sown to my heritage (Daemon)

Les yeux de Daemon lui semblaient lancer des flammes sur tout Westeros, tant il y avait de colère et de peine dans ceux-ci. Baelon serra les paumes contre ses hanches, ne sachant guère la totalité de ce qu'ils avaient vécu, même s'il pouvait comprendre que le monde aurait pu finir en feu et sang, que ça n'aurait pas été si violent que ce qu'ils vivèrent réellement.
L'ironie et le sarcasme qui se lisaient dans le regard, mais aussi dans la voix et les paroles de son enfant lui donnaient des frissons dans le dos. La vie de Daemon avait-elle était compliquée par ses choix ? Surement, il n'y avait pas d'autre chose à croire. Comme tout homme, Baelon avait commis des erreurs, notamment celle de penser qu'il aurait le temps pour enseigner à ses fils. Il n'aurait simplement jamais cru que les répercussions puissent impliquer tant de colère dans l'âme de Daemon. De ses deux fils, il était le plus vif et le plus à même de discuter les choix qu'on lui imposait. Le souvenir de son choix d'épouse, ou encore lorsqu'on lui refusait des entraînements à l'épée pour lui enseigner un ouvrage, voilà qui montrait l'insoumission de Daemon. Et quelque part, il ne pouvait que le comprendre : il avait eu de la chance, Baelon, dans son passé, que les choix qu'on lui avait imposaient allaient dans son sens. Tout ce qu'il voulait, tous les choix qu'il se faisait mentalement correspondaient à ce qu'on lui avait imposé. Qu'il s'agisse du mariage avec Alyssa, ou même de la régence tardive, lui qui n'était pas destiné à être héritier de prime abord.


Otto Hightower. Voilà un nom qu'il n'eut pas pensé être considéré de la sorte. Il arqua un sourcil, écoutant sagement son fils. Il ne remettrait pas en cause ses paroles, car s'il ne s'agissait pas de la réalité, il se doutait que le ton de son fils serait moins vindicateur, plein de rage et d'amertume, sciant l'air d'un impact net.  Il se doutait que la suite des évènements était liée à la haine qu'impliquait la manière dont il prononçait l'identité de la main de Jaeherys son propre père. Otto Hightower aurait-il abusé de la méconnaissance et de la jeunesse de ses fils ? Il se mordit l'intérieur de la joue, pour ne pas couper la parole à son fils et laisser éclater la colère que ces informations faisaient jaillir en lui. «Je suis vraiment navré, mon fils.» souffla-t-il, un peu de désespoir. «La main de votre grand-père a abusé de l'innocence de ton frère. Sa naïveté a toujours été autant une qualité qu'un défaut.» Viserys avait tendance à voir le bon en chacun. Il avait tendance à ne pas voir l'ennemi se dresser. Si Baelon était honnête envers lui-même, s'il avait fallu les former à la régence, il aurait toujours vu davantage un roi, bien que plus dur et parfois cruel, mais capable de mener le royaume d'une main de fer, en Daemon, bien qu'il ne fut pas enfant aîné.

Il y avait une forme de rivalité entre ses deux fils, qu'il avait davantage vue comme un jeu, comprenant désormais que cette rivalité les avait séparés. Les mots aigres de Daemon laissaient facilement comprendre cela. Le sourire de Baelon aux mots de son fils se firent douloureux. Rappeler à Viserys que Daemon ne méritait pas tant de souffrances. Que s'étaient-ils vraiment infligé, l'un à l'autre ? Il n'était pas sûr de vouloir réellement le savoir.

Le regard de Baelon vint à croiser à nouveau celui de son fils, qu'il avait pourtant l'impression de fuir. Il lui sourit tragiquement. «Ta seconde épouse s'est éteinte également...» notait-il, à haute voix. «Les souffrances que tu as dû ressentir.. La mort en couche est...» mais sa voix se brisa, ne laissant pas la suite continuer. Il ignorait les sentiments de Daemon envers ses précédentes épouses -bien qu'il se douta que l'amour ne regnait pas forcément entre Rhea et lui - mais la perte de deux d'entre elles pouvait être suffisamment difficile à gérer pour un homme. Lui ne s'était pas réellement relevé de la perte d'Alyssa, bien que la différence pouvait être qu'il l'aimait comme un fou, et qu'il n'avait jamais voulu se remarier après elle.

Les derniers mots de Daemon lui assénèrent un coup au coeur. Déjà, savoir que Daemon avait eu une vie de perte et de souffrances, mais qu'il a été par moments heureux, c'était dur. Savoir que son autre fils n'avait guère été heureux, ce n'était que rajouter à sa tristesse. «Je suis vraiment désolé, Daemon.. Vous méritiez tous les deux d'être plus heureux, et de souffrir bien moins tous les malheurs qui vous sont arrivés.» Tous ces malheurs dont, en vérité, il ne savait guère, et qu'il ne pouvait qu'imaginer..