Lune 12, 875 AC. L'été est là, le petit peuple se réjouit alors que les seigneurs s'inquiètent à l'heure où un nouveau roi vient d'être couronné en la personne de Maegor I Targaryen.
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「the tragicomedy of a clown」(ft. Rhaenyra Targaryen)
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the tragicomedy of a clown
The king called on the kingdom to gather all their best. To slay a mighty dragon because it was his pest. A strange little man came forth to request a deft assist. But the girl was quite reluctant.
The story had a twist.
The story had a twist.
Oh fishmonger, oh fishmonger
Come quell your daughter's hunger
Meereen était une cité portuaire de la baie des dragons, berceau d'un renouveau que bien des gens avaient aimé observer de leurs propres yeux. Ils étaient nombreux sur la côte ouest, à parler de cet endroit, de sa beauté, de sa chaleur différente, qui n'endormissait pas de la même manière que Volantis. Nombre partait et revenait avec des histoires à dormir debout et pour une fois, Syrodos était de ceux qui avait décidé de partir pour ne plus revenir. Sa tournée, il l'avait emmené presque partout. Braavos, Pentos, Myr, Tyrosh, Lys, Volantis, Qohor, Norvos, Lorath puis la Nouvelle Ghis et enfin Qarth la belle. Il était allé dans chaque citée et partout, on l'avait applaudit avec un entrain que le barde appréciait. Sa musique était sa vie et sa vie, il la passait à la perfectionnée au gré de ses rencontres et de ses péripéties rocambolesques.
Il écoutait, il écrivait, il paraphrasait parfois. Tout pour ses partitions et son luth. Et parfois - quoique le Rossignom avouerait que cela arrivait plus fréquement qu'il ne le souhaiterait - son chemin rencontrait celui d'une femme aux cheveux d'ébènes et aux yeux mauves que le destin semblait vouloir lui imposer. Une nuit et il repartait en pensant ne plus la revoir et pourtant, voilà qu'elle réapparaissait encore. La guerisseuse de Myr, avait-il appris après une nuit de plus - ou de trop - était un personnage récurrent de ses balades et de ses chansons. Son nom? Elle en avait des milliers et tous lui allaient à merveille. Jamais il n'aurait avoué qu'elle lui servait de muse, encore mourir écrasé par un éléphant ou croqué par un dragon - il en convient, cette mort serait douloureuse. Trop peut-être -.
Dans une taverne de la cité de la Tala Zafira Daedrizes, Syrodos s'épuisait la voix une soirée de plus et à grand soif, les grandes chansons. Il ne chantait pas souvent en langue commune, mais lorsqu'il le faisait, son accent de Braavos laissait résonner une consonance toute particulière aux mots qu'il employait. Plus les chants étaient grivois, plus ils apparaissaient tard dans la nuit et à ces heures du soir, les jeux et les paris étaient aussi les bienvenus.
"Nightingale? A game?" demanda-t-on et le barde en une révérence, se plia au jeu.
Lest your grandkid be born a hairy young faun
Bleating and braying all day, hey ho
The fishmonger's daughter, ba ba
Syrodos était un homme à femmes, un homme à hommes aussi. Il aimait charmer son public et s'il avait pu se charmer lui-même, croyez en votre humble serviteur, il l'aurait fait sans la moindre difficulté. Car il était difficile de s'aimer soi-même plus que ne le faisait Rossignol. L'artiste savait qui il était, ce qu'il savait et même quand il ignorait quelque chose, il préférait mentir que de dire "je ne sais pas". C'est ainsi qu'en cette nuit chaude à Meereen qu'il s'installa à une table non sans s'arrêter de chanter.
Chacun ses six dés et la partie pouvait commencer. Le but était simple, rapide, excitant. Une paire, l'un face à l'autre. Le premier à cinq milles point gagnait, l'autre perdait. Tout simplement. Seul les uns, les cinq, les brelan, carré, quinte comptaient et naturellement, toutes les triches étaient autorisées. Syrodos se connaissait comme les cinq doigts de sa main. Il était un homme doué d'une chance légendaire selon lui et sur la table, il misa plus gros qu'il ne l'aurait dû. Mais l'ego des hommes était l'égal de leurs consommations parfois excessive.
Syro joua, il joua encore. Le coup de malchance débuta mais rien n'était encore perdu. Il jetait ses dés mais le sort semblait se déchaîner contre lui. Ça n'empêchait pas Syrodos de continuer à chanter encore. Mille deux-cents à sept milles. La victoire fut flagrante et Rossignol eut le bec sifflé. Jamais il ne s'était fait battre de la sorte à son propre jeu - et croyez nous, cher lecteur, quel jeu -. Le barde essaya de parlementer, de plaider sa cause avec véhémence. Peut-être que la sorcière de Myr apparaîtrait par cette porte d'une seconde à l'autre... Nope. Rien d'autre que le silence.
Oh fishmonger, oh fishmonger
Come quell your daughter's hunger
Oh, shit. Here we go again
Un homme au manteau pourpre et au chapeau plume courait dans les rues meereenoise, une main sur son couvre-chef et son luth sous le bras. Il courait vite, signe d'une habitude de fuir des maris cocus et des maîtresses jalouses. Ah. Une échappatoire, vite. Syrodos Naerin savait qu'il risquait de passer la nuit dans un caniveau, ou pire, et ce n'était pas de cette manière que l'expert de la chansonnette se voyait finir sa vie. Ses grandes foulées semaient ses opposants, ici et là mais ils finissaient par faire demi-tour. La vie d'un homme d'une taille raisonnable semblait enfin avoir ses limites et Rossignol, aurait le bec cloué à une porte s'il ne trouvait pas un refuge.
Et voilà qu'il apparut en grand, son refuge. La Grande Pyramide de Meereen. D'un coup d'un seul, le barde s'était transformé en lièvre de compétition et ses jambes fonctionnèrent davantage encore. Ses opposants s'arrêtèrent bien vite alors que lui-même ralentissait, s'inclinant en prétextant être un musicien en retard pour servir lors d'un dîner d'une famille valyrienne. Tout un mensonge élaboré, vraiment, s'il n'y avait pas réellement eu une famille valyrienne, ici même. Un garde l'escorta alors et Syrodos papillonna des yeux d'un air catastrophé. Où l'emmenait-on, encore?
