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Lune 12, 875 AC. L'été est là, le petit peuple se réjouit alors que les seigneurs s'inquiètent à l'heure où un nouveau roi vient d'être couronné en la personne de Maegor I Targaryen.
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「old tears made of sorrow」(ft. Rhaenyra Targaryen)

2 participants
Aegon II Targaryen

Aegon II Targaryen

Défi RP #2
Participation au Défi RP #2 de juin 2024
Pseudo : tyraxesis
Pronom irl : elle
Messages : 46
Date d'inscription : 31/01/2024
Allégeance : Sa fidélité et sa loyauté va à sa famille, les Targaryen de Volantis.
Triggers : Aucun, tant qu'on en parle avant.

   
Old tears made of Sorrow

I need love, love to ease my mind
I need to find, find someone to call mine
But mama said you can't hurry love
No you just have to wait
She said love don't come easy
It's a game of give and take
You can't hurry love
No, you just have to wait


Mère était morte il y avait des décennies en arrière, quand ses filles n'étaient que cela, des filles dont les yeux ébahis ne pouvaient plus rien voir d'autre que le deuil et la solitude. Rhaena, en tout cas, ne voyait rien d'autre que la peine et la solitude. Baela avait eu leur père et le refuge de son dragon, celui de Jace aussi, sûrement, là où sa cadette s'était tenue droite sans personne auprès de qui se confier. Laena Velaryon avait emporté les secrets de sa fille dans la tombe pour toujours, par delà les vagues et l'air salé de la mer. Le sel n'avait pas quitté la cadette de ses enfants tout de suite. Elle l'avait goûté dans ses larmes pendant longtemps, par vague chronique qui ne cessaient de revenir encore et encore comme une mauvaise blague. La douleur constante de perdre n'avait jamais quitté la valyrienne qui d'enfant à adulte n'avait cessé de voir l'Étranger lui arracher des êtres chers. Ou peut-être que cela avait été Morghul ou Trios ou les Anciens Dieux. Tant de dieux et pourtant, il n'y avait aucune justice en ce monde.

Lorsqu'elle avait quitté les bras de Daemon, quelques instant en arrière, première des personnes que la jeune femme avait retrouvé ici à Volantis, elle s'était dit qu'enfin le monde s'était mis à tourné comme il fallait, droit et constant. Il lui fallait parcourir cet endroit gigantesque et retrouver sa famille, chacun de ses membres de Rhaenyra à Viserys, de son petit frère Aegon à son neveu Aemon. Et son pas se pressa à cette pensée, souriant d'une tendresse qu'elle avait peu ressenti jusqu'ici depuis son retour à la vie quelque peu déroutant. On avait essayé de lui expliqué, quand elle était arrivée trempée dans le Val, que les fidèles d'une fois d'Essos ramenaient des gens au hasard, mais majoritairement des gens importants de l'histoire. Le prince Maegor avait alors accepté de la recevoir quand elle avait donné son nom et il fut surpris de découvrir que ce fut elle, seulement elle. You are not my niece, avait-il dit en papillonnant des yeux et pourtant, il s'était montré avenant et gentil avec elle. Pendant sept jours, il la pria de manger à sa fin et de lui compter qui elle était sans ne rien omettre et quand la valyrienne avait évoqué ses parents, il avait paru plus ému qu'il n'était normal de l'être pour un homme qu'on surnommait le Cruel. Et puis Rhaena avait compris que l'homme connaissait son père et sa belle-mère et à mesure qu'il comptait sa propre histoire, la jeune femme s'était mise à pleurer.

C'était à Volantis que tout recommençait à nouveau et la chaleur écrasante de la ville s'était mise à peser sur elle quand enfin, la Targaryenne était rentrée. Elle observa un temps la beauté des lieux, questionnant pour elle même ce qui avait poussé sa famille à s'installer ici. Quelqu'un saurait bien lui dire, alors la douce explora avec une patiente qui l'avait toujours caractérisé. Ou peut-être avait-elle appris cela à force de broder, de coudre et d'apprendre les devoirs d'une lady, mais Rhaena avait aimé chaque détail et la petite fille impatiente et frustrée était devenue une jeune femme qui aimait prendre son temps pour saisir les petits détails des choses insignifiantes. Pendant son court temps dans les Eyrié, elle avait observer Maegor Targaryen à une distance raisonnable. Il était de ces hommes qui vivaient selon des habitudes réglées et précises, les heures étaient importantes et plus encore, il n'aimait pas y déroger ou être en retard, quoiqu'il le cachait ou pensait le cacher, la plus jeune l'ignorait. Elle l'avait vu inoccupé une fois et cela avait été comme revivre avec son père pendant une seconde quand l'homme s'était mis à tourner en rond comme un dragon enfermé dans une cage trop petite pour lui. Et quand il l'avait enfin remarqué, après plus d'une heure, ils étaient allés voler sur le seul dragon présent dans le Val d'Arryn.

Ici, il y avait de nombreux dragons. Presque autant que Rhaena avait de membre dans sa famille. Elle avait été fascinée de savoir que ses frères Velaryon avaient fini par reprendre le chemin du ciel, quoique Joffrey ne montait pas. Mais Luke et Jace... Cela lui avait formidable pourtant et ces rêveries mirent la lady sur le chemin d'un couloir où passaient souvent des domestiques. La jeune femme refusait de les appeler des esclaves, quoiqu'il s'agissait de leur statut, cela lui semblait inconcevable et profondément mal. Et quand elle croisa enfin une porte entrouverte qu'on lui avait au préalable indiqué comme étant la nurserie, la valyrienne frappa doucement à la porte. Sa déglutition se coinça alors dans sa gorge pendant une seconde et sa propre main se posa contre son ventre, celui qu'elle avait connu rond et porteur de vie, tard certes, mais tout de même. Son courage lui vint alors et elle entra en refermant derrière elle, tournant le dos un instant au spectacle qu'elle verrait.

