Lune 12, 875 AC. L'été est là, le petit peuple se réjouit alors que les seigneurs s'inquiètent à l'heure où un nouveau roi vient d'être couronné en la personne de Maegor I Targaryen.
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seein' you tonight, it's a bad idea, right? (ft. Syrodos)
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Ce qu'elle préférait à rester parmi le commun du peuple, c'était le chaos. Non pas le chaos qui détruisait des civilisations, mais le chaos rudimentaire d'un tas de personnes qui forment un tout. Entendre les commerçants parler fort pour attirer des personnes et leur vendre des marchandises, voir des enfants courir les uns après les autres, constater que deux ivrognes se disputent plus loin. Si pour certaines personnes, autant de mouvement pouvait être drainant ─ ce qu'elle comprenait aisément ─, Vellosha trouvait son énergie dans ce chaos qui résidait autour d'elle. C'était presque comme si elle s'en nourrissait. Par contre, sa magie ne fonctionnait pas de la même manière, ce qui était dommage, sinon elle aurait pu utiliser ses pouvoirs sans jamais sourciller. Mais chaque blessure soignée avait un coût, qu'elle arrivait, jusqu'à présent, à limiter à elle-même. Elle était presque sûre qu'un jour, elle le regretterait, mais elle ne pouvait pas se résoudre à garder ce qu'elle pouvait faire pour elle. Quitte à avoir été donnée à un temple de R'hllor, autant devenir meilleur que ses géniteurs, qui avaient juste décidé qu'elle était l'enfant de trop. Pendant longtemps, ils avaient tenté de garder un contact avec elle, surtout lorsqu'ils avaient eu des bons retours sur les talents de Vellosha pour la guérison. Bien sûr, elle n'avait jamais pu se résoudre à refuser de soigner un de ses frères ou une de ses sœurs, mais elle dirait que c'était plutôt une question d'éthique que de réelle attache. Plus elle s'était éloignée de Myr, mieux elle s'était portée. Pour guérir, il fallait au moins apprécier l'humanité. Et dans son genre, la Prêtresse Rouge aimait l'humanité, même dans ses vices. Mais ce n'était pas pour autant qu'elle était à l'aise à l'idée de rester avec les mêmes personnes, d'avoir un sentiment d'attachement. Quand on savait qu'on était un abandon facile à réaliser, un poids en trop, ça rendait les relations humaines plus complexes. Mais elle s'en sortait.
Jusqu'à présent, Meereen était une cité plaisante, où elle voyait clairement l'influence de la Mère des Dragons, ainsi qu'une sorte de renaissance des coutumes valyriennes. Heureusement pour elle, elle parlait le haut valyrien et possédait des yeux améthystes ─ elle ne partageait aucunement le sang Targaryen, mais elle possédait des critères qui lui permettait qu'on reconnut qu'elle était plus proche de Valyria que la plupart des autres habitants ne l'étaient. Et maintenant, elle avait aussi accès à la Grande Pyramide. Elle n'aimait pas y passer tout son temps, et par chance, la princesse Rhaenyra ne lui demandait pas de la suivre à chaque instant, juste d'être présente quand elle le demandait. Elle ne doutait pas que s'il y avait une urgence, elle dépêcherait rapidement un garde. En attendant que cette urgence arriva, la jeune femme parcourait les rues de Meereen, en regardant les différents étals des marchands. Il lui faudrait acheter de quoi faire des remèdes simples, soigner les blessures les plus bénignes sans user de sa magie, aider à contrer une maladie. Les maladies étaient plus complexes car il s'agissait de quelque chose qui se trouvait à l'intérieur, alors elle avait appris à reconnaître les symptômes, et comment les apaiser. Son carnet commençait d'ailleurs à déborder de notes, et bientôt elle devrait en racheter un nouveau, afin de ne pas perdre le savoir qu'elle avait accumulé au fil de son apprentissage.
Mais il y avait un mal dont elle souffrait et dont elle ne pouvait pas se débarrasser. Une terrible chose qui arrivait à chaque fois qu'elle changeait de ville, quand elle pensait s'éloigner de ceux qu'elle connaissait... c'était le destin, qui prenait la forme d'un barde, particulièrement extravagant et charmeur. Il lui avait seulement fallu quelques notes de musique et d'un ver pour savoir qu'il s'agissait de lui. Avec un soupir, elle baissa la tête et passa une main sur son visage. Elle aimerait bien que son dieu lui répondit, lorsqu'elle demanda pourquoi elle ne cessait de le croiser, mais il restait muet. Et lire une flamme était bien trop aléatoire ; un jour, elle pourrait lire qu'elle devait tuer le pauvre artiste, et le lendemain, la flamme lui dirait qu'elle devait le sauver car il était destiné à accomplir de grandes choses. A son humble avis, elle ne confierait pas tellement sa vie à un homme qui n'avait qu'un luth comme arme, mais elle devait reconnaître qu'il avait une langue affûtée... et pas que pour chanter ses rimes.
Résolue à de nouveau partager un bout de chemin avec lui, Vellosha se dirigea vers la foule qui s'était assemblée autour de lui et qui l'écoutait chanter avec entrain. Elle resta cachée vers le fond du public, les bras croisés sur sa poitrine, et écouta ce qui semblait être une nouvelle composition. Ou, en tout cas, elle ne l'avait jamais entendu chanter cette chanson jusqu'à présent. Et... elle rêvait où il faisait déjà les yeux doux aux personnes qui étaient devant lui ? Elle arqua légèrement un sourcil, regardant autour d'elle un bref instant. Ensuite, un sourire en coin, malfaisant, apparut sur son visage. Lorsque le brun arrêta de chanter et qu'il salua son public, Vellosha se dirigea vers lui, traversant la foule.
-Pardon, excusez-moi, ne vous emballez pas trop mesdames et messieurs, il tenterait de vous charmer même si vous étiez aveugles. En plus, désolée de vous décevoir, mais il n'est pas si bon que ça au lit, ajouta-t-elle avec un grand sourire, en sachant très bien que Syrodos l'avait entendue ─ mais au moins, ça avait fait reculer les autres. Cher barde, quelle incroyable surprise de te croiser ici. Tu devrais revoir un peu tes techniques de séduction, ça devient trop facile de deviner tes objectifs de la nuit, railla la prêtresse rouge en arrivant face à lui.
C'était étrange. C'était la seule personne qu'elle voyait prendre de l'âge. Le reste du temps, elle ne voyait jamais assez les mêmes personnes pour pouvoir dire s'ils avaient pris de la maturité physiquement, si des rides étaient visibles. Le barde n'en n'était pas encore là, mais elle avait pu constater que son visage avait encore un peu changé depuis qu'elle le connaissait. Cette réalisation n'était pas franchement un plaisir pour elle, mais maintenant qu'elle était en face de lui, il était hors de question de faire demi-tour et se montrer lâche.
Jusqu'à présent, Meereen était une cité plaisante, où elle voyait clairement l'influence de la Mère des Dragons, ainsi qu'une sorte de renaissance des coutumes valyriennes. Heureusement pour elle, elle parlait le haut valyrien et possédait des yeux améthystes ─ elle ne partageait aucunement le sang Targaryen, mais elle possédait des critères qui lui permettait qu'on reconnut qu'elle était plus proche de Valyria que la plupart des autres habitants ne l'étaient. Et maintenant, elle avait aussi accès à la Grande Pyramide. Elle n'aimait pas y passer tout son temps, et par chance, la princesse Rhaenyra ne lui demandait pas de la suivre à chaque instant, juste d'être présente quand elle le demandait. Elle ne doutait pas que s'il y avait une urgence, elle dépêcherait rapidement un garde. En attendant que cette urgence arriva, la jeune femme parcourait les rues de Meereen, en regardant les différents étals des marchands. Il lui faudrait acheter de quoi faire des remèdes simples, soigner les blessures les plus bénignes sans user de sa magie, aider à contrer une maladie. Les maladies étaient plus complexes car il s'agissait de quelque chose qui se trouvait à l'intérieur, alors elle avait appris à reconnaître les symptômes, et comment les apaiser. Son carnet commençait d'ailleurs à déborder de notes, et bientôt elle devrait en racheter un nouveau, afin de ne pas perdre le savoir qu'elle avait accumulé au fil de son apprentissage.
Mais il y avait un mal dont elle souffrait et dont elle ne pouvait pas se débarrasser. Une terrible chose qui arrivait à chaque fois qu'elle changeait de ville, quand elle pensait s'éloigner de ceux qu'elle connaissait... c'était le destin, qui prenait la forme d'un barde, particulièrement extravagant et charmeur. Il lui avait seulement fallu quelques notes de musique et d'un ver pour savoir qu'il s'agissait de lui. Avec un soupir, elle baissa la tête et passa une main sur son visage. Elle aimerait bien que son dieu lui répondit, lorsqu'elle demanda pourquoi elle ne cessait de le croiser, mais il restait muet. Et lire une flamme était bien trop aléatoire ; un jour, elle pourrait lire qu'elle devait tuer le pauvre artiste, et le lendemain, la flamme lui dirait qu'elle devait le sauver car il était destiné à accomplir de grandes choses. A son humble avis, elle ne confierait pas tellement sa vie à un homme qui n'avait qu'un luth comme arme, mais elle devait reconnaître qu'il avait une langue affûtée... et pas que pour chanter ses rimes.
Résolue à de nouveau partager un bout de chemin avec lui, Vellosha se dirigea vers la foule qui s'était assemblée autour de lui et qui l'écoutait chanter avec entrain. Elle resta cachée vers le fond du public, les bras croisés sur sa poitrine, et écouta ce qui semblait être une nouvelle composition. Ou, en tout cas, elle ne l'avait jamais entendu chanter cette chanson jusqu'à présent. Et... elle rêvait où il faisait déjà les yeux doux aux personnes qui étaient devant lui ? Elle arqua légèrement un sourcil, regardant autour d'elle un bref instant. Ensuite, un sourire en coin, malfaisant, apparut sur son visage. Lorsque le brun arrêta de chanter et qu'il salua son public, Vellosha se dirigea vers lui, traversant la foule.
-Pardon, excusez-moi, ne vous emballez pas trop mesdames et messieurs, il tenterait de vous charmer même si vous étiez aveugles. En plus, désolée de vous décevoir, mais il n'est pas si bon que ça au lit, ajouta-t-elle avec un grand sourire, en sachant très bien que Syrodos l'avait entendue ─ mais au moins, ça avait fait reculer les autres. Cher barde, quelle incroyable surprise de te croiser ici. Tu devrais revoir un peu tes techniques de séduction, ça devient trop facile de deviner tes objectifs de la nuit, railla la prêtresse rouge en arrivant face à lui.
