❝ no one can break my heart like you ❞ (Prisca & Tybalt)
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« Et bientôt, il pleuvra des emmerdes », c’est ce que Prisca ne manquait guère d’ajouter dès que le sujet était abordé.
Il faut dire que l’assaut, aussi inattendu qu’il fut, n’était pas passé tout à fait inaperçu. Quelques jours auparavant, le soleil pointait à peine le bout de son nez lorsque les silhouettes massives et graciles d’une dizaine d’immenses lézards volatiles fendirent le ciel. Au début, personne ne s’en était inquiété. Ce n’était pas rare de voir ces bestioles sagement dressées par les Targaryen revenus à la vie effectuer des allers-retours entre leur continent et Meereen ou Lys. Une fois descendus de leur monture, ils n’étaient pas si différents des peuples locaux. Nombreux étaient des lointains descendants valyriens dans les Cités Libres et Prisca ne faisait pas exception avec ses yeux d’un parme intense. Elle ne s’était pas inquiétée des intentions de ces gens, elle était née bien avant eux et ne connaissait ni leur nom ni leur histoire. Mais il faut croire que de la même façon qu’on ne peut pas transformer un lion en chaton, un Targaryen ne peut pas éternellement se contenter de profiter du paysage en touriste sans se laisser dominer par ses ambitions expansionnistes.
Prisca avait passé la majeure partie de son existence de l’autre côté du Détroit mais Tybalt lui avait enseigné au cours de monologues aussi passionnés que barbants tout ce qu’il savait sur cette dynastie et sur son soi-disant père, le roi Maegor. Il s’en revendiquait avec fierté, il avait fini par croire en son propre mensonge au point de nager insouciamment dans le déni et les remarques acerbes de son épouse n’y avaient jamais rien changé. Quoi qu’il en soit, les nouveaux venus, les lointains descendants de ce roi Maegor qui lui avait semblé à l’époque bien peu fréquentable et complètement dérangé, ne s’étaient pas contenté de survoler la cité, de visiter les temples et d’acheter une petite babiole souvenir ou une bouteille de vin avant de repartir gentiment. Cette fois, ils s’étaient emparés du palais où siégeaient les Triarques avant de les faire brûler par leurs dragons. Au moins, leurs intentions étaient claires et ne laissaient plus aucune place à l’ambigüité.
Enfin… la version que je viens de vous raconter, c’est ce que disait la rumeur la plus répandue et généralement acceptée par le grand public. D’autres plus imaginatifs se plaisaient à raconter que les seigneurs dragonniers avaient fait macérer les Triarques dans une soupe avant d’en faire un dîner de cannibales, qu’ils les avaient tatoués et vendus sur les marchés aux esclaves clandestins ou encore qu’ils les avaient enfermés dans une cage pour servir de divertissement de cour. Autant dire qu’on aura jamais le fin mot de cette histoire et qu’avec les antécédents de cette famille, tout était possible. A partir du moment où les Targaryen qui fréquentaient Lys avaient cessé de se rendre dans les bordels, Prisca avait prévenu que quelque chose de ce genre risquait d’arriver après avoir été torturée par le récit en long en large et en travers de la biographie de Maegor le Cruel ou de ses parents les conquérants incestueux. Elle savait que maintenant qu’ils s'étaient lassés des plaisirs de Lys, Volantis allait apprendre à ses dépens ce que font des groupes de Targaryen sobres : des putain de protectorats.
Et comme à chaque fois que Prisca jouait les prophètes de comptoir, ses prédictions finissaient par se produire. D’un autre côté, quand on se pointe avec huit dragons et armés jusqu’aux dents, ce n’est généralement pas pour venir cueillir des fleurs. La présence de ces gens ne changeait pas grand-chose au quotidien de Volantis à l’exception des ragots qui chassaient l’ennui, après tout leurs nouveaux tyrans autoproclamés n’étaient là que depuis quelques jours, ils n’avaient probablement pas encore eu le temps de s’installer convenablement. Mais qui sait quels projets farfelus ils comptaient mettre en place.
Prisca poursuivait tranquillement sa vie et sans s’en rendre compte, elle baissait la garde au moment où elle était le plus vulnérable au danger. Elle savait que son ancien mari, Tybalt, était quelque part dans ce monde et qu’il la cherchait. Quel Fidèle de Trios avait été assez inconscient pour sacrifier sa vie pour lui ? Peut-être le collègue de celui qui avait été assez stupide pour ramener Prisca. Sûrement deux idiots qui ont voulu mêler le sacrifice de leur vie à une blague stupide pour tourmenter la pauvre Volentaine au point de l’arracher du repos éternel pour se faire tuer une seconde fois. Et si au début la présence de dragons dans le ciel l’inquiétait et l’alarmait, si elle craignait que l’ombre de Tybalt se dissimule derrière l’une de ces créatures, aujourd’hui elle y était si habituée que le bruit de leurs battements d’ailes ou de leurs cris stridents ne lui faisait même plus lever la tête vers le ciel. De plus, ce fou avide de feu et de sang — et que pourtant elle aimait toujours — était à Westeros. Même s’il essayait de la rejoindre, la traversée du Détroit et du continent lui prendrait des mois alors elle était tranquille pour quelques temps. Elle utilisait même la crainte que son époux lui procurait pour se motiver dans la vie de tous les jours au point qu’il était devenu l’équivalent du monstre qui se cache sous le lit ou dans le placard pour les enfants.
« Si je ne nettoie pas cette fenêtre, il va venir m’égorger cette nuit », se disait-elle au point de se faire peur à elle-même, créant à la fois un traumatisme et une motivation suffisante pour nettoyer la foutue fenêtre.
