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Lune 12, 875 AC. L'été est là, le petit peuple se réjouit alors que les seigneurs s'inquiètent à l'heure où un nouveau roi vient d'être couronné en la personne de Maegor I Targaryen.
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"For true nature will be revealed..." Ft. Elia Martell

Rhaegar Targaryen

Rhaegar Targaryen

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When does a man become a monster ?
Après autant de siècles écoulés, une malédiction pouvait-elle disparaître ?
Rhaegar songeait que peu importait les siècles qui s'écouleraient encore, le fantôme d'Harren le Noir continuerait de garder son emprise sur ses terres, celles-là même où son lointain ancêtre l'avait tué des flammes de son dragon.
Depuis que son chemin l'avait mené de nouveau près de ces ruines maudites, il s'était interrogé, le prince déchu, il avait songé à la façon dont sa vie n'avait plus jamais été la même après ce tournoi à Harrenhal. Son âme y était tourmenté, encore aujourd'hui, comme si elle pouvait ressentir les effluves des traumatismes qui avaient un jour occupé ces murs au cours du temps...
Et tandis qu'il ressentait cette peine, cette souffrance qui se transformait en une main meurtrière autour de son cœur, il s'interrogeait et se demandait, la malédiction d'Harrenhal l'avait-il frappé, ce jour-là ?

Il pouvait encore revoir cette journée clairement dans son esprit, il pouvait entendre les rires, les acclamations et le brouhaha des centaines de discussions des arènes ; le martèlement des sabots de son cheval, de ceux de ses adversaires, sur la terre, l'entrechoque des lames...
Mais ce n'était pas les combats qui lui revenaient le mieux à l'esprit, c'était ce moment fatidique, ce moment qui avait finalement scellé le destin entier d'un royaume, d'une dynastie, de sa famille... Celui où il avait couronné Lyanna Stark comme sa reine d'amour et de beauté, alors qu'Elia, son épouse, la mère de ses enfants, se trouvait là, si près...
Rhaegar avait beau retourné ce souvenir dans son esprit, il avait beau ne jamais être capable de penser à autre chose qu'à la guerre, ses crimes et tout le sang versé à cause de lui, il ne parvenait pas à comprendre ce qui lui était arrivé, ce qu'il l'avait pris...
L'espoir d'un royaume entier, c'était ce qu'il était. Il n'avait jamais ignoré la folie de son père, mais qu'y pouvait-il ? Aerys Targaryen n'était pas seulement son père, il était son roi. Malgré les suspicions et les accusations de ce dernier, jamais Rhaegar n'aurait pu le renverser, cela aurait été à l'encontre de son honneur.
Il avait patienté, il avait tâché de faire au mieux pour limiter les folies de son père -et il savait qu'il avait échoué, il le savait oui- alors pourquoi ? Pourquoi avoir agi ainsi, pourquoi ne pas avoir su que cette folie lui coûterait tout, non seulement à lui mais aussi à une dynastie qui avait réussi à s'établir pendant plus de deux siècles... ? À Elia....
Que pouvait-il dire pour justifier ce qui ne pouvait l'être, pour justifier l'inexcusable ?

La vérité était que Rhaegar lui-même n'avait pas de réponse à apporter à une telle question. Il avait agi avec folie, sans penser, sans en être seulement capable.
Il n'avait pas souhaité le mal qui en avait découlé, il n'avait pas souhaité blesser Elia mais il n'avait pas pensé. Il avait été aveuglé par l'amour, en tout cas c'était la seule explication qu'il pouvait donner, une bien maigre explication...
Était-ce là le dessein cruel des Dieux pour lui ? Il n'y croyait pas. Était-ce alors le fantôme d'un fou revanchard qui l'avait frappé, à cet endroit précis où il se trouvait à présent ?
Il serait certainement tentant de le croire, tentant de se raccrocher à cette excuse farfelue comme à une autre, pour alléger un peu la culpabilité, la tristesse et la honte... Mais même au fond du puit de sa culpabilité et de tout ce qui la suivait, Rhaegar n'était pas cet homme-là ; celui à se chercher des excuses.
Il n'y en avait pas, voilà tout.
Rien qui n'excuserait d'avoir détruit l'héritage valyrien, l'héritage des Targaryens, sa Maison, sa famille ; la guerre et les vies fauchées ; encore moins ce qu'il avait laissé faire à Elia et leurs enfants.
Évidemment qu'il était coupable de cela aussi.
La guerre avait éclaté à cause de lui. Elia avait été retenue prisonnière par son père à cause de lui. Et lui, qu'avait-il fait quand il était revenu à Port-Réal, enfin, quand il avait pris le commandement des armées pour affronter Robert ?
Rien. Il avait pris ses armées et s'en était allé, sans se soucier d'Elia. Était-ce la réminiscence de l'égo Targaryen qui avait parlé alors, quand il n'avait pas songé, pas même pendant un instant, qu'il ne reviendrait pas ?
Après tout, malgré son âme sensible, Rhaegar restait un Targaryen, certainement, certains de leurs défauts coulaient dans ses veines et faisaient partie intégrante de lui...
Il l'avait laissé à la capitale, avec leurs enfants, quand il aurait pu l'envoyer à Peyredragon... Il ne lui avait même pas accordé une visite ou un mot après avoir fui avec une autre, alors qu'il en avait épousé une autre -bien qu'elle ne l'ait pas su...
Rhaegar Targaryen, l'espoir déchu des Sept Couronnes, avait couru à sa mort et avait laissé Elia faire face à la sienne et l'imaginer, encore, lui fit fermer les yeux.