C'était étrange. C'était la seule personne qu'elle voyait prendre de l'âge. Le reste du temps, elle ne voyait jamais assez les mêmes personnes pour pouvoir dire s'ils avaient pris de la maturité physiquement, si des rides étaient visibles. Le barde n'en n'était pas encore là, mais elle avait pu constater que son visage avait encore un peu changé depuis qu'elle le connaissait. Cette réalisation n'était pas franchement un plaisir pour elle, mais maintenant qu'elle était en face de lui, il était hors de question de faire demi-tour et se montrer lâche.
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seein' you tonight, it's a bad idea, right?
The fairer sex, they often call it
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
Her current is pulling you closer
A charge in the hot, humid night
Le silence était tombé dans la taverne, laissant résonner la mélodie qui s'échappait d'un luth contre les murs. La voix du barde qui l'accompagnait était récitait quelques compositions originales qu'il n'avait jamais chanté auparavant. Celle-ci, Syrodos Naerin l'avait écrit sur le navire qui l'avait emmené à Astapor quelques lunes en arrière. Voilà longtemps, d'ailleurs, qu'il n'avait plus pris le temps d'écrire, et sans surprise, ses pensées vagabondes se dirigèrent vers ce qu'il savait être un sujet populaire auprès des gens. L'amour avait un étrange pouvoir que l'homme ne savait pas exactement comprendre. Ô, il aimait les belles femmes et les hommes charmants, qui mentaient bien. Son lit - ou plutôt le leur - avait connu bien des ébats sur lesquels le musicien s'appuyait pour composer. Pourtant, quand il fermait ses yeux, aucun de leur visage ne lui revenait. Juste deux yeux mauves qui revenaient encore et toujours le hanter quand il ne s'y attendait pas.
The red sky at dawn is giving a warning, you fool
Better stay out of sight
Meereen avait été le point final d'une tournée à l'est de tout ce qu'il avait connu jusqu'ici. La baie des dragons avait toujours été un lieu spécial, presque mythique pour qui aspirait à une certaine liberté et Syrodos avait besoin de souffler. Il lui fallait reprendre son souffle après les dernières histoires qu'il avait eu le plaisir - ou le déplaisir, vraiment - de vivre. N'avait-il pas été le compagnon de route de quelques dothrakis avant d'embarquer pour Qarth? Et à Qarth, il avait eu le plaisir de revoir quelques amis et de chanter dans une taverne de marins où il s'était assez refait pour continuer son voyage. De cité en cité, l'ancien apprenti de Tyberion Naerin avait pu s'enrichir et de ses profits, il en avait redistribué une partie. Après tout, quel intérêt y avait-il pour un artiste itinérant d'avoir les poches aussi remplies? Le plus important restait, pour l'heure, de faire connaître son nom davantage encore.
A storm raging on the horizon
Of longing and heartache and lust
La taverne ne désemplissait pas et cela, le barde s'en enorgueillit plus encore qu'il ne l'avait fait auparavant. Il était un homme fier de ses talents et de son entraînement, après tout. Voilà que déjà, son sourire se faisait plus taquin et charmeur. La soirée devait se terminer en beauté et pourquoi pas, s'il fallait se sacrifier, pendu aux lèvres du Meereenienne. Les femmes d'ici étaient d'un charme différent, mais une beauté restait une beauté et Syrodos avait appris à ne pas cracher dans la soupe. Ses doigts jouaient déjà les accords avec plus de vigueur qu'il ne l'avait jamais fait auparavant. Mais derrière ses paupières, quand il les fermaient un instant, il fut surpris de revoir à nouveaux deux prunelles violettes. Quelle peste, ne put-il s'empêcher de penser. Pourtant, le public semblait accrocher à sa musique et l'artiste se régalait de cette ambiance.
I'm weak my love, and I am wanting
If this is the path I must trudge
I'll welcome my sentence, give to you my penance
Garroter, jury, and judge
Ou du moins, se régala-t-il jusqu'à ce qu'une voix qu'il aurait pu reconnaître entre toute résonna à la fin de son morceau, alors même que ses sourires s'étaient fait plus doux que le miel et ses paroles plus sucrées encore. Peste. Sorcière. Syrodos prit un air absolument outragé, une main sur son torse alors que ses lèvres laissaient apparaître une moue refrognée. Comment-ça, pas si bon au lit. Ne revenait-elle pas systématiquement? Ou peut-être était-ce lui... Ou les deux? Le destin peut-être. Peut-importe, à cet instant.
"Pardon? Ne l'écoutez pas, messieurs, dames. Je ne connais pas cette jeune femme. Je n'ai aucun doute que je m'en souviendrais sans le moindre doute. Revenez donc demain et après-demain aussi. Mon répertoire ne fini plus de grandir."
Le barde croisa ses bras quand Vellosha arriva enfin face à lui et il lui offrit un sourire forcé. Pourtant, quand Syrodos se paya un verre de vin, il en demanda également un second pour la prêtresse rouge, par habitude. La vie la mettait encore et toujours sur son chemin et l'artiste avait fini par accepter son destin.
"Est-ce que je peux savoir ce que tu crois faire, sorcière? C'était mon meilleur morceau. Et pour ta gouverne, je ne vois pas de quoi tu veux parler, mes techniques de séduction fonctionnent mieux que tes petits tours de magie."
Et puis celui qui se faisait gracieusement appelé Rossignol tendit son verre à la jeune femme brune, levant ensuite sa coupe pour trinquer. Un sourire malicieux et empli d'une certaine moquerie s'étala ensuite sur ses lèvres. Etonnamment, Vellosha lui avait presque manqué tant elle était une constante récurrente de sa vie que Syrodos était incapable d'expliquer ou de comprendre. Pourtant, elle était là.
"D'ailleurs tu ne disais pas que mes techniques étaient faciles et que je n'étais pas si bon que ça au lit la dernière fois... Ou la fois d'avant. Ou celle s'encore avant. Est-ce que tu veux que je continue? Ou mieux, que je t'imite, je suis sûr que tu adorerais ma performance."
A ses mots, l'homme plaqua le dos de sa main à son front, haletant avec ironie, répétant son propre prénom encore et encore avant de reprendre un air des plus sérieux. Après l'amusement venait le temps où il devait savoir ce qui menait une prêtresse rouge de Myr ici.
"Qu'est-ce que tu fabriques ici, Vellosha?"
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She'll destroy with her sweet kiss
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Plus elle y pensait, plus le monde était rempli d'étrangetés auxquelles elle ne trouvait aucune explication. La magie, de par son essence, ne demandait pas d'explication : il suffisait de la sentir, de sentir l'électricité lorsque le pouvoir se déversait dans son corps pour savoir qu'il n'y avait rien à dire de plus que c'était de la magie. Par contre, pourquoi est-ce qu'il faisait plus chaud à Essos qu'à Westeros, pourquoi certaines régions étaient pluvieuses mais pas d'autres ? Pourquoi est-ce qu'on se liait à des personnes et pas d'autres ? Comment pouvait-on retrouver quelqu'un alors que nous n'avions aucun moyen de contact avec ? Elle ne croyait pas que son Dieu fut à l'œuvre de tout ça. Il représentait la vie, mais il ne l'était pas littéralement, sinon il lui devait des foutus comptes pour savoir pourquoi, parmi tous les amants et amantes qu'elle a eu, elle devait toujours retomber sur ce maudit barde qui exagérait toujours ses réactions ? Elle aurait aimé avoir certaines réponses à ses questions, comme celles qui concernaient son manque d'attaches, son manque d'envie de se lier aux autres. Peut-être qu'elle aurait eu plus facile à voir le reste du monde si elle savait pourquoi elle était comme elle était ; mais certainement qu'elle ne le saurait jamais, parce que la vie ne donnait que rarement des réponses.
Comparé à Syrodos qui ne savait nullement tenir sa langue dans sa poche. Un sourire d'autant plus narquois apparut sur son visage, face à lui, alors qu'elle sentait que la foule les regardait tout en commençant à se dissiper. Il tentait de réparer les pots cassés ─ ou en tout cas, les pots qu'elle avait volontairement fait tomber, tel un chat qui testerait la résistance de tout objet se trouvant sur une surface où lui-même pouvait s'installer ─ mais elle avait déjà planté ses griffes dans sa proie, et personne n'avait l'air de vouloir particulièrement l'en déloger.
-Déjà, je te prierai de m'appeler par le terme correct. Je suis prêtresse et pas sorcière. Ensuite, mes petits tours de magie, comme tu les appelles, sont quand même plus demandés et efficaces que tes émois sentimentaux, répliqua-t-elle en le fusillant du regard, piquée en plein dans son égo. Il arrivait si facilement à l'avoir de cette manière. Et tous tes morceaux sont tes favoris. Fais un foutu choix pour une fois, tu vas commencer à rendre tes chansons jalouses.
Vellosha semblait avoir particulièrement du mordant, et avait l'air de passer un mauvais moment, pourtant elle prit le verre de vin ─ sans le remercier, puis quoi encore ! ─ et but une gorgée pour lui donner le courage de continuer à affronter le brun. Elle essayait de se souvenir s'il lui avait dit des informations sur la tournée qu'il faisait, de façon à ce qu'elle aurait pu échapper de le revoir à Meereen, mais elle était persuadée que même si elle avait voulu le rater, il y aurait eu quelque chose pour qu'ils se croisèrent. C'était d'une facilité scénaristique tellement déplorable qu'elle en aurait presque eu pitié, si ce n'était pas à elle d'en subir les dommages. Et quels dommages... Elle roula des yeux lorsqu'il rappliqua sur le sujet "ouin ouin ouin, tu as critiqué mes prouesses sexuelles", et s'appuya paresseusement contre un mur en l'observant, l'air impassible. Il allait la fatiguer en même pas cinq minutes, ça c'était de la prouesse ! Elle termina son verre d'une traite pendant son temps, avant de se redresser.
