"Do you ever think we had a chance ?" Ft. Daena Targaryen

Les fidèles de Trios avaient un certain goût pour l’ironie. Autrement, pourquoi l’auraient-il ramené aux pieds du Donjon Rouge ? Là où elle naissait, grandissait et se retrouvait prisonnière de son propre frère. Ô, la princesse haïssait cette malice dissimulée – mais était-elle en position de sa plaindre ? Alors qu’une personne inconnue se sacrifiait pour lui (re)donner la vie. Et peut-être se fichait-elle d’avoir, ou non, le droit ? La demoiselle n’était pas de celles qui se souciaient de l’avis d’autrui. Elle n’avait jamais suivi que ses instincts et jadis, on lui donnait le surnom de Daena la Rebelle. À son époque ; le peuple et les grands du monde voyaient la princesse comme une petite chose sauvage – ce qu’elle était. La Targaryen se refusait à obéir et vivait avec autant d’impulsivité que de passion. Autrefois, l’existence de Daena se faisait aux grès de ses envie jusqu’à son mariage avec Baelor et la dissolution de celui-ci. Aux côtés de ses sœurs, elle était enfermée au Donjon Rouge – dans ce qui devenait la Crypte-aux-Vierges. La plaisanterie était donc grande, puisque les hautes tours de la forteresse était son premier constat.

Le second était qu’à son réveil, elle était seule. Ô, terriblement seule. La princesse était morte – depuis bien des années – et le monde ainsi que ses habitants changeaient. Alors, qu’elles étaient ses chances de retrouver ses sœurs et son fils ? Ou son cousin et roi. En ouvrant les paupières, les paroles d’une prophétie tournaient dans son esprit – l’éveil des morts et Daena n’était pas assez idiote pour penser être la seule revenante. Mais les faits restaient les mêmes : la princesse était seule dans des rues qi’elle (re)connaissait à peine. La presque Reine se lançait dans une quête aux informations et rapidement, on lui chuchotait que les Targaryen trouvaient refuge sur l’île de Peyredragon – mais lesquels exactement ? Ils étaient plusieurs noms à ressortir, mais jamais d’affirmation. Le petit peuple de Port-Réal spéculaient, mais ils ne faisaient partis des grands et ne savaient que trop peu de choses. Daena ne masquait pas son agacement ; elle ne le faisait pas dans sa première vie et ne le ferait pas dans celle-ci.

Sur plusieurs jours, la princesse errait dans les rues de la capitale – jusqu’à, enfin, trouver le moyen de rejoindre Peyredragon. En théorie, la chose était simple puisque des navires partaient dans sa direction. Mais dans la pratique ? La Targaryen était perdue dans ce nouveau monde. Il était similaire à celui dont elle se souvenait – et si différent pourtant. Les structures étaient les mêmes qu’autrefois, mais les utilisations variaient. Le Donjon Rouge n’était plus la demeure du souverains et sa famille – et parmi les sept nouvelles habitations des Rois et Reines, aucunes n’appartenaient aux Targaryen. Sa famille n’occupait plus le trône, anéantie par sa propre folie et les rébellions ; elle perdait son pouvoir et s’éteignait. Alors dans les rues, la princesse était aussi admirée que craintes – et ses épaisses boucles argentées ne trompaient aucunes âmes. Néanmoins, elle refusait de se cacher. Sûrement avait-elle le goût du risque ? Ou était-ce pas pure envie de ne pas se soumettre. Autrefois, les Targaryen étaient plus que des hommes – ils étaient des dieux. Alors pourquoi devrait-elle se mettre à genoux face aux ignorants ?

La princesse Daena embarquait enfin et partait pour Peyredragon. Une fois sur le navire, elle ne pouvait que patienter jusqu’à son arrivée. Et pour occuper son temps, la petite sauvage se renseignait sur les évènements – de sa mort à aujourd’hui. Elle écoutait les récits de ses camarades de voyage, parce qu’incapable de fixer son attention sur un ouvrage. Hier comme aujourd’hui, la princesse ne tenait pas en place et la lecture lui était fastidieuse – puisque trop calme à son goût. Alors, elle cherchait des réponses dans les dires de ces autres tout en se questionnant sur leur vérité. Une fois arrivée sur l’île et dans la forteresse des Dragons, la princesse quémanderait plus d’informations aux Targaryen présents.

Mais pour l’instant ; son embarcation accostait Peyredragon. Et Daena – pour la première fois de son ancienne et sa nouvelle vie – posait les pieds sur l’île, autrefois résidence des Targaryen. Ses iris violettes balayaient les environs, ces derniers plongés dans l’obscurité de la nuit. Un fin sourire ornait son visage, tandis qu’elle levait les yeux vers le ciel et observait un dragon. Il volait dans les cieux sombres, presque invisible mais bien présent. Dans cette vie, aurait-elle la chance de monter l’un d’eux ? De fines mèches argentées volaient autour de son minois, emportées par le vent – et alors même qu’elle les tressait au préalable. Si la princesse était toujours perdue, elle était également enjouée à l’idée de découvrir les terres de Peyredragon.

Mais son impatience se muait en surprise, alors qu’un homme se précipitait dans sa direction. La petite rebelle ne l’avait pas vu – pas jusqu’à maintenant. À présent, il était tout proche d’elle et déposait une caresse brûlante sur sa peau bronzée. Les longs cils de Daena battaient dans les airs, parce qu’elle pensait rêver. Et à son tour, elle murmurait son prénom :

— Aegon ?

Entre mille, la princesse le reconnaissait et ce serait à jamais le cas. Il était précieux à ses yeux – son cousin, son complice et son amant. Le coeur de la Targaryen battait un peu plus fort et, parce qu’elle n’était jamais discrète dans ses émois, elle se jetait au cou de l’ancien roi.

— En effet et je pensais être cruellement seule, sans mes sœurs ou mon enfant…

Sa voix se taisait et elle se détachait de son amant d’autrefois. Mais si une nouvelle distance s’installait entre eux, la presque reine ne cessait de l’observer et de l’admirer.

— … et sans toi, reprenait-elle. Es-tu parmi les vivants depuis longtemps ?