Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibilityA Dream of Ice and Fire
Scénarios attendus
Lune 12, 875 AC. L'été arrive sur Westeros et avec lui, la promesse de réclotes prospères. À Port-Réal, l'humeur n'est pourtant pas aux réjouissances après le meurtre de la souveraine des Sept Couronnes. Tous s'agitent et cherchent un coupable, prêt à accuser son voisin pour s'innocenter.
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i'm starving, darling ; let me put my lips to something (ft. Alys Risley)

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Margaery Tyrell

Margaery Tyrell

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Être à Hautjardin l'agaçait. Le fait que les Blackwater règnent sur ce qui avait appartenu aux Tyrell, et qu'elle ne put rien prétendre là-bas parce que sa famille avait été éteinte à cause de Cersei Lannister, l'énervait un peu plus chaque jour. Oh, cette situation était momentanée et Margaery comptait bien reprendre ce qui lui revenait de droit. Elle était prête à laisser la couronne à une autre reine, qu'ils s'arrachèrent pour avoir quelques bouts de Port-Réal s'il le fallait. Elle, elle voulait juste récupérer sa demeure. Elle voulait faire renaître sa maison de ses cendres et rendre toute sa splendeur aux roses épineuses. Elle désirait devenir la maîtresse de sa maisonnée, tout en laissant une place de choix à sa grand-mère Olenna. C'était d'ailleurs elle qu'elle avait décidé de rejoindre à Villevieille. Elle n'avait jamais fortement aimé la capitale des Hightower, notamment car elle n'était pas la personne qui respectait le plus la foi des Sept. Pour elle, la religion était un instrument à utiliser avec parcimonie. Elle se faisait bien voir auprès des Septons et à côté, tant qu'elle ne se faisait pas prendre pour ses pêchés, elle vivait en paix avec sa philosophie. Elle avait connaissance des rumeurs qui avaient couru sur elle, mais aucune preuve n'avait été trouvée à son encontre. Cependant, avec le recul, elle aurait préféré que cela soit le cas, car elle aurait pu aider Loras. Elle aurait pu le sauver. Elle aurait dû le savoir plus tôt... Décidément, elle ne cessait de ruminer ces derniers jours, malgré la présence de sa grand-mère.

La Tyrell avait déjà passé la matinée à l'extérieur, en quête d'une occupation meilleure que juste flâner et penser aux mêmes soucis et mêmes plans pour s'en sortir. Cependant, le Bief avait vécu une guerre des religions il y a peu de temps et des tensions se faisaient toujours sentir au sein de Villevieille. Chacun essayait de prêcher sa paroisse et sa balader en dehors du château, et après ce qu'elle avait vécu, elle ne voulait apporter son soutien nulle part. Pas avant de voir toutes les  conséquences de ses choix. Vaincue, elle retourna à l'intérieur comme si c'était prévu et qu'elle avait réellement quelque chose à faire. Margaery s'ennuyait profondément, sans son habituelle cour qui la suivait. Elle aurait pu rejoindre sa cousine, Desmera, mais celle-ci se trouvait à Castral Roc et si elle savait qu'elle ne pouvait blâmer toute une lignée pour les crimes d'une personne, mais elle ne pouvait pas de suite se résoudre à se frotter aux Lannister. Elle savait qu'elle perdrait son sang froid, or, elle devait garder un semblant de relation amicale avec eux, par égare à sa cousine.

De nouveau en train de vaguer dans les couloirs de son logement d'accueil, ses yeux analysaient les endroits jusqu'à voir un bout de robe et entendre des bruits de pas. Qui cela pouvait bien être ? Elle accéléra légèrement le pas, et faillit renter en collision avec celle qu'elle identifia être comme Alys. Elles avaient été vaguement présentées à son arrivée, sans pour autant faire plus ample connaissance. Visiblement, c'était le moment pour tisser un lien de plus et étendre son influence. Un sourire amical apparut sur ses lèvres tandis qu'elle recula de quelques pas et s'inclina légèrement.

-Lady Alys ! Veuillez m'excuser pour cette rencontre un peu brutale. Je me promenais dans les couloirs, et ma grand-mère étant introuvable, j'étais en quête d'un peu de compagnie et je dois avouer être enchantée de tomber sur vous. Nous n'avons pas encore eu l'occasion de faire connaissance, et cela me peinerait fortement de partir sans avoir réellement passé du temps avec vous.
Alys Risley

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Alys était entrain de s’occuper de sa longue chevelure brune un matin lorsque sa dame de compagnie vint lui annoncer une chose : les Tyrell allaient passer quelques temps à Villevieille. Décidément, la maison avait été un refuge pour plusieurs familles, les Targaryen, les Tyrell et l’autre fois, ce Baratheon fort charmant. Ce n’était pas pour déplaire à la jeune Hightower qui adorait en apprendre plus sur les familles, les cultures et les religions. Très cultivée, la jeune femme du bief avait adoré ses séjours à Dorne, et son apprentissage du culte de Trios – qui lui permettait aujourd’hui de côtoyer les grandes figures du passé. Un vrai rêve d’enfant pour ce petit rat de bibliothèque avide de savoir. Bien sûr, il y avait des personnes plus compliquées que d’autres, et le retour à la vie de certaines figures historiques n’était pas bon signe pour eux. Alys était au courant des bénéfices et des dangers des sacrifices des fidèles de Trios. Son mariage, ou plutôt le bain de sang, n’avait duré qu’un jour mais elle avait beaucoup après auprès de son défunt fiancé qui fut un véritable ami.