-C'est bon, t'as fini de rassurer ton petit égo meurtri ? demanda-t-elle rhétoriquement. Je suis ici parce qu'il y a plein de gens qui aimeraient être bien soignés. Pour le reste, tu sais déjà ce que je fais ici. Et toi, t'arrêtes jamais un jour de chanter ? Y a pas un moment où tu te dis "tiens, je vais rester où je suis et me taire pour donner des vacances aux autres" ? Parce que j'étais bien tranquille à Meereen, jusqu'à que tu débarques avec encore tout ton attirail, Syrodos, qu'elle blâma en plaçant un doigt accusateur sur son torse.
La prêtresse planta ses orbes dans celles du barde, s'attendant à tout sauf une réponse concrète, sauf quelque chose qui ferait avancer la discussion sur un "merci mais non merci, je passe mon tour, je casse le truc qui nous réunit". Non, la suite était gravée dans son esprit, car c'était toujours la même chose. Parce que ça la réconfortait autant que ça la déstabilisait mais qu'elle avait trop de fierté pour l'avouer, parce qu'elle savait que du moment où elle le dirait à voix haute, ça commencerait à faire mal lorsqu'ils partiraient tous les deux de leur côté. Et Vellosha préférait donner le premier coup plutôt que de laisser quelqu'un chercher un peu trop loin.
-D'ailleurs, tu ne veux toujours pas me dire où tu as acheté ta veste ? Non car je songe encore à te la voler, mais je commence à croire qu'elle ne se décolle plus de toi tellement tu l'aimes, tenta-t-elle en agrippant le col de sa veste pour la remettre correctement ─ s'il croyait que le style débraillé allait l'aider...
Comparé à Syrodos qui ne savait nullement tenir sa langue dans sa poche. Un sourire d'autant plus narquois apparut sur son visage, face à lui, alors qu'elle sentait que la foule les regardait tout en commençant à se dissiper. Il tentait de réparer les pots cassés ─ ou en tout cas, les pots qu'elle avait volontairement fait tomber, tel un chat qui testerait la résistance de tout objet se trouvant sur une surface où lui-même pouvait s'installer ─ mais elle avait déjà planté ses griffes dans sa proie, et personne n'avait l'air de vouloir particulièrement l'en déloger.
-Déjà, je te prierai de m'appeler par le terme correct. Je suis prêtresse et pas sorcière. Ensuite, mes petits tours de magie, comme tu les appelles, sont quand même plus demandés et efficaces que tes émois sentimentaux, répliqua-t-elle en le fusillant du regard, piquée en plein dans son égo. Il arrivait si facilement à l'avoir de cette manière. Et tous tes morceaux sont tes favoris. Fais un foutu choix pour une fois, tu vas commencer à rendre tes chansons jalouses.
Vellosha semblait avoir particulièrement du mordant, et avait l'air de passer un mauvais moment, pourtant elle prit le verre de vin ─ sans le remercier, puis quoi encore ! ─ et but une gorgée pour lui donner le courage de continuer à affronter le brun. Elle essayait de se souvenir s'il lui avait dit des informations sur la tournée qu'il faisait, de façon à ce qu'elle aurait pu échapper de le revoir à Meereen, mais elle était persuadée que même si elle avait voulu le rater, il y aurait eu quelque chose pour qu'ils se croisèrent. C'était d'une facilité scénaristique tellement déplorable qu'elle en aurait presque eu pitié, si ce n'était pas à elle d'en subir les dommages. Et quels dommages... Elle roula des yeux lorsqu'il rappliqua sur le sujet "ouin ouin ouin, tu as critiqué mes prouesses sexuelles", et s'appuya paresseusement contre un mur en l'observant, l'air impassible. Il allait la fatiguer en même pas cinq minutes, ça c'était de la prouesse ! Elle termina son verre d'une traite pendant son temps, avant de se redresser.
-C'est bon, t'as fini de rassurer ton petit égo meurtri ? demanda-t-elle rhétoriquement. Je suis ici parce qu'il y a plein de gens qui aimeraient être bien soignés. Pour le reste, tu sais déjà ce que je fais ici. Et toi, t'arrêtes jamais un jour de chanter ? Y a pas un moment où tu te dis "tiens, je vais rester où je suis et me taire pour donner des vacances aux autres" ? Parce que j'étais bien tranquille à Meereen, jusqu'à que tu débarques avec encore tout ton attirail, Syrodos, qu'elle blâma en plaçant un doigt accusateur sur son torse.
La prêtresse planta ses orbes dans celles du barde, s'attendant à tout sauf une réponse concrète, sauf quelque chose qui ferait avancer la discussion sur un "merci mais non merci, je passe mon tour, je casse le truc qui nous réunit". Non, la suite était gravée dans son esprit, car c'était toujours la même chose. Parce que ça la réconfortait autant que ça la déstabilisait mais qu'elle avait trop de fierté pour l'avouer, parce qu'elle savait que du moment où elle le dirait à voix haute, ça commencerait à faire mal lorsqu'ils partiraient tous les deux de leur côté. Et Vellosha préférait donner le premier coup plutôt que de laisser quelqu'un chercher un peu trop loin.
-D'ailleurs, tu ne veux toujours pas me dire où tu as acheté ta veste ? Non car je songe encore à te la voler, mais je commence à croire qu'elle ne se décolle plus de toi tellement tu l'aimes, tenta-t-elle en agrippant le col de sa veste pour la remettre correctement ─ s'il croyait que le style débraillé allait l'aider...
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The fairer sex, they often call it
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Syrodos avait été un moulin à parole inépuisable et qui ne savait se contenir de dire ce qu'il pensait. Plus d'une fois, dans sa tendre enfance, l'avait-on employé comme distraction auprès de figures pleines aux as qu'il n'était jamais difficile de déplumer une fois le soleil couché et les courtisanes de sortie. Il avait été un enfant de la nuit, agile et doté d'une langue acérée qu'il n'avait eut de cesse d'employer et cela, il continuait encore, parfois, d'en profiter. Bien sûr, le vol n'était plus un passe-temps assez noble pour le dernier élève d'un véritable maître en son domaine. Mais séduire et charmer était un moyen assez simple d'obtenir un petit pécule sans travailler d'arrache-pied.
Le Rossignol de Braavos avait connu un nombre de femmes qu'il ne saurait dénombrer et toutes avaient laissé quelques pièces à son encontre pour que le barde joue quelques sérénades de plus. Une seule, pourtant, n'avait pas exactement marché dans cette combine, peut-être était-ce pourquoi Vellosha était d'autant plus remarquable et mémorable pour lui. Ou peut-être était-ce cette manière régulière et soigneuse qu'elle avait de le prendre de haut. Ou ses yeux mauves si particuliers. Ou peut-être était-ce un tout que le barde, malgré l'imagerie de ses poèmes, n'était pas capable de décrire en profondeur. Il pensait encore à ce jour que cela lui prendrait des jours, des lunes même, et la profondeur des couches inexplorées d'une telle femme paraissait même effrayante.
"Prêtresse, sorcière, princesse, peu importe très chère. Mon audience n'en aura saura jamais rien et plus encore, les sorcières font plus vendre. Elles sont plus... Exotiques, commença le barde en affichant un air empli de sérieux. Je te ferais remarquer que ce n'est pas si simple quand on est un génie musical comme moi. Mes chansons sont de plus en plus incroyable."
On disait souvent que l'ego des artistes était ce qui les faisait tenir sur le long terme et Syrodos n'était pas de ceux à contredire de telles paroles. Diatribes ou non, le musicien était plein d'un ego surdimensionné quand il s'agissait de ses propres chansons et pour cause : personne ne les aimerait plus que lui-même et s'il commençait à douter de son talent, alors personne ne l'écouterait plus jamais. Adieu fortune et bonne étoile. Il observa cependant le sourire narquois de son interlocutrice avec un air plein d'un certain défi. Peu importe ce qu'elle pouvait bien dire, cette soirée finirait comme la précédente et celle d'avant et même, celle d'encore auparavant. Et en grand comédien qu'il était, il n'hésitait pas à le lui rappeler non sans finir sa prestation par une révérence ironique et moqueuse.
"Oui, oui, c'est bon. tu peux le massacrer et le jeter au sol à nouveau."
La question que posa la jeune femme ne le surprit pas. Syrodos savait où et avec qui il jouait à présent. Vellosha n'était pas une inconnue auprès de laquelle il pouvait faire semblant de jouer un quelconque rôle, tantôt amant inquiet puis barde amouraché. D'un geste de la main il l'invita à continuer, qu'il l'écoutait alors qu'il buvait son verre, grimaçant presque en observant le fond de la coupe. La suite d'ailleurs, le fit relever son regard et éclater d'un rire sincère avant qu'il ne secoua sa tête.
"Moi? Moi? Jamais de la vie. Enfin, je te ferais savoir que j'ai aussi joué dans quelques farces et pièces de théâtre. Un vrai touche à tout, pas vrai? Je te signalerais également que les tavernes sont très ennuyeuses sans musique, c'est presque insupportable.."
Ce fut alors à son tour d'offrir un sourire narquois à la brune qui le regardait de si près. Son regard passa alors de son doigt pointé sur son torse comme s'il avait osé commettre le plus grand impair de sa vie, puis le visage de la prêtresse rouge. Cette conversation aurait-dû aller vers la sentence finale où Syrodos aurait dit que dans ce cas, il ne voudrait plus la voir, la jetant hors de cette taverne qui ne lui appartenait point du tout - mais dans laquelle il avait pris ses aises - avant de l'éviter comme la peste. Pourtant, le scénario évoluait et jamais l'homme n'était capable de couper le lien qui le reliait à la seule forme de constance dans sa vie en dehors de sa musique - et peu importe ce que disait le barde, son luth était incapable d'entretenir une conversation.
"Non, toujours pas. J'espère que tu sais que c'est mal de copier et de voler, plaisanta-t-il un instant avant de se pencher sur l'oreille de la belle. Quoiqu'il y a quelques fois où tu aurais pu partir avec. Peut-être que ce soir est ton grand soir, prêtresse."
Plus ils étaient proches et plus le dernier pas à franchir semblait inévitable. Le brun se laissa faire, se redressant davantage. Pensa-t-il à cet instant qu'il aurait sûrement dû faire un effort? Oui, très probablement. Après tout, il croisait toujours Vellosha dans ses moments improbables qui auraient pu lui faire croire que les dieux infinis qui parcouraient Essos avaient une dent contre lui. Le barde passa ses doigts sur la mâchoire de la jeune femme pour la regarder dans les yeux, comme s'il l'examinait avec une attention toute particulière. Sa déglutition fut difficile à camoufler et pourtant, il le fallut.