Quand il y pensait, il sentait un goût de bile remonter sa trachée, ses phalanges devenaient blanches tant il les serrait et il lui prenait l'envie de chevaucher jusqu'à Castral Roc pour y trouver Tywin Lannister et l'y tuer de ses mains.
Le tuer ne réparerait rien, et au fond, Rhaegar était conscient qu'il était loin d'être le seul coupable, qu'il l'était lui-même mais il y avait des soif de rage contre lesquels on ne pouvait rien en tant qu'homme.
Elia... Son souvenir le hantait depuis qu'il avait ouvert les yeux dans ce Westeros qu'il ne connaissait pas, ou si peu. Elle l'avait hanté quand il avait retrouvé Lyanna, à chaque moment volé avec elle dans le Nord, puis, quand la Stark l'avait quitté ; elle le hantait encore à chaque moment passé à Blackcrown avec Viserys et sa famille... Elle était un fantôme bien plus tenace encore qu'Harren le Noir et sa possession sur Harrenhal...
Son souvenir était devenu plus cruel encore depuis la mort de l'épouse de Viserys. Comme il faisait face à la colère de son frère, à ses envies vengeresses et sa soif de sang, de justice, Rhaegar n'avait pas pu s'empêcher de songer  à Elia... Qui s'était battu pour elle, pour la protéger ou la venger ?
Personne. Il avait été celui à devoir le faire, mais il n'avait été nul part, puis mort. Il avait été un piètre époux... Un lâche, un infidèle et un déserteur...

Ainsi, c'était la consternation qui l'avait bercé lorsqu'il avait reçu cette lettre, écrite de la main de sa première épouse, la mère de ses enfants.
Il avait lu les lignes délicates avec incrédulité et émotion, et pendant des heures, il avait observé l'horizon de sa fenêtre, mouillant le frêle parchemin de ses larmes qui n'avaient eu de cesse de couler.
Aucun pardon ne lui était dû, il ne méritait rien. Il ne méritait même pas de respirer à nouveau et s'il ne s'était pas donné la mort lui-même, c'était seulement pour rester auprès de Viserys, qui semblait lui accorder une place dans sa vie, malgré tout. Et à présent, son frère avait besoin de lui plus que jamais avec ce qu'il projetait.
Rhaegar avait d'ailleurs retardé leur voyage à Volantis pour pouvoir aller à la rencontre d'Elia, à Harrenhal. Cette demande l'avait laissé coi, mais il songeait que ce n'était que justice, de le rencontrer dans le lieu où il l'avait humilié pour la toute première fois.
Malgré la colère et l'impatience de son frère à se venger, il avait réussi à partir seul, il avait chevauché à vive allure pendant deux longues semaines pour arriver dans les Conflans et rejoindre Harrenhal, avec rien d'autre que ses pensées à ressasser.

Passés les ruines, il avait laissé le page prendre note de sa présence et l'annoncer à Elia, à qui il avait fait envoyer une lettre avant son départ.
Les pas de Rhaegar l'avaient mené dans cette court désertique, où les débris et les herbes sauvages emplissaient l'espace, mais ne semblaient pas pouvoir égaler la majesté de l'arbre cœur qui se trouvait en son sein.
Sous les branches de cet arbre, Rhaegar se tint immobile un instant, les bras croisés dans son dos, son esprit en conflit, agité par l'atmosphère ambiante de ce lieu, par cette rencontre...
Il laisse ses doigts tracer les lignes gravées dans l'écorce de l'arbre des siècles plus tôt par Daemon Targaryen, dont du sang a séché sous les traits.
Rhaegar les effleure à peine qu'il retire ses doigts, la sensation d'une peine immense le frappant et il remet ses mains derrière son dos, attend dans le silence pesant et morbide de cette cour. Jusqu'à ce qu'il entende quelques pas derrière lui, qu'il ressente une présence. Sa présence.
Elia dégageait une telle grâce dans son aura, il avait toujours été capable de sentir sa présence. Et il fut une époque où il pensait sincèrement que c'était là l'amour, que c'était là cette force qui possédait le cœur d'un homme. Avait-il eût tort ?
Même après tout ce temps, toutes ces tragédies et le déshonneur qu'il avait jeté sur son épouse, Rhaegar était incapable de répondre à cette question-là également...

