❝ devil doesn't bargain ❞ ft. Aegon IV Targaryen

Meereen était une ville étrangère, la Baie des Dragons était une contrée étrangère pour la Chevalier-Dragon qui n'avait majoritairement que connu les Sept Couronnes. Ici, on ne priait pas ses dieux, ceux que lui et Naerys avaient adoré et qu'ils avaient si souvent prié ensemble par le passé. Il y avait une multitude d'autres dieux, de faux dieux pour lui. Mais l'étaient-ils réellement ? À Tyrosh, on adorait Trios et il semblait que celui-ci soit réel car il lui avait rendu la vie, il lui avait permis de revenir dans ce monde. Cela faisait-il de lui un pécheur que d'accepter la vie qu'un dieu qui n'était pas le sien lui offrait ? L'Étoile à Sept Branches n'avait jamais rien dit à ce propos car les morts ne revenaient pas, les morts trouvaient le repos éternel, la béatitude éternelle ou rejoignaient l'un des sept enfers. Mais ils ne revenaient pas. En tout cas, avant aujourd'hui. Puis dans la Baie des Dragons, il y avait Mhysa. La Mère en ghiscari. Elle était la représentation de Daenerys de la Maison Targaryen, la dernière reine de leur dynastie qui avait conquis et libéré cette région de l'esclavage. Pour Aemon, elle n'était pas une déesse mais elle comprenait pourquoi elle était adorée et respectée ici.
Il était un chevalier des Sept Couronnes, sa culture était celle de l'ouest et ses croyances également. Il ne se trouvait pas dans son élément mais sa famille était là, à Meereen. Son père, ses oncles, sa tante et ses grands-parents. Mais surtout, sa douce Nys. Il n'était plus Garde Royale, il n'y avait plus de roi à protéger alors où se trouvait son devoir si ce n'était pas auprès de ses proches ?

Aegon était là également, à ce qu'on lui avait dit. Arrivé la veille à dos de dragon, un vol qu'il avait partagé avec le prince Maegor, il n'avait eu le temps que de voir son père et sa sœur, sa magnifique sœur qui faisait battre son cœur mais qui appartenait et appartiendrait toujours à un autre. Le vol, son premier vol à dos de dragon, avait été épuisant et la présence d'un prince qui vivait dans le péché comme Maegor n'avait pas aidé Aemon à apprécier ce moment. Où son frère avait-il passé la nuit ? Quelques bordels exotiques, certainement. Car Aegon vivait tout autant dans le vice et la luxure que le prince qui l'avait mené jusqu'ici.
Pendant longtemps, le prince avait protégé son aîné, il l'avait servi et défendu, il avait même donné sa vie pour lui mais jamais il n'avait pu pardonner tout ce qu'il avait infligé à Naerys. Souvent, son frère s'était amusé à le torturer et cela, Aemon était capable de le pardonner. Il ignorait bien quel était son crime pour qu'Aegon le punisse ainsi mais les Sept demandaient que l'on pardonne à ceux qui nous avait causé du tort et Aegon, il le pardonnait pour cela. Pas pour Naerys, pour leur douce sœur qui avait tant souffert entre ses mains, qu'il n'avait jamais aimé et qu'il avait cherché à détruire sans cesse. Pourquoi ? Que lui avait-elle fait ? Elle était si douce, si précieuse qu'Aemon n'avait toujours aimé qu'elle. Jamais une autre femme, toujours Naerys. Un amour interdit, un amour qu'il n'avait jamais pu exprimer mais qui siégeait au fond de son cœur et qu'il lui était impossible de nier. Aemon Targaryen, le Chevalier-Dragon aimait sa sœur et reine, Naerys. Cela ne l'avait pas empêché d'aimer Aegon non plus. Enfant, il avait aimé son frère et longtemps, il avait regretté qu'ils ne soient pas plus proches. Il l'aurait voulu mais ils étaient si différents. Il s'était trouvé plus proche de leur sœur, il s'était trouvé plus de points communs avec elle. Là où Aegon attirait l'attention et vivait dans le péché, il vivait une vie plus pieuse, moins assidue que Naerys mais lorsqu'il le pouvait, il était toujours allé prier avec elle. Il lui était arrivé de le faire sans elle, rarement dans un septuaire mais cela était arrivé qu'il prie dans ses appartements, seul le soir. Il avait trouvé, auprès des Sept, un certain réconfort, une présence bénéfique dans sa vie. Peut-être pour combler un vide dont il avait peu conscience, un vide maternel ou paternel. Ou sans doute était-ce les deux. Mais ses dieux, il les adorait et n'était pas prêt à les abandonner.