Et puis un jour, ça avait fini par arriver. Prisca était au lavoir en train de laver son linge blanc lorsqu’un nouveau dragon fut aperçu en train de perdre de l’altitude, signe qu’il allait se poser quelque part dans la cité. Prisca supposa comme les autres femmes présentes autour d’elle qu’il venait rejoindre les seigneurs dragonniers qui occupaient le palais. Elle avait même levé la tête, plissé les yeux pour mieux voir entre les reflets du soleil et elle avait éclaté d’un rire spontané en pointant le dragon du doigt et en s’esclaffant : « Tiens, il est petit celui-là ! » et les autres avaient ri avec elle. D’après les estimations amateurs, il faisait entre cinq et dix mètres mais il faut avouer qu’à cette distance, il avait l’air d’un petit lézard.
Une fois son linge lavé, Prisca était retournée chez elle et le petit dragon avait quitté son esprit. Elle pensait à ce qu’elle allait faire de sa soirée : peut-être proposer de danser ou de jouer dans une taverne où elle n’avait pas encore mis les pieds afin de gagner quelques pièces. Tandis qu’elle réfléchissait et marchait dans la rue en fredonnant, elle ne remarqua pas la présence discrète et menaçante dans son dos qui la suivait sans qu’elle ne s’en rende compte. Arrivée à sa demeure de fortune, sans prendre la peine de verrouiller la porte puisqu’elle comptait sortir de nouveau plus tard, elle déposa son linge propre et commença à retirer les foulards noués dans ses cheveux tout en chantonnant. Puisqu’il paraît que lorsqu’on a une chanson dans la tête et qu’on arrive pas à la sortir de là, il suffit simplement de la chanter.
Come all you pretty fair maids, whoever you may be
Who love a jolly sailor bold that ploughs the raging sea
Dans le même temps, elle jeta avec un peu de déception la chandelle qui trônait près de sa fenêtre pour la remplacer par une nouvelle. La flamme qui s’en dégageait était rouge vif, elle était destinée à être aperçue et reconnue par Asterion si jamais il mettait un jour le pied ici dans l’espoir de retrouver sa mère. Les bougies de couleur avaient toujours été un caprice de Prisca, elle les trouvait jolies. Les rouges étaient réservés à la chambre d’enfant de son fils. Peut-être qu’il s’en souvenait, s’il était revenu à la vie. Peut-être que Petyr lui avait parlé de ce détail, et même qu’il avait continué de décorer la chambre de son petit prince de ces lueurs rouges qui rappelaient la chaleur du foyer qu’il avait perdu.
While up aloft in storm and gale, from me his absence mourn
And firmly pray, arrive the day, he home will safe return
Le hasard voulut qu’au moment où le mot « return » mourrait lentement entre ses lèvres, elle tourne ses yeux vers le miroir qui lui faisait face et elle aperçut que Tybalt était là, dans son dos. Et immédiatement, son sang se glaça et son corps se figea sous l’effet d’une peur si intense que pendant une fraction de seconde elle fut incapable de faire quoi que ce soit. Ni crier, ni s’enfuir, ni même détourner le regard. Tout à coup pâle comme la mort, le regard aussi hargneux que celui d’une proie coincée entre son prédateur affamé et un précipice, elle ne lui fit pas la grâce de se retourner pour lui faire face et se contenta de surveiller son reflet dans le miroir.
« Comment tu m’as trouvée ? » Facile, en réalité elle était plus prévisible que ce qu’elle se plaisait à penser. Evidemment que Volantis était le premier endroit qu’il allait fouiller. Bon dieu qu’elle était stupide… mais comment était-il arrivé aussi vite ? Et surtout… « Tu es venu pour me tuer ? Alors dépêche-toi. Fais le travail correctement, cette fois. Ne sois pas lâche au point de laisser l’océan et les humeurs de R'hllor faire le sale boulot à ta place. »
Le Prince de Peyredragon
No one can break my heart like you
Depuis combien de lunes avait-il rêvé de cette rencontre ? Cette idée, avait-elle, même germer dans son esprit à l’instant même où il avait ouvert les yeux sur ce monde, des siècles postérieurs à son trépas.
Qui était-elle, cette femme de Volantis, celle-là même qui détenait son cœur et avait précipité leur funeste destin à leur époque ? Tybalt avait tout de suite cherché après sa trace, puis après leur fils Asterion. Pour ce dernier, il n’avait pu dénicher aucune sorte de nouvelles, mais elle ? Oh elle, il avait très vite appris qu’elle avait également été ramenée à la vie par l’un de ces mystérieux fidèles. Et dès lors, il avait voulu lui mettre la main dessus, son épouse, la mère de son fils.
Mais non, cela n’aurait jamais pu être aussi simple que cela. Elle lui avait échappé, sa chère Prisca. Elle avait pris la fuite pour rejoindre la citée libre de Volantis. Un voyage bien trop long qu’il ne pourrait jamais entreprendre sans préparation. Mais alors même qu’il cherchait un bateau, il avait fait une rencontre qui bouleversa une nouvelle fois sa vie, Maegor Targaryen en personne. Le bâtard qu’il était, avait enfin rencontré son célèbre paternel qui lui avait fait hériter de toute cette ambition, ce feu qui brûlerait éternellement en lui. Et c’étaient bien ces nouvelles ambitions qui l’aidèrent à trouver une tout autre solution. Qui avait besoin de bateau lorsque l’on pouvait dompter un véritable dragon ? Il avait le sang des Targaryen qui coulaient dans ses veines, il avait eu la volonté de le prouver et après plusieurs tentatives, il dompta son propre dragon, Aelion.
La connexion avec son précieux dragon était forte, et ce voyage n’en fut qu’une nouvelle preuve. Tybalt avait atteint la cité libre en quelques heures seulement sur sa précieuse monture. Le jeune homme s’était pressé jusqu’à ce nouveau fief Targaryen quelques jours avant de devoir y rencontrer son père. Car il avait une mission bien claire avant de rencontrer la reine de ces lieux. Il devait retrouver Prisca et elle ne devait plus avoir le temps de lui échapper.
