Lune 12, 875 AC. L'été est là, le petit peuple se réjouit alors que les seigneurs s'inquiètent à l'heure où un nouveau roi vient d'être couronné en la personne de Maegor I Targaryen.
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if i could start again (ft. Lucerys)
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Il faisait nuit depuis longtemps, lorsque Alicent se décida à sortir. Ils n'étaient arrivés que depuis quelques jours mais Alicent avait préféré rester enfermée, dans son coin. Maintenant qu'elle était sur l'autre continent, elle avait l'impression d'avoir fait une erreur. Son cœur était compressé à chaque fois qu'elle songeait à ses enfants, les larmes venaient aussi rapidement que le soleil à Meereen, et il lui semblait qu'elle manquait d'air pour respirer. Elle avait été persuadée, pourtant, que ce voyage la... lui ferait quoi, exactement ? La changerait ? La guérirait ? Lui ferait redevenir la lady Alicent qui était l'amie de Rhaenyra, avec qui elle dormait, faisait les 400 coups ? Celle qu'elle couvrait auprès des mestres lorsqu'elle arrivait en retard aux leçons car elle avait été volé de la tarte au citron dans les cuisines du Donjon rouge ? Non, c'était impossible. Elle en avait trop vu, avait trop subi, et avait trop de sang sur ses mains. Être entourée de la famille qu'elle avait méprisé, et fini par massacrer dans une guerre qui avait été inutile. Le Trône de Fer n'existait plus, les Sept Couronnes étaient dans le chaos, et eux ils s'étaient tués des siècles auparavant pour cela... Si elle en avait eu le courage, elle en aurait ri. Mais elle avait épuisé tout son courage lorsqu'elle était très jeune, quand on lui avait fait passer sous silence le deuil de sa mère, qu'on l'avait poussée dans les bras et draps de Viserys.
Elle ne pouvait que profiter de la nuit pour sortir sans risquer de croiser quelqu'un et faire quelque chose qu'elle regrettait. Surtout, la rousse ne pouvait pas continuer à se borner et à refuser toute visite, ainsi que la nourriture qu'on lui proposait. Elle avait un petit appétit, mais elle commençait à sentir les répercussions de sa famine. Elle s'était décidée à sortir de sa chambre uniquement pour cela. Néanmoins, elle aurait peut-être dû être présente lorsqu'on leur avait présenté les différentes parties de la pyramide, car elle n'avait aucune idée d'où elle pourrait trouver à manger. Elle pensa tout de même que, connaissant Rhaenyra, elle avait dû demander d'avoir de la nourriture à disposition afin de pouvoir nourrir tout le monde en cas de petite faim en dehors des repas, surtout en pensant à ses enfants. Il devait y avoir au moins un panier de fruits, et peut-être quelques sucreries, ce qui ferait très bien l'affaire pour l'instant. De mémoire, elle se rappela du chemin à emprunter entre sa chambre et le salon qui était le leur pour le temps qu'ils logeraient près de la Tala. Sur la pointe des pieds, elle parcourut la distance et passa l'arcade en observant autour d'elle. Actuellement, elle ne voyait personne, mais apercevait bien des fruits sur la table, ainsi que... du gâteau. Un sourire en coin apparut sur le visage mutilé d'Alicent, mais elle ne fonça pas vers le sucré, préférant se contenter d'un fruit pour commencer. Se munissant d'un fruit exotique, qu'elle n'avait que rarement mangé à Westeros dû à sa rareté auprès des marchands ouestriens, elle parcourut vaguement la pièce. Il y avait les affaires d'un peu tout le monde qui traînait. Un désordre qui ressemblait très fortement à son amie d'enfance, qu'elle rangeait toujours lorsqu'elle était sa dame de compagnie, parce que ça la frustrait de voir ses affaires ainsi. Visiblement, ils avaient tous hérité de ce trait de caractère.
