「And I still loved you when you had to leave」(ft. Daemon Targaryen)

Two mountains, I'm caught in the middle
Can't see the forest before the trees
This climbing breaks me a little
But the hope inside of me
That this lonely valley leads
To a bridge over troubled dreams

Revenir à la vie n'était pas chose aisé pour nombre de personnes qui n'avaient pas simplement fermés leurs yeux une nuit paisible. Cela était évident. Quand elle quitta le Val pour Essos, terre de sa naissance qu'elle ne vit plus jamais - fantôme d'une perte tragique, Rhaena ne regarda pas en arrière une seule seconde. Cela, par contre avait été simple. Il n'y avait plus rien dans les Sept Couronnes pour elle : plus de grands-parents, plus de frères, plus d'époux, plus de filles, moins encore de belle-mère ou de père. Quand le prince Maegor avait été assez généreux pour la laisser vivre aux Eyrié avec ses épouses et lui-même, la jeune femme avait écouté tout ce que ce dernier avait à lui apprendre de ce nouveau monde et chaque détail fit monter un peu plus les larmes qui bordaient les yeux sombres de la Targaryen. Alors ainsi, toute sa famille recomposée était revenue à la vie, de Jacaerys à Viserys en passant par Luke et Baela? Cela parut si profondément impossible et pourtant, si l'ancienne lady Hightower était là, alors il n'était pas interdit d'espérer et de croire. Oh, la cadette des filles de Daemon Targaryen avait dû apprendre à composer avec la patience, les choses venaient avec le temps, petit à petit à chaque pas et au fil de prières que personne n'entendait jamais.

Plus d'une fois, elle avait répété qu'elle voulait mourir et revenir à la vie à un temps où toute sa famille vivait, paisible comme au temps de son enfance. Rhaena aurait choisi de revenir trois jours avant l'annonce que Vaemond avait appelé à revoir les droits de Luke sur Lamarck. Oh, cela avait été un jour superbe à tous les égards. Le soleil avait brillé toute la journée, du matin au couchant sans faiblir et la brise marine annonçait un jour parfait pour pouvoir faire le trajet de Peyredragon à Lamarack. Ce jour-là, Jacaerys avait prétendu vouloir travailler les virages en épingle de Vermax, mais sa cousine savait pertinemment que ces virages en épingle étaient une excuse pour aller voir Baela ou même espérer l'apercevoir. Nombres de coquillages avaient atteint la plage d'ailleurs et les domestiques avaient dit qu'avec un peu de chance, ils attraperaient de gros crabes. La perfection n'existait pas en ce monde, mais si Daemon et Rhaenyra avaient sourit alors cette journée avait dû être ce qui se rapprochait le plus du paradis. Un paradis que rien n'aurait dû troubler. Et pourtant...

"You are ready to go, lady Rhaena?
— Yes, I am. Thank you for doing this for me."

Toute la politesse de Rhaena, elle l'avait appris de sa mère, des souvenirs d'enfant de Laena toujours si douce et si parfaite dans tout ce qu'elle faisait et disait. Elle était un dragon, mais quelle mère. De Daemon, tout d'abord, Rhaena avait pensé ne rien avoir hérité. Elle avait l'argent de ses cheveux et le nom, bien maigre lien qui les réunissait. Pourtant, quand il les avaient laissé seuls dans ce monde, sa fille cadette s'était trouvé tant de similitude dans la différence avec ce père qui lui manquait tant et que jamais elle n'avait cru revoir. La jeune femme avait eu sa rage d'avancer coûte que coûte, elle avait hérité de cet amour si fort et si profond pour sa fratrie et il lui avait parut essentiel de faire vivre les souvenirs de leurs parents. Aegon et Viserys avaient été si jeunes quand Père et Rhaenyra étaient tombés et il était injuste que leurs sœurs aient tant vécu avec eux et eux si peu. Quand elle monta derrière le prince Maegor, la douce valyrienne espéra que ses frères eut trouvé un peu de paix d'avoir retrouver leurs parents.

Volantis n'était pas aussi loin que la Targaryen l'avait imaginé. Ils étaient partis de nuit afin de passer inaperçu et plus encore car la vue du soleil levant sur Essos était apparemment quelque chose à voir. Il s'agissait d'une raison suffisante pour convaincre la jeune femme et Rhaena n'avait pas regretté à une seule seconde. L'aube avait effleuré l'horizon, caressant le paysage lentement. Les premiers rayons éclairaient tranquillement le ciel en transition comme les joyaux que Rhaenyra portaient souvent en parure. Rhaena avait toujours adoré ces bijoux, fascinée par le soin avec lequel sa belle-mère se préparait pour vivre une nouvelle journée et que la plus jeune des filles de Daemon avait pris soin d'imiter dans sa vie adulte. Les dômes des temples s'illuminaient progressivement, révélant des détails autrement cachés dans l'obscurité nocturne. Les rivières qui serpentaient à travers la ville captaient les premières lueurs, leurs eaux scintillant comme des rubans d'argent. Les ponts colossaux de Volantis, arcs majestueux qui enjambaient les canaux, se paraient de teintes rosées et dorées. et pour bien moins que cela, peut-être que la valyrienne aurait pleuré d'allégresse.