Survolant la citée, l’homme avait finit par trouver un endroit pour atterrir, y laissant Aelion après lui avoir murmuré quelques mots dans un valyrien encore légèrement approximatif. Le jeune homme s’était ensuite pressé jusqu’aux ruelles de la citée libre. Certains avaient dû voir qu’il était l’homme qui venait d’arriver sur ce dragon, car la plupart lui cédaient rapidement le passage. Pourtant, Tybalt avait rapidement perdu patience et avait commencé à interroger ceux qu’il croisait. Il était certain qu’elle n’avait même pas pensé à changer de nom, alors il demandait – ou hurlait – aux premiers venu où pouvait bien se trouver Prisca Vaelyn. Il en avait bousculé certain lorsqu’ils ne lui répondaient pas assez rapidement. Puis ce fut une femme qui lui répondit en lui désignant un endroit plus loin, évoquant un lavoir où se trouvait peut-être toujours la femme. Tybalt fonça tête baissée, se dépêchant d’atteindre sa destination.
Au coin de la rue, il s’arrêta pourtant d’un coup, plissant les yeux pour observer les femmes s’afférer à laver leur linge blanc. Il retint brièvement son souffle, et se retrouva à taper du poing contre le mur de pierre lorsqu’il l’a reconnu au loin. Il ignora volontairement l’homme qui venait de sursauter à côté de lui. Prisca s’en allait déjà avec son linge et Tybalt décida de calmer ses ardeurs, la suivant presque trop calmement dans le méandre des ruelles animées de Volantis. Il avait dû s’arrêter à un nouveau tournant avant de la voir entrer dans un bâtiment. Il attendit quelques secondes qui lui parurent durer une éternité avant de s’approcher à son tour de la bâtisse. Il s’apprêtait à défoncer la porte, mais remarqua la porte était ouverte. Il eut un bref rire qu’il étouffa rapidement. Oh, précieuse Prisca, était-elle donc si sereine ici ? Peut-être n’avait-elle guère peur de lui après tout ? Mais pourquoi avoir fui dans ce cas ?
Son regard se posa aux quatre coins de l’habitation, mais il n’était pas décidé à perdre son temps en tourisme de maison ravagé par le temps et la pauvreté. Non, il avait un but bien précis et aussi fit-il rapidement le tour du logis jusqu’à tomber sur la bonne pièce.
Tybalt resta immobile quelque temps, appuyé contre le mur, observant Prisca de dos. Il aurait pu l’attaquer s’il l’avait voulu. Il aurait pu la tuer sur place si cela avait été sa volonté. Il l’observait pourtant seulement faire avec une certaine décontraction qui contrastait avec le feu qui brûlait au fond de son regard.
Et elle croisa enfin son regard, il esquissa un fin sourire narquois en voyant le changement évident de son attitude. Il plissa les yeux en l’observant sans pourtant bouger. Il se retenait avec toutes ses forces tandis qu’elle refusait visiblement de se tourner vers lui, de l’affronter réellement. Il fronça les sourcils, ignorant royalement sa première question.
« Celle qui a empoisonné mon vin, me parle de lâcheté ?! »
Cela en était déjà trop pour lui et il fonça vers elle comme un diable sorti de sa boite. Et sans plus réfléchir, il avait tenté de l’attraper afin de lui forcer de lui faire face. Mais comme à l’époque, il n’avait pas non plus eu l’envie de la blesser et elle avait pu lui échapper sans mal. Sa frustration grimpa un peu plus.
(Résultat aux dès pour l’action d’attraper Prisca et la retourner de force vers lui => 3 ; il rate donc et elle lui échappe)
« REGARDE-MOI ! COMMENT OSES-TU ME TOURNER LE DOS »
Porté par sa frustration, Tybalt attrapa la première chose qui passa par sa main pour la jeter de toutes ses forces contre le mur. Elle savait assurément ce qu’elle faisait en refuser de se tourner vers lui. Cependant, l’homme décida de reprendre la parole, son regard brillant toujours aussi fort.
« Quelle sorte de femme es-tu au fond ? Je t’ai tout donné, mon amour et tu n’en avais à ce point rien à faire que tu m’as tué, moi ! MOI ?! J’aurai peut-être dû écouter Petyr, quand je t’ai rencontré ! »
Tybalt était aveuglé par sa colère et il n’avait aucune raison de croire que son bras-droit avait aussi œuvré dans sa mort, peut-être même plus que son épouse. Il avait seulement pu voir la culpabilité dans le regard de celle qui détiendrait toujours son cœur. Il était en colère, tellement en colère. Tybalt avait toujours été un enfant en colère, un adolescent en colère, un jeune adulte en colère. Un homme capable de passer du rire aux hurlements en un claquement de doigts. Mais ici, il était réellement en colère, une colère qui pouvait totalement l’aveugler.
« Je ne suis pas ici pour te tuer, on est à égalité, non ?! »
Un rire lui échappa, un rire qui avait assez clairement un élan de folie. Qui aurait rigolé de bon cœur à tout ça ? Il attrapa pourtant une nouvelle fois un autre objet qui était à sa hauteur, la mâchoire contractée.
« Dis-moi pourquoi, POURQUOI »
Il pencha légèrement la tête, reprenant tout en inspirant longuement. Son regard aurait pu indiquer plus qu’il en aurait eu envie. Ce regard qui brillait à présent bien trop pour ne pas le savoir bien trop submergé par ces émotions qu’il cachait pourtant si bien.