La Hightower continua à s'avancer tout en grignotant, en faisant attention de tout bien laisser à sa place. Si personne ne pouvait découvrir qu'elle était sortie, cela serait mieux. Sinon, elle devrait sortir en pleine journée, et seuls les Sept savaient de quoi elle était capable quand ça se remettait à crier dans sa tête. Enfin, ses yeux se posèrent sur le balcon, où une silhouette se détacha de l'obscurité. Elle avait eu du mal à le reconnaître, quand elle l'avait revu avant de partir pour Essos. Quand cela la percuta enfin qu'il s'agissait de Lucerys, elle avait eu l'impression que le ciel l'écrasait et qu'elle allait vomir ses tripes. C'était toujours un peu le cas, d'ailleurs. Ce garçon dont elle avait voulu l'œil pour venger Aemond ; le garçon qui était mort par le dragon d'Aemond. Elle n'avait pas été là, mais apprendre la nouvelle avait semé la panique et le désespoir au sein d'Alicent. Depuis, ces sentiments n'étaient jamais partis.
Pourtant, elle se rapprocha du balcon. Elle n'avait plus faim, et le fruit trouva une place sur une surface qui n'était certainement pas adaptée pour un tel reste. Elle tenta de voir ce que le prince regardait aussi, mais il semblait qu'il regardait un point très lointain, qui n'était plus visible depuis longtemps, même à dos de dragon.
-Est-ce Westeros que vous cherchez ? demanda-t-elle d'une voix cassée qui la suivait un peu trop, à force d'avoir hurlé à plein poumon à son retour à la vie. Elle toussa légèrement avant de continuer à parler. Excusez-moi de cette interruption, je ne pensais pas voir quelqu'un à cette heure si tardive...
Elle ne pouvait que profiter de la nuit pour sortir sans risquer de croiser quelqu'un et faire quelque chose qu'elle regrettait. Surtout, la rousse ne pouvait pas continuer à se borner et à refuser toute visite, ainsi que la nourriture qu'on lui proposait. Elle avait un petit appétit, mais elle commençait à sentir les répercussions de sa famine. Elle s'était décidée à sortir de sa chambre uniquement pour cela. Néanmoins, elle aurait peut-être dû être présente lorsqu'on leur avait présenté les différentes parties de la pyramide, car elle n'avait aucune idée d'où elle pourrait trouver à manger. Elle pensa tout de même que, connaissant Rhaenyra, elle avait dû demander d'avoir de la nourriture à disposition afin de pouvoir nourrir tout le monde en cas de petite faim en dehors des repas, surtout en pensant à ses enfants. Il devait y avoir au moins un panier de fruits, et peut-être quelques sucreries, ce qui ferait très bien l'affaire pour l'instant. De mémoire, elle se rappela du chemin à emprunter entre sa chambre et le salon qui était le leur pour le temps qu'ils logeraient près de la Tala. Sur la pointe des pieds, elle parcourut la distance et passa l'arcade en observant autour d'elle. Actuellement, elle ne voyait personne, mais apercevait bien des fruits sur la table, ainsi que... du gâteau. Un sourire en coin apparut sur le visage mutilé d'Alicent, mais elle ne fonça pas vers le sucré, préférant se contenter d'un fruit pour commencer. Se munissant d'un fruit exotique, qu'elle n'avait que rarement mangé à Westeros dû à sa rareté auprès des marchands ouestriens, elle parcourut vaguement la pièce. Il y avait les affaires d'un peu tout le monde qui traînait. Un désordre qui ressemblait très fortement à son amie d'enfance, qu'elle rangeait toujours lorsqu'elle était sa dame de compagnie, parce que ça la frustrait de voir ses affaires ainsi. Visiblement, ils avaient tous hérité de ce trait de caractère.