Ce n'était pas la première fois que le prince venait, cela se voyait. Quand ils se posèrent enfin à terre, Maegor marchait avec une confiance évidente et Rhaena devina qu'il connaissait le chemin pour se rendre là où il devait l'emmené parce qu'une promesse était une promesse, avait dit l'homme. Rapidement pourtant, chaque détail frappa la jeune femme, les étals se paraient de couleurs si vives et différentes de celles qu'on trouvait à Westeros en son temps, davantage encore lorsque la lumière du matin étreignait la forme et la texture des tissus tendus. Cette ville était divine et ce ne fut pas difficile de saisir pour quoi sa famille s'était installée ici. Seraient-ils heureux de la revoir? Avait-elle manqué à son père? Oh, pendant si longtemps, elle avait pensé que ce dernier n'avait que faire d'elle. Rhaena n'avait pas été une dragonnière du vivant de Daemon et plus d'une fois, elle avait pensé le décevoir de ne point être aussi formidable et forte que l'avait été sa très chère Baela. Qu'il devait être dur, pourtant, d'être à la place de son aînée si incroyable, autant qu'il devait être dur d'être à la place qu'avait occupé Jacaerys pour eux tous. Ils avaient tant de poids sur les épaules, un poids qu'aucun d'eux n'aurait jamais pu porter. N'auraient dû porter.

Et au fil de ces pensées, un vaste mur noir se dressa, impressionnant de majesté. On entendait la Rhoyne d'ici et pourtant, ce n'était pas un endroit similaire au reste de la citée et Rhaena suivit le pas jusqu'au palais abritant sa famille. La chaleur forçait la jeune femme à s'éventer lentement, son pas ralentissant dans ce que nombre de personnes auraient pu voir comme l'atteinte de la moiteur sur son corps. Pourtant, ce n'était pas exactement cela et la honte aurait pu prendre la Targaryen si elle n'avait pas su se tenir en société. Dans son esprit, elle imagina sans peine que ses parents n'étaient pas là, ni son père, ni sa belle-mère et moins encore sa sœur, ses cousins et ses frères. Il n'y avait qu'elle et le silence qu'elle s'était infligée à Villevieille à la mort de Point du Jour, et pendant un instant, il lui fallut s'arrêter pour reprendre son souffle coupé. La panique avait fait battre son cœur plus vite, plus fort que tout ce qu'elle n'avait jamais connue et Maegor dû faire une halte pour la laisser souffler.

"The last steps are always the hardest, I know. But ain't you the last dragon of your time? I have no doubt you can do it and your father will be like... He'll get mad with joy.
— But what if he don't? What if I still disappoint him?
— I don't know your father as well as you do, but I know he loves you kids."

Ces mots furent suffisant pour convaincre Rhaena de se calmer et de ne pas fuir maintenant, si proche du but pour s'enfermer dans un état de stress et de peur permanent. Celui qu'elle avait vécu durant vingt ans, effrayée de voir sa famille disparaître un peu plus sous ses yeux. Et quand elle avait perdu la vie, la lady Hightower pensa à Viserys, son pauvre petit frère, le dernier d'eux. Seul à nouveau. Il y avait tant à rattraper et cette fois, la solitude ne pourrait plus les atteindre. Rhaena avait été si passive dans sa vie précédente qu'elle s'était laissée rattrapé par la perte et la douleur, aujourd'hui, peut-être se battrait-elle davantage. Plus encore, il lui faudrait être vocale et ne plus être cette fillette droite et terrifiée de demander s'il était acceptable de passer du temps avec ses proches. Rhaenyra n'aurait plus à intercéder en sa faveur, pas alors qu'ils avaient tous tant de choses à vivre et à retrouver.

Ce fut dans la cour du palais que Rhaena s'arrêta à nouveau et cette fois, le prince Maegor s'écarta, faisant mine de discuter avec quelqu'un, ou peut-être le faisait-il réellement, cela n'avait pas d'importance. Non, tout ce qui compta à cet instant fut l'homme sur lequel la jeune femme posa ses yeux et sa main pressa son ventre tordu de peur et d'une douloureuse joie. Remarqua-t-elle que ses larmes coulaient sur ses joues? Non, pas alors que son père se tenait là, dans toute sa gloire, dans toute sa beauté et plus encore, conforme aux souvenirs qu'elle se faisait de cet homme si précieux pour elle. Daemon avait été tout ce qu'il leur restait de la vie qu'elles avaient mené, Baela et elle. Oh, Rhaena aimait sa famille. Elle aimait Rhaenyra de tout son cœur, comme une mère et plus encore car elle ne s'était jamais imposée comme telle dans leurs vies. Mais Daemon Targaryen était leur père et quand il était mort, sa cadette s'était effondrée sous le poids des regrets de tout ce qu'ils n'avaient jamais pu se dire parce que la retenue était trop grande, ou peut-être était-ce la pudeur et la peur de ne pas savoir comment s'adresser à l'autre. Elle l'aimait tant et la jeune femme savait que jamais ce mot n'avait quitté ses lèvres, à regret.

"Father..."

Quand elle s'élança, Rhaena se demanda si elle avait toujours eu cela en elle, cette force exceptionnelle et si brûlante. Cela aussi, elle l'avait hérité de Daemon. Et la valyrienne l'enlaça en se jetant à son cou, fondant dans un torrent de larmes. Toute sa vie il y avait eu une gêne, un retenue face à cet homme si grand qu'il en était devenu inatteignable pour son enfant. Elle n'était pas Baela, moins encore ses derniers fils. Non, elle était Late Rhaena, cette fille sans dragon, sans réelle qualité qui impressionnerait le prince. Point de doute que Daemon Targaryen se moquait des robes, des points de couture compliqués et plus encore de combien elle dansait bien toutes les danses de cour qu'on lui apprenait. Plus jamais cependant. Il était fini le temps où la Targaryen s'était tenue à l'écart, misérable dans sa propre persuasion de ne pas être assez bien, de ne pas être assez intéressante.

"Father, I'm home. Look, I'm home."