L'aube pointait désormais et Aemon était réveillé depuis bien longtemps. Il s'était vêtu déjà et avait passé du temps à observer ce que la pénombre lui offrait à voir de la ville. Meereen était différente de Port-Réal ou des villes qu'il avait connu à Dorne mais la chaleur y était tout aussi étouffante durant la journée. Trouvait-il l'endroit plus beau que ce qu'il avait connu ou plus laid ? Il ne saurait le dire mais il n'était pas désagréable car il y avait sa famille et Nys, comme il aimait à la surnommer. Cela lui donnait le sentiment d'être chez lui et à sa place.
L'attitude solennelle et droite comme lorsqu'il fut chevalier et Commandant de la Garde Royale, il s'était vêtu d'une tenue plus légère aux tissus d'un bleu sombre avant de quitter la chambre pour trouver les couloirs de la Grande Pyramide. Les jardins, au bout, permettaient d'observer la ville dans un cadre plus vert et apaisant pour lui. C'était là qu'il se rendait, qu'il espérait le faire quand, au détour de l'un des couleurs, il fit face au visage familier de son frère aîné qui semblait rentrer d'une nuit à l'extérieur de la pyramide. Ou de ses appartements en tout cas.

« — Brother, so we meet again. Father told me you were here. I'm glad to see you are fine. »

Malgré tout leur passé, il n'y avait aucune animosité qui venait transparaitre dans le ton ou l'expression de ses salutations.

 — "And you took a part of me
Left me with the memories, oh
We were never a family
Now you're standing in front of my door
Like none of this happened at all, all, all

I guess I'm always gonna be the bad child
I guess I'm always gonna be the mad child
'Cause you will never understand my weird mind
My weird mind
And to every single person here that doubts me
Telling me that they could live without me
'Cause they will never understand my weird mind
My weird mind"



Ah Meereen. Aegon se trouvait à apprécier la ville, bien qu'elle soit un peu trop habitée par sa famille à son goût. Mais au moins, il y avait un avantage à voir les Targaryens adulés ici, c'est qu'il avait une multitude de privilèges à son arc. Peut-être qu'une partie de lui n'était en vérité pas si indifférente que cela à partager la vie et le quotidien d'une famille qu'il apprenait à connaître, bien qu'il le nierait probablement même sous la torture.
Après tout, Aegon avait grandit sans avoir l'impression d'avoir une réelle famille. Sa mère était partie, son père était plus occupé par le royaume que par ses enfants, son frère et sa sœur étaient plus occupés à passer du temps ensemble et à prier les stupides Sept, à briller pour le reste du royaume et que dire de son oncle ? Quand à ses cousins... S'il ne détestait pas Daeron, ils n'étaient pas non plus proches, Baelor avait toujours été un triple imbécile ennuyeux, Rhaena n'était pas en reste. Elaena avait été drôle parfois mais sa préférée restait Daena. Sa douce Daena. Elle lui manquait, il espérait la revoir vite.
Mais ici, il se découvrait des oncles, des tantes qu'il avait peu connu dans son ancienne vie et des grands-parents qu'il ne détestait pas. Daemon Targaryen, son grand-père, lui semblait même fort sympathique même s'il n'était pas aussi féroce ou vaurien que certains ouvrages l'avaient prétendu. Et il semblait le garder à l'œil d'ailleurs mais Aegon s'en amusait plus qu'autre chose.
En fait, il avait même apprécié, deux jours avant, de se faire traîner par son grand-père jusqu'à sa chambre quand il était rentré ivre mort d'une nuit bien arrosée dans les rues de Meereen. Au moins, s'il n'était ni véritablement vaurien ou cruel, il semblait prendre soin de ses enfants et de ses petits-enfants même. À se demander ce qui avait mal tourné pour son propre père...
Oui, oui, la guerre, la guerre. Elle avait bon dos la guerre.