« Et implore mon pardon, car ne suis-je pas clément ?! »
Ft. @Prisca Vaelyn
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Et pourtant, contre toute logique et tout calcul rationnel, il était déjà là en chair et en os. Juste derrière elle, bien réel et fulminant d’une colère dirigée intégralement contre son épouse empoisonneuse. Comment c’est possible ? Comment il peut être déjà là ? Cette question hantait désormais son esprit et à vrai dire, elle avait peur de déjà connaître la réponse. Elle repensa à ce petit dragon qui l’avait tant amusée tout l’heure — serait-ce possible ? Non, elle n’osait y croire. Il n’oserait pas faire la même bêtise deux fois, n’est-ce pas ? Le premier geste de Tybalt fut de se précipiter pour se jeter sur elle mais la brune avait anticipé l’attaque. Dès qu’il fut trop proche, elle cessa immédiatement de rester statique et figée d’effroi. Sa main se ferma dans un poing et elle le frappa à l’épaule pour le repousser et se libérer de sa poigne. Il était bien plus grand et plus fort qu’elle, il n’avait probablement pas eu mal mais elle était assez hargneuse pour le tenir à distance.
« Lâche-moi sale brute, tu me fais mal ! »
Elle avait toujours peur de lui mais son instinct de survie était plus fort que le reste et la nervosité la poussait à hausser le ton à son tour, à jouer à qui va crier le plus fort. La dernière fois qu’il avait initié un geste de ce genre envers elle, c’était pour la pousser de la falaise et même si c’était compréhensible qu’il cherche à se venger, elle n’avait aucunement l’intention de se faire défenestrer dans sa propre maison. Le plus agaçant dans cette affaire, c’était qu’il semblait penser qu’elle était la seule impliquée dans ce complot pour le tuer alors que c’était Petyr qui avait insufflé l’idée dans son esprit, c’était lui qui l’avait encouragée à trouver le poison, c’était même lui qui l’avait versé dans le verre quand Prisca n’avait pas eu le courage de le faire elle-même. Mais elle n’allait pas lui révéler la vérité tout de suite. Il était bien trop hors de lui pour accepter de l’entendre, il penserait qu’elle ment pour tenter de se tirer de ce mauvais pas.
Un objet vola à travers la pièce et s’écrasa contre le mur. Prisca ne prit pas la peine de se protéger le visage : même dans leur ancienne vie lorsque toute la vaisselle finissait brisée durant leurs disputes, il n’avait jamais osé la blesser de cette façon. Il brisa une tasse, puis une pièce de porcelaine, et elle commença lentement mais sûrement à s’agacer à son tour. Cela faisait plus de cinq minutes qu’il était dans cette pièce avec elle et pourtant, il n’avait toujours pas essayé de la tuer ou de la blesser réellement comme elle s’y était attendue. La peur primitive qui enserrait les tripes de Prisca se transformait donc en colère qui répondait à celle de son époux, à mesure qu’elle comprenait qu’elle n’était pas en danger. Du moins, pas immédiatement. D’une certaine façon, elle avait toujours été imperméable à la colère de Tybalt. Il pouvait brûler une forêt entière alors qu’elle se trouvait au milieu et elle sortirait intacte de l’incendie. Et même lorsqu’elle dépassait toutes limites, même lorsqu'elle le trahissait et le tuait, il semblait toujours incapable de s’en prendre à elle.
Mais si cela lui avait été autrefois bénéfique, Prisca haïssait désormais cette situation délicate. Elle aurait préféré qu’il lui révèle son vrai visage, qu’il la massacre dans d’atroces souffrances, qu’il se montre aussi sauvage et impitoyable qu’il l’avait été avec le peuple de Culpucier. Ainsi, ce serait tellement plus facile de le détester. Cette retenue dont il faisait preuve avec elle, comme si elle comptait toujours à ses yeux, lui était insupportable. Son instinct de bête traquée et coincée au pied du mur lui hurlait cependant toujours de s’enfuir. Elle était une femme seule dans la ruelle populaire d’une cité violente et débauchée, il était évident qu'elle possédait des armes pour se protéger — un couteau dans un tiroir et un autre sous son oreiller. Mais elle ne pouvait pas les attraper, Tybalt lui bloquait le passage de sa stature imposante et menaçante.
(résultat du jet de dés : 10, échec de l'attaque mais succès pour la fuite)
Après un instant de réflexion, toujours dos à lui, elle attrapa d'un geste impulsif l’une des aiguilles qui lui avaient servi à accrocher son foulard avant de se rendre au lavoir. Implorer son pardon ? Ça, jamais. Fierté Volentaine oblige, elle préférerait encore qu’il lui arrache la langue à vif. Elle se retourna vers lui, la pointe de la tige d’acier tournée vers l’extérieur, et abattit sa main vers son visage. Avant qu’elle n’ait eu le temps d’aller au bout de son geste, la main de Tybalt se referma contre son poignet gracile et elle se retrouva bloquée dans son geste, l’aiguille à quelques centimètres de l’œil droit de son ancien époux, sa cible initiale. Elle haleta, tenta de se libérer de sa prise mais il tordit son poignet si fort qu’elle dut se résigner à lâcher l’épingle qui retomba à ses pieds, laissant échapper un cri de douleur.
Il tenait Prisca. Elle ne pouvait plus se défendre contre lui. Elle ne pouvait plus le frapper. Jusqu’à maintenant, elle lui avait imposé le traitement du silence mais elle ne pouvait plus que lui lâcher au visage :
« Tu aurais dû me tuer quand tu en avais l’occasion. »
Impossible de s’enfuir par les escaliers, il la rattrapera sans peine. Puisqu’il ne la jetait pas par la fenêtre, ce fut elle qui se chargea de faire le sale boulot. Elle avisa la main de Tybalt qui lui tenait le poignet et elle la rapprocha brusquement, mordant sa chair de toutes ses forces jusqu’à ce qu’il la lâche enfin. Dès qu’elle fut libérée de son emprise, elle se précipita vers la fenêtre ouverte pour s’y jeter.
