Yesterday I died, tomorrow's bleeding
And finding answers Is forgetting all of the questions we called home Passing the graves of the unknown And I've lost who I am, Without love gone wrong, lifeless words carry on But I know, all I know, is that the end's beginning There's a light, there's the sun Taking all the shattered ones To the place we belong
La chaleur d'Essos est aussi attrayante qu'elle chagrine Rhaegar. Bizarrement, il se surprend à l'apprécier alors qu'une part de son cœur se languit du froid terrible du Nord et de la mélancolie qui s'y rattache, des notes tristes qu'il lui inspire ; et le climat plus modéré du Bief qui lui a tant apporté ces derniers temps. C'est une mélancolie que cela lui inspire aussi, mais une mélancolie différente, une qui lui parle de foyer retrouvé, ou reconstruit du moins.
Volantis est un lieu chaud et humide, qui lui inspire plus de légèreté. C'est une mélodie plus souple mais plus chaotique à sa façon qui se joue dans son esprit lorsqu'il songe, lorsqu'il se balade dans l'Antique cité.
Malgré tout, le prince déchu ne peut nier l'inquiétude qui s'est installé en lui. Une inquiétude concernant une seule et même personne : Viserys.
Son petit frère, parti guerroyer à Qohor. Parti en quête de vengeance... Rhaegar sait la nature de son frère, on la lui a raconté, il l'a lu dans quelques livres et à quelques reprises, il a pu lui-même la constater chez Viserys. Il n'en reste pas moins du bon chez lui, il n'en reste pas moins son frère. Lui qui n'a jamais été capable de renverser son père quand il l'aurait dû, lui qui n'avait jamais été capable de le haïr entièrement même quand sa folie était devenue de plus en plus importante, injuste et dure, surtout envers lui -et envers sa mère, mais à l'époque, Rhaegar n'en avait rien su.
Comment pourrait-il détester Viserys ? Au contraire, il était heureux de l'avoir retrouvé, d'apprendre à le connaître, d'avoir cette chance, malgré tout le ressentiment que son cadet avait pu ressentir à son égard auparavant. Oh, Rhaegar ne doutait pas que ce sentiment était encore là, mais au moins, il lui laissait une chance, il lui laissait une place. Il lui faisait même confiance.
Car c'était à son initiative qu'ils étaient rendu à Volantis, qu'ils avaient sollicité une alliance de la part de Rhaenyra et Daemon Targaryen pour s'emparer de Qohor, pour faire payer les assassins de l'épouse de Viserys, la mère de son fils.
Si ça avait été son idée, Rhaegar avait préféré rester en arrière, rester avec le petit Valerion dont il fallait s'occuper. Il n'avait presque pas quitté le palais, presque pas quitté la chambre de son petit neveu encore trop jeune pour comprendre ce qu'il se passait. Aussi jeune que l'avaient été ses enfants lorsqu'il les avait abandonné à leur sort...
La seule fois où Rhaegar avait momentanément quitté le jeune Valerion était quand on l'avait prévenu du retour à la vie de sa sœur. Il avait cherché à savoir si cela était vrai d'abord, puis à la voir avant de se raviser.
Il ne savait pas comment Daenerys Targaryen l'accueillerait à vrai dire. Il avait entendu beaucoup à son sujet, il avait lu sur elle aussi, il savait sa vie, son parcours, les souvenirs hantés qu'elle avait laissé à Westeros et l'héritage fastidieux qu'elle avait en revanche légué à la Baie des Dragons...
Mais comment accueillerait-elle dans sa vie ce frère qui lui avait tant coûté ?
Le prince déchu avait laissé quelques jours s'écouler, avant de faire connaître sa présence à sa sœur. Cette sœur sur qui il n'avait jamais posé ne serait-ce qu'un œil, elle qui était née quand la vie l'avait déjà quitté lui, aux mains de Robert. Tout ce qu'il savait d'elle, c'était ses exploits et ce que Viserys lui avait raconté.
Se cacher ne serait pas possible éternellement et malgré la peur qui peignaient son répertoire à cet instant, Rhaegar parvenait pourtant à y déceler de maigres notes d'espoir.
C'était dans cet état d'esprit que le Targaryen avançait jusqu'au petit salon où Daenerys l'attendait. La première chose qu'il aperçoit d'elle est son dos, cette immense chevelure d'argent puis, quand elle se retourne, Rhaegar s'arrête un instant.
Il y a dans ses traits, tant de la douceur de leur mère et il la détaille comme elle le fait, avant qu'elle ne le salue et qu'un triste sourire ne décore le visage de celui qui avait contribué à détruire toute une dynastie.
« Hello, Daenerys. »
La nervosité est palpable, dans les notes d'une ballade, elle se traduirait par ces faux accords qui parviennent pourtant parfois à obséder un esprit tant elles résonnent en ce dernier.
Que dit-on à une sœur qu'on n'a jamais connu ? Qu'on a contribué à faire vivre dans la misère et l'insécurité par son irresponsabilité et son égoïsme ?
Rhaegar ne saurait le dire. Il sait jongler avec les notes de musique et lorsqu'on lui met une épée entre les mains, il sait comment il doit s'en servir et la nécessité qui en découle souvent, mais les mots ont toujours été plus difficiles à approprier quand ils n'étaient pas versés sur des parchemins ou fait pour sonner en accord avec une musique distincte.
Il a l'impression que le silence s'éternise un long moment, et à vrai dire, il ne saurait si ce n'était qu'une impression ou la vérité. Toujours est-il que Rhaegar finit par laisser échappe à sa bouche la seule chose qu'il est capable de dire et qui ne lui semble pas déplacée, ou ridicule.
« You look like mother. »
by CrimsonTulip