❝ she is the strongest person I know ❞ (Sansa & Arya)
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Lorsque Sansa avait retrouvé Arya aux portes de Winterfell, c’est comme si on lui avait rendu une partie de son cœur.
Elle qui était habituellement si peu friande des démonstrations d’affection publiques enthousiasmées avait complètement craqué, embarquant sa cadette dans l’étreinte la plus effroyablement mièvre dont elle pouvait faire preuve. Bien que quasiment établie à Accalmie auprès de son époux, Arya revenait assez régulièrement à Winterfell pour que Sansa ne soit pas saisie de ce stupide sentiment d’abandon et de peur. Elle n’en avait pas parlé à sa sœur et elle préfèrerait qu’on lui coupe ses magnifiques cheveux et qu’on lui arrache les ongles plutôt que de l’avouer à voix haute mais elle appréhendait le moment où Arya se lassera de cette routine d’allers-retours incessants et décidera du jour au lendemain de jeter son baluchon dans un bateau et de repartir à l’aventure pour plusieurs mois ou plusieurs années. Le retour à la vie avait fait surgir des anxiétés sur des choses auxquelles Sansa ne se préoccupait pas auparavant. Mais trop peu de choses étaient sues sur ce qui s’était passé, l’événement était encore trop récent et la prophétie qui l’accompagnait trop mystérieuse. Et puis qu’est-ce qui prouvait que ceux revenus à la vie n’allaient pas disparaître à nouveau sans qu'on ne puisse en déterminer la cause ? L’ignorance la rendait folle et inquiète de tout et de rien. Soudainement, Sansa voulait profiter de chaque moment avec sa famille.
Durant leur première vie, excepté les sept années de paix, de silence et d’harmonie qu’avaient constitué le long périple d’Arya ponctué de quelques lettres à intervalles de plusieurs mois pour signifier qu’elle était toujours vivante, les deux sœurs avaient rarement été coupées de tout contact. Arya avait été à ses côtés pour la soutenir en tant que reine et même lorsqu’elle vivait à Accalmie et fondait sa propre famille, Sansa avait pu compter sur sa présence et son appui dans les moments les plus difficiles, les moments qui comptaient vraiment ; durant les années 334 à 336, Sansa avait perdu son époux et trois de ses enfants dans une épidémie foudroyante. Elle s’était retrouvée complètement seule avec son dernier héritier : Theon, un enfant à l’époque extrêmement fragile et bien loin d’avoir atteint l’âge adulte. Sansa craignait d’ailleurs qu’il ne parvienne pas jusque là et que le trône du Nord demeure sans descendant direct. Arya avait été d’une grande aide pour surmonter son chagrin et assurer la régence jusqu’à ce que Theon soit en âge de régner et complètement préparé à ce rôle.
Malgré tout, Sansa restait toujours Sansa et Arya restait toujours Arya.
Ainsi, lorsqu’elle quitta la partie du donjon qui constituait ses appartements et croisa sa sœur dans les couloirs complètement décoiffée et visiblement en tenue de combat comme si elle venait d’en découdre avec un régiment de dix mille hommes, elle posa sa main sur sa hanche et darda sur l’apparence décousue d’Arya son célèbre regard sévère et un peu supérieur. Dans l’après-midi, les deux sœurs étaient attendues sur les Terres de l’Orage. Certes, c’était simplement pour passer du temps en famille - encore une nouvelle manie de Sansa - mais à chaque fois que les sœurs Stark devaient faire une apparition publique quelque part et qu’Arya ne soignait pas sa tenue, cela faisait des cheveux blancs précoces à la pauvre Sansa. Déterminée, elle lui bloqua la route et secoua la tête négativement, ne laissant aucune place à une quelconque forme de négociation.
« Oh non. Hors de question. Je ne m’afficherai pas à tes côtés si tu es apprêtée comme un soldat qui s’est roulé dans la boue. »
Et c’était parti. Sansa fit marche arrière pour retourner à sa chambre qu’elle venait de quitter, tirant Arya bon-gré mal-gré jusqu’à la positionner devant sa coiffeuse. Arya était une bestiole farouche qui n’aimait généralement pas qu’on touche à ses cheveux mais son aînée savait pertinemment qu’elle trouvait les arrangements de tresses compliqués qu’elle lui faisait parfois dans les moments d’ennui ou d’attente particulièrement jolis.