Dans son enfance, elle avait détesté le mariage de Daemon et Rhaenyra de la maison Targaryen alors que leurs cinq enfants avaient perdu un de leurs parents. La période de deuil n'était même pas passé qu'on leur avait imposé un nouveau cadre familial étouffant que tout le monde semblait plus ou moins accepté. Seul Jacaerys avait crié un peu, au début, pleuré aussi mais sa sœur ne lui dirait jamais qu'elle l'avait vu et entendu quand il essayait de se cacher. Rhaena, elle, s'était dissociée de tout cela parce qu'elle était de toute façon à part. Dans cette famille de dragonnier, elle était la seule qui n'avait pas vu son œuf éclore ou qui n'avait pas clamé de dragon, restant à terre quand ses proches décidaient de prendre le ciel d'assaut de leurs créatures ailées. Et naturellement, de cette façon, la fillette s'était montrée froide et distante auprès de sa belle-mère, de cette étrangère qui pensait qu'elle pourrait remplacer Laena. Mais personne ne pouvait effacer le souvenir d'une mère aussi bonne et aussi attentive que celle que Rhaena avait connu pendant huit années de sa vie. Cela avait dû être difficile pour Rhaenyra, sa belle-fille le savait à présent et dans ses années de femme adulte, cette dernière avait eu honte de son comportement enfantin alors qu'elle avait été choyée et aimée.

Quand elle relâcha la poignée de la porte, Rhaena se tourna, repoussant les longueurs tressées de ses cheveux argentés qui coulaient jusqu'à sa taille. Elle portait, ici et là, quelques délicats bijoux dorés qui faisaient briller sa coiffure soigneusement élaborée et si elle fut stressée, ses traits n'en portaient pas nullement la trace, point tout de suite en tout cas. Pourtant, quand le violet sombre, presque noir, de ses yeux rencontra la silhouette de Rhaenyra, la douce jeune femme parut soufflée. Elle avait pleuré chaque larme que son corps avait contenu pour Daemon, mais cela n'enlevait pas l'émotion évidente qu'elle ressentait à cet instant très précis. Pendant une seconde, la lady se demanda si tout ceci était un rêve. Après tout, il lui paraissait étrange qu'un enfant soit venu au monde dans des circonstances si spéciales, et puis la valyrienne se rappela que tout cela était assez commun pour eux qui avaient vu leur reine leur offrir deux petits frères avant que sa dernière grossesse ne se termine dans la tristesse. Rhaena pensa alors à la petite Visenya qu'ils avaient perdu trop tôt et pourtant, à l'enfant que Rhaenyra portait dans ses bras. Et un sourire inonda ses lèvres tandis qu'elle restait poliment et timidement à la porte, attendant d'être invitée à s'avancer.

Il ne fallait pas se tromper ici. Jamais Rhaena n'aurait souhaité pour une autre belle-mère que Rhaenyra. Elle n'était pas Laena mais il s'agissait de ce que la Targaryenne avait de plus proche d'une actuelle figure maternelle et personne ne l'avait mieux comprise dans sa détresse que cette femme qu'elle s'était retenue de nommer Mère parce que l'étiquette voulu que ce ne soit pas correct. Rhaenyra de la maison Targaryen avait été sa reine et par tous les droits de ce monde et des cieux elle avait été plus prodigieuse que tous les hommes qui marchaient sur cette terre et pourtant, elle était tombée comme eux tous. Plus encore, Rhaenyra avait été une mère, pas tout à fait la sienne mais tout de même, et en l'observant, la lady se sentir faiblir sous le poids de toute ses émotions.

"Mother..."

Ce mot presque étouffé, elle ne l'avait plus jamais prononcé de toute sa vie après l'enterrement de Laena. La fille s'était montrée forte à sa propre manière, dans sa propre bonté et sa propre gentillesse. Rhaena avait été à part, cela était vrai, et pourtant si proche de tout ce que sa famille représentait. Tout ce que Rhaenyra représentait. N'avait-elle pas appelé sa fille Aemma en hommage à cette femme, quand il était encore trop tôt pour honorer leurs morts convenablement? Et si dans l'ancien monde, celui de son passé, Rhaena avait été convenable et droite, personne ne la regarderait être faible et voûtée dans l'intimité de cette pièce, une pièce similaire à celle où elle avait passé une immense partie de son temps libre à veiller sur ses filles en leur disant de ne pas oublier qu'elles étaient Targaryenne autant qu'Hightower et que leur sang valyrien comptait.

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Rhaenyra Targaryen
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Rhaenyra Targaryen