L’objectif n’était cependant pas de mourir. Prisca vivait au premier étage et même si c’était un peu haut, elle savait qu’il y avait des bottes de foin en bas et elle atterrit lourdement dans le tas sans se faire trop mal, avec une simple douleur à la cheville. Elle releva la tête pour apercevoir Tybalt, continuant de le maudire et de l’injurier à pleins poumons sur le regard médusé des passants :
« Je suis ni ta femme, ni ta pute, ni quoi que ce soit et tu peux pas me forcer à te suivre. »
Et c'était reparti pour courir avec une cheville foulée. Finalement, ce n'était pas une si bonne idée.
Le Prince de Peyredragon
No one can break my heart like you
Son sang bouillonnait assurément déjà en son for intérieur. Et il avait tenté de la forcer à se retourner pour lui faire face. Tenter était le juste mot, car elle trouva à nouveau le moyen de lui échapper entre les doigts, le repoussant avec succès. Sa frustration n’en était que plus forte et elle se retrouva alors dans ses cris, ses paroles qu’il lui cracha presque dessus avec toute cette hargne, toute cette colère qui brûlait au fond de son regard.
Après les mots, cela avait été les objets qui s’étaient écrasé contre les murs. Sa faiblesse était bien présente ici, son cœur qu’elle détenait toujours fermement. Car malgré sa colère, il n’avait guère envie de la blesser. Pas plus qu’il n’aurait réellement eu envie de la tuer. Il souhaitait seulement lui faire peur et lui faire avouer qu’elle avait besoin de lui. Elle n’était rien sans lui. Cela fonctionnait comme ça entre eux. Car il n’était rien sans elle, non plus. Il avait besoin d’elle à ses côtés. Son âme hurlait ce stupide besoin. Et il aurait dû détester ça, détester le simple fait d’avoir à s’avouer qu’il aurait pu avoir réellement besoin d’elle. On ne changeait cependant pas un petit dragon en furie. Et sa colère l’emportait plus que sa raison.
Ses réflexes d’une vie de tous les dangers des ruelles pauvres de Culpucier avaient sans doute fait la différence ici. Car alors qu’il lui avait hurlé cette demande, ce besoin de l’entendre implorer son pardon, son ancienne épouse avait préparé sa contre-attaque. Tybalt n’avait même pas totalement réalisé ce qu’il se déroulait qu’il avait seulement relevé le poing par pur instinct de survie. Il ne pouvait alors que percevoir cette épingle à quelques centimètres de son œil. Son précieux œil.
« C’est tout ce que tu as ?! »
Le fier dragon de Culpucier fulminait plus que jamais à cet instant. Comment osait-elle seulement ? Comment pouvait-elle à nouveau tenter de l’attaquer de la sorte ? Alors qu’il se montrait si clément – de son point de vue. Sa nervosité avait dû être à son avantage, car il était désorganisé. Il pensait avoir le dessus alors qu’une nouvelle fois, elle ferait ses preuves en parfait coup bas. Il avait d’abord seulement froncé les sourcils en la sentant tirer sur sa main, puis ce fut la douleur vive qui l’attrapa de plein vif.
« PUTAIN »
La douleur l’acculant bientôt trop, il lâcha prise l’espace d’une seconde. Une seule petite seconde qui fut bien suffisant pour sa très chère Prisca qui avait déjà atteint la fenêtre.
« Qu’est-ce que »
L’incompréhension se lisait sur son visage tandis que tout, c’était jouer bien trop vite. Se précipita-t-elle vers la fenêtre ? Lorsqu’il comprit, il était déjà trop tard et il se précipitait tout de même vers la fenêtre pour la rattraper, mais bien trop tard. Il poussa un hurlement – mis inquiet, mis énervé et passa la tête par la fenêtre. Son cœur avait pourtant bel et bien manqué un battement avant d’apercevoir son ancienne épouse sortir de cette botte de foin. L’inquiétude passée, il ne restait plus que la rage. Et il fronça un peu plus les sourcils en l’entendant hurler après lui.
« OH, N’OSE MÊME PAS ! PUTAIN »
Les poings serrés, il fulmina un peu plus, secouant bien vite sa main endolorie.
« Oh, tu vas me le payer »
Il bondit alors jusqu’au escalier qu’il dévala en manquant de rater une marche ou l’autre. Il s’était d’ailleurs rattrapé in extrémiste au mur avant de sortir en trompe de l’immeuble délabré. Continuant d’insulter le vent au gré de son imagination fleurie, l’homme s’était mis à courir dans la direction où il l’avait vu s’enfuir. Il courait sans réfléchir, aveuglé pour tout ce qu’il pouvait bien ressentir à cet instant. Il enrageait et laissait les ruelles le guider, elle n’avait guère assez d’avance sur lui, de plus, elle était blessée à la cheville.
Pourtant, la ville était trompeuse, la ville était à son avantage à elle, non à lui. Et très vite, trop vite, il s’était retrouvé face au néant. Une ruelle menant sur plusieurs autres ruelles possibles et rien devant. Nerveusement, il tapa dans un mur, souffrant en silence. Puis, il y avait eu ce passant, cet homme qui avait le malheur de passer à cet instant. Tybalt n’hésita pas une seule seconde, il l’attrapa pour le maintenir avec force contre le mur, son avant-bras faisant pression contre sa gorge.
« Une femme qui boîte, où est-elle ?! OÙ ?! »
Cela serait au désavantage de son épouse, puis que l’homme, entre deux respirations, lui indiqua un chemin et une autre bâtisse abandonnée où elle aurait trouvé refuge. Tybalt eut un sourire insolant vers lui avant de le lâcher subitement et de reprendre son chemin au pas de course. N’hésitant pas une seule seconde, il défonça la porte mal refermée de l’épaule, grimaçant un peu plus de douleur.