« Je vais essayer d’arranger tes cheveux… bon sang, où est-ce que tu es encore allé traîner ? Je sais que le rôle de Lady ne te sied guère mais là tu es cruelle envers moi. »
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You may be as different as the sun and the moon but the same blood flows through both your hearts. You need her as she needs you.
ft. @Sansa Stark
-Très bien alors je me contenterai de me tenir seule, après tout, c'est ma spécialité, haussa-t-elle les épaules avec un air malicieux.
Et c'était reparti... Elle aurait dû se trouver une excuse pour ne pas se rendre dans les Terres de l'Orage avec sa sœur. Mais c'était compliqué de refuser un tel voyage quand, comme argument, Sansa lui disait "mais tu as épousé Gendry", ce qui faisait qu'elle ne pouvait pas ignorer sa descendance. Ni la région dont elle s'était occupée pendant des années. Elle aimait les Terres de l'Orage, c'était un fait, elle y avait construit sa vie d'adulte, sa famille, et avait œuvré pour le bien-être des Orageois. Cependant, depuis son retour à la vie, Arya avait décidé de résider dans le Nord. De façon momentanée, car il était vrai que récupérer son corps d'antan ainsi que sa force et agilité lui donnait envie de partir à nouveau, d'explorer ce qu'il y avait de nouveau, découvrir ce qui avait changé, et qu'elle sentait que c'était son devoir de faire le point sur la situation. D'aller voir chaque région pour savoir qui était de retour, et comment cela se passait. Mais d'abord, elle avait ressenti le besoin de retrouver Winterfell, la neige et ses souvenirs. Et la solitude avait été longue, même pour elle. Les mots de leur père ne cessaient de tourner dans sa tête ; the lone wolf dies but the pack survives. Et dans cette nouvelle vie, elle avait toujours autant besoin de sa famille, et plus encore.
Durant leur siècle, Arya, une fois posée, avait eu l'occasion de rester en contact avec Sansa et de pouvoir la voir assez régulièrement malgré la distance entre elle. De plus, la brune avait tenu à montrer à ses enfants le Nord, où elle avait grandi, et certains avaient eu une certaine affinité avec sa terre natale, ce qui lui avait fait plaisir. Qu'est-ce qu'elle avait vécu heureuse, Arya, et qu'est-ce qu'elle avait culpabilisé quand les malheurs s'étaient abattus sur sa sœur. Comment pouvait-elle avoir cinq enfants en bonne santé, alors que sa sœur n'en n'avait plus qu'un, et par les Sept, qu'est-ce qu'il était en mauvais état à l'époque ! Elle avait fini par trouver la vie particulièrement cruelle envers son aînée, et elle-même avait appris à minimiser ce qu'elle avait vécu ─ ce qui n'était pas plus sain, mais être aux côtés de Gendry l'avait soignée. Et revoir Sansa régulièrement aussi. Le plus gros manque qu'elle ressentit à l'époque fut celui de Jon, qui avait toujours été celui avec lequel elle s'entendait le mieux. Tristement, c'était de lui dont elle s'était le plus éloignée, notamment de par sa vie au-delà du Mur. Si elle pouvait s'y rendre, les voyages étaient longs, et elle ne désirait pas s'éloigner trop longtemps de son mari et ses enfants. Oh, bien sûr qu'elle appréciait toujours de se libérer de ses devoirs de lady, ainsi que d'épouse, pour redevenir la petite Arya que Jon avait connu, mais les rencontres avaient été rares. Elle espérait le revoir plus que quiconque, et pouvoir le serrer dans ses bras avant de partir.
Mais elle n'avait que sa sœur, à qui elle n'avait pas encore avoué qu'elle ne comptait pas rester à Winterfell, ni de suite s'établir dans les Terres de l'Orage. Emportée par son aînée, la brune grimaça et fit une moue d'enfant contrariée quand elle se retrouva assise devant la coiffeuse de Sansa. Elle tira la langue à la rousse à son commentaire sur le fait qu'elle était cruelle envers elle.
-J'entraine des futurs combattants, je te signale ! Et la seule personne que ça dérange, c'est toi. En plus, on va dans les Terres de l'Orage, où je te rappelle... oh, où j'ai marié Gendry. Tu sais, quand je te l'ai annoncée, tu as ri si fort que j'ai cru que tu allais mourir sur place ? Je t'assure que là-bas, c'est normal pour eux que je sois dans un tel état ! se défendit-elle.
