❝ my tears are always frozen ❞ ft. Myrcella Baratheon

Jocasta de la Maison Lannister était la souveraine légitime de l'Ouest mais il semblait que ce fait ne soit pas reconnu. Son oncle occupait toujours ce poste car dès qu'elle était revenue à la vie, elle était revenue à Castral Roc et elle avait menti. Elle avait menti à son oncle, elle avait prétendu qu'elle n'était jamais morte et elle le disait à qui voulait l'entendre, elle assurait qu'elle avait été captive et quand on lui posait davantage de questions sur sa captivité, elle disait ignorer ce que ses ravisseurs lui voulaient, elle disait qu'elle avait porté un enfant et que c'était pour cela uniquement qu'elle était en vie mais que cet enfant n'avait pas vécu, il était mort-né. Elle mentait, elle était morte avec son enfant, elle était morte alors même que son ventre n'avait pas commencé à s'arrondir et cela, tous l'ignoraient. On plaignait la pauvre Jocasta de la Maison Lannister, on pleurait pour l'enfant de la Perle du Roc et elle continuait à débiter ses mensonges avec son doux visage, son faciès enfantin qui inspirait la confiance. Qui se doutait de ce qui trainait dans son esprit façonné par une solitude constante dans son enfance ?
Cependant, cela ne suffisait pas. La guerre menaçait en raison de la reine Visenya Targaryen et Tyrion Lannister, troisième du nom, continuait de lui dire qu'ils ne pouvaient pas entamer une passation de pouvoir dans ces conditions. Il assurait qu'il lui rendrait son titre quand la paix reviendrait mais Jocasta savait que cela pouvait prendre des années et qui la trouverait encore légitime quand elle aurait vécu des années dans son ombre ? Ne l'avait-elle pas déjà fait toute sa vie ? Elle était née au sein du Roc mais elle était encore jeune lorsque l'épidémie avait emporté ses grands-parents, ses parents, son frère mais aussi sa tante. Elle avait grandi confiné, seule pour ne pas tomber malade et lorsqu'elle était sortie de confinement, à l'âge de quatre ans, elle était déjà suzeraine des Terres de l'Ouest et il ne restait, de sa famille, que l'oncle qui l'avait élevé. Il avait été son régent, il avait régné en son nom jusqu'à ce qu'à l'âge de quatorze ans, elle soit envoyée dans le Bief pour se marier. Puis à l'âge de seize ans, sa majorité atteinte, elle était revenue à Castral Roc pour prendre son rôle de suzeraine avec son époux à ses côtés. Seulement, elle était encore novice, elle apprenait et son oncle l'avait conseillé. Elle ne s'en rendait pas compte en ce temps là mais déjà, elle était dans son nombre quand bien même elle détenait réellement le pouvoir. Puis, à dix-huit ans, elle était repartie pour Villevieille car le décès du suzerain, frère ainé de son époux Donnel, les avait forcé à repartir pour qu'il puisse gouverner ses terres. Alors Tyrion avait repris la régence de l'Ouest en son absence et une fois de plus, on lui avait retiré son pouvoir.

Dans le Bief, la jeune Jocasta avait eu une influence sur son époux que nul n'avait remarqué, pas même le concerné. Elle avait grandi seule, elle n'avait jamais eu d'enfants de son âge avec qui jouer, ni quiconque près d'elle. Elle avait plus vite appris à manipuler les autres qu'à cohabiter avec eux. Ainsi, elle avait su quoi dire, de manière si innocente, pour qu'il en vienne à penser ce qu'elle voulait, qu'il agisse comme elle le voulait en croyant qu'il avait encore son libre-arbitre et qu'elle n'influençait pas chacune de ses décisions. Elle l'avait encouragé à croire que sa mère avait une trop grande influence pour qu'il l'envoie à Rougelac et qu'elle puisse continuer de l'influencer sans rivale puis elle l'avait encouragé à faire preuve d'intolérance religieuse car elle avait cru qu'ainsi, lorsque le Bief manquerait d'hommes et d'argent, elle pourrait faire venir les hommes de l'Ouest et leurs ressources et agir comme sauveuse. Cela avait toujours été son intention, elle avait désiré montrer qu'elle était capable de qu'on ne cesse de la voir pour la délicieuse enfant qu'elle était. Car on disait d'elle qu'elle était douce, délicate, gracieuse et innocente, elle était cultivée et intelligente mais elle ne prenait pas trop de place, elle charmait sans être dans la séduction et elle cultivait une image d'elle parfaite. Elle était parfaite et lisse, à l'image d'une perle. La Perle du Roc.
Cependant, la Lannister avait vu son époux mourir et elle était morte peu après, alors qu'enceinte, elle cherchait à retourner sur ses terres natales. Mais comment admettre qu'elle était morte ? On usurpait sa position de suzeraine alors même qu'elle était supposée n'être jamais morte mais si le monde savait, personne ne voudrait qu'elle redevienne suzeraine s'ils connaissaient la vérité. Alors même les personnes les plus proches d'elle ignoraient la vérité. Tout comme ils ignoraient qu'elle avait rendu visite à la reine Visenya Targaryen pour ployer le genou, promettant de lui offrir les armées de l'Ouest si elle l'aidait à reprendre son pouvoir. Donc elle se montrait patiente et elle charmait, elle s'assurerait la sympathie de quelques seigneurs en espérant qu'ils la suivent quand le moment viendrait.

Ce matin, comme chaque matin, elle s'était éveillée dans son lit et elle en était sortie en s'étirant. Elle avait ouvert les rideaux qui empêchaient la lumière de pénétrer dans la pièce et elle avait humé l'air frais, celui qui lui rappelait qu'elle était en vie, que la mort était derrière elle mais aussi devant elle, loin devant.
La petite lionne demanda à ce qu'on fasse venir sa seule dame de compagnie, celle qu'elle avait pris parce qu'elles partageaient le même sang, malgré les siècles qui avaient séparés leurs existences. Puis en l'attendant, elle prit place face à sa coiffeuse, face à son miroir et se saisit de sa brosse pour commencer à démêler ses longs cheveux blonds d'or. Les piques passaient à travers ses mèches, défaisant leurs boucles naturelles. Elle releva la tête en voyant la porte s'ouvrir et un sourire étira joyeusement ses lèvres.

« — Lady Myrcella ! Approchez, votre aide me sera précieuse pour revêtir ma robe. Et pour la choisir. »

Elle posa sa brosse pour se relever et vint prendre la main de l'autre blonde pour la tirer avec elle, l'amener vers son armoire et ouvrir celle-ci pour dévoiler les nombreuses robes qu'elle y gardait. Elle menait Myrcella avec elle comme elle l'aurait fait avec une amie mais en vérité, de toute sa vie, la jeune Lannister n'avait jamais eu de véritable amie.

« — Quelle couleur devrais-je choisir aujourd'hui ? »