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JOUR 17, LUNE 9, ANNÉE 874

Rhaenyra se souvient aisément de son père, elle se souvient de lui comme un père aimant et un roi juste mais fatigué et préférant éviter les conflits plutôt que de les affronter. Elle se souvient de lui comme un homme bon et droit mais pas comme d’un roi fort et puissant. Ses propres devoirs d’héritière ont été lourd à porter, sans personne pour l’épauler, sans soutien sur lequel s’appuyer. À la différence de lui, la reine de Volantis se tient prête à affronter les tempêtes qui se dirigent vers elle et à ses côtés se tient un roi fort, solide et qui ne fuit aucun conflit, elle peut se reposer sur lui. Car si les volantains restent encore calmes et l’acceptent, elle sait que ce n’est qu’une question de temps avant que quelques voix s’élèvent à l’encontre de la Maison Targaryen, leurs ambitions et leurs dragons. Ils sont venus bouleverser le système de toute une ville et ses terres, ils ont chassé leurs triarques pour instaurer une monarchie que nul n’est venu demander. Pour l’heure, elle maintient une stabilité, ne force pas davantage de changement mais lorsque le moment viendra, il y en aura et de l’Ancien Sang, elle attend des représailles. Pour l’heure, elle les reçoit et les écoute chaque jour dans la salle du trône, elle répond à leurs demandes et leurs inquiétudes mais un jour, ces demandes se changeront en accusations et ces inquiétudes en contestations, et quand le moment viendra, elle sera prête. Elle ne fuira pas le conflit.
Rhaenyra se souvient de la fatigue qui a accablé son père jusqu’à détruire son corps, le rendre malade et elle se demande si elle aurait dépérit à sa manière si le Trône de Fer avait continué à entailler sa chaire comme autrefois. Autrefois, devenir reine fut un fardeau. Ce n’est pas le cas aujourd’hui car elle l’a voulu, elle est venue se saisir de cet endroit pour en faire son royaume, pour construire quelque chose de nouveau, un ordre nouveau loin du passé lourd et accablant, loin de la culture andales et des Premiers Hommes qui s’oppose si lourdement à la culture valyrienne et la liberté qu’elle offre, une liberté que Rhaenyra a toujours désiré et qu’elle retrouve à Volantis où l’influence de Valyria et des Possessions est encore vive, même un millénaire après le Fléau. Contrairement à son père, la reine Targaryenne a passé la majorité de sa vie à songer qu’il viendrait un temps où elle régnerait et elle règne désormais, car c’est à cela qu’elle a préparé sa vie, à cette fin précise et l’y voici désormais. Contrairement à son père, elle aime chaque pas qu’elle fait et à la différence de leur précédente vie, elle n’hésite pas. Autrefois, la paix et l’unité furent ses priorités et elle fut réticente à s’engager dans une guerre face aux Verts et lorsqu’elle s’y engagea, ce fut avec trop de rage, avec un feu brûlant dans la poitrine et qui ne désirait que consumer tout ce qui l’entourait. Sa priorité, désormais, est de protéger la chaire de sa chaire, de protéger les siens avant tout. Doit-elle ôter une vie innocente à nouveau pour ce fait, elle n’hésitera pas. Elle n’a pas hésité face aux triarques.
Encore une fois, à l’inverse de son père, la reine volantaine s’évertue à être un soutien pour chacun de ses enfants. Elle refuse qu’ils connaissent la même solitude qu’elle et tire une grande fierté de constater qu’ils peuvent compter les uns sur les autres. Elle tire une grande fierté de voir Jacaerys veiller sur sa fratrie. Mais son aîné ne peut, au même titre qu’elle, porter sur ses épaules les poids qui accablent chacun de ses frères. Alors elle se tient là, près de lui, comme le pilier solide qu’elle fut incapable d’être dans leur vie précédente. Elle se tient comme un pilier solide pour chacun de ses enfants, pour leurs enfants aussi s’ils en ressentent le besoin mais elle les connaît bien peu, elle sait que ce n’est guère auprès d’elle qu’ils cherchent leur soutien et elle l’accepte, comme elle accepte qu’elle ne peut porter seule les fardeaux de leur famille. Et Daemon est là. Ils font cela ensemble, elle n’est pas seule et les désaccords qui les ont autrefois déchiré sont oubliés. Ils ne s’accordent guère sur tout, parfois, le ton monte entre eux mais ça ne dure jamais longtemps. Elle fait preuve de plus de patience avec lui et lui avec elle, semble-t’il. Combien de nuits ont-ils passé loin l’un de l’autre ? A l’exception de son voyage dans le Nord et des jours où elle s’enferma dans leurs appartements après qu’il eut voulu qu’elle se débarrasse de l’enfant qui grandissait en elle, ils n’en ont passé aucune dans d’autres lits que le leur. Même quand ils ne s’entendent pas le jour, ils font une trêve la nuit pour ne pas oublier qu’un jour, ils passèrent des années l’un sans l’autre, qu’elle refusa de lui laisser sa place dans leur lit et qu’elle l’envoya sans cesse dans d’autres bras, dans d’autres lits et que jamais, elle ne veut souffrir de la sorte à nouveau ou se sentir si seule à nouveau. Elle peut vivre avec l’absence douloureuse de quelques enfants, elle ne le peut pas sans Daemon. Elle ne le peut plus. Elle se tourne vers lui lorsqu’elle hésite car à l’image de l’épée qu’il manie, il tranche avec aisance les décisions qu’elle ne sait prendre et elle se range derrière lui. Son époux est son pilier et elle est le sien en retour, elle est l’épaule sur laquelle elle peut s’appuyer lorsqu’elle en a besoin et qui chasse la solitude d’autrefois, celle dans laquelle elle se résigna par deux fois à vivre sans que cela ne fut concluant. Car un Targaryen seul au monde est une terrible chose.