Il ne servirait à rien d'y répondre quoi qu'il en soit, et à la place, le prince déchu se tourne lentement, faisant face à la femme qu'il avait un jour épousé pour la bafouer des années plus tard d'une façon des plus cruelles possibles...

« Elia... »

Son nom échappe à ses lèvres sèches subitement dans un souffle, comme s'il n'osait pas prononcer son nom, comme s'il n'en avait pas le droit, comme s'il le salirait plus encore qu'il ne l'avait déjà fait... Et sans doute est-ce vrai, sans doute n'en a-t-il pas le droit...
by CrimsonTulip


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On disait que le temps soignait toutes les blessures. C'était vrai, mais partiellement seulement. Le temps n'avait rien fait pour apaiser la douleur de la perte de ses enfants. La plaie était toujours aussi profonde et douloureuse qu'au premier jour. Qu'à l'instant où elle était morte, bien avant que son crâne soit fracassé. Inchangée, Intacte, accrochée à sa tripes comme son amour pour eux l'avait été.

Elle n'aurait pas pensé remettre un jour dans ces lieux. Rétrospectivement, tous les augures pour l'inutile tragédie qui allait suivre avaient été incroyablement clairs et cruels. Le décor sinistre et torturé d'Harrenhal n'était que la cerise sur le gâteau. Elia avait détesté ce jour et tout ce qui l'accompagnait du plus profond de son être. Elle pouvait exactement situer le moment de bascule, l'instant où tant de destins avaient été scellés. Un simple geste, une folie insouciante d'un prince charmant, quelque chose qui n'aurait jamais dû aller si loin. Dont celui de ses enfants. Innocents parmi les innocents.

La princesse s'était souvent demandé si la malédiction des lieux avaient joué un quelconque rôle dans la farce amère qu'avait été le tournoi. Elle en était arrivée à la conclusion que les hommes n'avaient pas besoin de l'influence de fantômes rancuniers pour prendre des décisions stupides. Ils se débrouillent très bien tous seuls. Et de retour au milieu des pierres éternellement noircies et tordues par le feu d'un dragon, les cris d'agonie et de désespoir d'innocents à jamais emprisonnés dans le roc, Elia avait la certitude que ce n'était pas Harren et ses fils qui avaient maudit l'endroit. Pas à ce point, pas avec la puissance transcendant les siècles et les âges qui habitait les lieux. C'était les mères, les filles, les soeurs, il n'y avait que cette rage pour marquer les pierres autant que le feu d'un dragon.

Elle avait choisi les lieux par praticité, à mi-chemin entre Dorne et le Nord pour sa rencontre avec Lyanna Stark. Mais elle mentirait si elle disait que la justice poétique de la chose ne la séduisait pas un peu aussi. Elle avait donné rendez-vous à Rhaegar auprès de l'arbre coeur du château, elle voulait que les Dieux soient témoins de ce qui allait suivre. Elia à l'instar de la majorité de ses compatriotes n'était pas particulièrement religieuse. Durant sa première vie elle n'avait jamais été du genre à prier ou faire des offrandes en dehors des grandes fêtes religieuses quand l'étiquette le demandait. Mais aujourd'hui était un jour particulier.

Elia le voit avant qu'il ne réalise sa présence. Elle ne prend pas la peine de s'annoncer ou de signaler sa présence, approchant directement dans son dos. S'il s'effraie en pensant voir un fantôme… Et bien il n'aurait pas tout à fait tort.

-Rhaegar.

La princesse de Dorne détaille en silence celui qui a été son époux. Fut un temps où son regard était tendre quand il se posait sur lui. Fut un temps où elle lui aurait sourit avant de le rejoindre pour prendre son bras. Fut un temps où une tête brune avec une seule mèche blanche se serait glissée entre leurs jambes pour réclamer à grand cri à ce que son père la fasse voler dans ses bras. Maintenant il ne restait qu'un silence de mort et une distance que rien ne saurait combler entre eux.

Il n'a pas changé. Et il a les yeux violets de leurs enfants. Elle pensait s'être préparée, elle pensait pouvoir rester solide. Mais c'est Rhaenys et Aegon qu'elle voit dans ces deux iris. Et c'est une douleur pire que la mort qui la saisit. Durant la moment elle est si forte qu'Elia pense qu'elle va s'effondrer, éclater en sanglots et hurler une fois encore à la mort. Mais elle s'y refuse, elle n'en a pas le droit. Elle ne peut pas faire celà, pas maintenant, elle le doit à ses enfants.

-Je me demandais si tu allais vraiment venir ou bien fuir encore une fois. Il semble que cette fois tu sois prêt à faire face aux conséquences de tes actes.

Elle n'a jamais été aussi froide et cruelle avec lui. Elle n'en a jamais eu l'occasion. Elle regarde la cour désolée et sinistre qui les entoure. La princesse bouge enfin pour aller s'asseoir sous l'arbre coeur, ce qui va suivre va être long autant s'installer avec un minimum de confort. Elia plante son regard dans celui de l'homme qu'elle a jour tendrement aimé. Le père des deux plus grandes joies de sa vie. Celui qui les a abandonné sans se retourner.

