「a way back to you」(ft. Baela)

"Je..."

Jace semblait perdu face à la réaction de sa cousine. Il se demanda s'il avait bien fait de rattraper Baela et de lui adresser la parole. Elle semble plus en colère qu'elle ne l'a été par moment, toutes ses fois où Jace a ri en l'observant. Il était plus simple d'être du bon côté de la jeune femme que d'être celui qui recevait la tempête de sa cousine.

Ne dis pas ça, je suis heureux de savoir que tu as vécu plus longtemps que Luke et moi. Qui aurait veillé sur Rhaena, Joff, Aegon et Viserys si tu étais partie aussi? Ce n'est pas une joie d'être partie si tôt et de n'avoir rien vécu et rien connu. Et-"

Quand elle l'attrapa si brusquement, se saisissant de sa chemise, Jacaerys papillonna des yeux. Il n'avait pas peur de sa tendre Baela, jamais, elle était sa cousine et sa sœur par alliance, certes, mais bien plus que cela, elle était la fille qui avait saisi sa main quand ils avaient tout perdu l'un et l'autre. Il y avait des choses en ce monde que l'aîné des Velaryon exécrait bien plus que tout et pourtant, pour Baela, il les aurait fait. Il serait devenu plus cruel que toutes les légendes noires sur Maegor pour elle, plus orgueuilleux qu'Harren le Noir et toute la folie qui avait pris Rhaenyra n'aurait pas été suffisante pour décrire le chagrin qui l'aurait habité s'il l'avait perdu comme Lucerys. Tout cela, le brun le ressentait encore et il accepta tous les blâmes que la jeune femme lui attribuerait sans broncher car pour elle, Jace aurait été coupable de tous les crimes punis par toutes les lois des Sept Couronnes et au-delà.

Chaque parole fut écouté avec un soin et une attention toute particulière et le fils de Rhaenyra hocha sa tête lentement alors qu'une grimace se formait sur ses lèvres. Naturellement, Baela n'avait pas tort, Il n'avait pas été le plus malin concernant ses choix et ses décisions. Peut-être aurait-il dû retrouver la Targaryen plus tôt et finalement, il n'était pas sûr que cela eu changé quoique ce soit à leur situation actuelle. Jace serait parti dans tous les cas, à la recherche d'un père qu'il n'avait pas su retrouver, le laissant perdu dans le flou de son identité. De cela, il n'en avait parlé à personne, ni à sa mère, ni à Daemon et encore moins à ses frères. Premièrement, Aegon et Viserys n'auraient pas pu comprendre et Luke... Jacaerys n'avait pas eu envie de le déranger avec cela quand Laenor était toujours absent et plus encore, leur père. Finalement, Daemon était le seul père qu'ils avaient jamais eu, voilà la seule vérité que le brun n'était pas encore certain de complètement assimilé et pourtant, il le savait au plus profond de lui.

Je suis vraiment désolé. Quand Mère et Père m'ont dit que nous partions pour Essos, j'ai pensé que c'était ma dernière chance de voir Harwin Fort donc je n'ai pas traîné. Westeros était compté alors que je sais pertinemment que j'aurais la chance de te voir tous les jours de ma vie à partir de maintenant. J'espère que tu sauras me pardonner."

Quand elle le relâcha, Jace manqua de trébucher en arrière, mais il tint bon. Ce n'était pas le moment de ressemblé davantage à un imbécile qu'il ne l'était déjà alors que ce moment était important pour lui. Il remarqua sans peine la brillance du regard de sa cousine, tendant sa main pour caresser son bras lentement, comme pour s'assurer qu'elle était réelle et que tout ceci n'était pas son rêve le plus fou. Combien de fois avait-il espéré revoir le doux visage de Baela, son air empli d'une fougue plus immense que tous les océans et les boucles de ses cheveux. Un sourire étira tendrement ses lèvres ensuite, ses doigts flattant une seconde la joue de cette fille qu'il avait aimé dès qu'il l'avait vu pour la toute première fois.

J'en doute fort, comment veux-tu que je n'aime pas qui tu es devenue."