Le garde interpella une femme à la chevelure argentée et le musicien semi-imaginaire supplia la femme du regard comme si sa vie en dépendait. Il ne l'avait jamais vu de sa vie, elle non plus, c'était une catastrophe absolue. Syrodos serra alors son luth contre lui comme pour se défendre et quand l'homme les laissa enfin, le brun s'inclina avec largesse. Après tout, la dame avait l'air... Et bien d'une dame et lui n'était qu'un orphelin avec beaucoup de chance et davantage encore de culot.
"Uh. Hello your... Uh? Your grandiloquent Majesty. I am Syrodos Naerin, disciple of the late great luth master Tyberion Naerin himself. Are you searching for a musician or a comedian? I can also teach musical rythm, dance, theater and the art of the voice even if one think they are not so good at it. And trust me, some at terrible."
Incertain, il papillonna des yeux avant de frapper dans ses mains en réfléchissant, s'excusant d'un geste en étant plus théâtral encore. Après tout, les gens d'Essos avaient tendance à aimer la musique et la comédie, qui sait, peut-être était-elle une de ces personnes.
"Umbagon, iksā hen Vesteros paktot? Gaomagon ao jorrāelagon syt iā tolie? Valyrīha? Lyrīha? Pentorīha kostilus? Kostan gaomagon olvie hen zirȳ."
(Wait, you are from Westeros right? Do you need for a traduction? High-Valyrian? Lysene? Pentoshi maybe? I can do most of them)
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Allégeance : Elle n'a qu'une allégeance : la Maison Targaryen. Elle est née princesse de la maison du dragon et en tire une grande fierté.
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the tragicomedy of a clown
The king called on the kingdom to gather all their best. To slay a mighty dragon because it was his pest. A strange little man came forth to request a deft assist. But the girl was quite reluctant.
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ft. @Syrodos Naerin
JOUR 22, LUNE 6, ANNÉE 874
Pas un jour ne s'écoule sans que Rhaenyra n'y songe. Le passé est ancré profondément en elle et si elle est déterminée à ne pas le laisser la définir, elle ne peut pas oublier. Il y a des choses qu'on n'oublie jamais, or Rhaenyra de la maison Targaryen, d'ordinaire, oublie rarement les insultes et les offenses alors les trahisons, les crimes commis contre elle, contre ses enfants, la manière dont le royaume s'est déchiré, elle ne peut pas oublier. Elle ne le pourra jamais. C'est parce que Westeros lui rappelle, à chaque seconde, la guerre qui l'opposa à son demi-frère et à sa mère qu'elle ne peut plus y vivre, qu'elle ne peut pas avancer. Elle a cru en être capable, elle a pensé qu'elle aurait la force d'aller de l'avant mais rapidement, elle a réalisé qu'où qu'elle soit, savoir ses anciens ennemis en vie lui est insupportable, elle a réalisé qu'elle ne peut entendre le nom des maisons qui lui ont tourné le dos sans désirer faire payer les descendants pour les crimes de leur aïeux et elle a réalisé que la paranoïa a été incapable de la quitter durant le temps passé au tournoi de Roche-aux-Runes, entourée à la fois d'alliés, d'ennemis et d'inconnus, elle a craint des trahisons de ceux qui lui étaient proches, elle a redouté des coups de poignard de ses ennemis et elle s'est méfiée du regard intrigué des étrangers.
La reine Visenya trouve peut-être encore sa place au sein de Westeros ou peut-être que son arrogance l'empêche-t'elle de voir la vérité qui a frappé Rhaenyra lors de ce tournoi : les Sept Couronnes n'ont pas besoin des Targaryen. Ils n'ont pas leur place parmi eux, ils ne l'ont jamais eu. Quand elle songe à son enfance, elle se souvient de la difficulté à concilier ses deux cultures, trop valyrienne pour les ouestriens et trop oustrienne pour se revendiquer pleinement de l'héritage de Valyria. Il n'est pas aisé d'être les derniers survivants d'une civilisation disparue, de porter les derniers vestiges d'une culture si différente et à part dans un royaume où l'héritage des Andals et des Premiers Hommes sont encore très présents. Ils n'ont pas leur place là-bas. Les Sept Couronnes ont vécu bien longtemps sans les Targaryen et si Visenya fait le choix de reprendre ce qui fut à eux pendant un temps, la princesse Rhaenyra choisit de préserver sa famille d'une nouvelle guerre. Ils ont assez souffert. Elle a assez souffert. L'enfant qu'elle a porté, la petite Visenya à laquelle elle a donné la vie, elle grandira sans jamais connaitre Westeros et elle sera préservée des regards mi-admiratifs, mi-effrayés par ce qu'ils sont, pas la puissance qu'ils possèdent lorsqu'ils montent leurs superbes dragons. Un jour, la jeune Rhaenyra avait dit qu'ils n'étaient pas différent sans leurs dragons mais elle sait aujourd'hui, avec le recul et en étudiant l'histoire, qu'elle a eu tort. Ils sont et seront toujours différents. Ce n'est pas qu'un aspect physique qui les rend à part, c'est quelque chose à l'intérieur d'eux, dans leur sang. Peut-être est-ce la magie de l'Ancienne Valyria qui coule encore dans leurs veines, celle qui autrefois leur permit de se lier aux premiers dragons. Ou peut-être est-ce tout bonnement leur culture. Ou alors ce feu qui brûle en chacun d'eux et que certains ont plus de mal à maitriser que d'autres lorsqu'ils s'enflamment plus aisément que d'autres.
