Is it still a home when you're all alone?
Run with my hands on my eyes Blind, but I'm still alive Free to go back on my own But is it still a home when you're all alone Is it still a home when you're all alone All the king's horses and all the king's men Couldn't put me back together again
Il y avait des jours où Aerea pouvait encore les sentir, ces créatures sous sa peau, où le soleil lui donnait l'impression de cuir et il y avait des nuits où elle pouvait encore voir défiler la dernière année de sa vie. Il y avait, dans ses yeux violets, des ombres dont elle ne pourrait jamais se débarrasser car ce qu'elle avait vu, ce qu'elle avait vécu, jamais elle n'oserait en parler. Il y avait des choses, en ce monde, que nul ne devrait connaitre et celle qu'elle avait découverte en faisait partie. Ça n'avait jamais été son désir de se rendre dans les ruines de Valyria. Pas plus que d'y rester. Mais Balerion était une créature monstrueuse, le plus grand dragon ayant jamais volé dans les cieux de Westeros et pour un adulte expérimenté, il n'était pas aisé de monter un tel dragon. Alors elle ? Elle n'avait jamais eu aucune chance de le plier à sa volonté. C'était lui qui avait volé là-bas, c'était lui qui l'y avait emmené et malgré tout, malgré son incapacité à le maitriser, il l'avait protégé et à l'aube de sa mort, il l'avait ramené chez elle pour qu'elle puisse mourir auprès de sa famille.
Ce jour ne faisait pas exception. Assise sur le marche de pierres, le visage sali par la transpiration, la terre et le crottin de cheval, elle ressentait son estomac qui gargouillait et la sensation n'avait rien de plaisante. Elle lui rappelait ces créature de feu, brûlantes et rampantes sous sa peau, grandissant en elle jusqu'à la tuer. Elle n'avait rien oublié, elle avait tout ressenti. Même à demi-consciente, elle se souvenait de sa peau se craquelant, cuire sur son corps, ses muscles qui la faisaient souffrir, comme se durcissant en elle tel la viande laissée trop longtemps sur le feu. Elle était incapable de bouger, incapable d'implorer encore la mort tant elle souffrait mais elle n'avait pas oublié. Ses yeux qui ne lui faisaient déjà plus rien voir depuis des heures déjà, avaient explosé dans ses orbites et elle aurait voulu implorer encore la mort et l'Étranger de venir la chercher. Pourtant, des heures encore, elle avait vécu. Jusqu'à ce qu'on la porte dans ce bain glacé. La différence de température entre son corps et l'eau avait fait stopper toute souffrance en quelques instants quand son cœur avait cessé de battre. Et la mort, elle l'avait accueilli comme une délivrance.
Doucement, la jeune Targaryenne secoua la tête pour chasser les souvenirs et les ombres dansant sous ses yeux. Elle ne voulait plus se souvenir, elle ne voulait plus revoir les monstres et les chimères de Valyria, les créatures à la chaire tordue, ni animale, ni humaine et leurs cris d'agonie tout aussi monstrueux. Elle se releva, rejeta sa tresse d'argent derrière son épaule et d'un pas décidé, regagna les écuries pour, comme on le lui avait demandé, seller la monture d'un seigneur Lannister. Lequel ? Ça n'avait pas d'importance. De princesse, elle était devenue fille d'écurie et cela lui convenait. Dans son enfance, quand elle avait été l'héritière de son oncle Jaehaerys, un complot avait visé à la mettre sur le trône et pour l'empêcher, sa grand-mère lui avait teint les cheveux et durant six cycles de lune, elle était restée à vivre comme une fille du commun, travaillant dans les écuries de la Porte du Roi. De toute sa courte vie, car elle était morte à quatorze ans, elle n'avait pas connu de période plus heureuse. Seule le temps passé en tant qu'héritière, à la cour, pouvait espérer rivaliser avec cette vie exaltante. Mais cela n'avait été que de courte durée car sa mère avait décidé de revenir dans sa vie et de la récupérer. Une mère dont elle n'avait aucun souvenir, avec laquelle elle ne s'était jamais entendue et qui l'avait emmené à Peyredragon, sur une île ennuyante où Aerea n'avait trouvé aucun enfant de son âge et avait pour seule amie les dragons qui s'y trouvaient.
Posant la selle sur le dos du cheval, tira la sangle pour la serrer avant de lui mettre le filet autour de la tête. Elle prit le temps de l'ajuster et tapota doucement l'encolure de l'animal.
« — You're a good boy. »
Elle le détacha et ses doigts autour des rênes, elle l'entraina hors des écuries, dans la cour où le lord attendait. Elle ne pouvait pas se tromper car il se tenait debout, fièrement et porte les couleurs et l'emblème de sa maison. Elle s'arrêta juste devant lui et lui tendit les rênes de l'animal.
« — Your horse, my lord. Is there anything else I can do for you? »
L'homme avait une certaine prestance, il fallait lui reconnaitre cela mais Aerea ne se laissait pas aisément impressionner. Voire pas du tout. Après tout, n'avait-elle pas monté le plus grand dragon du monde connu ?
by CrimsonTulip