Malgré la tristesse de ces souvenirs et un mariage d’amitié – ce qui était mieux que la plupart des mariages de Westeros – réduit à néant, Alys était contente d’être autour de cette table où on lui avait présenté Lady Olenna et Margaery Tyrell. Margaery… Voilà un nom qui sonnait connu à ses oreilles. Lors de ses longues sessions de lecture à a bibliothèque du palais, Alys avait énormément lu sur celle qui fut reine de Westeros, mariée à deux rois différents : Joffrey et Tommen Baratheon. La grande femme derrière deux petits idiots. Elle avait été, en réalité, l’un des objets de fascination de la jeune Alys, une femme qu’elle aurait aspiré peut-être être un jour. Mais la jeune lady Hightower était loin d’être comme Margaery. Tout le long du dîner, Alys avait observé son visage et il s’agissait sans doute là d’une des plus belles femmes qu’elle ait pu voir.

Les nuits suivantes, Alys n’y avait pas vraiment repensé mais cette nuit, son attention se porta de nouveau sur la jeune lady Tyrell qui ne tarderait pas à quitter Villevieille. Alys était déçue de ne pas lui avoir plus parlé que ça, en particulier quand elle avait suscité tant d’intérêt chez elle. Le matin, la brune s’était donc élégamment préparée. Comme à son habitude, Alys aimait les jolies coiffures et les jolies tenues. Elle donnait souvent l’impression qu’elle n’était qu’une idiote aimant la vanité, mais elle était intelligente et cachait ses connaissances derrière son sourire angélique. La brune, tenait un livre en main ce matin, quand elle se baladait dans les couloirs afin de rejoindre la bibliothèque. Alys sursauta lorsqu’elle vit Margaery apparaître d’un seul coup avant de prendre une inspiration et de sourire doucement.

« — Oh ne vous inclinez pas Lady Tyrell, c’est presque moi qui devrait le faire. Peu de personnes peuvent se vanter d’avoir par deux fois été reine de Westeros. Veuillez m’excuser, vous cherchez sans doute comme moi à oublier le passé, mais j’ai lu sur vous et c’est un peu comme rencontrer le personnage principal de son livre. »

Un rire cristallin s’était échappé des lèvres d’Alys.

« — Et bien si vous êtes en quête de compagnie, je vous offre la mienne. Je serais également déçue de ne pas vous connaître davantage. Une balade dans les jardins vous irait ? »

Alys lui offrit son bras avant de se diriger vers les jardins de la cour en compagnie de Lady Tyrell.

« — Il est dommage que vous repartiez si vite. J’imagine que Villevieille n’est pas votre lieu de prédilection, et je vous comprends, la seule tentative de s’ouvrir à une autre religion fut un royal fiasco. Mais, j’aurais aimé avoir votre compagnie plus longtemps, entendre vos récits.

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Margaery Tyrell

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Certainement que Margaery avait une personnalité trop avide, qui voulait toujours plus. Bien sûr, elle savait se modérer, parce qu'elle savait très bien ce que ça faisait, d'avoir trop d'un coup. Non seulement on devenait une cible, mais ça changeait trop de dynamiques. En épousant Joffrey puis Tommen, elle avait acquis peu à peu du pouvoir, et mieux encore, elle avait eu du pouvoir avant même de porter le titre de reine. Il ne suffisait pas d'une couronne pour être une réelle figure d'autorité, et il se passait tellement de choses dans les rues de Westeros, ainsi que dans les ombres... Margaery avait été intelligente. Une vraie renarde qui s'était faufilée entre les lions, mais qui fut rattrapée par le manque de limites de Cersei. Elle avait employé des moyens extrêmes qui avaient non seulement annihilé sa famille, mais aussi ses enfants ─ à ses yeux, ce n'était que bien fait pour la Lannister, même si Tommen n'avait pas mérité un tel destin. Il était plus gentil que son frère aîné, et plus manipulable aussi, mais plus que tout, il avait eu un cœur bon. Une chose très rare, dont elle avait profité, sans pour autant vouloir lui enlever cette qualité.

Mais qu'était-elle, maintenant, si ce n'était une dame trop ambitieuse et qui en plus avait envie de crier de rage ? Mais ce n'était pas de son rang, ni digne pour une femme. Elle ne pouvait ni se montrer en colère, ni hurler à quel point elle avait trouvé la sentence réservée à sa famille injuste. A quel point elle détestait Cersei, et tous les Lannister, et Port-Réal qui était un endroit pourri jusqu'à la moelle. Elle voulait chasser ses cauchemars la nuit, oublier la sensation de sa peau qui brûlait, de la panique et la tristesse qui l'avait envahie alors qu'elle serrait Loras dans ses bras.

Qu'était-elle si ce n'était une femme à Westeros ?

Eh bien, elle était beaucoup de chose, et la rose comptait bien le prouver à nouveau. Peu importe ce que ça coûtait. De toute façon, sa grand-mère semblait décidée à rester à Villevieille, et Margaery avait toujours eu le don de se faire apprécier auprès des autres, ou au moins de prononcer des paroles assez intéressantes pour les faire pencher de son côté.

-Mais il y a beaucoup plus de personnes qui peuvent se vanter d'avoir vécu plus âgé que moi. La couronne était, finalement, plus piquante que des roses, se moqua-t-elle comme si elle s'en fichait vraiment. Je crains fortement que les mestres n'aient pas été cléments avec moi dans leurs écrits, cependant, notifia-t-elle.

