je ne connais plus ton visage, je ne sais plus quel est ton âge
Il y aura les jours avec, les jours sans
Les jours de peine qui nous enchaînent et les tourments
À l'âge où on renie son père, tu me renieras
Et moi je ne ferai pas de manières, pas de cinéma
Tu me diras merde, des claques se perdront c'est comme ça
La victoire n’était pas encore entre les mains de Robert mais elle était à sa portée, alléchante et irrésistible. La performance que son équipe avait menée lors des épreuves de mêlées avait déjà montré de façon très claire que certains étaient ici uniquement pour s’amuser et passer du bon temps et d’autres prenaient la compétition très au sérieux et ne songeaient qu’à gagner. Le Baratheon était comme un poisson dans l’eau et rien ne pouvait altérer sa bonne humeur, pas même les nombreux bleus et les douleurs qui recouvraient son corps à cause de la violence des affrontements. Il trouvait bien vite une consolation à ces petits désagréments, que ce soit dans la boisson ou les bras d’une charmante compagnie.
Force était de constater que son charme fonctionnait toujours aussi bien même plus de mille ans après sa mort. Le retour inespéré de sa jeunesse n’y était pas pour rien. Alors qu’il sortait d’une épreuve haletant et l’armure complètement cabossée et brisée par endroit après une performance impressionnante, son regard avait capté celui d’une sublime demoiselle visiblement très intéressée dans le public. La suite, vous la connaissez : elle l’emmena à sa tente, exigeant de lui un nouvel effort qu’il était plus que ravi de fournir.
Mais évidemment, les choses ne pouvaient pas toujours se passer comme il l’avait prévu. Alors que le cerf se trouvait dans une position très compromettante avec la demoiselle plus qu’enthousiaste, la semi-pénombre dans laquelle ils étaient dissimulés disparut soudainement. Quelqu’un avait relevé le tissu de la tente qui constituait une entrée de fortune. Prise au dépourvu, la femme chercha immédiatement à dissimuler son corps découvert à l’inconnu qui balbutia quelque chose et sortit rapidement, visiblement embarrassé. Une gêne que Robert ne semblait pas partager. Au contraire, il était même franchement amusé par la situation.
« Ma Lady ? Répéta-t-il, imitant le ton de Gendry. Ce garçon est-il votre époux ?
— Mais pas du tout enfin ! Je ne le connais pas ! », S’écria-t-elle, visiblement énervée par la réaction de son amant du moment.
Apparemment, ils n’allaient pas terminer leur petite affaire. Alors Robert se rhabilla à son tour et sortit de la tente peu après. L’inconnu qui les avait dérangés n’était pas trop loin, il continuait de fouiller les tentes environnantes à la recherche de quelque chose ou quelqu’un.
Là, à la lumière du jour, il pouvait plus aisément observer ce jeune homme, sa carrure, les traits de son visage, ses joues encore rouges d’embarras. Il ressentit une sensation très familière, la même qui le prenait parfois lorsqu’un homme le saluait dans la rue et qu’il essayait désespérément de se souvenir de qui était cette personne. Cette trogne-là, toute penaude et sympathique, il l’avait déjà vue quelque part, c’était sûr.
« Hé, gamin ! »
Lança-t-il, bien que son âge ne devait pas être bien plus élevé que le sien. Mais Robert continuait parfois encore de se comporter comme s’il avait encore la cinquantaine bien avancée. Ce n’était pas facile de s’adapter pleinement à ce nouveau corps quand on avait vécu assez vieux — ou du moins vieux selon les critères de Westeros où il était si facile de mourir de façon aussi stupide qu’inattendue. Et il pouvait en témoigner lui-même.
« Tu n’es pas d’ici je suppose. Du futur, je veux dire. » Il engagea tranquillement la conversation, se rapprochant du jeune homme. Son trouble n’en grandit que davantage lorsqu’il constata leur ressemblance frappante mais il choisit soigneusement de ne faire aucune remarque à ce sujet. L’idée que Gendry puisse être son fils ne lui traversa même pas l'esprit mais il songea être en face d’un cousin éloigné Baratheon ou Durrandon. « D’où tu viens, si ce n’est pas indiscret ? Et tu cherches qui comme ça ? Je peux t’aider et t’éviter de mettre une nouvelle fois le nez dans la mauvaise tente ! » Il termina sa phrase par un rire, lui tapant amicalement l’épaule.
by CrimsonTulip