Malgré qu’elle aime ses devoirs et trouve un équilibre entre la reine, l’épouse et la mère qu’elle est désormais, Rhaenyra n’est pas parfaite. Elle est fatiguée et il lui faut parfois trouver quelques réconforts. Elle n’est pas fatiguée de ses devoirs, elle n’a aucun désir de les fuir mais seulement de s’en éloigner quelques heures pour quelques bouffées d’air frais, pour s’aérer l’esprit. Combien de fois Viserys est-il venu, durant les derniers jours, s’étendre autour de la table de son conseil pour noircir des parchemins d’encre pendant qu’ils ont discuté de l’avenir de Volantis ? Combien de fois a-t’il levé la tête pour les éclairer sur des coutumes, des traditions ou des lois volantaines qui s’opposaient ou soutenaient leur volonté de changement ? Elle est passée, une fois, devant ses appartements pour y voir plus de parchemins qu’elle n’a pu en compter encombrer son bureau, enroulé au sol, dans des pots ou sous un verre de vin alors qu’il s’affaire à reformer le Code des Lois de Volantis. L’ouvrage est gigantesque et lorsqu’il s’est plongé dedans, il l’a fait sans se décourager. Mais quel temps passe-t’il avec ses proches, avec leur famille ? Elle ne peut devenir cette reine inaccessible, trop occupée pour prendre soin de ceux qu’elle aime. Et il lui faudra parler à son fils, il lui faudra lui dire qu’il peut prendre du repos et du temps pour lui mais ce n’est pas le bon moment.
Car ce moment précis est l’un de ceux où Rhaenyra a besoin de s'évader un moment, de prendre ce temps pour elle. Elle trouve son chemin vers la nurserie tandis que ses yeux mauves observent, un peu plus chaque jour, le palais où ils se sont installés. Les larges fenêtres laissent entrer la chaleur étouffante et humide autant que le peu d'air frais venu de la Mer d'Été mais ce qui marque davantage la valyrienne, ce sont les carrelages colorés qui décorent le sol et conservent la fraicheur entre les murs de ce bâtiment. Elle laisse son regard glisser sur chaque motif alors qu'elle traverse le couloir décoré de tapisseries venues de Qohor, de tapis myriens et des nombreuses plantes qu'elle jugea un jour exotiques jusqu'à ce qu'enfin, elle fasse face à la porte derrière laquelle elle entend le chant de sa dernière née. Elle pose sa main sur le bois pour ouvrir l'accès à la nurserie et elle entre, avance vers la nourrice qui tient la jeune princesse Visenya, criant plus qu'elle ne pleure. La mère tend les bras vers elle, la prend contre elle et cela ne suffit pas à la calmer alors qu'elle renvoie la nourrice. Elle veut être seule avec son enfant. Six lunes se sont écoulées depuis la naissance de Visenya et déjà, elle peine à se souvenir de sa vie sans elle, comme si sa fille avait toujours été une part d'elle-même. Il en a toujours été ainsi avec chacun de ses enfants, lorsqu'elle songe au passé, à son adolescence, elle peine à se souvenir qu'aucun de ses fils n'étaient nés, qu'elle a vécu une vie avant eux mais après eux... Après eux, elle n'en a eu aucun et elle n'aurait jamais pu en avoir car aucun enfant ne devrait perdre la vie avant ses parents. Pour sa fille, la reine se souvient de la douleur d'avoir perdu un enfant, l'unique fille qu'elle eut de son sang mais elle se remémore à peine la vie avant Visenya.

Rhaenyra berce l'enfant dans ses bras, la tête baissée vers elle pour observer son cou dénudé, elle remonte des doigts et effleure les douces écailles, plus sombres que sa peau, plus dures mais encore souples comme celles d'un jeune dragon. Elle s'est plusieurs fois demandée si, un jour, ces écailles sur sa peau deviendrait gênantes, si elles auraient une quelconque conséquence sur sa santé mais malgré ses recherches, elle n'a rien trouvé à ce sujet si ce n'est des écrits sur des enfants mort-nés comme le fut sa Visenya dans leur vie précédente, les enfants de Maegor et enfin, le fils de Daenerys Targaryen. Dans ses recherches, elle eut trouvée la trace d'un valyrien qui auraient pu avoir des écailles semblables, la référence renvoyant vers un ouvrage médical si ancien qu'il a été perdu lors du Fléau et désormais, elle ne peut trouver aucune réponse à ses interrogations. Elle ne peut que supposer qu'il ne lui arrivera, que cela ne se développera pas davantage et est seulement une conséquence indésirable de la magie qui lie les Targaryen à leurs dragons, cette magie qui coule encore dans leurs veines et qui a disparu ailleurs dans ce monde.
Finalement, la reine s'approche du berceau où dort encore son enfant chaque nuit et elle prend le petit dragon de bois qui s'y trouve pour le lui tendre. Visenya s'en saisit, de ses mans maladroites et incapables de mesurer leur force tout en papillonnant de ses yeux dépareillés, l'un d'un violet clair comme le sien, l'autre d'un mauve plus sombre. Elle sourit, s'assoit contre la banquette qui longe le mur et elle assoit sa fille entre les coussins. Depuis quelques temps maintenant, elle tient assise et elle grandit un peu plus chaque jour.
De manière différente mais égale, Rhaenyra aime ses enfants. Cependant, il y a quelque chose de différent à avoir une fille. Car elle sait que celle-ci n'affrontera jamais le monde à la manière dont l'ont fait ses frères. Elle espère que la vie de sa fille sera douce et plus libre qu'elle ne le fut, libre de choisir son destin. En tant que sixième enfant de Rhaenyra et cinquième de Daemon, il ne repose sur ses frêles épaules aucune obligation, aucune responsabilité et la reine entend qu'il en reste ainsi pour quelques années encore.
Elle a déjà eu des filles. Deux. Baela et Rhaena n'ont jamais été de son sang, elle ne leur a pas donné la vie mais elle les a adopté dans son cœur comme ses propres filles au fil des années passées et dans cette nouvelle vie, il n'existe plus aucune distinction entre les enfants qu'elle eut avec Laenor, ceux qu'elle eut avec Daemon et ceux que Daemon eut avec Laena. Ils sont leurs enfants, c'est cela qui compte le plus. De Baela, elle se rapprocha le plus aisément après son mariage avec son oncle, contre toute attente, elle fut celle qui l'accepta le plus rapidement. Il n'en fut pas de même avec Rhaena et malgré cela, les années démontrèrent qu'elle fut plus proche de la cadette des filles de Daemon que de l'ainée. Le temps passé à Lamarck éloigna Baela pendant un temps mais ce n'est pas cela qui poussa la Targaryenne à se rapprocher de Rhaena mais plutôt la solitude que celle-ci devait ressentir. Il fut toujours aisé pour l'ainée d'être proche de son père car elle lui ressemble tant, mais Rhaena est différente, pleine d'une douceur et surtout, elle fut très longtemps sans dragon. Alors elle n'eut pas à le faire avec Baela mais pour Rhaena, elle œuvra pour l'aider à se rapprocher de son père et ainsi, elles se rapprochèrent quand la jeune femme eut compris que Rhaenyra n'a jamais eu l'intention de prendre la place de sa mère, de remplacer Laena ou d'effacer son souvenir. Désormais, elle manque à son cœur, l'absence de Rhaena est celle qui pèse encore le plus lourd dans sa poitrine. Elle est la dernière pièce qui manque au puzzle et si elle ne le dit jamais, elle y pense si souvent. Aurait-elle aimé Visenya ? Nul doute que oui. Aurait-elle été là, Rhaenyra aurait posé sa main sur son ventre à chaque mouvement du bébé et elle aurait parlé de sa grossesse avec elle comme autrefois. À la différence qu'elle l'aurait fait avec des mots d'adulte, une conversation de femme à femme et plus d'une enfant à une adulte. Doit-elle se résoudre à ce que Visenya grandisse sans jamais connaitre sa seconde sœur ? Elle n'ose pas espérer un retour miraculeux, elle craint que l'espoir ne soit trop douloureux lorsque l'évidence la frappera. Cet espoir, elle ne peut pas se l'autoriser car ses enfants sont la corde sensible, celle sur laquelle il suffit de tirer pour que ses peurs remontent à la surface et qu'elle soit prête à tout pour les protéger autant que leur disparition pourrait la détruire à nouveau, fracturer cet équilibre qu'elle a trouvé entre celle qu'elle est et celle qu'elle doit être.