Vu comment la Foi l'avait traité à la fin de sa vie... et comment ils avaient accusé son frère encore et encore... Elle n'aimait pas toutes les mœurs de Westeros. Elle aurait bien voulu apaiser un peu les esprits, faire voir les choses d'une autre manière, sans pour autant tout chambouler et se retrouver avec plus d'ennuis que de solutions. Elle voulait juste une vie plus douce pour son frère. Ça avait toujours été plus facile pour elle, qui se conformait déjà mieux à la société, mais qui en plus pouvait largement cacher son attirance pour les femmes par le fait qu'elle était tout autant attirée par les hommes. Aaah, si la Foi savait ce qu'elle avait fait sous les yeux des Sept... Avec un sourire, elle glissa son bras pour marcher bras dessus-dessous avec lady Alys.

-Cette idée me semble merveilleuse ! elle s'exclama en marchant aux côtés de la brune. Oh, ce n'est rien en particulier contre Villevieille. Très sincèrement, rejoindre Port-Réal ne m'intéresse pas plus que cela non plus. Hautjardin a toujours été ma maison, et j'ai bon espoir que ma vie sera douce là-bas.

Ce mensonge était tellement doux qu'elle aurait presque pu y croire, elle aussi. Vivre à Hautjardin sous l'autorité d'une autre famille... ça se rapprochait d'une insulte pour elle qui avait toujours été extrêmement fière d'avoir le nom Tyrell. Son père n'était pas très illuminé, mais sa grand-mère imposait du respect de la fierté. Sa mère était très douce mais aussi très intelligente. Elle adorait ses frères, qui étaient en tout point des hommes dignes d'être des chevaliers. La chute d'une telle maison ne pouvait être qu'une tragédie, surtout pour laisser place à une maisonnée issue d'un homme qui ne pensait qu'à l'argent, sans plus de prétention que ça.

-Vous pouvez toujours me poser des questions, vous savez. Il reste quelques jours avant mon départ, et si jamais il vous reste encore des questions après ça... vous savez où je me rends, l'invita-t-elle avec un sourire charmant tandis qu'elles arrivaient dans les jardins de Villevieille, beaucoup moins oppressants que la bâtisse qui logeait tant de gens, notamment des Targaryen issus entre une de ces ancêtres et un roi-dragon.



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Alys Risley

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Alys écouta les paroles de Margaery avec attention. Elle fut surprise par son attitude détachée quant au sort qui lui avait été réservé et la jeune lady Hightower ne pouvait s’empêcher de se dire que c’était peut-être là sa façon de gérer les événements. Après tout, même si Alys n’était pas morte, elle en connaissait énormément sur le deuil et savait que certaines personnes le géraient différemment. Margaery avait été une grande femme, Alys le savait. Bien sûr, elle ne prétendait pas la connaître mais elle imaginait que pour se hisser deux fois à la position où elle avait été et pour gagner de l’influence, elle avait dû faire preuve d’une certaine force de caractère et d’une ruse que l’on connaissait à peu. Cette prestance, son ton légèrement amusé, le charme qu’elle dégageait… Alys se disait que c’était sans doute ainsi qu’elle s’était glissée au sommet.


« — En effet. Beaucoup se demanderaient ce qui est préférable ? Avoir une courte vie remplie de grande choses ou une longue vie monotone ? »

Alys lui offrit un sourire, elle-même ne sachant pas ce qu’elle préfèrerait. Elle évitait d’y penser généralement, mais n’était jamais fermée au débat.

« — Rester en vie longtemps à Westeros, en particulier dans les temps où vous vivez, relevait de l’exploit. Les Sept n’étaient pas particulièrement cléments avec vous. Pas qu’ils le soient plus maintenant… La jeune femme marqua une pause, le regard se perdant, avant de reprendre. Disons qu’ils n’ont pas été méchants non plus. Mais, je ne suis pas une idiote lady Margaery. Je sais lire entre les lignes. Et, je sais que nous vivons dans un monde d’hommes. Je sais aussi que vous fûtes par deux fois, non pas la reine de Westeros, mais le roi. »

La brune avait eu une éducation pointilleuse, ici dans le Bief et aussi à Dorne. Elle avait souvent le nez dans les livres d’histoire car elle pensait que les leçons du passé pouvaient les aider à bâtir un futur meilleur afin de ne pas reproduire les erreurs. Malheureusement, elle avait bien vu que les erreurs du passé pouvaient être commises encore et encore. Enfin, quoiqu’il en soit, Alys était peut-être quelqu’un de plus doux et gentil que sa mère mais elle n’était pas idiote pour autant. Elle savait que les écrits des mestres n’étaient pas à prendre entièrement à la lettre. Souriant plus finement en sentant le bras de Margaery crocheté dans le sien, Alys emmena cette illustre dame marcher dans les jardins orangés. En passant dans les allées, la jeune femme tendait parfois sa main de libre pour effleurer quelques fleurs avec un sourire. La benjamine de la famille aimait souvent se réfugier ici avec ses livres ou ses broderies quand le temps le voulait bien.

« — J’aurais tout de même compris si c’était contre Villevieille cependant, fit-elle dans un rire. Hautjardin est magnifique. J’espère sincèrement pour vous que vous pourrez de nouveau en faire votre maison. Après tout, elle est votre demeure ancestrale. Villevieille a toujours été le siège des Hightower, Peyredragon le siège des Targaryen, et Hautjardin celui des Tyrell. Mon frère me tuerait sans doute du regard pour prononcer de tels mots, mais j’ai souvent dit des choses qui ont fait lisser ses cheveux bouclés, il est habitué.»  

Un franc rire s’échappa de la bouche d’Alys. Pour être honnête, cela faisait du bien d’enfin rire de la sorte. Elles ne se parlaient que depuis quelques minutes mais Margaery avait cette espèce d’aura qui faisait qu’on se sentait bien. Elle reprit ensuite son sérieux pour lui offrir un doux sourire.