Et avec un soupir, elle se laissa faire. Si ça pouvait faire plaisir à Sansa et si ça lui évitait de se faire engueuler une fois qu'elle annoncerait son départ pour d'autres contrées... Elle redoutait vraiment le moment de lui partager ses plans. Dans la glace, elle regarda l'ancienne reine s'occuper de ses cheveux qui avaient été longs jusqu'à la fin de sa vie, appréciant finalement cet aspect de son physique. Elle prêta attention aux traits de sa sœur. Durant son enfance, elle n'avait jamais su ce qui se passait dans la tête de Sansa ─ et sa réponse à l'époque aurait été "pas grand chose", vu comment elle ne faisait que de parler de romance et de son merveilleux prince, qui était en vérité, le pire des enfoirés. A leurs retrouvailles, elle n'avait pas bien su non plus à quoi s'attendre, après autant d'années séparées. Mais aujourd'hui, elle avait beaucoup plus facile à comprendre ce qui la tracassait, ce qui la peinait. Cette seconde vie n'était certainement pas synonyme de repos pour la rousse ; pas plus que de tranquillité avec le contexte politique dans les Sept Couronnes.
-AÏE ! Mais t'es une brute ! J'ai reçu des coups qui faisaient moins mal que ça, se plaignit-elle en exagérant sur la douleur ressentie. Et puis, pourquoi tu veux tant aller dans les Terres de l'Orage ? On est très bien dans le Nord, non ? demanda-t-elle pour enquêter, mais avec un manque de délicatesse habituel quand elle se décidait à dénicher les secrets de la femme.
Invité
Oh ça lui, Sansa s’en souvenait. Ce jour où Arya avait pris son courage à deux mains et s’était plantée devant elle avec un air mortellement sérieux pour lui annoncer que, au détriment de tous les autres hommes peuplant Westeros, elle comptait épouser Gendry Baratheon. Sansa avait eu des crampes pendant des heures après le fou rire incontrôlé que cette nouvelle avait provoquée. Pendant longtemps, elle avait eu des à-priori sur le forgeron qui tournait autour de sa sœur avec timidité, semblable à un petit lapin qui ne se doute pas que le loup est au-dessus de lui et s’apprête à le dévorer. Elle avait ri, à tel point qu’elle était devenue toute rouge et Rodrik avait cru qu’elle faisait un arrêt du cœur. Mais avec le temps, elle avait été contrainte d’apprendre à connaître ce beau-frère qu’Arya avait choisi par amour. Puisqu’Arya le voulait, qu’il en soit ainsi ! Mais la reine du Nord l’avait épié de loin, observant la façon dont il regardait sa sœur, avec un amour et une dévotion que toutes les femmes rêvaient de voir dans les yeux de leur conjoint. Il était sincèrement fou amoureux d’Arya, il la traitait avec une douceur et un respect que Sansa n’avait jamais vu auparavant. Après avoir été hilare, elle était devenue honteusement jalouse – non pas d’Arya en particulier mais de son bonheur, de cette histoire d’amour. Mais plus le temps passait, plus Sansa était heureuse pour sa sœur et ses méchants ressentiments s’étaient estompés. Elle avait fini par accepter son propre sort et laisser mourir le prince charmant qui vivait dans son esprit et dont elle rêvait depuis sa plus tendre enfance. Pendant longtemps, elle a attendu qu’il vienne. Mais ce n’est jamais arrivé.
« Gendry c’est différent, il est aveuglé par l’amour. Même si tu t’habillais avec un filet de pêche il trouverait le moyen de dire que tu es la plus belle femme du monde. » Ses yeux se plissaient avec sévérité comme si elle sermonnait l’un de ses enfants. « Et cela ne t’empêche pas de faire bonne impression pour les habitants, pour Lord Oryn et Lady Elenda. Il y a toujours un risque qu’on les croise. »
Arya n’essaye même pas de se battre contre la volonté de sa sœur. Sansa pouvait parfois adopter des attitudes vaines et superficielles et ne pas voir plus loin que l’apparence mais si elle voulait que sa sœur soit présentable, c’était pour des raisons bien plus profondes : le fait de s’occuper d’elle, de prendre le temps de coiffer ses cheveux dans des tresses nordiennes, de lui confectionner des robes mieux adaptées à un dame de son rang, au fond tout cela, ce n’était que des excuses pour passer du temps avec sa petite sœur. Elle s’y prenait maladroitement et se heurtait souvent au problème de leurs intérêts et passions qui divergeaient jusqu’à l’extrême polaire mais toutes ces petites attentions et même parfois ses reproches et ses remarques… c’était sa façon à elle de dire je t’aime.
