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Scénarios attendus
Lune 12, 875 AC. L'été est là, le petit peuple se réjouit alors que les seigneurs s'inquiètent à l'heure où un nouveau roi vient d'être couronné en la personne de Maegor I Targaryen.
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we're just two ghosts standing in the place of you and me (ft. Alysanne Targaryen)

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Rhaena répugnait à aller à Peyredragon. Harrenhal, malgré le long vécu catastrophique du lieu, était plus réconfortant et apportait un certain bien-être à Rhaena qui avait gentiment demander aux Grell de l'accueillir, en échange qu'elle fasse quelque chose pour eux. Ils avaient probablement acceptés à contrecœur, ou pris de court parce qu'ils ne venaient que très peu lui parler, et elle n'en demandait pas plus. En vérité, cela lui convenait très bien : qu'on la laissa seule dans sa tour ! Elle avait vécu ainsi la fin de sa vie, et elle était prête à vivre celle-ci de la même manière, loin des intrigues de Port-Réal, loin de sa famille. La famille qui lui avait manqué, avant de ne plus ressentir grand chose pour eux. Aujourd'hui, elle était mitigée. Si les Targaryen n'étaient plus au pouvoir, elle pouvait espérer autre chose pour ses frères et sœurs si elle venait à les recroiser ; elle pouvait espérer ne plus soucier de ce maudit royaume, ni des oeufs de dragon, ou de la religion. Ils pourraient juste parler, rire, peut-être passer le temps qu'ils n'avaient pas pu passer à l'époque. Elle désirait plus que tout retrouver ses filles, aussi. Peut-être était-ce même la seule raison qui la poussa à prendre contact avec Peyredragon, à demander s'ils savaient quelque chose à propos d'une de ses filles. Autant dire qu'elle fut refroidie par le fait que Visenya lui répondit, en se prétendant reine, et qu'elle l'informa que des personnes avaient déjà cherché Aerea, sans succès. Cependant, ce récit devait être raconté, et Rhaena désirait avoir une description précise de ce qui s'était passé, de ce qu'ils savaient. Ainsi, elle se rendit jusqu'à Peyredragon en serrant des dents.

Le monde était déjà étranger pour elle quand elle vivait dans la bonne époque, autant dire que c'était pire aujourd'hui. Elle avait voulu faire demi-tour et retourner au sein de la Tour de la Veuve, mais la Targaryen était une personne têtue et déterminée. Elle n'avait jamais cessé de chercher Aerea dans sa première vie, elle la chercha jusqu'à la retrouver morte à Port-Réal, jusqu'à devoir se résoudre à ne prendre soin que de sa chère Rhaella. Et même cela, elle ne le fit pas tellement. Elle visita sa fille seulement une fois par an et passa le reste de son temps enfermée, seule, à se ressasser le passé, à pleurer, et de temps en temps à parler seule. Cette fois-ci, elle devait garder la tête hors de l'eau, mettre sa fierté de côté et aller jusqu'à cet endroit qui lui avait tant pris. Le voyage fut long et pénible pour elle qui voulait écourter la rencontre, et quand elle se retrouva sur l'île, elle resta longuement devant l'enceinte de la demeure des Targaryen. Elle y avait sa place, c'était sûr, quand elle vit qu'il y avait des dragons, quand elle vit une chevelure argentée passer pour rentrer dans l'enceinte de la forteresse. Elle se demanda si Maegor était là, si cela n'avait pas été qu'un piège ─ mais si Maegor avait été là, les pêcheurs seraient terrifiés, Villevieille aurait déjà cramé et aux dernières nouvelles, ce n'était pas le cas. Comme tous ses autres maris, elle ne souhaitait pas revoir un tel homme, surtout pas après ce qu'il avait infligé à ses autres épouses.

