une bonne chose, je suis heureux pour toi et tes proches, Luke... Es-tu sûr? Ça me ferait extrêmement plaisir."

Il fut incapable d'en dire davantage pour l'heure. Il n'y avait pas de doute que Romarn trouverait, durant leur temps ensemble qu'il espérait le voir plus souvent et que le savoir loin de lui l'avait angoissé par moment.

"Tu aurais été épaté. Quelle aventure, mais ne soit pas fâché. Je suis sûr que tes devoirs sauront te laisser venir avec moi quelques temps, pas vrai? Imagine quelles merveilles attendent au-delà des murailles de toutes ces cités, Luke."

L'émerveillement du cartographe rendait compte de la passion infinie et dévorante qu'il entretenait pour son métier. Il n'y avait rien que Romarn ne souhaitait pas voir, découvrir, explorer et retranscrire avec précisons et le départ de Lucerys pour Essos avait été un signe pour le ouesterien que plus rien ne l'attendait à l'ouest du Détroit. Il ne doutait pas qu'on lui offrirait quelques pièces pour faire ce qui l'animait le plus et l'idée de passer du temps aux côtés du Velaryon ajoutait une toute autre dimension à cette étrange aventure qui avait toujours fait parti de son rêve le plus profond. Un rire le prit d'ailleurs aux paroles de Luke et le brun secoua sa tête avec un certain amusement.

"Ma disparition soudaine t'inquiéterait tant que cela?"

Et non sans nouveau rire, Romarn se fraya un chemin tout en s'assurant que son compagnon de route le suivait toujours. La partie ouest de Volantis accueillait nombres d'établissements accessibles aux étrangers, notamment venus de Westeros et quand le jeune homme pénétra l'auberge où il avait établi ses quartiers pour le moment, il ne se priva pas de tirer Lucerys par la main à l'étage. L'artiste cartographe ouvrit alors la porte de sa chambre rapidement, relâchant le plus jeune pour dévoiler une pièce tenue parfaitement. Le seul fouillis résidait sur la table près de la fenêtre sur laquelle se mélangeait des cartes et des dessins aux paysages et aux portraits variés. Le silence s'était installé dans la pièce, entre ex, mais cela n'avait jamais été un problème. Combien de fois étaient-ils restés silencieux pour observer la nature, profitant de la présence de l'un et de l'autre? Le port-réalais se déchargea alors rapidement, prêt à suivre, à présent, le Velaryon dans toutes les aventures qu'il lui réservait. Avant cela, cependant, Romarn s'approcha du plus jeune pour l'engouffrer dans une nouvelle étreinte, comme s'il s'assurait, que ce dernier était réellement à ses côtés et qu'il ne rêvait pas.  

"Tu m'as tellement manqué... J'ai regretté ta présence à l'instant même où tu es parti."

Et ses lèvres trouvèrent le front de Luke dans une tendresse qu'il n'avait jamais eu que pour lui, non pas que Romarn n'avait eu aucune autre relation avant ou après la leur. Bien au contraire. Pourtant, il y avait quelque chose de différent chez ce prince du passé. Quelque chose de réconfortant et de réel que le cartographe ne savait et ne voulait expliquer.

"Allons-y. Je crois que je n'ai jamais été aussi impatient. Et crois moi, j'ai connu des tas de gisement de grès qui m'ont rendu impatient et excité."

Face aux paroles de Lucerys, Romarn haussa ses sourcils d'un air surpris. Il n'était pas sûr d'être d'accord avec le plus jeune. A vrai dire, il connaissait la tendance de Luke a se dénigrer, bien qu'il n'avait jamais été d'accord avec la moindre des paroles qui quittait ses lèvres maintenant, mais également par le passé. Ô, bien sûr, le plus jeune avait été maladroit et les premières semaines avaient été les plus difficiles, pourtant, jamais le port-réalais n'aurait dit que son compagnon de voyage ne lui avait rien apporté. Cela était faux et si terriblement injuste.