Ses mains s'occupent, jouent avec sa fille pendant de longues minutes et elle oublie qu'au dehors, un travail colossal l'attend pour faire de cette ville le royaume qu'elle désire. Elle sourit, agite le dragon de bois devant le bébé qui se montre attentif et bouge avec maladresse. Rhaenyra rit en la voyant balbutier, alors que quelques bulles se forment sur ses lèvres puis elle tend le bras vers le dragon de bois, s'appuie un peu pour se redresser et tenter de l'attraper. Son bras n'est pas assez fort et sa tête retombe dans les coussins. Elle essaye une seconde fois, le résultat est le même mais la mère l'encourage à continuer, elle s'agite un peu, une grimace passe sur son visage et elle tente une fois de plus de redresser son dos pour attraper le jouet que lui tend la reine. Cette fois, Visenya se dresse en position totalement assise, se penche vers l'avant pour attraper son jeu et lorsqu'elle le tient entre ses si petits doigts, elle se laisse retomber en arrière.

« — Aōha kepa kessa sagon biare. »
(Your father will be proud.)

Kepa, le mot pour père, attire l'attention de Visenya qui tourne la tête pour observer la pièce, à la recherche de l'homme qu'elle identifie au mot kepa.

« — Daor kesīr issa. »
(He isn't here.)

Née à Meereen, sa fille a plus souvent entendu des mots valyriens que la langue commune de Westeros et s'il semble qu'elle réagisse aux deux langues, Rhaenyra réalise qu'elle lui parle bien plus souvent en valyrien.
Elle prend la jeune Visenya entre ses bras pour l'assoir sur ses genoux, l'entourer de son étreinte protectrice et aimante pour embrasser le duvet de cheveux d'argent qui occupe son crâne. Puis, ce n'est que lorsqu'elle relève sa tête et son regard qu'elle voit cette présence près de la porte, celle qui l'appelle par le nom de mère pour la première fois. Ses yeux l'identifient en premier, sa peau brune, ses longues tresses d'argent, son visage semblable à celui que Rhaenyra connut chez sa cousine Laena et surtout, son air bienveillant dans son sourire, cette douceur que la deuxième née de Daemon dégage depuis toujours. Ses paupières se ferment et s'ouvrent à nouveau, tout aussi rapidement, elle papillonne des cils un moment pour s'assurer qu'elle ne rêve pas mais elle sait déjà que Rhaena est bien là, face à elle et sa poitrine se fait lourde sous l'émotion. Elle s'est sentie fière lorsque Jacaerys a nommé Daemon comme son père pour la première fois puis quand Luke l'a fait mais ce n'est rien face à la bouffée de tendresse et d'amour qu'elle ressent pour cette femme qui est, en presque tout point, sa fille.

« — Rhaena... »

Un jour, elle a détesté Alicent d'avoir retrouvé chacun de ses enfants quand elle n'en a eu aucun. Elle n'a jamais espéré que leur famille soit un jour complète à nouveau et à cet instant... À cet instant, ces rêves qu'elle n'a pas osé rêver se réalisent tous. Elle se lève, son bras se glisse sous les fesses de Visenya pour la maintenir assise contre elle et observe Rhaena, le jeune Targaryen sans même oser bouger. Une part inconsciente d'elle redoute encore un mirage, une illusion qui s'envolerait au moindre mouvement. N'a-t'elle pas, plusieurs fois, vu les fantômes de ses enfants entre les murs de Peyredragon ? N'a-t'elle pas vu les chevelure d'argent de Baela et Rhaena courir dans les couloirs sombres pour disparaitre derrière une porte ou à l'angle d'un mur ?

« — Come in. »

Elle l'invite à entrer, sa voix défaille plus qu'elle ne le souhaite quand ses yeux s'emplissent de quelques larmes d'émotion qu'elle se refuse à laisser couler. Par où commencer ? Son cœur, après un court arrêt, s'est remis à battre plus vite dans sa poitrine et elle le sent dans ses tempes. Finalement, elle s'avance d'un pas rapide vers elle, maintient Visenya d'un bras contre elle et l'autre s'étend, s'enroule autour de la fille de son époux, sa fille à elle aussi et elle l'attire contre elle.

