courage to change (ft. Myrcella)

Arya était plus qu'enchantée de ce tournoi. Non seulement cela lui offrait une pause dans son périple diplomatique, elle pouvait en plus se défouler grâce aux différentes activités auxquelles elle participait, ainsi que se comporter comme un garçon manqué. Bien sûr, ce n'était pas pour plaire à Sansa qui ne faisait que râler de ses manières, mais elle arrivait à s'entendre avec la majorité des hommes qui étaient présents, et auprès de quelques seigneurs. Ces nouvelles amitiés allaient pouvoir l'aider dans la suite de sa quête. Elle était la première à savoir qu'il ne fallait pas se renfermer, qu'il fallait au contraire s'ouvrir vers les autres et à partir de là, beaucoup de choses étaient possibles. Bien sûr, à Westeros, une trahison était toujours possible et même fortement envisageable. Elle n'était pas non plus naïve, mais entre se faire des amis ou des ennemis, la brune préférait la première solution. Elle ne s'était alors pas contentée de rester avec sa famille, en plus que sa sœur lui faisait faux bond pour aller voir quelqu'un, et que Jon... était Jon. Elle l'aimait toujours autant, mais pour le coup, elle avait besoin de s'ouvrir au monde extérieur, ce monde qui avait changé depuis sa mort, et rarement en bien.

Alors que vint le milieu de la soirée et qu'elle décida qu'il était temps de quitter sa bonne compagnie ─ notamment parce qu'elle sentait des regards sur elle et était persuadée que dans quelques jours, on raconterait qu'elle avait trompé Gendry,  ce qui aurait comme conséquence d'avoir le couple en colère contre la personne qui a colporté cette rumeur. De toute façon, beaucoup trop de monde s'était rajouté à la table où elle était, et à présent, elle avait besoin de respirer et de remettre ses esprits en place, bien qu'elle avait raisonnablement bu. Elle ne supportait pas de ne pas être sur ses gardes, et de ce fait, l'alcool était assez rapidement proscrit lorsqu'elle se retrouvait à boire, ce qui restait assez rare. Alors qu'elle remontait l'allée boueuse, puisque la plupart des buffets se faisaient dehors pour accueillir la masse de monde, elle remarqua une chevelure blonde qu'elle reconnaissait aisément comme une chevelure Lannister. Un regard lui permit de voir qu'il s'agissait de Myrcella, une des seules qu'elle appréciait parmi eux. Elle lui offrit un sourire poli avant d'analyser un peu mieux la situation, et voir qu'elle se faisait visiblement embêtée par un chevalier qui était ivre. En roulant des yeux, elle soupira et se rapprocha de la scène, arrivant comme une bourrin, au lieu de privilégier son apprentissage au sein des Sans Visages. Cette fois, elle voulait être vue et qu'on comprenne qu'elle n'allait pas prendre à la rigolade le fait qu'il ne pouvait pas lâcher la grappe. Une fois arrivée à leur niveau, elle se faufila entre les deux interlocuteurs, regardant sans sourciller le chevalier.

-Vous êtes ivre et en plus de ça, vachement malpoli pour vous adresser à une dame de la sorte. Je vous conseille de vous en aller, trancha-t-elle avec fermeté.
-Mais je suis le chevalier Alastor de la maison... commença-t-il avant qu'elle ne lui coupa la parole.
-Et moi je suis Arya Stark, et si vous continuez, on vous appellera le Chevalier Eunuque. J'ai besoin de me répéter ? demanda-t-elle de façon rhétorique avec un sourire vorace.

Il fallait dire qu'Arya était toujours partante pour une bagarre, si jamais les choses tournaient au vinaigre. Se battre lui manquait un peu, ce n'était pas étonnant qu'elle se sentait revigorée avec ce tournoi, en plus de pouvoir se réunir avec sa famille qu'elle avait laissé quelques lunes auparavant, et permettre aussi de passer du temps avec Gendry. Ils avaient passé toute une vie ensemble, pourtant, à ses yeux, cela n'avait pas été assez tellement elle se languissait de sa présence. Lorsqu'elle vit que le visage de l'impoli personnage commençait à blanchir, elle mima de faire un pas vers lui et il tourna le dos, marchant rapidement pour se sortir de cette situation. Décidément, son nom avait encore du poids dans la balance. Finalement, elle se tourna vers la jeune femme et lui offrit un sourire beaucoup plus doux et l'inspecta visuellement pour être sûre qu'il ne lui était rien arrivé.

-Lady Myrcella, veuillez m'excuser pour cet imbécile. J'espère que vous n'avez rien ? Il me semblait bien que je vous avais aperçu dans les tribunes, mais parmi la foule, je n'étais pas sûre.

