What lies in the center || ft. Brynden

Les braises mourantes dans la cheminée projetaient une lueur vacillante à travers la pièce qu'occupait Shaïra Astre des Mers à Peyredragon. Il n'était pas rare que lord Freuxsanglant ne s'y glisse dans la nuit pour l'observer dormir et s'assurer qu'aucun de ses rêve n'était pollué par les ombres terribles de la nuit. Parfois, il se glissait contre elle quand son esprit était épuisé et que la Corneille à Trois Yeux en demandait bien trop de lui, toujours plus. Brynden Rivers gisait sur le lit cette nuit là, son esprit engourdi par des rêves sombres et des visions qui se mélangeaient à la réalité qu'il connaissait sur le bout des doigts, une vérité pure qu'aucun mensonge ne pouvait souiller. On ne pouvait pas pervertir la mémoire du temps lui-même, personne, pas même lui et pourtant, il avait essayé encore et encore dans l'espoir de sauver son aimée. Un souffle irrégulier emplissait la pièce, rompant le silence pesant qui régnait.

Soudain, Brynden se redressa brusquement, son œil unique, rouge écarlate de l'affliction avec laquelle il était né, s'ouvrit en grand. Une sueur froide perlait sur son front, trahissant l'agitation de son sommeil troublé. La tache de vin qui couvrait sa mâchoire semblait lui brûler d'une façon désagréable et ses doigts caressèrent lentement l'endroit où la tâche semblait ressembler à deux ailes déployées. À ses côtés, Shaïra, endormie dans une tranquillité apparente, ne semblait pas percevoir l'agitation qui avait secoué son amant, tant mieux. Il y avait des fois où il préférait que sa douce ne le vit pas et lentement, ses doigts passèrent d'une peau à l'autre, déposant l'esquisse d'une caresse sur la jeune femme. Le noir corbeau aux cheveux d'argent scruta la pièce ensuite avec méfiance, comme s'il cherchait à démêler les fils du rêve et de la réalité. Les ombres dansaient sur les murs de pierre, susurrant des murmures indicibles, évoquant des prophéties inachevées.

Lentement, le Grand Bâtard du roi Aegon IV se rallongea dans les draps, massant ses tempes du bout de ses index, il lui fallait se rendormir et ne plus y penser. Du moins, c'était ce que l'homme se répétait en boucle comme si ces simples mots pouvaient couvrir toute la réalité de ces choses qu'il vivait. Ce n'était pas le cas. Quelque chose l'appelait, là, dehors et chaque fibre de son âme le ressentait comme il avait été attiré un jour par les barrals de l'autre côté du Mur, inexorablement plus loin à chaque pas de Châteaunoir. Son regard se tourna lentement vers la fenêtre donnant sur l'extérieur et la nuit l'accueilli comme une vieille amie. Elle s'étendait comme une toile sombre, parsemée de milliers de diamants éthérés, suspendus dans l'infini velours du ciel. La lueur argentée de la lune baignait les cieux, révélant des contours mystiques de nuages flottant tels des spectres fugaces. En contraste se dessinaient des constellations anciennes au-dessus de Peyredragon. Leur éclat étincelant semblait percer les ténèbres avec une intensité hypnotique, créant un paysage céleste à la fois envoûtant et mystérieux. L'air était empreint d'une sérénité profonde, accentuée par le doux murmure de la mer qui caressait les rivages de l'île et pourtant, quand il fermait ses paupières, trois yeux parfaitement blanc l'accueillait.

Lord. Lord. Lord. Que vois tes milles yeux et un, lord? Que voient-ils en passant au-dessus de l'Oeildieux? Que voient-ils en passant par dessus le Roc où rugissent les lions et les lionceaux? Vois. Vois, lord.

A nouveau, la voix du corvidé qui l'habitait avait décidé de croassé dans son esprit comme un diable, chantonnant sa petite mélodie habituelle. Alors Brynden inspira et expira longuement avant que le calme ne l'atteigne tout entier. Il n'avait encore jamais projeté son corps depuis l'intérieur d'un bâtiment car il lui semblait que sentir l'air sur son visage l'aidait à se concentrer sur sa tâche. Aujourd'hui pourtant était un nouveau jour. Le Ver Blanc inspira alors profondément et quand il expira, son œil rouge sanglant devant d'un blanc perlé et pur. Les couloirs de la conscience étaient ses domaines de prédilection, c'était en ces endroits que ses habilités l'envoyait aujourd'hui et pour un instant, il laissa la Corneille prendre le relais de son esprit à nouveau.

Je n'ai pas de peine à chercher et a trouver. Tout en moi est relié à l'infini. Lord, tu vois à travers mes yeux. Milles et un, sont-ils. Nous voyons par dessus les murs, par dessus les ruisseaux. Une âme nous appelle, toi et moi de la même façon. Elle est jeune, quelque chose en elle coince, elle est bloquée. La vois-tu, cette femme? Elle a les cheveux dorés comme le soleil et pourtant elle est la lune qui se lève dans la nuit. Face à elle se tient un homme, il a les cheveux de l'astre du firmament nocturne et pourtant lord, pourtant il est le soleil lui-même. Regarde, lord. Vois qui elle est. C'est auprès d'elle que je t'envois ce soir. Il le faut. Protège-la ce soir de tes ailes.

Milles et un yeux s'ouvrent soudainement, s'élevant comme un cri au loin dans un écho terrifiant. La corneille était parfois un symbole de l'Etranger, un mauvais présage de chaque côté du mur et pourtant, les Anciens Dieux savaient. Alors qu'il battait de ses ailes noires, ses yeux observaient autour de lui. Il s'agissait d'un rêve des plus normal. Un rêve de noble plus que de paysans car nombre pensaient à labourer leurs terres et rêvaient de bonnes récoltes, de leurs enfants, de la dernière gorgée d'une bière bien méritée après avoir labourée toute la journée. Il n'y avait rien de surprenant, rien à part une bourraque d'un vent froid le poussa soudainement vers une tache noire et sombre et juste là, son croassement se transforma en glapissement d'enfant dans le corp d'un corvidé. Oh, quelle était encore que cette sorcellerie.

Il n'était plus possible de voler ici et Brynden dû sauter sur ses petites pattes pour atteindre la voix qu'il entendait dans le noir, se guidant au son sans s'aider de ses yeux. Oh, ce n'était pas aisé mais lord Rivers l'avait fait à de nombreuses reprises après avoir perdu son meilleur œil dans une bataille. Et puis il vit la fille et il se racla la gorge d'une façon trop humaine pour sa compréhension. Habituellement, la Corneille parlait par l'esprit mais rien ne semblait passer à travers l'épaisse ombre qui enveloppait cet endroit.

"Ma Lady? Ma Lady, vous m'entendez? Regardez moi." La voix de l'homme s'était transformée en celle de l'enfant qu'il avait été quand, parfois, l'été devenait insupportable et que sa mère l'emmenait à Corneilla. "Ma Lady, regardez en bas, me voyez vous? Là, la créature à plume."

Et Brynden agita ses ailes, dévoilant le plumage blanc que cachait l'épaisse couche de plume noir qui recouvrait son apparence onirique. Oh, il leur fallait sortir d'ici. Il leur fallait trouver une solution et vite.