"C'est fou... Il va sérieusement falloir que tu me dises comment tu gardes la même jeunesse que la toute première fois que j'ai eu le malheur de croiser ta route. Est-ce que ce n'est pas absolument épuisant de s'occuper et de soigner des gens toutes la journée?"
Oh, il ne craquerait pas le premier, cela, il le refusait. Sa chanson avait tort, il ne voulait pas lui donner le moindre crédit. Le barde écrivait de la pure fiction.
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-Il existe des différences entre ces trois rôles, barde. Les gens craignent les sorcières, ploient le genou devant les princesses, et les prêtresses sont un subtil mélange des deux. Les gens nous craignent mais ils ne peuvent s'empêcher de s'agenouiller face à nous, et nous supplier d'avoir un peu de clémence pour eux. Tu devrais le savoir depuis le temps, non ? demanda-t-elle avec un sourire en coin.
Elle pouvait bien parler de l'égo du brun, le sien n'était pas meilleur. C'était la mince armure qui lui permettait d'aisément repousser la plupart des gens, afin qu'ils n'eurent pas l'idée de savoir ce qui se cachait derrière ce regard améthyste et ces grands airs, ainsi que les flammes. Il était largement plus aisé de se prétendre meilleur quand on en pensait pas un traite mot, mais qu'on savait qu'on était assez bon comédien pour le faire croire. Même si elle connaissait Syrodos depuis des années à présent, elle ne lui laissait jamais l'occasion d'apercevoir plus que la sorcière qui s'amusait à traîner son égo dans la boue par pur plaisir... ou parce qu'elle jalousait sa manière de ne jamais douter de lui. Vellosha savait toujours ce qu'elle faisait avec ses pouvoirs, mais jamais tellement ce qu'elle faisait avec elle-même.
-Touche à tout... effectivement, c'est un terme qui te correspond bien, souffla-t-elle avec moquerie.
Et bien sûr, elle ne mentionnait pas ses talents d'artiste. Elle pouvait mentionner les nombreuses fois où Syrodos avait prouvé qu'il était un touche à tout ; il y avait même eu cette fois où ils s'étaient retrouvés à vouloir charmer la même femme dans un bordel. Une autre fois, où, elle avait été contente de le trouver parce que son corps la faisait souffrir après des soins particulièrement coûteux en énergie, et que les caresses du Rossignol sur sa peau avaient apaisés la douleur. Puis il y avait eu les moments où elle avait eu l'impression que, peut-être, elle était plus qu'un instrument de la magie aux yeux de quelqu'un. Lorsqu'on l'appelait, tout le monde s'attendait à quelque chose d'elle. L'homme n'attendait jamais rien d'elle, si ce n'était qu'elle usa de sa langue acerbe contre lui, ce qui était naturellement dans ses capacités. Elle aurait pu être n'importe qui d'autre que ça n'aurait rien changé au fait qu'il ne se souciait pas de ce que ses flammes pouvaient faire.
-Est-ce vraiment copier si je porte cette veste mieux que toi ? tenta-t-elle en feintant l'innocence. Est-ce que tu me chercherais, si je partais avec ta veste ? demanda-t-elle en arquant un sourcil tandis que ses doigts passèrent sur sa mâchoire.
Aaaah, le saligaud ! Réprimer le frisson qui parcourait son derme était plus compliqué que de continuer cette joute verbale qui était toujours le préquelle d'une joute corporelle. Et pourtant, elle ignorait s'il savait vraiment ce qu'il lui faisait, ou si c'était devenu tellement habituel qu'ils cédèrent qu'ils n'essayaient même plus de contrôler leurs mouvements. Pourtant, elle s'ancra un peu plus sur le sol, plongea son regard dans le sien, en espérant qu'il fut plus déstabilisé qu'elle. C'était d'autant plus frustrant de constater qu'il était toujours honnête. Un homme peu capable de tenir ses promesses, certes, mais qui ne mentait pas pour autant quand il les faisait sur l'instant. A l'instant où elle se rapprocha un peu plus de lui, leurs lèvres se frôlant presque, elle le maudit.
-La méchanceté, ça conserve, répondit simplement la prêtresse avant de faire un pas en arrière, lâchant sa veste, et ne laissant dans son sillage que le fantôme de leur contact rapproché. C'est toi qui te fais des rides, à force de vouloir plaire à tout le monde.
Un sourire en coin, elle demanda un pichet de vin au comptoir, décidant qu'il leur faudrait bien ça. Aussitôt, elle remplit leurs coupes et but une longue gorgée. Juste de quoi faire partir la dérangeante sensation dans son corps, lui redonner un peu de méchanceté envers Syrodos, et du courage pour affronter le reste de la soirée. Du courage pour ne pas se perdre, et ne pas venir à avouer que, peut-être, et seulement peut-être, ça faisait du bien de le savoir là. Qu'il ne l'abandonnait jamais vraiment, se contentant plutôt de lui dire à bientôt, car ils n'étaient pas inconnus à ce sort que la vie leur réservait toujours.
C'était vrai que maintenant qu'il ne chantait plus, la taverne paraissait terriblement calme, mais elle trouvait ça encore plus assourdissant que s'il jouait de son luth. Ou, plutôt, ça lui laissait trop la possibilité de laisser place à ses pensées. C'était un autre avantage à soigner les gens : on était tellement souvent dans l'urgence, qu'on arrivait à s'oublier assez facilement.
-Tu comptes rester longtemps à Meereen ? Visiblement, le règne des tali sur les cités attire de plus en plus de curieux, et il ne manque d'aucun divertissement tellement ça prospère, sourit-elle avant de s'étirer. On parle même que des Targaryen revenus de parmi les morts seraient là, sans oublier qu'ils montent des dragons. J'espère que tu ne crois pas pouvoir chanter des berceuses à ces créatures, afin d'éviter qu'elles te mangent si elles en ont l'envie ? lâcha-t-elle dans un éclat de rire, imaginant assez bien la scène.
Et elle savait de quoi elle parlait concernant les Targaryen, étant donnée qu'elle s'était mis aux services d'une. Elle n'avait pas d'opinion claire sur eux, mais elle éprouvait de la curiosité sur l'impact que leur retour allait avoir sur Essos. En vérité, elle n'avait pas accepté pour rien l'idée de se tenir au sein du début de cour de Rhaenyra Targaryen ─ elle garderait un œil sur ce qu'ils feraient, afin de pouvoir influencer dans la mesure du possible, dans la mesure où elle était une personne du peuple, et que son statut de prêtresse ne lui avait été conféré que parce qu'elle avait été abandonnée à un temple.
Elle pouvait bien parler de l'égo du brun, le sien n'était pas meilleur. C'était la mince armure qui lui permettait d'aisément repousser la plupart des gens, afin qu'ils n'eurent pas l'idée de savoir ce qui se cachait derrière ce regard améthyste et ces grands airs, ainsi que les flammes. Il était largement plus aisé de se prétendre meilleur quand on en pensait pas un traite mot, mais qu'on savait qu'on était assez bon comédien pour le faire croire. Même si elle connaissait Syrodos depuis des années à présent, elle ne lui laissait jamais l'occasion d'apercevoir plus que la sorcière qui s'amusait à traîner son égo dans la boue par pur plaisir... ou parce qu'elle jalousait sa manière de ne jamais douter de lui. Vellosha savait toujours ce qu'elle faisait avec ses pouvoirs, mais jamais tellement ce qu'elle faisait avec elle-même.
-Touche à tout... effectivement, c'est un terme qui te correspond bien, souffla-t-elle avec moquerie.
Et bien sûr, elle ne mentionnait pas ses talents d'artiste. Elle pouvait mentionner les nombreuses fois où Syrodos avait prouvé qu'il était un touche à tout ; il y avait même eu cette fois où ils s'étaient retrouvés à vouloir charmer la même femme dans un bordel. Une autre fois, où, elle avait été contente de le trouver parce que son corps la faisait souffrir après des soins particulièrement coûteux en énergie, et que les caresses du Rossignol sur sa peau avaient apaisés la douleur. Puis il y avait eu les moments où elle avait eu l'impression que, peut-être, elle était plus qu'un instrument de la magie aux yeux de quelqu'un. Lorsqu'on l'appelait, tout le monde s'attendait à quelque chose d'elle. L'homme n'attendait jamais rien d'elle, si ce n'était qu'elle usa de sa langue acerbe contre lui, ce qui était naturellement dans ses capacités. Elle aurait pu être n'importe qui d'autre que ça n'aurait rien changé au fait qu'il ne se souciait pas de ce que ses flammes pouvaient faire.
-Est-ce vraiment copier si je porte cette veste mieux que toi ? tenta-t-elle en feintant l'innocence. Est-ce que tu me chercherais, si je partais avec ta veste ? demanda-t-elle en arquant un sourcil tandis que ses doigts passèrent sur sa mâchoire.
Aaaah, le saligaud ! Réprimer le frisson qui parcourait son derme était plus compliqué que de continuer cette joute verbale qui était toujours le préquelle d'une joute corporelle. Et pourtant, elle ignorait s'il savait vraiment ce qu'il lui faisait, ou si c'était devenu tellement habituel qu'ils cédèrent qu'ils n'essayaient même plus de contrôler leurs mouvements. Pourtant, elle s'ancra un peu plus sur le sol, plongea son regard dans le sien, en espérant qu'il fut plus déstabilisé qu'elle. C'était d'autant plus frustrant de constater qu'il était toujours honnête. Un homme peu capable de tenir ses promesses, certes, mais qui ne mentait pas pour autant quand il les faisait sur l'instant. A l'instant où elle se rapprocha un peu plus de lui, leurs lèvres se frôlant presque, elle le maudit.
-La méchanceté, ça conserve, répondit simplement la prêtresse avant de faire un pas en arrière, lâchant sa veste, et ne laissant dans son sillage que le fantôme de leur contact rapproché. C'est toi qui te fais des rides, à force de vouloir plaire à tout le monde.
Un sourire en coin, elle demanda un pichet de vin au comptoir, décidant qu'il leur faudrait bien ça. Aussitôt, elle remplit leurs coupes et but une longue gorgée. Juste de quoi faire partir la dérangeante sensation dans son corps, lui redonner un peu de méchanceté envers Syrodos, et du courage pour affronter le reste de la soirée. Du courage pour ne pas se perdre, et ne pas venir à avouer que, peut-être, et seulement peut-être, ça faisait du bien de le savoir là. Qu'il ne l'abandonnait jamais vraiment, se contentant plutôt de lui dire à bientôt, car ils n'étaient pas inconnus à ce sort que la vie leur réservait toujours.
