I'm not like you. I'm not so perfect
Time will change you Nothing lasts forever more Tomorrow's all we're living for And lights will blind you Illusions keep you wanting more Just look past revolving doors To find what's real
JOUR 3, LUNE 6, ANNÉE 875
La reine Rhaenyra est assise au bout de la table, ses mains jointes devant elle alors qu'elle observe ses conseillers quitter la pièce. Son regard violet est rempli de détermination et de certitudes. Chaque jour qui passe semble apporter de nouvelles promesses pour l'avenir, un avenir qu'elle était incapable de voir lorsqu'elle est revenue à la vie, alors qu'elle était hantée par les souvenirs tragiques d'une guerre et de nombreuses pertes, alors que son cœur était envahi par le chagrin et la peine et que ces sentiments pesaient si lourds sur sa poitrine qu'elle peinait à respirer. Désormais, elle se tient face à son conseil avec fierté et résolution. Toute sa vie, elle a été préparée à régner et maintenant, elle le fait. La charge de travail est colossale, tout est à refaire dans l'Antique Volantis pour la modeler à son image mais ils y parviendront. Ils sont le sang du dragon, plus proche des dieux que des hommes et s'ils ne peuvent pas façonner le monde comme ils le désirent, alors nul ne le pourra jamais.
Ses doigts s'enroulent autour du parchemin sur les nouvelles régularisations des guildes marchandes et elle le tend à Viserys avec un sourire. Il a accompli un travail remarquable, elle le sait toujours penché sur ses écrits et il se repose peu, son esprit est prodigieux mais depuis qu'elle en a parlé avec Daemon, elle se montre plus attentive aux barrières que son dernier fils a érigé entre lui et le monde et elle s'inquiète davantage.
« — You did an impressive work. We couldn't do it without you. »
Quand il prend le parchemin, elle libère sa main et la pose contre la joue de son enfant dans un geste tendre. Il est parfois difficile d'approcher Viserys, de se sentir proche de lui car il reste à distance de tous et semble faire preuve de détachement dans toutes situations mais en cela, elle sait qu'il ressemble à Daemon et que son père est le seul qui puisse lui faire entendre raison.
« — Go back to your wife now. »
La fausse couche de Larra l'a beaucoup affaibli, une lune plus tôt et si elle la visite peu, Rhaenyra ne manque pas de s'enquérir de son état auprès de Viserys. Elle s'inquiète pour elle autant qu'elle ne le fait pour son fils. Durant longtemps, elles ont été distantes et trouvèrent peu de moyen de s'entendre mais désormais, la souveraine ressent de la compassion pour cette mère qui a perdu un enfant. L'évènement a su les rapprocher et Rhaenyra a su voir derrière la froideur de cette femme quand sa carapace s'est fracturée.
Elle observe Viserys quitter la pièce, emportant avec lui le parchemin et à son tour, elle se lève. Elle repousse la lourde chaise qu'elle occupe et laisse ses doigts lisser les pans de sa robe faite d'une rouge vif et brodées de flammes d'argent alors qu'une ceinture aux motifs draconniques souligne sa taille. Autour de son cou, un collier d'acier valyrien, une relique du passé que Daemon a miraculeusement retrouvé et su lui offrir une seconde fois. Dès qu'elle en a l'occasion, la chaine et son pendentif valyrien trône autour de son cou délicat et aujourd'hui ne fait pas exception. Pour ne pas le masquer, ses cheveux argentés sont tirés en arrière, ramenés en tresses valyriennes qui s'entremêlent élégamment pour pendre dans son dos et se balancer au rythme de chacun de ces pas.