Alys Hightower put sentir ses joues se réchauffer face à l’invitation de Margaery. Son teint basané depuis son long séjour à Dorne masquait fort heureusement toute rougeur, mais il fallait dire qu’une invitation de cette grande lady avec un tel sourire vous laisserait difficilement de marbre.

« — Cette invitation n’est pas tombée dans une sourde oreille, Lady Margaery. Et je m’en trouve fort touchée. Sachez que vous serez toujours la bienvenue ici à Villevieille. Un peu de solidarité entre deux femmes de deux grandes familles du Bief ne fait pas de mal. Et je sais que les Tyrell savent recevoir. Comment était-ce ? D’être la reine de Westeros ? Si… Vous avez le cœur à en parler. Je dois avouer qu’il serait bon d’entendre une autre version que celles des mestres. »  

Souffla-t-elle en penchant la tête vers elle, presque comme si elle lui disait un secret, resserrant son bras au sien comme pour la rassurer, ne mesurant pas jusqu’à quel point Margaery n’était pas une femme ordinaire. Elle lui inspirait énormément de confiance et le fait que Trystan les avait accueilli ici, comme les petits Targaryen, lui inspirait davantage confiance. Elle savait que Trystan ne laissait pas n’importe qui venir ici.  

« — Vous deviez bien avoir tout un pays à vos pieds. Les mestres n’ont pas rendu justice à votre beauté, Lady Margaery, je vous l’assure, et pourtant j’ai vécu avec les filles de Dorne. »  

Dorne était sans doute d’ailleurs un pays qui plairait à Margaery de par ses mœurs libérés et la façon dont ils vivaient mais Alys ne  connaissait pas encore assez la jeune Tyrell pour évoquer cela. Néanmoins, elle était de celles qui ne jalousaient pas la beauté des autres et préféraient leur dire lorsqu'ils dégageaient quelque chose de beau.

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Margaery ressentit de l'amertume à sa réflexion. Elle était tout de même morte à un jeune âge, sans avoir pu sauver sa famille ; si seulement elle avait pu épargner son frère Loras. Si seulement elle avait pu l'aider à s'enfuir avant que tout n'explosa, le laisser vivre encore un peu... Il était facile de dire qu'il valait mieux une vie courte mais remplie d'exploits qu'une longue vie monotone, quand on ne nous avait pas arraché la seconde option. Mais elle resta silencieuse à ce sujet, elle n'avait pas envie de se battre. C'était tiraillant, d'être toujours entre la volonté de récupérer tout ce qu'elle avait, et en même temps... D'abandonner. De tout laisser comme c'était et juste reprendre ailleurs, avec d'autres personnes. Mais ce n'était pas dans la nature de la Rose d'abandonner si facilement, sinon cela voulait dire que sa grand-mère avait raté son éducation. Or, Margaery ressemblait en tout point à Olenna ; si ce n'était que sa grand-mère avait vécu longuement grâce à une vie entière à être plus rusée que la plupart des gens. Elle avait besoin de faire pareil, ne voulait pas rencontrer la mort si rapidement à nouveau.

Évidemment que les livres n'avaient pas été tendres avec elle. Cependant, ce qui eut le don de la surprendre, et elle ne put masquer la surprise sur son visage, c'était ce que Alys avait compris de ces récits ; Margaery n'avait pas été la reine, mais elle avait été le roi. Enfin, un sourire apparut sur son faciès. Il semblait que la dame avait de l'esprit et elle appréciait grandement cela. Finalement, il y avait peut-être quelque chose de bon à Villevieille... Ce ne serait pas assez pour la faire rester, mais peut-être suffisant pour la faire revenir.

-C'est un point de vue intéressant, lady Alys. Mais il y a quelque chose que la plupart des gens ignorent : la couronne est une illusion. Le trône l'était aussi. Il ne suffisait pas d'avoir les deux pour être roi ou reine... Et c'était bien souvent dans l'ombre qu'on trouvait ceux qui avaient le pouvoir, termina-t-elle.

S'il lui avait suffit d'avoir le titre pour avoir le plein pouvoir ! Il aurait été aisé de juste séduire Joffrey puis Tommen, mais il avait fallu plus que ça. Il lui avait fallu de la ruse, comprendre chaque personne qui était au Donjon Rouge... et même les personnes qui n'y étaient pas. Cela lui avait demandé le soutien du peuple, aussi ; c'était comprendre ce que des milliers de personnes cherchaient. Heureusement que Olenna avait été là pour elle, qu'elle avait eu le soutien de Loras, bien qu'il ne fut pas axé sur la politique. Elle n'avait pas été seule. Jamais. Même enfermée, elle n'avait pas été seule. Et c'était exactement ce qu'elle essayait de faire dans cette nouvelle vie aussi : ne pas se retrouver isolée, parce qu'alors, son pouvoir serait moindre. Elle ne cherchait pas à régner sur Westeros, pas cette fois, mais Margaery avait un type de personnalité qui ne laissait pas place à l'abandon, pas plus qu'à la défaite.

Il y avait une familiarité à la scène. Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était plus baladée dans des jardins en bonne compagnie, et son esprit dériva un instant en se rappelant de Sansa Stark. Elle avait été un dommage collatéral de ses plans, mais l'affection de la fleur pour la louve était réelle. La rousse avait été son amie et elle avait voulu la protéger de ce qu'elle pensait être pire à ce moment là. Comment savoir que ce qu'on pensait être un moindre mal... en apporterait un plus grand ? A l'occasion, elle devrait revoir son amie. Mais une autre fois. Elle avait besoin de temps, même si elle voulait se persuader que tout allait bien.