"Ne dis pas n'importe quoi, Luke. Bien sûr que nous avons connu quelques mésaventures, mais cela m'est aussi arrivé lors des premières lunes où j'ai commencé a cartographier Westeros. Tu m'as apporté une tranquillité d'esprit et une compagnie que j'ai beaucoup regretté ces derniers temps. Et ce n'était pas juste de la compagnie qu'il me manquait. Juste la tienne."

Le premier. Le brun n'avait pas besoin d'aller plus loin dans ses paroles pour que Romarn sache pertinemment de quoi parlait le prince Velaryon. Ses joues avaient à nouveau pris une légère teinte rouge qu'il ne pouvait cacher, bien conscient de tout cela. Après tout, il se souvenait encore sans mal des baisers fiévreux et maladroits qu'ils s'étaient échangés dans le vaste Nord, un souvenir qu'il ne gardait que très rarement en mémoire, toujours plus soucieux de penser à ses cartes et à ses nombreux croquis.

Luke était une personne différente à ses yeux. Une de celles que le cartographe avait été si reconnaissant de rencontrer et que la présence avait su calmer. Après tout, il lui arrivait encore bien souvent de s'énerver de tout et de rien, de petites choses qu'il ne pouvait pas parfaitement contrôler et cela, Romarn ne l'avait pas ressenti autour du plus jeune. Il n'avait jamais parlé de cette étrange fait cependant et il préféra le garder pour lui, pour le moment. Un sourire étira d'ailleurs ses lèvres alors qu'il redressa son visage.

"J'ai eu un bon professeur, c'est pour ça. Je suis heureux pour toi et ta famille, j'imagine que vous devez être ravis. Tes parents, tout particulièrement."

L'expression qui flottait sur le visage Lucerys ne laissa pas de doute au plus âgé et il ne regretta pas une seconde d'avoir laissé le Velaryon repartir. Il n'y avait pas d'égoïsme quand on aimait quelqu'un. Pourtant, il fut heureux de savoir qu'un jour, peut-être, le destin permettrait aux deux bruns de faire un bout de chemin ensemble en ce vaste monde qui n'appelait qu'à être exploré et découvert.

Romarn n'était pas un prince et il ignorait tout des uses et coutumes d'un tel rang. Il n'avait jamais vu un tel personnage de sa vie avant le retour à la vie de son ancien partenaire de route et durant leur temps ensemble, le cartographe ignorait tout du statut du brun. Pourtant, il ne doutait pas que bien des choses devaient peser sur les épaules de Luke et pour cette raison, le port-réalais était honorer et ravi de passer du temps en compagnie d'une telle personne. Un rire lui échappa ensuite, amusé par les paroles du plus jeune.

"Je n'en doute pas une seule seconde et avec un dragon pareil je suis sûr que tu ferais un malheur."

S'il n'avait jamais connu de Targaryen dans sa vie, le cartographe connaissait les rumeurs qui entourait l'ancienne dynastie royale venue de l'ancestrale et légendaire Valyria. Il savait aussi que bien des membres de cette famille étaient devenus fous, déversant le feu et abreuvant rues et cités de sangs. Ils avaient toujours semblés mythiques et fabuleux pour le fils d'un simple forgeron, comme des figures inventées pour inventé les enfants. Pourtant, cela n'avait pas été le cas et Romarn devait avoué qu'il était plus qu'heureux que Lucerys Velaryon soit une personne en chaire et en os. Et puis, quoique le monde ait dit sur les anciens valyriens, il doutait que Luke, ce si cher et précieux Luke puisse être un jour monstrueux. Il était une personne douce et charmante, pleine d'esprit et de bonté. On ne faisait pas souvent d'être aussi lumineux, qu'importe ce que pensait le brun.

Et quand il termina de ranger ses affaires et que ses bras entourèrent la figure de Luke, il se surprit à penser que cela valait tout l'or du monde. Bien sûr, il ne douta pas qu'une vie de palais ne fut pas faite pour lui et que sa vie était destinée à être passé sur la route. Cependant, le cartographe ne doutait pas que son chemin recroiserait celui du prince car loin de lui, ces dernières lunes, avaient semblé faire moins de sens.

