⎡souls tied, intertwined by our pride and guilt⎦ft. Daemon Targaryen

JOUR 18, LUNE 4, ANNÉE 875

Il est rare que son époux lui offre de tels privilèges sur lui, des privilèges qu'elle ne doit pas prendre d'elle-même par la force. Ainsi, elle a l'intention d'en profiter mais ce soir, son corps est trop épuisé par leurs récents ébats. Rhaenyra s'empresse alors de le mener dans le lit, de le glisser sous les draps pour éprouver sa chaleur et le confort de ses bras. Sa tête contre sa poitrine, ses doigts contre sa peau, elle prend le temps d'apprécier cette tranquillité, cette douceur entre eux après des ébats si intenses et violents. Daemon caresse ses cheveux, elle aime sentir ses doigts qui passent entre ses mèches et massent son crâne. Elle ferme un peu les yeux pendant que leurs respirations se posent, que leurs corps se calment et alors elle laisse ses pensées divaguer, revenir vers le Val, vers son fils et après quelques instants, elle se redresse un peu pour trouver ses yeux et l'interroger sur ce qu'il a pensé du Val et de ces quelques jours qu'ils y ont passé.
Entendre grogner son oncle-époux la fait sourire, sa main se glisse le long de son torse jusqu'à son ventre puis remonte vers ses brûlures dans un geste qui lui signifie qu'elle sait. Elle sait qu'il déteste le Val et elle dépose un baiser contre son épaule quand elle l'entend.

« — Our nights in the Vale were rather pleasant. »

Contre sa peau, elle sourit et elle s'accorde avec lui sur le fait que Maegor se construit une vie confortable, elle est d'accord avec lui sur le fait qu'il y semble bien avec sa famille mais il y a ce petit quelque chose qui lui laisse croire que ce n'est pas une situation permanente, qu'il s'en lassera car le Val ne lui plait pas tant que cela. Maegor ne l'aime pas plus que Daemon ne le fait. Elle se souvient vaguement de leur première conversation, alors qu'elle s'apprêtait à partir pour Essos et qu'il lui avait confié qu'il voudrait revoir Pentos un jour.

« — I don't think he'll make his home there. »

Pentos est la ville natale de la sorcière qu'il a pris pour épouse et il semble que sa vie y ait été douce. Rhaenyra se demande s'il n'a pas envie d'y retourner, ce n'est pas la première fois qu'elle y songe, la première fois qu'elle pense à sa propre ambition et la possibilité d'inciter le Targaryen à s'emparer de l'une des Cités Libres tout comme ils se sont emparés de Volantis pour fonder quelque chose de plus grand sur l'autre continent. Peut-être pourrait-il raviver l'héritage valyrien, faire renaître quelque chose de tout ce qu'il reste là-bas quand les Sept Couronnes n'ont jamais voulu d'eux et ne le veulent toujours pas. Ils ont eu besoin d'eux mais maintenant, malgré le Rêve du Feu et de la Glace, Rhaenyra ne croit pas que cette prophétie les concerne directement. Pour sa part, elle refuse en tout cas de s'impliquer, d'espérer pour un royaume qui se dresse contre la Maison du Dragon une fois de plus. Car si elle écoutait ce que sa rage lui souffle, elle déverserait le feu de Daelta sur les Terres de l'Ouest, elle laisserait Vermillon faire plus de dégâts encore et il ne resterait, à la fin, plus aucune terre à diriger, plus aucune âme pour s'incliner et reconnaitre Visenya comme reine.

Rhaenyra dévie, elle songe à Aegon. Son si précieux fils qu'elle a laissé dans le Val pour quelques jours et qui semble y trouver un peu de joie. Elle l'a vu plus joyeux ces derniers jours, différents de ce qu'il est habituellement et cela lui fait plaisir.