C'était vrai que maintenant qu'il ne chantait plus, la taverne paraissait terriblement calme, mais elle trouvait ça encore plus assourdissant que s'il jouait de son luth. Ou, plutôt, ça lui laissait trop la possibilité de laisser place à ses pensées. C'était un autre avantage à soigner les gens : on était tellement souvent dans l'urgence, qu'on arrivait à s'oublier assez facilement.
-Tu comptes rester longtemps à Meereen ? Visiblement, le règne des tali sur les cités attire de plus en plus de curieux, et il ne manque d'aucun divertissement tellement ça prospère, sourit-elle avant de s'étirer. On parle même que des Targaryen revenus de parmi les morts seraient là, sans oublier qu'ils montent des dragons. J'espère que tu ne crois pas pouvoir chanter des berceuses à ces créatures, afin d'éviter qu'elles te mangent si elles en ont l'envie ? lâcha-t-elle dans un éclat de rire, imaginant assez bien la scène.
Et elle savait de quoi elle parlait concernant les Targaryen, étant donnée qu'elle s'était mis aux services d'une. Elle n'avait pas d'opinion claire sur eux, mais elle éprouvait de la curiosité sur l'impact que leur retour allait avoir sur Essos. En vérité, elle n'avait pas accepté pour rien l'idée de se tenir au sein du début de cour de Rhaenyra Targaryen ─ elle garderait un œil sur ce qu'ils feraient, afin de pouvoir influencer dans la mesure du possible, dans la mesure où elle était une personne du peuple, et que son statut de prêtresse ne lui avait été conféré que parce qu'elle avait été abandonnée à un temple.
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seein' you tonight, it's a bad idea, right?
The fairer sex, they often call it
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
Dans sa jeunesse, Syrodos avait toujours eu un certain dédain pour la religion. Il respectait les croyances d'autrui sans pour autant prier le moindre dieu : ni celui des Westeros, ni un seul de ceux profondément ancrés sur les terres d'Essos. Il avait toujours pensé que sa mère avait prié les dieux pour qu'elle puisse un jour se débarrasser de lui et que ces derniers avaient répondu présent en sa défaveur. Le Rossigniol croyait en sa propre étoile et si elle ne brillait pas constamment en sa faveur sur l'instant, l'univers travaillait toujours avec le destin pour le remettre sur le droit chemin.
Les prêtresses avaient été la source de ses pamphlets anonymes les plus sévères, les prêtres de ses chansons les plus grivoises et cela, jusqu'à ce qu'il ne rencontre Vellosha et sa langue d'acier. Oh, bon peuple, la belle était sévère et acide comme le pire des citrons de Pentos. Elle savait rebuter et pourtant, Syrodos tombait dans ses filets milles fois de sa propre conscience. Il y avait quelque chose de magnétique qui allait au-delà de sa foi, de ses dons, de sa beauté, de ce qu'elle faisait ou disait - et l'inverse entrait aussi en ligne de compte -. Le barde la voyait pour qui elle était et peut-être était-ce la raison pour laquelle il multipliait les partitions à sa gloire sans jamais la nommer.
"Tu te jettes bien trop de fleurs, ma belle."
Le ton de l'artiste, loin d'être venimeux, se voulait piquant. Il était comme une petite vipère qu'on trouvait dans les rochers. Point de poison, juste quelques lancinantes attaques inoffensive. C'était ainsi qu'ils fonctionnaient l'un et l'autre de toute façon et que Syrodos aimait le plus Vellosha : quand ils jouaient le jeu d'une guerre qui ne connaissait toujours qu'une seule issue. Bien sûr, elle était veuve noire quand il le fallait, mais cela faisait partie des règles tacites, le jeune homme acceptait tout les coups.
Aux mots suivants, le brun offrit un regard désabusé à la prêtresse, un regard en coin qui en disait long de sa moquerie. Pourtant, Syrodos ne tarda pas à devoir réprimé un sourire amusé qu'il cachait depuis tout ce temps. La tension était présente entre eux, il allait être un fou pour ne pas le voir et comme toute tension, sa libération libererait une onde de choc qui ne connaîtrait de rival qu'à leur prochaine rencontre. Bien peu de femmes, d'hommes et de personnes avaient connu son attention pour tant de temps, des années à présent. Et quelles années.
"Ça reste à voir, ne penses-tu pas? son sourire s'étira davantage encore, moqueur et amusé alors qu'il ne prit pas la peine de baisser les yeux. Bien sûr que oui, du trou paumé à l'ouest de Westeros à Asshaï, d'Iben à Qarth pour ta beauté et ma fichue veste."
La veste pourpre qu'il arborait tous les jours et dont le cuir brillait de façon chatoyante sous les flammes des tavernes qu'il fréquentait venait en deuxième. Après tout, c'était elle que son destin pourchassait, non pas comme une proie mais comme une étoile fixe pour les marins. Quand Syrodos l'apercevait, peu importe ce qu'il pensait et disait, il s'agissait du signe qu'il n'était pas perdu et qu'il ne faisait pas n'importe quoi. La vie n'avait pas été simple depuis le départ de maître Tyberion, sa seule famille, pourtant être un Naerin signifiait parcourir la terre en solo ou presque.
Leurs lèvres se frôlaient et pendant un instant, la terre sembla s'ouvrir sous les pieds du Rossignol qui ne chantait le plus fort que la nuit. Cette sensation, il la recherchait partout, tout le temps car elle le laissait faible et dans le vif.
"Et on ne fait pas pire que toi j'imagine?"
Le murmure fut suivit d'un grognement d'une frustration qu'il ressentit plus violemment que le brun ne l'avait imaginé. Pour tout dire, son visage fut pris d'une contorsion, un instant, signe qu'il savait où tout cela allait. Il allait perdre. Syrodos le savait et il n'était pas le meilleur joueur sur cette terre. Pourtant, il se refusait de lui courir après, de la déposséder de ses sens et de l'embrasser comme si toute leur vie en dépendait. Il y avait toujours une solution quelque part.
Seule leurs voix habillaient la taverne d'une ambiance qui aurait pu paraître étrange. Le barde écouta alors, suivant les mouvement de la prêtresse avec une attention particulière. Un pichet de vin était ce dont ils avaient besoin, semble-t-il et la discussion repris ses droits comme si rien de tout cela n'avait eu lieu, quelques secondes en arrière. La sensation de son souffle tout près était devenu un fantôme, une drôle d'illusion et Syrodos dû boire en suivant la jeune femme.
"Je ne pense pas. J'aimerais passer les Os d'ici la fin de 875 pour me produire à Yi Ti. Aucun de mes paires n'y est encore allé, le barde plissa ensuite ses yeux, s'appuyant contre le comptoir avec une méfiance ironique. Est-ce que tu essayes de me chasser ou je rêve? Qui sait, peut-être que le destin me mettra sur la route de quelques dragons et qu'ils seront plus friands de ma douce voix que toi."
Le rire de Vellosha aurait pu détruire son égo, quelques années en arrière, le laissant vide et blessé, pourtant ce n'était pas leur premier combat et les vieilles blessures avaient transformer les paroles en une attente impatiente et protocolaire. Ils continueraient jusqu'à grand soif et qu'il leur faille se désaltérer de quelque chose d'autre. L'artiste prit alors une pause triomphale et un ton provocateur en observant la myrienne, mettant en avant quelques suppositions.
"J'imagine que je ne te manquerais pas une seconde et que tu crieras sur tous les toits que tu t'es débarrassé, je cite : "De l'insupportable barde qui te suit jusqu'à l'autre bout de la terre"."
Et à ses paroles, son sourire fut presque nostalgique et amusé, terminant sa coupe plus rapidement, ses doigts retraçant le parcours d'une de ses mèches de cheveux plus longues que la dernière fois que le barde avait vu la prêtresse à ses côtés.
by CrimsonTulip
Invité
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-Tu ne t'es juste pas retrouvé récemment à genoux devant moi, sourit-elle entre malice et charme.
Évidemment que Vellosha ne doutait pas de ses charmes. Si elle se mettait à douter de son physique, elle ne serait qu'une simple prêtresse qui se replierait derrière chaque flamme qu'elle verrait, car elle penserait que R'hllor la protégerait. Elle ne doutait pas du fait que son dieu la protégeait, mais elle ne se reposerait pas trop sur celui-ci non plus. Lorsqu'on comptait trop sur ce qui était supérieur à nous, ce qui était incompréhensible, on se retrouvait à faire une suite de faux pas, qui menaient à la perte. Bon, elle avait bien d'autres défauts qui risqueraient de la mener à sa perte, mais le manque de confiance n'en ferait pas partie. Elle savait ce qu'elle faisait avec ce qu'elle avait ─ et elle avait assez de charme pour s'occuper entre les draps d'hommes et de femmes ; parfois les deux en même temps.
La prêtresse ne doutait pas que le barde la trouva toujours charmante, mais elle songea pendant un instant que, peut-être, ce jeu entre eux commençait à le lasser et qu'il était temps de mettre un terme à ce qui les liait. De, pour une fois, ne plus se laisser guider par le destin, et le contrarier en lui tournant le dos. Elle y pensait, et inconsciemment, elle s'accrochait un peu plus à lui. Elle voyait chaque jour des nouvelles personnes, avait visité une partie d'Essos pour s'éloigner de sa famille, elle n'avait pas cessé d'être en quête de quelque chose de plus grand qu'être une simple prêtresse de Myr, et c'était auprès de lui qu'elle cherchait à être vue. Alors qu'elle s'apprêtait à hausser les épaules et lui dire qu'elle s'en fichait, il répondit à l'affirmative. Il viendrait pour elle. Cette affirmation la glaça et la réchauffa à la fois ─ si elle sentait bien que son corps devenait plus chaud, son cœur se serra dans sa poitrine, refusant de croire ses mots. Ses propres parents l'avaient laissée à un temple et n'étaient revenus que lorsqu'elle avait pris de l'importance. Et ce barde voulait lui faire croire qu'il la chercherait ? Qu'il reviendrait pour elle ? Les mots eurent du mal à passer, alors elle esquiva, ce qu'elle faisait divinement bien. Plus de veste entre ses doigts, plus de lèvres proches des siennes, plus de corps qui l'appelait. Le retour au vin était brutal mais efficace pour l'instant.
