Lune 12, 875 AC. L'été est là, le petit peuple se réjouit alors que les seigneurs s'inquiètent à l'heure où un nouveau roi vient d'être couronné en la personne de Maegor I Targaryen.
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❝ your heart was glass, I dropped it ❞ (Arthur & Elia)
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Your heart was glass, I dropped it
Now I'm pacing down the hall, chasing down your street, flashback to the night when you said to me
"Nothing's gonna change, not for me and you", not before I knew how much I had to lose
Come back, come back, come back to me like you would, you would if this was a movie
"Nothing's gonna change, not for me and you", not before I knew how much I had to lose
Come back, come back, come back to me like you would, you would if this was a movie
ft. @Elia Martell
La ville ombreuse n’a jamais aussi bien porté son nom. Déjà à l’époque du règne d’Aerys II, elle avait des aspects de village abandonné, privé du soleil par l’imposante stature des remparts du palais et davantage assombrie par l’aspect d’ocre terne de ses habitations, des constructions de terre cuite dont aucune n’avait survécu aux intempéries et aux nombreuses tempêtes de sable. Aujourd’hui, le climat semblait s’être empiré. Les journées, on y voyait pas plus loin que le bout de son nez — un épais brouillard jaunâtre dérangeait le passage des caravanes ou des malheureux passants qui ne connaissaient pas le tracé sinueux des ruelles. Arthur s’y promenait avec prudence, un foulard relevé jusqu’au-dessus du nez pour se protéger des poussières et de la fumée. Son habit était aussi modeste que la condition des gens qui vivaient ici : sa chemise dépourvue de fioritures et un pantalon dissimulés sous une tonne de pans de tissus en lin dont il avait entouré son corps, protégeant sa peau des vents bouillants et de l’écorchure du sable. La seule richesse qu’il se permettait encore de montrer était une petite bourse d’argent qui ne semblait jamais se vider. Chaque soir, lorsque le soleil déclinait et que le marché aux puces jaillissait, il achetait de la nourriture et de nouveaux vêtements.
Et tous ces achats routiniers, c’était rarement pour sa propre personne. Arthur Dayne ne pensait que trop rarement à lui-même, il songeait à peine à boire assez d’eau pour supporter la chaleur quotidiennement. L’ancien chevalier avait toujours consacré sa vie au service des autres : auparavant, en maniant l’épée. Aujourd’hui, en donnant de son temps et de sa personne pour les plus défavorisés. En ce moment, c’est dans les orphelinats qu’on le remarquait le plus. « vous savez y faire avec les enfants », voilà un compliment qu’il entendait beaucoup et même s’il avait toujours du mal à accepter tout ce bien qu’on disait de lui, c’était vrai. Partout où il allait, il trouvait le moyen de se faire aimer, surtout par les enfants de Lancehélion. Les quitter pour retourner au Vieux Palais était toujours un déchirement, la plupart avaient perdu leurs parents à la guerre ou succombant à des maladies. Il y avait aussi une culpabilité sous-jacente au fond du cœur de ce guerrier qui avait rendu l’épée et qui avait lui-même auparavant tué des époux, des pères et des frères au service de la Maison Targaryen. La nouvelle guerre qui se préparait au loin, sous l’égide menaçante des ambitions de Visenya Targaryen, allait sûrement amener de nouveaux morts et de nouveaux malheurs et son impuissance face à la terreur à venir le rendait fou de rage.
Il attendit que l’heure du dîner soit bien avancée avant d’emprunter la porte menant à l’enceinte du Palais Vieux. Vêtu de ses fripes et les cheveux couverts de sable, il ressemblait plus à un vagabond qu’au soldat légendaire qu’il était supposé représenter. Certains le regardaient étrangement, ceux qui le reconnaissaient et s’étaient habitués à sa nouvelle existence ne s’offusquaient plus de ses manières peu nobles. Il ne dormait pas ici, il avait sa paillasse en ville mais il revenait de temps en temps délivrer un compte-rendu à la reine Nymeria lorsque quelque chose d’inquiétant se tramait dehors, ou tout simplement pour se ressasser de vieux souvenirs. La plupart étaient douloureux mais il savait se focaliser sur les pensées heureuses et il lui en restait encore beaucoup. Sur le souvenir d’un petit Arthur Dayne à peine assez vieux pour être écuyer qui courait dans les couloirs avec une épée en bois, jouant avec Oberyn Martell à des guerres qui ne les amusaient plus une fois qu’ils les avaient vécues pour de vrai. Il songeait à une époque lointaine où il se rêvait prince, non pas par ambition mais pour être digne de la dame qui affolait son palpitant. Mais il avait vite appris à devenir humble, lui qui était né pour servir les plus grands sans avoir le droit de se considérer comme leur égal.
« Arthur ! »
Un chuchotement suivi d’un rire étouffé le sortit de ses pensées. Là, cachés derrière une immense colonne en marbre d’Essos, deux enfants de la reine Nymeria le fixaient, leurs grands yeux brillants d’espoir. L’homme s’accroupit pour être à leur hauteur, feignant de froncer les sourcils de sévérité.
« Ne devriez-vous pas être en train de dormir, à heure si tardive ?
— Mais on veut la fin d’abord…
— La fin ?
— L’histoire que tu nous racontais la dernière fois, sur le prince et la jeune fille. »
Arthur sourit à ce souvenir. Effectivement, les enfants s’étaient passionné des récits de la vie de l’ancien chevalier, sur ses combats et la légende qui l’entourait. Il détestait quand l’attention était portée sur lui-même et minimisait toujours ses propres accomplissements mais cela avait suffi pour ces jeunes esprits facilement impressionnables. Et une fois qu’il n’avait plus rien à leur raconter sur sa courte existence, il leur avait commencé à leur apprendre l’histoire d’amour de Duncan Targaryen et Jenny des Vieilles-Pierres avant qu’ils aillent rejoindre leurs nourrices pour être couchés. Mais la dernière fois, ils s’étaient tous les deux endormis avant qu’il ne termine.
Ainsi, il se retrouva assis dans un petit escalier, dans un endroit isolé de la forteresse mais très cher à son cœur. C’était ici qu’il se rendait jadis avec la princesse Elia et qu’ils prétendaient être des gens qu’ils n’étaient pas, une fille et un garçon libres du devoir qui pesait sur eux, libres des attentes et des chaînes de leur destinée. Libres de s’aimer, libres rien que d’y songer. Les enfants ne remarquèrent pas à quel point l’endroit le bouleversait, suspendus à ses lèvres et à son récit.
« C’est une vraie histoire ? Se risqua à demander l’un des gamins une fois la fin révélée.
— Oui, Duncan et Jenny ont réellement existé. Des membres de ma famille les ont connus de leur vivant.
— Mais c’est impossible. Un prince doit uniquement épouser une princesse.
Arthur perdit un peu son sourire mais se dépêcha d’acquiescer, par automatisme, avec cette vieille peur d’être découvert qui le prenait déjà dans sa jeunesse quand Doran Martell le regardait d’un air suspicieux lorsqu’il avait l’air un peu trop heureux et un peu trop proche d’Elia.
— Tu as raison. Ce n’est pas convenable. » Puis il se détendit. C’était stupide d’avoir peur. Ce n’était que des enfants. « Mais tu sais, l’amour est une chose imprévisible. On ne peut pas contrôler nos sentiments ni les forcer à agir rationnellement. »
D’ailleurs, en parlant d’Elia, elle apparut à son tour. Arthur avait ouï dire par des ragots de couloir qu’elle avait été nommée préceptrice des enfants alors il ne fut pas surpris de la voir, juste complètement tétanisé. Les enfants avaient fini par s’endormir au cours de leur discussion, les deux têtes posées sur son épaule et son genou, le forçant à se tenir dans une position inconfortable. Face à lui qui était si débraillé, si peu présentable, Elia était resplendissante. Son cœur battait dans sa poitrine à une telle vitesse qu’il crut faire un malaise mais même dans la panique il n’oubliait pas la galanterie, il retira son couvre-chef et la salua aussi respectueusement qu’il le pouvait dans sa position. Luttant pour garder sa contenance, il posa son doigt sur sa bouche, lui signifiant de ne pas faire de bruit, et désigna explicitement les deux mioches qui lui ronflaient dessus.
« Ils dorment. Et je n’ai pas le cœur à les réveiller. »
Que dire à cette femme qu’il avait failli, qui avait trouvé une mort atroce dans une guerre qui n’était pas la sienne et qu’il n’avait pas été là pour protéger ? Il se trouvait si loin d’elle… Il était auprès de Rhaegar, là où se trouvait son devoir, là où il avait juré obéissance mais aujourd’hui ces mots n’avaient plus le moindre sens. Des excuses seraient inutiles, même outrageantes. Elle méritait mieux que cela, elle méritait qu’il passe le restant de sa vie à faire pénitence et encore, ce ne serait pas assez, jamais il ne traversera les horreurs qu’elle a été contrainte de souffrir. Afin de ne pas la fixer stupidement trop longtemps au risque de la mettre mal à l’aise, il reporta son attention sur les deux petits poids morts maintenant profondément endormis.