Désormais, celle qui fut la Reine Noire, ne doit plus rien aux Sept Couronnes. La Chanson de la Glace et du Feu pour laquelle elle a tant sacrifié n'est plus et le continent n'a plus rien à lui apporter. Meereen lui offre une vie plus douce depuis cinq lunes, un bonheur dont elle accepte chaque instant sans rechigner. La douceur des lieux lui rappelle les années qui précédèrent la guerre, celle où elle vécut dans l'attente du jour où elle serait appelée à devenir reine et durant lesquelles il y eut plus de joie que de tracas. Elle se souvient précisément de son mariage, elle se souvient des temps troublés qui ont suivi car si elle et Daemon ont su comment s'accorder immédiatement, ce ne fut pas le cas des enfants. Tous ne furent pas aussi enchantés de voir leurs parents se remarier que ne le furent Daemon et Rhaenyra de se lier par le sang à la manière des valyriens. Pourtant, si on lui demande aujourd'hui, la princesse se souvient de cette époque comme l'une des plus heureuses de son existence précédente car en fin de compte, ils ont su faire fonctionner leur famille, aussi brisée fut-elle, ils sont parvenus à fonctionner ensemble et trouver un réconfort et un soutien les uns chez les autres. Elle s'est toujours trouvée fière de voir leur petite famille plus unie que celle d'Alicent ne le fut jamais. Plus encore, elle s'est trouvée fière et heureuse chaque fois qu'elle eut portée un nouvel enfant. La grossesse d'Aegon fut, à son origine, plus difficilement accueillie par Rhaena mais en fin de compte, personne ne fut malheureux de l'arrivée de l'enfant. Encore moins Rhaenyra qui fut prise d'une immense fierté à donner la vie à un nouveau fils, un fils valyrien qui partage son sang et celui de Daemon. Quelle ne fut pas sa joie de donner enfin à son oncle un fils, son premier fils. Elle n'a jamais pu être celle qui fit de lui un père et elle a, depuis longtemps, fait la paix avec cela mais lui donner un fils l'eut rempli d'une fierté toute particulière.
Cette nouvelle, Rhaenyra espère, sera portée par autant de joie et de bonheur que celles à Peyredragon. L'absence de Rhaena se fait sentir, elle songe à elle par moment, elle guette parfois la porte lorsqu'ils se retrouvent tous et que son visage manque à l'appel mais jamais elle ne vient. Son absence est lourde, elle laisse un vide encore en elle et malgré cela, son cœur semble moins torturé, moins douloureux de jour en jour. Malgré tout, elle n'oublie pas.
Rhaenyra n'oublie rien.
Voilà quelques nuits désormais qu'elle dort mal, que ses rêves sont agités et qu'elle revoit aisément son Joffrey sur le dos de Syrax, son Joffrey qui chute et disparait entre les toits des maisons port-réalaises. Elle sent encore le goût de la cendre sur sa langue, elle entend encore les cris qui agitent la ville tandis qu'elle la perd lentement et qu'elle est paralysée, incapable d'agir, incapable d'agir sans l'avis de ses conseillers qui la pressent de fuir après la mort de son avant-dernier fils. Daemon est parti, Daemon n'est jamais revenu. Joffrey s'en est allé et en même temps, Syrax dont le lien s'est éteint pour la première fois, laissant un énorme vide dans son âme qu'elle ne sait combler. La peur lui déchire les entrailles. You have their blood on your hands, lui dit quelque fois Alicent lorsqu'elles observent ensemble les corps inanimés des victimes. D'abord Lucerys puis le petit Jaehaerys. Ensuite Rhaenys, Jacaerys, Maelor, Helaena, Joffrey et quelques fois, Aemond ou Daeron se joignent à ces morts depuis qu'elle sait ce qu'il est advenu d'eux. Plus rarement, elle y voit Daemon. Puis, lorsqu'elle s'éveille de ses cauchemars, la valyrienne trouve seulement la chaleur réconfortante de son prince, aucune ville en flammes, aucune cendre qui tombe du ciel, seulement les bras rassurant de Daemon.
Pourtant, il n'y aucun doute sur l'origine de ces cauchemars, ce qui les a éveille à nouveau en elle : ses fils qu'elle a vu escalader la pyramide de Meereen. Par une fois déjà, elle les a perdu et la crainte de voir ses enfants lui être arrachés à nouveau ne la quitte plus depuis le jour où Luke est arrivé à Peyredragon au milieu d'une tempête et qu'elle l'a serré dans ses bras avec fermeté. Lorsqu'elle a vu Joffrey en haut de la pyramide, si haut au dessus du vide, son cœur s'est arrêté de battre un moment. Elle s'est retrouvée paralysée par la peur, la même peur dévorante qu'elle a connu par la guerre et si aisément, elle a revu son fils sur le dos de Syrax, alors même qu'elle voyait Port-Réal s'enflammer et se tourner contre elle, elle a revu son petit corps chuter à nouveau. Et Jace... Oh son ainé, son cœur ne s'est-il pas brisé davantage quand on lui a annoncé sa mort ? Ne s'est-elle pas brisée davantage ? Et entre les fragments de ce qu'il restait d'elle, elle a su trouver une colère et une rage dévorante, une que nul n'a pu faire taire car la mort de son premier enfant, en même temps que la disparition de Viserys, a changé à jamais la reine qu'elle fut. Après cela, elle ne fut plus capable de faire preuve de miséricorde, de faire preuve de raison et elle cessa tout compromis alors que sur les cinq enfants qu'elle avait porté dans ce monde, seuls deux restaient encore à ses côtés. Aujourd'hui, elle sait que cette rage enflammée qui l'a animé autrefois existe encore, elle est toujours en elle et elle la contient mais le pourra-t'elle encore si l'un de ses fils venaient à lui être arraché encore une fois ?
La nuit qui a suivi la terrifiante découverte, alors qu'elle fut seulement capable de s'animer pour les réprimander, son corps tremblant de peur, car elle ne pouvait pas rester paralysée en l'absence de Daemon, elle s'est effondrée. Avec calme, elle a conté à son prince les actes de leurs fils mais lorsqu'ils se sont étendus dans les draps de soie pour dormir, elle s'est réfugiée dans ses bras et silencieusement, elle y a pleuré. Elle a pleuré jusqu'à s'endormir alors que dans le silence de ses sanglots, Daemon a caressé ses cheveux pour l'apaiser, la rassurer, lui assurer sa présence. I'm so scared to lose them again, a-t'elle murmuré avec son visage enfoui dans son cou. Il n'a pas faibli, à aucun moment, il s'est tenu près d'elle toute la nuit et il ne l'a pas abandonné, il n'a pas fui comme elle lui a reproché de l'avoir fait pendant la Danse des Dragons où il a fui pendant qu'elle s'est efforcée de l'envoyer au loin, trop fatiguée, trop épuisée pour supporter ses colères et ses reproches, incapable de livrer une bataille au sein de son mariage quand tout s'écroulait déjà autour d'eux. Ils ont laissé cela derrière eux, Daemon est là désormais et il l'a bercé contre elle sans faillir jusqu'à ce qu'elle trouve le sommeil et même lorsqu'un cauchemar l'a éveillé, il a resserré son emprise autour d'elle comme pour la rassurer de sa présence et si elle n'est pas parvenue à se rendormir, elle a tout de même fermé les yeux pour se laisser porter par son odeur de braises et de cendres qui lui est si familière, par sa chaleur contre elle et la force de ses bras qui l'ont toujours protégé. Même lorsqu'elle a douté de lui, dès lors qu'ils se sont unis sous le regard de leurs dieux, il n'a jamais rien fait d'être que de la protéger, elle, son héritage et leurs enfants.
