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Lune 12, 875 AC. L'été est là, le petit peuple se réjouit alors que les seigneurs s'inquiètent à l'heure où un nouveau roi vient d'être couronné en la personne de Maegor I Targaryen.
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❝ flying too close to the sun ❞ ft. Joanna Lannister

Aerea Targaryen

Aerea Targaryen

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Flying to close to the sun
Standing on the cliff face, highest fall you'll ever grace It scares me half to death Look out to the future, but it tells you nothing So take another breath Your hands protect the flames From the wild winds around you
Castral Roc l’avait vu naître des siècles auparavant et si elle n’y avait pas vécu plus de quelques mois et qu’elle n’avait porté aucun attachement à l’endroit dans sa précédente vie, elle trouvait aujourd’hui beaucoup de réconfort entre ses murs. Ce n’était pas tant l’endroit en lui-même mais ce qu’il représentait : la liberté. Depuis quelques lunes maintenant, elle y travaillait comme fille d’écurie et elle y trouvait là un grand plaisir. Dans une autre vie, elle avait été la princesse Aerea Targaryen, héritière de son grand-oncle Maegor Targaryen puis de son oncle Jaehaerys Targaryen avant d’être prisonnière de sa mère sur Peyredragon. Combien de fois l’avait-elle supplié de la laisser repartir à Port-Réal pour y retrouver l’attention et l’agitation qu’elle y aimait tant ? Peyredragon était une île ennuyante où elle n’avait trouvé que très peu d’amis qui l’avaient abandonné et aucun n’avait été un enfant de son âge. Et elle n’avait jamais oublié la demi-année qu’elle avait passé dans les écuries de la Porte du Lion, les cheveux teint et sous un autre nom. Ces six cycles de lune avaient été les plus heureux de sa courte vie.
Alors dans cette deuxième chance que le destin lui offrait — ou plutôt un Fidèle de Trios qui avait sacrifié sa vie — il était hors de question qu’elle retourne à Peyredragon. Cela importait peu combien de Targaryen s’y entassaient désormais, elle ne voulait plus ni être une princesse, ni être une Targaryenne. Ce qui n’était pas évident puisque ses cheveux d’argent et ses yeux violets la trahissaient sur ses origines Valyriennes. Cependant, pour la plupart de ceux qui vivaient aujourd’hui, les Targaryen et leurs dragons n’étaient plus que des légendes, des seigneurs-dragons qui avaient régné sur ces terres quelques siècles auparavant avant de disparaître. Alors le nom de la petite princesse qui n’avait vécu que quatorze années avaient vite été oublié. De plus, dans les écuries, les garçons avec qui elle travaillait ne savaient pas lire et ils ne possédaient pas la moindre connaissance sur la maison du dragon. Pour eux, elle était tout ce qu’elle voulait être : Aerea. Sans nom, sans histoire et sans passé. Ils avaient bien essayé de l’interroger sur sa vie, d’où elle venait, qui était ses parents, pourquoi ses yeux n’étaient-ils pas, comme tout un chacun, marrons, verts ou bleus et elle n’avait jamais répondu à ces questions si ce n’était pour leur en poser d’autres plus dérangeantes pour savoir pourquoi leur mère les avait vendu aux écuries du roc, pourquoi leur père ne les avait jamais élevé car elle avait connu des seigneurs qui faisaient grandir leurs batards auprès de leurs fils ou encore, s’ils connaissaient la définition de "ferme la avant que je te cogne".

La plupart du temps, la jeune Targaryenne se sentait heureuse et libre de cette vie. Elle s’étendait chaque soir dans un lit peu confortable auprès de ses amis et elle se réveillait chaque jour pour passer du temps avec les chevaux et finir crottée de la tête au pieds. Il ne restait en elle que très peu de l’allure de princesse qu’elle possédait dans son autre vie. Elle s’habillait comme une garçon, une longue tresse toujours sur son épaule ou dans son dos, marchait et mangeait comme un garçon, jurait comme tel et parfois, elle crachait même à terre, souriant en imaginant ce que sa septa aurait eu à redire sur cette attitude.
Mais il y avait d’autres jours, d’autres nuits, où Aerea ne pouvait pas oublier le passé. Des jours où elle aurait voulu ne jamais sauter sur le dos de la Terreur Noire pour s’envoler de Peyredragon. Elle avait voulu fuir sa mère et l’île. Elle n’avait jamais voulu mourir. Mais un dragon, même jeune, demandait un peu de force pour le plier à sa volonté. Un dragon aussi vieux et gros que Balerion demandait plus qu’un peu de force. Et au moment où il avait pris son envol, la princesse n’avait rien pu faire d’autre que s’accrocher à son dos et se laisser porter.

