「golden brother, fear no more」(ft. Lucerys)

La chute de Lucerys Velaryon avait déclenché une guerre et depuis qu’il était revenu à la vie, Luke n’avait eu de cesse d’y penser. Premièrement, parce que les circonstances de sa mort étaient sources de traumatisme qui ne quittaient pas le jeune prince quand il fermait les yeux. Deuxièmement, parce qu’il regrettait d’avoir échoué à sa mission et que son échec ait entraîné un véritable bain de sang. Daemon et Rhaenyra n’avaient eu de cesse de lui dire qu’il n’y était pour rien, qu’il avait accompli son devoir et qu’il avait été courageux mais Luke, bien que tenté de croire en leurs douces paroles, ne possédait pas une confiance en lui assez élevée pour penser cela de lui-même pour l’instant. Il s’accablait perpétuellement comme il l’avait toujours fait. Il remerciait les Sept de ne pas l’avoir fait naître en premier, quel piètre héritier il aurait été. C’était déjà beaucoup trop d’avoir eu le titre de seigneur de Lamarck.

Assis dans la pièce principale de Peyredragon, s’évertuant à écrire une lettre, Lucerys fut tiré de ses rêveries et de sa concentration par une démarche familière mais qu’il s’était refusé d’espérer entendre. Luke avait retrouvé Daemon et Rhaenyra, ainsi qu’Aegon et Baela mais il avait essayé de ne pas se faire de faux espoirs, se considérant déjà chanceux d’avoir retrouvé un frère, une sœur et ses parents, une seconde chance quand il pensait que Jace en méritait une bien pus que lui.  Cependant, il ne pouvait ignorer ce son si familier de son unique frère ainé. Luke ne releva cependant pas la tête. Non, il ne pouvait espérer.

Le Velaryon fut surpris dans une étreinte et c’est là qu’il fit face à la réalité. La voix de son frère… Ses bras… Les yeux clos, Luke serra Jace en retour, les larmes dévalant ses joues alors qu'il s'accrochait à lui. Luke et Jace avaient un lien particulier car ils avaient fait face aux mêmes insultes, aux mêmes événements, aux mêmes obstacles. Ils étaient proches en âge et avaient grandis ensemble. Jacaerys avait été le premier ami de Luke et un véritable modèle de courage qu’il ne pouvait égaler. Luke n’enviait pas son frère pour être tout ce qu’il n’était pas, il l’admirait. Lucerys avait grandi depuis, il dépassait son frère puisqu’étant revenu à la vie avant lui et ayant passé du temps dans les terres de Westeros avant de rentrer. Cela le fit rire dans ses larmes.


« — Espèce de quoi ? Choisis soigneusement tes mots, je suis plus grand que toi maintenant. »

Avait-il dit de façon amusée en reniflant, se laissant de nouveau aller dans les bras de son aîné, le serrant comme si sa vie en dépendait. Leur dernier échange n'avait pas été cordial, s'étant soldé sur Jace lui criant dessus sur la plage mais jamais Luke n'en avait voulu à son aîné pour ce moment s'étant dit qu'il avait beaucoup de pression sur les épaules.

« — Et bien je n’avais pas prévu qu’Aemond et Vhagar soient là, la fois-là. J’ai échoué. Si j’étais rentré, j’aurais apporté avec moi la sombre nouvelle que les Baratheon ne se rangeraient pas de notre côté. Jace, tu as toujours été le meilleur de nous deux. Et toi plus que personne méritait de respirer à nouveau aujourd’hui. »

Un doux sourire était apparu sur son visage, les yeux clos face à son baiser sur le front.


« — Tu m’as manqué aussi, si c’est ce que tu voulais dire par tes menaces. Je m’étais interdit d’espérer ton retour, car cela aurait été trop douloureux d'espérer et que tu ne viennes jamais. Je suis plus qu’heureux de te revoir, Jace... J'avais besoin de toi. »

Lucerys renifla une énième fois et essuya les larmes sous ses yeux, un sourire aux lèvres et vint poser une main sur son épaule.