Il était plus sympathique de la revoir ici que dans les Terres de l'Ouest, où Arya était restée aux aguets... et bien sûr, avait tenté la diplomatie et montré ses meilleurs airs de lady pour s'assurer que son comportement ne retomba pas sur sa famille. Enfin, évidemment, elle avait cherché un peu les ennuis avec Tywin mais s'il était un homme assez intelligent ─ ce qu'il était, la Stark devait bien le reconnaître ─, il savait qu'il valait mieux ne pas se mettre Arya à dos. Ne pas pour autant être son allié, mais au moins ne pas être son ennemi. Au moins, cette virée lui avait permis de revoir Tyrion, ainsi que de revoir Myrcella avec qui elle avait vaguement parlé durant son enfance. Il fallait dire qu'elle s'entendait mieux avec Sansa qu'elle-même, mais avec le recul, elle ne méprisait plus la présence d'une pure Lady à ses côtés.

Ce n'était pas tellement rassurant de voir que même après autant de siècles, certains hommes étaient toujours des idiots impolis et avec des gestes déplacés. Cela lui rappelait un peu trop de personnalités qu'elle avait pu croiser lorsqu'elle était plus jeune, et ce qui l'avait répugnée, d'abord, d'épouser un quelconque homme. Elle aurait été prête à se faire mestre, si seulement elle avait pu, ou encore à choisir n'importe quel métier qui ne demandait pas de mari. Malheureusement, elle était née femme, et peu de métiers s'ouvraient à elle à ce moment. Elle avait presque été heureuse de fuir, parce que cela repoussait ce qu'elle pensait être son destin. Sauf qu'Arya n'avait jamais été du genre à laisser les autres la guider. Elle avait été une enfant lors de sa fuite de Port-Réal, mais elle était revenue dans le Nord en étant presque une adulte. A présent, elle avait vécu une vie entière et elle avait eu la chance de revenir avec un corps assez jeune pour continuer à se battre, et le plus important, se battre pour les autres. Bien sûr, elle ne pouvait pas oublier que Myrcella était la fille de Cersei, mais il était inutile de la faire payer pour des crimes qu'elle-même ignorait, et qui dataient de plusieurs siècles. Il aurait été mesquin de la laisser seule alors que la blonde ne lui avait jamais rien fait, si ce n'était être amie avec Sansa à une époque où ses desseins étaient bien différents de ceux de sa sœur.

-Il est inutile de vous excuser, vous ne pouviez pas savoir que c'était moi. La dernière fois que vous m'avez vue, j'étais une petite fille crasseuse et qui se prenait pour tout sauf une dame. En plus, Sansa me décrivait comme une sauvage... tenta-t-elle de blaguer avec un sourire en coin.

Les Sept vous ont souri. Elle contrôla un début de grimace sur son visage. Les Sept ne lui avaient pas souri, pour autant qu'elle croyait encore en ces dieux ; son père était mort, sa sœur était prisonnière, Jon était au Mur, sa mère et son frère à Winterfell en train de préparer une guerre, Bran ne pouvait plus marcher alors qu'il était encore un enfant, et Rickon n'avait même pas eu le temps de profiter de son enfance avec sa fratrie complète. Non, les Sept ne lui avaient pas souri. On avait tenté de massacrer toute sa famille, et si elle avait suivi les Sept, elle aurait dû mourir ─ elle aurait dû ne jamais résister. Rien ne lui avait souri, mais elle s'était forcée un passage en travers de cette vie qui avait laissé des cicatrices sur sa peau, et des cauchemars que même Gendry ne pouvait pas lui éviter. C'était ça, la vérité. Que si elle avait suivi le destin qu'on prévoyait pour elle, elle serait morte à un jeune âge. Mais elle ne dit rien, se contenta de prendre cette phrase pour son apparence physique qui était plus jolie que ce qu'elle n'avait été enfant, même si à ses yeux, elle s'en fichait. Elle n'avait pas besoin que les autres complimentèrent sa beauté, ou même qu'ils eurent un avis dessus.

-Ne croyez pas tout ce que certains auteurs ont pu écrire. Beaucoup ont amplifié des histoires, pour... la poésie ? La légende ? hasarda-t-elle avec un léger haussement d'épaules. Je vous assure que certaines personnes ont été déçues de s'apercevoir que je n'étais pas vraiment à moitié louve, sourit-elle finalement avec un air moqueur. Je suis contente de vous voir en vie, en tout cas. J'espère que cette existence sera plus tendre.