« Je suppose que les nourrices les cherchent partout en ce moment… nous devrions aller les coucher. »
Nous, prononçait-il, la gorge sèche d’avoir eu à porter le poids d’un mot aussi anodin et pourtant aussi lourd de sens. Pris d’un élan de courage spontané, il reprit :
« Et ensuite… pouvons-nous parler ? Ici, seul à seule ? » Ici, dans cet endroit qui représentait tant de beaux souvenirs, d’une époque où la vie était si simple et on ne se souciait pas de l’avenir. Il leva enfin les yeux, détailla son visage parfait, craignant d’y trouver toute la haine qu’il l’imaginait ressentir à son égard. Comment lui en vouloir ? Ce serait bien normal, après ce qui s’était passé. « Si tu ne veux pas… ce n’est pas grave, je comprends. Je ne mérite même pas que tu m’écoutes ou que tu poses tu regard sur moi. Je t’ai fait du tort, et je ne souhaite que me racheter auprès de toi. Alors, au nom de l’amitié qui nous a unis autrefois, acceptes-tu de m’écouter ? »
Et tous ces achats routiniers, c’était rarement pour sa propre personne. Arthur Dayne ne pensait que trop rarement à lui-même, il songeait à peine à boire assez d’eau pour supporter la chaleur quotidiennement. L’ancien chevalier avait toujours consacré sa vie au service des autres : auparavant, en maniant l’épée. Aujourd’hui, en donnant de son temps et de sa personne pour les plus défavorisés. En ce moment, c’est dans les orphelinats qu’on le remarquait le plus. « vous savez y faire avec les enfants », voilà un compliment qu’il entendait beaucoup et même s’il avait toujours du mal à accepter tout ce bien qu’on disait de lui, c’était vrai. Partout où il allait, il trouvait le moyen de se faire aimer, surtout par les enfants de Lancehélion. Les quitter pour retourner au Vieux Palais était toujours un déchirement, la plupart avaient perdu leurs parents à la guerre ou succombant à des maladies. Il y avait aussi une culpabilité sous-jacente au fond du cœur de ce guerrier qui avait rendu l’épée et qui avait lui-même auparavant tué des époux, des pères et des frères au service de la Maison Targaryen. La nouvelle guerre qui se préparait au loin, sous l’égide menaçante des ambitions de Visenya Targaryen, allait sûrement amener de nouveaux morts et de nouveaux malheurs et son impuissance face à la terreur à venir le rendait fou de rage.
Il attendit que l’heure du dîner soit bien avancée avant d’emprunter la porte menant à l’enceinte du Palais Vieux. Vêtu de ses fripes et les cheveux couverts de sable, il ressemblait plus à un vagabond qu’au soldat légendaire qu’il était supposé représenter. Certains le regardaient étrangement, ceux qui le reconnaissaient et s’étaient habitués à sa nouvelle existence ne s’offusquaient plus de ses manières peu nobles. Il ne dormait pas ici, il avait sa paillasse en ville mais il revenait de temps en temps délivrer un compte-rendu à la reine Nymeria lorsque quelque chose d’inquiétant se tramait dehors, ou tout simplement pour se ressasser de vieux souvenirs. La plupart étaient douloureux mais il savait se focaliser sur les pensées heureuses et il lui en restait encore beaucoup. Sur le souvenir d’un petit Arthur Dayne à peine assez vieux pour être écuyer qui courait dans les couloirs avec une épée en bois, jouant avec Oberyn Martell à des guerres qui ne les amusaient plus une fois qu’ils les avaient vécues pour de vrai. Il songeait à une époque lointaine où il se rêvait prince, non pas par ambition mais pour être digne de la dame qui affolait son palpitant. Mais il avait vite appris à devenir humble, lui qui était né pour servir les plus grands sans avoir le droit de se considérer comme leur égal.
« Arthur ! »
Un chuchotement suivi d’un rire étouffé le sortit de ses pensées. Là, cachés derrière une immense colonne en marbre d’Essos, deux enfants de la reine Nymeria le fixaient, leurs grands yeux brillants d’espoir. L’homme s’accroupit pour être à leur hauteur, feignant de froncer les sourcils de sévérité.
« Ne devriez-vous pas être en train de dormir, à heure si tardive ?
— Mais on veut la fin d’abord…
— La fin ?
— L’histoire que tu nous racontais la dernière fois, sur le prince et la jeune fille. »
Arthur sourit à ce souvenir. Effectivement, les enfants s’étaient passionné des récits de la vie de l’ancien chevalier, sur ses combats et la légende qui l’entourait. Il détestait quand l’attention était portée sur lui-même et minimisait toujours ses propres accomplissements mais cela avait suffi pour ces jeunes esprits facilement impressionnables. Et une fois qu’il n’avait plus rien à leur raconter sur sa courte existence, il leur avait commencé à leur apprendre l’histoire d’amour de Duncan Targaryen et Jenny des Vieilles-Pierres avant qu’ils aillent rejoindre leurs nourrices pour être couchés. Mais la dernière fois, ils s’étaient tous les deux endormis avant qu’il ne termine.
Ainsi, il se retrouva assis dans un petit escalier, dans un endroit isolé de la forteresse mais très cher à son cœur. C’était ici qu’il se rendait jadis avec la princesse Elia et qu’ils prétendaient être des gens qu’ils n’étaient pas, une fille et un garçon libres du devoir qui pesait sur eux, libres des attentes et des chaînes de leur destinée. Libres de s’aimer, libres rien que d’y songer. Les enfants ne remarquèrent pas à quel point l’endroit le bouleversait, suspendus à ses lèvres et à son récit.
« C’est une vraie histoire ? Se risqua à demander l’un des gamins une fois la fin révélée.
— Oui, Duncan et Jenny ont réellement existé. Des membres de ma famille les ont connus de leur vivant.
— Mais c’est impossible. Un prince doit uniquement épouser une princesse.
Arthur perdit un peu son sourire mais se dépêcha d’acquiescer, par automatisme, avec cette vieille peur d’être découvert qui le prenait déjà dans sa jeunesse quand Doran Martell le regardait d’un air suspicieux lorsqu’il avait l’air un peu trop heureux et un peu trop proche d’Elia.
— Tu as raison. Ce n’est pas convenable. » Puis il se détendit. C’était stupide d’avoir peur. Ce n’était que des enfants. « Mais tu sais, l’amour est une chose imprévisible. On ne peut pas contrôler nos sentiments ni les forcer à agir rationnellement. »
D’ailleurs, en parlant d’Elia, elle apparut à son tour. Arthur avait ouï dire par des ragots de couloir qu’elle avait été nommée préceptrice des enfants alors il ne fut pas surpris de la voir, juste complètement tétanisé. Les enfants avaient fini par s’endormir au cours de leur discussion, les deux têtes posées sur son épaule et son genou, le forçant à se tenir dans une position inconfortable. Face à lui qui était si débraillé, si peu présentable, Elia était resplendissante. Son cœur battait dans sa poitrine à une telle vitesse qu’il crut faire un malaise mais même dans la panique il n’oubliait pas la galanterie, il retira son couvre-chef et la salua aussi respectueusement qu’il le pouvait dans sa position. Luttant pour garder sa contenance, il posa son doigt sur sa bouche, lui signifiant de ne pas faire de bruit, et désigna explicitement les deux mioches qui lui ronflaient dessus.
« Ils dorment. Et je n’ai pas le cœur à les réveiller. »
Que dire à cette femme qu’il avait failli, qui avait trouvé une mort atroce dans une guerre qui n’était pas la sienne et qu’il n’avait pas été là pour protéger ? Il se trouvait si loin d’elle… Il était auprès de Rhaegar, là où se trouvait son devoir, là où il avait juré obéissance mais aujourd’hui ces mots n’avaient plus le moindre sens. Des excuses seraient inutiles, même outrageantes. Elle méritait mieux que cela, elle méritait qu’il passe le restant de sa vie à faire pénitence et encore, ce ne serait pas assez, jamais il ne traversera les horreurs qu’elle a été contrainte de souffrir. Afin de ne pas la fixer stupidement trop longtemps au risque de la mettre mal à l’aise, il reporta son attention sur les deux petits poids morts maintenant profondément endormis.