« — She's wild but she's a pretty girl. »

La reine sourit, elle se souvient de la manière dont Viserys a mentionné cela, calmement alors qu'Aegon leur confiait son échange de lettres avec la jeune femme, une échange qu'ils avaient gardé secret pendant une année. Le voir s'ouvrir au monde était une bénédiction et jamais elle ne lui aurait refusé de les accompagner pour une telle raison. Le bien-être de ses enfants est important à ses yeux, c'est une priorité désormais. Elle veut les voir grandir, les voir heureux et rattraper d'une certaine manière tout ce qu'elle a manqué dans leur existence pour Viserys et Aegon tandis qu'elle veut voir ses fils Velaryon devenir des hommes.

« — She reminds me of Baela. Except your daughter is more polite. »

Elle rit, se redresse et ses doigts caressent sa tempe tout en repoussant une mèche d'argent de son visage pour qu'elle puisse mieux venir trouver ses lèvres. Elle les embrasse quand les siennes glissent contre avec tendresse et affection puis elle s'éloigne à nouveau.

« — I'd like to see him happy. To see all of our children happy. »

Sa tête vient se reposer contre son torse, là où ses doigts se remettent à dessiner quelques formes abstraites et elle laisse son regard les suivre alors qu'elle songe à ses enfants. Jacaerys a encore du mal avec Baela mais avec le temps, elle ne doute pas qu'ils seront heureux. Lucerys a sa propre petite famille désormais et il semble heureux également. Aegon a l'air de trouver son chemin, lentement mais sûrement. Puis Viserys a retrouvé son épouse, il a encore beaucoup de chemin à faire mais il ne semble pas malheureux. Seulement distant et renfermé parfois, éloignant ses émotions pour ne penser que de manière rationnel et cela, elle ne doute pas qu'il le tient de Daemon alors qu'il a hérité d'une maitrise de ses pulsions et de son feu semblable à celle de Rhaenyra. Rhaena a encore du chemin à faire mais Rhaenyra sait qu'elle a eu une vie bien remplie précédemment, elle imagine que cela ne doit pas être aisé de passer à autre chose, de vivre à nouveau dans un monde où tout ce qu'elle a connu n'est plus. Elle comprend son sentiment car elle-même s'est trouvée seule en ce monde au début puis seulement avec Daemon mais sans aucun enfant, sans aucun de leur fils ou de leurs filles. Et ce n'est que maintenant qu'ils sont tous réunis qu'elle trouve une certaine paix.
Puis enfin vient le tour de Joffrey, son si jeune fils. Si jeune et si précieux. Elle inspire lourdement.

« — I wonder if I spend enough time for Joffrey. Do you think I neglect him sometimes because I'm busy with his siblings and my new positon as queen? He liked the people he used to travel with and to visit the Seven Kingdoms. Now, we locked him in a palace and Viserys thinks he might engage in criminal activities to escape boredom. »

Elle ricane légèrement en reportant les paroles de Viserys qui lui semblait jusqu'ici assez farfelues mais soudainement, elles deviennent une réalité et une possibilité.

JOUR 18, LUNE 4, ANNÉE 875

Rhaenyra rit, elle n'a pas besoin de relever les yeux pour savoir qu'il hausse un sourcil, qu'il met en doute ses mots et qu'il est dans son intérêt de choisir un autre mot. Elle secoue légèrement la tête contre lui.

« — They were great. Full of lust and pleasure. »

Elle tapote doucement son torse, offrant ces mots à son égo alors qu'elle se moque légèrement avant d'enchainer sur Maegor, sur ses intentions de ne pas rester dans le Val. Il finirait par s'ennuyer, elle n'en doutait pas une seconde, pas un seul moment.