I am home. Ces quelques mots lui suffisaient à saisir tout le sens de ce que la famille signifiait, au-delà du sang et du lien filial. Oh, un foyer était l'endroit où le cœur était. Et le cœur de Rhaena avait toujours été au même endroit, et il avait été la seule propriété de ceux qu'elle avait perdu en boucle, comme si elle avait été coincé dans un cauchemar dès l'instant où ils avaient mis les pieds à Port-Réal. Les doigts de la jeune femme caressèrent lentement le tissu qui couvrait l'omoplate de son père, lentement, comme s'il s'agissait de sa façon de se rassurer que Daemon était réel et que personne ne lui retirerait plus jamais son père. Et cette fois, où qu'il aille, elle lui ferait jurer de revenir et plus encore, elle viendrait s'il s'avisait de leur mentir droit dans les yeux.

"I missed you for all these years. Father... I... There is so much I have to tell you. So, so much. I... How are you?"

Two mountains, I'm caught in the middle
Can't see the forest before the trees
This climbing breaks me a little
But the hope inside of me
That this lonely valley leads
To a bridge over troubled dreams

De sa vie d'enfant, Rhaena avait peu de souvenir de la tendresse de Daemon Targaryen. Il était un père formidable et quand il lui arrivait, dans sa vie passé, de se souvenir de lui, la peine la noyait dans une tourmente qui ne la quittait plus. Il y avait tant qu'elle avait espéré que l'homme voit d'elle et qu'il découvre. Ce retour à la vie n'était peut-être pas si terrible finalement car il avait rapporté à la terre ceux qui étaient partis trop tôt et trop vite et puis trop loin également, tant de facteur qui avait empêché la jeune femme de vivre correctement pour le reste de sa vie, quoiqu'elle n'imaginait pas la peine qu'avait ressenti davantage encore Aeg et Viz qui étaient si jeunes et si nécessiteux de parents. Quoiqu'elle eut fait, cela n'aurait jamais été assez parce qu'elle n'était pas Rhaenyra et Baela n'était pas Daemon. Pour cela, la valyrienne en avait toujours été profondément désolée, mais c'est à son petit frère qu'elle s'excuserait un jour.

Pour l'instant, seul leur père comptait puisqu'il était celui qu'elle avait retrouvé en premier et la Targaryenne se fit la remarque qu'il n'y avait rien de plus bon que d'entendre son prénom de la bouche de cet homme qu'elle avait tant admiré et dont Rhaena avait toujours voulu obtenir l'approbation. Pourtant, ils avaient été similaire dans cette façon d'approcher leurs sentiments l'un envers l'autre depuis toujours, comme si l'amour était une chose trop tabou pour être évoquée, quoique la jeune fille en avait été témoin, souvent, entre Daemon et Rhaenyra. Quand elle s'était jeté entre ses bras, la valyrienne s'était attendue par conséquent à être repoussée ou à ne recevoir qu'une étreinte modérée par la gêne de telles retrouvailles. Jamais elle n'avait espéré qu'on puisse espérer son retour à elle qui avait été si effacée et pourtant, c'était entre les bras de son père qu'elle compris pour la première fois que Daemon Targaryen était un homme comme les autres et qu'il l'aimait surement autant qu'elle l'aimait en retour. Aucun d'eux n'avait besoin de prononcer ces mots car ils auraient été vides de sens devant les gestes et toute l'attention du valyrien sur elle, une chose que Rhaena avait toujours couru après avec une retenue paradoxale. Quelle importance pouvait bien avoir la bienséance et la politesse face à un père? Un rire lui échappa en retour.

"I've never been happier."

Et aussi terrible puisse être cette phrase, la jeune femme la pensait toute entière, son visage trouvant naturellement sa place au creux du cou de son père alors qu'elle se laissait bercer par ses paroles si réconfortante. Il y avait quelque chose de spécial dans ces mots parce que si Rhaena avait toujours pensé que les gestes comptaient plus que ce qui sortait de la bouche d'un homme, cela avait une saveur toute particulière quand il s'agissait de quelqu'un comme Daemon Targaryen. Et chaque fois qu'il la serrait davantage, un poids semblait s'envoler pour la rassurer sur l'avenir qui se dessinerait un jour ici, pour elle, car elle savait que sa place était ici et nulle part ailleurs. Avec sa famille.

"There is so much to be said you know, so many years..."

La tendresse qui émanait de Rhaena avait toujours été la même : celle d'une jeune fille qui souhaitait toujours tant en donner et qui avait perdu en retour. Sa vie avait été cela, un constant aller et retour tragique quand elle constatait qu'il ne restait plus rien d'autre que les cendres de ce qu'ils avaient été. Alors la tendresse était devenue mélancolie et la mélancolie du silence. Mais cette nouvelle existence, la valyrienne voulait la remplir des rires de ses proches et de leur présence à ses côtés comme cela aurait dû être le cas. Le souffle de Daemon la prit de court, mais lui tira un sourire plein d'une adoration filiale qu'elle lui offrit volontiers. Oh, elle voulait le tirer quelque part loin de tous ces gens et si pendant un instant, elle pensa que cela était inatteignable, Rhaena se rappela qu'elle pouvait bien faire ce qui lui chantait et s'extraire de l'étreinte de son père lui parut presque douloureux, tant et si bien elle attrapa son bras des siens pour lui offrir un regard interrogateur.

"May I borrow you from your duties? Just for a bit..."

Et peut-être n'attendit-elle pas qu'il accepte pour déjà déambuler jusqu'à quelque endroit plus calme de cet endroit immense qui lui était inconnu. Oh, Rhaena n'avait pas beaucoup aimé le Donjon Rouge qui lui rappelait tant de mauvais souvenirs, en revanche, ici, les choses étaient différentes et elle ne douta pas que Volantis lui plairait tout particulièrement.