« Je suppose que les nourrices les cherchent partout en ce moment… nous devrions aller les coucher. »
Nous, prononçait-il, la gorge sèche d’avoir eu à porter le poids d’un mot aussi anodin et pourtant aussi lourd de sens. Pris d’un élan de courage spontané, il reprit :
« Et ensuite… pouvons-nous parler ? Ici, seul à seule ? » Ici, dans cet endroit qui représentait tant de beaux souvenirs, d’une époque où la vie était si simple et on ne se souciait pas de l’avenir. Il leva enfin les yeux, détailla son visage parfait, craignant d’y trouver toute la haine qu’il l’imaginait ressentir à son égard. Comment lui en vouloir ? Ce serait bien normal, après ce qui s’était passé. « Si tu ne veux pas… ce n’est pas grave, je comprends. Je ne mérite même pas que tu m’écoutes ou que tu poses tu regard sur moi. Je t’ai fait du tort, et je ne souhaite que me racheter auprès de toi. Alors, au nom de l’amitié qui nous a unis autrefois, acceptes-tu de m’écouter ? »
by CrimsonTulip
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ft. @Arthur Dayne
Le soleil atteignait la fin de sa course effrénée donnant des airs orangés à la cité remplie de sable et de poussière qu'elle occupait. La chaleur était harassante et elle pouvait sentir l'humidité de sa peau dans sa nuque, mais elle était une Martell, et elle était née sous ce soleil de plomb tout en rêvant de le fuir le plus loin possible. Elia avait revêtu des étoffes pour protéger sa peau de la chaleur, de longs pans de tissus fins aux couleurs vives, oscillant entre le doré et l'orange. Elle s'était attelée à ses tâches quotidiennes, enseignant aux enfants de la Princesse de Dorne tout ce qu'elle savait, essayant de leur inculquer les bonnes manières. Les enfants étaient plus intelligents que ne le pensaient les adultes ; ils ne disaient rien quand elle sursautait au moindre bruit inhabituel, n'essayaient pas de la toucher sans qu'elle ne l'autorise et surtout, posaient peu de questions sur sa vie d'avant. Ils étaient faciles à contenter et le moindre de leur sourire lui réchauffait le cœur autant qu'il le lui brisait à nouveau. La plus jeune des filles de la Princesse avait déjà grandi de quelques centimètres, elle devenait désormais plus grande que Rhaenys. C'était une bénédiction qu'elle grandisse aussi vite, cela lui permettait de se détacher de ses souvenirs, de ne pas s'attendre à croiser le regard de son enfant à chaque fois qu'elle se retournait et subir une énième déception. L'ombre des fantômes de ses enfants planait cependant toujours dans le Palais, prêts à surgir à chaque fois qu'elle laissait son esprit vagabonder dans les recoins de sa mémoire. Peut-être qu'elle se faisait mal intentionnellement ? La douleur de leur perte était un moyen de ne jamais les oublier et l'oubli était une perspective effrayante pour Elia. Elle ne voulait pas les oublier même si la voix de Aegon lui semblait désormais lointaine, même son rire lui semblait désormais étranger et elle se maudissait intérieurement pour cela, elle était une mauvaise mère pour oublier ne serait-ce que ce détail sur son enfant.
Parfois, Elia passait dans ces couloirs qui avaient été ceux de son enfance et se remettait à voir le visage de son père concentré sur un jeu de stratégie, penché sur la table en observant les pièces en face de lui et relevant légèrement la tête que pour lui adresser un de ces sourires complices dont lui seul avait le secret. Elle évitait de penser au fait qu'aucun membre de sa famille n'était revenu, au fait qu'Oberyn, la moitié de son âme n'était pas retourné auprès des vivants. Oberyn lui manquait terriblement et si elle s'était fait quelques amis dans cet espace-temps, aucun n'égalait ce qu'elle avait un jour partagé avec son frère. Elle croisait aux détours d'un couloir certains de ses descendants et pouvait le voir à travers leurs sourires ou leurs rires. Cela lui semblait être une éternité depuis qu'elle avait entendu son rire pour la dernière fois. Elle ne savait pas quel serait sa réaction si elle le voyait à nouveau, elle ressentait de la culpabilité à l'idée qu'il soit mort pour sauver une dernière fois son honneur, elle avait l'impression de l'avoir tué de ses propres mains. La Princesse de Dorne n'avait fait aucun commentaire en la mettant au service de ses enfants, elle avait simplement posé un regard compatissant sur Elia et après une leçon lui avait simplement murmuré qu'elle était douée avec les enfants, auparavant, ils avaient fait fuir chaque préceptrice qu'elle leur avait donné. Pour être honnête, Elia ne savait pas ce qu'elle avait de si spécial, elle faisait du mieux qu'elle pouvait et traitait les enfants de la Princesse comme elle avait un jour traité les siens ; avec douceur et fermeté à la fois. Ils ne remplaceraient jamais la perte qui avait été la sienne, mais elle se sentait guérir un peu plus à chaque fois qu'elle se trouvait en leur présence et son cœur se remettait lentement, mais sûrement à battre à nouveau dans sa poitrine. La dame qui l'entraînait lui avait dit lors de son premier jour "Dame Elia, il faut vivre avec ses blessures et non pas survivre à cause d'elles." Elle n'avait fait plus aucun commentaire sur le passé d'Elia mais les paroles qu'elle avait prononcé continuait de l'accompagner au quotidien et était devenu son mantra.
Alors qu'elle allait se coucher, une gouvernante était arrivée pour lui dire qu'elle avait perdu les enfants de la Princesse. La malheureuse ne voulait surtout pas prévenir la souveraine de la disparition de ses enfants à moins d'être sûrs qu'ils soient véritablement disparus et qu'ils ne leur jouent pas un tour. Elia avait donc revêtu rapidement des habits et une bougie à la main, parcourait désormais le Vieux Palais à la recherche des chenapans. Parcourir les couloirs ainsi lui rappelaient ces soirées passées à échapper à la surveillance de ses gouvernantes pour s'échapper avec Oberyn et Arthur, elle se souvenait des rires qu'ils étouffaient tous les trois alors que les gardes passaient sans les voir. Ces escapades nocturnes faisaient partie des souvenirs les plus tendres qu'elle avait de son enfance. C'était probablement la nostalgie ou peut-être le destin qui la fit emprunter le passage qu'elle connaissait si bien, ses pieds longeant les murs comme ils les avaient faits quand elle était encore une enfant. Elle sut qu'elle était sur la bonne voie quand elle entendit les rires des enfants au loin. Elle accéléra le pas tout en essayant d'être discrète, les paroles devenant de plus en plus faibles à mesure que les enfants semblaient s'endormir. Elle les trouva sur le petit escalier d'une tour, endormis sur les genoux d'un homme qu'elle ne reconnut pas au premier regard, du moins pas avant d'avoir avancé d'un pas en sa direction. Arthur Dayne.
Le temps semblait s'être stoppé alors que ses yeux détaillaient ce visage si familier et pourtant si lointain à la fois, un fantôme en chair et en os. Elle sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine, celui qui avait été autrefois son chevalier était là et il était aussi beau que dans ses souvenirs. Depuis son retour, Elia s'était empêchée de penser à lui, à celui qui la connaissait mieux que personne, à celui qui avait joué au prince et à la princesse avec elle alors qu'elle rêvait secrètement que ce fût secrètement le cas. Elle s'empêchait de penser à son départ, au fait qu'à la fin, il ait préféré suivre son devoir plutôt que de la protéger. Elle essayait de ne pas penser au fait qu'alors que la mort l'avait étreinte, le dernier visage qu'elle avait vu était celui qui l'observait en retour. Elia était muette, le cœur trop plein et trop ivre d'émotions contradictoires pour parler de manière cohérente. Pour se ressaisir, ses prunelles se posèrent sur les enfants endormis et alors qu'elle allait répliquer, la nourrice débarqua et d'un mouvement fluide et rapide pris les enfants en maugréant doucement, les laissant dans ce couloir rempli de souvenirs seuls. Seuls face-à-face.
« Je t'écoute. » Les mots avaient été prononcés doucement, si doucement que la flamme de la bougie ne vacilla pas sous ses doigts.
Elle était reconnaissante à la nourrice d'être intervenue. Elle ne voulait pas qu'Arthur voit à quel point elle était différente, à quel point elle avait été changée par les événements de sa mort. Elle cacha ses mains tremblantes dans son dos tout en l'observant. Arthur avait longtemps été l'incarnation même du devoir, faisait-il amende honorable uniquement par devoir envers elle ? Ce mot avait empoisonné son existence toute sa vie, Rhaegar le fuyant pour courir dans les jupes de Lyanna Stark, Arthur le suivant obstinément même si cela la blessait. Chacun des hommes de sa vie l'avait blessé avec ce principe et elle refusait que ce soit de nouveau le cas.
« Quand es-tu revenu ?»
Parfois, Elia passait dans ces couloirs qui avaient été ceux de son enfance et se remettait à voir le visage de son père concentré sur un jeu de stratégie, penché sur la table en observant les pièces en face de lui et relevant légèrement la tête que pour lui adresser un de ces sourires complices dont lui seul avait le secret. Elle évitait de penser au fait qu'aucun membre de sa famille n'était revenu, au fait qu'Oberyn, la moitié de son âme n'était pas retourné auprès des vivants. Oberyn lui manquait terriblement et si elle s'était fait quelques amis dans cet espace-temps, aucun n'égalait ce qu'elle avait un jour partagé avec son frère. Elle croisait aux détours d'un couloir certains de ses descendants et pouvait le voir à travers leurs sourires ou leurs rires. Cela lui semblait être une éternité depuis qu'elle avait entendu son rire pour la dernière fois. Elle ne savait pas quel serait sa réaction si elle le voyait à nouveau, elle ressentait de la culpabilité à l'idée qu'il soit mort pour sauver une dernière fois son honneur, elle avait l'impression de l'avoir tué de ses propres mains. La Princesse de Dorne n'avait fait aucun commentaire en la mettant au service de ses enfants, elle avait simplement posé un regard compatissant sur Elia et après une leçon lui avait simplement murmuré qu'elle était douée avec les enfants, auparavant, ils avaient fait fuir chaque préceptrice qu'elle leur avait donné. Pour être honnête, Elia ne savait pas ce qu'elle avait de si spécial, elle faisait du mieux qu'elle pouvait et traitait les enfants de la Princesse comme elle avait un jour traité les siens ; avec douceur et fermeté à la fois. Ils ne remplaceraient jamais la perte qui avait été la sienne, mais elle se sentait guérir un peu plus à chaque fois qu'elle se trouvait en leur présence et son cœur se remettait lentement, mais sûrement à battre à nouveau dans sa poitrine. La dame qui l'entraînait lui avait dit lors de son premier jour "Dame Elia, il faut vivre avec ses blessures et non pas survivre à cause d'elles." Elle n'avait fait plus aucun commentaire sur le passé d'Elia mais les paroles qu'elle avait prononcé continuait de l'accompagner au quotidien et était devenu son mantra.