« — Tu as du temps devant toi ? Je ne suis pas rentré tout de suite à Peyredragon car je pensais être le seul à être revenu. J’ai vécu comme un vrai nomade et j’ai rencontré deux personnes dont il me tarde de te parler. Et toi, Jace ? »

« — Je préfère ça, manant. Votre prince peut désormais vous terrasser ! »

Les rires s’échappaient des lèvres de Lucerys et Jacaerys Velaryon qui, pendant quelques instants, étaient comme autrefois : deux enfants à rire de tout et de rien. Luke savait que la conversation prendrait un tournant plus dramatique bientôt mais pendant un moment, rien qu’un moment, il ne se souciait de rien d’autre que de s’amuser avec son unique frère aîné.  Tout deux avaient très vite étaient privés de l’enfance, on leur avait rapidement demandé de grandir, de prendre leurs responsabilités. Jacaerys était l’héritier de Rhaenyra en tant que futur roi de Westeros. Lucerys était l’héritier de Lord Corlys en tant que futur Seigneur de Lamarck. Des procès de légitimité avaient eu lieu très tôt. Les deux étaient devenus des enfants avec des esprits d’adultes. Puis, ils étaient morts rapidement, privés à la fois d’enfance et d’âge adulte.

Leur étreinte était littéralement entrain d’apporter de la lumière et de la chaleur à l’esprit de Luke qui fut bien meurtri de ne pas voir Jace passer les portes de la maison pendant des lunes – se retrouvant confronté à ce que son frère avait pu vivre quand lui était parti rejoindre les Sept. Luke posa ses mains sur les poignets de Jace, plongeant son regard ambré dans celui de son frère. Les émotions ne cessaient de fluctuer. Lucerys était à la fois profondément heureux de retrouver Jace et triste de voir son frère dans ce genre d’états. Alors que ce dernier parlait, il ne put retenir quelques larmes de couler – ayant toujours été le plus émotif de toute façon.


« — Je ne te pardonne pas, Jace. Parce qu’il n’y a rien à pardonner. Cette idée a aussi été la mienne… Tu n’es pas responsable de ce qui est arrivé. Je suis désolé, tu sembles t’être torturé avec cette pensée pendant un long moment. Je ne suis mort qu’à cause de Vhagar. Pas à cause de maman, pas à cause de toi, pas à cause de qui que ce soit. Je suis moi-même désolé de ce que ma mort a engendré Jace… Je n’ai jamais voulu qu’aucun de vous ne meurt dans une guerre qui a été lancée après ma perte, souffla Lucerys sur un ton tellement désolé et rempli d’émotions. Tu as toujours été meilleur que moi, et j’en suis fier. Je suis fier de qui tu es. Et j’aimerais être plus comme toi. Moi je n’ai pas tenu un après-midi sans que tu sois à mes côtés. »

Mine de rien, Lucerys semblait souffrir de dépendance affective. Le jeune Velaryon adorait tellement ses proches qu’il lui était difficile d’imaginer un avenir sans eux, un passé sans eux. Luke se dévalorisait beaucoup dans ses paroles. Il avait tout de même été capable de vivre comme un nomade pendant des lunes !


« — Tu sais. Quand je suis revenu, ça a été dur. Mourir le premier m’a offert l’avantage de ne pas vous perdre. Je n’ai jamais connu, hormis Laenor et Visenya, le deuil. Je ne savais pas ce que c’était de souffrir de la perte d’un frère, d’une mère… Je l’ai découvert en revenant à la vie. J’avais tout perdu. Pire encore, quand je suis rentré à Peyredragon et que j’ai retrouvé Mère et Père, tu n’étais pas là. Cela me semblait impossible. Nous avions toujours été toi et moi ? Dans quel monde ne le serait-on plus ? C’est là que j’ai imaginé ce que toi tu avais pu vivre et…  C’est insoutenable. Je t’ai tellement pleuré, Jace.  »

Les aveux. Lucerys avait offert à sa mère l’espoir de retrouver Jace lors de leur longue conversation entre les pierres froides de Peyredragon, mais lui… Lui il n’avait pas eu cet espoir. La vie avait été trop cruelle avec lui maintes fois pour qu’il s’y accroche. Et aujourd’hui, il était récompensé comme si le destin faisait machine arrière pour lui offrir plusieurs secondes chances : celles de vivre, et par-dessus tout, de vivre en même temps que sa famille.

« — Nous nous sommes quittés en mauvais termes en effet, mais que seraient des frères sans leurs lots de disputes quotidiennes ? Je ne t’en veux pas pour ce moment. Tu avais tellement de pression sur les épaules, et moi je continuais à avoir du mal. Tu as craqué. Mais je ne t’en ai pas tenu rigueur et je crois que ma dernière pensée, la toute dernière, fut pour toi.