Finalement, elle pénétra dans ce qui fut sa maison, et elle ressent immédiatement un froid. Elle ne voyait que des morts, ici. Elle entendait un rire qui l'avait trahi, en emmenant trois œufs de dragon, et elle ne sentait qu'une tristesse qui pesa immédiatement sur ses épaules. Pourtant, elle avança. La femme chercha du regard celle qui fut son ennemie, celle qui avait pris le rôle de reine, mais ne la trouva nullement. Elle se détendit un peu, elle devait être ailleurs et avec un peu de chance, elles ne se croiseraient pas. Mais qui pourrait lui donner les informations dont elle avait besoin sur Aerea ? Elle avait les prénoms des personnes qui l'avaient cherchée, à savoir Rhaenyra et Daemon, mais ignora où et comment les trouver. Commençant à râler et maugréer, elle se décida alors à chercher dans chaque recoin de Peyredragon. Et elle trouva bien rapidement quelqu'un, mais elle fut surprise de la reconnaître. Elle s'attendait à retrouver des inconnus, mais à la place, elle ne put que la reconnaitre instantanément. Elle avait un jours dit qu'Alysanne était Rhaenys et elle, elle était Visenya. Autant dire qu'elle ressentait une certaine amertume en repensant aux évènements, mais sa sœur était son sang, et elle l'avait aimée avant de se renfermer au monde. Si elle eut une certaine inquiétude en la voyant, son cœur se réchauffa un peu aussi. Lentement, elle s'approcha d'elle.

-Chère sœur, j'avais l'habitude de te voir plus jeune, mais on dirait que tu m'as rattrapée, sourit-elle en coin.
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WE'RE JUST TWO GHOSTS STANDING IN THE PLACE OF YOU AND ME
Tell the world I'm coming home
Let the rain wash away all the pain of yesterday
I know my kingdom awaits and they've forgiven my mistakes.
Alysanne avait décidé de rester le temps que Visenya n'était pas là, elle devait après tout s'acquérir une monture et assez d'argent pour traverser Westeros pour retrouver sa famille. Elle adorait Rhaenyra et se faisait une joie de retrouver Daemon, mais la chair de sa chair lui manquait terriblement. Quand elle voyait un sourire de Rhaenyra, elle ne voyait que le visage de Daella, une moue de Daemon et elle pouvait voir le fantôme d'Alyssa. Comme cet endroit, ils étaient aussi un constant souvenir de tout ce qu'elle avait perdu en venant ici. Parfois, elle se réveillait la nuit, persuadée d'avoir entendu le rire d'un de ses enfants, d'autres fois, elle se réveillait les joues humides et l'esprit rempli du cauchemar de la mort de ses enfants. Au creux de la nuit, elle se tournait dans son lit et sa main se posait sur le coussin en face d'elle, là où aurait dû se trouver Jaehaerys et son cœur se brisait une nouvelle fois. Vivre une vie sans lui était comme vivre à moitié ; il avait été le soleil de son existence, une autre partie de son âme et aujourd'hui, son cœur réclamait les morceaux qu'il lui avait pris. Alysanne souriait, mais en vérité, tout lui était douloureux dans ce nouveau monde et elle se sentait plus seule que jamais, à contempler les fresques pour y voir les miroirs de sa vie, à scruter les chroniques pour avoir ne serait-ce qu'un morceau des membres de sa famille. Elle avait toujours considéré son rôle de mère comme plus important que celui de reine et aujourd'hui, elle se retrouvait sans l'un ni l'autre et la vie lui semblait soudain vide de sens.

