❝ i believe in a thing called love ❞ ft. Jace, Luke, Baela, Aegon III, Viserys II & Daemon

JOUR 7, LUNE 1, ANNÉE 874

Rhaenyra a passé un certain temps à organiser leur départ pour Meereen. La question d’un voyage en bateau, plus aisé pour ceux qui n’ont jamais volé à dos de dragon, a été évoqué. Cependant, une telle entreprise est longue pour aller à Meereen et éprouvante, l’état avancée de la grossesse de la princesse ne permet pas qu’elle effectue un tel voyage. Ils auraient pu attendre après la naissance de l’enfant, lorsqu’il serait assez fort pour supporter le bateau mais cela aurait repoussé le départ d’au moins une année et elle a refusé de supporter cette inquiétude durant une année, de voir une guerre prendre forme et craindre pour la vie de ses fils à chaque instant, sachant qu’ils pourraient être loin des Sept Couronnes, en sécurité.
Alors à l’aube de la nouvelle année, les trois dragons Vermillon, Skydancer et Laeros ont pris leur envol pour se rendre de l’autre côté du Détroit. Le premier arrêt a été à Pentos, le temps d’une nuit. Rhaenyra n’a eu aucune envie de s’y attarder plus que nécessaire et elle a passé la majorité de la nuit à s’interroger sur Baela. Se souvient-elle des années qu’elle a passé ici avec ses parents ? La ville a-t-elle changé ? Elle connaît l’attachement que la fille de Daemon lui porte, elle-même l’aime comme sa propre fille mais elle a toujours su qu’elle ne remplacerait jamais la mère qu’elle a perdu. Elle n’a jamais essayé et n’a jamais voulu le faire. Tout comme elle n’a eu aucune envie de remplacer les souvenirs que Baela pouvait avoir eu avec sa mère entre les murs de Pentos.
Le lendemain, ils ont volé jusqu’à Myr où ils ont passé leur seconde nuit et elle a apprécié avec Daemon quelques vins myriens durant les quelques heures où ils y sont restés. Après ils sont allés jusqu'à Volantis et Elyria avant d'arriver à Meereen après cinq jours de vol. Même pour la prince qui eut l'habitude de voler à dos de dragon, le voyage lui a semblé particulièrement long et épuisant.

Cela fait désormais deux jours qu'ils sont arrivés et installés dans la Grande Pyramide de Meereen. La reine et Tala Zafira Daedrīzes leur a accordé des quartiers où ils possèdent leur propre intimité, permettant de partager des repas et des moments familiaux sans être dérangés par des inconnus. Ils sont encore étrangers aux coutumes de Meereen mais le temps que Rhaenyra a passé avec la dirigeante lui a permis d'en apprendre un peu plus et s'ils veulent s'intégrer, ils vont devoir se plier aux habitudes de ce pays. Elle sait que pour ses enfants, cela ne sera pas évident. Pas plus que ça ne le sera pour Alicent car ils sont trop loin dans les terres pour que les Meereeniens parlent la langue commune. Ils parlent le meereenien, un dérivé du Haut Valyrien empruntant à la langue ghiscarie, si bien que même Rhaenyra peine parfois à les comprendre. Cela forcera certainement ses enfants à améliorer leur Valyrien.
Dans le grand salon qu'ils partagent, la Targaryenne est assise sur la banquette, des coussins dans son dos alors que sa main est posée sur son ventre et qu'elle attend l'arrivée de ses enfants pour commencer le déjeuner. La nourriture à Essos est bien plus épicée et savoureuse qu'à Westeros, elle est également plus variée et elle peine encore à s'y habituer. Dans les Sept Couronnes, les épices servaient à relever la nourriture fade mais à Essos, elles semblent assaisonner des plats déjà forts en goût et si elle n'en a pas l'habitude, cela ne lui déplait pas. Elle découvre avec joie le continent sur lequel elle n'a jamais mis les pieds auparavant, elle n'en connaissait que ce qu'elle a lu dans les livres et ce que Daemon lui a raconté, elle a longtemps rêvé d'y voyager un jour, accompagnée par son oncle. Mais avant cette vie, elle n'a jamais envisagé la possibilité de s'y installer définitivement et d'y faire prospérer sa famille. Pourtant, la distance qu'elle a mis entre elle et ses ennemis la soulage. L'inquiétude et la peur ont diminué, elle ne craint pas, chaque fois que l'un de ses enfants quittent son champ de vision, de ne plus jamais le revoir. Rhaenyra est apaisée.

Cependant le voyage l'a plus fatigué qu'elle ne l'admet devant ses fils et Baela. Vêtue d'une robe de lin, plus légère que les épais tissus des Sept Couronnes, elle apprécie la légèreté du vêtement qui lui permet d'être à l'aise malgré la forme de son ventre. Car désormais, après plus six lunes, il devient impossible à masquer et plus difficile pour la mère de se mouvoir avec autant d'aisance qu'elle le fait habituellement. Elle est loin d'en être à sa première grossesse et elle sait masquer à ses enfants son épuisement et le poids que cela représente durant les dernières lunes car à l'exception de la naissance compliquée de sa fille unique, elle a toujours amené ses enfants dans ce monde avec aisance et sérénité malgré la douleur. Ou peut-être a-t-elle toujours refusé d'accepter la fatigue qui accompagnait la fin d'une grossesse. Mais les longues journées de voyage, précédées par l'inquiétude et le stress qu'elle ressentait à Westeros, semblent avoir eu raison de ses forces habituelles.
Doucement, sa tête tombe sur le côté pour prendre appuie contre l'épaule de Daemon tandis qu'elle ferme les yeux un moment alors que sa main vient trouver la sienne, elle la presse doucement.

« — Īlva dārilaros me laisse peu de répit. »

Elle murmure en sentant l'enfant bouger, cet enfant qu'elle nomme īlva dārilaros tant qu'il est encore dans son ventre car les termes, en Haut Valyrien, signifient autant notre prince que notre princesse. Le mot n'est ni masculin, ni féminin. Elle a usé des mêmes termes lorsqu'elle portait Aegon, Viserys et sa Visenya qui ne vécut jamais.

« — Que dirais-tu d'emmener les enfants visiter la ville aujourd'hui pendant que je passe un moment avec Alicent et que je me repose ? »

Lorsque la porte du salon s'ouvre, la princesse redresse la tête et même si elle tente de ne rien montrer, ses traits sont tirés et expriment la fatigue dont elle est victime. Pourtant, un sourire se dessine sur ses lèvres à la vue de son enfant qu'elle observe entrer et les rejoindre.

« — J'ai cru, un moment, que personne ne se joindrait à nous. »

Elle redresse son dos, relâche la main de Daemon pour la tendre vers la cruche de vin et servir un verre avant de le lui tendre.

« — Que penses-tu de Meereen ? C'est bien différent de ce que nous avons connu mais avec un peu de temps, j'espère que vous vous habituerez. »