"First, promise me you won't get angry. There is matter to be, I know but..."

La Targaryenne semblait sérieuse, particulièrement dans cette façon qu'elle avait de fixer Daemon. Elle savait qu'il n'apprécierait pas de savoir qu'elle s'était mariée à un homme issu de la famille d'Otto Hightower, cet homme que son père avait tant exécré et pourtant, Rhaena avait aimé Garmund plus que n'importe qui en ce monde. Il avait été d'un soutien et d'un amour indéfectible à travers les épreuves et pour cela, son épouse en avait été plus reconnaissante que quiconque d'autre en ce monde. A force d'avancer, la belle trouva un banc et elle d'y installa finalement, lissant le tissu de cette robe qu'elle avait emprunté sans réel espoir de pouvoir la rendre un jour.

"I wish you would have been there to see my little Morning. She was so pretty and elegant, just like Syrax was. When I was a child, I did not quite understand the need you and Baela had to fly. It seemed... Weird and almost hurtful, as if you wanted to be as far away from me as possible. But with Morning I understood every bit of love you had for Caraxes. It's a special thing, to bond with a dragon, I shall never see its like again but please, feel free to take me with you sometimes if you'd like."

La jeune femme secouait sa jambe lentement, gardant la seconde repliée sous elle alors que son regard d'un améthyste sombre se détournait un instant du visage de Daemon. Elle semblait réfléchir à ses prochains mots ou peut-être à les peser pour savoir s'ils parviendraient à quitter ses lèvres délicates et pleines. Chaque souvenir, Rhaena les avait toujours consigné dans un carnet de réflexion à la destination des dieux, peu importe qu'ils étaient, en espérant que ses parents les entendent un jour. Laena avait-elle su que sa fille avait su trouvé sa place pendant un temps, avant que les tragédies ne débutent à nouveau? Daemon avait-il pu voir que sa cadette avait été une dragonnière hors-pair, volant ici et là où la trace de son père lui semblait encore un peu visible? Et Rhaenyra...? Est-ce que Rhaenyra savait que la maternité avait ravi sa belle-fille et chacune de ses petites avait porté dans leur prénom le souvenir perdu d'un temps plus clément? Aujourd'hui, il semblait que les dieux qu'elle avait prié n'existait pas et que ces souvenirs devaient être raconté à haute voix, une chose que la demoiselle n'avait jamais fait de toute sa vie. Personne n'avait jamais désiré savoir la moindre des choses sur Rhaena Hightower, et Garmund avait toujours su que la moindre mention de sa famille disparue plongeait son épouse dans une souffrance insupportable à voir. Père voulait savoir pourtant... Et cela lui donna le courage nécessaire pour continuer alors qu'elle souffla profondément en fermant ses yeux.

"Do the books tell about Cerwyn and my sweet Garmund? And the girls? Do they talk about my girls? I'm not sure where to begin, but it's important to talk about all of them and to let you know I loved them with everything I had left because..." La suite de ces mots moururent avant d'atteindre le bord de ses lippes, comme si pendant un instant, elle était prise d'un mal terrible qui comprimait sa poitrine entière. Because I didn't have any of you to love anymore. Et cette pensée si terrible la vit éclater en sanglot si terrible qu'elle cacha son visage entre ses mains soudainement, prise de honte.

Two mountains, I'm caught in the middle
Can't see the forest before the trees
This climbing breaks me a little
But the hope inside of me
That this lonely valley leads
To a bridge over troubled dreams

Quand sa mère avait quitté ce monde, Daemon avait tenu sa main dans la sienne. Rhaena avait su, alors, qu’un jour ils sauraient trouver une façon de se montrer qu’ils s’aimaient, que cela soit à travers la peine ou la joie, peut-être même les deux. Il y avait un peu de cela à cet instant et la jeune femme se demanda si Laena voyait ce moment que père et fille partageaient et si elle était fière d’eux. Un jour, la petite avait demandé si son père l’aimait et s’il avait été heureux à sa naissance, aujourd’hui, elle pouvait deviner que la réponse était affirmative. Ils étaient différents et pourtant si similaire, comme deux feux qui brûlaient des mêmes flammes aux sein de différents âtres.

“Father, don’t you dare be sorry. That’s what I might not forgive.”

Elle n’avait jamais connu tant de douceur chez cet homme qui pouvait paraître si froid, si haut et si loin d’eux parfois. Certains disaient que les Targaryen étaient plus proches des dieux que des hommes, Rhaena, elle, ne s’était jamais sentie divine mais son père… Son père avait été un monde à lui seul : un monde autour duquel sa vie semblait graviter toute entière. Et quand il avait disparu, tout avait commencer à s’effondrer comme une demeure sans fondation ou comme un royaume sans souverain.  Tous les Dieux n’avaient jamais été suffisant pour remplacer sa famille et bien moins encore Daemon de la maison Targaryen. Morning avait été le dernier lien qui l’avait relié à cet homme si pleuré et pourtant, la jeune femme l’aurait échangé mille fois pour faire revenir le prince valyrien à leurs côtés.

“I guess the Hightower were truly mad about the name I gave to my girls, they didn’t want them into their pure Andal bloodline.”

Un sourire satisfait étira ses lèvres, redressant son visage avec une pointe d’orgueil qu’elle parvenait si souvent à cacher entre le résidu des larmes qui sillonnait ses joues. Ses doigts allaient et venaient délicatement sur l’avant-bras de son père et lentement, son visage se détendit en une expression de calme qu’elle avait tant travailler.