"Les miennes non plus. Je suis désolé, tu sais... Je pense que tu n'apprécierais pas les facettes de ma personnalité que tu découvrirais si je restais à tourner en rond dans un palais. Cependant, je peux promettre de toujours revenir."

La respiration profonde que dû prendre Romarn le laissa chamboulé par les émotions qu'il ressentait. Il avait connu des gens avant Lucerys et en connaîtrait après lui, il ne ressentait aucune colère ou aucune jalousie en imaginant Luke auprès de quelqu'un d'autre, car l'amour était un concept plus ouvert, à ces yeux, qu'il ne l'était pour bien d'autres personnes. Cependant, une part de lui intimait qu'une part de de sa place était au renfort de cet homme incapable de voir sa propre grandeur si brillante.

Le port-réalais laissa ses doigts se refermer autour de la main du plus jeune, souriant en retour avec amusement à ses paroles. Il était impatient à présent de découvrir ce fameux dragon et face aux étincelles de hâte qui brillaient dans le regard brun de Luke, pas de doute que la créature devait être formidable. Il suivit alors son rythme, pressant le pas plus qu'il ne l'avait fait auparavant.

"Vu ta hâte, je suis sûr qu'il doit être exceptionnel. Tu devras me raconter comment est-ce que tu es venu à le monter pour la première fois. Promet-moi que tu me raconteras !"

L'attention toute particulière que portait Romarn aux paroles de Lucerys se lisait sans peine sur ses traits calmes et paisibles. Son regard observait les nuances de ses expressions, sa joie, le tumulte qui devait le prendre, également, vu les rougeurs sur ses joues. Les confidences du prince Velaryon intimait la complexité émotionnelle que ressentait son ami, et Romarn se sentait honoré d'être ainsi ouvert à lui. Quoiqu'ils ne se connaissaient pas depuis aussi longtemps que leur relation laissait paraître, Le cartographe avait l'impression de connaître le garçon depuis toujours. Il ne voulait pas l'engloutir sous la vague de réprimandes injustes, le port-réalais laissa donc le dragonnier gagner la bataille pour le moment. Ses lèvres, cependant, déposèrent un baiser timide sur le sourcil du plus jeune, hésitant et pourtant, impossible de garder cela pour lui plus longtemps.

La mention de la naissance de Visenya était une bonne chose, elle semblait boucler quelque chose et si l'aventurier n'était pas sûr de saisir les tenants et les aboutissants de ce que signifiait exactement cette naissance, la joie de Luke lui suffisait. Pourtant ce dernier exprimait quelque chose de plus sombre, mêlé à sa joie, et Romarn n'eut point de mal à comprendre la dualité qui pouvait habiter le cœur du prince. Il savait que l'amour et le bonheur pouvaient coexister avec la peine et le regret. Un tel fardeau n'était pas inconnu du cartographe dont la contradiction émotionnelle le frappait souvent plus durement qu'il ne pouvait l'admettre. Ses sourcils se froncèrent cependant.

"Quelle épreuve peut donc peser d'une telle façon sur ton cœur?"

La profondeur des sentiments que ressentait Lucerys lui était inconnue et pourtant, le jeune géographe les partageait sûrement à une hauteur similaire. S'il restait un de ces hommes que la stabilité amoureuse n'intéressait pas, Romarn savait qu'une part de son cœur appartenait tout entière à ce jeune homme qu'il avait rencontré sur les routes. Qu'importe ce que Luke dirait, il avait un impacte sur la vie du cartographe qui, jusque-là, mesurait les risques à la hauteur de sa propre mort. A présent, il imaginait, sans peine, le trouble que pourrait ressentir le jeune Velaryon en apprenant son trépas et il lui était plus aisé de se montrer prudent.

La légèreté revint cependant à la plaisanterie du petit brun. Romarn retint un rire en pinçant ses lèvres entre elles, une habitude qu'il avait eu toute sa vie et que Luke avait su mettre à rude épreuve plus d'une fois. Il fit alors mine d'être absolument choqué.

"Moi qui m'était fait à l'idée de te voir chevaucher une créature plus haute que le mur tout entier, me voilà sur ma faim, commença le cartographe avant de reprendre. Plus sérieusement, il a l'air de te correspondre à merveille et c'est bien là tout ce qui compte, mon très cher Luke."