-J'aime à penser qu'on peut toujours faire pire, mais que c'est difficilement trouvable, qu'elle répondit avec un air satisfait alors qu'elle s'éloignait.
Et soudainement, il faisait plus froid. Rien qu'un peu d'alcool ne pouvait pas changer, mais ce n'était pas la même sensation. Il y avait peu de choses qui égalaient de ce que Syrodos pouvait lui faire ressentir, car la plupart du temps, les gens n'essayaient pas plus que ça de lui faire ressentir quelque chose. La plupart se contentaient de la politesse, la gentillesse et la reconnaissance lorsqu'elle utilisait ses dons de guérisseuse. Certains la dédaignaient, ce qui la laissait profondément indifférente. Ses amants et amantes la captivaient une nuit uniquement, et après, tout s'évanouissait. Une nouvelle gorgée de vin pour noyer le poisson, pour prétendre que les questions étaient désintéressées, juste pour faire durer le suspens et voir à quel moment il finirait enfin par craquer. Il était hors de question qu'elle fut celle à céder en premier, elle avait une réputation à tenir ! Et elle avait des standards, hmhm. Il fallait juste qu'ils la pensent assez séduisante pour vouloir tenter leur chance, mais pas désespérée au point de venir à la charmer en se moquant.
-Je dirais plutôt qu'ils seront friands de savoir si tu fais un bon repas, mais je t'en prie, rencontre un dragon et joue de ton luth en espérant que ça te sauve. Si j'ai l'occasion, j'assisterai à cette représentation.
Son air moqueur ne quittait pas son visage, bien qu'elle réfléchit à Yi-Ti. Elle avait déjà lu quelques textes concernant la civilisation là-bas, mais rien qui ne permettait réellement de savoir à quoi s'attendre dans ces contrées. En tout cas, il semblait décidé à ne pas rester posé, ce qui l'enchantait autant que ça commençait à la chagriner. Elle, elle resterait quelques temps à Meereen. Qui sait ce qu'elle ferait après ? Mais elle ne pensait pas qu'elle irait aussi loin. Si quelque chose les liait réellement, alors ils se retrouveraient. Mais elle songea que les chances s'amenuisaient, s'il partait à Yi-Ti. Mais la réflexion fut chassée par les gestes exagérés de Syrodos, ce qui la fit rouler des yeux. Ne pouvait-il donc rien faire simplement ? Elle pencha légèrement sa tête sur le côté, ses yeux améthystes analysant un peu plus le barde, tant qu'elle pouvait le faire avant que le monde ne devint plus joli qu'il ne l'était en réalité.
-Eh bien, pour imaginer que tu me manques, il faudrait déjà que je pense à toi...
Peut-être était-ce la pique de trop, elle ne savait pas. Mais pour la première fois, elle eut l'impression qu'elle allait un peu trop loin ─ ou qu'en tout cas, le mensonge lui piquait à la langue de la sorte. C'était dans la nature de leur lien de montrer peu de pitié face à l'autre, mais la différence entre les taquineries et la cruauté pouvait être floue. Elle fit une grimace et se redressa, laissant sa coupe de vin sur une table alentour. D'un geste, elle attrapa la main qu'il faisait parcourir sur une de ses mèches foncées, et esquissa un pas vers lui.
-Allez, Syrodos. Qu'est-ce que tu as écrit d'autres, ces dernières lunes ? Je suis arrivée à la fin de ta prestation tout à l'heure, je n'ai pas pu entendre tes autres nouveautés, l'encouragea-t-elle pour se faire pardonner.
Évidemment que Vellosha ne doutait pas de ses charmes. Si elle se mettait à douter de son physique, elle ne serait qu'une simple prêtresse qui se replierait derrière chaque flamme qu'elle verrait, car elle penserait que R'hllor la protégerait. Elle ne doutait pas du fait que son dieu la protégeait, mais elle ne se reposerait pas trop sur celui-ci non plus. Lorsqu'on comptait trop sur ce qui était supérieur à nous, ce qui était incompréhensible, on se retrouvait à faire une suite de faux pas, qui menaient à la perte. Bon, elle avait bien d'autres défauts qui risqueraient de la mener à sa perte, mais le manque de confiance n'en ferait pas partie. Elle savait ce qu'elle faisait avec ce qu'elle avait ─ et elle avait assez de charme pour s'occuper entre les draps d'hommes et de femmes ; parfois les deux en même temps.
La prêtresse ne doutait pas que le barde la trouva toujours charmante, mais elle songea pendant un instant que, peut-être, ce jeu entre eux commençait à le lasser et qu'il était temps de mettre un terme à ce qui les liait. De, pour une fois, ne plus se laisser guider par le destin, et le contrarier en lui tournant le dos. Elle y pensait, et inconsciemment, elle s'accrochait un peu plus à lui. Elle voyait chaque jour des nouvelles personnes, avait visité une partie d'Essos pour s'éloigner de sa famille, elle n'avait pas cessé d'être en quête de quelque chose de plus grand qu'être une simple prêtresse de Myr, et c'était auprès de lui qu'elle cherchait à être vue. Alors qu'elle s'apprêtait à hausser les épaules et lui dire qu'elle s'en fichait, il répondit à l'affirmative. Il viendrait pour elle. Cette affirmation la glaça et la réchauffa à la fois ─ si elle sentait bien que son corps devenait plus chaud, son cœur se serra dans sa poitrine, refusant de croire ses mots. Ses propres parents l'avaient laissée à un temple et n'étaient revenus que lorsqu'elle avait pris de l'importance. Et ce barde voulait lui faire croire qu'il la chercherait ? Qu'il reviendrait pour elle ? Les mots eurent du mal à passer, alors elle esquiva, ce qu'elle faisait divinement bien. Plus de veste entre ses doigts, plus de lèvres proches des siennes, plus de corps qui l'appelait. Le retour au vin était brutal mais efficace pour l'instant.
-J'aime à penser qu'on peut toujours faire pire, mais que c'est difficilement trouvable, qu'elle répondit avec un air satisfait alors qu'elle s'éloignait.
Et soudainement, il faisait plus froid. Rien qu'un peu d'alcool ne pouvait pas changer, mais ce n'était pas la même sensation. Il y avait peu de choses qui égalaient de ce que Syrodos pouvait lui faire ressentir, car la plupart du temps, les gens n'essayaient pas plus que ça de lui faire ressentir quelque chose. La plupart se contentaient de la politesse, la gentillesse et la reconnaissance lorsqu'elle utilisait ses dons de guérisseuse. Certains la dédaignaient, ce qui la laissait profondément indifférente. Ses amants et amantes la captivaient une nuit uniquement, et après, tout s'évanouissait. Une nouvelle gorgée de vin pour noyer le poisson, pour prétendre que les questions étaient désintéressées, juste pour faire durer le suspens et voir à quel moment il finirait enfin par craquer. Il était hors de question qu'elle fut celle à céder en premier, elle avait une réputation à tenir ! Et elle avait des standards, hmhm. Il fallait juste qu'ils la pensent assez séduisante pour vouloir tenter leur chance, mais pas désespérée au point de venir à la charmer en se moquant.
-Je dirais plutôt qu'ils seront friands de savoir si tu fais un bon repas, mais je t'en prie, rencontre un dragon et joue de ton luth en espérant que ça te sauve. Si j'ai l'occasion, j'assisterai à cette représentation.
Son air moqueur ne quittait pas son visage, bien qu'elle réfléchit à Yi-Ti. Elle avait déjà lu quelques textes concernant la civilisation là-bas, mais rien qui ne permettait réellement de savoir à quoi s'attendre dans ces contrées. En tout cas, il semblait décidé à ne pas rester posé, ce qui l'enchantait autant que ça commençait à la chagriner. Elle, elle resterait quelques temps à Meereen. Qui sait ce qu'elle ferait après ? Mais elle ne pensait pas qu'elle irait aussi loin. Si quelque chose les liait réellement, alors ils se retrouveraient. Mais elle songea que les chances s'amenuisaient, s'il partait à Yi-Ti. Mais la réflexion fut chassée par les gestes exagérés de Syrodos, ce qui la fit rouler des yeux. Ne pouvait-il donc rien faire simplement ? Elle pencha légèrement sa tête sur le côté, ses yeux améthystes analysant un peu plus le barde, tant qu'elle pouvait le faire avant que le monde ne devint plus joli qu'il ne l'était en réalité.
-Eh bien, pour imaginer que tu me manques, il faudrait déjà que je pense à toi...
Peut-être était-ce la pique de trop, elle ne savait pas. Mais pour la première fois, elle eut l'impression qu'elle allait un peu trop loin ─ ou qu'en tout cas, le mensonge lui piquait à la langue de la sorte. C'était dans la nature de leur lien de montrer peu de pitié face à l'autre, mais la différence entre les taquineries et la cruauté pouvait être floue. Elle fit une grimace et se redressa, laissant sa coupe de vin sur une table alentour. D'un geste, elle attrapa la main qu'il faisait parcourir sur une de ses mèches foncées, et esquissa un pas vers lui.
-Allez, Syrodos. Qu'est-ce que tu as écrit d'autres, ces dernières lunes ? Je suis arrivée à la fin de ta prestation tout à l'heure, je n'ai pas pu entendre tes autres nouveautés, l'encouragea-t-elle pour se faire pardonner.
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The fairer sex, they often call it
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
L'ombre d'un sourire en coin caressa les lèvres chantantes du barde à mesure que cette conversation s'étirait dans le temps. Vellosha était douée, elle savait comment lui parler pour le garder tant à baie qu'à ses pieds. Elle n'avait que quelques mots à dire, quelques gestes à faire, rien de plus. Syrodos se mit alors à sourire davantage. Il lui cédait cela, à la prêtresse de Myr. Plus d'une fois, le Rossignol avait finit à genoux pour elle et il le ferait à nouveau plus que de raisonnable. Le retour à la réalité du lendemain apporterait son lot de déception, mais pour l'instant présent et un peu de la tendresse de la belle, que demander de plus.
"Ça arrivera bien assez vite, je n'aimerais pas te laisser dépérir au manque et à la frustration."