« — And what would you have burned, my love? There is nothing to burn in the Vale except mountains and valley. »

Et la demeure qui avait vu naître sa mère. Elle y a pensé plus d'une fois alors qu'ils s'y trouvaient, qu'elle revoyait les Eyrié pour la première fois depuis son enfance, bien des siècles auparavant. Le château était le même, seul ce qu'il contenait avait changé et finalement, son âme résidait dans les personnes qui s'y trouvaient car elle en gardait un souvenir chaleur, une chaleur qu'elle n'avait pas véritablement retrouvé durant leur séjour.
Inévitablement, la valyrienne pense à son fils, leur premier fils de leur sang qu'ils ont laissé là-bas car il n'a rien à voir dans l'Ouest alors que le Val semble trouver grâce à ses yeux. Un plutôt la jeune princesse qui s'y trouve.

« — You think me wild? »

C'est à son tour d'hausser un sourcil mais sur ses lèvres, un sourire terriblement amusé persiste.

« — Maybe I was, when I was young. But I grew wiser. »

Elle ne cesse de caresser sa peau, ses mains ne le quittent pas, restent sur lui où se trouvent leur place, tout comme son corps. Si elle s'est toujours trouvée fière de lui offrir un peu de tranquillité d'esprit et un foyer, une famille auprès de laquelle revenir, il lui offre cette même paix, ce réconfort dont elle a besoin quand elle doute. Face à ses doutes, il semble désormais se montrer plus patient, comme il le fut avant la guerre, avant qu'ils ne perdent tout ce qu'ils possédaient.

« — Me neither. But she seems to enjoy life more than he does. She might do him some good. »

Ses lèvres se glissent contre les siennes avant qu'elle ne revienne sur son torse. Elle s'installe à nouveau dans ses bras si confortables et chauds, ses mêmes bras qui la protègent et la réconfortes, qui protègent leurs enfants et leur famille de leurs ennemis. Elle s'accorde avec lui sur le fait que leurs enfants s'en sortent bien, très bien même mais elle ne peut pas oublier tout ce qu'ils ont subi, les traumatismes que la guerre a laissé sur eux tout comme elle en a laissé sur elle. Elle veille sur eux du mieux qu'elle peut mais parfois, elle a le sentiment qu'elle n'en fait pas assez pour Joffrey, qu'elle le néglige et qu'il s'éduque seul, avec ceux qui se trouvent autour d'eux à Volantis.
Leurs regards se retrouvent, elle lève les yeux vers lui quand elle l'écoute lui répondre concernant son plus jeune fils avec Laenor, celui qui ne lui a pas encore demandé de prendre le nom de Targaryen et qui reste un Velaryon et elle soupire légèrement malgré son sourire.

« — My Joffrey has a good heart. But can we really trust Tybalt? He's only Prince Maegor's bastard after all. And let's be honest for a moment, I wouldn't trust Maegor in my council. He's too impulsive and unpredictable. And Tybalt... How can we be sure he won't betrayed us if it benefits him? »

Peut-être est-ce cela qui dérange le plus la souveraine, elle peine encore à accorder sa confiance à un bâtard et elle se trouverait moins embêtée si Joffrey passait du temps avec quelqu'un d'autre. Même ses escapades à Lys avec Aegon l'inquiéterait moins que ne le fait le temps qu'il passe avec Tybalt et la confiance aveugle qu'il semble avoir en lui. Elle est encore incapable d'accorder une pleine confiance aux bâtards, persuadée que leur loyauté est trop changeante et que par nature, ils n'appartiennent à aucune maison, ils ne doivent rien à personne, ils sont des esprits libres et après la guerre, elle peut difficilement penser le contraire. Un bâtard avec un dragon est d'autant plus dangereux, elle l'a appris à ses dépends. L'histoire des Sept Couronnes est pleine d'exemple qui viennent soutenir cette croyance et qu'elle n'oublie pas.
Alors si jusqu'ici, Tybalt s'est montré loyal et exemplaire, à l'exception de ses vols, elle peine à croire qu'il en sera éternellement ainsi.

Doucement, elle se redresse encore pour se trouver un peu plus haute que lui, appuyée contre son torse et sa main venant se glisser contre sa joue quand il lui fait par de son inquiétude concernant Viserys.

