Il y a comme un fantôme dans la voix de sa mère que Jacaerys n’a jamais entendu auparavant. C’était un son lointain et qui semblait provenir du plus profond de son être, dans les tréfonds sombres de son cœur que le tout jeune prince de Peyredragon ne savait pas comment atteindre. S’il le pouvait, Jace aurait enlacé sa mère de toute ses forces et il se serait laissé sombré avec elle sous les vagues de tristesses qui menaçaient de le faire couler. Cela était impossible cependant, l’héritier de Rhaenyra ne pouvait se permettre un tel comportement parce qu’il ne reviendrait jamais. Non, le brun renaîtrait faible ou alors, si en colère que le monde brûlerait de feu et de sangdragon.
La pression sur ses doigts le força à redresser son regard troublé de larmes et il savait que sa mère était quelque part perdue dans tout autant de chagrin, ou peut-être était-il plus profond encore que celui que Jacaerys Velaryon ressentait à cet instant. Ce monde était si cruel, pensa-t-il, car en quelques lunes, il avait vu Rhaenyra verser plus de larme qu’en quinze années de vie. Elle ne souriait pas, ne riait pas non plus et Daemon était parti. Pendant un instant, Jacaerys repensa à ce père qu’il aimait tant et qu’il savait être une des plus grandes joies de sa mère, autant qu’un fardeau quand le chaos qui l’habitait n’étaient plus maintenu.
“Mom…”Depuis quand le prince n’a-t-il plus appelé sa mère ainsi. Dans ses souvenirs, Lucerys et Joffrey avaient toujours été les plus sentimentaux de leur fratrie. Jace, lui, avait toujours aimé être plus cérémonieux. Mother, prononçait-il toujours en se tenant droit, en s’appuyant sur l’épée qu’on lui avait autorisé à porter à la ceinture quelques lunes avant son départ pour les Eyrié puis Winterfell. Il n’y avait plus rien que le vide, aujourd’hui, parce que Luke n’était plus là, il ne reviendrait jamais et personne ne saurait jamais remplacer toute la beauté qu’il portait dans son être partout où il se rendait. Lucerys, pensa alors son frère aîné et sa seconde main lissa son pourpoint à l’endroit même où se trouvait son cœur.
“I promise you, we will get through this.”Les mots sonnaient creux, le jeune homme en avait conscience. Ils s’en sortiraient, mais à quel prix ? L’idée d’envoyer ses frères et sa sœur au loin le peinait énormément, mais pourraient-ils supporter de perdre d’autres membres de leur famille ? Quand il y pensait, l’idée lui donna comme un haut-le-cœur. Il imagina le visage délicat de Joffrey perdre ses couleurs et ses beaux yeux bruns se fermer pour toujours. Il passa un instant à imaginer ses plus jeunes frères, Aegon et Viserys, finir comme le pauvre fils de sa tante Helaena. Et quand son esprit passa à Rhaena… Jace ne put voir que le regard plein de haine de Baela et toute la peine de ce monde ne fut pas assez grande pour décrire ce qu’il ressentait. D’autres pertes détruiraient leur famille en mille morceaux éparpillés au vent.
Alors à la place, le prince de Peyredragon préféra parler du Nord quand sa mère le lui demande, et de l’étrangeté de cet endroit qu’il avait pourtant adoré. Tout lui avait plu et s’il avait pu naître ailleurs, dans un tout autre corps, Jace aurait aimé naître un Nordien pour vivre dans ces immenses contrées froides jusqu’à la fin de sa vie. Un sourire délicat se dessina un instant sur ses lèvres. Quand tout ceci serait terminé, le brun emmènerait Baela par-delà le Neck, jusqu’à la demeure de la famille Stark. Il lui montrerait les endroits formidables que Cregan lui avait montré et il lui volerait un baiser sous l’arbre cœur du bois des dieux. Le rouge des feuilels contrasterait contre l’argent de sa chevelure et quand il ferma ses yeux, Jacaerys imagina la chaleur de sa peau contre sa paume.
“It’s a beautiful place. Strange, yes, but beautiful. The air is chilly and melancholic, and the grass is a different kind of green. You should go there once you sit the Iron Throne, you’d love it. And the Wall, Mother, the Wall is gigantic. It’s taller than everything I’ve ever seen before, it’s enough to make you giddy. Thank gods for Cregan, he’s a good soul.”Il y avait toujours eu une certaine bonté dans le cœur de Jacaerys Velaryon. Il aimait croire que les gens avaient une belle âme, quelque part au fond d’eux. Il l’avait cru de ses oncles, un jour, quand il était enfant, que les circonstances les avaient juste rendus ennemis. Pourtant, quand il y pensait aujourd’hui, après tout cela, le jeune homme pensa qu’ils ne pourraient vivre tant que les Verts survivaient. Il refusait de respirer leur air et de voir la même lune et le même soleil que ces assassins. La guerre était inévitable et ils mourraient. Il mourrait, Jace n’avait pas de doute là-dessus. Pour sa famille, l’héritier se sacrifierait sans hésitation, préférant sa propre mort si elle épargnait les siens. Et quand il arriva à cette conclusion, ses premières pensées furent les lèvres de Baela, de sa si précieuse fiancée dont le sourire suffisait à transformer la nuit en jour et le jour en nuit. Son cœur accéléra alors et le brun inspira profondément avant de reprendre la parole, serrant légèrement la main de sa mère pour attirer son attention
“Mother, I would like your authorization to marry Baela in a moon or two. If there is to be a war… I’d like our love to be eternal and written in the Fourteen Flames, like yours.”