La Hightower continua à s'avancer tout en grignotant, en faisant attention de tout bien laisser à sa place. Si personne ne pouvait découvrir qu'elle était sortie, cela serait mieux. Sinon, elle devrait sortir en pleine journée, et seuls les Sept savaient de quoi elle était capable quand ça se remettait à crier dans sa tête. Enfin, ses yeux se posèrent sur le balcon, où une silhouette se détacha de l'obscurité. Elle avait eu du mal à le reconnaître, quand elle l'avait revu avant de partir pour Essos. Quand cela la percuta enfin qu'il s'agissait de Lucerys, elle avait eu l'impression que le ciel l'écrasait et qu'elle allait vomir ses tripes. C'était toujours un peu le cas, d'ailleurs. Ce garçon dont elle avait voulu l'œil pour venger Aemond ; le garçon qui était mort par le dragon d'Aemond. Elle n'avait pas été là, mais apprendre la nouvelle avait semé la panique et le désespoir au sein d'Alicent. Depuis, ces sentiments n'étaient jamais partis.
Pourtant, elle se rapprocha du balcon. Elle n'avait plus faim, et le fruit trouva une place sur une surface qui n'était certainement pas adaptée pour un tel reste. Elle tenta de voir ce que le prince regardait aussi, mais il semblait qu'il regardait un point très lointain, qui n'était plus visible depuis longtemps, même à dos de dragon.
-Est-ce Westeros que vous cherchez ? demanda-t-elle d'une voix cassée qui la suivait un peu trop, à force d'avoir hurlé à plein poumon à son retour à la vie. Elle toussa légèrement avant de continuer à parler. Excusez-moi de cette interruption, je ne pensais pas voir quelqu'un à cette heure si tardive...
--- you think I'm gone 'cause I left
But I'm in the trees, I'm in the breeze ; my footsteps on the ground ; you'll see my face in every place ; but you can't catch me now
mauvaise idée ambulante
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Would I do it again ?
Let us learn from the mistakes of our past, so that we don't repeat it in our present and our futur will be preserved.
Voilà quelques jours qu’ils étaient arrivés à Essos. Lucerys avait avec plaisir rejoint ses parents et le reste de sa famille dans ce voyage loin des problèmes de Westeros. Au final, quitter le continent qui, dans sa précédente vie, ne lui avait apporté que misère n’était pas plus mal. Ici, il connaîtrait le calme et la paix quelques temps auprès de ses proches. Des notions qu’il n’avait pas connu depuis longtemps. De plus, Lucerys s’était découvert un goût pour l’exploration et l’aventure alors, son esprit ne pouvait qu’espérer découvrir de nouvelles contrées, de nouvelles cultures, de nouvelles langues. Il était intéressé par tout cela puisque lors de son retour à la vie, il n’avait plus été le prince Lucerys futur seigneur de Lamarck qui devait remplir ses devoir mais simplement Luke. Il avait pu se découvrir lui plutôt que de n’être qu’une fonction. Bien sûr, Lucerys avait un sens du devoir et c’est pour cela qu’il avait suivi sa mère peu importe les épreuves. Il continuait de suivre Rhaenyra aujourd’hui. Mais, par les Sept, il avait pu découvrir qui il était à l’intérieur. Il avait pu découvrir qu’il était plus que le prince, plus que l’héritier de Corlys, plus qu’un bâtard mi-courageux mi-peureux à la volonté de satisfaire et de se faire considérer par son entourage, plus qu’un Targaryen, un Velaryon ou un Fort. Il était également une personne à part entière avec des rêves, des ressentis et des envies.