Derrière quelques paroles empruntes de plaisanterie, nul doute que l'homme ne mentait pas tout à fait. Il s'agenouillerait devant la myrienne à nouveau, prêt à démontrer que son talent allait au-delà de quelques chansonnettes. Pour l'heure, cependant, ils jouaient encore et toujours à ce petit jeu qui était devenu une routine pour eux. Ils parlaient et parlaient, luttaient un temps contre l'inévitable attraction que le destin semblait avoir placé sur leurs épaules dès leurs premières rencontres. A cela, Syrodos savait qu'il ne pouvait pas échapper et quand bien même il n'y était plus soumis, le barde y plongerait à nouveau sans se poser la moindre question. Tout cela allait au-delà de la beauté, de l'attraction charnelle. Il y avait quelque chose de réconfortant chez cette femme acerbe qui n'avait pas peur de le transpercer par les mots. Peut-être était-ce que le Rossignol n'avait que rarement rencontré un être en cette terre qui sache lui dire ses quatre vérités et même bien plus que cela? Que sa présence lui indiquait qu'il ne s'était pas perdu sur la voie de la déraison?
"Je suis tombée sur une perle rare, donc. Si ce n'est pas ma chance."
L'ironie des mots dansait avec quelques réalités que Syrodos refusait d'admettre sincèrement. Il était chanceux, en effet, de se trouver en présence d'une femme qui lui avait inspiré nombre des chansons que son public aimait. Il mentirait et s'évertuerait sur ce chemin tant que ses lèvres maudites n'auraient pas à prononcer ces mots qui l'enchaîneraient peut-être pour toujours. Le barde prit une gorgée, souriant d'amusement aux paroles suivantes de Vellosha. C'est sûr qu'il s'agirait sûrement de son meilleur spectacle. A cela, il aurait bien trinqué. Et puis son pouce retraça les gravures ancestrales qui décorait l'instrument duquel le Rossignol ne se séparait jamais. Sans lui, impossible de chanter et plus encore, sans lui point de Naerin. Il était ce qui le rattachait à ce monde et si son luth venait à disparaître, l'homme perdrait sûrement la face.
In the realm where shadows dance and fires blaze,
A flame fair with blackest locks did stray.
Peut-être était-ce pour cette raison que Syrodos souhaitait se rendre jusqu'aux confins de la terre. Il lui fallait trouver quelqu'un comme lui, quelqu'un qui mourrait pour son art. Naturellement, la notion d'apprentissage lui était familière puisqu'il était, lui-même, passé par cela. Pourtant, il cherchait quelqu'un qui n'avait pas vécu les mêmes expériences que lui et que ses prédécesseurs. Cette personne ne serait ni comme lui, ni comme Vellosha. Ce ne serait pas un enfant abandonné devant le point de départ de toute son existence, condamné à jouer les artistes ou à servir une divinité parce que le destin en avait décidé ainsi. Son apprenti serait libre de le suivre. Et si le barde ne trouvait pas cette personne à Yi-ti, il la trouverait à Asshaï ou Vas Dothrak. Peu importe où, pourvu que le musicien ne la trouve. Ses pensées furent interrompues cependant par les paroles de la prêtresse rouge et leur soudaine cruauté le prirent de court.
In robes of crimson, like the setting sun's embrace,
She walked with grace, a vision to portray.
Cacher ses émotions était le fort des comédiens et des artistes de rue. Il était important de ne rien deviner d'eux sans quoi, la magie disparaissait. Pour une seconde, pourtant, le barde observa Vellosha sans qu'aucun mot ne quitte sa bouche ourlée d'une vérité à demi-mot. Il était blessé, naturellement, mais ce n'était pas la première fois qu'on portait un coup à son égo. Toutes ces paroles n'avaient rien d'étonnant pourtant, la belle l'avait dit elle-même : J'aime à penser qu'on peut toujours faire pire, mais que c'est difficilement trouvable. Peut-être, en effet, était-elle la plus cruelle des femmes. Cela Syrodos l'accepta. Et quand il fut certain que le coup fut passer, l'artiste reprit son éternel sourire. La grimace sur les lèvres de la prêtresse ne su tout à fait l'émouvoir.
"En effet, très cruelle. Suis-je donc la seule personne en ce monde qui parvient à te supporter?"
Her eyes aglow with flames of ancient lore,
Reflecting mysteries and cruelty from realms unknown.
Peu importe la piqure, ce jeu continuerait à les satisfaire jusqu'à ce que le temps fasse son ouvrage. Le Rossignol savait qu'un jour, l'un et l'autre redeviendraient de parfaits inconnus dans la masse. Ils seraient à nouveau noyé parmi les visages. Pour l'heure, Syrodos accepta sa main dans la sienne et la tira davantage contre lui, souriant en coin. Ainsi, elle souhaitait l'entendre? Voilà une nouveauté dans ce petit manège. Ce petit tour était bien assez inhabituel pour que le barde y vit un temps de grâce. Il tira alors la brune d'un pas enjoué, l'invitant à s'asseoir sur l'une des chaises.
"J'ai écrit celle-ci sur la route jusqu'à Meereen. Elle n'est pas tout à fait terminée."
Et ses doigts effleurèrent les cordes un instant avant qu'une mélodie n'en sorte, lente et complainte. Il y avait quelque chose de mystérieux dans sa façon de pincer l'instrument. Quiconque s'y connaissait un peu, pouvait deviner que sa technique n'était pas commune. Plus encore, les paroles étaient claires et pourtant obscures. Elles étaient dédiées sans jamais tout à fait nommer.
For purple hues, the night's rich fabric wore,
A tapestry of hardship and hope that she had sown.
by CrimsonTulip
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-Que de générosité dans ta proposition, barde. Je te reconnais bien là, roula-t-elle des yeux bien qu'elle eut un sourire en coin.
Vellosha savait toujours ce qu'elle voulait. Si elle l'ignorait, elle ne savait juste plus quoi faire, où aller. Elle ne se laissait jamais un moment de doute concernant ce dont elle voulait, ce dont elle avait besoin. Et il était certain que pour cette nuit, elle avait besoin de l'étreinte du barde, de savoir qu'il ne discuterait pas ; qu'il l'embrasserait à en perdre le souffle, qu'il s'agenouillerait sans même qu'elle eut besoin de lui en donner l'ordre. Qu'il ne poserait aucune question, se perdrait lui aussi une nuit de place ; puis que le lendemain matin, chacun partirait sans plus de mots. Que la méchanceté serait oubliée, ainsi que ce qui ne devait pas être dit, jusqu'à leur prochaine rencontre. Un brin de normalité dans leurs existences hors du commun. Un barde qui parcourait les terres en quête de quelqu'un à qui transmettre son savoir, et une prêtresse qui était vouée à mourir pour sa cause, comme toute bonne prêtresse. L'un vivait pour qui il était, l'autre mourait pour ce qu'elle était. Dans d'autres circonstances, elle aurait rigolé en disant que c'était ainsi. Qu'elle se consacrait à la vie parce qu'elle savait qu'elle avait une fin, et que de temps en temps, on pouvait changer le cour des choses.
Mais aujourd'hui, elle ne trouvait pas son humour, ni sa foi. Elle sentait toujours le feu qui brûlait en elle, comme si c'était son essence, la raison même de son existence. Pourtant, elle sentait que ce n'était pas suffisant. Certainement car Syrodos était en face d'elle et qu'à ses côtés, elle n'avait nullement besoin de prêcher R'hllor, ni même d'agiter son titre. Il l'utilisait plus pour l'emmerder qu'autre chose, mais ça lui faisait du bien lorsqu'il l'appelait juste Vellosha. Quand chaque syllabe courait sur sa langue et que soudainement, le manteau de pression qu'elle portait depuis l'enfance se dissipait, ne laissant que sa chair. Rien de plus, rien de moins. Un être fait comme les autres - si on oubliait que la nature l'avait rendue particulièrement charmante.
Et très cruelle, aussi. Si elle ne voulait pas le blesser, elle ne savait pas ce qu'elle voulait faire. Le repousser d'une façon définitive ? Non, ce n'était pas dans ses plans immédiats pour la soirée. Asséner le premier coup afin de ne pas être celle qui se retrouva avec un trou béant à la place du cœur ? Fallait-il encore trouver cet organe chez elle, à moins qu'il ne fut réduit à presque rien avec les années. Pourtant, il fallait du cœur pour soigner les autres.
-Il semblerait que ça soit le cas, acheva-t-elle.
Au moins, le fait de l'encourager semblait faire un peu mieux passer cette méchanceté. Peut-être qu'elle apprécierait un peu mieux ses chansons s'il les lui chantait au creux de l'oreille, lorsque ses lèvres descendaient sur son cou. La jalousie était une vilaine chose, surtout quand on prétendait ne pas apprécier quelqu'un, qu'on disait qu'on le subissait - mais l'envie était quelque chose de profondément ancrée dans son être.
Sans discuter, elle s'installa sur une chaise - sans oublier d'embarquer le pichet de vin ! - et en se servant un nouveau verre, écouta les nouvelles paroles du barde. Elle ne savait peut-être pas aussi bien écouter la musique que lui, car l'art était quelque chose qui dépassait la femme pragmatique qu'elle était. Cependant, elle savait manier les mots. Il était inutile de citer que leurs joutes verbales étaient aussi particulièrement longues car elle ne manquait que rarement de répartie... Et parce qu'elle aimait avoir le dernier mot, aussi.
Mais cette fois, elle se laissa porter par ce qu'il chantait juste à elle. Vellosha ferma les yeux un moment, profitant de la mélodie de son luth, du son de sa voix. Elle appuya paresseusement le bout de son menton contre sa main, sa jambe bougea au rythme des notes de musique. Elle ne savait pas comment il pouvait avoir ce talent, mais elle commençait seulement à comprendre pourquoi il vivait autour de celui-ci : ça aurait été du gâchis de l'ignorer.
-Je dois dire que ce n'était pas si mal que ça, barde. Je devrais avoir plus souvent droit à des exclusivités, elles m'enchantent particulièrement, fit-elle en rouvrant les yeux, les orbes améthystes sur le barde. Enfin, elle se leva, finit d'une traite ce qu'elle promit être son dernier verre de vin, sinon elle serait moins compétente en cas d'urgence, et se dirigea vers lui à pas de loup, chaque geste soigneusement calculé. Tu n'avais pas une chambre à me faire visiter ? Parce qu'après une telle ballade, je crois qu'un lit me ferait du bien, céda Vellosha.
Qu'il savoura bien sa victoire, Syrodos. Elle ne désirait plus se battre aujourd'hui, le chant avait joué, ainsi que le vin qui circulait dans son organisme. Ou alors était-ce son cœur qui avait soudainement retrouvé une fonction vitale ?