Elle avait été en colère, un jour, quand Daemon et Rhaenyra s’étaient mariés. Il y avait eu une injustice que Rhaena avait profondément ressenti, apprenant bien vite qu’il lui était insupportable d’imaginer partager davantage son père. Pourtant, ses cousins étaient devenus des frères et cette « terrible » belle-mère était devenue un parent proche à qui la jeune fille s’était parfois confiée et auprès de qui elle avait appris. Son regard plongea alors dans celui du valyrien qu’elle avait toujours si profondément admiré. Son cœur battait à toute vitesse, peut-être parce que ses rêves les plus secrets étaient composés de paroles similaires à celles qui lui étaient offertes à cet instant.

“I love you too, you know. Always did, and always will.”

Quand on leur avait annoncé le trépas d’Aemond de la maison Targaryen de la main de leur père, Rhaena avait ressenti une bouffée de fierté si grande et si profonde qu’elle avait sourit un instant, à l’époque, avant qu’on ne dise que le prince consort avait disparu. Elle avait su alors que Daemon avait rejoint leurs défunts et les regrets avaient été plus grands encore que jamais auparavant. Avait-elle autant pleuré pour Lucerys ou encore Jacaerys? Rhaena avait été dévasté et elle s’était demandé à quoi avait donc servi d’avoir survécu après tant de combat, pavé de tant de morts qu’ils ne pourraient pas les compter, après avoir tout perdu.

Rhaena se détourne d’elle-même quoi qu’elle ne cesse de prendre appui sur son père, refusant de perdre ce contacte si chaleureux qu’il y avait entre eux à cet instant. La jeune femme ferme alors ses yeux un instant pour se souvenir autant que possible, inspirant, expirant avant de finalement prendre la parole.

“When I lost my baby and then Corwyn… I was so angry. I never felt such pain in my entire life. I thought, you know, that if I stayed in the Vale, Joff and Rhaenyra would be safe but they died, then grand-father, Jaehaera, my child, Corwyn and then Baela… It was too much.”

Il y avait tant de sangs sur le chemin à emprunter, celui de trop de personnes qu’elle aimait d’un amour si grand que son cœur avait semblé vide et rabougri. Il semblait qu’aucun rayon du soleil ne pouvait plus la réchauffer et inconsciemment, Rhaena serra légèrement le bras de Daemon.

“So… I went to the Reach, at first, to burn Oldtown to the ground but… I don’t know, I went to the sept to pray a little bit. I needed someone to talk to, Aegon was too deep into sadness, Viserys was in his books and I wouldn’t have said anything to them anyway… I met Garmund there and I didn’t feel that alone anymore.”

Un sourire étira alors ses lèvres en se rappelant de la première fois qu’elle avait vu cet homme. Elle avait pensé qu’il était culotté de venir prier à côté d’elle quand il y avait tant de place ailleurs. Ce n’était pas le seul septuaire du coin et si elle l’avait pu, la valyrienne lui aurait hurlé de partir. Pourtant, le lendemain, sa chevelure rousse et son silence avait paru réconfortants puis familiers et quand il parla pour la première fois, Rhaena avait pleuré.

Alors, ils avaient longuement marché et ils étaient devenus amis. Il n’était pas difficile pour elle de se faire des amis quand elle souriait et appliquait les codes de convenances que la société imposait aux femmes. Cependant, il y avait eu quelque chose de facile avec Garmund Hightower, comme s’il luii implorait de ne point en faire trop et la fille du Dragon avait su se montrer aussi maussade que son cœur le réclamait quand ils étaient seuls tous les deux dans leur petit monde composé d’un septuaire et d’un jardin.

“I made him wait, but he seemed to suffer so we got married in 145 and we had Tansy in soon after… She was so small and special to me, like a gift. I wanted her to have a name from the Riverlands for the boys… Something with a Y in it like Jace, Luke and Joff had in theirs.”

La fillette avait été la plus charmante des enfants au monde, jamais Rhaena n’avait tenu d’être aussi délicat et l’amour avait été une évidence. Devenir mère avait apporté un peu de baume au cœur de celle qui avait tant perdu, se rappelant des moments qu’avait passé la jeune femme avec Rhaenyra à l’assister lors de ses grossesses, se prenant de passion à l’idée que son propre corps soit le vaisseau d’enfants qu’elle aimerait plus que sa propre vie.

“After her, I had Rhaenys, Aemma, Alyssa, Baela and Jeyne, little girls to honor all my deads and I… I never loved this much in my entire life. I gave them everything I had even if it wasn’t much and I want to believe they were happy.”

Chaque fille avait été accueilli en ce monde avec un peu plus d’amour malgré la mort de Morning qui avait plongé sa dragonnière dans une tristesse amère et glacée. Il lui avait été difficile de pardonner à Aegon, pourtant, ils avaient trop perdu pour que Rhaena reste fâchée pour toujours. Elle espérait pouvoir le retrouver en ces murs, ce cher frère si précieux en son cœur. Elle passa, d’ailleurs, quelques passages sous silence, préférant se concentrer sur les notes positives, celle qu’elle avait voulu retenir sur son lit de mort tant de siècles auparavant.

“I… I felt sick around 165 but the masters couldn’t do anything about it. I can’t quite remember what I had, Garmund was holding my hand through everything though. We had this lovely balcony he arranged with flowers. I was glad to finally die at the end, you know. I could be with you again, somewhere. And Luke, Jace, Joff, Rhaenyra, Aegon, Mother, my brother, my dear Baela, Visenya and Viserys… One day... Just us as a happy family.”

Il n’y avait plus de larmes dans les jolis yeux violets de Rhaena, juste un peu de tendresse et un peu de mélancolie au bord des lèvres alors qu’elle prononçait ces mots. Elle parvenait sans peine à se souvenir de la première fois que son ancien époux lui avait dit qu’ils changeaient d’appartements au sein de la Grand Tour. Garmund avait refusé qu’elle marche sur ses jambes faibles et il l’avait porté tout le long du chemin jusqu’aux étages supérieurs. As high as I could take you to your family, my love, avait-il dit ce jour-là.

