Accalmie — Second moon of the year 874 La pluie martelait la terre avec force quand Argella s'était levée à l'aube, comme tous els jours depuis une lune entière. Elle n'avait loupé aucun jour de son entraînement, ignorant la fatigue, les blessures qu'elle infligeait à son corps ou les conditions climatiques si particulières des Terres de l'Orage. Ce matin là, d'ailleurs, lendemain d'un jour annonciateur d'un cauchemar que l'ancienne princesse avait espéré ne plus connaître, la colère habitait ces traits. Des traits plus durs que le fer qu'elle portait à sa ceinture. Ignorant les bruits annonciateurs du torrent qui s'abattait sur la région, l'orageoise enfila son pantalon d'un bon par dessus sa chemise en coton épais, ajusta sa tunique bleue nuit et boucla sa ceinture comme nombre de jeunes soldats le faisait. Elle avait espéré faire disparaître la lady Durrandon derrière cet uniforme rigide, nouant ses longs cheveux bruns en une tresse épaisse qu'elle nouait systématiquement en un chignon strict.
Le soleil faisait lentement son apparition quand la jeune femme s'était agenouillée au pied de son lit pour prier les Sept comme tous les jours depuis qu'elle était revenue à la vie, trois lunes auparavant. Ses lèvres se mouvaient lentement malgré ses yeux clos, articulant quelques prières pour une vie meilleure, la santé, la prospérité et la protection. Tant de mots qui ne faisaient pas toujours sens mais qu'Argella prenait systématiquement le temps de prononcer dans son esprit. Quand elle se releva, la brune tourna les talons, enfilant ses bottes avant de ranger sa dague dans son fourreau, soupirant tout bas. Bientôt, elle risquait d'être à nouveau seule entre les murs de ses appartements, personne ne siégerait plus à sa gauche, comme une figure rassurante qu'elle avait été si heureuse de retrouver et pour cela, elle blâmerait uniquement Visenya de la maison Targaryen.
La maison du dragon lui avait tout pris auparavant. La lady avait cependant accusé le destin et l'arrogance de son père pour cela. Argilac était le seul a blâmer pour ces échecs et pour sa mort également. Quand Orys quittait leur lit pour combattre, au loin, Argella blâmait Dorne, et quand il était parti pour accomplir sa vendetta si loin d'elle, la lady suzeraine avait cessé d'accuser le monde entier pour ce qui semblait être sa propre erreur. Son époux l'avait quitté pour trouvé sa mort et leur amour n'avait pas suffit à le convaincre de rester à ses côtés. Cette fois, rien d'autre que la nostalgie et l'amour fraternel appelait l'homme au loin et pour cela, celle qu'il avait épousé il y a si longtemps dans le passé se sentait trahie. Elle savait pertinemment que tout cela était ridicule, qu'elle ne pouvait comprendre la puissance de l'affection d'un frère pour une sœur, elle qui avait grandi seule héritière de son père. Sa jalousie l'étouffait presque et l'orageoise sortie de ses appartements pour fuir.
Elle trouva rapidement une pluie plus fine qu'elle ne pensait et seul le vent dérangeait réellement la jeune femme. Ses pas la guidait vers la place d'entraînement et quand la Durrandon y fut, elle se mit à courir en cercle sans s'arrêter. Ses foulées s'allongeaient et pour la première fois, la douleur qu'elle ressentait dans ses jambes lui semblait libératrice. Argella avait besoin de ce moment, remède étrange qu'elle n'avait jamais connu dans ses moments de doute, ne s'arrêtait que quand son corps brûlant lui intima de cesser. Sa main tira ensuite sa dague avec force et elle travailla un enchainement de mouvement qui lui permettait de garder sa garde serrée, un problème qu'elle rencontrait encore bien trop souvent. Elle était faible et manquait encore trop souvent de spontanéité à son goût, deux choses qu'elle essayait de travailler également, seule, aussi souvent que possible.
Pourtant, son attention fut rapidement détournée par le bruit familier des sabot d'un cheval et par chance une brève accalmie, que la lady n'avait point remarqué, fit son apparition. Elle porta alors son attention sur le cavalier, remarquant enfin que le soleil s'était lentement levé pour offrir quelques éclaircies. Argella approcha alors, rangeant sa dague pour ne pas effrayé ni l'animal, ni ce qui semblait être sa cavalière.
"Good morrow, my lady. May I be of service?"Il arrivait que l'orageoise ne fasse plus attention à ses tournures de phrases. Elles sonnaient comme une série de paroles venues d'un autre temps, celui où Argella de la maison Durrandon était une princesse de ces terres, espiègle et intrépide. Le temps et l'âge avait su calmer ses traits de sa personnalité, ne laissant derrière lui qu'une femme sérieuse et droite. Son visage, d'ailleurs, loin d'être froid, démontrait une certaine méfiance. Les seuls trajets hors de la forteresse qu'effectuait la jeune femme consistaient en un parcours soigneusement établi. La matristère était souvent un endroit où elle aimait se rendre, priant avec les religieuses au silence d'or. Parfois, elle chevauchait jusqu'aux Bronzes avec son père ou dans le Bois du Roi.
"It is quite early, do you have things to do with the lady Elenda?"