Oh, s'il n'avait pas douté que la jeune femme l'eut giflé au moindre faux pas, Jacaerys l'aurait engouffré dans une étreinte réconfortante.

Je t'ai aimé par le passé et rien ne pourra changé l'amour et l'affection que je ressens pour toi, Baela. Est-ce que tu veux en parler un peu? Je peux aussi te laisser tranquille, je sais que... C'est pas un endroit facile pour toi et tu veux, peut-être le passer tranquillement."

La réalité le frappa alors. Il n'y avait personne en ce monde comme Baela Targaryen et si elle décidait de mettre un terme à tout ce qui les liait jusque là, alors Jace ne voulait pas prendre d'épouse ou d'amante ou quiconque. Ses sentiments étaient plus réels qu'il ne l'avait imaginé, transcendant la simple obsession qu'il pensait avoir jusque-là. S'il n'était pas fier d'avoir eu une relation intime avec une inconnue, elle avait renforcé sa conviction.

Pendant un instant, Jacaerys n’osa imaginer ce que Baela avait vécu pour être dans un tel état. Souffrait-elle tant qu’elle aurait préféré réellement ne jamais les connaître de toute sa vie ? Oh, si Jacaerys n’était pas si heureux de retrouver la jeune valyrienne face à lui, ses yeux, la forme de ses traits, sa beauté souveraine et toute sa fougue, il aurait été en colère et fâché pour un temps, incapable de passer outre de telles paroles. Voilà que le prince s’inquiétait que la Targaryenne qu’il aimait si profondément ne le repousse au plus loin, le regard fixé ailleurs que sur lui, comme si elle attendait la venue d’un autre.

“Ne dis pas ça, Baels… Chaque seconde que j’ai passé à tes côtés ont été les plus précieuses de mon existance. Je n’ai aucun regret, jamais.”

Ces pensées, le ouesterien les avaient développés après avoir découvert toute la profondeur de l’amour qu’il portait pour la fille aînée de Daemon. Naturellement, il lui avait toujours parut évident qu’il était amoureux d’elle, pourtant, quand il s’était retrouvé de l’autre côté du mur, rien, n’avait su le retenir face à Mylah. Au fond, Jace n’en avait pas eu envie, il s’était simplement dit qu’il ne pouvait pas être le seul de sa fratrie à ne jamais avoir connu quelques plaisirs charnels que ce soit et plus encore, Jacaerys s’était efforcé de penser au-delà des circonstances qui l’avaient poussé à ressentir tout cela pour Baela dans un premier temps.

Peut-être ne l’aimait-il que parce qu’ils avaient vécu les mêmes choses en même temps, et ensuite, qu’ils avaient confondu l’amour et la tendresse fraternelle qu’ils avaient l’un pour l’autre. Il y eu une multitude de supposition et quand la sauvageonne s’était recouchée, ce soir-là, Jacaerys su qu’il aimait Baela Targaryen pour toutes les raisons de l’univers possibles et imaginables. La vérité parut évidente, alors, aux yeux du prince Velaryon : il était effrayé d’aimer une femme qui avait vécu longtemps après lui et qui, peut-être, n’attendait rien de lui.

“Il n’était pas là quand je suis arrivé… Peu importe, ce n’est pas très important…”

Jacaerys avait détourné son regard brun, incapable de cacher ses propres mensonges face à quelqu’un qu’il aimait sincèrement. Non, la réalité était toute autre, quand il était arrivé à Harrenhal après des jours et des jours de marches, incapable de trouver un cheval pour se rendre à travers les Conflan, Jace s’était senti profondément trahi de ne pas y trouver ser Harwin Fort. Il y avait eu tant de choses que son fils souhaitait discuter avec lui, tant de choses qu’il aurait aimé lui apprendre de lui-même. Oh, pour rien au monde le chevalier riverain n’aurait remplacé Daemon dans le cœur du Velaryon. Le prince Targaryen avait été son père dès l’instant où il était entré dans leur vie et Jace avait hérité de nombreuses façons de pensée de cet homme.