D'ailleurs, il s'évertuait à éviter son père. Il aurait pu faire le choix de rester à Lys, loin de lui et de sa sœur mais Aegon avait cédé à la curiosité et il n'avait pas l'intention de retourner dans la cité libre tout de suite.
Quoi qu'il en soit, Viserys deuxième de son nom n'avait plus aucun pouvoir sur lui. Il était libre. Et il avait même une superbe et féroce dragonne. Il serait presque tentant de la voir dévorer son père parfois.
Sa liberté, Aegon en profitait. Il buvait et jouissait des plus belles femmes qu'il trouvait dans les bordels, ou dans la rue. Enfin, il se sentait en vie, libéré d'un royaume qu'il exécrait et de responsabilités toutes plus barbantes les unes que les autres.
Et qu'on ne lui parle pas de son mariage à Naerys, il était nul à présent, malgré la façon dont il avait tourmenté sa sœur lorsqu'il s'était présenté à elle à son arrivée à Meereen.

Aegon sortait presque tous les soirs et celui-ci n'avait pas fait exception. Il avait passé sa nuit en agréable compagnie et était prêt à roupiller tout son saoul dans ses appartements.
Mais il semblait qu'il y avait un prix à payer pour sa liberté et son amusement de la nuit dernière et que son lit devrait attendre.
Car au détour d'un couloir, il eut la mauvaise surprise de tomber sur un visage on ne peut plus familier. Aemon. Son cher frère.
En l'entendant, Aegon leva les yeux au ciel. Bon sang, ce qu'il pouvait être gentil et barbant, le preux chevalier, sauveur et défenseur de la veuve et de l'orphelin. Celui qui avait toujours eu tous les lauriers pour lui...
Aegon n'avait pas toujours détesté son frère pourtant. Oui bien sûr, il y avait eu ce fâcheux incident avec l'œuf mais il avait essayé de s'intéresser à cet être bruyant, ennuyeux et voleur d'attention. Jusqu'à Naerys et qu'elle ne vienne décupler le manque d'attention dont Aegon souffrait.
Son frère et sa sœur étaient devenus très proches, ils s'étaient accoutumé à Westeros et à ses règles, à la cour, aux Sept sans mal et étaient tout ce que l'on pouvait attendre d'un parfait petit prince ou d'une parfaite petite princesse. Et il était devenu un paria.

« Oh great... So the prodigal son is back too. »

Son soupire est à la limite de l'exagération. Aegon est tenté de se contenter de cela et de passer son chemin mais son frère ne serait-il pas tenté de le suivre à la trace ?
À la place, il s'accouda au mur, fixant Aemon avec indifférence et dédain.

« You can cut the act, no one is here to see you be the golden prince. You're no more glad to see me that I am. »

Aemon avait autrefois donné sa vie pour son frère aîné. Il avait perdu la sienne pour qu’Aegon puisse vivre, pour que son roi et frère puisse vivre. Dans cette vie nouvelle, il ne lui appartenait plus de protéger son frère mais s’il fallait le refaire, il sacrifierait à nouveau sa vie pour le protéger. Malgré la colère et ses actes impardonnables envers Naerys, il restait son frère et si la vie avait été différente, peut-être auraient-ils pu être plus proche. Ou alors Aegon l’avait-il toujours détesté, comme les livres prétendaient qu’il avait tenté de le tuer dès l’enfance en le frappant avec l’œuf d’un dragon qui n’avait jamais éclos.
Les Sept l’enjoignaient à pardonner et Aemon le faisait. Il pardonnait les affronts, les insultes, les humiliations, Aegon vivait dans le vice et le péché mais cela le regardait. Mais il était trop difficile de le pardonner pour Naerys. Si douce, si belle et si aimante Naerys. Comment Aegon avait-il trouvé la force de la haïr ? Où Aegon trouvait-il tant de haine dans son cœur ?