Tout cela, il le devait à Romarn Sawler et à Talia Forestier. Les deux jeunes gens furent ceux qui conduisirent Lucerys à se questionner, à penser par lui-même et non par devoir. Tout deux avaient poussé le jeune homme dans ses retranchements. Aux côtés de Romarn, il avait appris à devenir plus fort, plus téméraire et plus aventurier. Il avait découvert qu’il adorait voir le monde, écouter de la musique nomade et en apprendre plus sur les contrées étrangères ainsi qu’il chérissait un poil de frisson, d’imprévu et de danger. Aux côtés de Talia, il avait appris qu’il chérissait la lecture près d’un feu, et la danse ainsi que parler d’autres langues comme il avait pu parler le Haut Valyrien. La jeune femme l’avait poussé à énormément se questionner sur lui-même et il s’était livré. Lucerys avait alors compris qu’il prenait avec autant d’importance son devoir et sa famille que son envie d’aventure. Auprès d’elle, il avait appris à vaincre certaines de ses peurs. Il avait également appris qu’il ressentait tout très fortement et de manière aléatoire, qu’il possédait également le feu du dragon Targaryen, qu’il était plus sensible que la plupart des membres de sa famille et que ce n’était pas une honte. Lucerys savait qui il était, désormais, avec ses défauts et ses qualités. S’il peinait à s’apprécier et à se valoriser, il était moins perdu qu’il ne put l’être autrefois. Et plus déterminé.
C’était d’ailleurs ces deux jeunes gens qu’il essayait d’entrevoir à l’horizon et pas exactement Westeros, debout sur le balcon près d’une pièce laissée en désordre par lui et ses frères, comme si le désordre indiquait que la vie était présente. La voix d’Alicent Hightower l’avait sorti de sa rêverie, dans laquelle il se plongeait souvent par habitude, pour se rassurer, pour gérer son propre flux de pensées incessantes alors que le vent chaud nocturne de Meereen venait secouer ses boucles. Au début, Lucerys avait eu du mal à accepter qu’elle puisse venir avec eux mais Rhaenyra avait écouté son envie et son cœur. Luke n’avait pu que comprendre cela. Le lien qui unissait Alicent et Rhaenyra n’était pas si incompréhensible que cela pour le cadet de Nyra. Bien sûr, Alicent et Lucerys avaient une histoire à part entière. Les seuls souvenirs que Luke avait d’elle c’était quand elle avait voulu lui prendre un œil en paiement pour celui d’Aemond ou le dernier dîner de Viserys. Lucerys n’était pas de nature rancunière. Il avait croisé Aemond il y a des lunes de cela. Tout ce qu’il souhaitait, c’était de ne plus être hanté par le passé comme il l’était encore trop souvent, et vivre la vie dont il avait été privé.
« — En quelques sortes. Je ne peux dire que Westeros me manquera. Mais j’y ai laissé deux parties de mon âme. Et j’ai peur de ne jamais les retrouver. »
Lucerys observa le lointain paysage en soupirant avant de tourner le regard vers Alicent.
« — Et vous ? Je pense que vous y avez également laissé des parties de votre âme. Ne regrettez-vous pas de vous retrouver en notre compagnie à tous ? »
C’était une sincère question, non une moquerie.
« — Ne vous excusez pas. Il ne devrait y avoir personne normalement. Mais, je peine à trouver le sommeil depuis mon retour. Vous ne pouviez prévoir. ma présence. Et je ne vous en voudrais pas d’avoir voulu faire une escapade nocturne pour dérober de la nourriture, elle est si bonne ici. J'en fais tout autant, tous les soirs. Mère ne m'a encore pas attrapé la main dans le sac. Je ne dirais rien si vous ne dites rien.»
En effet, rares étaient les moments où Lucerys avait totalement dormi, apaisé, encore secoué par des cauchemars - ce qui se voyait en-dessous de ses yeux. Après cette remarque un peu espiègle, Lucerys posa ses iris ambrés sur l’ancienne meilleure amie de sa mère avant d’hocher la tête et de prendre une inspiration pour se donner du courage.