Depuis, plusieurs jours se sont écoulés. Malgré la terreur, quelle terrible punition a-t'elle trouvé à ses enfants ? Elle ne peut laisser reposer sur leurs jeunes épaules le poids de ses craintes les plus terribles et elle ne peut les enfermer pour toujours dans les appartements de la Grande Pyramide de Meereen. À Jacaerys, elle a ordonné de suivre Viserys dans son voyage à travers les Cités Libres, de le conduire où il le voudrait. Ce n'est pas seulement pour l'ennuyer, elle sait qu'il trouvera quelques enseignements dans ces voyages et qu'il y a trouvera aussi une occupation qu'il n'a pas à Meereen car il est vrai que la liberté dont ils jouissent est douce mais aussi que sans but, sans objectif, ses enfants tournent en rond au même titre que Daemon. Il tient bon, elle le voit, mais elle sait qu'il sera bientôt comme un dragon enchainé s'ils restent ici indéfiniment. Elle aussi, elle finira par s'éteindre, ennuyée par une vie trop calme, sans aucun but, sans aucune responsabilité si ce n'est celle de veiller à ses enfants. Daemon est un guerrier et elle, bien qu'elle soit une mère et une épouse, a été élevée pour régner et ses rêves d'enfant se ramènent parfois à elle, lui rappelant qu'elle a un jour désiré créer un nouvel ordre, un monde dans lequel elle serait libre d'être d'avancer sans veiller qu'à chacun de ses pas, elle n'écrase les valeurs morales d'un seigneur, les croyances religieuses d'un autre, l'égo d'un troisième. Un monde dans lequel être une femme ne s'accompagnera pas d'immenses sacrifices, dans lequel être une femme ne sera pas un fardeau et qu'avoir des enfants ne sera pas un devoir. Elle veut un monde dans lequel elle ne sera pas forcée d'arracher un enfant à son corps pour prendre sa place de reine, pour ne pas être diminuée au moment qu'elle a attendu toute sa vie, vécue dans l'attente de la mort de son père, du jour où on l'appellerait pour régner.
Ses pensées l'occupent, l'empêche de tomber dans une routine qu'elle n'aimera pas mais ses enfants n'ont pas ces occupations. Alors maintenant que Jacaerys s'en est allé avec son frère, le moment de trouver comment occuper Joffrey vient. Elle l'a gardé à l'œil, ces derniers jours, le forçant à rester près d'elle ou près d'un de ses frères. Cela ne peut durer et elle sait qu'il a trouvé un véritable plaisir avec les saltimbanques qu'il a suivi durant une année, ce sont des artistes dont elle a besoin, quelques hommes et femmes capables non pas d'apprendre à Joffrey comme elle apprit elle-même quelques notions de musique et de chant au cours de son enfance mais qui puissent lui enseigner des tours plus amusants, plus vulgaires. Moins dignes d'un prince, aurait pensé certains à Westeros mais ils ne s'y trouvent plus et il lui appartient à elle, seulement à elle, de décider de ce que ses plus jeunes enfants apprendront du monde ou non.
La jeune Visenya dans ses bras, la pressant contre sa poitrine, Rhaenyra observe les fresques sculptées dans la pierre et peinte de mille couleurs de la pyramide alors que le bébé dévore ses doigts de ses gencives encore sans dents. Sa contemplation de l'histoire de Meereen cesse lorsque la porte s'ouvre pour laisser entrer un garde et un homme portant un luth sous le bras. Elle croise son regard, il semble la supplier alors elle réprime un sourire, contrairement à son enfant qui a pris l'habitude de sourire aux visages qu'elle rencontre, tout en bavant sur la délicate robe qu'elle porte. Elle sursaute lorsqu'il frappe dans ses mains, la mère baisse les yeux vers sa fille mais celle-ci sourit à nouveau. Elle est trop jeune pour rire véritablement mais elle voit à son expression qu'elle n'est pas dérangée par la situation. Elle se souvient de Jacaerys, au même âge, elle s'est trouvée plus maladroite avec lui et a craint à chaque instant de le faire tomber, de le blesser et pourtant, elle a naturellement su ce dont son fils avait besoin lorsqu'il pleurait et que nul ne savait le calmer. Elle se souvient que quelques fois, aucune des nourrices ne savait le calmer car un enfant a besoin de ses parents, de l'amour d'une mère ou d'un père et seuls ses bras savaient apaiser les cris du jeune Jace. Parfois, ce fut la présence de Laenor qu'il désira et quand ni elle ni Laenor ne savaient le faire taire, il leur fallut trouver quelques excuses pour quitter la nurserie jusqu'à ses appartements, pour qu'Harwin puisse prendre son enfant contre lui et qu'il y trouve le sommeil. Luke fut plus aisé à calmer, moins capricieux tant qu'il trouvait près de lui un être aimé et enfin, Joffrey fut le moins sauvage, prêt à s'endormir dans n'importe quelle paire de bras. Elle n'oublie pas la première fois qu'elle l'a confié aux bras de Lucerys qui parvint à l'endormir avec aisance, la première fois que Jace put le prendre et comment il apprit, au fil des lunes, à se sentir plus à l'aise avec son jeune frère entre ses mains.
Désormais, ils sont tous assez grands pour bercer Visenya sans crainte et il n'est pas rare qu'elle trouve l'un de ses enfants près du berceau durant la nuit, tentant de calmer ses pleurs pour la soulager de cette charge. Jamais elle n'est sentie plus fière de la manière dont ils prennent soin les uns des autres, la manière dont ils sont soudés malgré leurs différents et leurs disputes. Bien sûr, elle n'ignore pas que son ainé doit lui en vouloir à cet instant de l'avoir envoyé à l'autre bout du continent avec Viserys mais elle sait aussi que les deux frères savent se trouver quelques points communs lorsque cela est nécessaire.