-Eh bien, il faut dire qu'il aurait été honteux de laisser Hautjardin sans aucune famille, vu le territoire que cela représente au sein du Bief. Mon seul regret est que ce soit une maison... sans histoire, ni même liée intimement au Bief, qui récupéra ce qui fut ma maison. Mais je suis persuadée que la maison de la Néra saura se montrer accueillante et compréhensive, répondit-elle avant de rire aux paroles d'Alys.

La brune était d'une sincérité dangereuse, mais revigorante après tous les jeux auxquels Margaery avait joué. Elle n'avait eu que peu de moments honnêtes à Port-Réal, mais chacun avait laissé une trace indéniable dans son cœur. Sa grand-mère était la personne avec qui elle avait le plus de souvenirs, et elle ne se cachait jamais derrière ses jeux lorsqu'elle parlait à Loras. Sansa avait été douce et avenante, naïve mais pas de moins bonne compagnie pour autant. Le reste de Port-Réal avait été mensonge, manipulation et tout ce qu'il y avait de plus vile. Ça ne lui avait pas déplu, mais, à présent, elle savait où ça menait.

-La solidarité entre femmes ne fait jamais de mal, confirma-t-elle, bien qu'elle savait aussi que la rivalité entre femmes était ce qu'il y avait de pire ; Cersei l'avait démontré plusieurs fois. Ses mâchoires se serrèrent légèrement à sa question, une anxiété difficilement contenue qui fit irruption. Elle voulait dire que c'était mortel et douloureux, que c'était une course qui ne prenait jamais fin, on sentait ses poumons s'embraser et ses membres brûler au fur et à mesure, puis c'était l'explosion et les cendres. Mais elle ne pouvait pas décemment dire cela. Alors, la Tyrell offrit un large sourire à Alys. C'était un rôle que j'aimais. Il n'autorisait pas le repos, mais je ne cherchais pas la facilité. J'aurais aimé œuvrer plus longtemps et être plutôt la reine du peuple que rester sur un trône toute la journée.

Ceci n'était pas un mensonge. Elle aurait aimé rester pour faire plus pour le peuple, pour être plus proche d'eux et, de fait, sécuriser une partie de son pouvoir. Porter la couronne ne signifiait rien lorsque le peuple réfutait notre pouvoir. Elle avait commencé ce plan avant même d'être officiellement reine, et ça avait bien fonctionné. Il lui aurait suffit d'un peu plus de temps... Mais elle en avait manqué. Elle tourna sa tête vers la Hightower, tandis qu'elles marchaient lentement dans les jardins, se reculant peu à peu des personnes qui habitaient au sein de la demeure Hightower et ceux qui s'en occupaient. Un sourire en coin s'afficha sur son faciès ; le genre de sourire que les gens ignoraient parce que Westeros était un continent profondément coincé, et qu'elle méprisait pour ça. A cause de cela, son frère n'avait que peu connu le bonheur. Les ouestriens et leurs morales... toujours à les sortir quand ça leur arrangeait.

-Les dorniennes sont passionnantes, n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas d'avoir le pays à mes pieds qui m'intéressait, mais les bonnes personnes, souffla-t-elle avant de ricaner. Tout était dans le terme personne ; elle ne désignait ni les hommes, ni les femmes. Mais vous êtes d'une beauté exquise aussi, je suis sûre que les dorniennes ont apprécié votre compagnie. Vous avez vécu longtemps à Dorne ? Comment était-ce ?



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Margaery semblait être un mystère pour Alys. Aussi fascinante que mystérieuse, la benjamine des Hightower essayait de déchiffrer la Tyrell qui semblait aussi ouverte qu’un livre de premier abord mais qu’elle soupçonnait, cachait bien son jeu comme un message caché entre les lignes du livre le plus accessible. Margaery semblait rayonner et inviter le monde à la connaitre tout en dissimulant qui elle était vraiment et que seuls les plus braves et intelligents arriveraient à déchiffrer. Du moins, c’est la première impression qu’Alys s’en faisait.

Le sourire et la surprise sur le visage de son interlocutrice, Alys ne put que se sentir fière d’avoir réussi à impressionner cette illustre dame. En fin de compte, Margaery lui rappelait un peu – Dyanne. Si Alys avait du mal avec sa mère pour diverses raisons, elle devait reconnaître qu’elle restait une dame qui se battait dans un monde majoritairement masculin. Au même titre que Margaery le fit dans sa précédente vie. Lady Risley se demandait quel serait désormais le but de la jeune femme à son bras. Elle n’avait qu’une seule envie : être aux premières loges pour le découvrir. Pour sûr, elle voulait être son amie et espérait se faire apprécier par Margaery.

« — Oui, j’imagine que le conseil royal tient une place importante. Cersei et Tywin Lannister, c’est cela ? J’ai plus lu sur Tywin que sur Cersei. Mais, j’imagine qu’ils étaient tous les deux influents ? Pour les autres membres du conseil, ils ont été très peu mentionné donc je ne peux que mentionner Lord Varys et Lord Baelish sans réellement connaître leur impact. Et bien sûr, le Grand Septon.  »

Alys tenait une connaissance de la religion très pointue, c’était un trait sur lequel elle se démarquait particulièrement.  

« —Avez-vous réussi à en mettre certains dans votre proche ? Lorsque j’essaie, je me fais généralement passer pour une idiote et ils parlent. Elle marque une pause avant de reprendre. Jusqu’à quels points pouvaient-ils se laisser convaincre ?  Quels étaient vos points forts ?  »

La jeune Hightower n’aurait jamais cru rencontrer quelqu’un comme Margaery. Une héroïne du passé. Un nom qui avait souvent attiré les fascinations et les questionnements de Lady Alys. Margaery Tyrell, le renard rusé dans les tours du château de Port-Réal.

