Il eut peu de temps avant que les interrogations de Baleria n'en viennent à bruler son esprit, la harcelant par l'absence de réponse dans chacune de ses recherches, chacune des discussions qu'elle avait avec les habitants de Castral Roc. Bien qu'elle fut reconnaissante d'avoir une deuxième chance, notamment auprès de ses parents, il n'en était guère plus un flux constant de nouvelles consultations, de prospections et quêtes, pour lesquelles elle ne trouva jamais la moindre réponse, du moins, point qui ne lui parut satisfaisante.

Le coeur serré, car elle quittait les siens qu'elle venait seulement de retrouver, elle fit le choix de partir à en quête de plus amples descriptions, de nouveaux détails à comprendre. Dans chaque ouvrage qu'elle eut entre les mains, le nom de Tyrosh n'eut cessé de revenir, lui donnant le premier objectif de son périple. Baleria se montra toute sa première vie comme une jeune femme pleine de curiosité, et avec un besoin incontestable d'aventures. Et bien que les âges lui passèrent sur l'âme dans une première vie, et qu'elle avait une nouvelle vie pour se poser, elle n'était point femme à se tenir à une stabilité ou une inertie, bien que partielle. Alors, elle entreprit de se rendre à Tyrosh, afin d'acquérir plus de connaissance sur le sujet, et plausiblement, être en mesure de trouver une explication à cet étrange phénomène permettant de ramener des gens du passé à la vie, alors que l'Etranger les étreignait si fortement contre lui.

Le cheminement à Tyrosh lui parut plus long que certaines croisades maritimes qu'elle eut entreprit dans le passé, et il lui sembla qu'elle n'atteindrait jamais la ville. Pourtant, les cités libres ne lui étaient plus étrangères depuis l'aube de sa vingtaine, dans une autre vie. Toutefois, jamais encore, elle n'eut à se rendre à Tyrosh. Les couleurs de la ville lui donnèrent l'impression d'une claque mentale. Ici, on était frappé par le sentiment de liberté qui s'emparait de tout être passant les portes de la ville. Baleria crut ne point avoir suffisamment d'yeux pour tout voir. Désormais sur ses pieds, et recouverte d'une capuche longue, bleue, Baleria avançait, progressait dans la ville, jusqu'à se trouver dans le quartier religieux. Son ancienne elle aurait souhaité très probablement visiter chacun des temples, s'y arrêter, et goûter aux coutumes religieuses de chacun des dieux vénérés. Mais son but ne se trouvait qu'à quelques pas d'elle, bien que naquit au plus profond de son être, un sentiment d'anxiété, de malaise. Elle eut soudainement l'impression de pressentir une mauvaise augure, quelque chose de dangereux. Peur ? Rien ne sut jamais faire peur à Baleria, mis à part la perte d'un membre de sa famille. Ou plutôt, la fille de Tyrion et Desmera savait faire taire sa peur, faisant preuve d'une témérité à toute épreuve, une témérité qui s'avérait souvent dangereuse.

Lorsqu'elle se trouva devant le temple, il fut difficile d'ignorer qu'un groupe de quelques personnes se tenait sur les marches. Elle fit quelques pas, et se racla légèrement la gorge, reconnaissant l'un des visages du passé, un visage de son propre passé.
«Majesté» fit-elle, simplement, en une brève révérence, avant de regarder chacun des présents, et de leur offrir un signe de tête poli et respectueux.

Une voix lui sembla résonner en elle, en Valyrien, bien qu'elle comprit chacun des mots qu'elle ressentait vibrer dans son âme, lui proposant un choix, le premier de son périple. Tous semblaient s'accorder pour choisir d'entrer sur la porte du milieu. Baleria, quant à elle, jaugea chacune des portes. Il n'eut point eu de jour au cours duquel il ne fut difficile de comprendre le cheminement de pensée de Baleria. Elle n'aimait point qu'on lui guide ses pas, et elle n'aimait pas forcément suivre un groupe. Surtout quand l'idée initiale ne venait pas d'elle. L'aventurière qu'elle était plissa les yeux.

«S'il est trois portes, pourquoi n'en choisir qu'une ?» demanda-t-elle, non sans une forme, bien que légère, de dédain envers ceux qui s'attroupaient devant une seule porte, prêts à se jeter en groupe. «Je doute que nous ayons l'opportunité de revenir choisir une autre porte.» conclut-elle, en se décalant devant la troisième porte. «Je choisis cette porte.» chuchota-t-elle, davantage pour elle que pour le "troupeau" qu'elle considérait. Si elle devait mourir, ainsi soit-il. Au moins, elle aurait exploré une éventualité qui pourrait aider à comprendre pourquoi les choses en étaient ainsi.