-Nous avons beaucoup de choses à discuter, Rhaegar. Des choses qui attendent depuis beaucoup trop longtemps.
Rhaegar Targaryen

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Cette rencontre, maintes fois le prince déchu l'avait imaginé. Il avait retourné tant de possibilités dans sa tête, tenté de songer et d'imaginer ce qu'il pourrait dire ou faire une fois qu'il ferait face à Elia.
Oh, toutes ces possibilités semblaient stupides, mal venues, terriblement insultantes et humiliantes, pas une seule n'avait trouvé grâce dans son esprit, pas une seule ne trouvait grâce à présent qu'il lui faisait face.
Sa gorge douloureuse ne laisse s'échapper que son prénom et Rhaegar reste parfaitement immobile près de l'arbre cœur. Qu'y avait-il à dire ? Aucun de ses mots ou de ses actes ne sauraient changer le passé, effacer la peine qu'il lui avait causé ou les horreurs qu'on lui avait infligé.
La guerre qui avait découlé de son irresponsabilité et de son égoïsme était un fardeau en soit à porter, un que le Targaryen parvenait difficilement à se pardonner, pas plus que la chute de sa Maison...
Mais le sort d'Elia et de leurs enfants... Le mot culpabilité ne saurait même pas décrire une once de ce que Rhaegar ressentait par rapport aux meurtres de sa famille. Il était hanté, dès qu'il fermait les yeux ou lorsqu'il posait ces derniers sur le visage de son jeune neveu, il était incapable de s'empêcher d'y songer, songer à sa fille qui avait dû l'appeler, sa douce Rhaenys... Et Aegon ? Avait-il pleuré ? Avait-il seulement compris le mal qu'on lui avait voulu à ce moment-là, lui qui était si jeune ?
Et Elia ? C'était peut-être bien le sort qu'on avait réservé à cette épouse qu'il avait bafoué qui l'horrifiait le plus, qui le couvrait de honte et de souffrance au plus extrême...
Elle n'avait rien fait pour mériter pareilles horreurs, pourquoi avait-il fallu que les innocentes payent pour ses crimes à lui ?

Le silence accueille ces retrouvailles, un silence de plomb, douloureux. Tout aussi douloureux que l'expression que lui renvoie les yeux bruns de son épouse.
Fut un temps où il pouvait voir de la tendresse et une affection sincère dans ces orbes brunes à présent dures, et il avait pensé à cette époque, que c'était sans doute ça l'amour dont les ménestrelles chantaient sans fin les louanges. Il ne pouvait pas prétendre n'avoir jamais aimé Elia. Leur mariage avait été arrangé, il était vrai, mais la douceur et la gentillesse de la Martell ne l'avaient jamais laissé indifférent.
Pendant longtemps, il s'était laissé envoûté par ce charme dornien qu'elle dégageait, cette gentillesse et cette étincelle à son égard qui brillait toujours dans ses yeux. Mais son cœur était un traître, qui lui avait laissé croire un mensonge pendant longtemps...
Il aurait pu aimer Elia pendant des années, jusqu'à ce que l'Étranger ne les sépare, il l'aurait fait... S'il n'avait pas découvert ce qu'aimer à la folie voulait vraiment dire, si son chemin n'avait pas croisé celui de Lyanna Stark et que ses orbes indigo ne s'étaient pas plongées dans d'autres prunelles brunes, celles plus austères qui caractérisaient les femmes du Nord.
Il avait fui, il avait abandonné sa femme et ses enfants, qu'avait-il pensait alors qu'il se passerait ?
C'était sans doute là le problème : Rhaegar n'avait pas pensé, il en avait été absolument incapable. Cela avait été de l'amour fou, une véritable folie qui lui était tombé dessus, plus grande encore que celle qui ravageait l'esprit de son père...
Puis, la grossesse de Lyanna avait changé la donne à ses yeux, cet enfant qui s'apprêtait à naître et qui serait le mélange parfait du Feu et de la Glace... La prophétie s'était imposé dans son esprit, et il avait su, quelque chose en lui avait su que Lyanna portait en elle le Prince qui fut Promis. Il en avait été persuadé au point d'aller plus loin encore dans sa folie et de répudier Elia pour épouser la Nordienne.
Là encore, il avait été incapable de voir plus loin que l'instant présent et le poids de la prophétie sur ses épaules, incapable de voir la portée de ses actions... Que se serait-il passé alors si Elia avait survécu, si Robert n'avait pas gagné la guerre ?
Jamais il n'aurait pu avoir le cœur de répudier totalement Elia, de laisser les enfants qu'elle lui avait donné devenir des bâtards. Alors quoi ? Il aurait eût deux épouses ? Cela semblait totalement fou...
Et aujourd'hui, quelle importance ? Il n'était plus héritier de rien, le royaume semblait sombrer dans le chaos quoi qu'il arrive, repousser les Targaryens avec force et quand à ses mariages... Ses enfants étaient morts, Lyanna l'avait quitté, trop dévorée par le poids de la culpabilité et Elia... Oh, Elia, il savait bien qu'elle ne pourrait jamais lui pardonner, il ne méritait en outre aucun pardon.