« Tu as de la boue séchée ici, et ça fait des nœuds. »
Expliqua-t-elle calmement en entendant Arya crier et se plaindre comme son aînée le faisait elle-même parfois lorsqu’elle était contrariée. Mais ses gestes furent plus lents et plus précautionneux afin d’éviter de se faire à nouveau frapper par la tempête Arya. Non pas qu’elle avait peur de sa sœur même si c’était le cas de beaucoup de gens, mais sa voix devenait extrêmement aigue quand elle criait et c’était très désagréable. La question d’Arya, allant directement à l’essentiel, la surprit et la perturba. Elle s’arrêta net dans ses mouvements et croisa le regard de sa sœur dans le miroir face à elles, réfléchissant un instant à sa réponse. Elle voulait être honnête mais elle ne savait pas comment exprimer toutes ses anxiétés, ses peurs, sans paraître complètement ridicule et irrationnelle. Elle joua un instant avec une tresse qu’elle venait de faire à Arya, la faisant tournoyer entre ses doigts, avant de se décider à parler.
« Je veux juste… passer du temps en famille, c’est tout. Tant que cela nous est encore permis. Je t’ai trop négligé dans notre ancienne vie. Toi, Gendry, Jon, les enfants… Tout ce temps que j’ai passé à régner sur le Nord, je veux le consacrer à ma famille. »
Elle ramena ses mains contre elle, frottant nerveusement la peau de son pouce avec ses ongles.
« Tu vas me trouver ridicule… mais j’ai peur, Arya. J’ai peur que ça », et elle fit des gestes de main autour d’elle pour signifier que « ça » c’était Winterfell, c’était leur nouvelle vie, « disparaisse du jour au lendemain aussi miraculeusement que c’est arrivé. »
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ft. @Sansa Stark
-Ah oui c'est vrai, j'oubliais que tu me trouvais repoussante du moment où j'avais un peu trop de crasse sur moi. Suis-je bête, il n'y a que mon pauvre mari pour voir que je ne suis pas que boue et combat, dramatisa-t-elle en roulant des yeux. Sansa, ils ne s'attendent pas à ce que je fasse bonne impression. Ils s'attendent à voir une fille habillée comme un garçon manqué, avec une épée, et un loup à ses côtés. Ils s'attendent à voir ce qu'on dit de moi dans les livres, l'histoire et les légendes. Rien de plus, rien de moins, conclut-elle sans pour autant se bouger de l'emprise de son aînée sur ses cheveux.
Arya n'avait jamais aimé les apparences si importantes de la noblesse. Elle avait appris la diplomatie et à jouer intelligemment, mais elle restait une personne avec un franc parler qui était rapidement dérangeant, ainsi qu'une guerrière qui avait appris à mettre des robes, mais qui se sentait mieux en pantalon plutôt qu'avec des jupes. Elle savait ce qui avait été raconté sur elle pendant ces derniers siècles, et elle savait que les personnes qui connaissaient son nom s'attendaient à voir une femme avec des aspects de louve. Tristement, cela lui faisait penser à toutes les rumeurs qu'elle avait entendu sur Robb lorsqu'il était en guerre. Elle, elle en avait ri car elle connaissait la vérité. Son frère ne se changeait point en loup la nuit, pas plus qu'elle. Peut-être que la brune souriait avec toutes ses dents et qu'il était facile de savoir que sa morsure était mortelle, et que ses mains étaient des pattes qui étaient expertes pour faire saigner des corps, mais elle n'en restait pas moins juste une humaine.