“I did my best to honor our family until the end.”

Two mountains, I'm caught in the middle
Can't see the forest before the trees
This climbing breaks me a little
But the hope inside of me
That this lonely valley leads
To a bridge over troubled dreams

Quand son œuf avait éclos, Rhaena s’était demandée quel genre d’ironie est-ce que cela avait été. Elle se souvenait encore du goût amer dans sa bouche alors que la guerre commençait et qu’ils écoutaient leur père faire la liste de leurs atouts. Jacaerys et Vermax, Lucerys et Arrax, Joffrey et Tyraxes, Baela et Moondancer, Rhaenys et Meleys. Il avait aussi nommé les dragons sans dragonniers qui vivaient sur Peyredragon et pendant tout son discours, le nom de sa fille cadette n’était pas sorti de ses lèvres. Sans dragon et inutile, avait-elle pensé en ce temps, incapable de se résoudre à sauter sur le dos d’une créature immense qui lui arracherait sûrement le bras ou la jambe. Baela était trop occupé pour l’accompagner et trouver son propre courage, Luke et Jace étaient partis et Joff était trop jeune.

En ce temps, Rhaena avait été frêle, fragile et il lui arrivait de se sentir triste, quoiqu’elle aimât passer du temps avec ses plus jeunes frères, berçant Aegon ou Viserys entre ses bras. Il lui arrivait de lire des poèmes au plus jeune de ses frères ou de jouer à quelques jeux pour distraire Aegon et quand elle avait quitté leur foyer avec Joffrey pour le Val, la toute jeune femme s’était promis de les retrouver au plus vite, jusqu’à ce que les drames ne s’enchainent. Il s’était alors créé une sorte de torpeur sur la valyrienne, torpeur qu’il lui était impossible de combattre tant elle souffrait et juste comme ça, Morghul lui avait arraché un père, deux mères, quatre frères, une grand-mère pour lui donner en échange un dragon qui ne changerait rien à la guerre.

Et puis on l’avait ramené à la vie soudainement, comme s’il était aisé de faire la paix avec son passé et reprendre sa vie après tant d’années, de siècles même, sans y avoir goûté. Rhaena pensa alors à demander qui de leur famille était de retour en espérant que la réponse embaumerait son cœur, pourtant, rien ne quitta ses lèvres tandis qu’elle savourait toute la chaleur qu’elle ressentait d’avoir enfin retrouver Daemon. Lorsqu’il était mort, personne n’en avait rien sut et les rumeurs étaient allées bon train. La Targaryenne n’y avait jamais cru, bien sûr, incapable de se résoudre à penser que le prince consort se soit enfuit avec quelque maîtresse que ce soit. Ce n’était pas son genre, pas alors que certains d’entre eux vivaient encore. Ses gestes se firent plus tendres, à la manière dont elle avait bercé ses propres enfants un jour.

“Then, should I wait for some kind of redemption or something? Anyway, I have no doubt you’ll do your best, Father.”

Avec le temps, Rhaena était venue à comprendre que son père faisait du mieux qu’il pouvait avec ce qu’il avait ou plutôt, ce qu’il n’avait pas. Ils n’avaient pas de foyer, ils n’avaient pas de famille, rien d’autre que la bienveillance ou l’avidité des gens à voir les princes valyriens venus de l’autre côté du Détroit et leurs formidables dragons. Daemon le savait en ce temps, sa fille cadette l’avait compris un jour qu’elle se sentait seule à Villevieille. Il n’y avait rien de pire que de vivre en des terres qui ne sont siennes et en l’occurrence, Westeros n’étaient pas leurs terres. Elles n’étaient pas leur maison. Ils n’en avaient plus depuis la chute de Valyria et un jour, il leur faudrait penser à retrouver leurs racines en Essos pour se sentir un peu plus entier et un peu moins esseulés. Pourtant, jamais Rhaena n’avait fait cette remarque ni à la cour, ni à son mari et elle avait continué à jouer son rôle de parfaite épouse.

Alors elle conta sa vie avec une nostalgie immense, une de celle qui lui rappelait que les temps n’avaient pas été toujours tristes. Oh, elle aurait aimé que Daemon et Rhaenyra rencontrent ses filles et que ces dernières voient et comprennent qu’elles n’étaient pas si seules. Peut-être avait-se été une erreur de les éloigner de la cour et de leurs cousins et cousines royaux, peut-être aurait-elle dû faire de son mieux pour les rendre fière de leurs origines valyriennes bien au-delà de simples noms. Pourtant, quand elle les voyait, il y avait quelque chose, comme une étincelle inéteignable au fin fond de leurs grands yeux violets et bleus.

“Some were and some were just… The wildest of girls I’ve had ever seen in my life. Little Baelas I’d say.”

Un rire échappa à la jeune femme alors qu’elle s’appuyait sur sa main en réfléchissant. Tous les dieux n’auraient jamais su arrêter Rhaenys, Aemma, Baela et Jeyne. Il n’y avait pas eu un jour sans qu’on ne lui dise que ses filles étaient plus animales qu’humaines, de vraies petites bêtes sauvages qui terrorisaient leurs septas et refusaient de se plier sans qu’elles n’y voient quelques raisons. Pourtant, leurs tempéraments s’adoucissaient autour de leur mère et jamais Rhaena n’avait eu à leur reprocher quoique ce soit. Peut-être était-ce parce que la peine et le deuil l’avait rendu faible et plus enclin à savourer tous les instants, dans tous les cas, jamais la lady Targaryen et Hightower n’avait eu à sévir et pour ces raisons, elle était reconnaissante envers ces filles.