Elle le détaille de son regard devenu si dur, et il songe de nouveau à l'aspect de ses yeux autrefois, ce qu'il donnerait pour pouvoir y avoir droit de nouveau... Ce qu'il donnerait pour ne pas avoir détruit cette gentillesse, cette bonté qui brillait autrefois dans le brun de ses yeux...
Ce qu'il donnerait pour tout changer... Oh l'amour qu'il ressent encore pour Lyanna, il lui inspire les plus belles symphonies mais ces dernières sont teintées de violence à présent, elles sont devenues aussi sombres et dures que le plus glacial des vents d'hiver dans le Nord...
Les mélodies qu'il avait imaginé pour Elia, elles, elles collaient à une brise d'un vent d'été, agréable et chaud... Pourtant, la violence s'y mêlait aussi maintenant, il avait tout détruit... Sa folie avait tout détruit, bien plus encore que celle du Roi Fou...
Mais aussi belles soient les symphonies qui faisaient vibrer son cœur quand il songeait à Lyanna, cet amour était maudit, néfaste... Il l'aimait encore et si elle lui revenait, sans nul doute qu'il retrouverait la chaleur de ses bras et pourtant, si tout était à refaire, maintenant qu'il connaissait le prix, Rhaegar ne savait plus dire s'il commettrait de nouveau l'irréparable ?
Pas de la même façon, il allait sans dire, mais serait-il prêt à nouveau à déverser pareille souffrance sur tant d'innocents, pour aimer Lyanna Stark ? Pour voir le Prince qui fut Promis naître ?

Encore une fois, ce qu'il souhaite, ce qu'il ferait, n'a aucune importance car rien ne peut être défait, c'est là la fatale cruauté du monde et du temps. C'est peut-être cette pensée-là qui rend le regard d'Elia si douloureux à supporter et pourtant, Rhaegar l'affronte.
Il devrait baisser les yeux, et s'il soutient son regard, ce n'est nullement pour paraître fier ou orgueilleux, simplement, il a l'impression que détourner le regard serait un affront et une insulte encore plus grande pour cette femme qu'il a un jour épousé, à qui il a promis respect et fidélité, pour l'abandonner à un sort trop funeste, trop injuste...
La cruauté dont elle fait preuve est nouvelle pour lui, mais si légitime. Il en garde le silence tandis qu'il l'observe en retour, s'installer sous l'arbre cœur, sans jamais cesser de le poignarder de ses iris brunes.

« Je... »

Que pouvait-il bien dire ? Qu'il était désolé ? Qu'il s'excusait ? Ça n'avait toujours aucune importance. Ce n'était que des mots, des mots qui ne changeraient rien à la peine de sa première épouse, à sa douleur. Pire encore, n'était-ce pas plus une façon de s'expier lui que de lui offrir quoi que ce soit ?
Rhaegar baisse finalement le regard, pour un bref instant, incapable de savoir quoi dire ou quoi faire. Il reste planté là, comme un idiot, conscient qu'il n'a plus le droit d'aller trouver la proximité d'Elia, qu'il n'a pas le droit d'attendre d'elle qu'elle rende les choses faciles.

Alors, quand il relève la tête, il fait face à son regard et son courroux de nouveau, aussi dignement qu'il puisse en être capable, s'il en est seulement capable, s'il lui reste un peu de dignité.


« Je t'écoute. »

C'était là tout ce qu'il pouvait faire, finalement. L'écouter, lui accorder le droit de le haïr à haute voix, de lui reprocher tout ce qui devait lui être reprocher. Si elle s'avançait et qu'elle s'emparait de son épée pour la lui planter dans le cœur, Rhaegar ne se défendrait même pas. Il ne méritait pas mieux que de mourir. Il ne méritait pas mieux que de souffrir.
by CrimsonTulip


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La princesse de Dorne toise en silence le prince Targaryen. Elle n'avait pas besoin de savoir pourquoi il avait fait ce qu'il avait fait, elle savait depuis longtemps que rien de ce qu'il pourrait dire ne lui apporterait la paix ou la force de pardonner. Ce qui était fait était fait, Rhaegar avait fait son choix. D'abord en l'humiliant publiquement durant ce tournoi maudit. Une offense qu'elle lui aurait pardonné complètement avec le temps. Pour Rhaenys qui idolâtrait son père et adorait sa mère. Pour Aegon qui lui ressemblait temps et qui méritait de recevoir à l'instar de sa soeur tout leur amour sans l'ombre des rancunes. Elle lui aurait pardonné parce qu'elle était la douce et tendre Elia. Parce qu'elle était dornienne et ne se serait pas offensée que son époux souhaite partager la couche d'une autre. Parce qu'elle l'aimait.  

