Trois parchemins étalés sur la table ronde attendaient dans le bureau du prince Viserys, avec trois encriers et des livres posés sur la table ou plutôt empilés. Il avait pris soin de ranger un peu l'endroit, fermé les nombreux parchemins sur lequel il travaillait pour les glisser dans des malles d'où ils seraient ressortis dans quelques heures. C'était une suggestion de Larra car, selon elle, il ne pouvait enseigner le Haut Valyrien à son frère et au fils de Maegor dans un environnement si peu rangé. Car le bureau de Viserys était un endroit étouffant où il passait le plus clair de son temps. Des livres s'entassaient dans chaque coin, des malles d'où dépassaient des parchemins, de la poussière s'entassaient dans les coins alors que les murs étaient couverts d'étagères où reposaient des ouvrages à ne plus savoir les compter, du matériel d'écriture, des parchemins et quelques bibelots qui décoraient l'endroit. Tous avaient une signification pour le valyrien et peu la connaissait.
Résidait sur les étagères un coquillage qu'il avait trouvé le jour où il avait retrouvé son fils Aegon, une fiole du parfum de Larra près de celui-ci, un ossement d'Osbourg, le fragment d'une épée avec laquelle il s'était entrainé avec Lucerys, une pièce de cyvosse que Jacaerys lui avait offert et qu'il n'osait abimé sur un véritable jeu, la pierre tombée d'un collier de sa mère et d'autres choses qui lui rappelaient sa famille, des jours ou des moments importants qu'il ne voulait pas oublier. Une plume résidait derrière son bureau, elle était celle avec laquelle Jacaerys avait écrit lors de sa première leçon de Haut Valyrien et Viserys avait pris un véritable plaisir à lui enseigner la langue de leurs ancêtres, plus nobles que toutes les variantes abâtardies qu'on trouvait à Essos.

Viserys observa la pièce, elle lui apportait du réconfort malgré son aspect peu ordonné et elle était le reflet de qui il était véritablement. Là où il semblait droit, peu atteint par tout ce qui se passait à l'extérieur, là où il se montrait ordonné en toutes circonstances, son bureau était le reflet de son esprit. Il était désordonné, trop rempli et étouffant, aucune décoration ne s'accordait avec les autres, pleins de souvenirs brisés et incompréhensibles pour qui n'était pas le prince s'entassaient sans logiques ni aucune harmonie et il ne laissait nul rester trop longtemps dans cet endroit à l'exception de son épouse.
Il enfonça la clé dans la serrure de la porte qui liait sa chambre à son bureau car Larra aimait l'emprunter pour lui rappeler qu'il lui fallait parfois s'aérer l'esprit, qu'il lui fallait parfois sortir son nez des livres et elle lui offrait une distraction toujours bienvenue. Sauf à cet instant. Que dirait Jacaerys si la belle lysienne entrait durant la leçon, peu vêtue, pour trouver son époux ? Son frère, surement pas grand chose mais Baela était une autre affaire et il préférait ne pas avoir à affronter son ainée s'il pouvait l'éviter.

Ainsi, la porte fermée à clé, il ouvrit la seconde qui menait sur le couloir du palais et attendait patiemment l'arrivée de son frère et de Tybalt, ses mains jointes autour d'un livre sur l'histoire de Volantis en valyrien dans son dos. Celui-ci était pour Jacaerys pendant qu'il apprendrait les bases mêmes à Tybalt, celui-ci avait bien à rattraper car il savait encore à peine lire et écrire mais Viserys corrigerait cela sans l'ombre d'un doute.