Trois lunes étaient passées, semblait-il, depuis que Larra avait perdu l’enfant qu’elle portait en son sein. Depuis qu’elle était restée alitée, la jeune femme avait perdu la notion du temps, mutique ou occupée à lire un livre quand elle ne restait pas là à simplement tenir main d’Aegon, son tendre Aegon qui lui rendait si souvent visite. Son teint avait pâli avec la fatigue et la douleur qu’elle ressentait dans son cœur d’avoir perdu ce qui aurait pu être le premier enfant que Larra et Viserys n’avaient pas eu autant par désir que par devoir. Ils n’étaient plus tenus de renforcer la lignée et cela faisait toute la différence. Peut-être était-ce pour cela que le Maître des Lois était resté à son chevet alors même que leur fils s’y trouvait aussi.
A présent, la lysienne se sentait en bien meilleure forme physique et psychique. Elle avait cessé de poser ses mains sur son ventre et de pleurer à la moindre occasion. A la place, la belle aux cheveux d’ors et d’argents se tenait à la fenêtre de leur chambre, observant l’extérieur avec un air presque rêveur. Larra aimait Volantis et le palais était une véritable sécurité pour elle, pourtant, il lui arrivait de désirer les paysages décrit dans les livres qu’elle lisait. Dans une de ces mains tournait un petit coquillage qu’Aegon lui avait ramené de son île natale, quoique la Rogare ne ressentait pas ce mal de terre qu’elle avait eu à Westeros.
Son doigts retraçait les rainures de son petit présent, un de ceux qu’elle avait trouvé si joli et si attentionné avant de se tourner vers la porte quand elle s’ouvrit, s’apprêtant à demander que les esclaves la laissassent en paix pour la journée. Pourtant, quand elle se tourna, les pans légers de sa robe de soie suivant ses mouvement avec grâce, Larra ne trouva rien d’autre que les yeux lilas de Viserys et ses traits s’adoucir en une tendre expression.
“Viserys, do you see? I’m up!”Un rire s’échappa des lèvres de la blonde, un de ceux qu’elle avait cru ne plus jamais pouvoir émettre, comme si toute la joie avait quitté son corps. Et aussi vite qu’elle avait cligné les yeux, Viserys fut contre elle, entre ses bras, ses lippes pressant quelques baisers contre la peau de son cou. La dernière des filles de Lysandro Rogare soupira d’aise avant de prendre le petit parchemin qu’elle avait pris le temps de glisser dans les affaires de son aimé le matin même.
“Is she? Really? I should leave a note for Aeg, I don’t want him to get worried. My poor boy… Did you see? He brought me shells and pretty things from Lys.”A ces mots, Larra montra quelques présents qu’elle avait laissé tout prêt de leur lit. On y trouvait aussi quelques sucreries dont Larra ne savait pas se passer ces dernières lunes Aegon avait été vraiment bon pour elle, quoiqu’elle eût entendu concernant son comportement avec sa petite sœur. Naerys n’avait rien dit, naturellement, elle qui était si timide et réservée, mais les esclaves murmuraient et si la lysienne avait été contrariée tout d’abord, elle préféra se concentrer sur les actes de bonté de son fils adoré. La belle tira alors Viserys vers une petite table où elle trouva un parchemin encore vierge, inspirant longuement avant de commencer à écrire avec tout le raffinement dont elle faisait preuve avec un peu d’encre.
“Tyrosh.I want to go,” prononça-t-elle dans la Langue Commune, se tournant vers Viserys en étant incertaine de la grammaire de sa propre phrase.
“I want to go to Tyrosh. I’ve never been there, and the books say it is a beautiful place with great architecture and beaches.” Termina-t-elle enfin dans sa langue maternelle si chantante.Voilà quelques temps que Larra essayait d’apprendre la langue de Westeros pour Viserys, mais surtout pour ses enfants qui la parlait si bien et qui semblaient l’aimer tout particulièrement. Il lui semblait passer à côté de quelque chose lorsqu’elle s’adressait à eux en haut-valyrien et peut-être que leur mère espérait se faire pardonner en montrant qu’elle savait faire des efforts. Et puis, peut-être que son époux serait ravi de savoir qu’elle se lançait dans l’apprentissage de quelque chose de différent.
“This sounds like a real dream. The great Viserys, all mine for half a moon.”Un sourire en coin étira les lèvres rosées de Larra alors qu’elle mettait un point final à sa lettre, se tournant vers Viserys ensuite, déposant ses mains sur ses joues, laissant ses doigts caresser ses pommettes si charmantes. La lysienne l’avait toujours trouvé beau, d’une beauté différente de celle qu’on voyait à Lys. Une beauté dont leur Aegon avait hérité quand elle regardait l’homme qu’il était devenu. Est-ce que les deux Targaryen le voyait quand ils étaient face à face ? Larra n’était pas certaine que leur premier né en fût conscient, mais l’homme qu’elle avait épousé n’était pas un idiot. Non, il était l’homme le plus intelligent qu’elle eut jamais connu de toute sa vie ;
- to Aegon:
Dearest love of my life,
Your father and I are going to Tyrosh for a fortnight. If you feel like it, can you tell your brother and sister? Don’t feel forced to do it though, I don’t think they’ll mind. I just needed to tell you since you have been so kind and so good to me not only these past few moons, but also ever since I saw you again in Meereen. You are truly a blessing in my life and I couldn’t hope for a better son, ever.
Thank you again for the gifts you brought me, I’ll cherish them forever like treasures.
With all my love, always.
Your Mother, Larra.
“My love?” murmura-t-elle tout bas, rougissant doucement d’une certaine honte.
“I’m sorry, you know. I should have told you.”Il y avait une ombre encore présente dans le regard de Larra. Pour autant, elle se sentait assez bien pour prononcer ces mots sans trembler et sentir tout son corps s'effondrer sous le poids de sa peine et de sa culpabilité. Ses mains serrèrent lentement les épaules de Viserys, laissant ses doigts ressentir le tissus qui l'habillait et les muscles en-dessous. Et puis, son visage s'étira en un tendre sourire.
“I was just afraid you’d ask me to take some moon tea or something like this. I… I truly wanted this child with you.”