Dans ces retrouvailles, il n’y avait nul animosité de la part du cadet mais ce n’était pas le cas pour Aegon qui soupirait, qui semblait peu ravi. Détestait-il à ce point leur famille ? Que lui avait-elle faite pour avoir droit à tant de haine et de mépris de sa part ? Qu’avait-il fait, lui-même, si ce n’était se tenir à ses côtés, le protéger et le servir fidèlement ? Son aîné en aurait-il voulu, il lui aurait donné son amitié malgré les différences qui les éloignaient mais il semblait qu’il n’ait jamais cherché à se rapprocher de lui, seulement à l’éloigner ou à le considérer avec mépris, à le déshonorer en l’accusant d’un crime odieux quand Aemon n’avait jamais posé la main sur leur sœur. Il l’aimait, oh il aimait Naerys comme on aime qu’une fois dans sa vie et si elle avait été son épouse, il l’aurait honoré chaque jour de leur vie. Seulement elle était liée à Aegon par le devoir et il avait vœu de célibat, un vœu qu’il avait toujours respecté.

« — You’re hurting me, brother. »

Il n’y avait pas d’ironie ou de sarcasme dans sa voix alors qu’il prononçait ces mots et affrontait le dédain de son aîné.

« — You know me so little if you think this is an act. I really am glad to know you are alive and well. »

Son ton, pour autant, n’était pas doux. Il était ferme et déterminé, il ne laisserait pas Aegon se moquer de cette bonté qu’il possédait et de sa capacité à pardonner. Il fit alors quelques pas dans sa direction, pour se rapprocher. Ils faisaient la même taille mais Aemon avait la carrure bien plus large que son frère.

« — I hope this life will give you what you’re looking for, Aegon. Because this may not be an act from me but you… You, big brother, I believe were all an act. »

Aemon Chevalier-Dragon voulait croire que son frère était plus que cela, plus que ce qu’il avait toujours monté au reste du monde. À lui et à Naerys. Il y avait tant de colère et de haine en lui, il restait distant avec tous et malgré ses nombreuses amantes et sa position de roi, Aemon ne lui avait jamais trouvé de véritables amis.

« — I wish we could get to know who’s hiding behind the asshole you’ve always shown to the world. »

 — "And you took a part of me
Left me with the memories, oh
We were never a family
Now you're standing in front of my door
Like none of this happened at all, all, all

I guess I'm always gonna be the bad child
I guess I'm always gonna be the mad child
'Cause you will never understand my weird mind
My weird mind
And to every single person here that doubts me
Telling me that they could live without me
'Cause they will never understand my weird mind
My weird mind"



Effectivement, son frère ne faisait preuve d'aucune animosité à son égard. Aegon aurait peut-être préféré. Ça lui aurait donné un peu de piquant, un peu d'intérêt, ça aurait prouvé qu'il n'était pas qu'une pauvre coquille pleine de perfection dévoué à ses Sept.
Mais non. Il était toujours horripilant de perfection.
Se défendrait-il seulement si Aegon se jetait sur lui pour lui refaire le portrait ? Il avait de sérieux doutes. Il aurait trop peur d'insulter le Guerrier, il se sentirait coupable et patati, et patata.
Pathétique.
Effectivement également, Aemon était mort pour lui, il lui avait sauvé la vie. À la limite, il lui en était reconnaissant, vraiment, quel geste de bravoure. Mais cela prouvait une fois de plus qu'il était ce parfait petit prince, toujours prêt à tendre la main, à faire le bien à sauver tout et son contraire, même son immonde raclure de grand-frère couronné. En définitive, il ne lui avait rien demandé non plus.
Il aurait pu être égoïste et le laisser mourir. Il aurait pu protéger leur pauvre petit-sœur mais non.

Et encore aujourd'hui, cette perfection suintait par tous ses pores et Aegon en avait des hauts-le-cœur. N'avait-il dont aucune fierté, aucun amour propre ?
Ah, peut-être que si. Il semblait que Meereen ait peut-être des vertus pour son frère car ce dernier osait ouvrir la bouche, se rebeller un peu. Il osait lui répondre, le bougre.

« Perhaps that is the problem... »

Mais sa remarque acerbe se perd dans... Est-ce de la colère ? Les Dieux soient loués, Aemon était donc capable d'imperfection. Son sourire moqueur garda sa place sur ses lèvres tandis que son frère se rapprochait, qu'allait-il lui faire maintenant ? Allait-il s'éveiller à la violence également ?
D'une certaine façon, Aegon l'aurait voulu. Il aurait voulu que l'image du parfait fils, du preux chevalier adulé s'effrite, se brise, qu'il soit moins parfait pour que lui-même soit moins misérable, moins paria.
Cependant, le sourire de l'Indigne s'efface rapidement quand son frère vient l'insulter.

