"Dealing with your bullshit, now I'm over it." Ft. Viserys II Targaryen

 — "And you took a part of me
Left me with the memories, oh
We were never a family
Now you're standing in front of my door
Like none of this happened at all, all, all

I guess I'm always gonna be the bad child
I guess I'm always gonna be the mad child
'Cause you will never understand my weird mind."



Souvent, quand il était dans les cieux, Aegon se demandait comment il avait pu vivre sans cette bénédiction, ce privilège. Voler dans l'infinité du ciel, seulement entouré par les nuages, son esprit enfin au repos et libéré de toute colère, de toute ébullition, de tout fardeau, ne faisant qu'un avec Sȳndaomio.
Il se sentait si heureux, si libre là-haut. Il comprenait pourquoi son grand-père et sa grand-mère avaient tant passé de temps ainsi autrefois. Il comprenait mieux les Targaryens ainsi. Il se sentait plus Targaryen ainsi.
Peut-être se sentait-il plus Targaryen également quand il partageait un palais avec toute sa famille Targaryenne, quand il apprenait à faire partie de cette famille, qu'il s'y sentait inclus plus qu'il n'en avait eu l'impression dans sa précédente existence. Il avait l'impression d'avoir le droit d'exister tel qu'il était ici et non pas d'avoir une épée de Damoclès au-dessus de sa tête en permanence pour tel ou tel vice qu'il traînait derrière lui.

Ici, on ne lui reprochait pas son caractère, on ne le rabrouait pas constamment pour la façon dont il se comportait, pour arpenter les bordels et les tripots, pour picoler la nuit entière et profiter des charmes féminins plus que de raison.
Aegon avait l'impression de pouvoir réellement exister pour la première fois de sa vie, de se sentir inclu, protégé et aimé. Non seulement par sa mère qu'il avait retrouvé, mais par le reste de sa famille également. Peut-être pas toute, mais il avait tissé des liens étroits avec son petit oncle Joffrey, il s'entendait avec son grand-père et avait développé une certaine affection pour sa grand-mère également. Et à sa grande surprise, même son oncle Aegon semblait s'ouvrir parfois.
Rien n'était parfait évidemment, le palais comportait également les présences de son père, de son frère et de sa sœur. Depuis leur altercation à Meereen, Aegon avait pris soin d'éviter son crétin de frère, et le retour de Naerys... Oh, il lui avait fortement hérissé le poil. S'il ne l'avait pas jeté d'une fenêtre, c'était seulement par égard pour leur mère. Quand à leur père... Bah, il n'avait pas vraiment besoin de l'éviter, il était le premier à s'isoler, à se plonger dans ses tâches et devoir. Rien n'avait changé de ce côté-là. Mmh, peut-être se montrait-il légèrement ingrat, une chose avait bel et bien changé : au moins il ne l'avait plus sur son dos à contrôler ses moindres faits et gestes.

Malheureusement, la douceur de la vie à Volantis avait été entachée par un évènement qu'Aegon parvenait mal à oublier. Sa mère avait quelques temps plus tôt fait une fausse couche.
Cela l'avait certainement poussé à passer un peu plus de temps en compagnie de son père car il avait insisté pour rester au chevet de sa mère plus que de raison et avec surprise, son père en avait fait de même. Non pas qu'il se soit enquit de lui adresser la parole.
Cependant, il se demandait parfois si cet entêtement ne fâchait pas un peu sa mère. Cette tragédie seule était suffisante à supporter pour elle...
Quelques jours plus tôt, Aegon avait quitté le palais, prenant son envol pour se rendre à Lys, avec pour projet d'en ramener quelques souvenirs pour sa mère. Alors qu'il préparait son départ, Joffrey avait fortement insisté pour qu'il l'emmène avec lui et si Aegon avait tenté de refuser, ce gosse pouvait être sacrément borné. Ce dernier l'avait suivi jusqu'à Sȳndaomio et lui avait volé sa bourse, le forçant à le poursuivre dans les rues. Joffrey n'avait juré de la lui rendre que s'il l'emmenait avec lui et Aegon avait cédé après que ce dernier ait été prévenir ses parents -du moins, c'est ce qu'il lui avait dit et Aegon l'avait cru.