Ce futur possible s'était définitivement envolé le jour où Rhaegar les avait abandonnés tous les trois. Non, elle ne voulait pas savoir le pourquoi et le comment. Elle ne voulait pas lui demander s'il avait une seule fois pensé à son épouse, fidèle et aimante, avant d'agir. Elia Martell voulait savoir tout autre chose.

-As-tu seulement pensé à nos enfants ?

La question sonne comme un coup de tonnerre, le vent vient faire bruisser les feuilles de l'arbre coeur comme pour lui faire pousser un cri étouffé. Elia pourrait épargner cela à celui qui a jadis partagé sa vie. Mais elle n'en a pas envie. Elle a besoin de savoir. De savoir à quel point l'égoïsme indolent a été poussé.

-Croyais-tu vraiment que le monde ne chercherait pas à les dévorer sans leur père pour les protéger ? Pensais-tu que ton père serait le bouclier dont tu délaissais le rôle ?

Un rire amer s'échappe des lèvres de la princesse, ses yeux voilés par la douleur et la rancoeur envers un homme sombrant dans la folie et qui a entraîné tout un empire avec lui. Bien sûr qu'Aerys n'avait eu aucune considération pour ses petits-enfants. Il avait toujours ouvertement méprisé Rhaenys, trop dornienne à son goût. Combien de fois l'avait-il fait pleurer d'une parole méprisante et d'un regard dégouté ? Combien de fois Elia avait-elle carressé doucement les cheveux de sa fille lui chuchotant des mots tendres et apaisants dans l'espoir que la fillette ne soit pas marquée à vie ? Combien de fois avait-elle voulu arracher les yeux de ce Roi Fou ?

Il aurait simplement pu la garder seule au Donjon Rouge, envoyer Rhaenys et Aegon en sécurité à Peyredragon avec le tout jeune Viserys, la douce Rhaella et l'enfant qu'elle portait. Se séparer de sa fille et de son fils aurait brisé le coeur d'Elia, il aurait été déchiré en deux, mais leur sécurité aurait valu tous les sacrifices. Elle avait supplié son beau-père de faire ainsi, de laisser Rhaella partir avec les enfants, elle était une garantie suffisante pour conserver la loyauté de Dorne. Elle savait que la reine veillerait sur ses petits-enfants avec douceur et bienveillance. Elle savait que Doran enverrait des navires pour récupérer son neveu et sa nièce s'il le pouvait. Elle savait qu'ils seraient mieux loin d'ici, les armés ennemies à leurs portes. Aerys devait le savoir aussi, il était fou, pas stupide.

Il était cruel.

Il les avait gardés tous les trois. Ils étaient morts tous les trois.

-Dis moi, Rhaegar. Les aimais-tu vraiment ? Ou bien comme ton père déplorerais-tu secrètement l'impureté de leur sang ?

Elle connaissait déjà la réponse à cette question. Elia pouvait reprocher beaucoup de choses à son ex-époux, mais pas le manque d'amour envers ses enfants. Il avait aimé Rhaenys au moins autant qu'elle. Et leur merveilleuse petite fille leur avait bien rendu. Comme elle pouvait lui manquer…

Mais elle avait besoin d'appuyer là où la blessure se trouvait, de faire remonter la douleur constante et dévastatrice qu'était la perte d'un enfant. Elle avait besoin de lui rappeler, de lui faire comprendre le tourment dans lequel il les avait plongé tous les trois.

-Rhaenys t'a appelé, jusqu'à la fin. Elle me demandait tous les jours où était son père, quand il reviendrait. Elle était persuadée que tu reviendrais pour la sauver et à nouveau la faire voler dans tes bras. Chaque jour elle me demandais, et chaque jour je ne savais pas quoi lui répondre. «Bientôt, mon soleil, bientôt», que pouvais-je lui dire d'autre ? Et chaque jour je voyais son coeur un peu plus se briser devant ton absence, et pourtant elle persistait. Rhaenys était convaincue que tu ne nous avais pas oubliés et moi du contraire.

Le vent souffle de nouveau et cette fois dans les cris des feuilles Elia entend les pleurs apeurés de ses bébés. La petite voix déchirante de sa fille hurler : "Papa !" Et encore une fois, c'est le silence qui lui répond.

Son regard se perd dans le vide. Elle n'est plus vraiment à Harrenhal, assise sous l'arbre-coeur. Elia se trouve dans une époque bien lointaine dans un lieu au bord de la mer et au coeur de l'enfer.

-Aegon était dans mes bras. Je savais que s'ils arrivaient à me l'enlever c'était fini… J'avais raison. Il était si petit… Si fragile… Il avait pleuré toute la nuit précédente, ses dents lui faisait mal. Je l'avais bercé et consolé comme je le pouvais. Notre petit prince…

L'entrée des deux monstres dans la pièce l'avait réveillé, lui qui dormait enfin à poing fermé dans ses bras. Rhaenys, leur si intelligente et vive petite, avait quitté les jeux sur lesquelles Elia avait péniblement réussi à la focaliser pour se réfugier dans ses jupes.