« Tss, you're an hypocrite. »

D'un coup, la fureur s'empare des veines d'Aegon et il a l'impression que cette dernière hurle dans sa poitrine comme il repousse son frère d'un coup dans la poitrine.

« I am the asshole, huh ? The unworthy, the paria, the forever-problem child that you dare call an act ! »

Il pousse de nouveau son frère, le regard fou.

« But what about your act, little brother ?! The one of the golden child, the good and beloved knight taking all the space, all the air in the room ?! »

Et quand il pousse une dernière fois son frère, Aegon l'observe de ces yeux furieux de nouveau avant de se mettre à rire comme un dément, la cruauté dont il était capable envers Aemon flottant dans l'air ambiant entre eux.

« Too bad, you were always too perfect, too devoted to your stupid faith and kingdom that broke our family to have what it takes to claim what you wanted. »

Aemon avait toujours aimé son dieu pour ce qu'il lui apportait, une rigueur, une croyance, une présence supérieure pour le guider qui lui avait manqué dans sa vie. Il ne reprochait nullement à son père son manque d'attention, il ne reprochait pas à sa mère d'être partie quand bien même il aurait aimé grandir avec elle à ses côtés, savoir si elle était fière de lui et l'interroger sur de nombreux sujets divers variés mais à la place, il avait trouvé les Sept. Car Aegon non plus n'avait pas été un modèle, Aegon non plus ne lui avait pas tendu la main. Son dieu oui, il avait autrefois prié avec Naerys, avec sa cousine Rhaena ou avec le très pieux Baelor. Il trouvait un calme et une sérénité auprès des Sept, il trouvait un repos dans les prières alors que le monde s'agitait, il pouvait poser et calmer son esprit ou ses sentiments.
Aegon le provoquait, il le savait, ce n'était pas la première fois. Mais durant longtemps, il avait été son roi alors il n'avait rien pu dire, pas un mot car il était de son devoir de le servir et de le protéger, il en allait de son honneur. Dans cette nouvelle vie, ils étaient égaux, à nouveau frères avant tout et si peu unis, si peu soudés. Malgré la colère qu'il entretenait envers lui, il ne l'avait jamais détesté. Il ne pouvait pas, il était son frère, son sang. Même si Aegon ne le voyait pas ainsi.

Aegon le poussa une première fois. Le cadet ne réagit pas. Il prit ses paroles et son deuxième coup en reculant d'un second pas face à la folie de son frère. Pourtant, sa mâchoire se contractait à mesure qu'il serrait les dents. Smith, give me the strength to fight my anger. Crone, guide me through this storm so I can find peace once again. Aegon le poussa encore une fois, une dernière fois avant de rire. Il était fou et l'ingratitude dont il faisait preuve, dont il avait toujours fait preuve ne cessait de le mettre en colère. Naerys, sa douce Nys avait tout donné à Aegon, il lui avait tout donné également. Il avait été là, il l'avait protégé, il s'était tenu à ses côtés et il n'avait fait que les insulter, les humilier, leur cracher au visage.
La colère bouillonnait chez le Targaryen, on l'avait connu comme un chevalier honorable, sa Foi l'avait toujours guidé, sa Foi et leur petite sœur qu'il avait aimé bien plus que la décence ne lui permettait de l'admettre mais Aemon avait mené des batailles, il avait guerroyé aux côtés de leur cousin et roi Daeron et il avait tué plus de dorniens qu'il ne pouvait en compter. Il avait du sang sur les mains et il n'était pas incapable de violence comme semblait le croire Aegon.

D'un pas rapide, il combla l'espace entre son ainé et lui, il poussa sans douceur contre le mur derrière lui et glissa son bras sous sa gorge pour y faire pression alors que sa mâchoire se décontractait uniquement pour parler.

« — All I've ever done was for you. I stood by you, I defended you and it was never enough. No matter what we did, it was never enough for you. »

Ses yeux aux reflets violets se plantaient dans ceux de son frère avec détermination autant qu'avec colère, celle qu'Aegon n'avait jamais vu car il ne s'était jamais tenu auprès de lui sur un champ de bataille et parce que jamais, ô grand jamais, il n'avait eu droit de faire preuve de cette rage envers son frère mais elle était là, présente en lui, dormante mais pas silencieuse.
La pression qu'il exerçait contre la gorge d'Aegon s'intensifia un peu. Il haussait le ton mais pas assez pour crier car sa voix restait posée, remplie d'une colère trop longtemps contenue, de mots trop longtemps tus.