« — Je suis désolé. D’avoir pris l’œil de votre fils. Je le referais encore pour protéger mon frère qui était menacé à ce moment. Mais je regrette tout de même. Jamais je n’aurais imaginé qu’un geste que j’avais commis haut comme trois pommes me poursuivrait tout ma vie pour être honnête, on ne pense pas à ces choses là quand on est petit. Je sais aujourd’hui ce que vous avez pu ressentir en voyant votre enfant revenir blessé de la main d’un fils bâtard. Je sais aussi que si on faisait cela à la chair de ma chair, je pourrais brûler toute une ville. Je sais que ma mère n’aurait pas toléré qu’on nous blesse. J’avais peut-être des circonstances, mais il s’agissait de votre fils. Alors… Je suis désolé. Peut-être que si ma mère vous avait laissé prendre mon œil ce soir-là, les choses auraient été différentes. »
Jamais les enfants n’auraient dû être impliqués si tôt dans les jeux de pouvoirs, surtout. Mais ce qui était fait, était fait. Pourtant, l’on pouvait noter que ce soir-là, deux mères avaient bataillé pour leurs enfants. Aemond et Lucerys avaient tous les deux pu être témoin de la détermination de leurs mères respectives et de l’amour qu’elle leur portait.
Tout cela, il le devait à Romarn Sawler et à Talia Forestier. Les deux jeunes gens furent ceux qui conduisirent Lucerys à se questionner, à penser par lui-même et non par devoir. Tout deux avaient poussé le jeune homme dans ses retranchements. Aux côtés de Romarn, il avait appris à devenir plus fort, plus téméraire et plus aventurier. Il avait découvert qu’il adorait voir le monde, écouter de la musique nomade et en apprendre plus sur les contrées étrangères ainsi qu’il chérissait un poil de frisson, d’imprévu et de danger. Aux côtés de Talia, il avait appris qu’il chérissait la lecture près d’un feu, et la danse ainsi que parler d’autres langues comme il avait pu parler le Haut Valyrien. La jeune femme l’avait poussé à énormément se questionner sur lui-même et il s’était livré. Lucerys avait alors compris qu’il prenait avec autant d’importance son devoir et sa famille que son envie d’aventure. Auprès d’elle, il avait appris à vaincre certaines de ses peurs. Il avait également appris qu’il ressentait tout très fortement et de manière aléatoire, qu’il possédait également le feu du dragon Targaryen, qu’il était plus sensible que la plupart des membres de sa famille et que ce n’était pas une honte. Lucerys savait qui il était, désormais, avec ses défauts et ses qualités. S’il peinait à s’apprécier et à se valoriser, il était moins perdu qu’il ne put l’être autrefois. Et plus déterminé.
C’était d’ailleurs ces deux jeunes gens qu’il essayait d’entrevoir à l’horizon et pas exactement Westeros, debout sur le balcon près d’une pièce laissée en désordre par lui et ses frères, comme si le désordre indiquait que la vie était présente. La voix d’Alicent Hightower l’avait sorti de sa rêverie, dans laquelle il se plongeait souvent par habitude, pour se rassurer, pour gérer son propre flux de pensées incessantes alors que le vent chaud nocturne de Meereen venait secouer ses boucles. Au début, Lucerys avait eu du mal à accepter qu’elle puisse venir avec eux mais Rhaenyra avait écouté son envie et son cœur. Luke n’avait pu que comprendre cela. Le lien qui unissait Alicent et Rhaenyra n’était pas si incompréhensible que cela pour le cadet de Nyra. Bien sûr, Alicent et Lucerys avaient une histoire à part entière. Les seuls souvenirs que Luke avait d’elle c’était quand elle avait voulu lui prendre un œil en paiement pour celui d’Aemond ou le dernier dîner de Viserys. Lucerys n’était pas de nature rancunière. Il avait croisé Aemond il y a des lunes de cela. Tout ce qu’il souhaitait, c’était de ne plus être hanté par le passé comme il l’était encore trop souvent, et vivre la vie dont il avait été privé.