La question suivante força le brun à regarder Baela droit dans les yeux comme si elle avait dit quelques folies qui ne faisaient pas de sens. C’était sûrement le cas aux yeux du jeune prince. Peut-être que la farouche fille du Dragon le trouverait idiot et faible, pourtant, il lui fallait lui dire, là, tout de suite, la raison pour laquelle il n’était pas venu la trouver. Au moins, pensa-t-il, l’abcès serait crevé. Un des abcès. Il ne serait pas en mesure de parler de ce qu’il s’était passé de l’autre côté du Mur tout de suite, bien trop effrayé que la Targaryenne ne l’enterre vivant.

“Oui, ça l’était. Je sais, tu vas me dire que je suis un imbécile, que je mérite que tu ne m’adresses plus jamais la parole et peut-être plus encore, mais c’était trop demandé. J’ai eu peur que te retrouver ne me pousse à ne jamais partir. Je sais, je sais, tu ne m’aurais pas retenu,” L’aîné des Velaryon leva sa main lentement et soupira tout doucement. “Mais je sais que je t’aime bien trop pour pouvoir te laisser derrière. Et je n’aurais jamais eu le courage de te demander de venir avec moi.”

Ensuite les choses étaient allées à toutes vitesses et une lune s’était transformé en cet instant précis, à Pentos, loin de leur foyer, vers une destination inconnue. Jace n’osait pas imaginer ce que Baela ressentait à cet instant, dans la Citée Libre qui l’avait vu naître elle, mais aussi Rhaena. Pensait-elle à sa sœur cadette, à sa mère et à ce frère qu’elle avait perdu trop tôt ? Quoiqu’il advienne, Jacaerys ne posa pas de question, préférant que ces mots viennent de la principale intéressée. Qui était-il, après tout, pour lui imposer la parole ou le silence ?

“Baela, regarde-moi. Je suis sûr que je ne t’aurais pas détesté, c’est impossible. Je connais ton cœur et si tu décides de faire quelques coups à nouveau, tu n’auras qu’à m’inviter à les faire avec toi.” Lentement, le brun repoussa les boucles argentées de la jeune femme face à lui, observant sa cicatrice avec un air empli d’une chaleur qu’il portait toujours au fin fond de lui. “Tu es absolument magnifique, Baela. Quelques cicatrices de batailles ne te rendront pas moins parfaite à mes yeux. Et si cet usurpateur croise notre chemin, un jour, je le tuerai moi-même.”

Alors le jeune homme se redressa davantage et il secoua sa tête lentement. Oh, il aurait tant aimé vivre assez pour voir celle qui fut sa fiancée devenir ce qu’elle avait toujours dû être en ce monde et Jace savait qu’il en aurait été plus amoureux encore.

“Rien n’a changé. Tu as vécu, pas moi, je n’ai rien a te reproché d’avoir fait ta vie. Je suis fière de toi, pour ce que tu as fait, qu’importe le chemin que tu as emprunté.”

Et rien ne saurait faire diminuer l’amour que Jacaerys Velaryon eut ressenti un jour, bien moindre face à celui qu’il nourrissait à présent pour l’aînée de Daemon Targaryen. S’il n’avait pu passer son retour avec elle, Jace avait passé chaque seconde de son temps à penser à Baela, murmurant son nom la nuit comme on susurrait le nom de quelques entités magiques.

“Faisons en sorte de nous prémunir d’un tel fléau à nouveau, dans ce cas. Je suis là et je ne compte pas partir, pour aussi longtemps que tu le souhaiteras. Tu vas devoir me raconter quel genre de folie est-ce que tu as fait, tu sais? Histoire de m'en inspirer et d'inspirer. J'ai des siècles d'idioties à rattraper et je pourrais avoir besoin des conseils de la reine en la matière.”

Et le Velaryon leva sa main pour la tendre face à Baela, la même main qu’elle avait saisit la première fois, quand ils s’étaient rencontrés dans leur enfance.

“Tu m’as manqué aussi, Baels.”