« — Je ne connais pas exactement le positionnement de la maison de la Néra. Ce sont plutôt les affaires de mon frère Trystan. Mais, j’imagine que cela sera quitte ou double. Sachez que si Hautjardin ne vous offre pas refuge, même si j’en doute, et que vous comptez comploter contre eux, je fermerais les yeux. Je pense qu’on a tout à gagner à faire alliance avec nos héros du passé dans une période si instable. Nous avons des leçons à tirer de vous. »  

LAlys pencha la tête vers elle avec un rire puis écouta avec attention la réponse de Margaery. Elle savait qu’elle avait posé une question délicate et fut particulièrement touchée que la jeune Tyrell y réponde tout de même.

« — Et bien, je suis ravie d’entendre que quelqu’un considère le peuple. Vous auriez fait une excellente reine si les Sept vous aviez accordé le temps et le soutien nécessaire. »  

Lady Risley entendait par là que les Lannister ne l’aurait peut-être pas permis. Alors loin de la bâtisse des Hightower, Alys tourna sa tête vers Margaery, ses yeux foncés plongés dans ses yeux clairs tandis qu’elle observait ce sourire si particulier et pourtant envoûtant de la jeune lady Tyrell. Alys en déduit que Margaery avait vécu une vie bien remplie au niveau des plaisirs, chose qui était encore inconnue pour Alys. Mais, ayant vécu à Dorne, elle avait libéré ses propres mœurs. Sans aucun doute, si elle avait grandi aux côtés de Dyanne seulement, serait-elle devenue une jeune fille coincée par les mœurs de Westeros. Mais sa belle-mère puis Dorne avaient ouvert son esprit à d’autres choses. Elle aimait Dorne… Et bien qu’elle aimait Villevieille, elle devait avouer que ce pays chaud et libéré lui manquait un peu.

« — Je ne doute pas que les bonnes personnes seraient également à vos pieds. »  

Dit alors Alys avec un doux sourire avant qu’elle ne puisse difficilement cacher les rougeurs sur ses joues à son commentaire, remerciant le ciel que Dorne ait rendu sa peau plus mate avec les années.

« — Merci… Un tel compliment de votre part… , souffla Alys, plutôt ravie de savoir que Margaery la trouvait jolie. J’y ai été envoyée deux ans aux côtés de mon frère Trystan par ma mère qui craignait pour notre vie avec l’instabilité du pays. J’ai quasiment tout fait avec lui, il est presque mon double à ce stade.  »  

Alys aimait profondément son frère et donnerait sa vie pour lui, un trait qu’elle partageait sans doute avec Margaery.

« — Je suis devenue la suivante d’une des princesses. J’ai particulièrement apprécié Dorne. Le temps y est magnifique, les décors également et il faut dire qu’ils sont bien plus ouvert que l’entièreté de Westeros. Nous avons beaucoup à apprendre de Dorne. Vous aimeriez, je pense. Vous trouveriez les dorniennes encore plus fascinantes sur place. Elles ont le don d’être impressionnantes. Je regrette l’époque de Dorne… C’était le calme avant la tempête. »  

La brune dit cela d’un ton monotone et presque sans émotions. Elle espérait que Margaery ne connaisse pas son histoire de mariage. Elle ne voulait pas être prise en pitié.Elle s’arrêta ensuite près d’un rosier et en détacha une fleur à main nue, sans réellement craindre les pics des roses qui pourraient écorcher sa peau avant de la tendre à Margaery.

« — Le symbole de votre maison.  »  

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Alys "Hightower" Risley
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Margaery Tyrell

Margaery Tyrell

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Si elle refusait de répondre aux questions, c'était une preuve de faiblesse que Margaery ne pouvait pas se permettre. Pendant un instant, elle se méfia de cette fille si curieuse, qui était aux antipodes de Sansa Stark qui avait appris à être jolie et se taire. Alys Risley était jolie aussi, mais elle ne se taisait pas, et ceci pouvait être... dérangeant. Pourtant, elle ne trouva pas le cœur de lui en vouloir. En la regardant, elle ne voyait ni malice, ni manipulation ; sinon, elle l'aurait reconnue tel un miroir. C'était d'une curiosité et sincérité qui était étonnante à Westeros, et c'était si rare que la Tyrell avait du mal à se dire qu'il n'y avait pas d'arrière pensée à toutes ces questions. Alors, elle continua d'y répondre, en essayant d'y mettre le plus de sincérité, sans pour autant révéler quelque chose de compromettant.

-Un Conseil en raconte plus sur son roi qu'on peut le penser. Si vous vous entourés de vipères, eh bien, il ne faut pas être étonné de vous retrouver avec des morsures et du poison dans le corps... Et si vous vous entourez de roses, ne soyez pas étonné d'avoir les mains écorchées, elle expliqua en la regardant en coin. La plupart ont joué des rôles importants dans l'élévation et la chute de chaque roi, chaque reine. Certains ont juste été plus discrets.

Littlefinger les avait bien aidés à tuer Joffrey, mais ce n'était pas quelque chose qu'on lisait dans les livres. Qui savait que c'était sa grand-mère qui avait tout comploté ? Qui savait que Sansa Stark n'avait été qu'un dommage collatéral, ainsi que Tyrion Lannister ? Ils n'avaient pas été des mauvaises personnes, et ça avait été le souci. S'ils avaient été mauvais, ils auraient vu depuis longtemps ce qui leur courait, et Margaery n'aurait pas culpabilisé d'avoir infligé un tel sort à son amie. Bien sûr, croire Baelish était une mauvaise idée, mais elle aurait au moins cru qu'il ne l'aurait pas envoyée vers un tel ravagé comme Ramsay Bolton.

