Le soleil brillait encore haut et fort dans le ciel dégagé de la citée libre d’Essos. Tybalt pourrait en ressentir la chaleur dégagée par ses rayons tout contre sa peau laissée dénudée par ses manches vivement retroussées. Le jeune homme se trouvait présentement dans un faible renfoncement entre deux allées de l’une des artères centrales du centre ville qui regorgeait encore plein de vie à une telle heure de la journée. A l’abri des regards, il semblait presque être posté en embuscade, une main posée en visière au-dessus de ses yeux clairs avec pour seul effet de lui donner l’impression de pouvoir y voir plus loin. L’homme paraissait en tout point renfrogné, peu adepte de rester poireauter de la sorte depuis ce qui lui semblait être une éternité. Et pourtant, quinze minutes seulement avaient dû s’écouler depuis qu’il avait pris appuie contre ce mur. Et finalement, comme un démon sortit hors de boite, l’homme bondit de sa cachette pour venir attraper un homme par le col, l'entrainant à son tour dans ce même renfoncement qui leur offrait, au moins, un peu de quiétude toute sommaire.

Et pour une fois, il n’avait pas traîné l’homme pour l’interroger ou le tuer de coup au gré de ses humeurs. Non, il avait un message à faire passer. Un message codé qui ne parlerait certainement qu’à une seule personne. Rhaelys Malaenor, une jeune fille des rues, rien de plus à première vue. Mais il devait avouer qu’elle avait pu avoir un véritable impact sur certaines de ses plus récentes décisions. A elle seule, elle avait pu lui amener les quelques informations qui avaient pu lui faire flairer un nouveau feu qui menaçait de prendre en pleine ville. Une rébellion qu’il fallait déjouer et éteindre avant qu’elle puisse atteindre le bas-peuple. Et il l’avait fait, non sans se mettre un peu de sang sur les mains. Mais Tybalt n’avait guère peur de mettre à profit ses forces les plus chaotiques. Il était maître des chuchoteurs, mais cela ne voulait pas dire qu’il ne pouvait pas être sur le terrain aussi. D’autant plus que ça défendait ses nerfs régulièrement mis à rudes épreuves par ses leçons de lecture et d'écriture. Petit à petit, l’ancien roi de Culpucier se créait une nouvelle réputation ici, lui le dragon bâtard qui venait de bâtir sa propre maison, lui le premier fils illégitime né de Maegor Targaryen en personne. Mais pour l’heure, il ne s’agissait pas de lui, il avait fait en sorte de faire passer le message à Rhaelys et elle avait plutôt intérêt d’y répondre. Car il lui faisait véritablement une fleur en orchestrant cette rencontre. De petite main du bas-peuple, elle pourrait espérer plus par la simple idée de rencontrer la nouvelle reine des lieux en personne. Tybalt se disait certainement qu’il était le mieux placé pour donner ce genre de coup de pouce à quelqu’un du peuple. Il était loin de soupçonner la moindre chose chez elle. A ses yeux, elle n’était qu’une gamine pauvre des rues qui avaient appris à survivre. Tout comme lui lorsqu’il n’était que le bâtard d’une prostituée à Culpucier. Oh il ne fallait pas penser qu’il se radoucit non plus, cela pourrait toujours lui être favorable de présenter l’un de ses plus bel atout auprès de sa reine, histoire qu’elle soit assuré de son bon travail.

Le soleil se couchait à présent à l’horizon, et Tybalt faisait à présent les cents pas aux abords du palais de Volantis. Ses pensées étaient partout et nulle part à la fois. Depuis bien une lune entière, il semblait n’avoir que trop à penser, lui qui était un esprit si chaotique, si enflammé derrière ce regard où brûlait son ambition démesurée, cette lueur que rien ne semblait réellement combler.

Les nerfs à vif, l’homme était particulièrement à l'affût du moindre bruit ou mouvement. Et il se retourna d’ailleurs à de nombreuses reprises à la moindre apparition. Le soleil avait déjà presque entièrement disparu à l’horizon lorsqu’il reconnut enfin la silhouette qui s’avançait vers lui. Il plissa légèrement les yeux, un fin sourire en coin qui se dessinait sur ses lèvres et ne laissait rien envisager de vraiment bon tandis que ce mouvement faisait très légèrement ressortir cette fine cicatrice qui habillait toujours son visage.



Un brin misogyne, il eut un bref rire avant de lui indiquer par un simple geste de le suivre de près.



Avait-elle déjà appris à se méfier de lui ? Savait-elle reconnaître en lui ce bâtard qui s’amusait souvent aux dépens des autres? Pourtant, il lui faisait véritablement une fleurs en orchestrant cette rencontre. Et c’était finalement ce qui était le plus important à noter ici, la véritable preuve du fait qu’il aurait presque pu la prendre sous son aile. Mais Tybalt restait lui-même, et mieux valait pour elle qu’elle distingue dans le ton de sa voix qu’il plaisantait lorsqu’il lui conseillait de se mettre à genoux devant la reine.

Les couloirs s'enchaînent pourtant et tandis qu’il les connaissait suffisamment pour ne plus remarquer les riches décorations des lieux, il s’arrêta bientôt devant une imposante porte, le regard fixé sur l’une des gardes royaux du palais.



Et aussi facilement que ça, ils foulèrent quelques premiers pas dans l’une des salles prévues pour ce genre de rencontre. Tybalt menant la danse, il avança jusqu’à un certain niveau de la salle, saluant bientôt respectueusement d’un signe de tête sa reine tandis qu’elle faisait également son entrée.



Son regard s’attarda sur Rhaenyra avait de venir épouser l’entièrement de la pièce puis de venir se poser sur la jeune femme qui l’accompagnait. Et d’un seul geste de la tête, il l’invita à s’avancer pour saluer la reine à son tour, et peut-être également se présenter à cette dernière. Oh il espérait aussi que cela se passerait bien, que Rhaenyra ne finisse pas par croire qu’il lui avait fait perdre son temps. Car il voulait qu’elle le voit comme son plus brillant atout en dehors de sa famille. Et cette rencontre avait également une tout autre raison. Car il avait bien l’intention de prendre au sérieux cette nouvelle rébellion éclairée par les informations de Rhaelys. Il se réjouissait déjà à l’avance de pouvoir secouer la fourmilière des prétendus révolutionnaires et de les faire tomber, l’un après l'autre.