Ses yeux s’humidifièrent en un instant aux paroles de Daemon en revanche et la valyrienne au portrait qui rappelait sans doute Laena Velaryon alors que ses lèvres s’étirent d’un sourire radieux. Combien de fois dans sa vie avait-elle espéré entendre de telles paroles quitter les lèvres de son père ? Elle avait cessé de compter et cet instant lui rappela que tout venait à point pour qui savait attendre. Sa main attrapa alors celle du Targaryen qui l’avait élevé, une étincelle de fierté brillant dans son regard tandis qu’elle hocha sa tête avec une reconnaissance et une gratitude telles que Rhaena ne l’avait jamais ressenti. Alors, la jeune femme retint ses larmes et à la place, elle rassembla ses souvenirs pour les restituer fidèlement pour son père, pour qu’il sache.

“Of course I’ll tell you. Where to start…” Et à cette question, Rhaena sut immédiatement où elle devait commencer. “I was afraid when I noticed I had only girls. I was a bit ashamed but then, I remembered that Rhaenyra was a woman and she would have been the best queen ever. So, I started to pay attention and I noticed how fierce they were. None of them had known you or Baela and yet…”

Le sourire sur les lèvres de la jeune femme s’étira davantage en une expression malicieuse en repensant à chacune de ces filles.

“Tansy and Alyssa were quiet ladies. They had good manners, they talked when asked to and I could swear they’d cry if something had happened to a fly. I can remember their blond hair with no difficulties, all golden when they’d stay with me to read or to do their embroideries. But when Tansy would get mad, no god would dare even whisper to her. She would have removed herself from the room go for a walk for hours, or she would sass mouth everyone with no exceptions. Alyssa was quieter in her anger, she’d be silent but that death stare, father, it was something.”

Un rire échappa alors à Rhaena avant qu’elle ne reprenne, ses traits s’adoucissant davantage si elle l’avait pu. Il y avait quelque chose de spéciale pour elle d’avoir eu des filles si Targaryenne bien qu’elles n’en portassent pas le nom.

“Rhaenys, Aemma, Baela and Jeyne were something else entirely. To be honest, I thought you had come back to possess their spirit. You would have adored them, those red and silver headed little dragons. First, they would always walk in pack and if one of them was not there, it was better to be worried.” Rhaena secoua sa tête d'amusement, se rappelant sans peine de toute les fois où elle avait remarqué qu'une de ses filles manquait à l'appel et que s'en suivait systématiquement un flot de catastrophes et de bêtises. “Most septas abandoned after three to four moons, and after a while, I decided it wasn’t worth the aggravation. They respected the maester in the other hand… Maybe because he taught them high-valyrian. I think they wish they had known more about our side of the family; you know. Rhaenys would were black just to piss people off and Baela would wear some squire outfit underneath her dress to be able to ride and pass as some boy in town.”

La Targaryenne passa sous silence les frasques capillaires de ses filles, se rappelant sans peine la fois où Aemma avait coupé ses boucles rousses pour quelques paris perdus et combien elle en avait profité pour se faire passer pour un gamin des rues à traîner dans le port de Villevieille.

“They’d behave so badly just for the sport of it, wearing swords and go to tournees dressed as men to be able to participate or to bet. Garmund said once that he was sad they did not have dragons because it would have been some spectacle for sure.”

Oh, chacune de ses six filles auraient été des dragonnières de génie, quoiqu’elle imaginât que la Grand Tour n’y aurait pas survécu à un seul instant. Le temps les avait fait murir un peu cependant, mais Rhaena n’avait jamais été déçu ou honteuse de leur tempérament de feu, au contraire. Cela faisait sa plus grande fierté et elle regretta de ne pas avoir vu ses filles devenir des femmes. Il fallut ensuite parler de Garmund.

“That man was…” Rhaena fronça alors ses sourcils en cessant de parler pour un instant. Jamais elle n’avait pensé souffrir de la sorte en parlant de Garmund. Elle l’avait tant aimé que son cœur se serrait rien qu’en imaginant ce qu’elle pourrait dire. “He was more than a husband. He was a true friend to me. I remember his face so well and the way he we’d compromise with me to find a middle ground. Always. We’d argue but we had this agreement to arrange things before we go to bed. He had lost his father in the war too so…”

Les mots restèrent en suspens, pourtant il n’était pas difficile de les deviner. Il avait tant perdu lui aussi qu’ils se comprenaient sans peine. Les premières nuits, ils avaient parlé jusqu’aux aurores, apprenant tout ce qu’il y avait à savoir de l’autre et avant la fin de la première quinzaine, ils s’étaient chacun excusé pour la peine que leurs familles respectives s’étaient infligées.

“I think you would have liked him. He was fun and gentle, always keen on making me laugh. Oh, he had his flaws but I enjoyed them. It was part of his personality and it never stopped him to be my rock. When I was truly down, we’d say: what would Daemon do? And that was enough to keep me going one day at the time.” La jeune femme se mit rougir un peu à cette pensée, serrant advantage la main de son père avant de reprendre. “He was a good father most of the time, even though he’d lost his temper quite often. But I don’t blame him, the girls were truly some pieces of work. Our family wasn’t perfect, but I loved every single moment with them.”