Il y avait quelque chose de spécial, pour Jacaerys, à voir Baela sourire. Elle était ce qu’il avait de plus précieux au monde, sûrement parce que le jeune homme la connaissait depuis si longtemps et que tout ce temps, il l’avait passé à l’aimer d’un amour si fort que son cœur se serrait dans sa poitrine quand il y pensait. Le prince Velaryon croisa alors ses bras un instant en fixant la fille aînée de Daemon Targaryen, secouant sa tête avec un air réprobateur lorsqu’il entendit les paroles de la valyrienne.

“Hé ! Ce n’est pas très sympa. Et puis, je ne pense pas pouvoir trouver mieux, non. C’est une chose de bien s’entendre avec quelqu’un, mais personne ne me connaîtra mieux que toi.”

Ce n’était pas exactement ce que Jace aurait voulu dire. Quand il fermait ses yeux, il s’imaginait plein de courage alors qu’il s’agenouillait pour Baela en lui disant qu’il l’avait toujours aimé, d’aussi loin qu’il se souvienne et qu’elle était toute sa destinée pour toujours. Il lui dirait aussi qu’il n’y avait pas mieux parce qu’il avait essayé quelque chose de différent et que cela avait été pire encore que ce qu’il avait anticipé. Qu’importe ce qu’il pouvait avoir, le Velaryon ne désirait personne d’autre. La vérité, cependant, était moins glorieuse et le brun préféra rester silencieux, incapable d’évoquer le Grand Nord avec la Targaryenne. Son passage dans les Conflans, en revanche, lui était déjà plus simple à évoquer : il y était allé et rien ne s’était passé du tout.

“Même s’il venait à revenir, je ne suis pas sûr de vouloir et de pouvoir revenir à Westeros d’aussi tôt. Je n’ai pas de dragon pour l’instant et uh… J’avoue ne pas être certain de vouloir en obtenir un nouveau après… Enfin… Tu sais.”

La remarque de Baela lui tira un sourire niais, un de ceux qui avaient habité son visage dans leur enfance quand l’aînée des sœurs Targaryen lui adressait simplement la parole. Jacaerys avait toujours eu la fâcheuse tendance à être un livre ouvert et l’âge ne l’avait pas rendu plus mystérieux comme il l’avait espéré. Quand le prince s’était rendu à Winterfell la toute première fois, juste avant de rencontrer Cregan, il s’était fait la remarque qu’il aurait désiré lui ressembler, exactement à la façon d’un cadet face à son aîné. Il y avait eu quelque chose de spécial entourant lord Stark que le Velaryon était incapable de saisir, une force qu’il lui serait à jamais impossible d’imité, tout comme le feu ne pouvait devenir glace.

“N'est-ce pas ce qu’un leader doit faire ? Protéger ceux qu’on aime, même si cela implique sa propre mort ? Et puis, il me serait impossible de laisser le moindre d’entre vous, vous mettre en danger. Ni toi, ni nos frères, ni Rhaena si elle était ici ou le moindre enfant que ma mère et ton père pourraient encore avoir dans le futur. ” Jacaerys se permit alors de replacer calmement une mèche de cheveux de Baela, souriant légèrement. “Merci pour ton pardon, je me sens déjà un peu plus léger.”

Il aurait le temps de supplier et de demander pardon pour ses autres actions. Ce n’était pas le moment de le faire aujourd’hui, alors qu’ils étaient dans un endroit aussi chargé en émotion. Jace se demanda d’ailleurs si Baela pensait à sa mère, à son petit frère disparu ou à Rhaena depuis qu’ils étaient arrivés, tant de personnes qui manquaient à l’appel, venu ou disparu en ces terres. Un rire échappa au brun, tandis qu’il leva ses mains en signe de défaite.

“Très bien, très tien, je capitule. J’admets que j’ai mérité de me faire secouer un bon coup,” commença le jeune homme avant de rougir bêtement. “Peut-être serions-nous allés bien plus vite. Ah, voilà que je me mets à regretter. Imagine tous les endroits où Laeros aurait pu nous emmener ! Et personne n’en aurait jamais rien su.”