Ces mêmes pas qui, après qu'elle ait quitté la salle du conseil, la mène vers d'autres devoirs plus doux, d'autres devoirs remplis de tendresse car si elle a tenu sa jeune fille dans ses bras le matin même, elle ressent le désir depuis de visiter sa petite-fille. Des petits enfants, Rhaenyra en a d'autres. Aegon, Aemon et Naerys, les enfants de Viserys et Larra Rogare, sont ici mais le sentiment est différent. Elle ne les a pas connu, elle n'a pas vu son fils devenir père, elle n'a pas ressenti la joie de voir son premier petit-enfant grandir et de voir sa famille s'agrandir. Car en son temps, elle ne l'a vu que périr et lorsqu'elle en vint à s'éteindre sous les flammes de Feux-du-Soleyl, elle ne pensait laisser derrière elle que Viserys et les deux filles de Daemon. Elle ignorait que Viserys vivait encore, elle ignorait que sa famille grandirait et que l'avenir s'offrirait à eux. Cette seconde vie lui offre de nouvelles chances. Il est difficile parfois d'observer Aegon et Viserys qui sont devenus des hommes et ont grandi sans qu'elle ne le voit car ils n'étaient que des enfants quand elle les a quitté. Avec Jace, Luke et Joffrey, tout est différent. Elle les a vu périr, renaître et désormais, elle les voit grandir et devenir les hommes merveilleux qu'elle a toujours imaginé qu'ils deviendraient.
Sa main pousse la porte de la nurserie. Elle ignore, avant de poser ses yeux sur lui, que Lucerys se trouve ici. Son visage s'attendrit à la vision de son fils appuyé contre le bord du lit de sa jeune fille, la petite Daenyra mais quand il la voit, il se redresse et elle se contente de sourire.
« — Luke. »
La mère salue son enfant en retour alors qu'elle s'approche de la petite fille qui a été nommé en son honneur et celui de Daemon. Elle ne pourrait pas en être plus fière, tout comme elle ne peut pas être plus fière que Viserys ait fait de même avec ses propres enfants. Elle sait que ces honneurs témoignent de l'affection que sa famille se porte et peut-être est-ce de cela qu'elle est le plus fière. Son sourire s'agrandit quand elle entend la joie du bébé, son petit cri et elle ricane doucement en venant poser sa main sur le bord du berceau.
« — And I am happy to see her. »
Elle se penche un peu, ses doigts se tendent vers la petite et elle effleure sa joue du dos de son index avant de caresser le fin amas de cheveux noirs sur son crâne.
« — She's growing well. And she has your hair. »
Quand elle relève les yeux vers Lucerys, elle voit l'inquiétude et le doute dans ses yeux, elle voit ses craintes et sa tête se penche sur le côté tout en écoutant ces paroles, ses peurs et ses interrogations. Alors elle tend la main vers lui, la pose sur son épaule sans que son regard ne perde une once de sincérité, de tendresse ou d'affection envers son deuxième né.
« — You are never annoying me, Luke. I will always have time for you. Or anyone in this family. »
Sa main glisse sur ses épaules et son bras l'encercle, l'attirant dans son étreinte alors qu'elle observe à nouveau Daenyra. Elle a dans son regard la même tendresse qu'elle a pour ses fils et son sourire reste doux et tendre.
« — No one is prepared. I was scared when I held Jace for the first time. He seemed so fragile and for moons, I was afraid to see him die or to hurt him. »
Sa tête s'appuie contre celle de Lucerys et pendant un moment, elle se souvient du moment où elle est elle-même devenue mère. Elle avait tant redouté ce moment, elle avait eu peur de connaitre le même sort que sa mère et elle se souvient d'une conversation avec son père, un jour où il lui a dit qu'il voulait la voir heureuse et qu'une famille lui apporterait ce bonheur. Elle n'y avait pas cru. Elle sait maintenant qu'elle a eu tort ce jour. Rien ne lui apporte autant de bonheur que sa famille, que de la voir grandir et unie entre ces murs.
« — This love you feel is how much I love you and your siblings. You understand now, don't you? There is nothing in this world we wouldn't do for our children. »
Ses lèvres se posent contre son crâne et elle le libère de son étreinte pour se pencher au-dessus du berceau et glisser ses mains sous Daenyra, elle la prend dans ses bras, la ramène contre elle et l'appuie contre sa poitrine sans la quitter des yeux. Elle est si petite, si délicate, tout comme le fut Viserys une année plus tôt.
« — It is not easy to be a parent. But you are not alone, I will always be there if you need. And with time, you'll find your new role more comfortable. »
Un bras sous la petite, elle laisse sa main saisit les tout petits et tout fins doigts de la princesse, la fille de Luke et Talia qui la remplit de tant de fierté et elle se penche pour l'embrasser, elle aussi. Ses lèvres se posent contre son front si délicat et comme chaque enfant, elle a une peau toute douce qui semble la rendre plus fragile encore.
« — I've watched you and you're doing good, I promise. »
by CrimsonTulip