Two mountains, I'm caught in the middle
Can't see the forest before the trees
This climbing breaks me a little
But the hope inside of me
That this lonely valley leads
To a bridge over troubled dreams

Face à Daemon, Rhaena ne ressentait rien d’autre qu’une grande tendresse qui l’avait toujours animé d’une façon si simple et si naturelle. Naturellement, dans son enfance, la Targaryenne avait eu cette peur de ne jamais être assez ou encore de ne pas être à la bonne place. Et puis Point du Jour était née et avec elle, son père avait péri semblait-il, seul, sans sa famille autour de lui pour le soutenir et lui témoigner les derniers gages de leur amour et de leur affection pour ce père qui avait tant fait pour eux. S’étaient-ils retrouvés dans les hauts corridors du royaume des Dieux ou dans les fournaises enflammées des Quatorze ? Rhaena n’en avait absolument aucune idée. Elle savait cependant que Daemon Targaryen était ici et qu’après avoir vécu une vie entière de femme et de mère, la valyrienne le comprenait bien mieux qu’elle ne l’avait fait dans sa jeunesse. Alors à sa promesse, sa main caresse son épaule lentement.

Et alors qu’elle lui racontait sa vie et son histoire, Rhaena se demanda si son père avait déjà été aussi attentif ses paroles par le passé avant que cette pensée ne l’amusât plus qu’elle ne pouvait l’admettre. Qu’avait-elle eu à dire lorsqu’ils vivaient encore tous à Peyredragon, si heureux et insouciant des dangers qui rôdaient tout autour d’eux ? La douce jeune fille passait son temps à coudre et broder, parfois, elle marchait sur la plage ou se promenait dans les jardins d’Aegon, racontant quels motifs ces instants lui avait inspiré sur les robes qu’elle aimait fabriquer. Aujourd’hui, cela semblait superflu et bien moins intéressant que tout ce que sa vraie vie lui avait apporté. Elle n’avait rien eu de parfaite, cette vraie vie. Daemon avait raison en cela, la perfection était un défaut comme un autre.

“It is, I can see it now,” susurra-t-elle tout bas. “And I know you were not perfect, but you were the best father I could ask for. You still are.”

Son regard se posa sur l’homme qui se tenait à ses côtés, détaillant ses traits qui lui semblaient si similaires à ceux qu’elle avait connu avant qu’il ne parte pour Harrenhal, les laissant derrière pour les protéger. Un rire lui échappa cependant alors qu’elle entendit son père jurer. Par le passé, Rhaena avait eu cette attitude facilement choquée de tout, et puis quand il n’y avait plus eu que Baela pour rappeler leur père, la plus jeune des filles de Daemon s’était consolée dans les grossièretés qui sortaient des lèvres de sa sœur et dans son comportement que nombres trouvaient indécents pour une princesse Targaryenne. Aujourd’hui, le valyrien était à nouveau en vie, tout comme le reste de sa famille, de cela, elle en avait été informée par le prince Maegor dont elle avait apprécié la bonté autant qu’elle s’en méfiait comme de la peste car bien trop de mauvais hommes se cachaient derrière de belles paroles. Daemon n’était pas comme ça cependant, son père avait des défauts mais il n’était pas un faux-flatteur.

“He did, and I know it might be your nightmare, but I promise you it was fine. You, Mother and Rhaenyra raised me to be strong and smart. Our love was different than the one I had for Corwyn. It wasn’t young and passionate. It was loyal and sturdy, like a good home with strong walls.”

Tout comme Peyredragon l’avait été, pensa la jeune femme alors que son regard fixa un instant un esclave passer. Ses lèvres se pressèrent ensuite contre la main de son père, ses yeux se voilant de quelques larmes.

“This means more than you could ever know, and I’ll cherish your words until my last breath.”

Il semblait que jamais de tels n'avaient passé les lèvres de son père, ceux que la jeune femme avait toujours attendu avant d'impatience sans jamais les quémander pour ne pas qu'ils parurent faux ou tiré de force de la bouche d'un homme qu'on ne commandait pas. Car Daemon n'était pas un homme qu'on commandait. Il était né de feu et de sang et le dragon était un chef naturel que les ordres semblaient agacer. Sa fille était plus maligne que cela et il parut que le jour clément où les mots dépassaient la pensée était enfin arrivé.

Alors à la place des larmes qu'elle essuya de sa main libre, Rhaena raffermît sa prise sur la main du plus âgé, son pouce passant sur la jointure de ses doigts avec une lenteur évidente, comme si la très docile petite dragonne essayait de se souvenir de détails qu'elle avait pu oublié chez son très royal parent.

“But enough of me, because I have a lot to ask too. I mean, your friend told me a little bit about your journey here but, he’s not the most talkative person.” prononça la jeune femme dont un sourire taquinait les lèvres délicatement. “How in the Seven Hells did you become King of Volantis? And a father again? Gods, it feels like I missed a lifetime of events.”

De quels Dieux parlaient-elle exactement? Rhaena n'était pas certaine. Il y avait un tout un monde entre ceux que ses parents avaient aimé appeler les leurs et ceux que la lady Hightower avait prié durant la fin de sa vie avec ferveur, demandant des grâces pour sa famille ici bas et celle qui avait déjà rejoints les Eternels. Ou peut-être était-ce Trios qu'ils se devaient de remercier, lui qui les avaient tous ramener en vie. Tous. Il lui semblait incroyable que son tendre petit Joffrey, que Egg et Viz, que Jace et Luke, mais surtout que sa Baela, Ô sa si précieuse Baela soient ici.

“And uh… Is Baela really home? It feels like a dream. You, Rhaenyra, Baela and my brothers… ”

Un éternel sourire baignait son visage, presser sur ses lèvres qui avaient été si mélancoliques dans la haute tour de la maison Hightower. Il lui arrivait de pleurer à cette époque, pourtant il n'y avait plus besoin de pleurer désormais car cet endroit serait son foyer. Père et Mère étaient là après tout.