-Mes points forts ? elle demanda avec un rire, pas moqueur, mais la réponse lui semblait limpide. Mon point fort, c'était ma grand-mère, lady Olenna Tyrell. Il n'y avait pas deux personnes avec son esprit, croyez-moi. Quant à en mettre certains dans ma, ou plutôt votre poche... elle pencha sa tête vers elle, comme pour lui révéler un secret d'une importance capitale, s'ils vous prennent pour une idiote, passez vous pour l'idiote du village et laissez-les parler, mais écoutez-les. S'ils vous ignorent, alors... c'est qu'ils font une grossière erreur.

Dans un geste calculé, elle pencha sa tête sur le côté, toujours en regardant Lady Alys, un sourire charmeur aux lèvres. Elle avait eu la chance que sa grand-mère avait déjà une réputation, et celle de Margaery la précédait aussi. Déjà enfant, tout le monde parlait d'elle et notifiait les ressemblances avec son aïeule. Aussi jolie qu'elle n'était intelligente, elle avait été un parti prisé. Elle ne le serait plus aujourd'hui, mais elle jurait devant les Sept que le monde voudrait l'avoir à ses côtés ; que son poids politique était peut-être mince, mais qu'ils voudraient de cette charmante lady Margaery pour leur susurrer des mots doux, pour leur dire quand être ferme, quand être clément... Elle ne serait plus reine, mais elle dirigerait. C'était dans sa nature.

Peut-être, seulement, ne dirigerait-elle pas vraiment seule. Qu'en était-il si elle pouvait se faire des alliés, si elle pouvait étendre son pouvoir juste en ayant les bons contacts, les bonnes personnes à ses côtés, avec qui échanger sur quoi faire ? Les mots de la brune la surprirent une fois de plus. Beaucoup de personnes de ce présent voyaient mal le retour des morts, et à juste titre. Il était certain qu'il était déplaisant que quelqu'un prétende à ce qui nous revient... mais Margaery n'en n'avait cure. Elle voyait actuellement une superbe porte qu'on lui ouvrait, sans même avoir besoin de faire une révérence. Il était limpide qu'elle n'allait pas cracher sur une telle opportunité. Décidément, cette dame lui semblait de plus en plus... intéressante, dans beaucoup de sens du termes.

-Voilà des paroles sages. Êtes-vous en paix avec le fait que ce soit votre frère le seigneur du Bief, et non vous ? demanda-t-elle en arquant un sourcil, la malice qui pétillait dans son regard.

Avec un sourire, elle hocha la tête et chuchota un simple "merci". La rose aurait essayé de faire de son mieux, en tout cas. Elle aimait les intrigues de la cour, c'était certain. Chaque chuchotement, chaque bruissement de robe, de tunique... tout lui parlait. Elle avait été faite pour ça. Mais elle avait aussi beaucoup appris, et il n'y avait rien de pire qu'un peuple mécontent de ses souverains. C'était ce qui se passait au sein de Westeros, et il était certain que ça n'allait pas s'améliorer. Elle avait même du mal à comprendre comment la situation avait pu durer aussi longtemps...

-Je dirais que n'importe qui rêverait d'être à mes pieds, mais que ceux-ci sont faits pour marcher... peu importe ce qui se trouve devant moi, se vanta-t-elle avec un éclat de rire qui rendait sa phrase plus humoristique.

Et, enfin, Alys toucha un point particulièrement sensible en parlant de son frère, et du fait qu'il est presque son double. Un sourire plus attendri apparut sur le visage de la Tyrell, tandis qu'elle sentit un pincement à son cœur. Elle comprenait le lien que les unissait mieux que personne. Soudainement, elle eut envie d'oublier les compliments et le jeu qui se jouait entre elles, pour plutôt parler de cette solitude qui la terrassait sans Loras. De ce vide qui se créait en elle et qui prenait toujours plus de place, ne laissait aucune miette pour la personne qu'elle était. Par les Sept, si son frère pouvait revenir... elle se ferait vengeresse et protectrice pour que plus rien n'arriva à cette partie de son âme. Mais elle choisit le silence de cette douleur et se tourna plutôt vers Dorne, cette région chaude et aux mœurs plus libres. Elle aurait aimé y aller aussi, et y emporter Loras. Il aurait été mieux là-bas que n'importe où ailleurs.

-Il faut dire que Dorne a beaucoup d'avantages, surtout avec leur manière de concevoir l'héritage. Enfin des personnes sensées, elle roula des yeux avant d'offrir un sourire plus doux à la brune. Pourquoi ne retournez-vous pas à Dorne, lady Alys ? demanda-t-elle avant de descendre son regard vers la rose et se saisir de la fleur à son tour, frôlant les doigts d'Alys. Croître avec vigueur. Les mots de ma maison. Je les aime particulièrement. Notre symbole est la rose, mais il existe tellement de fleurs différentes... Certaines qui grandissent bien sous le soleil, et d'autres sous la pluie. Certaines fleurs ont des épines, d'autres pas. On en utilise certaines pour la médecine, et d'autres pour des poisons. Des plantes restent minuscules et d'autres dépassent même des bâtiments... J'aime les mots de ma maison parce que croître avec vigueur dépend toujours de la fleur. Des mots choisis avec sagesse, si vous voulez mon avis.