-Ils ont enfoncé la porte, je nous avais barricadé à l'intérieur. J'avais espoir… Espoir de quoi je ne sais pas. Ils ont tentés de m'arracher Aegon. Je hurlait des supplications, des insultes, des ordres à Rhaenys pour qu'elle fuit ? En tous cas elle a couru et couru. Couru aussi vite qu'elle le pouvait vers l'endroit qu'elle jugeait le plus sûr : sous ton lit.

Elia ne va pas plus loin, pas en parole. Encore une fois la scène se rejoue sous ses yeux, tout autour d'elle. Les pleurs d'Aegon, ses propres cris dont elle ne parvient pas à distinguer les syllabes mais parfaitement le désespoir. Les miaulements furieux du chaton noir de sa fille et les hurlements de celle-ci. Papa. Papa. PAPA!

Papa qui ne vient pas. Papa qui est mort de la main de Robert Baratheon. Une mort que Rhaenys n'a pas comprise, bien trop jeune pour cela. Elle l'attendait encore. Mais Papa l'avait laissé depuis bien longtemps.

C'est un regard aussi hanté que les ruines du château maudit aux pierres pour toujours hurlantes qu'Elia pose sur Rhaegar. Sur celui qui était supposé chérir et protéger de sa vie une petite fille qui n'aimait rien de plus que voler dans ses bras et rêver de chevaucher un terrible dragon, un nourrisson qui était promesses faites chair et au plus adorable sourire édenté.

-Es-tu prêt à corriger tes torts ? Es-tu prêt à rendre justice à nos enfants, Rhaegar ?
Rhaegar Targaryen

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For true nature will be revealed
When does a comet become a meteor ? When does a candle become a blaze ?
When does a ripple become a tidal wave ? When does the reason become the blame ?

When does a man become a monster ?
Ce que Rhaegar avait cru, ou ce qu'il n'avait pas cru, n'avait pas su voir, ça n'avait aucune importance. Cela ne changerait rien à la souffrance qu'il avait causé par son irresponsabilité et son égoïsme.
Se retrouver face à Elia à cet instant était un supplice autant qu'un soulagement. Elle n'avait en rien mérité son sort, pas plus que leurs enfants et si les Fidèles de Trios l'avaient ramené, il en était évidemment soulagé, heureux.
Mais la mélodie de ce soulagement se teintait évidemment de la gravité propre à la culpabilité, quand il songeait à leurs enfants, quand il songeait à la mort de sa première épouse dont elle devait subir le souvenir...

La brutalité et la violence de ses paroles, il ne pouvait que l'accepter, la subir. C'était là sa punition, c'était là la seule chose qu'il pouvait faire, et Rhaegar s'y soumettait, malgré la douleur de voir l'âme pure, la gentillesse d'Elia être souillée par ses actions. Une autre chose qu'il avait détruite vraisemblablement...
Cependant, si le prince déchu acceptait volontiers les coups qu'il percevait comme sa punition, l'accusation d'Elia lui fit mal, et lui parut outrageusement injuste.
Ce fut la seule fois où il redressa la tête vers sa première épouse, la seule fois où l'étincelle de reproche vint jouer dans ses prunelles indigo. Il pouvait accepter tous les reproches et les encaisser mais celui-ci, il le refusait.

« Tu connais très bien la réponse à cette question, Elia. »

Sa voix se brise, à l'image d'une failure dans une musique, une seule note, si brève, si imparfaite mais qui pouvait obséder un esprit avec tant de ferveur. Peut-être n'en avait-il pas le droit après toute la souffrance qu'il avait causé, mais il se sentait blessé d'une telle accusation. Le pensait-elle vraiment ?
Il aurait voulu croire que non, mais il ne connaissait plus la femme qui lui faisait face, elle n'était plus l'épouse dévouée et pleine d'affection, de gentillesse pour lui, elle était cette femme bafouée, cette épouse humiliée et cette mère détruite qu'il avait créé... Rhaegar ne pouvait plus prétendre savoir ce qui hantait son esprit.

Ou peut-être le savait-il mieux qu'il ne le pensait... Il baisse de nouveau les yeux quand elle parle de leurs enfants encore, quand elle parle de leur sort. Il pouvait sans mal imaginer avec horreur la voix de sa fille l'appelant, les pleurs d'Aegon et la violence, la brutalité qui avait été jouée durant les derniers instants de leur vie...
Il ne se le pardonnerait jamais. Non, jamais. Rhaegar n'a pas besoin d'entendre Elia continuer, il sait pourquoi elle s'arrête finalement, il sait déjà, il sait évidemment et il n'a pas besoin qu'elle continue...
Le prince déchu sent un nœud douloureux se créer dans sa gorge, se poursuivre dans ses entrailles, et le sentiment s'amplifie lorsque le regard hanté d'Elia se pose sur lui. Oh, hanté n'était même pas un mot aussi fort, Rhaegar n'était même pas certain qu'un mot convienne...
Il ne s'en détourne pas cependant, il ne peut pas lui faire l'affront de ne même pas pouvoir soutenir son regard.
Cependant, ses interrogations le laissent sans voix. Rhaegar observe l'épouse qu'il a un jour tant adoré, à qui il avait prêté serment de la protéger et qu'il avait pensé tenir contre vents et marées...
Un instant, il fronce un peu les sourcils en l'observant en retour, le silence étendant sa mélodie pesante sur eux.