Quand il imagina Baela frapper Harwin Fort dont il peinait à se souvenir l’apparence, Jace manqua de s’étouffer de rire, une main sur son ventre alors que la seconde se tenait à un mur. Voilà bien longtemps que le Velaryon n’avait point autant ri et quelque chose semblait si juste et si naturel de rire avec celle qu’il avait toujours aimé bien plus que nombre des personnes qui peuplait cette terre. Jacaerys se mit à souffler doucement pour se calmer, essuyant une fausse larme au coin de ses yeux bruns.

“Depuis quand quelques donjons seraient des remparts pour nous empêcher de nous voir ? Enfin… J’imagine que Daemon m’assassinerait s’il t’arrivait quelque chose, alors disons quelques coups dont le danger de mort est limité.” Et puis le brun haussa ses sourcils d’amusement en écoutant sa belle, se surprenant à vouloir la serrer dans ses bras pour lui intimer de ne point se laisser aller à une telle rage contre quelqu’un qui n’en valait, effectivement, pas la peine. A la place, Jace préféra la complimenter davantage, un sourire tendre étirant ses lèvres. “Vraiment. De toute façon, rien ne saurait t’enlaidir à mes yeux.”

Et sur ces bonnes paroles, le prince se mit à rougir légèrement sans pour autant cacher l’émois qu’il ressentait à cet instant. A quoi bon ? Il lui semblait impossible de refouler l’émotion qu’il ressentait à cet instant alors qu’il se tenait au côté de son amour d’enfance, celui-là même qui l’avait accompagné jusqu’aux derniers instants de sa vie. Baela, avait-il susurrer en disparaissant dans les tréfonds marins ce jour-là, englouti à tout jamais.

“Nous savons l’un et l’autre que le mariage est une des choses attendues des personnes de notre rang, Baels. Je suis sûr que tu n’as pas eu le choix et je n’ai pas le droit de te juger alors que tu as sûrement fait de ton mieux.” Jacaerys croisa ensuite ses bras, soupirant doucement. “Laisse-moi faire comme si je n’avais rien entendu. Et puis, non, laisse-moi te dire que je suis certain que tu as été brillante et que rien de tout ça n’a dû être facile pour toi. Je veux dire, tu as été l’aînée de nos frères, sans le moindre parent pour te guider et je doute que j’aurais été bien plus sage à ta place, tu sais.”

Le Velaryon fit ensuite semblant d’être blessé par le coup que la féroce Targaryenne lui porta à l’épaule, posant sa main dessus avant de sourire d’un air amusé. Par tous les Dieux, il était certain que Baela lui avait manqué pendant cette lune et il lui sembla la retrouvé d’une forme encore plus étincelante qu’elle ne l’eut jamais été.

“Très bien, alors je saurais me montrer patient pour tout apprendre de toi, dans ce cas. Oh, j’ai déjà de la peine pour ces pauvres Meereeniens.”

Et sur ces mots, le jeune homme n’hésita pas à refermer ses doigts autour de ceux de Baela, bien trop heureux qu’elle eut acceptée un tel geste de sa part. Et sans tout à fait comprendre comment, ils se retrouvèrent à s’étreindre et Jacaerys souffla lentement d’un soulagement évident alors que ses bras s’enroulèrent autour de la fille du Dragon. C’était comme s’il était enfin chez lui à nouveau, exactement à la place qu’il avait toujours espéré trouver un jour. Sa main traça un cercle lent sur le dos de la jeune femme avant qu’il n’embrassât sa mâchoire délicatement, hochant sa tête lentement.

“Avec plaisir. Là où tu voudras, Baels.”

Alors qu’il écoutait Baela, un sourire étirait délicatement les lèvres de Jacaerys Velaryon. Il aimait penser que dans toute sa force n’était qu’une carapace car dans ses souvenirs les plus doux, sa tendre cousine avait toujours été présente à ses côtés, loin de rechigner à tenir sa main lorsqu’un nouveau malheur frappait leur vie. Comment pouvait-il oublier qu’elle fut la première personne qu’il vu en rentrant de Winterfell en apprenant la mort de Lucerys ? Ou qu’elle se tint à ses côtés jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus le suivre.