« — You know, my love, all your children take a lot from you. Viserys is no exception. »

Son sourire se fait tendre, son pouce caresse ses lèvres et elle penche un peu la tête sur le côté.

« — Larra and I don't get along but her love for him is sincere and he opens up with her. Give him time, he went through a lot too. »

JOUR 18, LUNE 4, ANNÉE 875

Ces moments sont précieux entre eux, cette tendresse naturelle qui vient après leurs ébats, ces instants où elle se blottit dans ses bras et où ils prennent le temps de discuter, ce soir de leur fils, d'autres soirs de politique et à d'autres moments, seulement de poésie, d'ouvrages qu'ils ont lu, de voyage et de projets pour l'avenir.
Sur leurs fils, ils parlent d'abord d'Aegon et son affection pour la jeune Aerea qui les surprend et les amuse à la fois. Daemon compare alors les goûts d'Aegon avec les siens et cela la fait rire mais la vérité est que Rhaenyra a appris à maitriser son impulsivité d'antan. Elle n'est plus la même jeune femme solitaire et pleine de colère d'autrefois, sa colère est différente, elle la maitrise d'une autre façon car elle a appris à vivre plus dans l'ombre, à masquer ses émotions et la vérité pour ne garder celle-ci que dans l'intimité. Elle a mis une armure pour se protéger quand elle était seule à défendre sa position d'héritière alors qu'Alicent s'évertuait à la diminuer et la blesser encore et encore.

« — One cannot change its nature, I guess. »

La souveraine rit légèrement alors qu'il effleure sa joue, lui offre son affection et sa douceur qu'elle prend sans aucune retenue. Cependant, le sujet qu'ils abordent ensuite devient dangereux. Ils parlent de Joffrey, de Tybalt et Rhaenyra laisse ressortir ses doutes et son manque de confiance envers les bâtards. Ses mots ne sont pas anodins, elle sait avec certitude que son oncle-époux désapprouve cette opinion, qu'il ne va pas laisser cela passer sans réagir et elle a raison. Il la rappelle à l'ordre et elle grimace légèrement mais il fait preuve d'une douceur qui doit certainement lui coûter car ce n'est pas dans ses habitudes, elle sait qu'autrefois il aurait réagi plus sèchement et elle s'en trouve reconnaissante. Alors elle-même fait preuve de plus de patience quand elle l'écoute.

« — Am I? »

Elle hausse tout de même un sourcil, elle ne croit pas que ce sont uniquement ses craintes qui parlent mais elle l'écoute continuer à lui parler de Tybalt en mentionnant ses fils et elle se pince les lèvres. Elle affronte son regard, écoute ses mots et quand le moment vient, elle pose son front contre le sien quand il vient et soupire à son tour quand il parle de Joffrey. Elle sait qu'il essaye de l'amadouer et elle ne se sent pas en colère mais cette conversation l'irrite car elle n'est pas en accord avec lui.

« — My sons have been raised as princes of the realm and you know it. »

Sa main glisse contre sa peau et remonte un peu dans son cou, elle reste douce dans ses gestes malgré son ennui et son désaccord qui s'expriment dans sa voix. Elle garde son front sur le sien et reste blottie dans ses bras quand il fut un temps où elle s'en serait éloignée par contrariété.

« — But History remembers the name of many treacherous bastards. »

Daemon Feunoyr et Jon Snow parmi eux. Car si Jon Snow est né d'un mariage, il a été élevé comme un bâtard lui-même. Elle se souvient avoir lu quelques lignes sur Ramsay Snow également. Mais elle ne mentionne pas tout cela. Doucement, elle secoue simplement la tête pour changer le sujet et revient vers le sujet qui compte : Tybalt.

« — And still I did take Tybalt under our care, didn't I? »

Car malgré ses opinions, malgré sa méfiance, elle a accepté la requête de Maegor et ne l'a pas rejeté. Elle le garde seulement à l'œil, elle s'inquiète de sa loyauté mais elle n'agit pas, elle accepte sa présence sans rechigner.