Alors qu'elle allait se coucher, une gouvernante était arrivée pour lui dire qu'elle avait perdu les enfants de la Princesse. La malheureuse ne voulait surtout pas prévenir la souveraine de la disparition de ses enfants à moins d'être sûrs qu'ils soient véritablement disparus et qu'ils ne leur jouent pas un tour. Elia avait donc revêtu rapidement des habits et une bougie à la main, parcourait désormais le Vieux Palais à la recherche des chenapans. Parcourir les couloirs ainsi lui rappelaient ces soirées passées à échapper à la surveillance de ses gouvernantes pour s'échapper avec Oberyn et Arthur, elle se souvenait des rires qu'ils étouffaient tous les trois alors que les gardes passaient sans les voir. Ces escapades nocturnes faisaient partie des souvenirs les plus tendres qu'elle avait de son enfance. C'était probablement la nostalgie ou peut-être le destin qui la fit emprunter le passage qu'elle connaissait si bien, ses pieds longeant les murs comme ils les avaient faits quand elle était encore une enfant. Elle sut qu'elle était sur la bonne voie quand elle entendit les rires des enfants au loin. Elle accéléra le pas tout en essayant d'être discrète, les paroles devenant de plus en plus faibles à mesure que les enfants semblaient s'endormir. Elle les trouva sur le petit escalier d'une tour, endormis sur les genoux d'un homme qu'elle ne reconnut pas au premier regard, du moins pas avant d'avoir avancé d'un pas en sa direction. Arthur Dayne.
Le temps semblait s'être stoppé alors que ses yeux détaillaient ce visage si familier et pourtant si lointain à la fois, un fantôme en chair et en os. Elle sentit son cœur s'emballer dans sa poitrine, celui qui avait été autrefois son chevalier était là et il était aussi beau que dans ses souvenirs. Depuis son retour, Elia s'était empêchée de penser à lui, à celui qui la connaissait mieux que personne, à celui qui avait joué au prince et à la princesse avec elle alors qu'elle rêvait secrètement que ce fût secrètement le cas. Elle s'empêchait de penser à son départ, au fait qu'à la fin, il ait préféré suivre son devoir plutôt que de la protéger. Elle essayait de ne pas penser au fait qu'alors que la mort l'avait étreinte, le dernier visage qu'elle avait vu était celui qui l'observait en retour. Elia était muette, le cœur trop plein et trop ivre d'émotions contradictoires pour parler de manière cohérente. Pour se ressaisir, ses prunelles se posèrent sur les enfants endormis et alors qu'elle allait répliquer, la nourrice débarqua et d'un mouvement fluide et rapide pris les enfants en maugréant doucement, les laissant dans ce couloir rempli de souvenirs seuls. Seuls face-à-face.
« Je t'écoute. » Les mots avaient été prononcés doucement, si doucement que la flamme de la bougie ne vacilla pas sous ses doigts.
Elle était reconnaissante à la nourrice d'être intervenue. Elle ne voulait pas qu'Arthur voit à quel point elle était différente, à quel point elle avait été changée par les événements de sa mort. Elle cacha ses mains tremblantes dans son dos tout en l'observant. Arthur avait longtemps été l'incarnation même du devoir, faisait-il amende honorable uniquement par devoir envers elle ? Ce mot avait empoisonné son existence toute sa vie, Rhaegar le fuyant pour courir dans les jupes de Lyanna Stark, Arthur le suivant obstinément même si cela la blessait. Chacun des hommes de sa vie l'avait blessé avec ce principe et elle refusait que ce soit de nouveau le cas.
« Quand es-tu revenu ?»
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Come back, come back, come back to me like you would, you would if this was a movie
ft. @Elia Martell
La gouvernante parvint dans la salle en courant, l’air courroucée, les joues rouges et la respiration erratique à cause de l’essoufflement. Visiblement, les chenapans l’avaient fait galoper dans tout le château. Et Lancehélion, les Sept savaient à quel point c’était immense. Lui-même y avait vécu une partie de sa vie mais il n’en avait jamais fait un tour complet. En remarquant que les enfants étaient déjà endormis et entre de bonnes mains, elle se rapprocha un peu plus doucement afin de les soulever des genoux d’Arthur sans les réveiller. Celui-ci eut le réflexe de poser sa main sous la tête du petit garçon pour l’empêcher de pendre en arrière, puis elle les emmena au loin. Durant tout ce processus, Elia n’avait pas dit un seul mot. L’attention du chevalier avait été attirée par l’arrivée de cette tierce personne venue le débarrasser du poids des bambins mais s’il avait contemplé le visage d’Elia à ce moment, il aurait peut-être entraperçu le choc, ses pensées qui se battaient dans son esprit confus, son chaos qui répondait au sien.
Quelque chose avait changé. Ce n’était pas l’endroit ; ces escaliers en marbre jaune, cette petite cour intérieure décorée de verdure et d’arbustes fruitiers d’Essos, ces murs ornés de fioritures dorées, ces couloirs sombres surmontés d’à peine le nombre nécessaire de torches pour le maintenir éclairé à la tombée de la nuit, tout cela ne semblait pas avoir bougé depuis l’enfance d’Arthur. Comme si mille années ne s’étaient pas écoulées depuis sa mort, comme s’il s’était endormi la veille après avoir joué avec Oberyn et Elia et qu’il s’était éveillé le lendemain, un jour comme les autres. Ce n’était pas lui non plus, il était toujours le même Lord qui faisait tout son possible pour conserver une attitude chevaleresque, pour être digne de porter son nom de famille et ses titres. Alors peut-être que c’était Elia qui avait changé… auparavant, elle souriait. Elle était si radieuse qu’elle illuminait le château de sa présence solaire et un sourire de sa part suffisait pour contraindre Arthur Dayne à une défaite certaine, lui qui était l’épée la plus redoutable de leur contrée. Elia était droite face à lui dans toute sa noblesse mais le soleil qui la constituait semblait avoir cédé aux ténèbres d’une tristesse crépusculaire. Peut-être parce qu’elle était bouleversée de le voir. Et Arthur en était chagriné, jamais il n’avait voulu que sa dame ressente une telle détresse à sa simple vue. Mais il l’avait trahie, n’est-ce pas ? Il méritait sa colère, sa haine si elle en ressentait pour lui.
Et alors qu’ils étaient enfin seuls, dans un silence confortable, elle parla. D’une voix si douce, si ténue, qu’il faillit ne pas l’entendre. Il expira et se rendit compte qu’il retenait sa respiration depuis qu’il avait terminé sa misérable tirade tellement l’attente de reproches bien mérités le tourmentait. Mais Elia n’était pas ainsi. Elle était trop bonne, trop clémente et gentille pour mettre Arthur face à ses décisions d’antan. Au contraire, en deux mots, elle lui donne le droit de s’expliquer, de lui donner sa propre version de l’histoire. A la première question qu’elle lui pose, il se pince la lèvre et baisse la tête de honte en songeant à tout ce temps qu’il a passé dans l’ombre à veiller sur elle sans qu’elle ne sache qu’il était présent depuis leur retour à la vie.
« Un mois… peut-être deux. » Il avoue, sans chercher à dissimuler la vérité. Il appréhendait de revoir Elia, d’ailleurs ces retrouvailles ne faisaient pas partie de ses plans. N’avait-elle pas assez souffert à cause de lui, parce qu’il avait choisi Rhaegar Targaryen à son détriment ? Il aurait voulu la laisser tranquille, la laisser guérir de toutes les horreurs qu’elle avait vécues sans avoir à souffrir de sa présence et des souvenirs qu’il transportait avec lui. « J’ai un taudis en ville. Je repars dès demain. » Ajoute-t-il, comme pour la rassurer sur le fait qu’elle n’aura plus jamais à le voir, que c’était la dernière fois si elle le souhaitait.
A son tour il se redressa, debout devant elle, à sa hauteur. Elle était si belle que c’en était douloureux. Il l’admirait sans pouvoir s’en empêcher, les traits de son visage découverts par la petite flamme ondulante de la bougie qui remuait à chacune de ses expirations.