Le jeune prince parlait évidemment de sa mort, lorsqu’il avait eu le temps de penser à une dernière personne avant de définitivement mourir.

« — C’est vrai, tu as besoin de moi ?  »

Lucerys avait toujours vu Jace comme quelqu’un de beaucoup plus fort que lui, qui ne souffrait pas d’autant de dépendance et de confiance en lui restreinte. Il fut ainsi surpris mais agréablement surpris. Cela réchauffait le cœur du Velaryon de savoir cela. Il resta volontiers contre Jace et il fronça légèrement les sourcils à ses prochains mots, comprenant qu’il parlait d’Harwin.

« — A peine arrivé et tu repars déjà ? Mais, je comprends. Tu as toujours été plus proche d’Harwin que moi. Je ne suis pas sûr d’être prêt à le voir tout de suite… Je l’aime bien, tu sais, mais je ne sais pas. Je l’ai finalement si peu connu que je ne m’en sens pas vraiment proche. J’ai peur que le revoir me fasse plus de mal que de bien. Je ne sais pas si tu peux me conseiller là-dessus ? »

Et le revoilà, ce petit Luke qui avait constamment besoin de l’avis de son frère. Un fin sourire prit ensuite place sur son visage. Il saisit l’avant-bras de son frère et courut avec lui plus en hauteur, là où ils pourraient admirer la vue de Peyredragon. Se mettant ensuite assis sur un banc de pierre, il regarda son aîné à la curiosité piquée.

« — J’ai probablement vu la quasi-totalité des régions de Westeros mais je me suis arrêté au Nord le plus longtemps. Winterfell est un endroit magnifique… C’est Romarn qui m’a emmené là-bas. C’est la première personne que j’ai croisé en revenant à la vie. Il a été si gentil et bon avec moi, patient même. Je l’ai suivi pendant des lunes, c’est un cartographe qui parcoure le monde ! Oh cette aventure était si bien, Jace. »

Les joues teintées de rouge en parlant de l’homme, Lucerys avait du mal à cacher ses sentiments, en particulier à Jace qui le connaissait par cœur. Et cela ne s’améliora pas quand il mentionna Talia.

« — Puis j’ai rencontré Talia Forestier. Une jeune femme au Nord, lorsque mon chemin me ramenait vers Peyredragon. Elle m’a laissé rester chez elle quelques temps. Elle est si douce, cultivée.  C’est elle qui m’a définitivement motivé à rentrer. Elle a réparé beaucoup de plaies ouvertes… Au sens figuré. Je leur dois énormément, à tous les deux. Ils sont vraiment spéciaux pour moi. »

Quelque chose pétillait dans son regard quand il parle de ces deux jeunes gens. Jace serait sans doute le premier au courant de tout ce qu'il se passait dans la tête de Lucerys actuellement.

Il ne l’avouerait sans doute jamais mais il n’y avait aucun membre de sa famille dont Lucerys était le plus proche que Jacaerys, son aîné. Ce dernier représentait tout pour lui, la moitié de son âme, la personne sur laquelle il s’était toujours opposé. Lorsque Rhaenyra avait placé ses obligations avant eux, et jamais il n’en voudrait à sa mère, c’est sur Jace que Lucerys avait pu compter. Ils avaient eu leurs bas, c’est vrai, mais ils avaient tout traversé ensemble. Jacaerys était bien plus que son frère aîné. Il était la personne à laquelle il se référait, et le premier visage qu’il voyait quand on lui parlait de frère. Le meilleur de ses amis ne serait jamais assez bien pour égaler l’amitié qu’il avait avec Jace. Si Jacaerys était le soleil alors Lucerys serait la lune qui avait tant besoin de l’astre de feu pour briller. Lucerys savait que Jace ne pourrait jamais rien commettre qui puisse l’amener à le détester. Il pouvait l’insulter de tous les noms, et même lui ôter la vie lui-même, et jamais il ne lui en voudrait, jamais il ne cesserait de l’aimer. Voilà la profondeur de l’attachement que Luke éprouvait envers Jace. Le retrouver… Cela avait été le plus beau des cadeaux et la plus douce des délivrances. Lucerys avait parlé de toute sa famille à Romarn et Talia mais il n’existait aucun nom qu’il n’avait plus prononcé que « Jacaerys ». Et là, dans ses bras, c’est comme si rien ne pourrait plus jamais l’atteindre ou comme s’il pouvait à nouveau rendre l’âme puisqu’il avait retrouvé sa zone de confort.