À Lys, il avait fait visiter la cité au petit prince, l'avait emmené faire un tour dans les plus beaux monuments, et les tavernes les plus divertissantes. Il l'avait même emmené dans un bordel et Aegon avait payé les plus jolies prostituées du bordel pour que Joffrey en choisisse une avec qui passer la nuit avant de vaquer à ses propres occupations.
Durant leurs visites dans la ville, Aegon en avait profité et lors de leur départ, il était reparti avec une bourse pleine de souvenirs pour sa mère, des bibelots en tout genre et quelques mets faciles à ramener.
Quand ils étaient arrivés au palais, Daemon Targaryen en personne les avait attendu de pied ferme, furieux. À ce moment-là seulement, Aegon avait appris que Joffrey n'avait demandé aucune autorisation ; le petit morveux avait seulement laissé un mot dans sa chambre en prévenant qu'il partait quelques jours à Lys avec lui et qu'il ne fallait pas s'inquiéter pour lui.
Joffrey avait simplement ri un peu et assuré qu'il s'était bien amusé. Aegon ne put s'empêcher de penser que cet enfant était un vil manipulateur, quand il vit les traits du roi volantain s'adoucir avant qu'il ne suive son fils pour qu'il lui raconte son périple, abandonnant son petit-fils dans la cour.

Oh Aegon n'avait pas attendu pour s'éclipser avant que Joffrey ne lui révèle qu'il l'avait emmené dans un bordel. Il s'était rendu immédiatement dans ses appartements pour y déposer ses affaires et surtout, garder de côté le souvenir qu'il avait ramené pour Daena.
À chaque fois qu'il se rendait quelque part, il rapportait quelque chose pour elle. Toutefois, sa collection commençait à s'agrandir dangereusement comme il n'avait pas vu sa cousine depuis fort longtemps. En fait, il commençait même à s'inquiéter pour elle mais il songeait qu'il irait peut-être à Westeros prochainement pour savoir ce qui lui arrivait. En attendant, il déposa son présent avec le reste et prit un bain avant de se changer et d'embarquer avec lui la sacoche qui contenait les présents et les mets de Lys pour sa mère.

Cependant tandis qu'il se dirigeait vers les appartements de cette dernière -de ses parents- Aegon passa devant les jardins et il y aperçut sa sœur.
Il ne s'arrêta pas, pas même quand quelques mètres plus loins, il croisa son frère en coup de vent -l'abruti allait probablement la rejoindre- et Aegon soupira.
Cela faisait un petit moment qu'il y songeait à présent... Depuis ces temps passés au chevet de sa mère, à vrai dire... Lorsque Naerys était revenue, il l'avait traîné de force devant leur grand-père pour qu'il confirme l'annulation de leur blague de mariage mais cette petite peste avait décrété que seul un septon pouvait le faire. Il lui avait rit au nez, bien évidemment mais il se demandait... Est-ce que cela pourrait faire plaisir à sa mère ? S'il faisait un effort ?
L'idée lui donna envie de rire, il ne faisait pas d'effort. Pourquoi en ferait-il quand personne n'en faisait pour lui ? Pour lui permettre ce qu'il voulait ?
Seulement voilà, ces derniers temps... Son entourage faisait des efforts... Et sa mère était fragile, il avait peur pour elle depuis qu'elle avait perdu son enfant. Non pas qu'il tenait particulièrement à avoir d'autres frères et sœurs mais c'était pour sa mère qu'il était affecté...

Aegon soupira de nouveau et décida de se rendre auprès de sa mère. Il lui offrit ses présents et resta quelques temps avec elle avant de la quitter.
Et il soupirait déjà, face à la décision qu'il avait prise. Ce n'était qu'un effort, un effort surhumain, mais qui ferait certainement plaisir à sa mère. Et c'était tout ce qu'il voulait, lui faire plaisir, lui redonner le sourire.
Alors, l'Indigne se dirigea jusqu'au bureau de son père, celui où il travaillait pour sa grand-mère. Parce qu'il ne voulait pas faire trop d'efforts tout de même, Aegon se garda de frapper et poussa la porte pour trouver son père en train de lire et de rédiger il ne savait quoi, et il s'en foutait. Royalement, s'il osait dire.

« If I ask you a minute, will you raise your head and stop whatever you're doing to listen ? »

Et voilà. Il était déjà agacé. Mais à sa décharge, son père avait l'air d'à peine remarquer sa présence. Comme d'habitude.