« — I've missed you so much! »

Elle n'est pas reine, elle n'est pas épouse, à ce moment précis, elle n'est qu'une mère que le temps a séparé de son enfant et qu'elle retrouve avec joie et émotion.
by CrimsonTulip




— What did it cost?
— Everything.
Aegon II Targaryen

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No, you just have to wait


La nurserie de Peyredragon avait été l’endroit favori de Rhaena durant sa jeunesse. Elle qui avait perdu sa propre mère durant son enfance, il lui avait semblé important de se montrer aussi douce que l’avait été la lady Laena Velaryon quand ses propres enfants viendraient, un jour. La vie s’était pourtant acharnée sur elle, mais aussi sur ses frères qui n’avaient rien demandé. La jeune femme s’était souvenue ses jours qu’elle avait passé dans cet endroit avec ou sans sa belle-mère, occupée à broder ou simplement à observer l’un de ses frères respirer calmement dans son sommeil. Parfois, la cadette des filles de Daemon avait laissé ses doigts lisser les cheveux argentés de l’un ou de l’autre des bambins que Rhaenyra avait mis au monde, laissant son cœur s’imprégner de tout l’amour qu’elle ressentait pour l’un puis l’autre des plus jeunes Targaryen.

Voilà qu’à présent, dans cette nouvelle existence que vivait Rhaena, celle-ci découvrait que ses parents – ils l’étaient car Rhaenyra l’avait élevé pendant la seconde moitié de son enfance – avaient eu un nouvel enfant. Son père lui avait parlé d’une petite sœur et quand son nom avait quitté les lèvres du roi qui régnait sur Volantis avec sa nièce-épouse, sa fille avait ressenti une bouffée d’une tendresse immense. La petite Visenya, défunte trop tôt et trop vite, avait été si désirée par le reste de sa fratrie et si le couple royal avait décidé de donner à nouveau ce nom à leur dernier enfant, peut-être y avait-il une raison derrière. La jeune lady avait elle-même donné des prénoms emplis de sens à ses propres filles, déterminée à leur transmettre toute la force et la détermination des grande Targaryenne d’antan. Seule Tansy, sa tendre fille, avait été un hommage à ses frères Velaryon et leurs origines. Seuls les Sept savaient combien son cœur était vide sans sa famille et donner quelques noms en mémoire de ce qu’elle avait eu, un jour, ne suffirait jamais.

La jeune lady Targaryen ne sut dire combien de temps elle resta à la porte avant que sa mère adoptive ne la remarque. Son regard sur elle était improbable pour Rhaena, elle qui avait tant vécu sans Rhaenyra. Sa présence lui avait manqué chaque jour, lourde et douloureuse. Elle n’avait plus eu personne auprès de qui se confier à mesure que la mort emportait ses proches au loin. Il n’y avait eu que Garmund à ses côtés quand chacune de ses six filles étaient venues au monde. Pourtant, la seconde fille de Daemon avait toujours fantasmé la venue au monde de ses enfants. Autour d’elle se seraient tenues Rhaenyra et Baela, l’une et l’autre tenant sa main. La douleur ne l’aurait point terrifié car la jeune femme se serait rappelée des paroles de la plus âgée quand elle partageait les instants de sa grossesse avec sa belle-fille. Sa reine était pourtant de nouveau en vie.

Quand elle l’invita à entrer, Rhaena se pressa alors, entrant à grandes enjambées. Son sourire était aussi brillant qu’un rayon de soleil quoique ses yeux étaient rougis par les larmes qu’elle avait versée peu de temps auparavant, quand elle s’était assise aux côtés de Daemon. Oh son très cher père. N’avait-il pas été plus formidable encore que dans ses souvenirs de petite fille ? La valyrienne avait toujours imaginé que son père exécrait sa faiblesse et son manque de dragon. Elle avait imaginé que seule Baela comptait et puis, Rhaenyra et ses fils, tous dragonniers. Pourtant, cette dernière s’était impliquée et appliquée à souder davantage le père et la fille. Quand elle l’avait retrouvé, quelques temps plus tôt, toute une part d’elle s’était soignée, sûrement parce que Daemon Targaryen lui avait dit qu’il l’aimait pour la première fois de toute son existence.

Après son père, elle retrouvait enfin sa mère, sa reine et tout une partie de son cœur qui s’était brisé avec le soulèvement de Port-Réal. Oh, si elle avait suivi Joffrey ce jour-là, peut-être aurait-elle pu empêcher leur famille de tomber plus bas encore dans la déchéance. Peut-être aurait-elle pu convaincre l’Usurpateur ou trouver une solution, qu’importe pour sauver Rhaenrya du triste sort que Rhaena de Pentos avait découvert à travers les livres. Ses bras s’enroulèrent autour de la plus âgée, son visage disparaissant dans l’argenter de sa chevelure.

“ I missed you too, mother. ”

La Targaryenne s’éloigna un peu, juste assez pour que son regard d’un violet sombre – hérité de Corlys Velaryon – puisse se poser sur la toute jeune enfant que portait Rhaenyra. Elle était un petit bout de Valyria comme ils l’étaient tous et Rhaena se permit de sourire davantage.

“ I have missed a lot, right? You’ll need to tell me everything, you know. ”

Et alors, la sœur cadette de Baela embrassa la tempe de sa belle-mère, la serrant à nouveau entre ses bras avec une délicatesse qui l’avait toujours si bien caractérisé. Elle garda alors une main sur le bras de Rhaenyra, son pouce caressant en cercle sa peau. Ce geste empreint d’affection et de tendresse, Rhaena ne l’avait accordé qu’à ses filles après la mort de Baela, incapable d’ouvrir son cœur à nouveau. Elle avait aimé la petite Naerys et son silence pieux mais jamais assez, à grand peine.