« — īlva henujagon. »
(Leave us.)
Rhaenyra demande au garde après avoir écouté les paroles du musicien-comédien mais elle reste impassible, ses yeux aux teintes violettes l'observent avec attention. Elle attend qu'ils soient seuls dans le couloir pour lui adresser un nouvelle fois la parole.
« — Follow me, Syrodos Naerin. »
Il lui arrive au moment opportun où elle se doit de trouver quelques occupations pour le plus jeune de ses fils car s'il est le troisième né, il est aujourd'hui le plus jeune d'entre eux. Elle le conduit vers le salon de ses appartements, celui qui lie entre elles les chambres de sa famille.
« — You look very out of breath. Come, take a glass of wine to put yourself together. »
D'un geste, elle désigne la table où un carafe de vin myrien n'attend que d'être vidée alors qu'elle prend place l'un des canapés qui l'encerclent.
« — You're a musician and a comedian, is that it? Would you care to play us something? Babies are very good judges when it comes to music. »
Pas un jour ne s'écoule sans que Rhaenyra n'y songe. Le passé est ancré profondément en elle et si elle est déterminée à ne pas le laisser la définir, elle ne peut pas oublier. Il y a des choses qu'on n'oublie jamais, or Rhaenyra de la maison Targaryen, d'ordinaire, oublie rarement les insultes et les offenses alors les trahisons, les crimes commis contre elle, contre ses enfants, la manière dont le royaume s'est déchiré, elle ne peut pas oublier. Elle ne le pourra jamais. C'est parce que Westeros lui rappelle, à chaque seconde, la guerre qui l'opposa à son demi-frère et à sa mère qu'elle ne peut plus y vivre, qu'elle ne peut pas avancer. Elle a cru en être capable, elle a pensé qu'elle aurait la force d'aller de l'avant mais rapidement, elle a réalisé qu'où qu'elle soit, savoir ses anciens ennemis en vie lui est insupportable, elle a réalisé qu'elle ne peut entendre le nom des maisons qui lui ont tourné le dos sans désirer faire payer les descendants pour les crimes de leur aïeux et elle a réalisé que la paranoïa a été incapable de la quitter durant le temps passé au tournoi de Roche-aux-Runes, entourée à la fois d'alliés, d'ennemis et d'inconnus, elle a craint des trahisons de ceux qui lui étaient proches, elle a redouté des coups de poignard de ses ennemis et elle s'est méfiée du regard intrigué des étrangers.
La reine Visenya trouve peut-être encore sa place au sein de Westeros ou peut-être que son arrogance l'empêche-t'elle de voir la vérité qui a frappé Rhaenyra lors de ce tournoi : les Sept Couronnes n'ont pas besoin des Targaryen. Ils n'ont pas leur place parmi eux, ils ne l'ont jamais eu. Quand elle songe à son enfance, elle se souvient de la difficulté à concilier ses deux cultures, trop valyrienne pour les ouestriens et trop oustrienne pour se revendiquer pleinement de l'héritage de Valyria. Il n'est pas aisé d'être les derniers survivants d'une civilisation disparue, de porter les derniers vestiges d'une culture si différente et à part dans un royaume où l'héritage des Andals et des Premiers Hommes sont encore très présents. Ils n'ont pas leur place là-bas. Les Sept Couronnes ont vécu bien longtemps sans les Targaryen et si Visenya fait le choix de reprendre ce qui fut à eux pendant un temps, la princesse Rhaenyra choisit de préserver sa famille d'une nouvelle guerre. Ils ont assez souffert. Elle a assez souffert. L'enfant qu'elle a porté, la petite Visenya à laquelle elle a donné la vie, elle grandira sans jamais connaitre Westeros et elle sera préservée des regards mi-admiratifs, mi-effrayés par ce qu'ils sont, pas la puissance qu'ils possèdent lorsqu'ils montent leurs superbes dragons. Un jour, la jeune Rhaenyra avait dit qu'ils n'étaient pas différent sans leurs dragons mais elle sait aujourd'hui, avec le recul et en étudiant l'histoire, qu'elle a eu tort. Ils sont et seront toujours différents. Ce n'est pas qu'un aspect physique qui les rend à part, c'est quelque chose à l'intérieur d'eux, dans leur sang. Peut-être est-ce la magie de l'Ancienne Valyria qui coule encore dans leurs veines, celle qui autrefois leur permit de se lier aux premiers dragons. Ou peut-être est-ce tout bonnement leur culture. Ou alors ce feu qui brûle en chacun d'eux et que certains ont plus de mal à maitriser que d'autres lorsqu'ils s'enflamment plus aisément que d'autres.
Désormais, celle qui fut la Reine Noire, ne doit plus rien aux Sept Couronnes. La Chanson de la Glace et du Feu pour laquelle elle a tant sacrifié n'est plus et le continent n'a plus rien à lui apporter. Meereen lui offre une vie plus douce depuis cinq lunes, un bonheur dont elle accepte chaque instant sans rechigner. La douceur des lieux lui rappelle les années qui précédèrent la guerre, celle où elle vécut dans l'attente du jour où elle serait appelée à devenir reine et durant lesquelles il y eut plus de joie que de tracas. Elle se souvient précisément de son mariage, elle se souvient des temps troublés qui ont suivi car si elle et Daemon ont su comment s'accorder immédiatement, ce ne fut pas le cas des enfants. Tous ne furent pas aussi enchantés de voir leurs parents se remarier que ne le furent Daemon et Rhaenyra de se lier par le sang à la manière des valyriens. Pourtant, si on lui demande aujourd'hui, la princesse se souvient de cette époque comme l'une des plus heureuses de son existence précédente car en fin de compte, ils ont su faire fonctionner leur famille, aussi brisée fut-elle, ils sont parvenus à fonctionner ensemble et trouver un réconfort et un soutien les uns chez les autres. Elle s'est toujours trouvée fière de voir leur petite famille plus unie que celle d'Alicent ne le fut jamais. Plus encore, elle s'est trouvée fière et heureuse chaque fois qu'elle eut portée un nouvel enfant. La grossesse d'Aegon fut, à son origine, plus difficilement accueillie par Rhaena mais en fin de compte, personne ne fut malheureux de l'arrivée de l'enfant. Encore moins Rhaenyra qui fut prise d'une immense fierté à donner la vie à un nouveau fils, un fils valyrien qui partage son sang et celui de Daemon. Quelle ne fut pas sa joie de donner enfin à son oncle un fils, son premier fils. Elle n'a jamais pu être celle qui fit de lui un père et elle a, depuis longtemps, fait la paix avec cela mais lui donner un fils l'eut rempli d'une fierté toute particulière.