La première pièce dans laquelle il tombait était mal éclairé et poussiéreuse. Il pouvait percevoir un voile de poussière souligné un fin fil de lumière qui venait de l’extérieur. Tybalt regarda tout autour de lui, le souffle coupé. Tournant, tournant encore sur lui-même jusqu’à en avoir le tournis. Mais rien, il ne voyait rien dans cette foutue baraque.
« Psst, pssst »
Avait-il définitivement perdu toute trace de bon sens pour cette journée ? On aurait pu croire qu’il appelait un chat au loin.
« Où es-tu ?! »
Son cœur le faisait souffrir, pourtant, il mettait toutes ses forces à l’œuvre pour le faire taire. Il s’en faisait pour elle, il la voulait à ses côtés. Pourquoi ne pouvait-elle pas le voir ? Il ne comprenait même pas ce qu’il avait bien pu faire pour mériter sa haine. Elle, en revanche, elle méritait sa colère. Car il lui en voudrait encore bien longtemps pour ce qu’elle lui avait fait subir.
« MONTRE-TOI ! Et je me montrerai particulièrement clément ! De quoi as-tu peur ?! Que je te corrige ? »
Ses nerfs lâchaient si vite, si vite ! L’homme avança d’un pas et shoota dans un meuble au hasard, manquant de se faire réellement, mal dans l’opération. Le meuble n’était pas aussi solide qu’il aurait pu le penser et il passa rapidement totalement au travers.
« Je pourrais mettre cette maison à terre pour te retrouver ! ALORS ARRÊTE D’ÊTRES SI LÂCHE ET FAIT MOI FACE ! »
Et comme pour allier ses mots à des actes, il attrapa une chaise pour l’abattre violemment contre un mur défraîchi de l’habitation. Le petit dragon n’était pas prêt à lâcher. Car l’amour nous rendait déraisonnables. Il ne pouvait pas s’avouer vaincu, pas sans l’avoir vu, pas sans qu’elle lui ait réellement parlé. Car elle avait été son pilier dans cette vie qu’il avait autrefois construit. Celle en qui il avait suffisamment eu confiance pour lui confier son cœur et tous ses espoirs. Ce n’était pas pour rien qu’elle était bien la seule à s’en sentir toujours indemne de sa rage brûlante et sans limite. Et il ne s’arrêterait à rien pour la retrouver, il n’y avait rien qu’il n’aurait pas été capable de faire. Ou presque rien. Il n’y avait qu’une seule chose qu’il ne ferait jamais.
« Tu n’es rien sans moi, tu as besoin de moi »
Une nouvelle fois, un bruit sourd s’éleva dans l’air, un nouveau coup de poing dans un meuble au hasard. Il allait bientôt perdre le contrôle s’il ne se calmait pas très vite. Il ferma un instant, les yeux, le poing posé contre un mur. Il aurait pu brièvement penser à Asterion pour profiter d’un bref instant de calme dans toute cette folie. Ce fils qu’il avait aimé plus que tout au monde. Cet enfant qui avait pu apporter un peu de calme dans leur relation jusqu’au jour où la tragédie grecque avait trouvé sa fin dans leur histoire à travers ce double meurtre.
Ft. @Prisca Vaelyn
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« Va te faire foutre Tybalt ! »
Vociféra-t-elle assez fort pour être entendue d’un bout à l’autre de l’avenue, accrochant ses mains sur le bord boisé de la charrette pour se redresser et s’extirper de la botte de foin. Elle l’entendait déjà faire claquer les portes contre les murs et se précipiter dans les escaliers pour la rattraper. Elle avait une longueur d’avance, elle pouvait encore en profiter pour s’échapper si elle se débrouillait bien. Sans se soucier de son apparence de créature farouche et colérique qui faisait écarquiller les yeux des témoins qui venaient de la voir se jeter par une fenêtre et survivre à la chute, sans se soucier de son apparence débraillée, de la paille dans ses cheveux ébouriffés ni de ses vêtements froissés, elle poussa les fagots de tiges à coup de coude et de pied et parvint à se sortir de là. Mais dès que son pied droit toucha le sol, elle ressentit immédiatement une douleur vive et lancinante partir de sa cheville fêlée et s’étendre dans un frisson désagréable tout au long de sa jambe, de sa colonne vertébrale, jusqu’à l’intérieur de son crâne. Dans sa chute, elle s’était également éraflée les paumes des mains.
Les larmes aux yeux de souffrance, poussée par l’adrénaline et la crainte d’être rattrapée, elle trouva cependant la force de courir. Elle clopinait misérablement, elle accrochait ses mains contuses contre les murs, les étalages des stands du marché et les épaules de quelques personnes pour continuer d’avancer. Dans son avancée, elle chuta cinq fois mais se releva systématiquement. Son entêtement était si puissant que même si on lui avait coupé les bras et les jambes, elle aurait trouvé la force de ramper à la seule force de son menton. Elle irait au bout du monde de cette manière, juste pour pousser à bout son époux. Sa fuite effrénée l’emmena jusque devant la seule porte déverrouillée à proximité : celle d’une grange délabrée qui semblait abandonnée. Elle traîna sa carcasse endolorie jusque derrière un placard et cette fois, lorsqu’elle se prit les pieds et tomba lourdement sur le dos, elle ne bougea plus. Elle reprit son souffle en haletant bruyamment, repoussant une mèche de cheveux qui s’était déposée sur son visage. Mais alors que les battements de son cœur commençaient à peine à se calmer…
« Psst, pssst.
— Merde, merde, merde… »
Elle plaqua immédiatement sa main contre sa bouche après avoir chuchoté ces jurons, priant pour qu’il ne l’entende pas respirer. Tybalt commençait à perdre patience, à frapper dans des meubles au hasard pour vérifier si elle n’était pas dissimulée derrière. Par chance pour Prisca, il était parti vers la gauche alors qu’elle était cachée vers la droite alors elle entendait sa voix et ses bruits s’éloigner mais ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne la retrouve, la grange n’était pas si grande et si elle tentait de sortir de sa cachette de fortune pour aller ailleurs, il l’entendra inévitablement. A chaque fois qu’elle l’entendait frapper quelque part, elle sursautait.