« — Alors tu es un idiot si tu penses que les actions d’Aemond Targaryen sont de ton fait. Tu avais ta propre mission. Tu n’aurais pas pu me protéger. Et encore moins face à son château fort qui lui servait de dragon.  »

Un sourire amusé finit par prendre place sur son visage, non pas à cause de la gravité de ses paroles mais à cause du fait qu’il venait de l’insulter d’idiot. Une chose commune entre frères mais dont Lucerys s’octroyait le droit. Il ne laisserait personne porter la même insulte à son aîné. Lucerys hocha la tête à la proposition de Jace, sachant que son aîné avait raison. Ils étaient incapables de s’en vouloir mutuellement et incapables d’accepter les stupides excuses que chacun déblatéraient.

« — Quel genre de choses ? Je suis bien curieux de le savoir. Parce que je ne vois rien que je pourrais savoir et que toi tu ne pourrais comprendre , dit doucement Lucerys dans un souffle en penchant la tête lorsqu’il sentit la main de Jacaerys venir caresser sa mâchoire bien plus dessinée aujourd’hui qu’auparavant. Et bien j’espère que ce temps durera. Je ne pense pas être prêt à te laisser partir pour le moment. Je n’imagine pas une vie sans toi.  »

Lucerys n’était qu’un adolescent quand il est mort et il était revenu en tant que tel. Il n’était pas étonnant alors de voir sa réticence à imaginer une vie sans que son frère n’habite le même château. Bien sûr, il savait que c’était une perspective possible, et même probable. Mais, il était trop tôt pour Lucerys Velaryon pour accepter cette idée. Jace avait déjà vécu sans Lucerys mais Lucerys avait à peine vécu sans Jace. D’ailleurs le cadet des Velaryon se trouvait particulièrement énervant quand il parlait ainsi mais il ne pouvait pas s’en empêcher.

« — Cela m’apporte du réconfort mais… Waow ! Jacaerys Velaryon a demandé après moi avant de demander après « Dear, lovely, pretty hair and smile, and shiny eyes Baela » ? Je vais m’en vanter jusqu’au jugement dernier des Sept. »

Un rire taquin s’échappa de ses lèvres qui savait que leur sœur adoptive était un des points faibles de Jace, avant qu’il ne sourit plus tendrement en entendant tout le reste. Il ne put même pas empêcher ses yeux d’être brillants et il essuya le coin de ceux-ci du revers de la main en espérant ne pas trop avoir été vu.

« — J’ai demandé après toi aussi en premier, auprès de Mère, quand je suis retourné à Peyredragon. Et je lui ai dit que j’aurais souhaité que ce soit toi qui lui soit revenu au lieu de moi. Je donnerais mille fois mon âme pour que la tienne vive. Le monde a décidé que nous ne serions pas de jumeaux parce qu’il savait que nous étions de toute façon assez têtus pour nous considérer comme.»

Le jeune prince fut d’accord de ne pas s’attarder sur les tristes souvenirs déjà évoqués et désormais derrière eux. Lucerys pourrait en parler des heures, de ses regrets, du passé, de ses peines. Il fallait bien que quelqu’un le stoppe dans la rumination de tout ce passé. Jace était l’un des seuls à pouvoir le ramener à la raison. Il avait toujours su faire avec Luke après tout. Lucerys haussa les épaules. Il ne savait pas si le qualifier de « bon » était le mot le plus juste. Mais il n’argumenta pas.

« — C’est que, j’ai toujours pensé que j’avais plus besoin de toi que tu n’avais besoin de moi. Tu es si… Indépendant, si fort, si courageux, Jacaerys se rendrait peut-être compte maintenant plus que jamais, à quel point Lucerys le tenait haut en estime avec ces mots. Main du roi ? C'est... Enormément d'honneur. Jacaerys Ier Targaryen et sa main, Lucerys, Seigneur de Lamarck. Nous aurions pu faire une paire hors du commun. Penses-tu que j’aurais été de bon conseil ?  »