Elle trouvait ses quelques moments de calme et de sérénité à l'extérieur, loin des murs remplis de souvenirs et de fantômes. Après sa chasse et la pêche, afin de récolter un peu d'argent et des vivres, elle aimait être sur l'un des balcons du château. Sur celui-ci, on pouvait observer les montagnes aux alentours ainsi que le village en contre-bas et son activité grouillante. Ici, ses oreilles résonnaient du son des vagues et des bruissements des arbres, loin des cris et rires. Dans ces moments-là, elle fermait les yeux et s'imaginait quelques centaines d'années en arrière. Elle avait souvent résidé à Peyredragon lors de ses grossesses, car l'endroit était assez isolé pour être protégé et parce qu'il était loin de l'activité trop importante à Port-Réal. Elle avait perdu son premier enfant non loin de Peyredragon, après une tentative d'assassinat. Elle se souvient du sang qui avait commencé à couler, de ses hurlements et de ses mains qui s'agitaient pour empêcher le liquide de tomber. Tout cela avait été vain, quelques heures, plus tard, elle avait perdu l'enfant et Jaehaerys avait été furieux de rage et de tristesse. Ils avaient alors pris la décision commune que chaque fin de grossesse se déroulerait entre les murs de Peyredragon pour assurer sa sécurité. Sur ses treize enfants, seulement neuf avaient atteints l'âge adulte et elle avait même vu certains d'entre eux mourir avant elle. Elle n'oserait pas souhaiter ce sort à son ennemi. Dans cette nouvelle vie qui lui avait été offerte, elle avait l'impression de les perdre à nouveau. Elle avait envie de croire qu'ils se cachaient quelque part, mais elle avait peur d'espérer et de voir cet espoir mourir une deuxième fois avec eux.

Alysanne se leva pour retourner à l'intérieur, le soleil se couchant doucement à l'horizon offrant une lumière rosée à la pièce où elle se trouvait. Elle devait trouver où était passé Daemon et Rhaenyra pour leur demander une énième fois s'ils n'avaient pas d'informations sur d'autres Targaryens qui seraient revenus. Elle se dirigeait vers la porte quand celle-ci s'ouvrit aussitôt. Pendant un instant, elle se figea de peur que ce ne soit Visenya qui la surprenne et décide de la tuer en cet instant, mais sa surprise fut encore grandie quand elle croisa les yeux de sa soeur ; Rhaena. Elle resta un moment figée à l'observer ; de la pointe de ses cheveux argentés à la couleur si familière de ses iris. Rhaena, sa grande sœur était là et l'observer en retour. De peur que ce ne soit un fantôme que son esprit avait voulu redonner la vie, elle s'approcha et posa une main sur son épaule. Sous ses doigts, son corps était chaud, vivant et surtout, bien loin de la coquille vide qu'elle avait incarnée durant ses dernières années. Elle était là. La réalisation la fit prendre une courte inspiration avant de la prendre dans ses bras, respirant son odeur familière, les mains tremblantes. Quelques larmes coulèrent de ses yeux traîtres, Rhaena avait toujours été la plus forte des deux et était de sa famille, un espoir de plus pour elle de retrouver le reste des siens.

Alysanne recula d'un pas après un moment, essuyant ses yeux maladroitement, se sentant encore plus jeune qu'auparavant en face de sa soeur. Cette soeur qui était morte bien avant elle et qu'elle avait pleuré pendant des semaines après sa mort. Elle l'observa et lui offrit un sourire chaleureux et lui répondit d'une voix tremblante et pleine d'émotion ;

« — Tu m'as manqué Rhaena, terriblement. »

by CrimsonTulip


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we're just two ghosts standing in the place of you and me
But it's not you and it's not me, Tastes so sweet, looks so real, Sounds like something that I used to feel, But I can't touch what I see, We're not who, we used to be, We're not who we used to be, We're just two ghosts standing in the place of you and me, Trying to remember how it feels to have a heartbeat
Rhaena n'espérait rien de cette vie, si ce n'était qu'on la laissa en paix. Elle avait assez donné pour Westeros ; elle avait assez refusé pour Westeros. Elle avait refusé le trône de fer en laissant sa place à son frère, et même si elle fut la première à laisser sa place, ce souvenir lui laissait un goût amère. Avant même qu'elle ne posa une fesse sur ce trône, le peuple ne voulait pas d'elle, bien qu'elle fut la reine de l'est et de l'ouest. Elle dût se séparer trop de fois de ses filles, et les conditions firent qu'elle ne put jamais empêcher Aerea de partir, et ne fut pas assez rapide pour revenir à temps, pour lui dire au revoir avant qu'elle ne périsse. Ses dames de compagnie, ses amies étaient mortes pour rien, et elle avait laissé Elissa partir parce qu'elle n'avait pas le courage de partir de Westeros. A l'époque, elle pensait qu'elles seraient en sécurité, à Peyredragon. Qu'elles pouvaient garder une de ses filles, ses amies et son amante dans ce petit cocon qu'elle avait créé de toute pièce par peur de perdre encore. De céder. Mais le pire c'était produit et elle avait compris ce qu'était Westeros : une foutue sangsue qui prenait le sang de toute personne qui foulait sa terre. Westeros s'en fichait bien, des dragons, des origines valyriennes ou des yeux mauves. Les Targaryen avaient juste été des humains pour lui, et ce fut assez pour que le continent leur prenne encore et encore ce qu'ils avaient.