« — The unworthy, the paria, the forever-problem child, only you who called yourself that. I never dared and I will never because you are my brother and I love you! »

Puis après un instant de lourd silence, après ses mots, il relâcha la pression qu'il exerçait sur son ainé, recula d'un pas seulement pour pointer du doigt l'homme qui lui faisait face.

« — But do not mistake my kindness for weakness, Aegon. »

Il prit une inspiration silencieuse, il laissa un semblant de calmer revenir avant de laisser son bras retomber.

« — Are we clear? »

 — "And you took a part of me
Left me with the memories, oh
We were never a family
Now you're standing in front of my door
Like none of this happened at all, all, all

I guess I'm always gonna be the bad child
I guess I'm always gonna be the mad child
'Cause you will never understand my weird mind
My weird mind
And to every single person here that doubts me
Telling me that they could live without me
'Cause they will never understand my weird mind
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Y aurait-il jamais une chance pour qu'Aegon et Aemon soient des frères tels que Baelon et Aemon aient été décrits dans les livres ? On ne le saurait jamais.
Aujourd'hui, ce qui était brisé, Aegon ne voyait pas comment cela pourrait être réparé, et il ne se le demandait pas, il s'en fichait. Qu'avait-il besoin d'un frère parfait ? D'un frère qui était à l'image de son père, plus intéressé par tout que par lui ?
Mais la carapace du parfait Chevalier Dragon commençait à se figurer. Ah, peut-être la nature Targaryenne commençait-elle à bouillir ? Intéressant. Vraiment très intéressant.
Même le fait d'être propulsé contre un mur, la gorge entravée par le coude de son frère ne saurait lui faire perdre ce minime sourire narquois qui habitait son visage.
Quoi que... Son discours mielleux lui fait presque lever les yeux au ciel. S'il avait eu plus de courage, il lui aurait refait le portrait il y avait bien longtemps, il se serait battu pour leur sœur. Mais non... Typique de son frère ça, de ne pas savoir être un homme, de ne pas se battre... Typique de leur père...

Aegon ne tente même pas de lutter contre sa condition de prisonnier sous l'emprise du bras de son frère, il maintient son regard avec un profond dégoût. Il disait l'aimer, la bonne plaisanterie... Quand l'avait-il jamais véritablement démontrer ? Quand ?
Lorsqu'il avait mis à mal avec lui le royaume qui avait poussé leur mère au départ ? Ou quand il avait adopté toutes les coutumes de ce dernier, qu'il avait passé son temps avec sa sœur à jouer les enfants modèles ?
Ou quand il s'était opposé à ce qu'il épouse Naerys ? Ou quand il avait fait face à leur père à chaque fois que ce dernier lui avait bien fait sentir sa nullité, son inutilité ?
Allait-il le frapper ?

Et non. Il semblait qu'Aemon conservait ce degré d'honneur qui l'en empêchait... Il le relâcha, continuant sa joli petite rengaine et Aegon ricana un instant. Juste avant de se jeter sur lui.
Sans doute n'était-il pas assez fort pour gagner un combat à main nue mais il s'en fichait. Après tout, la douleur était l'un des meilleurs moyens pour repousser le mal-être intérieur...
Il pousse son frère par terre et l'y maintient un instant.

« Why would I care for your stupid kindness ? What has it ever done to me, brother ? »

Ses mains attrapent le col de son frère et peut-être qu'Aemon peut-il lire alors la rage qui sommeille dans les prunelles lilas de son aîné.

« If only you had not loved this kingdom so much too... The very kingdom that made us lose mother... Maybe, maybe things would have been different. »

Ses yeux sont fous et sa voix inonde du dédain, de cette rage qui l'habite comme il continue de tenir son frère, comme il se nourrit de nouveau de la haine qu'il a tant eu pour Westeros, de cette sensation d'étouffer, qu'il ne serait jamais assez quoi qu'il arrive.