Vellosha savait toujours ce qu'elle voulait. Si elle l'ignorait, elle ne savait juste plus quoi faire, où aller. Elle ne se laissait jamais un moment de doute concernant ce dont elle voulait, ce dont elle avait besoin. Et il était certain que pour cette nuit, elle avait besoin de l'étreinte du barde, de savoir qu'il ne discuterait pas ; qu'il l'embrasserait à en perdre le souffle, qu'il s'agenouillerait sans même qu'elle eut besoin de lui en donner l'ordre. Qu'il ne poserait aucune question, se perdrait lui aussi une nuit de place ; puis que le lendemain matin, chacun partirait sans plus de mots. Que la méchanceté serait oubliée, ainsi que ce qui ne devait pas être dit, jusqu'à leur prochaine rencontre. Un brin de normalité dans leurs existences hors du commun. Un barde qui parcourait les terres en quête de quelqu'un à qui transmettre son savoir, et une prêtresse qui était vouée à mourir pour sa cause, comme toute bonne prêtresse. L'un vivait pour qui il était, l'autre mourait pour ce qu'elle était. Dans d'autres circonstances, elle aurait rigolé en disant que c'était ainsi. Qu'elle se consacrait à la vie parce qu'elle savait qu'elle avait une fin, et que de temps en temps, on pouvait changer le cour des choses.
Mais aujourd'hui, elle ne trouvait pas son humour, ni sa foi. Elle sentait toujours le feu qui brûlait en elle, comme si c'était son essence, la raison même de son existence. Pourtant, elle sentait que ce n'était pas suffisant. Certainement car Syrodos était en face d'elle et qu'à ses côtés, elle n'avait nullement besoin de prêcher R'hllor, ni même d'agiter son titre. Il l'utilisait plus pour l'emmerder qu'autre chose, mais ça lui faisait du bien lorsqu'il l'appelait juste Vellosha. Quand chaque syllabe courait sur sa langue et que soudainement, le manteau de pression qu'elle portait depuis l'enfance se dissipait, ne laissant que sa chair. Rien de plus, rien de moins. Un être fait comme les autres - si on oubliait que la nature l'avait rendue particulièrement charmante.
Et très cruelle, aussi. Si elle ne voulait pas le blesser, elle ne savait pas ce qu'elle voulait faire. Le repousser d'une façon définitive ? Non, ce n'était pas dans ses plans immédiats pour la soirée. Asséner le premier coup afin de ne pas être celle qui se retrouva avec un trou béant à la place du cœur ? Fallait-il encore trouver cet organe chez elle, à moins qu'il ne fut réduit à presque rien avec les années. Pourtant, il fallait du cœur pour soigner les autres.
-Il semblerait que ça soit le cas, acheva-t-elle.
Au moins, le fait de l'encourager semblait faire un peu mieux passer cette méchanceté. Peut-être qu'elle apprécierait un peu mieux ses chansons s'il les lui chantait au creux de l'oreille, lorsque ses lèvres descendaient sur son cou. La jalousie était une vilaine chose, surtout quand on prétendait ne pas apprécier quelqu'un, qu'on disait qu'on le subissait - mais l'envie était quelque chose de profondément ancrée dans son être.
Sans discuter, elle s'installa sur une chaise - sans oublier d'embarquer le pichet de vin ! - et en se servant un nouveau verre, écouta les nouvelles paroles du barde. Elle ne savait peut-être pas aussi bien écouter la musique que lui, car l'art était quelque chose qui dépassait la femme pragmatique qu'elle était. Cependant, elle savait manier les mots. Il était inutile de citer que leurs joutes verbales étaient aussi particulièrement longues car elle ne manquait que rarement de répartie... Et parce qu'elle aimait avoir le dernier mot, aussi.
Mais cette fois, elle se laissa porter par ce qu'il chantait juste à elle. Vellosha ferma les yeux un moment, profitant de la mélodie de son luth, du son de sa voix. Elle appuya paresseusement le bout de son menton contre sa main, sa jambe bougea au rythme des notes de musique. Elle ne savait pas comment il pouvait avoir ce talent, mais elle commençait seulement à comprendre pourquoi il vivait autour de celui-ci : ça aurait été du gâchis de l'ignorer.
-Je dois dire que ce n'était pas si mal que ça, barde. Je devrais avoir plus souvent droit à des exclusivités, elles m'enchantent particulièrement, fit-elle en rouvrant les yeux, les orbes améthystes sur le barde. Enfin, elle se leva, finit d'une traite ce qu'elle promit être son dernier verre de vin, sinon elle serait moins compétente en cas d'urgence, et se dirigea vers lui à pas de loup, chaque geste soigneusement calculé. Tu n'avais pas une chambre à me faire visiter ? Parce qu'après une telle ballade, je crois qu'un lit me ferait du bien, céda Vellosha.
Qu'il savoura bien sa victoire, Syrodos. Elle ne désirait plus se battre aujourd'hui, le chant avait joué, ainsi que le vin qui circulait dans son organisme. Ou alors était-ce son cœur qui avait soudainement retrouvé une fonction vitale ?
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seein' you tonight, it's a bad idea, right?
The fairer sex, they often call it
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
But her love's as unfair as a crook
It steals all my reason, commits every treason
Of logic with naught but a look
So tell me, love, tell me, love, how is that just?
Il était rare que Syrodos sache exactement à quoi s'attendre quand le destin le réunissait à la myrienne qu'il lui était impossible de précisément replacer dans l'ordre de ses souvenirs tant il avait l'impression de la connaître depuis toujours. Ce sourire, il le connaissait, et à force de joutes verbales, le barde pouvait se vanter de ne point avoir besoin de partition pour savoir se jouer de Vellosha et cela était son plus grand plaisir.
"Fais attention, tu sais ce qu'ils disent sur les femmes qui rient, très chère."
Quoique la plaisanterie n'était pas de très bon goût, le barde en savourait le goût sur ses lèvres tant qu'il le pouvait encore. Il savait que dans quelques temps, aucun mot ne saurait quitter ses lèvres en dehors du nom de cette femme qui brouillerait ses sens avec une facilité déconcertante. Il connaissait bien la prêtresse, avec ses contradictions et son caractère farouchement indépendant qui la faisait disparaître de son horizon - cela pour quelques temps au moins sans que jamais le Rossignol ne chercha à la retenir. Il ne le pouvait pas de toute façon, pas elle. Les échanges entre eux étaient comme une danse complexe, chaque pas calculé, chaque mot renvoyé aussi fort que l'un et l'autre le pouvait comme s'ils pouvaient leurs permettre d'éviter l'inévitable.
La vérité pourtant était là, Syrodos n'avait pas besoin de supporter le caractère de Vellosha, sûrement parce qu'elle était de ceux auprès de qui l'artiste courrait après toute sa vie comme une chimère désavouée. Il avait besoin de sa cruauté autant que de ses sourires et de ses mains sur lui, rappelant qu'après tout, il était acceptable de s'arrêter pour une seconde et de respirer dans une quête qui ne trouverait jamais de fin pour aussi longtemps qu'il vivrait.
Et quand enfin ses doigts trouvèrent son instrument, le barde semblait être plus à sa place que nul par ailleurs en ce monde. Sur son visage flottait un air différent, déployant son art avec une grâce qu'il n'avait pour personne d'autre, pas même ses amants et amantes dont il avait toujours aimé exagéré le compte. Syrodos maniait le luth avec une intimité qui transcendait le simple instrument de musique. Ses longs doigts glissaient avec aisance, produisant des accords riches et mélodieux. Chaque note était soigneusement choisie, chaque progression d'accords tissée avec une précision d'orfèvre. Les vibrations résonnaient dans l'air, faites pour capturer l'attention de ces auditeurs. En l'occurrence, une seule auditrice l'intéressait à cet instant et l'artiste serait damné de ne pas s'appliquer plus encore qu'il ne le faisait habituellement.
Et chaque mot, chaque image, il les avait choisi avec un soin immense. Ce n'était pas tout à fait vrai, mais point tout à fait la vérité. Ou du moins, il 'agissait de la vérité qu'il avait décidé de choisir, éclairant certains passages, en gardant d'autres dans les ténèbres des limbes. Il ne disait jamais, dans ses chansons, que Vellosha Iranyris était une femme aux mots acérés qui la rendait plus venimeuse qu'une aspic. Cela restait dans l'ombre de sa beauté, de ses dons, de sa foi, tant de qualité qu'il refusait de poser sur son nom, car quand elle était face à lui, la prêtresse myrienne était seulement Vellosha et cela valait tout l'or du monde. Il ne nécessitait pas de la femme miraculeuse, de la liseuse de flamme ou peu importe ce qu'on apprenait dans les temples de Rh'llor. Syrodos ne courrait qu'après le temps qu'elle lui accorderait et sur le réconfort de la savoir proche, comme la plus vieille de ses amies et en même temps, un peu plus que cela tout de même.
Quand la mélodie s'arrêta, l'homme prit un instant pour réaccorder son instrument, tendant l'oreille davantage aux paroles de la femme qui lui faisait face qu'aux notes qu'il performait. Il avait pris l'habitude de ne pas exactement regarder ses mains et de pouvoir faire quelque chose en même temps, comme si tout ce qui touchait à ce luth était devenu une seconde nature. Et quand Vellosha termina sa première phrase, Syrodos s'inclina stupidement. Il se leva alors, souriant en coin à son tour. Il était bien rare qu'il ne craqua point le premier et quand elle s'approcha, le Rossignol hocha sa tête.
"Voilà des mots que je ne pensais pas t'entendre prononcer," il fallut un instant que l'artiste déglutisse avant de pouvoir reprendre, retrouvant sa propre ardeur pour qu'il s'approche et que ses lèvres puissent effleurer celles de de sa comparse. "Je pense que je connais quelques remèdes à tes maux. Allons-y, très chère?"
Sur ses bonnes paroles, sa main attrapa celle qu'il avait cherché à tenir depuis le premier instant où la myrienne avait fait son apparition, la guidant joyeusement dans les étages de cette auberge qui le logeait pour l'instant, d'ici qu'il ne trouva un endroit plus cossue pour gagner assez d'argent pour s'embarquer de l'autre côté des Osseux. Et non sans s'assurer que personne ne puisse être témoin de ce moment, Syrodos déposa brièvement ses lèvres contre le cou de la prêtresse avant de la guider jusqu'à une chambre bien plus enviable que celles qu'il avait pu usé dans les cités libres par le passé.
by CrimsonTulip
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