« — Daor. Daor Balerion! »

Elle avait hurlé au dragon mais il était resté sourd à ses ordres. Et il l’avait mené dans le plus terrible des lieux qui soit : les ruines de Valyria. Jamais elle n’oserait dire un mot sur ce qu’elle avait vu et vécu là-bas. Tout était vrai. Les légendes sur les créatures qui y vivaient encore, les monstres qui reposaient dans les ruines étaient pires que ce l’on pouvait imaginer. Ni animale, ni humaine, ces bêtes étaient des horreurs et les cris qu’elles poussaient la hanterait à jamais. Ce qu’elles lui avaient fait la hanterait à jamais. Elle voudrait oublier, elle voudrait ne pas savoir ce qu’elle savait et ne pas avoir vu ce qu’elle avait vu. Mais ses tourments ne s’arrêtaient pas là.
Balerion avait tenté de le protéger, malgré tout le dragon et elle avaient créé un lien. Pourtant, même lui, le plus grand dragon qui ait volé dans les cieux de Valyria, était resté impuissant. Une créature avait pondu sa progéniture dans son corps, par quel moyen, elle n’oserait jamais en parler, pas même le nommer car même le plus valeureux des hommes en pâlirait d’entendre ce récit. Il y a des choses que les hommes, comme les femmes et plus encore les petites filles, devaient ignorer. Elle les sentit encore, les créatures brûlantes se déplaçant sous sa peau, brûlant sa chaire et quand le dragon l’avait ramené à Port-Réal, elle était à peine consciente. Pourtant elle se souvenait de chaque instant jusqu’à ce que la mort vienne la délivrer. Elle avait tant imploré la mort, suppliée l’Etranger de venir la chercher. Sa peau avait cuit sur elle, ses muscles étaient devenus si durs qu’elle s’était trouvé incapable de bouger et sa fièvre si brûlante que le mestre et le Septon s’en brûlaient les doigts de la toucher. Ses yeux, alors qu’elle ne pouvait plus ni bouger ni parler depuis longtemps, avaient éclaté dans ses orbites et elle se souvenait encore du son, de la sensation affreuse de sentir son corps souffrir, de ne plus rien voir, de ne plus bouger pour subir tout en étant incapable de mourir. Finalement, le bain glacé qu’ils avaient tenté de lui donner avait été un tel contraste avec la chaleur de son corps que son cœur l’avait abandonné et elle avait accueilli la mort avec plaisir. Le vide, le néant. Rien. La mort était l’absence de tout.

Et un jour, elle avait ouvert les yeux à Castral Roc, des siècles après et elle avait cherché à oublier tout cela. À mener une vie nouvelle dans laquelle elle n’aurait ni mère pour la contrôler, ni cousine pour passer au-dessus d’elle dans la ligne de succession et la faire oublier de tous.
Ironiquement, la jeune princesse qui s’était tant absentée des prières dans sa vie d’avant, c’était surprise à trouver du réconfort auprès des Sept. Peut-être, si elle les avait prié plus assidûment avant, si elle ne les avait pas négligé, alors ils ne l’auraient pas puni comme elle l’avait été. Ainsi, pour les dieux, Aerea s’était lavée, elle avait coiffé sa crinière argentée et elle l’avait laissé onduler librement sur ses épaules, ne remontant que quelques mèches pour dégager son visage. Avec cela, elle avait mis une belle robe bleue, acheter avec son maigre salaire puis elle s’était rendue au Septuaire. Elle avait allumé un cierge, l’avait déposé parmi les autres et elle s’était agenouillée pour prier devant la statue de la Mère d’En-Haut. Sa première pensée fut pour Rhaella. Sa sœur jumelle, devenue septa, avait aimé la Mère d’En-Haut plus que leur propre mère et Aerea avait aimé sa sœur plus qu’elle n’avait aimé les Sept. Ou sa mère.

« — Mother, please, have mercy and forgive me. I know someone sacrificed his life for me but I am not brave enough to continue his mission. I just want to live. »

Quelques larmes lui montèrent aux yeux, elle n’était même pas certaine que quelqu’un entende ses prières mais elle murmurait quand même ces paroles, cela ne coûtait rien de les prononcer. Quand elle rouvrit les yeux, elle les releva vers la statue et les larmes se mirent à couler sur ses joues. Heureusement pour elle, personne ne semblait lui porter d’attention dans le Septuaire et personne des écuries ne viendrait à la reconnaître pour se moquer d’elle.
by CrimsonTulip