Desmera l'avait appris depuis plusieurs jours et désespérément, elle cherchait sa fille, désespérément, elle voulait la voir. Il le fallait. La mère voulait retrouver son enfant. Elle se souvenait combien elle avait pleuré ceux qu'elle avait perdu trop tôt. Elle n'avait pas su sauver sa fille, Mina, et cela elle ne se le pardonnait pas. Elle était hantée par cette enfant qui n'avait pas assez vécu, elle était hantée de la même manière par Joanna qu'elle avait laissé partir loin d'elle. Elle avait trop aimé ses enfants pour son bien, particulièrement ses filles car elle savait combien le monde était cruel et dangereux envers les femmes.
Et Baleria, sa sauvage enfant, était là mais elle ne pouvait la trouver. Where are you, child? se demandait-elle depuis qu'elle appris la nouvelle. Pourquoi se cachait-elle d'elle ?
Même lorsqu'elle se rendait près de ses appartements, même lorsqu'elle attendait des heures durant devant la porte pour savoir si elle allait en sortir ou revenir, elle ne la trouvait pas. Lui avait-on menti ? Se pouvait-il que sa belle Baleria ne soit pas véritablement là ?

Ce matin, la Redwyne était déterminée à la voir, à la retrouver. Ce petit jeu avait assez duré. Elle ne permettrait pas à sa fille de lui échapper plus longtemps, il fallait qu'elle la voit, qu'elle la serre dans ses bras une nouvelle fois. Alors il était encore tôt, l'aube était à peine là lorsqu'elle quitta les draps de son lit et qu'elle laissa Tyrion seul au cœur de celui-ci. Elle mit une robe de chambre pour couvrir sa chemise de nuit et s'assura que la longue tresse que tenait ses cheveux bruns en arrière était toujours en ordre avant de quitter les appartements qu'elle partageait avec son époux. Elle traversa les couloirs du Roc, le son de ses souliers frappant contre la pierre à chacun de ses pas semblait résonner à l'heure où tous dormait encore. Elle croisa peu de figures connues si ce n'était celle de la petite Targayrenne pour laquelle Tyrion s'était pris d'amitié qui s'enfuyait vers les écuries en frôlant les murs.
Puis, elle parvient devant la porte de la chambre qu'on lui avait dit être celle de Baleria. Elle prit une grande inspiration et frappa sans savoir à quoi s'attendre, sans connaitre la raison qui poussa sa fille à l'éviter. Elle craignait que sa fille en soit venue à la détester pour une raison qui lui échappait, elle redoutait plus encore qu'elle s'en veuille de quelque chose, quelqu'en soit la cause, et que sa culpabilité l'empêchait de venir. Mais pourquoi ? Elle était sa mère, elle l'avait toujours aimé inconditionnellement et aujourd'hui ne faisait pas exception. Il n'y avait rien que l'un de ses enfants puissent faire qui la pousserait à les haïr.

Son cœur se mit à battre plus vite quand elle entendit la voix de sa dernière fille à travers la porte. Elle était bien là, bien vivante et quand elle ouvrit la porte, quand son regard se posa sur sa longue chevelure de blé, ses yeux se remplirent de larmes de joie et d'émotion.

« — Baleria ? »

Elle observa, dans le miroir auquel elle faisait face, le visage qui s'y reflétait. Il était juvénile, il était si doux et si beau. Elle était si belle sa fille. Ou peut-être n'était-elle pas objective car on disait que chaque mère trouvait ses enfants plus magnifiques que les autres et Desmera ne faisait pas exception.

« — J'ai appris... Cela fait des jours que je te cherche... »

Elle souffla avec soulagement mais elle n'osait trop avancer, elle ne voulait pas la brusquer quand son plus grand désir était de se précipiter pour la serrer dans ses bras si fort, tellement fort qu'elle pourrait l'en étouffer.