« J’ai rendu mon épée », annonça-t-il ensuite, fixant un instant ses bottes comme pour prendre le temps de digérer lui-même cette information. C’était une décision qu’il avait prise de son propre chef et qui pouvait en surprendre plus d’un. Lui qui cultivait l’art du combat à l’épée pour passion, lui qui s’était dévoué à la guerre et à la défense de sa terre et de ses proches au point qu’on avait écrit des chansons sur ça… renoncer à son arme revenait à renoncer à une part de lui-même. « Et je n’ai pas revu Rhaegar. On dit qu’il est à Winterfell mais cette fois, je ne le suivrai pas. »
Le souvenir de son meilleur ami restait une plaie douloureuse. Renoncer à lui était un déchirement encore plus grand que pour son épée. Sans compter qu’ils s’étaient quittés en mauvais termes : la dernière fois qu’ils s’étaient vus, ils s’étaient violemment disputés. Arthur s’en était voulu, il avait songé à s’excuser chaque jour qui a suivi cette altercation. Il était mort sans jamais avoir eu l’occasion de dire pardon. L’émotion le prit à la gorge, sa voix se brisa lorsqu’il prononça le nom de sa belle :
« Oh, Elia… »
Il s’avança d’un pas de plus, puis deux. Lentement, progressivement pour ne pas la brusquer, il se retrouva proche d’elle. Il plia la jambe, se mit à genoux face à sa dame et attrapa ses deux mains dans les siennes avec cette révérence dont il avait toujours fait preuve avec elle, comme si en touchant la princesse de Dorne il touchait une déesse qu’il fallait vénérer. « Je ferai n’importe quoi pour toi, tu le sais ? » Oh oui, elle le savait. Elle l’avait toujours su, il n’était pas l’homme le plus discret concernant ses sentiments. Et c’était la vérité. Il ferait n’importe quoi. Il tuerait un homme, il décrocherait la lune, il gagnerait le trône des Sept Couronnes pour elle. « Dis-moi comment me racheter. Dis-moi comment réparer tout le mal que je t’ai fait. Je suis prêt à tout pour te mériter à nouveau. »
Quelque chose avait changé. Ce n’était pas l’endroit ; ces escaliers en marbre jaune, cette petite cour intérieure décorée de verdure et d’arbustes fruitiers d’Essos, ces murs ornés de fioritures dorées, ces couloirs sombres surmontés d’à peine le nombre nécessaire de torches pour le maintenir éclairé à la tombée de la nuit, tout cela ne semblait pas avoir bougé depuis l’enfance d’Arthur. Comme si mille années ne s’étaient pas écoulées depuis sa mort, comme s’il s’était endormi la veille après avoir joué avec Oberyn et Elia et qu’il s’était éveillé le lendemain, un jour comme les autres. Ce n’était pas lui non plus, il était toujours le même Lord qui faisait tout son possible pour conserver une attitude chevaleresque, pour être digne de porter son nom de famille et ses titres. Alors peut-être que c’était Elia qui avait changé… auparavant, elle souriait. Elle était si radieuse qu’elle illuminait le château de sa présence solaire et un sourire de sa part suffisait pour contraindre Arthur Dayne à une défaite certaine, lui qui était l’épée la plus redoutable de leur contrée. Elia était droite face à lui dans toute sa noblesse mais le soleil qui la constituait semblait avoir cédé aux ténèbres d’une tristesse crépusculaire. Peut-être parce qu’elle était bouleversée de le voir. Et Arthur en était chagriné, jamais il n’avait voulu que sa dame ressente une telle détresse à sa simple vue. Mais il l’avait trahie, n’est-ce pas ? Il méritait sa colère, sa haine si elle en ressentait pour lui.
Et alors qu’ils étaient enfin seuls, dans un silence confortable, elle parla. D’une voix si douce, si ténue, qu’il faillit ne pas l’entendre. Il expira et se rendit compte qu’il retenait sa respiration depuis qu’il avait terminé sa misérable tirade tellement l’attente de reproches bien mérités le tourmentait. Mais Elia n’était pas ainsi. Elle était trop bonne, trop clémente et gentille pour mettre Arthur face à ses décisions d’antan. Au contraire, en deux mots, elle lui donne le droit de s’expliquer, de lui donner sa propre version de l’histoire. A la première question qu’elle lui pose, il se pince la lèvre et baisse la tête de honte en songeant à tout ce temps qu’il a passé dans l’ombre à veiller sur elle sans qu’elle ne sache qu’il était présent depuis leur retour à la vie.
« Un mois… peut-être deux. » Il avoue, sans chercher à dissimuler la vérité. Il appréhendait de revoir Elia, d’ailleurs ces retrouvailles ne faisaient pas partie de ses plans. N’avait-elle pas assez souffert à cause de lui, parce qu’il avait choisi Rhaegar Targaryen à son détriment ? Il aurait voulu la laisser tranquille, la laisser guérir de toutes les horreurs qu’elle avait vécues sans avoir à souffrir de sa présence et des souvenirs qu’il transportait avec lui. « J’ai un taudis en ville. Je repars dès demain. » Ajoute-t-il, comme pour la rassurer sur le fait qu’elle n’aura plus jamais à le voir, que c’était la dernière fois si elle le souhaitait.
A son tour il se redressa, debout devant elle, à sa hauteur. Elle était si belle que c’en était douloureux. Il l’admirait sans pouvoir s’en empêcher, les traits de son visage découverts par la petite flamme ondulante de la bougie qui remuait à chacune de ses expirations.
« J’ai rendu mon épée », annonça-t-il ensuite, fixant un instant ses bottes comme pour prendre le temps de digérer lui-même cette information. C’était une décision qu’il avait prise de son propre chef et qui pouvait en surprendre plus d’un. Lui qui cultivait l’art du combat à l’épée pour passion, lui qui s’était dévoué à la guerre et à la défense de sa terre et de ses proches au point qu’on avait écrit des chansons sur ça… renoncer à son arme revenait à renoncer à une part de lui-même. « Et je n’ai pas revu Rhaegar. On dit qu’il est à Winterfell mais cette fois, je ne le suivrai pas. »
Le souvenir de son meilleur ami restait une plaie douloureuse. Renoncer à lui était un déchirement encore plus grand que pour son épée. Sans compter qu’ils s’étaient quittés en mauvais termes : la dernière fois qu’ils s’étaient vus, ils s’étaient violemment disputés. Arthur s’en était voulu, il avait songé à s’excuser chaque jour qui a suivi cette altercation. Il était mort sans jamais avoir eu l’occasion de dire pardon. L’émotion le prit à la gorge, sa voix se brisa lorsqu’il prononça le nom de sa belle :
« Oh, Elia… »
Il s’avança d’un pas de plus, puis deux. Lentement, progressivement pour ne pas la brusquer, il se retrouva proche d’elle. Il plia la jambe, se mit à genoux face à sa dame et attrapa ses deux mains dans les siennes avec cette révérence dont il avait toujours fait preuve avec elle, comme si en touchant la princesse de Dorne il touchait une déesse qu’il fallait vénérer. « Je ferai n’importe quoi pour toi, tu le sais ? » Oh oui, elle le savait. Elle l’avait toujours su, il n’était pas l’homme le plus discret concernant ses sentiments. Et c’était la vérité. Il ferait n’importe quoi. Il tuerait un homme, il décrocherait la lune, il gagnerait le trône des Sept Couronnes pour elle. « Dis-moi comment me racheter. Dis-moi comment réparer tout le mal que je t’ai fait. Je suis prêt à tout pour te mériter à nouveau. »
by CrimsonTulip
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Your heart was glass, I dropped it
Now I'm pacing down the hall, chasing down your street, flashback to the night when you said to me
"Nothing's gonna change, not for me and you", not before I knew how much I had to lose
Come back, come back, come back to me like you would, you would if this was a movie
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ft. @Arthur Dayne
Ils étaient enfin seuls et pourtant, le passé semblait être une entité faite de chair et de sang à leurs côtés. Voir Arthur ici, c'était revenir des années en arrière, loin de Port-Réal et de sa pourriture. Le Arthur de ses souvenirs avait le goût des tartes aux citrons qu'on leur servait alors qu'ils étaient enfants, le Arthur de Dorne avait le plus beau sourire des Sept Royaumes et lorsqu'il lui adressait ce sourire, elle avait l'impression de fondre. Elia était tombée éperdument amoureuse de lui aussi facilement que le soleil se levait. Arthur avait toujours été facile à aimer, c'est pourquoi toute sa famille l'avait un jour aimé lui aussi bien que son père exprimât des réserves. Elle se souvient d'Oberyn qui le considérait pratiquement comme un frère et qui l'avait réprimandé après une après-midi passée à jouer. Il savait bien entendu qu'elle appréciait Arthur plus qu'elle ne le devait à l'époque et que lui aussi, lui rendait ses sourires. Elia était un papillon en sa présence, voulant se nourrir de la lumière de son sourire quitte à s'en brûler les ailes au passage. Cette époque lui manquait terriblement, cette période où la seule chose dont elle se souciait avait été sa proximité avec le jeune Dayne et s'il restait un peu de tarte aux citrons dans les cuisines. Sous la lueur des bougies, les flammes faisaient apparaître les ombres s'étant ancré sur leurs visages, les ténèbres s'étant logé dans leurs regards, les enfants d'autrefois lui semblait bien loin.