« — En quelques sortes. Je ne peux dire que Westeros me manquera. Mais j’y ai laissé deux parties de mon âme. Et j’ai peur de ne jamais les retrouver. »
Lucerys observa le lointain paysage en soupirant avant de tourner le regard vers Alicent.
« — Et vous ? Je pense que vous y avez également laissé des parties de votre âme. Ne regrettez-vous pas de vous retrouver en notre compagnie à tous ? »
C’était une sincère question, non une moquerie.
« — Ne vous excusez pas. Il ne devrait y avoir personne normalement. Mais, je peine à trouver le sommeil depuis mon retour. Vous ne pouviez prévoir. ma présence. Et je ne vous en voudrais pas d’avoir voulu faire une escapade nocturne pour dérober de la nourriture, elle est si bonne ici. J'en fais tout autant, tous les soirs. Mère ne m'a encore pas attrapé la main dans le sac. Je ne dirais rien si vous ne dites rien.»
En effet, rares étaient les moments où Lucerys avait totalement dormi, apaisé, encore secoué par des cauchemars - ce qui se voyait en-dessous de ses yeux. Après cette remarque un peu espiègle, Lucerys posa ses iris ambrés sur l’ancienne meilleure amie de sa mère avant d’hocher la tête et de prendre une inspiration pour se donner du courage.
« — Je suis désolé. D’avoir pris l’œil de votre fils. Je le referais encore pour protéger mon frère qui était menacé à ce moment. Mais je regrette tout de même. Jamais je n’aurais imaginé qu’un geste que j’avais commis haut comme trois pommes me poursuivrait tout ma vie pour être honnête, on ne pense pas à ces choses là quand on est petit. Je sais aujourd’hui ce que vous avez pu ressentir en voyant votre enfant revenir blessé de la main d’un fils bâtard. Je sais aussi que si on faisait cela à la chair de ma chair, je pourrais brûler toute une ville. Je sais que ma mère n’aurait pas toléré qu’on nous blesse. J’avais peut-être des circonstances, mais il s’agissait de votre fils. Alors… Je suis désolé. Peut-être que si ma mère vous avait laissé prendre mon œil ce soir-là, les choses auraient été différentes. »
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by CrimsonTulip
Lucerys Targaryen
Our uncle calls us Strongs, and claims we are bastards, but when the lords see us on dragonback they will know that for a lie. Only Targaryens ride dragons.
(by summersdesire)
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-La crainte est fondée. Nous savons comment les choses se passent à Westeros, il n'y que peu de choses et de gens qui y survivent, affirma-t-elle en pinçant ses lèvres. Mais j'ai l'impression que ces derniers temps, il y a une sorte de destin qui s'amuse à réunir les âmes. Peut-être que ça vous sera bénéfique, qu'elle proposa en le regardant de côté, pinçant ses lèvres suite à ses mots. Des regrets, non. Mais je sais que je ne trouverai pas plus la paix ici.
Alicent faisait partie de ces personnes qui avaient du mal à laisser aller, lâcher prise. En tant que mère, elle avait souvent été sur le dos de ses enfants, et déjà plus jeune, elle avait été à cheval sur les traditions, les leçons, les règlements. Elle avait été aux antipodes de Rhaenyra, c'était peut-être pour ça qu'elle avait été choisie pour être sa dame de compagnie, en espérant que la rousse put l'assagir, mais ce ne fut jamais le cas. Si elle avait toujours eu du mal avec ses enfants lorsqu'ils étaient des bébés, elle avait trouvé plus d'intérêt à les voir grandir, et avait tenté de resserrer leurs liens à ce moment, se mettant comme pilier et bourreau à la fois ; ils devaient compter sur elle mais c'était toujours elle qui les punissait, les engueulait. Elle était mère et père à la fois, parce que Viserys ne se souciait que peu de leurs progénitures. Une femme d'une autre maison qui devait élever des Targaryen alors qu'elle avait toujours trouvé leurs coutumes étranges, trop étrangères par rapport à Westeros. On lui avait demandé tellement de choses sans se retourner d'elle, alors elle avait été incapable de laisser de l'espace à ses enfants. Tellement de choses qu'elle ne pouvait pas changer, parce que c'était bien trop tard, malgré cette seconde vie.