Cette nouvelle, Rhaenyra espère, sera portée par autant de joie et de bonheur que celles à Peyredragon. L'absence de Rhaena se fait sentir, elle songe à elle par moment, elle guette parfois la porte lorsqu'ils se retrouvent tous et que son visage manque à l'appel mais jamais elle ne vient. Son absence est lourde, elle laisse un vide encore en elle et malgré cela, son cœur semble moins torturé, moins douloureux de jour en jour. Malgré tout, elle n'oublie pas.
Rhaenyra n'oublie rien.
Voilà quelques nuits désormais qu'elle dort mal, que ses rêves sont agités et qu'elle revoit aisément son Joffrey sur le dos de Syrax, son Joffrey qui chute et disparait entre les toits des maisons port-réalaises. Elle sent encore le goût de la cendre sur sa langue, elle entend encore les cris qui agitent la ville tandis qu'elle la perd lentement et qu'elle est paralysée, incapable d'agir, incapable d'agir sans l'avis de ses conseillers qui la pressent de fuir après la mort de son avant-dernier fils. Daemon est parti, Daemon n'est jamais revenu. Joffrey s'en est allé et en même temps, Syrax dont le lien s'est éteint pour la première fois, laissant un énorme vide dans son âme qu'elle ne sait combler. La peur lui déchire les entrailles. You have their blood on your hands, lui dit quelque fois Alicent lorsqu'elles observent ensemble les corps inanimés des victimes. D'abord Lucerys puis le petit Jaehaerys. Ensuite Rhaenys, Jacaerys, Maelor, Helaena, Joffrey et quelques fois, Aemond ou Daeron se joignent à ces morts depuis qu'elle sait ce qu'il est advenu d'eux. Plus rarement, elle y voit Daemon. Puis, lorsqu'elle s'éveille de ses cauchemars, la valyrienne trouve seulement la chaleur réconfortante de son prince, aucune ville en flammes, aucune cendre qui tombe du ciel, seulement les bras rassurant de Daemon.
Pourtant, il n'y aucun doute sur l'origine de ces cauchemars, ce qui les a éveille à nouveau en elle : ses fils qu'elle a vu escalader la pyramide de Meereen. Par une fois déjà, elle les a perdu et la crainte de voir ses enfants lui être arrachés à nouveau ne la quitte plus depuis le jour où Luke est arrivé à Peyredragon au milieu d'une tempête et qu'elle l'a serré dans ses bras avec fermeté. Lorsqu'elle a vu Joffrey en haut de la pyramide, si haut au dessus du vide, son cœur s'est arrêté de battre un moment. Elle s'est retrouvée paralysée par la peur, la même peur dévorante qu'elle a connu par la guerre et si aisément, elle a revu son fils sur le dos de Syrax, alors même qu'elle voyait Port-Réal s'enflammer et se tourner contre elle, elle a revu son petit corps chuter à nouveau. Et Jace... Oh son ainé, son cœur ne s'est-il pas brisé davantage quand on lui a annoncé sa mort ? Ne s'est-elle pas brisée davantage ? Et entre les fragments de ce qu'il restait d'elle, elle a su trouver une colère et une rage dévorante, une que nul n'a pu faire taire car la mort de son premier enfant, en même temps que la disparition de Viserys, a changé à jamais la reine qu'elle fut. Après cela, elle ne fut plus capable de faire preuve de miséricorde, de faire preuve de raison et elle cessa tout compromis alors que sur les cinq enfants qu'elle avait porté dans ce monde, seuls deux restaient encore à ses côtés. Aujourd'hui, elle sait que cette rage enflammée qui l'a animé autrefois existe encore, elle est toujours en elle et elle la contient mais le pourra-t'elle encore si l'un de ses fils venaient à lui être arraché encore une fois ?
La nuit qui a suivi la terrifiante découverte, alors qu'elle fut seulement capable de s'animer pour les réprimander, son corps tremblant de peur, car elle ne pouvait pas rester paralysée en l'absence de Daemon, elle s'est effondrée. Avec calme, elle a conté à son prince les actes de leurs fils mais lorsqu'ils se sont étendus dans les draps de soie pour dormir, elle s'est réfugiée dans ses bras et silencieusement, elle y a pleuré. Elle a pleuré jusqu'à s'endormir alors que dans le silence de ses sanglots, Daemon a caressé ses cheveux pour l'apaiser, la rassurer, lui assurer sa présence. I'm so scared to lose them again, a-t'elle murmuré avec son visage enfoui dans son cou. Il n'a pas faibli, à aucun moment, il s'est tenu près d'elle toute la nuit et il ne l'a pas abandonné, il n'a pas fui comme elle lui a reproché de l'avoir fait pendant la Danse des Dragons où il a fui pendant qu'elle s'est efforcée de l'envoyer au loin, trop fatiguée, trop épuisée pour supporter ses colères et ses reproches, incapable de livrer une bataille au sein de son mariage quand tout s'écroulait déjà autour d'eux. Ils ont laissé cela derrière eux, Daemon est là désormais et il l'a bercé contre elle sans faillir jusqu'à ce qu'elle trouve le sommeil et même lorsqu'un cauchemar l'a éveillé, il a resserré son emprise autour d'elle comme pour la rassurer de sa présence et si elle n'est pas parvenue à se rendormir, elle a tout de même fermé les yeux pour se laisser porter par son odeur de braises et de cendres qui lui est si familière, par sa chaleur contre elle et la force de ses bras qui l'ont toujours protégé. Même lorsqu'elle a douté de lui, dès lors qu'ils se sont unis sous le regard de leurs dieux, il n'a jamais rien fait d'être que de la protéger, elle, son héritage et leurs enfants.