“ Let’s sit a little bit, if it’s alright with you. ”
by CrimsonTulip


Rhaenyra Targaryen
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I had gone out for a walk

Rhaenyra Targaryen

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JOUR 17, LUNE 9, ANNÉE 874

Des années se sont écoulées pour la jeune Rhaena, Rhaena a connu une vie sans eux. Mais qu'a connu Rhaenyra sans ses enfants ? Elle n'a connu que le chagrin, la misère, les échecs et la rage, et la colère. Elle a vu tout son monde s'effondrer sans ses enfants. Elle a eu une vie avant eux, certains ont eu une vie après elle et c'est l'ordre des choses, il en a toujours été ainsi depuis l'existence même de la vie sur cette terre. Mais aucun parent ne devrait connaitre la vie après ses enfants. Le souvenir est encore douloureux, pesant dans la poitrine de la souveraine lorsqu'elle y songe et il oppresse sa poitrine. Nulle mère ne devrait connaitre cela et pourtant, c'est une tragédie qui arrive bien trop souvent en ce monde.
Cependant, un poids s'échappe, un vide dans son cœur se remplit quand ses yeux se posent sur la seule enfant qu'il lui manquait. Quelle importance qu'elle soit de son sang ou non ? Elle a réalisé bien trop tard toute l'étendue de son affection pour les filles de Daemon, bien trop tard qu'elles n'étaient pas juste les deux filles de son oncle-époux qu'elle avait adopté dans sa famille et élevé. Elles sont ses filles aussi, elle les aime comme si elle leur avait donné la vie, elle veut leur bonheur comme elle veut celui de ses fils et elle veut construire ce royaume à Volantis tant pour les fils pour lesquels elle a saigné que pour les filles qu'elle a pris dans son cœur lorsqu'elle a mêlé son sang à celui de son oncle. Ils sont deux parts d'un tout, les enfants de Rhaenyra sont ceux de Daemon et les enfants de Daemon sont ceux de Rhaenyra. Il ne peut en être autrement.

L'un de ses bras s'enroule autour de la deuxième née de son époux, l'autre maintient Visenya contre un côté de sa poitrine et la mère ferme les yeux. Elle tient deux de ses filles dans ses bras et elle les aime tant. Elle les aime tellement fort. Après avoir envoyé Rhaena dans le Val, après lui avoir demandé d'être la mère qu'elle ne pouvait être et de prendre soin de ses fils, particulièrement de Joffrey, elle ne l'a jamais revu. Elle n'a jamais pu lui dire à quel point elle était fière d'elle, à quel point elle l'aimait et elle aurait voulu que les choses soient différentes. Que tout soit différent.
Son bras retombe lentement pour laisser la Targaryenne échapper à son étreinte, elle le ramène ensuite contre le bébé dans ses bras et caresse doucement sa chevelure, elle la tourne doucement pour que sa sœur puisse l'observer et la découvrir. Un léger rire échappe à Rhaenyra.

« — You did. »

La reine reçoit son baiser avec douceur, elle ne peut se défaire de la tendresse qui emplit son cœur, qui la fait sourire et qui fait briller ses yeux d'émotion.

« — Come. »

Elle lui adresse un signe de la tête et l'invite à prendre place près d'elle sur la banquette tandis qu'elle repose Visenya sur ses genoux. Elle caresse une nouvelle fois les petites écailles translucides sur sa peau, dans son cou si fin puis elle place son bras autour d'elle pour la maintenir et tourne toute son attention vers la belle Rhaena.

« — Have you seen your father? Or anyone else? »

Car avant qu'elle ne prenne le temps de discuter avec elle, elle a besoin de savoir si elle a trouvé, si elle désire retrouver, la personne qui a toujours été la plus importante pour elle
: Baela. La reine sait, elle a toujours su que les deux filles de Daemon étaient très soudées, tout comme Jace et Luke le sont. Ils ont grandi ensemble, ils ont grandi à deux avant ce mariage qui a agrandi leur famille et chacun de leur côté, le quatre enfants ont affronté des deuils à deux. Luke et Jace ont connu celui d'Harwin et de Laenor, Baela et Rhaena ont connu celui de leur mère. Jamais aucun membre de leur fratrie ne pourra lutter contre cette affection entre eux, tout comme personne ne pourra prendre la place d'Aegon aux yeux de Viserys et de Viserys aux yeux d'Aegon. Et elle ressent une grande fierté à voir que ses enfants sont si soudés, si proches les uns des autres et qu'entre eux, ils ont su trouver leurs affinités pour se parler et se confier.
Elle-même, même si elle l'avait désiré, n'aurait jamais pu être si proche de sa fratrie. Même si le petit Baelon avait vécu. Elle l'a toujours su, même lorsqu'elle était une enfant. Elle a aimé chacun de ses enfants avec férocité et malgré les accusations de bâtardise proférées à leur encontre, la succession fut toujours claire et jamais disputé entre eux. Pour elle, ce fut différent car son père ne nomma jamais d'héritier durant les premières années de son règne, la position de Daemon ne fut jamais affirmée, pas plus que la sienne et elle avait toujours redouté un frère vers qui tous se tourneraient, un frère qui lui prendrait l'attention de ses parents, qui l'éclipserait aux yeux de tous. Sa position n'a jamais été évidente et par la sienne, elle a toujours tenté de protéger ses enfants. Mais jamais elle n'aurait pu s'entendre avec sa fratrie, qu'ils soient les enfants d'Alicent ou ceux de sa propre mère. C'était une réalité difficile et cruelle, une qu'elle avait longtemps nié mais elle ne le fait plus désormais, elle en la certitude profonde que cela n'aurait rien changé dans son cœur. Ça n'aurait changé que le choix de son père, elle n'aurait jamais été héritière et peut-être ses enfants auraient-ils vécu plus longtemps.
Pour autant, quand elle repense à sa vie, quand elle repense à ces actes et à ce qui aurait pu être fait différemment, Rhaenyra ne trouve aucun désir de changer réellement les choses avant la mort de son père, elle ne trouve aucun désir de ne pas accueillir Harwin dans son lit, aucun désir d'avoir épousé Daemon des années plus tôt car cela aurait empêché la naissance de leur cinq premiers enfants et celles-ci sont des choses qu'elle est incapable de regretter. Car elle a vécu dans ce monde et plus jamais elle ne veut en connaitre un où Jacaerys, Lucerys et Joffrey ne sont pas. Pas plus qu'un où Baela et Rhaena n'existent pas.
by CrimsonTulip