“Disons que je me suis toujours senti fortuné rien qu’à l’idée que tu regardes dans ma direction, alors imagine lorsque tu m’adresses la parole, même quand c’est pour m’insulter...”

Un rire naquit au bord de ses lèvres un instant avant de réchauffer ses joues puis de monter jusqu’à ses yeux bruns. Il savait pertinemment qui était Baela et il l’avait accepté dès le premier instant où elle avait prononcé son nom à l’enterrement de la lady Laena parce que Jace était tombé profondément amoureux à cet instant. Ce qui avait été un innocent béguin d’enfant s’était transformé en ce que le prince avait toujours décrit à son frère Luke comme sa destinée tout entière. Il lui arrivait de penser que Baela, sa précieuse Baela était son âme-sœur et que seule la mort aurait pu les séparer et il semblait que l’héritier de Rhaenyra n’eut pas tort sur ce point.

Sa chevelure brune se secoua ensuite lentement l’écoutant parler, conscient soudainement qu’il faisait une telle chose alors que Jacaerys écoutait son ancienne fiancée. Comment pouvait-elle imaginer un seul instant une telle chose et lorsqu’elle arriva à sa propre conclusion quant au finalité de sa digression, Jace gloussa bêtement en passant son bras autour de Baela. Il était clair que tout ceci lui avait manqué pendant le dernier mois qu’il avait passé au loin, entre les Conflans et le Grand Nord.

“Et m’ennuyer à mourir en plus d’être déprimé jusqu’à la fin de ma vie ? Jamais, hors de question. Je n’ai pas besoin d’une épouse douce, empathique et gentille, je n’en ai jamais eu besoin. Tout ce que j’ai toujours voulu, c’était que nos parents acceptent de nous marier un jour, peu importe qui est-ce que tu serais devenue.”

La sincérité de ses paroles le surprenait toujours tandis que Jace pensa un instant qu’il était peut-être le moment d’avouer son moment de faiblesse dans cette maudite caverne avec Mylah. Et puis, quand il la regarda dans les yeux quand elle posa sa main sur son épaules, tout son courage s’effaça car l’aîné de leur fratrie s’était perdu dans les yeux violet de Baela. Il était instantanément pendu à ses lèvres et il hocha sa tête lentement pour signifier qu’il l’écoutait. Il ne l’avait pas souvent fait par le passé dans les moments qui comptaient réellement. Quand la jeune femme lui avait demandé de ne pas partir, Jacaerys avait sauté sur Vermax et il n’était jamais revenu.

“Peut-être que je devrais commencer à t’écouter et suivre tes conseils, Baels. J’y penserais et peut-être qu’on pourrait voler ensemble quand ce sera le cas… Tu sais… Juste toi et moi.”

Il volerait aussi avec Luke, juste eux deux, quand ce serait possible, mais le prince Velaryon voulait que sa toute première volée se fasse avec Baela parce qu’elle était sûrement la personne qu’il préférait en ce monde. Il y avait quelque chose de particulier chez elle qu’aucun être ne pouvait surpasser ou saisir complètement, cela semblait impossible et quand sa main se posa sur sa joue, Jace se laissa fondre un instant contre la chaleur de la paume de l’héritière de Daemon. Voilà un mot qui savait décrire la Targaryenne : une chaleur qui savait être aussi réconfortante que terrifiante lorsqu’elle était en colère et qui, pourtant, était si fascinante au yeux de Jacaerys. Le prince resta silencieux pendant un instant avant de sourire en coin.

“Tu les connais, ils ne passent pas un jour sans être coller l’un à l’autre. Je ne serais pas étonné qu’il y ait une suite de petits Aegon et Viserys prêts à nous suivre partout dans les prochaines années à venir.”