« — But the man is arrogant and has been raised in Fleabottom. We know how sneaky people from there can be. »

Particulièrement les putains qui tendent à s'élever plus haut qu'elles ne le devraient. Mais une fois encore, elle tait ces mots. Rhaenyra a peu de patience quand elle se sent insultée, elle n'oublie jamais une offense et rancunière comme elle l'est, elle est prompte à englober les innocents dans les crimes de leurs pairs. Tout comme elle se méfie des bâtards et des putains qui cherchent à s'élever, elle ressent l'envie de chercher réparation et vengeance auprès des Sept Couronnes toutes entières. Elle a eu pour ennemis quelques Lannister est est plus prête à se méfier du suzerain Tyrion que de croire qu'il est différent de ses ancêtres au même niveau que le nom des Baratheon l'exècre et qu'elle voudrait se venger sur les descendants de ceux qui l'ont trahi et lui ont tout pris.
Rhaenyra reste dans ce refuge qu'elle a trouvé dans les bras de Daemon alors qu'il l'a encerclé de ceux-ci et au lieu de garder l'une de ses jambes mêlées aux siennes, elle se glisse un peu plus sur lui pour se retrouver à califourchon sur ses cuisses alors que le reste de son corps reste étendu sur lui. Ses doigts viennent alors dessiner les contours de sa mâchoire et elle baisse un peu les yeux.

« — Considering our history, I cannot trust a bastard until he have proven himself worthy of it... I don't even thing I can trust anyone who isn't us. Betrayal never come from an enemy, only from those we trust the most. »

Le passé est encore douloureux et la fin de ces paroles, le ton qu'elle emploie est amer et plein de blessures. Elle sait que c'est aussi le cas pour Daemon et elle laisse son corps se détendre contre le sien, se complaire dans la chaleur et la douceur qu'il lui offre ainsi que son affection et son soutien qu'il ne lui a jamais retiré, quoi qu'elle en ait passé, quoi qu'elle en ait dit. Il a eu de nombreux torts, il l'a abandonné quand elle avait le plus besoin qu'il reste et s'il ne l'a pas toujours soutenu comme elle l'aurait voulu, il ne lui a jamais tourné le dos non plus. Pas une fois sa loyauté n'a fluctué.
Plutôt que de rester bloquée sur le sujet qu'est Tybalt, sur la réalité des choses qui la pousse à ne pas lui accorder sa confiance et elle ne le fera sûrement jamais entièrement tout comme elle est suspicieuse de chaque âme qui approche sa famille et qui n'en fait pas partie, elle reprend sur Viserys qui semble l'inquiéter davantage que les fréquentations de Joffrey et elle le confronte à une réalité : leur fils lui ressemble. Cette vérité lui fait détourner le regarde quand il lui répond quand elle a remonté son regard sur le sien et elle n'ajoute rien de profond. Peut-être est-ce vrai que leur dernier fils né à besoin d'être accompagné mais en vérité, elle ignore comment le faire sur ce point car Daemon le comprend mieux qu'elle ne le fait.

« — Then maybe you should talk to him. »

La valyrienne lance sa suggestion, n'en dit pas davantage pour laisser l'idée faire son chemin dans l'esprit de son époux et quand il sera près, le roi de Volantis verra certainement qu'il est le seul qui puisse réellement comprendre l'attitude de Viserys car il agit de la même manière. Rhaenyra croit qu'il le voit et le sait déjà mais le reconnaitre devant elle est autre chose. Daemon a sa fierté et son égo et ça, elle ne l'ignore pas. Elle n'ignore pas non plus chaque effort qu'il faut, chaque fois qu'il lutte contre sa nature et pour leur bien, elle en fait tout autant et parfois, cela est difficile.