— What did it cost?
— Everything.
Aegon II Targaryen

Aegon II Targaryen

Défi RP #2
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Quand elle avait été une petite fille, Rhaena n’avait pas eu beaucoup de tendresse pour cette femme qui avait si rapidement la place de sa mère, comme si la lady Laena n’avait pas été ou pire encore, qu’elle n’avait pas été assez. La Velaryon avait été le cœur tout entier de sa seconde fille, si précieuse pour elle quand il lui suffisait de parler et de la serrer contre ses bras pour calmer les terribles angoisses de sa fille cadette. Rhaenyra était arrivée, balayant tout sur son passage et cette petite révolution en soit n’avait pas été bien accueilli par la fille cadette de Daemon Targaryen. Le temps avait pourtant fait son ouvrage et rapidement, la Targaryenne était devenue une personne chère à son cœur jusqu’à ce que la guerre n’éclate.

Ensuite, on l’avait envoyé au Val car il avait semblé que son manque de dragon ne soit pas utile dans cette guerre à grande échelle, ou peut-être l’eut ont crû frêle et fragile comme du cristal. Peut-être l’avait-elle été… Pendant ce temps, pourtant, Rhaena avait fait grandir une certaine rancœur dans son cœur qu’elle gardait secrètement en elle et quand Joffrey avait été rappelé à la cour, la jeune fille était restée derrière, ressassant sa colère comme une vieille chanson de barde dont le luth était brisé. Peut-être que le fait qu’elle n’eut pas été rappelée à la cour, au côté de ses parents avaient noirci davantage son cœur et cette plaie ne s’était jamais réellement refermée. Comment aurait-elle pu quant à la fin de la guerre, il n’y avait plus eu qu’eux, quelques trop rares enfants ? Père et Mère étaient morts, Aegon avait été roi, telle était l’état du monde.

Le parfum de Rhaenyra fit soupirer doucement la jeune femme d’aise et quand elle se redressa, son sourire s’étira plus encore, laissant son regard se glisser dans celui de la plus âgée avant que Rhaena ne se penche sur le petit bébé que sa reine portait. Et alors, après s’être définitivement séparée de cette étreinte maternelle qui lui avait tant manqué, qu’elle avait tant désiré ressentir après chacun de ses accouchements et grands moments de sa vie, la très diplomate dragonne s’avança pour s’installer sur la banquette comme elle y avait été invité.

“I did. The Prince Maegor took me here and we stumbled upon Father. He told me where to find you and Baela… But I wanted to see you first and know that you were really here, alive, again…”

Il y avait une peine dans les mots de Rhaena qu’elle ne semblait pas capable de réellement dépasser. Pendant un instant, elle repensa à ses mains fermement ancrées sur les épaules de son petit Aegon et à ses yeux perdus dans les cauchemars terribles qu’il avait vécu et qui ne disparurent jamais de toute leur vie, jusqu’à la mort de son petit frère qui avait tant peiné la lady des maisons Targaryen et Hightower. Sa tête se secoua alors doucement comme pour la sortir de ces rêveries désincarnées et anciennes, préférant se concentrer sur le ici et le maintenant.

Pendant un instant, sa main se tendit vers ce minuscule enfant que Rhaenyra tenait contre elle. Il ne s’agissait pas d’un nouveau-né, de cela Rhaena en était sûr tandis que son regard observait son visage. Elle lui donnait cinq mois, peut-être six, rien de plus mais rien de moins non plus et un sourire étira les lèvres de l’ancienne mère avec une tendresse évidente et sincère alors qu’elle reposait sa main sur sa cuisse, s’interdisant de toucher un enfant qui n’était pas le sien, non sans l’autorisation de sa mère tout d’abord. Après tout, l’ancienne dragonnière avait toujours été la plus féroce des protectrices quand il s’agissait de ses propres filles et sa main se posa sur son ventre un instant, presque troublée et sûrement déçue.

“Now tell me, who is this little dragonling? Don’t tell me Viserys or Aegon came back to life as babies, please. There is so much I need to tell them; I can’t wait twelve years!”

Et malgré l’évidente panique qui naissait lentement sur les traits fins et délicats de la jolie Targaryenne, un amusement passa sur ses traits alors qu’elle imaginait revivre à nouveau la croissance d’un de ses frères ou même d’un nouvel enfant né de Rhaenyra et Daemon. Car si la jeune femme avait été proche de ses frères les plus âgés et plus encore de sa sœur aînée, il y avait eu quelque chose de spécial entre elle et Aegon, Joffrey et même Viserys.

“They are here, right? Father told me I was the last of us to come back to life... I hope you didn't wait to longly, that it didn't pain your heart. I can only know how it feels to long for your flesh and blood.”

Le regard violacé de la jeune femme se perdit un instant dans la pièce à cet instant, comme si elle contemplait ses propres mots. Qu'aurait-elle donc ressenti de se réveiller à Villevieille, dans la Grand Tour? Cette simple pensée fit monter quelques larmes qu'elle chassa derrière ses paupières, reportant à nouveau son attention sur sa mère. Le Dieu à sept faces qu'elle avait choisi d'honoré dans sa vie précédente aurait sûrement pensé qu'il ne fallait pas être trop cupide, que sa propre vie en valait déjà plusieurs milliers, elle qui avait déjà vécu une fois. Pourtant, les Dieux de ses parents auraient appelé à ce qu'elle ressente ce vide et qu'elle le transforme en feu. De tout ceci, pourtant, Rhaena n'en parla pas.
by CrimsonTulip


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