Et alors que leur conversation se poursuivait dans une bonne humeur évidente, le fils de Rhaenyra décida qu’aujourd’hui n’était pas un bon jour pour parler de ses erreurs commises au cœur d’un désert glacé qui aurait sûrement pu le tuer et l’empêcher de revenir aux côtés de sa bien-aimée. Enfin… Elle n’était pas exactement sa bien-aimée car malgré toute l’affection évidente qu’ils partageaient à cet instant, Jace n’était pas certain que les sentiments qu’ils avaient partagés un jour soit tout à fait réciproque. Après tout, Luke avait beaucoup apprécié Rhaena et il ne doutait pas qu’il saurait se montrer attendri face à leur chère cousine, pourtant il n’y aurait plus d’amour entre eux et peut-être que Baela, elle aussi, était prête à passer à autre chose. Peut-être qu’ils n’étaient pas prêts pour tout ça.

“Eh bien, à nos prochaines aventures dans ce cas.”

Jace leva alors la petite gourde d’eau qu’il gardait à sa ceinture, riant bêtement comme un idiot avant de respirer profondément, profitant de l’air si agréable de Pentos. Il y avait quelque chose de particulier ici et de très agréable que le jeune homme appréciait et pendant un instant, il cru comprendre pourquoi Daemon et Laena s’étaient arrêtés ici, dans ce havre de paix. Il lui semblait qu’il régnait un rythme différent ici qu’à Port-Réal et différent encore qu’à Peyredragon. Jacaerys ne connaissait rien du monde en dehors de Westeros qui l’avait vu grandir et vivre tout ça lui paraissait aussi fou qu’exceptionnel. Ses yeux bruns se fermèrent alors une seconde, imaginant à quoi Meereen pouvait bien ressembler et quand il les rouvrit, un sourire amusé étira ses lèvres. Bien sûr qu’elle ne pouvait pas empêcher Daemon d’être Daemon et quelque part, il espérait que cet homme qu’il considérait réellement comme la figure paternelle qu’il n’avait jamais connu ne change jamais.

Et puis, Baela évoqua Lucerys et pendant un instant, l’aîné des Velaryon perdit son sourire. Il repensa à leur arrivée dans le clan de Mylah et à leur confrontation face au petit Baël l’Affreux. Luke avait été courageux, comme toujours, peut-être trop même et son frère n’osait pas imaginer les image terrible que son cadet se repassait la nuit, quand il était seul. Revoyait-il le regard terrifié de la mort du gamin alors qu’il l’avait fauché de son épée avec une telle force qu’elle lui avait ôté la vie ? Pauvre Lucerys, pensa-t-il alors, et Jace pensa qu’il avait été incapable de le protéger comme il aurait dû le faire. Un sourire revint cependant sur ses traits après un temps, surtout quand elle sentit la main de Baela dans ses cheveux et qu’il remarqua la douceur de ses traits agrémentées d’un froncement de sourcil. La brun pressa alors son pouce lentement sur son front pour l’inviter à se détendre et s’il avait été assez brave, peut-être l’aurait-il aussi embrassé à cette seconde précise.

“Il aurait même pu retirer mes deux yeux et j’aurais tout de même eu le même discours, très chère. Et si tu as besoin de quelqu’un pour te rappeler ce que je viens de dire, n’hésite pas, j’ai encore tout un tas de compliments à te dire.”

Il y avait quelque chose de particulier quand Baela parlait en haut-valyrien. Là où Jacaerys avait un accent très ouesterien, loin d’être doué dans la langue de leurs ancêtres, la fille aînée de Daemon semblait la maîtriser jusqu’à l’intonation parfaite, faisant couler les mots de ses lèvres et le prince resta pendu à ses lèvres pendant plus longtemps qu’il ne l’aurait voulu. La suite de ses mots le fit rougir très vivement ensuite et il ne servit à rien de le cacher alors qu’il lui semblait que ses sentiments vis-à-vis de la dragonne aux cheveux d’argents semblaient évident. A la place, il préféra continuer leur conversation.