Arthur avait été son roc quand elle avait été princesse de Peyredragon. Elle pouvait encore voir son visage solennel alors qu'elle s'avançait vers l'autel pour dire ses vœux devant les dieux. Son regard sur elle avait été comme un manteau pour la rassurer. Elle se souvient lui avoir jeté des regards discrets pendant la cérémonie puis pendant la fête. Jamais, ils n'avaient dit à voix haute la nature de ce qu'ils avaient un jour partagé et jamais, elle n'avait pas pensé à trahir son mari en allant dans les bras de son chevalier. Elle avait un devoir et Arthur en avait un aussi ; celui de protéger le futur roi sans avoir ni femme ni enfant. Ainsi, il avait été là comme une seconde ombre qui la suivait dans chaque couloir, chaque étape de sa vie. Elle se souvient de son regard après qu'elle ait accouché de Rhaenys, elle avait failli mourir ce jour-là et tout le monde était concentré sur le bébé qu'elle venait de mettre au monde, mais lui n'avait pas bougé une seule seconde de son poste tout en ne la quittant pas des yeux. Plus tard, quand tout le monde fut parti, il s'était enfin rapproché pour observer l'enfant qui était alors blotti dans ses bras. Elle pouvait encore voir les doigts du jeune homme osant à peine toucher le bout du nez de Rhaenys, les yeux adoucit. Ils n'avaient pas dit un seul mot et pendant une seconde, leurs regards s'étaient croisés, quelque chose d'indescriptible était passé puis ils avaient reporté leur attention sur l'enfant. Le chevalier s'était alors agenouillé et sa main calleuse était venue trouver la sienne pendant une demi-seconde avant de la lâcher. Arthur n'avait pas quitté son chevet le reste de sa convalescence, s'il n'était pas dans ses appartements, il montait la garde comme le chevalier servant qu'il avait un jour joué quand ils étaient enfants.
Elle aurait aimé qu'Arthur n'ait été présent que des moments heureux de sa vie, mais elle ne pouvait oublier aussi les moments les plus difficiles. Il avait été présent quand Rhaegar avait jeté son dévolu publiquement sur la fille Stark. Il avait été présent pour voir ses yeux humides et ses joues rouges d'humiliation alors qu'elle était enceinte de l'héritier Targaryen dans une grossesse qui était déjà compliquée. Elle avait senti son regard la brûler alors qu'elle tentait de ravaler ses larmes et se levait pour quitter la tribune sous le coup de l'humiliation qu'on venait de lui faire subir. Arthur ne l'avait pas suivi ce jour-là, son devoir était auprès du Prince voleur de cœur et elle en avait été reconnaissante aux dieux, car elle n'aurait pas supporter sa pitié. Quelques mois plus tard, elle donnait naissance à Aegon et les médecins lui annonçaient qu'elle ne pourrait plus porter la vie au risque de perdre la sienne dans le processus. Elle avait pleuré toute la nuit. Sa famille avait toujours été nombreuse et elle avait pensé pouvoir avoir de nombreux enfants. Surtout, elle avait le devoir de produire des héritiers pour la couronne. Aujourd'hui, elle était reconnaissante de ne pas avoir plus d'enfants à faire le deuil. Arthur avait été présent comme pour l'autre naissance. Il avait à peine jeté un regard à Aegon et avait porté toute son attention sur Elia qui souffrait encore de la nouvelle et de son accouchement. Il n'avait rien dit et pourtant, sa présence silencieuse l'avait réconforté. Elle n'avait rien dit et avait mangé les tartes aux saveurs de son enfance.
Pourtant, il l'avait quitté. Malgré tout ce qu'ils avaient un jour partagé, il l'avait quitté, comme tous les autres. Elle avait observé son cheval quitter le palais pour ne jamais revenir, elle avait chuchoté son nom alors qu'elle se vidait de son sang avec ses enfants. Le dernier nom qu'elle avait un jour chuchoté avait été le sien et comme lorsqu'elle était petite, elle avait pensé qu'il viendrait la sauver une ultime fois. Elle s'était trompée. Quand il était parti, elle avait eu l'impression que la fille Stark lui avait une nouvelle fois volé quelqu'un. Elle avait eu l'impression de ne pas être assez pour le seul homme qu'elle avait un jour aimé. Elle devrait le haïr pour cet abandon, elle devrait lui en vouloir de ne pas avoir été là, de ne pas avoir pu la sauver. Pourtant, elle ne pouvait prononcer aucun mot de la sorte. Sa voix semblait s'être dérobée et la simple vue d'Arthur était douloureuse. Pendant qu'il parlait, elle se mit à observer les torches aux murs, à essuyer ses mains moites dans sa robe. À la mention de Rhaegar, elle osa poser ses yeux sur l'ancien chevalier de la garde royale. Elle hésita un instant et répondit d'une fluette, remplie d'émotion qu'elle essayait de calmer comme un cavalier tente de dompter un cheval fougueux.
« Rhaegar est venu demander mon pardon il y a quelques semaines. » Elle se racla la gorge tout en observant ses doigts tremblants « Cela a été un choc. Pourquoi repars-tu si tôt ?»
À peine venait-elle de le retrouver qu'il voulait déjà partir. Un sourire triste naquit sur ses lèvres, elle était destinée à être abandonnée par tous ceux qu'elle avait un jour aimés. Rhaegar était reparti dans le Nord auprès de sa bien-aimée et de son fils, Oberyn n'était pas revenu et elle, elle était simplement là, un fantôme parmi les fantômes. Les dieux étaient assez cruels pour pouvoir lui enlever Arthur à nouveau et bien qu'il disait avoir rendu l'épée, était-il capable de rester loin de celui qui avait un jour été son meilleur ami ? Arthur pourrait aller au Nord, retrouver l'ancien prince héritier et protéger sa famille. La pensée la rendit malade. Elle savait à quel point Arthur avait aimé Rhaegar, à quel point il avait été plus qu'un simple prince à protéger, mais un de ses amis les plus proches. Elle aurait simplement aimé que la réciproque soit la même avec elle, qu'il ait tenu tête à son futur souverain pour la protéger elle plutôt que Lyanna Stark.
Peut-être était-ce la chaleur dans son regard ou son air désespéré, mais Elia ne retira pas ses mains des siennes. Les mains d'Arthur étaient chaudes, pleines de cicatrices à cause de ses entraînements à l'épée, mais surtout, elles étaient réconfortantes. Cela faisait des mois qu'elle était de retour et jusqu'à aujourd'hui, elle n'avait pas une seule fois touchée aussi longtemps un autre être humain. Une part d'elle avait envie de fondre en larmes et de se loger dans les bras du chevalier autour d'elle. Une autre partie d'elle ne pouvait oublier la rancœur qu'elle ressentait et la colère qui grondait en elle. Elle observa leurs mains liées en espérant qu'il ne voit pas à quel point les siennes tremblaient. Elle ne quitta pas les mains des yeux alors qu'elle répondait d'une voix qui semblait sur le point de se briser :
« Pourquoi est-ce que tu n'es pas resté ? » Une larme traîtresse roula sur sa joue « Pourquoi est-ce que tu ne t'es pas battu pour rester auprès de moi ? »
Elle lâcha ses mains, reculant d'un pas tout en l'observant de ses yeux rougies par les larmes.
« Tu veux te faire pardonner ? Reste. Reste auprès de moi. Protège moi. Choisis moi dans cette vie. »
Arthur avait été son roc quand elle avait été princesse de Peyredragon. Elle pouvait encore voir son visage solennel alors qu'elle s'avançait vers l'autel pour dire ses vœux devant les dieux. Son regard sur elle avait été comme un manteau pour la rassurer. Elle se souvient lui avoir jeté des regards discrets pendant la cérémonie puis pendant la fête. Jamais, ils n'avaient dit à voix haute la nature de ce qu'ils avaient un jour partagé et jamais, elle n'avait pas pensé à trahir son mari en allant dans les bras de son chevalier. Elle avait un devoir et Arthur en avait un aussi ; celui de protéger le futur roi sans avoir ni femme ni enfant. Ainsi, il avait été là comme une seconde ombre qui la suivait dans chaque couloir, chaque étape de sa vie. Elle se souvient de son regard après qu'elle ait accouché de Rhaenys, elle avait failli mourir ce jour-là et tout le monde était concentré sur le bébé qu'elle venait de mettre au monde, mais lui n'avait pas bougé une seule seconde de son poste tout en ne la quittant pas des yeux. Plus tard, quand tout le monde fut parti, il s'était enfin rapproché pour observer l'enfant qui était alors blotti dans ses bras. Elle pouvait encore voir les doigts du jeune homme osant à peine toucher le bout du nez de Rhaenys, les yeux adoucit. Ils n'avaient pas dit un seul mot et pendant une seconde, leurs regards s'étaient croisés, quelque chose d'indescriptible était passé puis ils avaient reporté leur attention sur l'enfant. Le chevalier s'était alors agenouillé et sa main calleuse était venue trouver la sienne pendant une demi-seconde avant de la lâcher. Arthur n'avait pas quitté son chevet le reste de sa convalescence, s'il n'était pas dans ses appartements, il montait la garde comme le chevalier servant qu'il avait un jour joué quand ils étaient enfants.
Elle aurait aimé qu'Arthur n'ait été présent que des moments heureux de sa vie, mais elle ne pouvait oublier aussi les moments les plus difficiles. Il avait été présent quand Rhaegar avait jeté son dévolu publiquement sur la fille Stark. Il avait été présent pour voir ses yeux humides et ses joues rouges d'humiliation alors qu'elle était enceinte de l'héritier Targaryen dans une grossesse qui était déjà compliquée. Elle avait senti son regard la brûler alors qu'elle tentait de ravaler ses larmes et se levait pour quitter la tribune sous le coup de l'humiliation qu'on venait de lui faire subir. Arthur ne l'avait pas suivi ce jour-là, son devoir était auprès du Prince voleur de cœur et elle en avait été reconnaissante aux dieux, car elle n'aurait pas supporter sa pitié. Quelques mois plus tard, elle donnait naissance à Aegon et les médecins lui annonçaient qu'elle ne pourrait plus porter la vie au risque de perdre la sienne dans le processus. Elle avait pleuré toute la nuit. Sa famille avait toujours été nombreuse et elle avait pensé pouvoir avoir de nombreux enfants. Surtout, elle avait le devoir de produire des héritiers pour la couronne. Aujourd'hui, elle était reconnaissante de ne pas avoir plus d'enfants à faire le deuil. Arthur avait été présent comme pour l'autre naissance. Il avait à peine jeté un regard à Aegon et avait porté toute son attention sur Elia qui souffrait encore de la nouvelle et de son accouchement. Il n'avait rien dit et pourtant, sa présence silencieuse l'avait réconforté. Elle n'avait rien dit et avait mangé les tartes aux saveurs de son enfance.