« Tu n’es rien sans moi, tu as besoin de moi »
Cette fois, le coup de poing sonna aussi fort que s’il avait été émis juste à côté de son oreille et Prisca aperçut de la poussière s’envoler juste au-dessus de sa tête. Il venait de frapper dans le meuble adjacent au placard, une commode en bois massif qui devait peser plusieurs centaines de kilos mais qu’il venait de balayer comme si elle ne pesait rien. Par chance son cri de surprise fut silencieux, étouffé par sa main toujours plaquée contre sa bouche. Mais même si la fuite était plus hasardeuse et risquée que jamais, même s’il n’était plus qu’à quelques centimètres de la jeune femme, si elle voulait tenter de fuir à nouveau c’était le moment où jamais. Il n’y aura pas d’autre occasion. Ce n’était pas de la lâcheté, bien qu’il l’accuse de cela. Elle avait toujours fait ce jeu-là avec lui pour le rendre fou : le fuir quand il voulait son attention et sa présence, et le tourmenter par sa présence lorsqu’il n’en voulait pas.
Cette fois, la chute fut extrêmement mauvaise. Elle tenta de sauter par-dessus la carcasse de la commode renversée, son pied s’accrocha à une fissure épaisse dans le bois. Le bruit de craquement affreux qui s’échappa de sa cheville ne laissait aucune place au doute : à force de jouer avec le feu, elle était passée de simplement foulée à cassée. Le hurlement de douleur qui s’échappa de sa bouche résonna dans l’intégralité de la grange.
(résultat du jet de dés : 20. Elle renonce à continuer d’essayer de le fuir)
Cette fois, c’était elle qui perdait contre lui. Le pied coincé, le corps renversé, ses cheveux noirs éparpillés au sol. Ses yeux parme ne reflétaient qu’un mélange parfait d’ennui et de douleur réprimée. Elle tenta de libérer son pied, mais le simple fait de bouger était si douloureux qu’elle s’avoua vaincu. Sa tête retomba contre le sol, les bras écartés, signe qu’elle se rendait. La chasse était terminée, la proie était à terre.
« Je peux pas bouger. Aide-moi. »
Rien sans lui.
Ou du moins, pas grand-chose.
Le Prince de Peyredragon
No one can break my heart like you
La rage brûlait en lui, une rage alimentée par cet amour qu’il ressentait bien toujours pour Prisca. Elle le rendait fou à agir de la sorte, et d’une certaine manière, il avait conscience qu’elle le faisait toujours exprès. Cette idée enflammait pourtant bel et bien un peu plus sa rage folle qui s’abattait à présent sur ce pauvre homme qui avait seulement commis l’erreur de le croisé dans cette ruelle à cet instant précis. Mais il lui avait donné une indication et bientôt, le chien fou atteint cette ancienne grange, faisant voler la porte battante au passage.
L’intérieur était exigu, mais plongé dans l’obscurité. Petit à petit, sa colère se matérialisa dans cette perte de patience. Il n’avait pas envie de tout fouiller, alors il frappait au hasard dans les meubles branlant de la bâtisse. Entre deux coups, il n’hésitait pas non plus à continuer de vociférer contre son ex-femme. Pourquoi devait-elle lui faire ça ? Ce petit jeu, était-il devenu obligatoire entre eux ? Même dans cette situation ? Car dans son esprit, elle n’avait pas réellement de raison de le craindre.
Bam. Un nouveau coup sourd lorsqu’il tapa violemment du pied dans une commode à l’apparence lourde. Tybalt avait assurément de la force aidée par l’adrénaline qui parcourait actuellement son corps. Le tout additionné fit voler cette commode, mais toujours rien. Il inspira longuement, tournant petit à petit son regard vers ce placard en apparence bien ordinaire.
La suite se déroula suffisamment rapidement pour risquer de le prendre par surprise. D’un coup, il l’a perçu tenter ce saut périlleux au-dessus des restes de la commode. Il pencha légèrement la tête en l’observant faire, comme si, au fond de lui, il savait qu’elle n’irait guère plus loin. Et il fronça légèrement en entendant ce cri de douleur, ne la quittant pas de son regard de feu. Ce qu’il ressentait à cet instant en devenait conflictuel. Car il était en colère contre elle, d’une rage noire, mais il s’inquiétait aussi pour elle. Ô maudit cœur, pourquoi avait-elle dû lui kidnapper ce cœur ardent ?
Il s’approcha doucement d’elle, plissant légèrement les yeux à son appel à l’aide. Un sourire narquois habilla son visage l’espace d’un instant. Avait-elle ainsi baissé les bras dans cette folle fuite ? S’approchant toujours d’elle, il se rapprocha du sol, les genoux contre le plancher poussiéreux de cette grange. Il se pencha légèrement vers elle, parlant finalement à voix basse.
« Oh, tu as besoin de mon aide, maintenant ? Regarde dans quel état tu t’es mise ? Et pourquoi, hum ? Je devrais peut-être te traîner par terre jusqu’à chez-toi. »
Un coup sourd retentit lorsqu’il tapa de la main contre le sol à côté d’eux. Seul un léger nuage de poussière s’éleva dans les airs. Prisca avait un pouvoir indéniable sur lui. Elle pouvait le pousser à bout sans la moindre retenue, elle n’en subirait jamais réellement les conséquences. Oh, il pouvait lui faire payer d’une manière ou d’une autre, mais sa colère n’avait jamais éclaté directement contre elle. C’était peut-être la raison même derrière le fait qu’elle continue à jouer à ce jeu dangereux avec lui.