Depuis, plusieurs jours se sont écoulés. Malgré la terreur, quelle terrible punition a-t'elle trouvé à ses enfants ? Elle ne peut laisser reposer sur leurs jeunes épaules le poids de ses craintes les plus terribles et elle ne peut les enfermer pour toujours dans les appartements de la Grande Pyramide de Meereen. À Jacaerys, elle a ordonné de suivre Viserys dans son voyage à travers les Cités Libres, de le conduire où il le voudrait. Ce n'est pas seulement pour l'ennuyer, elle sait qu'il trouvera quelques enseignements dans ces voyages et qu'il y a trouvera aussi une occupation qu'il n'a pas à Meereen car il est vrai que la liberté dont ils jouissent est douce mais aussi que sans but, sans objectif, ses enfants tournent en rond au même titre que Daemon. Il tient bon, elle le voit, mais elle sait qu'il sera bientôt comme un dragon enchainé s'ils restent ici indéfiniment. Elle aussi, elle finira par s'éteindre, ennuyée par une vie trop calme, sans aucun but, sans aucune responsabilité si ce n'est celle de veiller à ses enfants. Daemon est un guerrier et elle, bien qu'elle soit une mère et une épouse, a été élevée pour régner et ses rêves d'enfant se ramènent parfois à elle, lui rappelant qu'elle a un jour désiré créer un nouvel ordre, un monde dans lequel elle serait libre d'être d'avancer sans veiller qu'à chacun de ses pas, elle n'écrase les valeurs morales d'un seigneur, les croyances religieuses d'un autre, l'égo d'un troisième. Un monde dans lequel être une femme ne s'accompagnera pas d'immenses sacrifices, dans lequel être une femme ne sera pas un fardeau et qu'avoir des enfants ne sera pas un devoir. Elle veut un monde dans lequel elle ne sera pas forcée d'arracher un enfant à son corps pour prendre sa place de reine, pour ne pas être diminuée au moment qu'elle a attendu toute sa vie, vécue dans l'attente de la mort de son père, du jour où on l'appellerait pour régner.
Ses pensées l'occupent, l'empêche de tomber dans une routine qu'elle n'aimera pas mais ses enfants n'ont pas ces occupations. Alors maintenant que Jacaerys s'en est allé avec son frère, le moment de trouver comment occuper Joffrey vient. Elle l'a gardé à l'œil, ces derniers jours, le forçant à rester près d'elle ou près d'un de ses frères. Cela ne peut durer et elle sait qu'il a trouvé un véritable plaisir avec les saltimbanques qu'il a suivi durant une année, ce sont des artistes dont elle a besoin, quelques hommes et femmes capables non pas d'apprendre à Joffrey comme elle apprit elle-même quelques notions de musique et de chant au cours de son enfance mais qui puissent lui enseigner des tours plus amusants, plus vulgaires. Moins dignes d'un prince, aurait pensé certains à Westeros mais ils ne s'y trouvent plus et il lui appartient à elle, seulement à elle, de décider de ce que ses plus jeunes enfants apprendront du monde ou non.
La jeune Visenya dans ses bras, la pressant contre sa poitrine, Rhaenyra observe les fresques sculptées dans la pierre et peinte de mille couleurs de la pyramide alors que le bébé dévore ses doigts de ses gencives encore sans dents. Sa contemplation de l'histoire de Meereen cesse lorsque la porte s'ouvre pour laisser entrer un garde et un homme portant un luth sous le bras. Elle croise son regard, il semble la supplier alors elle réprime un sourire, contrairement à son enfant qui a pris l'habitude de sourire aux visages qu'elle rencontre, tout en bavant sur la délicate robe qu'elle porte. Elle sursaute lorsqu'il frappe dans ses mains, la mère baisse les yeux vers sa fille mais celle-ci sourit à nouveau. Elle est trop jeune pour rire véritablement mais elle voit à son expression qu'elle n'est pas dérangée par la situation. Elle se souvient de Jacaerys, au même âge, elle s'est trouvée plus maladroite avec lui et a craint à chaque instant de le faire tomber, de le blesser et pourtant, elle a naturellement su ce dont son fils avait besoin lorsqu'il pleurait et que nul ne savait le calmer. Elle se souvient que quelques fois, aucune des nourrices ne savait le calmer car un enfant a besoin de ses parents, de l'amour d'une mère ou d'un père et seuls ses bras savaient apaiser les cris du jeune Jace. Parfois, ce fut la présence de Laenor qu'il désira et quand ni elle ni Laenor ne savaient le faire taire, il leur fallut trouver quelques excuses pour quitter la nurserie jusqu'à ses appartements, pour qu'Harwin puisse prendre son enfant contre lui et qu'il y trouve le sommeil. Luke fut plus aisé à calmer, moins capricieux tant qu'il trouvait près de lui un être aimé et enfin, Joffrey fut le moins sauvage, prêt à s'endormir dans n'importe quelle paire de bras. Elle n'oublie pas la première fois qu'elle l'a confié aux bras de Lucerys qui parvint à l'endormir avec aisance, la première fois que Jace put le prendre et comment il apprit, au fil des lunes, à se sentir plus à l'aise avec son jeune frère entre ses mains.
Désormais, ils sont tous assez grands pour bercer Visenya sans crainte et il n'est pas rare qu'elle trouve l'un de ses enfants près du berceau durant la nuit, tentant de calmer ses pleurs pour la soulager de cette charge. Jamais elle n'est sentie plus fière de la manière dont ils prennent soin les uns des autres, la manière dont ils sont soudés malgré leurs différents et leurs disputes. Bien sûr, elle n'ignore pas que son ainé doit lui en vouloir à cet instant de l'avoir envoyé à l'autre bout du continent avec Viserys mais elle sait aussi que les deux frères savent se trouver quelques points communs lorsque cela est nécessaire.
« — īlva henujagon. »
(Leave us.)
Rhaenyra demande au garde après avoir écouté les paroles du musicien-comédien mais elle reste impassible, ses yeux aux teintes violettes l'observent avec attention. Elle attend qu'ils soient seuls dans le couloir pour lui adresser un nouvelle fois la parole.
« — Follow me, Syrodos Naerin. »
Il lui arrive au moment opportun où elle se doit de trouver quelques occupations pour le plus jeune de ses fils car s'il est le troisième né, il est aujourd'hui le plus jeune d'entre eux. Elle le conduit vers le salon de ses appartements, celui qui lie entre elles les chambres de sa famille.