Bien sûr, il aurait été trop aisé qu'elle laissa juste son aînée avoir raison et se laisser totalement faire. Elle avait mis des années pour comprendre Sansa et pour créer un réel lien avec elle, mais à présent que le lien était tissé, elle sentait que la corde qui les reliait, que le sang qui faisait d'elles des sœurs, était loin d'être paisible. Elle se dit que si elle se montrait comme auparavant, puérile avec la volonté de toujours avoir le dernier mot, cela pourrait rassurer la rousse et lui offrir du répit au lieu de la voir parcourir le château de Winterfell toute la journée, en quête d'un bras à saisir et d'une conversation interminable. Alors, elle se contenta de faire des grimaces devant le miroir en faisant une piètre imitation de l'ancienne reine qui lui faisait remarquer qu'elle avait de la boue dans les cheveux, et elle fut tentée de secouer sa tête pour lui donner un peu de fil à retordre, mais se retint. Faire le pitre n'arrangerait pas la situation et elle ne pouvait pas voir le problème et le contourner, l'ignorer, estimer que ce n'était pas de son ressort. Tout ce qui concernait sa famille était son problème. Même les angoisses de Sansa.
Faire avouer à celle-ci ce qui la tracassait fut plus aisé que prévu, Arya qui s'attendait à devoir la cuisiner pour avoir quelque chose de tangible. Elle fronça un moment les sourcils en écoutant sa sœur parler. Elle avait porté un plus lourd poids sur ses épaules que Jon et elle ne l'avaient fait pour le reste de leurs vies. Ils avaient tous les trois eu leur lot de responsabilités et d'évènements traumatiques, mais avec le recul et les années, Arya ne se considérait pas comme celle la plus à plaindre. Elle avait plus de sang que nécessaire sur ses mains, c'était vrai, et il y avait des images qui la hantaient toujours durant certaines nuits, mais elle avait eu la chance de pouvoir épouser l'homme qu'elle aimait ─ d'épouser le forgeron pour lequel elle avait eu des sentiments très tôt, bien qu'elle fut incapable de dire à cette époque que c'était des sentiments amoureux ─ et d'avoir des enfants qui purent vivre leur vie. Elle se leva du siège et se tourna vers sa sœur, lui offrit un sourire tout en saisissant ses mains dans les siennes.
-La vie a été particulièrement ingrate et cruelle avec toi. Et je suis désolée de te confirmer tes craintes mais... tout peut s'arrêter d'un claquement de doigts. C'est la triste vérité, celle qui existe depuis toujours. Néanmoins, ce n'est pas parce que la mort nous attend que nous sommes obligés de se contenter de l'attendre. Et je suis touchée que tu veuilles te consacrer à nous, mais il y a un monde au-delà de Winterfell. Au-delà de nous. Je crains que tous nous garder précieusement dans une boîte soit impossible, mais crois-moi qu'au moindre corbeau de ta part, qu'à la moindre sensation que tu cours un risque, je viendrai où que tu sois. Et avec moi, toute la fureur du Nord, promit-elle avec la lueur sauvage qui était habituelle dans ses yeux, exerçant une pression légèrement plus forte sur les mains de Sansa pour lui assurer cette promesse.
Invité
Sansa eut l’air un peu ennuyée, forcée de se remémorer les heures qu’elle avait passé à lire les ouvrages d’histoire sur sa famille. Ou plutôt des ouvrages qui se rapprochaient plus de la fiction qu'autre chose, selon l’époque. Le mestre Samwell Tarly fut un ami proche de Jon et bienveillant dans sa démarche et tant que c’était lui qui se trouvait derrière la plume qui narrait l’Histoire de Westeros, les récits demeuraient d’un réalisme sobre et respectueux. Puis les années, les siècles s’écoulaient lentement. Tous ceux qui avaient connu la fratrie Stark de leur vivant finissaient par mourir eux aussi. Et leur histoire de gosses en fuite éparpillés dans les Sept Royaumes, soumis à des défaites, des humiliations et des atrocités cherchant à obtenir vengeance pour leur famille décimée n’était plus acceptable. Il fallait que ce soit extraordinaire, que leur figure côtoie celle du divin. Il fallait que Robb Stark se change en loup féroce à la nuit tombée, qu’Arya Stark soit une figure énigmatique dont l’ombre prenait la silhouette d’un loup. Leur vie avait été instrumentalisée pour devenir des légendes, des contes pour les enfants, des leçons de morale. Sansa n’avait guère été épargnée par le phénomène. Elle qui se rêvait en Naerys dans sa jeunesse était devenue une Cersei, une grande dame à la peau d’acier et au mental tordu qui élevait ses enfants comme des soldats et menait son Conseil avec la cruauté du chef de guerre. Il y en avait eu, des poèmes sur la Reine de Glace dont les hommes se disputent pour porter la bannière.