Pourtant, il l'avait quitté. Malgré tout ce qu'ils avaient un jour partagé, il l'avait quitté, comme tous les autres. Elle avait observé son cheval quitter le palais pour ne jamais revenir, elle avait chuchoté son nom alors qu'elle se vidait de son sang avec ses enfants. Le dernier nom qu'elle avait un jour chuchoté avait été le sien et comme lorsqu'elle était petite, elle avait pensé qu'il viendrait la sauver une ultime fois. Elle s'était trompée. Quand il était parti, elle avait eu l'impression que la fille Stark lui avait une nouvelle fois volé quelqu'un. Elle avait eu l'impression de ne pas être assez pour le seul homme qu'elle avait un jour aimé. Elle devrait le haïr pour cet abandon, elle devrait lui en vouloir de ne pas avoir été là, de ne pas avoir pu la sauver. Pourtant, elle ne pouvait prononcer aucun mot de la sorte. Sa voix semblait s'être dérobée et la simple vue d'Arthur était douloureuse. Pendant qu'il parlait, elle se mit à observer les torches aux murs, à essuyer ses mains moites dans sa robe. À la mention de Rhaegar, elle osa poser ses yeux sur l'ancien chevalier de la garde royale. Elle hésita un instant et répondit d'une fluette, remplie d'émotion qu'elle essayait de calmer comme un cavalier tente de dompter un cheval fougueux.
« Rhaegar est venu demander mon pardon il y a quelques semaines. » Elle se racla la gorge tout en observant ses doigts tremblants « Cela a été un choc. Pourquoi repars-tu si tôt ?»
À peine venait-elle de le retrouver qu'il voulait déjà partir. Un sourire triste naquit sur ses lèvres, elle était destinée à être abandonnée par tous ceux qu'elle avait un jour aimés. Rhaegar était reparti dans le Nord auprès de sa bien-aimée et de son fils, Oberyn n'était pas revenu et elle, elle était simplement là, un fantôme parmi les fantômes. Les dieux étaient assez cruels pour pouvoir lui enlever Arthur à nouveau et bien qu'il disait avoir rendu l'épée, était-il capable de rester loin de celui qui avait un jour été son meilleur ami ? Arthur pourrait aller au Nord, retrouver l'ancien prince héritier et protéger sa famille. La pensée la rendit malade. Elle savait à quel point Arthur avait aimé Rhaegar, à quel point il avait été plus qu'un simple prince à protéger, mais un de ses amis les plus proches. Elle aurait simplement aimé que la réciproque soit la même avec elle, qu'il ait tenu tête à son futur souverain pour la protéger elle plutôt que Lyanna Stark.
Peut-être était-ce la chaleur dans son regard ou son air désespéré, mais Elia ne retira pas ses mains des siennes. Les mains d'Arthur étaient chaudes, pleines de cicatrices à cause de ses entraînements à l'épée, mais surtout, elles étaient réconfortantes. Cela faisait des mois qu'elle était de retour et jusqu'à aujourd'hui, elle n'avait pas une seule fois touchée aussi longtemps un autre être humain. Une part d'elle avait envie de fondre en larmes et de se loger dans les bras du chevalier autour d'elle. Une autre partie d'elle ne pouvait oublier la rancœur qu'elle ressentait et la colère qui grondait en elle. Elle observa leurs mains liées en espérant qu'il ne voit pas à quel point les siennes tremblaient. Elle ne quitta pas les mains des yeux alors qu'elle répondait d'une voix qui semblait sur le point de se briser :
« Pourquoi est-ce que tu n'es pas resté ? » Une larme traîtresse roula sur sa joue « Pourquoi est-ce que tu ne t'es pas battu pour rester auprès de moi ? »
Elle lâcha ses mains, reculant d'un pas tout en l'observant de ses yeux rougies par les larmes.
« Tu veux te faire pardonner ? Reste. Reste auprès de moi. Protège moi. Choisis moi dans cette vie. »
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Les jours qu’il avait passé en déroute dans la nature avec Rhaegar et Lady Stark lui avaient semblé hors du temps, à l’époque. Au début, Arthur pensait que son meilleur ami était pris d’une folie passagère et qu’après une nuit de sommeil, sa fièvre allait retomber et il se rendrait compte des conséquences gravissimes que sa fuite pourrait avoir. Le chevalier les avait emmenés jusque dans les Montagnes Rouges, là où il était facile de se cacher en hauteur loin des bêtes sauvages et des potentielles patrouilles envoyées par Aerys à la recherche de son héritier. Si Arthur avait accepté de le suivre dans cette aventure et de les aider à se cacher, c’est bien parce qu’il pensait que tout cela était temporaire, qu’il pourrait ramener Rhaegar à la raison. Mais à l’aube de la première matinée, la flamme entre les deux amants interdits ne s’était pas amoindrie. Elle semblait même plus forte chaque jour. Ils se regardaient avec une tendresse sincère qui lui tordait l’estomac de douleur et de regrets parce que c’était exactement la façon dont lui et Elia se regardaient dans leur enfance. A la différence qu’ils avaient accepté que leur devoir importait plus que leurs sentiments, qu’ils avaient renoncé l’un à l’autre pour le bien du royaume. Il observait Rhaegar et Lyanna vivre un amour insouciant en repensant à tous les sacrifices qu’il avait fait, qu’Elia avait fait, et il avait réalisé qu’ils avaient enduré cette souffrance pour rien. Voilà pourquoi, au-delà de sa méfiance, il ressentait une pointe d’admiration pour Lyanna Stark sans oser se l’avouer. Tout ce qu’il avait rêvé de faire, elle l’avait fait.
Plus d’une fois, il avait rêvé d’enlever Elia de la même façon, dans l’ombre de la nuit. Oberyn l’aurait certainement aidé à trouver une embarcation et tromper la vigilance de la garde, et peut-être même que Rhaegar aussi. Mais jamais il ne l’aurait fait. La peur de provoquer la fureur de la famille royale, la peur de déclencher une guerre, la peur de porter préjudice à la réputation des Martell l’avait toujours empêché de complètement vriller. Et pourtant, parfois, il avait l’impression qu’Elia lui demandait de le faire même si c’était inconsciemment. Il se souvenait d’une discussion qu’il avait eue avec la belle princesse le jour de son mariage. Juste après avoir dit oui à Rhaegar avec les Dieux comme témoins. « Es-tu heureuse ? Est-ce comme tu l’avais imaginé ? » Lui avait-il demandé. Jamais il n’avait oublié sa réponse : « Quand j’étais petite, j'imaginais que mon époux me prendrait dans ses bras et me porterait pour m'emmener loin, loin... » Et sa façon de le regarder comme si elle pouvait voir à travers son âme l’avait laissé croire un fol instant que c’était une demande, une supplication. Mais ce mariage avait eu lieu. Il n’avait rien fait pour l’en empêcher. Elle non plus. C’était ainsi que les choses devaient se passer.
Et aujourd’hui, les voilà face à face, confrontés aux conséquences du passé. Elia l’informa que Rhaegar était passé il y a quelques jours et il en fut aussi surpris que troublé, lui qui pensait que le dragon s'était établi dans le Nord pour ne plus y bouger. Il savait que son meilleur ami était un prince courageux et digne, cela ne l’étonnait guère qu’il revienne s’excuser et affronter les conséquences de ses actes. Mais cela avait dû être si difficile, pour l’un comme pour l’autre, d’avoir cette discussion… et pour Elia, ce devait être une épreuve de revoir tour à tour les deux hommes qui l’avaient abandonné, qui avaient été sa perte. Il se demanda si Elia lui avait accordé son pardon mais il ne posa pas la question. Ce n’était pas ses affaires.
« Et bien… Je pensais que c’était ce que tu souhaiterais. »
Répondit-il naturellement, lorsqu’elle lui demanda pourquoi il partait si précipitamment. Arthur n’avait pas pris son statut de chevalier ou d’ancien écuyer du prince de Dorne pour acquis, il refusait de dormir dans ce palais parce que là n’était pas sa place. Il n’était pas un Martell, il ne le sera jamais. Et il n’avait pas été capable de mener à bien le devoir qui lui incombait, celui de protéger sa reine. Lorsque la guerre avait éclaté, lorsque Rhaegar était parti et lui avait ordonné de rester avec Lyanna, Arthur avait pratiquement outrepassé ses droits pour ordonner au prince de poster Jaime Lannister à la porte d’Elia pour la protéger d’un éventuel sac de Port-Réal et du château. Il faisait une confiance aveugle à Jaime à l’époque, il avait été son mentor et il l’avait lui-même adoubé. Il ne savait même pas si Rhaegar l’avait écouté. Peu importe. Il portait le poids de la responsabilité de ce qui s’était passé.