« — You look very out of breath. Come, take a glass of wine to put yourself together. »
D'un geste, elle désigne la table où un carafe de vin myrien n'attend que d'être vidée alors qu'elle prend place l'un des canapés qui l'encerclent.
« — You're a musician and a comedian, is that it? Would you care to play us something? Babies are very good judges when it comes to music. »
by CrimsonTulip
— What did it cost?
— Everything.
Invité
×
the tragicomedy of a clown
The king called on the kingdom to gather all their best. To slay a mighty dragon because it was his pest. A strange little man came forth to request a deft assist. But the girl was quite reluctant.
The story had a twist.
The story had a twist.
Pénétrer cet endroit semblait profondément incorrect pour quelqu’un comme Syrodos. S’il n’avait pas été un paria de la société, l’artiste savait aussi que son cœur et son âme, il les donnerait toujours au peuple à qu’il devait tant. Aucun seigneur, ni aucun roi ne l’avait jamais enrichi et de toute façon, ses chansons, il ne leur dédiait que pour s’en moquer. N’avait-il pas écrit toute une satire pour se moquer de l’histoire des cinq rois de Westeros ?
“As you wish my ladies. Let me just one second.”
Et une seconde fut exactement ce qu’il lui fallut pour que Syrodos accorda son instrument comme il le fallait. Oh, il lui arrivait de jouer avec son luth légèrement désaccordé et pourtant, personne ne pouvait réellement dire la différence tant cet homme connaissait son art. Ce soir n’était pas un de ceux où il s’accorderait quelques folies, en revanche. Premièrement parce que le tout petit enfant entre les bras de la femme face à lui méritait bien mieux qu’une performance de ce genre, et ensuite parce qu’une chanson lui vint à l’esprit instantanément.
“This is a song my master learned from his master and so on. It is said its writer was from old Valyria.”
Syrodos n’était pas valyrien, cela, il le savait. Il était de Braavos et ses parents, bien qu’il ne les ait jamais connus, venaient également de la lagune aux Cent Îles. Il avait été recueilli si petit qu’il n’avait aucune idée des traits de sa mère et bien moins encore ceux de son père. Personne n’avait jamais su rien lui dire sur eux et si, dans son enfance, il s’était retrouvé peiné face à cette constatation, les arts qu’il avait appris de Tyberion Naerin avaient été autrement plus importants que quelques fantômes que le garçon ne reverrait jamais. Il avait alors laissé son nom d’enfant derrière lui pour adopter sȳrī ōdrio naenie riñe, Syrodos Naerin et depuis, l’homme avait été incapable de se souvenir de la façon dont on l’appelait auparavant.
Ses paupières se fermèrent alors, tandis que ses doigts pincèrent les premières notes et de ses lèvres se déversèrent des paroles qu’il connaissait sur le bout des doigts quoiqu’il n’interprétât pas souvent cette chanson. Chaque mot avait une saveur presque solennelle car ils sonnaient comme le glas de la dernière performance de son maître, celle qu’il avait donné avant de tomber si malade que personne n’avait rien pu faire. S’il avait connu Vellosha Iranyris en ce temps, Syrodos l’aurait sûrement supplié à genoux de lui venir en aide, pourtant, la myrienne ne faisait pas encore partie de sa vie. Hélas.
The king called on the kingdom to gather all their best
To slay a mighty dragon because it was his pest
A strange little man came forth to request a deft assist
But the girl was quite reluctant, the story had a twist
Ses doigts se firent alors plus rapides, se déplaçant d’un accord à l’autre comme s’il s’agissait d’une seconde nature. Il y avait quelque chose de nostalgique derrière ces mots, comme s'ils appartenaient à quelqu'un d'autre et ce sentiment étaient démultiplié par l'infini des possibilités que représentait les artistes. Ils s'appliquaient à des milliers et pourtant, à cet instant précis, entre les murs de Meereen, ce fut comme s'ils avaient été écrit pour cette reine d'antan. Car Syrodos ne pouvait exactement savoir ni comprendre mais cette femme n'était pas une simple femme, ses prétentions allaient trop loin pour n'être qu'un nom de plus entre les murs d'un palais.
The Crimson One with the scarlet rules
Two valyrian warrior with golden souls
More dazzling than all the jewels
Oh, they showed us we're all fools
They showed us we're all fools
Oh, we're just fools
The old little man fell swiftly off a cliff and to his death
We sadly mourned the loss, thought we'd witnessed his last breath
But then he breathed some fire on the goon that came his way
'Cause he was a crimson dragon, not a man with temples gray, oh
Il lui semblait que le destin se faisait différent à mesure qu'il jouait, son rythme suivant chaque vers avec une précision imbattable. Il n'était pas dans les habitudes de Syrodos de donner une piètre performance, cependant, le Rossignol donnait bien plus et bien mieux qu'il n'avait fait auparavant. Aucun surjeu ne venait parasiter sa performance d'un humilité presque surprenante qui aurait pu désarçonner ceux qui le connaissait.
The Crimson One with the scarlet rules
Two valyrian warrior with golden souls
More dazzling than all the jewels
Oh, they showed us we're all fools
They showed us we're all fools
Oh, we're just fools
Les dernières notes pincées avaient été douces, emplit d'une délicatesse qui annonçait la fin d'une performance et lentement, Syrodos s'inclina en souriant largement. Il lui fallait admettre qu'il se trouvait ému, actuellement, mais le spectacle devait continuer et son sourire s'étira lentement en une source inépuisable de malice. Dans ses yeux, cependant, brillait quelque chose de différent, comme un sérieux qu'on ne devinait pas sur ses traits fins marqués d'une petite moustache qui, à elle seule, semblait se moquer de tous.
“Was my performance worth the little lady's time?” demanda-t-il alors, non pas à la mère mais à la minuscule enfant qu'elle portait entre ses bras. Il n'était pas rare que les enfants soient témoins de ses frasques musicales et il fallait dire que Syrodos avait toujours eut une facilité avec eux, sûrement parce qu'il n'avait pas exactement grandi. Ou alors que son métier impliquait qu'il soit bon avec eux autant qu'avec les adultes. Puis son regard clair tomba dans celui de Rhaenyra un instant, insondable comme s'il s'agissait de deux vieux yeux et pourtant...
by CrimsonTulip