« Nous n’avons rien en commun avec toutes les bêtises qu’on raconte sur nous dans les légendes. Mieux vaut briser leurs espoirs avant qu’ils s’attendent aussi à ce que des crocs de canidé te poussent quand tu es en colère. »
Sans compter que les légendes guerrières ne se préoccupaient pas du plus important, du fait qu’Arya avait aussi été une sœur, une épouse et une mère aimante et farouchement protectrice. Les histoires qui avaient été pondues sur les nièces et neveux de Sansa étaient d’ailleurs tout aussi ahurissantes. Pourtant, il s’agissait du fondement central de l’histoire des deux sœurs : si elles se battaient, c’était pour préserver leur terre et leur famille, au même titre que n’importe quelle louve d’une meute sauvage. Certains artistes s’en étaient rendu compte. Nombreuses étaient les tapisseries et les peintures montrant Sansa ou Arya placée devant leur père, leur époux respectif ou un de leurs frères et ce n’était pas anodin : elles étaient peintes à la façon de la louve qui place sa tête devant la gorge du mâle pour le protéger des attaques des prédateurs. Mais à les voir ainsi, Arya gesticulant sur sa chaise en faisant des grimaces ou des imitations de son aînée et Sansa répondant de même, prenant une voix geignarde supposée imiter Arya en lâchant des phrases comme « oh regardez-moi, je suis Arya Stark, je ne suis pas une Lady parce que j’aime tirer à l’arc et tuer des gens ! », on avait du mal à croire qu’il s’agissait des mêmes Sansa et Arya Stark des livres poussiéreux.
La discussion avait cependant fini par devenir plus sérieuse, lorsque l’ancienne reine avait avoué ses craintes. Habituellement, Arya aurait dû lui tirer les vers du nez plus longtemps mais ses angoisses la tiraillaient depuis le moment où elle avait rouvert les yeux et ses lèvres la brûlaient depuis lors de se confier à quelqu’un de confiance. La première personne de sa famille qui était réapparue était Lyanna mais Sansa ne se sentait pas assez proche d’elle pour lui raconter ses tracas. Au contraire même, elle lui avait témoigné une méfiance qui n’avait pas contribué à la rapprocher de sa tante. Pendant un temps, elle la voyait comme une sorte de danger qui allait lui enlever Jon et le transformer en Targaryen. Plus vulnérable que jamais, elle laissa Arya se libérer de sa séance de coiffure et prendre ses mains dans les siennes. Cependant, les paroles de sa sœur ne la rassurèrent pas du tout. L’inquiétude revint dans son regard et elle serra ses mains plus fort, comme par peur qu’elle s’évapore instantanément.
« Mais le monde au-delà de Winterfell n’a aucune importance, n’est-ce pas ? Tout ce dont tu as besoin se trouve ici. »
Sansa n’avait jamais compris le besoin d’Arya de voyager loin de sa maison pendant des mois ou des années durant, à découvrir un monde inconnu qui n’avait rien à voir avec eux. Elle l’avait toujours toléré comme une bizarrerie qui lui permettait d’accaparer ses neveux et nièce pour les gâter en l'absence de leur mère. Mais aujourd’hui, l’idée qu’Arya la quitte de nouveau lui semblait inacceptable. Dans son désir égoïste de garder sa famille auprès d’elle pour se rassurer, jamais elle n’avait pensé que sa sœur prévoyait de partir de nouveau. Pas déjà, alors qu’ils venaient à peine de se retrouver !
« Non, s’il te plaît. Ne dis pas de sottises. » Elle prit le visage de sa cadette entre ses mains, l’implorant, persuadée qu’elle s’éloignait par sa faute. « J’arrêterai d’être sur ton dos constamment, de te forcer à passer la journée avec moi, de me plaindre de tes coiffures et tes vêtements. Je te le promets, je vais soigner toutes mes angoisses. » C’était bien la première fois qu’elle reconnaissait ouvertement qu’elle avait un problème, que son attitude n’était pas normale. Mais si rien au monde n’avait jamais pu empêcher Arya de partir, le pouvait-elle vraiment ? « Mais ne m’abandonne pas, je t’en prie. »
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ft. @Sansa Stark
-Tu ne crois donc pas que je suis capable de tuer une armée entière à moi toute seule ? Quelle tristesse, fit-elle en faisant semblant d'être peinée de cette nouvelle.