« Justice ? Qu'est-ce que tu as en tête, Elia ? »

S'il voulait rendre justice... Y'avait-il seulement une justice pour ce qui avait été fait à Aegon et Rhaenys ? À Elia également ? Des innocents, que Tywin Lannister, son petit pantin, et son propre père avaient condamné, massacré...
Qui devait payer au juste, alors qu'il y avait tant de coupables, à commencer par lui...
by CrimsonTulip


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Une part d'elle meurt d'envie de s'excuser auprès de Rhaegar, de lui dire que bien sûr elle n'en pense rien. Que sur tout ce qu'elle peut lui reprocher jamais elle ne pourra remettre en doute l'amour qu'il a porté à ses enfants. Mais c'est une bien petite part comparé au reste. Alors elle la princesse de Dorne ne recule pas et soutient le regard emplis de reproches de celui qui a été le père de ses enfants. Elle se tordra de culpabilité et de remords plus tard.

Pendant un long moment dans le silence leurs regards se croisent. Elia se doute qu'il ne s'attendait pas à une telle suggestion de sa part. Il n'a connu que la douceur printanière du soleil d'elle. Il ne sait pas à quel point elle peut ressembler à son frère. Il ne va pas tarder à l'apprendre.

-C'est simple, Rhaegar, je veux venger nos enfants. A défaut de pouvoir à nouveau les serrer dans mes bras et les chérir dans cette vie, je veux que ceux qui les ont si lâchement massacrés payent. Puisque la justice humaine n'a pas été rendue et que je n'ai plus aucune foi en celle des dieux, j'espère que leur père saura accomplir son devoir.

Même s'il y a déjà cruellement manqué. Cela elle le passa sous silence. Il n'y avait pas besoin de mots pour que la pensée se fasse entendre.

Jamais l'Elia du passé n'aurait demandé une telle chose. Jamais elle n'aurait appelé à la vengeance. Un oeil pour un oeil, une dent pour une dent. Le sang pour le sang. Mais la mort change un être, et Elia Martell princesse de Dorne n'a que trop connu la perte.

-Si j'en avais la force, crois bien que je ne te le demanderai pas Rhaegar. Je prendrai une lame et j'irai chercher les têtes de ces monstres moi-même.

Elle secoue la tête, aussi dépitée que résignée. Elle ne pourra pas lever la lame elle-même, elle le sait. Mais elle ne compte pas rester sur le côté ou être inactive. Elle a son rôle à jouer, une justice à rendre. Et elle compte bien rassembler les lames pour en appliquer la sentence. La lance de son frère est déjà à ses côtés.

-Tywin Lannister, pour avoir donné l'ordre. Gregor Clegane et Amory Lorch pour l'avoir exécuté avec zèle et sans hésitation. Robert Baratheon, pour s'être bien gardé de rendre justice ou de chercher à protéger les innocents.

Elia avait longuement réfléchit à sa liste de noms. Au fait qu'elle voulait ces quatre têtes spécifiquement, pas celle de leurs filles ou fils, ni même de leurs compagnes ou adelphes. Elle ne ferait pas couler le sang des innocents. Elle avait hésité pendant un temps quant à y inclure le nom de Jaime Lannister, elle avait vite décidé que le jeune chevalier ne méritait pas cela de sa part. Il avait commis bien des fautes, mais il n'était pas responsable de la mort de ses enfants ou même de la sienne. Et la princesse s'était déjà promis de ne pas faire porter la faute du père sur sa descendance.

Le masque de dureté n'est plus sur les traits de celle qui fut autrefois l'épouse de Rhaegar. Il ne reste que la douleur et la détresse d'une mère. C'est une supplique muette dans les yeux sombre d'Elia qui accueille le regard violet de Rhaegar alors qu'elle se lève pour lui faire face. Et c'est avec une douceur déchirante qu'elle prend les mains du prince, les serrant dans les siennes jusqu'à ce que la couleur quitte autant la peau d'albâtre que celle de bronze.

-Je t'en supplie, Rhaegar. Par pitié…

Ne laisse pas nos enfants pleurer seuls dans l'Au-Delà sans pouvoir trouver le repos.

Ces derniers mots ne sortent pas de la voix tremblante d'Elia, ils se lisent dans ses yeux alors qu'elle se brise.
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