A genoux devant Elia, tenant aussi délicatement que possible ses mains fines et douces dans les siennes plus grandes, plus halées et plus rugueuses, il attendait son jugement. La voir pleurer par sa faute lui était insupportable alors il se remit debout, chassant cette larme traîtresse qui roulait le long de sa joue avec son pouce. Sa main ne s’attarda cependant pas sur ce beau visage froncé par la douleur et le chagrin. Il avait déjà poussé les limites d’Elia suffisamment loin en étant si proche et en la touchant. Son objectif n’était certainement pas de la brusquer davantage qu’elle ne l’avait été.
Que pouvait-il répondre à ses questions légitimes ? Qu’il n’était qu’un soldat, qu’il n’avait fait qu’obéir aux ordres ? C’était la pure vérité mais ce ne sera jamais une réponse satisfaisante pour elle. Malgré le poids rassurant de son armure et la lame acérée de son épée, parfois, le côté le plus sombre du rôle du chevalier se montrait. Parfois, le roi Aerys était dans la chambre de Rhaella et on entendait des cris, des pleurs, la reine qui ne s’arrêtait pas de répéter « tu me fais mal, tu me fais mal » et pourtant, la Garde ne bougeait pas le petit doigt. Oui, leur devoir était de protéger la reine. Mais pas d’Aerys.
« Parce que c’était mon devoir. »
C’était la réponse la plus simple, la plus honnête qu’il pouvait lui donner et elle n’avait rien d’héroïque ou de chevaleresque. C’était ainsi. Rhaegar n’était pas seulement son meilleur ami, il était aussi son souverain. Il ne pouvait pas juste lui dire non et se rebeller. S’il avait agi ainsi, il aurait contraint le Targaryen à le tuer pour acte de trahison. Peu importe la finalité, peu importe le choix impossible qu’il aurait pu faire, ils seront toujours perdants. Et bon sang, quand la Montagne a forcé la porte d’Elia, où était Jaime ? Elle lâcha ses mains, il perdit la chaleur de sa présence comme si un froid glacial venait de le frapper mais il trouva tout de même assez de force pour continuer à parler.
« Je n’ai jamais voulu te quitter. Mais à l’époque, ce que nous voulions importait peu. »
L’impuissance. Voilà un sentiment qu’il détestait et auquel ils avaient été bien trop souvent confrontés. Mais Elia ne veut pas qu’il parte, bien au contraire. Elle veut qu’il reste, qu’il la choisisse. Et cette tournure des événements lui semble autant un cadeau qu’une punition des Dieux : il aimait Elia, plus qu’aucune autre personne, c’était indéniable. Mais il ne se sentait pas digne de son pardon et encore moins de son respect et de son affection. Son cœur battait à tout rompre après avoir été mort pendant si longtemps. Peu importe à quel point cette offre le tourmentait, il n’allait pas la décliner. Nymeria était la reine ici mais Elia sera toujours sa reine.
« Tes désirs sont des ordres, Elia. Alors je ne partirai pas. Ni demain, ni jamais. »
Plus d’une fois, il avait rêvé d’enlever Elia de la même façon, dans l’ombre de la nuit. Oberyn l’aurait certainement aidé à trouver une embarcation et tromper la vigilance de la garde, et peut-être même que Rhaegar aussi. Mais jamais il ne l’aurait fait. La peur de provoquer la fureur de la famille royale, la peur de déclencher une guerre, la peur de porter préjudice à la réputation des Martell l’avait toujours empêché de complètement vriller. Et pourtant, parfois, il avait l’impression qu’Elia lui demandait de le faire même si c’était inconsciemment. Il se souvenait d’une discussion qu’il avait eue avec la belle princesse le jour de son mariage. Juste après avoir dit oui à Rhaegar avec les Dieux comme témoins. « Es-tu heureuse ? Est-ce comme tu l’avais imaginé ? » Lui avait-il demandé. Jamais il n’avait oublié sa réponse : « Quand j’étais petite, j'imaginais que mon époux me prendrait dans ses bras et me porterait pour m'emmener loin, loin... » Et sa façon de le regarder comme si elle pouvait voir à travers son âme l’avait laissé croire un fol instant que c’était une demande, une supplication. Mais ce mariage avait eu lieu. Il n’avait rien fait pour l’en empêcher. Elle non plus. C’était ainsi que les choses devaient se passer.
Et aujourd’hui, les voilà face à face, confrontés aux conséquences du passé. Elia l’informa que Rhaegar était passé il y a quelques jours et il en fut aussi surpris que troublé, lui qui pensait que le dragon s'était établi dans le Nord pour ne plus y bouger. Il savait que son meilleur ami était un prince courageux et digne, cela ne l’étonnait guère qu’il revienne s’excuser et affronter les conséquences de ses actes. Mais cela avait dû être si difficile, pour l’un comme pour l’autre, d’avoir cette discussion… et pour Elia, ce devait être une épreuve de revoir tour à tour les deux hommes qui l’avaient abandonné, qui avaient été sa perte. Il se demanda si Elia lui avait accordé son pardon mais il ne posa pas la question. Ce n’était pas ses affaires.
« Et bien… Je pensais que c’était ce que tu souhaiterais. »
Répondit-il naturellement, lorsqu’elle lui demanda pourquoi il partait si précipitamment. Arthur n’avait pas pris son statut de chevalier ou d’ancien écuyer du prince de Dorne pour acquis, il refusait de dormir dans ce palais parce que là n’était pas sa place. Il n’était pas un Martell, il ne le sera jamais. Et il n’avait pas été capable de mener à bien le devoir qui lui incombait, celui de protéger sa reine. Lorsque la guerre avait éclaté, lorsque Rhaegar était parti et lui avait ordonné de rester avec Lyanna, Arthur avait pratiquement outrepassé ses droits pour ordonner au prince de poster Jaime Lannister à la porte d’Elia pour la protéger d’un éventuel sac de Port-Réal et du château. Il faisait une confiance aveugle à Jaime à l’époque, il avait été son mentor et il l’avait lui-même adoubé. Il ne savait même pas si Rhaegar l’avait écouté. Peu importe. Il portait le poids de la responsabilité de ce qui s’était passé.
A genoux devant Elia, tenant aussi délicatement que possible ses mains fines et douces dans les siennes plus grandes, plus halées et plus rugueuses, il attendait son jugement. La voir pleurer par sa faute lui était insupportable alors il se remit debout, chassant cette larme traîtresse qui roulait le long de sa joue avec son pouce. Sa main ne s’attarda cependant pas sur ce beau visage froncé par la douleur et le chagrin. Il avait déjà poussé les limites d’Elia suffisamment loin en étant si proche et en la touchant. Son objectif n’était certainement pas de la brusquer davantage qu’elle ne l’avait été.
Que pouvait-il répondre à ses questions légitimes ? Qu’il n’était qu’un soldat, qu’il n’avait fait qu’obéir aux ordres ? C’était la pure vérité mais ce ne sera jamais une réponse satisfaisante pour elle. Malgré le poids rassurant de son armure et la lame acérée de son épée, parfois, le côté le plus sombre du rôle du chevalier se montrait. Parfois, le roi Aerys était dans la chambre de Rhaella et on entendait des cris, des pleurs, la reine qui ne s’arrêtait pas de répéter « tu me fais mal, tu me fais mal » et pourtant, la Garde ne bougeait pas le petit doigt. Oui, leur devoir était de protéger la reine. Mais pas d’Aerys.
« Parce que c’était mon devoir. »
C’était la réponse la plus simple, la plus honnête qu’il pouvait lui donner et elle n’avait rien d’héroïque ou de chevaleresque. C’était ainsi. Rhaegar n’était pas seulement son meilleur ami, il était aussi son souverain. Il ne pouvait pas juste lui dire non et se rebeller. S’il avait agi ainsi, il aurait contraint le Targaryen à le tuer pour acte de trahison. Peu importe la finalité, peu importe le choix impossible qu’il aurait pu faire, ils seront toujours perdants. Et bon sang, quand la Montagne a forcé la porte d’Elia, où était Jaime ? Elle lâcha ses mains, il perdit la chaleur de sa présence comme si un froid glacial venait de le frapper mais il trouva tout de même assez de force pour continuer à parler.
« Je n’ai jamais voulu te quitter. Mais à l’époque, ce que nous voulions importait peu. »
L’impuissance. Voilà un sentiment qu’il détestait et auquel ils avaient été bien trop souvent confrontés. Mais Elia ne veut pas qu’il parte, bien au contraire. Elle veut qu’il reste, qu’il la choisisse. Et cette tournure des événements lui semble autant un cadeau qu’une punition des Dieux : il aimait Elia, plus qu’aucune autre personne, c’était indéniable. Mais il ne se sentait pas digne de son pardon et encore moins de son respect et de son affection. Son cœur battait à tout rompre après avoir été mort pendant si longtemps. Peu importe à quel point cette offre le tourmentait, il n’allait pas la décliner. Nymeria était la reine ici mais Elia sera toujours sa reine.
« Tes désirs sont des ordres, Elia. Alors je ne partirai pas. Ni demain, ni jamais. »
by CrimsonTulip