Arya était un peu plus en paix avec ce qu'on avait dépeint d'elle. Elle le prenait au second degré et elle n'était pas mécontente que le monde oublia qui elle avait réellement été. Il était plus facile d'avoir de l'emprise sur les autres quand la légende était grande, quand le mythe était sanglant, que si on avait expliqué toutes les larmes qu'elle avait versées à Accalmie après avoir accouché pour la première fois, si on avait mentionné qu'elle avait été hantée par certains souvenirs et que de temps en temps, la vengeance avait été une honte plus qu'une fierté. Elle ne s'était jamais vantée de ce qu'elle avait fait, mais dans certains cas, elle avait éprouvé du plaisir. Non, mieux valait rester sur ce qui avait été amplifié à propos d'Arya Stark, et qu'elle réserva qui elle était vraiment pour les personnes qui en valaient la peine. Ce qui la frustrait le plus, c'était que dans ce genre d'histoire, on racontait que chaque chose que les Stark avaient vécu les avaient rendu plus forts. C'était faux. Ce n'était pas en assistant aux morts de son père et de son frère qu'elle était devenue forte ; ce n'était pas en fréquentant des monstres comme Joffrey Baratheon et Ramsay Bolton que Sansa était devenue forte. Elles avaient toujours eue ça en elle, à la différence, c'était que le monde les avait obligées à montrer cela. Mourir ou vivre. Le choix avait été vite fait pour elles. Mais avaient-elles eu seulement le choix ? Elle avait passé des années à vouloir retrouver sa famille, mais s'était toujours retrouvée à s'en éloigner. Est-ce que le monde lui avait seulement laissé la possibilité de mourir ?
La brune pinça ses lèvres un instant avant de se mordre l'intérieur de la joue, tic nerveux qu'elle avait depuis l'enfance. C'était toujours comme ça que leurs parents savaient quand la cadette mentait. Oh, elle était un peu plus douée pour mentir aujourd'hui, mais ça c'était par son entraînement auprès des sans-visages. Avec ses proches, elle avait toujours cette réaction quand elle mentait. Gendry était devenu un professionnel pour le remarquer, notamment quand elle prétendait aller bien alors qu'elle avait fait un sale cauchemar la nuit précédente. Cependant, elle ne mentait pas cette fois, elle avait ce geste car elle était inquiète pour Sansa. La rousse n'était pas du genre à admettre ses défauts, encore moins ses soucis, et elle ne suppliait pas. A une époque, ce fut le cas, quand elle était plus jeune et innocente, mais elle savait très bien que la Reine du Nord jamais ne suppliait. La voir dans cet état était un vrai crève-cœur pour Arya. Elles n'arrivaient que rarement à se montrer de l'affection, mais elle avait appris, durant ces années loin d'elle, que Sansa était sa famille, son sang, et qu'elle ne pouvait que l'aimer, bien que ce fut pas la même chose qu'avec leurs frères.
-Sansa, s'il te plait, calme toi. Partir ne veut pas dire abandonner. On se reverra, je te le promets, et tu sais que je tiens mes promesses, commença-t-elle en posant ses mains sur les siennes pour les bouger de son visage. Ce n'est pas pour moi que tu dois soigner tes angoisses. Ce n'est pas pour moi non plus que tu dois changer. Tu es Sansa Stark de Winterfell, et tu as survécu à bien plus que tu ne veux l'admettre. Crois-moi, cette nouvelle vie, tu vas la conquérir comme Aegon, Visenya et Rhaenys l'ont fait avec Westeros. Nous venons du Nord, c'est vrai, mais je peux t'assurer que le reste du monde vaut aussi la peine d'être vu, et tu es restée si longtemps enfermée ici par devoir. Tu n'as plus aucun devoir, si ce n'est envers toi-même. Tu peux lâcher prise, oublier la responsabilité du Nord, de notre nom. Ce n'est plus notre bataille. C'est à ton tour de vivre pour toi et pas pour les autres.