« — Baela is a free spirit but she is brave and strong. Like you. I don't think she needs anyone. Only a home and the love of her family. »

La reine baisse les yeux vers son pouce qui caresse son épaule, les gestes apaisants qu'il a envers elle et elle ferme les yeux pendant un moment. Elle ferme les yeux et inspire profondément. Elle réalise que l'amertume laissée par la conversation concernant Tybalt est toujours là. Elle grimace légèrement quand elle vient retrouver son regard et se redresse un peu pour appuyer ses mains chaque côté du visage de son oncle alors qu'elle s'appuie sur ses bras pour garder le haut de son corps redressé.

« — Since we're playing with fire and mentioned things that pissed me off... Here's another one: I don't like Tyanna. I hated every moment we spend with her. The more we spend time in this realm, the more I'm reminded of a terrible past. »

Les Verts s'éteignent, se font discrets, ils ne sont plus son ennui premier et pourtant, il semble que les Sept Couronnes n'en aient pas fini de la replonger dans le passé. Cela lui pèse, elle s'enfonce dans ses souvenirs qui la torturent et elle perd de vue de nombreux progrès qu'elle a fait depuis qu'ils sont partis pour Meereen. Alors qu'elle en prend davantage conscience ces derniers jours, elle se persuade qu'ils continueront de venir le moins possible sur ces terres. Peut-être ne plus y revenir si cela est possible.

JOUR 18, LUNE 4, ANNÉE 875

Le royaume des Sept Couronnes ramène toujours, inlassablement, des souvenirs pénibles et douloureux. Terre natale de la princesse, elle s'y est accrochée à son retour à la vie, elle s'est accrochée à Peyredragon où elle a connu les plus douces et plus heureuses années de son existence mais le temps lui a fait réaliser qu'il n'y a plus rien ici pour elle. Des siècles se sont écoulés depuis son décès, ce monde n'est plus le sien, ces terres ne sont plus les siennes et elles ne sont plus que les rappels d'un passé difficile. Il lui a fallu passer à autre chose, connaitre de nouvelles terres qui ne furent pas souillées du sang de ses enfants. À Volantis, elle se sent plus en paix, plus heureuse mais indéniablement, Westeros éveille ses peurs et lui rappelle qu'encore aujourd'hui, elle peut être trahie et perdre un enfant à tout instant.
La conversation l'agace, la tend et il en est de même pour Daemon. Elle serre les dents un court instant quand son ton lui déplait et quand il reprend, quand il assure qu'il garde un œil sur Tybalt et que même les traites peuvent les servir, desserre la mâchoire. Elle déglutit et cherche à se détendre entre ses bras.

« — I'm sorry... I know you're keeping us safe and I trust you. I trust your judgment. »

Daemon a toute sa confiance, il l'a toujours eu. Peut-être l'éloignement avec ses enfants la rend davantage inquiète et soucieuse, plus paranoïaque mais en réalité, Harrold et Aemon veillent encore sur sa famille. Plus encore, ils veillent les uns sur les autres.
Alors elle accepte de se détendre un peu, elle parle plus aisément de Viserys bien qu'une certaine amertume pèse encore sur elle. Daemon ne lui répond pas, il ne dit rien de plus sur Viserys, rien sur la suggestion et elle cesse ainsi la conversation car elle sait qu'il ne rest à rien de l'y forcer, il est inutile de lui forcer la main car que son insistance pour qu'il ne fasse ne mènera qu'à une explosion de colère entre eux. Si son époux est inquiet pour leur fils, elle le comprend. Elle s'inquiète pour chacun de leurs enfants mais elle sait aussi que Viserys est adulte, il a vécu une vie entière et peut-être que le temps réparera ses blessures au même titre qu'il répare les siennes.
Quelques mots sur Baela et le silence s'installe à nouveau. Il y a cette douceur entre leurs corps qui vient contraster avec la tension dans l'air, qui pèse alors qu'elle ne perd rien de l'amertume qui s'est installée précédemment et elle en profite pour mentionner Tyanna, pour mentionner le poids que Westeros semble déposer sur elle. Ses mains entourent son visage, elle perd son regard dans ses pupilles améthystes et elle le sent se tendre, elle sait qu'il déteste qu'elle le force à affronter son regard mais quand il lui dit qu'il sait, elle ne croit pas que sa colère qu'il exprime en serrant la mâchoire, soit tournée vers elle. Ses doigts effleurent ses muscles tendus sur son visage jusqu'à ce qu'il vienne enfouir son visage dans son cou.
Alors Rhaenyra laisse ses bras entourer son roi, s'enrouler autour de son cou et elle le presse contre elle. Elle se laisse retomber pour simplement sentir qu'ils sont serrés l'un contre l'autre, qu'ils s'accrochent au corps de l'autre comme si quiconque tentait de les séparer. Elle entend son murmure et caresse ses cheveux d'une main et baisse un peu la tête pour embrasser sa tempe. Son baiser lui parle de l'amour qu'elle a pour lui, celui qui ne disparaitra jamais et elle repose sa tête contre la sienne.