“Oh, est-ce qu’elle avait cet air renfrogné sur le visage ? Tu sais, celui où elle fronçait ses sourcils très fort en restant silencieuse, les bras croisés…” demanda-t-il alors en se redressant pour imiter la façon dont Rhaena avait l’habitude de montrer son mécontentement face à une situation avant de reprendre, détournant le regard un instant. “J’aurais aussi préféré mais…”

Mais la mort l’avait cueilli trop tôt et le monde avait sûrement oublié son existence juste après, perdu en mer pour retrouver Lucerys derrière le rouleau des vagues et leur écume pâle. S’il l’avait pu, le prince serait resté au côté de Baela toute sa vie, son visage enfoui entre ses boucles d’argent mais la guerre en avait décidé autrement. Et puis il haussa ses épaules en souriant doucement. Personne n’était en mesure de savoir ce que leur avenir aurait été et quand il y pensait sincèrement, Jacaerys pensait que sa colère et sa vengeance se serait abattu sur les Sept Couronnes. Pendant toute sa vie, tout le monde avait toujours mis un point d’honneur à souligner que Jacaerys Velaryon n’avait rien à voir avec Laenor, son père, mais ces mêmes personnes peinaient à remarquer à quel point il était comme sa mère, exactement comme sa mère sous une certaine lumière. Oh, s’il avait vécu dans un monde où ils ne restaient plus qu’eux, Aegon, Viserys et Rhaena, les Sept n’auraient pas été prêt à accueillir toutes les pauvres âmes que Vermax aurait détruit sous ses flammes. L’Histoire se serait souvenue de lui comme un souverain en colère et vengeur, mais cela, Jace préféra le taire. A la place, il profita de leur étreinte et de ce moment qui lui semblait hors du temps, et quand la valyrienne s’écarta, un glapissement de surprise le prit tandis qu’il courrait avec elle, finissant par rire joyeusement.

Ses yeux observaient le paysage avec un émerveillement si grand qu’il se demanda si tout ceci était réel et pendant un instant, c’étaient comme s’ils étaient juste normaux. De toute leur vie, Jace se demanda s’ils avaient déjà été juste deux adolescents sans histoire. Ils avaient été des prince et princesse, des dragonniers, des héritiers, les enfants des futurs souverains d’un royaume immense qu’ils n’avaient jamais vu de bout en bout. Aujourd’hui, leur statut ne faisait pas de réels sens puisque leurs parents ne régnaient sur rien et Jacaerys devait bien avouer que cela le soulageait énormément. Il n’avait plus à porter le fardeau d’une future couronne qu’il n’était pas près à recevoir, il n’y avait plus de prophétie à protéger et sauvegarder, il n’y avait plus rien que Baela et lui et leur famille. Et pour l’instant, cette dernière disparaissait dans le fond, derrière eux alors qu’ils s’échappaient vers la plage. Ils ne s’arrêtèrent pas là cependant et le prince suivit sa douce dans une petite caverne en contre-bas où terre et mer se joignaient calmement.

“C’est superbe. Et tu sais, je suis sûr qu’elle est fière de toi, peu importe où elle est.”

Ces mots avaient été soufflés comme un secret, sûrement parce que Jacaerys n’aimait pas invoquer les esprits de personnes décédées, moins encore ceux de personnes qu’ils avaient aimé ou connu. Et alors qu’il retira sa cape de voyage, une giclée d’eau froide le surprit instantanément, réveillant son esprit malicieux plus vite qu’il ne fallait le dire. Il jeta alors sa cape plus loin.

“Tu vas voir ce qui t’attend, vile manante !” prononça-t-il alors.

Et alors qu’il se pencha, voilà qu’il décida d’asperger aussi Baela sans se faire prier, riant aussi avant de la poursuivre sans se ménager. A cet instant précis, Jace su que peu importe le moment où il avouerait ses autres, ils s’en sortiraient. Oh, l’aînée de Daemon serait furieuse et Jacaerys se courberait en mille pour la rassurer et lui promettre qu’elle seule comptait dans son cœur, mais elle lui pardonnerait parce qu’ils étaient faits pour s’entendre et qu’ils n’avaient pas des années à perdre à se détester pour les mauvaises raisons.

“Venez m’affronter, ma lady, si vous l’oser.”