N'attendant finalement guère plus longtemps, Tybalt s’approcha un peu plus de la jeune femme pour la prendre dans ses bras avant de se relever. Il n’avait aucun mal à la porter de cette manière. Et s’il avait été dans d’autres dispositions, cette image aurait pu lui faire repenser à des souvenirs bien plus heureux que ce moment dans cette grange sombre. Ce jour où ils s’étaient unis dans les liens sacrés du mariage. Ils étaient particulièrement enivrés ce soir précis, dans les bas-fonds de Culpucier. Et pourtant, Tybalt avait tenu à la porter de l’exacte même manière. Et ils s’étaient rendus ainsi jusqu’à leur lit conjugal, sans grande stabilité et manquant de tomber à plusieurs reprises, mais heureux. Aujourd’hui, ce porté était assurément bien différent.
Avançant dans cette grange, Tybalt sentit bientôt les restes de la porte sous ses bottes, retrouvant bien vite la ruelle dans laquelle ils étaient un peu plus tôt. Il avançait la tête haute, la tenant fermement contre lui. Il observa rapidement les alentours, semblant brièvement hésiter sur la direction à prendre. Il n’avait pas tellement pensé à observer où les alentours en lui courant après. Il grogna légèrement avant de finalement prendre à droite en reconnaissant un coin qu’il pensait avoir croisé dans sa course folle. Plus loin, ils croisèrent la route d’un vieil homme qui semblait encore quelque peu secoué et qui fixa automatiquement Tybalt qui ne put s’empêcher de lui crier dessus.
« Qu’est-ce que tu regardes ?! »
Ses yeux auraient bien pu envoyer des éclairs, et rapidement, il reprit dans un valyrien approximatif à la prononciation encore plus approximative. Tybalt n’avait jamais parlé un seul mot de valyrien dans leur ancienne vie. Mais dans ce second tour de piste, il avait appris – à grand coup de crise de nerf – tout d’abord pour apprendre à maîtriser Aelion, mais également pour ce projet, ici, à Volantis. Il devait y rencontrer la nouvelle reine aux côtés de son père, le Prince Maegor d’ici quelques jours. Une opportunité inimaginable pour lui, mais l’une de celles qui enflammaient parfaitement toutes ses ambitions. Et il avait envie de rendre fier son père.
« Jikagon qrīdrughagon »
À cet instant, un autre homme était arrivé en courant derrière le vieil homme pour le tirer loin d’eux. D’où ils étaient, ils ne pouvaient entendre que quelques mots, mais visiblement cet autre homme savait qu’il était ce nouveau venu qui était arrivé sur un dragon, ce qui suffisait pour les faire fuir. Et Tybalt eut un sourire satisfait avant de reprendre sa marche. Il se contentait alors de marcher, sans adresser la parole à Prisca qu’il tenait pourtant bel et bien toujours dans ses bras. Il y avait une certaine intensité dans son silence. Car Tybalt était un véritable ouragan, un homme qui se taisait rarement. Dès lors, lorsqu’il choisissait de se taire, cela avait toujours plus de poids que pour le commun des mortels.
Après plusieurs hésitations et sans doute l’un ou l’autre détour pris, ils étaient finalement arrivés à l’endroit d’origine de leur retrouvaille. Cette vieille bâtisse où il avait pu la retrouver.
Poussant bientôt la porte de l’immeuble, il entra à nouveau dans cet endroit où elle avait trouvé refuge dans cette vie. Il plissa légèrement l’arête de son nez, et prit bientôt les escaliers pour atteindre ce qu’il imaginait être une chambre. Et après avoir ouvert une nouvelle porte, il finit par la déposer sur ce lit de fortune, plongeant un instant son regard dans le sien lorsqu’il la lâcha finalement. Il se releva pourtant rapidement, relevant légèrement la tête.
« Et comment vas-tu soigner ça ? »
À cet instant, il tourna les talons et sorti de la chambre sans rien ajouter d’autres. Il se rendit rapidement au premier étage, fouillant sans vergogne le moindre tiroir pour dénicher de quoi l’aider, ainsi qu’un gobelet qu’il remplit d’eau. Il remonta ainsi jusqu’à la chambre. Dans son état, il était au moins certain qu’elle ne pourrait pas à nouveau sauter par la fenêtre. Regagnant la chambre, il lui jeta dessus quelques tissus qu’il avait trouvés et qui pouvaient toujours servir de bandage pour la nuit. Il s’approcha alors d’elle, tenant ce verre d’eau. Oh, il n’allait pas s’en empêcher, n’est-ce pas ?
« Tu as soif ? »
Il tendit vers elle le gobelet, tout en penchant légèrement la tête.
« Fait attention, il y a parfois du poison qui s’ajoute à ton verre »
Il contracta légèrement la mâchoire, l’observant toujours avec toute son attention.
« Ne fais pas l’erreur de croire que tu y échapperas, tu me dois des explications. On aurait pu être au sommet du monde, toi, Asterion et moi ! Et tu as tout gâché, tout gâché, et pourquoi ?! Tu voulais m’échanger contre un autre ?! Mais je dois dire que tu m’as eu par surprise, je n’aurai jamais cru que tu aurais eu ça en toi, que tu aurais été capable de me tuer, moi, l’homme qui t’avait tout donné »
Il tenait toujours le gobelet d’eau, il ne l’avait toujours pas lâché. Il inspira longuement, l’observant toujours attentivement. Il semblait au moins calmé depuis qu’il l’avait coursé dans la ville. Ce moment, où il l’avait porté depuis la grange jusqu’à son habitation, avait dû aider à calmer ses ardeurs.
« Alors, que vas-tu faire ? Tu ne te débarassera pas facilement de moi, alors parle, Prisca et peut-être que je serais extrêmement clément »
Ft. @Prisca Vaelyn
THE DRAGON OF FLEABOTTOM
I am destined for greatness, but those in power only see me as a sword