-Rhaenyra ne saura donc rien de cette nourriture qui disparaît mystérieusement, promit-elle ; de toute façon, elle devait déjà croiser la princesse pour pouvoir lui dire quoique ce soit.
Et les deux femmes avaient bien d'autres sujets à discuter que les escapades nocturnes de Lucerys. Il y avait encore beaucoup de choses non-dites entre elles, et des secrets que chacune gardait jalousement, dans la crainte de ce que l'autre ferait si elle savait. Elles ne pourraient plus jamais se faire sincèrement confiance, et elle se demandait, cruellement, si Rhaenyra lui avait déjà fait totalement confiance un moment de sa vie, ou si Alicent n'avait été qu'une parenthèse de sa vie, divertissante mais peu drôle, qui n'était pas destiné à rester. Pourtant, elles en avaient parlé, de projets ; quand tu seras reine, je serai toujours avec toi ; quand je serai reine, tu seras ma plus fidèle conseillère. Qu'est-ce que ça lui paraissait naïf et mensonger, maintenant.
Alicent resta à l'intérieur, son regard vacillant entre Lucerys et le ciel dehors, tandis qu'elle se mit à jouer nerveusement avec ses doigts, en essayant de ne pas de suite gratter la peau autour de ses ongles, même si ça n'allait très certainement pas tarder vu le début du discours du brun. Une boule se forma dans sa gorge tandis qu'il continuait, et elle, elle se sentait de plus en plus noyée dans des questions et un chagrin qui n'avait ni début ni fin. Elle recula de quelques pas et les gestes revinrent naturellement, sang qui s'éparpillait déjà sur ses mains parce qu'elle était toujours à vif, que ça ne cicatriserait certainement jamais, comme les traces sous ses yeux qui venaient montrer à tous qu'elle était folle. Qu'elle avait été prête à s'enlever les deux yeux si ça avait pu changer quoique ce soit à cette vie.
-Si ça n'avait pas été ça, ça aurait été autre chose. Cette famille était au bord de la guerre depuis longtemps, la voix craqua alors qu'elle tentait de s'expliquer, qu'elle tentait de mettre aussi ses torts sur la table, les assumer, ce qui n'était pas aisé pour l'ancienne reine. Vos excuses sont sincèrement appréciées. Et je m'excuse aussi d'avoir demandé un prix si lourd en retour. Je... Je ne voulais pas votre mort. Pas plus que je ne voulais les autres morts de votre famille. Lorsque j'ai envoyé Aemond négocier, je ne pensais pas que vous y seriez aussi, il n'avait eu aucun ordre de vous tuer, il devait... Il devait revenir de suite après me voir, sans détour.
Lorsque son fils était revenu avec la nouvelle de la mort de Lucerys, elle s'était demandée ce qu'il avait fait, ce qu'elle avait fait ; elle avait senti une telle horreur la prendre et elle avait su qu'en retour, elle n'aurait que l'horreur aussi. Elle avait été odieuse et humiliante avec Rhaenyra durant ses années à la cour de Port-Réal, mais c'était une chose d'être victime d'une personne ; c'en était toute une autre de constater que son enfant avait été victime de l'enfant de sa rivale.
-Nous avons tous payé le prix de cet œil et ce dragon au centuple. Mon époux aurait pu éviter cela mais ne l'a pas fait, alors... Toutes les excuses ne vous incombent pas, Lucerys. Votre mère aurait fait n'importe quoi pour vous protéger et j'aurai fait pareil avec mes enfants. J'aurais volontiers perdu cet œil à sa place.
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