Tout d'abord amusé, Romarn ferma ses yeux pour écouter la suite des mots du puîné Velaryon, saisissant qu'il s'agissait d'une part importante et sérieuse d'une discussion qu'il leur faudrait prolonger plus tard. Lucerys était un prince, cela le cartographe le savait. Il n'était pas, cependant, un de ces enfants royaux des histoires populaires qui, à l'instar de Joffrey Baratheon, se montrait capricieux et plein d'une méchanceté profonde. Non. Luke était de ces âmes braves et pures qu'on ne pouvait qu'admirer tant elles tendait à se raréfier dans ce monde. Cette admiration, le port-réalais la ressentait depuis toujours, particulièrement parce que personne ne savait le calmer comme le dragonnier et qu'il avait une propension à faire le bien qui était supérieure à la moyenne.

"Je te le promets, Lucerys. Ton devoir est important et je considère le mien comme important également, mais je suis certain de pouvoir tout laisser pour un temps, si tu as besoin de moi. Sûrement autant que j'ai besoin de toi."

Il n'y avait point plus de mot que le jeune homme put ajouter, il n'était pas aussi doué pour démontrer son affection de la manière la plus cohérente et cela, malgré la sincérité de ce qu'il ressentait. Romarn n'était pas capable non plus de se lancer dans le bain. Cela était bien trop effrayant à ses yeux, particulièrement quand il venait à peine de retrouver Luke. Qui sait, peut-être entendait-ils ses mots d'une façon différente de la sienne. Pour l'heure, cependant, il leur fallait remonter les rues volantaines jusqu'au fameux Skydancer.

Ce moment presque nostalgique rappela combien les deux bruns avaient passé de bons moments à arpenter les Sept Couronnes ensemble. Il imagina sans peine que parfois, quand l'occasion s'y prêterait, il pourrait emmener Lucerys dans quelques endroits formidables d'Essos, quand il connaîtrait mieux ce continent. Le cartographe ne doutait pas, une telle terre devait abriter bien des beautés que ses yeux n'attendaient qu'à découvrir.

Et puis ils arrivèrent devant la créature que montait Luke, bleue comme le ciel, et si Romarn avait déjà été impressionné devant bien des choses, son visage n'avait jamais rien reflété de tel. Après tout, c'était une chose de voir un dragon traverser le ciel, au loin. S'en était une autre de voir une telle bête ailée de trente mètres d'aussi proche. Le géologue, si curieux habituellement, ne pu s'empêcher de saisir la main de son compagnon de route, serrant tout en mordillant sa lèvre.

Jamais il n'avait entendu Lucerys parler le haut-valyrien d'ailleurs et le port-réalais se surprit à penser qu'il s'agissait d'une langue qui allait bien au plus jeune. Elle lui donnait un air plus mature qu'il ne le possédait, quelque chose de mystérieux même. Et finalement, quand il pu enfin poser sa main sur la tête du dragon, Romarn laissa son pouce retracer lentement la texture écailleuse qui le recouvrait avec une admiration sans faille.

La suite en revanche, aurait suffit à le foudroyer sur place. Il devait à présent monter et les explications de Luke lui semblaient plus simpliste que la manœuvre ne l'était en réalité. Et s'il échouait et perdait la vie d'une façon absolument terrible?

"Uh? Tu es sûr? Je-"

Les mots moururent cependant entre ses lèvres face à la beauté de Lucerys. On disait souvent que les cheveux argentés des valyriens jouaient un grand rôle dans leur beauté, pourtant, Romarn aurait pu jurer qu'il n'avait jamais vu de personne plus superbe que ne l'était le jeune Velaryon. Un déglutissement se coinça alors dans la gorge du plus âgé et sa main attrapa celle qui lui fut tendu, essayant d'imaginer que Skydanger était, finalement, une montagne. Il lui fallut deux tentatives pour y parvenir mais finalement, son bras s'enroula autour de la taille de Luke, se penchant sur son oreille alors qu'il employa un ton amusé.

"Le tour est joué, hein? Plus facile à dire qu'à faire, très cher."