Lucerys se mit à y penser, à cette vie qui n’existait pas. Il se voyait revêtir les habits bleus des Velaryon avec une broche dorée en forme de main tenant une dague tenant une cape blanche, accrochée à sa tunique tandis que se tenait à ses côtés Jacaerys Ier des maisons Targaryen et Velaryon, revêtant une tunique rouge et noire, une tiare sur la tête et assis sur le trône de fer, probablement Baela à côté de lui et leurs enfants aux cheveux blancs ou bruns. Luke n’avait jamais eu pour vocation de régner, il l’avait dit à Corlys. Il n’aimait pas cette idée en partie parce que cela voulait dire qu’il avait perdu ceux qu’il aimait. Et désormais, il aimait également cette part de liberté qui lui serait refusée près du pouvoir. Mais, si Jace le lui demandait, il accepterait d’être sa main et de le soutenir tout au long de son règne. Jacaerys était pour Lucerys le frère que Daemon avait toujours recherché en Viserys.

Lucerys rit de bon cœur en sentant Jace et vint riposter en ébouriffant les cheveux ondulés de son frère. Puis il redevint sérieux et plongea ses yeux verts dans ceux de son frère. A son tour, Luke posa ses mains sur la mâchoire de son aîné et hocha la tête.

« — Je sais que c’est important pour toi. C'est pourquoi tu as tout mon soutien. J’aimerais même pouvoir t’épauler dans ce moment. Ce n’est pas juste que tu m’offres ton aide si un jour j’ai besoin de le voir alors que je suis aujourd’hui incapable de t’offrir la même chose car je ne suis pas prêt. Mais je te promets que si tu rentres dévasté, je me rendrais moi-même à Harrenhal.»

Peut-être était-ce parce que cela avait été l’un des principaux problèmes de sa vie passée, mais Lucerys ne voulait pas porter ce nom et voir Harwin, quand bien même il ne méritait sans doute pas d’être ignoré par son cadet, apporterait également un lot de souffrance que le jeune Velaryon n’était pas prêt à affronter. Et il admirait Jace d’être prêt. Ce que Lucerys savait c’est que jamais il ne porterait le nom de Fort, car c’était trop. Lucerys n’était pas un Velaryon, mais il n’était pas un Fort. Il était un Targaryen. Le fils de Rhaenyra Targaryen. Il ne voulait plus être un bâtard, il voulait être un dragon et seulement un dragon. Car avant d’être le fils de tel ou tel homme, il était le fils de l’illustre reine Rhaenyra. Lentement, il suivit Jace sur ce banc, venant poser sa main sur l’avant-bras de Jace, un grand sourire en contant ses aventures.

« —Romarn a fait preuve de patience pour que je m’améliore à l’épée et sache dessiner une carte. Ces aventures m’ont changé, je le pense, positivement. J’espère être moins faible grâce à cela. Mais ne m’envie surtout pas, tu retrouveras Baela. J’en suis sûr. Et tu auras ton lot d’aventure avec elle. Bien sûr, elle possède le caractère fort de notre père mais ce n’est rien qui ne soit hors de ta portée. Je le sais.  »

Lucerys hocha la tête. Même si Jace n’y croyait pas, lui, il y croyait. Baela et Jace, c’était inévitable. C’était… écrit. Luke savait que les Sept les réunirait sur le chemin d’Essos. Quand il devrait laisser derrière Talia et Romarn, son coeur se serrant si fortement à cette pensée, il ne doutait pas que les dieux compenseraient cette perte en envoyant Baela à Jace.

« — Je serais ravi de te les présenter Jace. Je pense que tu les aimerais bien. Nos parents savent mais… En partie. Mère sait pour Talia et l’a même rencontrée au tournoi. Père sait pour Romarn. Je… Je n’ai pas encore trouvé la force de leur dire que… Et bien que j’éprouve des sentiments amoureux pour deux personnes différentes entre lesquelles je me refuse à choisir. Une Lady du Nord de la maison Forestier, et un… Homme… apatride. Mais surtout, un homme. »

Luke l’avait enfin dit. Il venait de poser des mots sur ce qu’il ressentait pour les deux et Jace en était le premier témoin. En même temps, Lucerys l’aurait forcément dit en premier à son frère. Bien que les mœurs des Targaryen soient plus légers que les autres, Lucerys redoutait ces moments. Lui, celui que tout le monde appelait « l’innocent et doux Lucerys » se trouvait dans une situation bien paradoxale.