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Alys Risley

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Alys savait utiliser son joli minois pour obtenir ce qu’elle désirait, mais ce stratagème, elle ne l’utilisait que contre les hommes qui la pensaient trop bête. Dans ce genre de cas, elle prétendait de n’être qu’une jolie petite idiote pour qu’on lui raconte des choses. Il fallait avouer, cependant, que ce genre d’occasions se présentaient rarement puisque sa mère n’était pas encore venue lui dire qu’elle était fiancée, ce qui arriverait tôt ou tard, ni ne faisait-elle parti de la vie politique du Bief. Avec Margaery, elle n’exerçait aucune manipulation, simplement de la curiosité sur cette illustre femme car elle avait été à l’intérieur du pouvoir, à l’instar de sa mère Dyanne. L’ancienne reine de Westeros avait été une figure importante, quoi qu’on dise d’elle, et elle fascinait l’intérêt d’une jeune Alys qui était bien trop souvent cantonnée à son genre : se marier pour une alliance et produire un héritier si possible, alors même qu’elle avait de l’esprit et connaissait les religions comme personne au sein du Bief. Alys ne désirait pas être calife à la place du calife, mais elle aimerait parfois qu’on entende sa voix dans ce monde masculin. La jeune femme était reconnaissante d’avoir un frère et souverain comme Trystan, il était le meilleur de ses frères et le meilleur homme qu’elle connaissait. Les choses seraient bien différentes si un autre que lui se trouvait à sa place actuellement.

« — Existe-t-il un conseil fiable dans ce cas, Lady Margaery ? Ou quoi qu’on fasse, ils tireront les ficelles ? Pourtant, le roi a pouvoir de décision sur le fait de nommer sa main et son conseil. Le souverain a donc confiance en ses sujets. Pensez-vous qu’il existe encore d’honnêtes membres du conseil ? Le monde n’est-il fait que de vipères et de roses ? Ou un fidèle et loyal canidé pourrait y être ?  »

Tant de questions tournaient dans l’esprit de la jeune fille de Villevieille. Elle projetait, en se disant que si les conseils des rois agissaient ainsi, alors il était possible que les plus petits conseils aussi et elle craignait présentement pour les personnes dont son frère s’était entouré – une crainte qui ne lui était pas venue à l’esprit auparavant. Margaery avait vécu sous le règne des Baratheon, communément appelé soit les conquérants soit les usurpateurs. Les enfants d’Alicent Hightower, qui avaient vécu ici quelques temps, avaient connu le règne des Targaryen. Et Alys ne pouvait s’empêcher de se demander si les trahisons et doubles jeux au sein de ces deux conseils avait été similaires. Elle cherchait à savoir si un procédé se répétait ou si les trahisons étaient différentes à chaque fois. Alys buvait les paroles de la jeune Tyrell comme si elles étaient de l’hydromel sucré du Nord, non sans un sourire aux lèvres.

« —A en juger par votre force d’esprit, si votre grand-mère en possédait également, vous deviez former un binôme remarquable. Je ne doute alors pas du fait qu’elle put vous donner un coup de main dans beaucoup de domaines, Alys pencha sa tête à son tour pour écouter les paroles murmurées de Margaery. Je tâcherais d’appliquer cela plus précisément alors. Merci.  »

Si Margaery pensait à établir des relations avec le Bief à travers Alys, c’était également ce qui traversait l’esprit de la jeune Hightower à ce moment. Cette héroïne du passé était tout à fait charmante et Alys, le pensait, avait besoin d’alliés autres que sa famille. Margaery était une femme forte, indépendante, et sans nul doute qu’en période de crise, elle aimerait l’avoir à ses côtés. Lady Risley préférait s’en faire une amie qu’une ennemie, en plus du charme naturel que dégageait la jeune femme de Hautjardin.

« — Non. Trystan est mon aîné, il est dans l’ordre des choses qu’il hérite du Bief et je ne souhaite nullement sa mort. Je n’aurais probablement pas été en paix si j’étais née la première mais, je suis en paix actuellement. Trystan et moi avons toujours été inséparables, je sais qu’il est un bon dirigeant et saurait m’écouter, si je le lui demandais. »  

Du moins, elle l’espérait, mais elle avait une confiance aveugle envers son aîné. La douce Alys s’était parfois imaginée diriger mais sans jamais en faire une ambition, au contraire de sa mère dont l’esprit était plus proche de celui de Margaery que du sien. La brune se mit à rire à la rétorque de la rose qui avait sans doute bien raison de se vanter. En mentionnant Trystan, la jeune femme n’avait pas vraiment fait attention. Si le nom de Loras Tyrell ne lui était pas étranger, elle n’y pensa pas sur le moment, de ce frère qui avait péri aux côtés de sa sœur dans le feu grégeois.

Alys hocha simplement la tête à ses mots sur Dorne dans un premier temps. Elle était d’accord avec Margaery et pensait que ce pays avait bien plus d’avance que le reste de Westeros et ce, depuis des siècles.

« — J’aimerais. Mais le devoir ne me le permets pas, Lady Margaery. Mon frère et le Bief ont besoin de moi et un jour prochain, ma mère offrira à nouveau ma main à un seigneur pour former une alliance. »   avait-elle soupiré en roulant un peu des yeux.

La brune n’avait pas le cœur à subir un nouveau mariage après le massacre de l’Hyrdomel mais elle connaissait une vérité : elle n’avait pas le choix. Tôt ou tard, cela arriverait. Alys frissonna légèrement en sentant les doigts de Margaery contre les siens. Elle plongea ses iris ténébreuses dans les iris claires de la jeune Tyrell en ne bougeant pas tout de suite sa main.

« — Alors, là est le secret ? La maison Tyrell n’est pas la maison de la rose, mais la maison de toutes les fleurs regroupées sous la coupole de la plus symbolique d’entre elles ? Quelle fleur vous attribueriez-vous, Lady Margaery ?  souffla, murmurant près de son oreille afin que la question ne soit entendue que d’elle. Ou si je l’ose, quelle fleur m’attribueriez-vous si je n’étais pas née Hightower mais Tyrell ? »  

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