« Maybe if father had make something when they insulted her, she would have stayed. Maybe we could have been brothers. Maybe you could even had marry Naerys. But see ? Deception is cruel on us, deception comes from father but would you have hate him ? Of course not. You're too perfect for that. So annoying that you are. »

Il secoue de nouveau Aemon avant que son bras ne fasse un mouvement, que son poing ne veuille trouver sa sale tête de gosse parfait.

Aemon et Aegon étaient trop différents, le plus jeune savait que son frère et lui s’étaient toujours trouvé trop peu de point en commun. Pourtant il persistait à aimer son frère autant qu’il ne pouvait lui pardonner ce qu’il avait infligé à leur sœur, sa belle et douce Nys, n’avait-elle pas souffert plus que chacun d’entre eux ?
La colère d’Aemon ne pouvait être contenue indéfiniment. Ce n’était plus un roi qu’il avait face à lui, c’était un frère égoïste, incapable de voir plus loin que le bout de son nez, incapable de voir tout ce que son entourage avait sacrifié pour lui. Malgré tout, il relâcha son emprise sur lui, contrôlant les flammes draconienne qui s’agitaient dans sa poitrine.
Ce fut sans compter sur la rage d’Aegon qui le poussa à terre, l’entraînant avec lui et il le maintint au sol. Tout du moins, Aemon ne lutta pas pour se dégager quand son aîné l’attrapa par le col avec toute sa haine et sa colère, tandis qu’il devenait fou. Il n’y avait que de la colère dans le cœur de son frère, une éternelle insatisfaction car Aemon n’était pas certain de l’avoir vu heureux un jour, il n’était pas certain de l’avoir vu satisfait une fois si ce n’était entre les jambes d’une femme, alors qu’il insultait leur sœur avec ses maîtresses.

Lorsque le poing se dirigea vers son visage, le Chevalier-Dragon eut un mouvement sur le côté pour l’éviter et vint abattre son propre poing entre lui et Aegon, au niveau de son estomac et avec assez de force pour lui couper le souffle, pour le faire lâcher son col. D’un geste sans douceur, il repoussa son frère aîné mais il refusa de venir le frapper davantage. Ce n’était pas l’envie qui lui manquait, il désirait abattre son poing sur son visage, le voir saigner et souffrir réellement pour qu’il cesse ses jérémiades, pour qu’il ouvre enfin les yeux mais il n’était pas ce genre d’homme. Il était un chevalier et pourtant, hors du champ de bataille, il ne croyait pas que la violence viendrait résoudre leurs différends.

« — If you hated this kingdom so much, brother, why did you stay? No one forced you to stay and be king. »

Le chevalier se redressait, il se tenait sur ses deux jambes à nouveau et observait son frère de haut, lui qui était toujours étendu au sol.

« — You claim you hate it so much but you stayed. You did nothing to change things. How were you better than any other? »

Aemon haussa un sourcil et il se pencha pour saisir Aegon par ses pans de sa tunique et le redresser. Comme il avait autrefois porté Baelor sur son dos, il souleva son royal frère avec facilité pour le mettre sur ses pieds, pour qu’il ne se donne pas en spectacle davantage et ne mette en péril les relations de leur grand-mère avec la reine de ces lieux.

« — Tell me, Aegon, why should I cry for a mother that I don’t remember? Didn’t she choose to leave when father stayed? »

L’air satisfait sur le visage du premier fils de Viserys II venait attiser sa colère, Aemon ne parvenait pas à calmer le feu qui brûlait dans ses veines, même quand sa voix restait calme face à la rage et la haine.

« — Do you know what I believe? demanda-t’il alors qu’il tenait encore Aegon par sa tunique et soudain, son poing vint s’abattre à nouveau dans l’estomac de son frère pour le forcer à se plier alors que son bras l’entourait pour l’attirer à lui. I think it’s easier to blame anyone else for your misery than to admit the only person who doesn’t love you here is yourself. »

Le Chevalier-Dragon repoussa son frère, d’un geste plein de colère et il fit quelques pas en arrière, il fit quelques pas pour mettre fin à cette altercation alors qu’il avait l’intention de partir.

« — We could never have been brothers because what you ask of me, the price of your love for me would be to stop being myself. »

Cela étant dit, Aemon se détourna, il tourna le dos à Aegon et se mit à marcher dans le couloir pour s’éloigner, abandonner son frère ici car il n’y avait nul face de le faire entendre raison.