Se rendre à Peyredragon n'était pas quelque chose qu'elle faisait avec plaisir, mais Rhaena comptait bien reprendre ce que Westeros avait osé lui prendre des siècles auparavant. Elle reprendrait sa fille et construirait une vraie relation avec elle, et elles pourraient résider paisiblement à Harrenhal, ensemble. Elles iraient se promener à cheval et enfin, elle pourrait dire à sa fille qu'elle l'aimait et qu'elle était désolée. Qu'elle avait fait de son mieux, mais que son patronyme avait été difficile à porter, alors elle avait vécu dans la crainte qu'on leur fasse du mal encore. Elle serrerait sa chair dans ses bras et lui ferait sentir tout l'amour qu'elle avait pour elle mais qu'elle n'avait jamais su exprimer, ou alors de la mauvaise façon. Elle retrouverait aussi sa chère Rhaella, et au lieu de la laisser dans un septuaire, elle lui dirait de vivre la vie qu'elle désirait avec Aerea, leur promettrait de ne plus jamais les séparer.

Et le reste de sa famille ? Si elle aimait ses frères et sœurs, elle ne désirait pas rester avec eux. Ni les soutenir dans leurs différentes entreprises, parce qu'elle connaissait assez bien sa maison pour savoir qu'ils voudraient quelque chose de ce retour à la vie. Avec les années, elle s'était trop éloignée d'eux pour pour réellement embraser leurs ambitions. Elle portait le nom Targaryen mais à présent, celui-ci manquait de sens à ses yeux. Tout comme le château dans lequel elle marchait pourtant, en quête des personnes capables de la renseigner sur Aerea. Et comme elle ne pouvait totalement se défaire de son passé, croisé Alysanne lui créa une petite pincette au cœur. Bien sûr, son étreinte était la bienvenue et elle prit plaisir à la serrer dans ses bras en retour. Plus jeune, elle avait dit qu'elle était Visenya et qu'Alysanne était Rhaenys ; qu'elles pouvaient partager de lien plus fort que celui de la sororité. Ces mots avaient un goût amer vu leur passif avec Visenya, mais cela ne changeait pas ce qu'elle ressentait pour sa cadette.

-Toi aussi, murmura-t-elle quand elles se séparèrent. Pour être honnête, je suis venue chercher des informations concernant Aerea. J'avais envoyé une lettre et Visenya fut celle à me répondre. Comment les choses se passent à Peyredragon ? Comment vas-tu ? demanda-t-elle en offrant une douce pression sur son épaule.

Ce n'était pas parce qu'elle ne désirait pas connaître les ambitions de sa famille qu'elle souhaitait se montrer désagréable avec Alysanne. Elle lui montrerait un soutien émotionnel s'il le fallait et lui prodiguerait le meilleur conseil possible si les évènements venaient à tourner au vinaigre : fuir. Fuir cette maudite maison, oublier les dragons et les rêves, oublier de régner, et juste passer une vie inconnue ailleurs. C'était le choix qu'elle avait fait, et elle ne pouvait qu'encourager sa sœur à en faire de même avant de se faire ronger par Westeros à nouveau.
By CrimsonTulip


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