« — One more night here and we'll fly back to Dragonstone. Then to Volantis. »

Son éteinte autour de lui semble se resserrer alors qu'elle roule un peu sur le côté pour mieux s'étendre, pour mieux s'installer puis elle ferme les yeux en maintenant son visage dans sou cou si c'est ce qu'il désire.

« — I feel better at home. »

La reine se sent mieux entourée de ses enfants, elle se sent mieux dans un royaume qui lui appartient désormais et si la charge de travail est encore colossale pour le forger à son image, elle s'y sait au moins en sécurité entre les murs du palais, tout comme le sont ses enfants qu'elle ne peut garder enfermée pour l'éternité.
Entre une fois, ses lèvres se posent contre sa tempe avec la tendresse et l'affection qu'elle a pour son oncle-époux. Il est sien, elle est sienne aussi mais a-t'elle besoin de le lui dire quand il n'y a, sur son corps, aucune partie qu'il ne connait pas, qu'il ne possède pas ? Malgré tout, elle murmure en retour car elle en ressent le besoin pour ne pas plonger plus loin dans ses peurs et ses doutes, pour s'accrocher aux meilleures choses qu'elle possède.

« — Aōhon iksan. Kesīr, rȳ lenton, mirre skoriot, aōhon iksan. »
(I'm yours. Here, at home, anywhere, I'm yours.)

Ses doigts se glissent à travers ses mèches de cheveux, les brossent autant qu'elle les démêle et elle laisse un sourire naitre sur ces lèvres. Elle ne veut pas s'endormir dans ses bras après une conversation peu agréable comme de rien n'était. Elle se sent apaisée par ces mots, sans qu'il en dise beaucoup, il sait et elle sait aussi ce qu'il a ressenti face à Tyanna et les souvenirs au goût cruel de trahison qu'elle a ramené à la surface. Ni l'un ni l'autre ne veut prononcer le nom de Mysaria mais il est peut-être mieux ainsi, il est peut-être mieux que le nom de la putain soit oublié, que le Ver Blanc disparaisse de l'histoire et des mémoires.

« — Good night, my love. »

Rhaenyra penche la tête et souffle à son oreille quand elle dépose son baiser contre sa joue cette fois puis ses bras l'étouffent davantage car elle ressert sa prise mais ses yeux se ferment définitivement, prête à se rendre au sommeil sans lâcher Daemon, sans disparaitre de son étreinte. Car lui seul peut chasser les cauchemars qui l'assaillent parfois la nuit et qu'elle redoute davantage pour cette nuit considérant les souvenirs qui la hantent et ceux qui pèsent sur elle actuellement.