« — If you had learn your history, you’d know father fought for our mother. While you never fought for anyone else than yourself. So keep hating him but you’ve never tried to be a better man than he was. »

 — "And you took a part of me
Left me with the memories, oh
We were never a family
Now you're standing in front of my door
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Non, Aegon n'était pas si arrogant. Il savait bien que le grand Aemon Chevalier-Dragon était plus fort que lui physiquement, qu'il n'avait aucune chance de véritablement le mettre à terre.
Mais il s'en foutait. Il aimait le chaos qui se dispersait dans ses veines, il embrassait la violence qui empoignait son cœur, qui émanait de tout son être à cet instant, celle qui s'écrasait dans tout son corps aux coups de son frère.
Ce ne fut pas véritablement surprenant pour lui qu'Aemon parvienne à éviter son poing ou à reprendre le dessus. Il en rit même, comme un fou au milieu des coups que lui assène. Si parfait, le grand Aemon... Qu'est-ce que dirait Naerys si elle le voyait le tabasser ainsi ?
Oh il peut deviner que la pensée traversera bien assez vite le stupide esprit de son frère et qu'elle le tiraillera suffisamment pour le mettre en joie rien qu'à l'imaginer.

Peut-être n'était-il pas si parfait que ça, le grand Chevalier-Dragon... Oh, il peut la voir, il peut la reconnaître cette flamme qui danse dans les yeux de son frère cadet, celle des dragons, la colère qui semble arriver à prendre le dessus pour une fois dans sa misérable existence.
Et Aegon s'en délecte, il ne cesse de rire et cela semble n'avoir de cesse d'attiser la colère de son frère qui le secoue à présent comme un prunier pour le remettre sur ses pieds, quelle gentillesse, vraiment, quelle grandeur d'âme !
Mais l'amusement n'est jamais loin de la haine et de la colère chez lui et bientôt, son propre visage se tord sous la colère, ses traits devenant difformes et il serre les dents, se laissant repousser et relâcher par l'autre bon à rien qui pensait déjà pouvoir tourner les talons comme ça.

Au lieu de le laisser faire volte-face comme si de rien n'était, Aegon se lance plutôt sur lui. Il hurle dans toute sa rage en se jetant sur Aemon, en le plaquant par terre, peut-être le frappe-t-il même, il ne sait pas vraiment, tandis qu'il attrape son col.

« BUT I REMEMBER !! »

En tout cas, il le frappe bien cette fois-là, comme il ressasse pour la énième fois les bribes de souvenirs qui deviennent flous, trop flous, à mesure que le temps passe encore. C'est sans doute la plus atroce des terreurs pour lui, finir par totalement oublier. Il parvenait déjà à peine à se souvenir véritablement des traits de son visage, il n'avait pour véritable souvenir que quelques flous sourires, la sensation chaleureuse de la tendresse d'une mère, d'une étreinte maternelle qui lui manquait tant. En fait, parfois, il songeait qu'il aurait préféré mourir dans cette étreinte maternelle à Lys, avec elle.

« I FUCKING REMEMBER !!! »

Il ne sait plus vraiment s'il frappe son frère ou le sol, aveuglé par la rage, avant qu'il attrape de nouveau son col, qu'il ne soulève son frère un peu, peut-être même frappe-t-il sa tête contre le sol de la pyramide dans son geste.

« I never pretended I wanted to be a better man ! Tou so loved Westeros cost me my mother and my entire freedom, I only decided I would let it rot as it should and I did ! »

Un rire cynique, fou s'échappe du fond des entrailles d'Aegon qui relève son frère et qui le relâche finalement.

« Oh I did ! And I enjoyed every fucking moment of it. You know what Aemon ? I enjoyed every bit of suffering I let you, and Naerys and this little bastard of Daeron endured for it all, every one of them ! And what are you going to do now, huh ? You gonna hit me ? You gonna kill me ? No, no, no... »

Il rit encore, se moquant ouvertement de son frère avec cette allure de fou qui émane de lui par tous les pores de sa peau et de son attitude, comme il provoquait encore son frère.

« No, you, you're just going to walk away like the good little prince, golden knight you are. As pathetic as always. No wonder why you never were able to do a single thing to protect our sister and her stupid child. »