JOUR 19, LUNE 4, ANNÉE 875

Qui plus que Daemon a prouvé sa loyauté et sa valeur durant la guerre ? En qui peut-elle avoir plus confiance qu'en lui ? Daemon a sa propre morale, son propre honneur et il peut se montrer impulsif et brutal mais plus jamais elle ne pourra se permettre de questionner sa loyauté. Il lui a causé du tort, elle lui en a causé en retour et les souffrances du passé ne peuvent plus être les souffrances d'aujourd'hui. Ils doivent avancer. Il ne lui a pas fallu longtemps pour réapprendre à lui faire confiance une fois qu'ils ont admis leurs torts, qu'ils ont accepté leurs faiblesses l'un envers l'autre. Rhaenyra trouve un intense soulagement à pouvoir se reposer sur lui, à avoir son soutien et Volantis semble leur faire du bien. Ils n'ont, pour l'heure, eu peu de désaccord sur la manière dont ils règnent car tandis qu'elle ne dit rien sur la manière dont il réorganise la garde et entraine les hommes, il ne dit rien sur la manière dont elle réorganise le palais et les lois, lui offrant seulement ces dernières à approuver avant de les faire entrer en vigueur.
Volantis lui manque déjà, elle s'y sent plus en sécurité entre les murs du palais et elle s'aventure si peu dans la ville car elle a trop à faire dans la salle du conseil, elle a trop à faire à l'intérieur mais elle sait qu'il lui faudra sortir, qu'il lui faudra divertir le peuple sous peu et peut-être pourra-t'elle confier l'organisation de cela à Joffrey sous la supervision de Rhaena. Pour l'heure, elle songe surtout à cette envie de regarder le confort de leur foyer que Daemon partage.

La reine souffle de douces paroles d'affection et d'appartenance dans la langue de leurs ancêtres et le sourire sur les lèvres de Daemon la ravit alors qu'elle caresse ses cheveux. Elle est installée confortablement pour dormir dans ses bras, une nuit de plus près de lui quand ils ont passé quatre années loin l'un de l'autre autrefois. Elle ferme les yeux, laisse son souffle se poser et petit à petit, elle s'endort. Elle sombre jusqu'à ce qu'elle entende ce murmure presque absent et elle se love seulement un peu plus dans son étreinte, dépose un baiser absent sur sa clavicule et ses doigts continent de lisser ses cheveux jusqu'à ce qu'elle s'endorme pleinement.

Rhaenyra doit être épuisée de leurs ébats car lorsque l'aube pointe, elle ne s'éveille pas. Elle dort encore un moment et elle ne s'éveille pas non plus quand la respiration de Daemon change, quand il s'éveille contre elle. Il lui faut encore plusieurs minutes pour parvenir à cela. Lorsque ses paupières papillonnent, son regard tombe immédiatement sur son roi et ses lèvres affichent un doux sourire. Il caresse son visage, ses traits avec une douceur et elle glisse sa main contre son torse dans une caresse affectueuse et tendre.

« — You're flattering me, uncle. »

La valyrienne se tourne dans le lit, s'étire un peu et revient dans ses bras, pose ses lèvres sur les siennes puis murmure.

« — My body hurts because of you. »

Elle ricane, effleure sa joue puis en douceur, elle échappe à son étreinte pour se redresser et s'assoir sur le bord du lit.

« — We should dress. The sooner we meet with Lord Tyrion, the sooner we're back to Dragonstone. »

Malgré tout, elle se tourne quand même vers lui et saisit sa main dans la sienne pour la presser. Ils savent l'un comme l'autre quelle hâte elle possède de quitter cet endroit, de quitter Westeros et ses Sept Couronnes.
Alors elle se lève, use la bassine d'eau pour se nettoyer un peu de la veille puis elle revêt sa robe, ses bijoux et s'assoit devant la coiffeuse pour démêler sa chevelure d'argent éprouvée par la nuit de sommeil et par les mains de Daemon. Tandis que la brosse passe dans ses mèches, elle trouve la silhouette de son oncle-époux dans le miroir, elle l'observe un instant avec ses cheveux en bataille et un sourire amusé prend place sur ses lèvres.

« — Would you let me braid your hair today, my love? »