"Even when it's not right..." Ft. Ned Stark.

Lors de sa rencontre avec Arya, il n'avait pu se résoudre à ne pas être déstabilisé. Sa si petite, tendre enfant était devenue une femme. Il s'était écoulé un temps immense depuis la date de son exécution, et pourtant, il avait l'impression que c'était la veille qu'il avait quitté les bras de ses filles qui pleuraient son destin. Ici, tout avait changé, tout en restant si imperturbablement les mêmes endroits et les mêmes familles qui foulaient les terres de Westeros, et plus exactement, Winterfell.

On lui avait conté : Lyanna, Sansa, Jon, Catelyn. Tous étaient en vie. Et il souhaitait tous les revoir, bien qu'il doutait de l'issue de chacune de ces rencontres. Après tout, il était le second de cette liste a être décédé. Il peinait encore à comprendre ce qu'il s'était passé, et il n'espérait plus qu'une chose : retrouver sa famille, et vivre en paix, du moins dans la mesure du possible. Des envies de vengeance, il n'en avait plus forcément. Un phénomène lié aux fidèles de Trios, de ce qu'il eut ouï dire.  Cela faisait beaucoup à encaisser pour Eddard, qui s'était éloigné de ses quartiers, pour profiter de l'air frais de Winterfell. Il avait besoin de se changer les idées, besoin de rester plus loin pour ne plus penser à rien.

Et pourtant, il y avait tant à réfléchir ! Son père et son frère reviendraient ils à la vie eux également ? Auraient-ils souvenir de leur mort, tout comme Eddard en avait un souvenir vivace et cruel, comme si quelque part, des petits morceaux de peau tendaient encore à se déchirer par ci et là. Un picotement désagréable qui lui rappelaient à la vérité : il était mort, et tout cela n'était qu'une forme de magie à laquelle il n'adhérait pas et dont jamais il ne serait un partisan. Il y avait, au fond de lui, une crainte : à quel prix tous étaient revenus ?

Alors qu'il réfléchissait à tout cela, il entendit des pas venir. Son cœur ne fit qu'un bond : quel membre de sa famille était là, si près de lui ? Il se tourna, doucement, plein d'espoir, et posa les yeux sur... Rhaegar Targaryen. Il eut un geste de recul. Ainsi, lui aussi était de retour ?

Son sang ne fit qu'un tour, quand il réalisa qui se trouvait face à lui. L'homme qui avait kidnappé sa soeur. Celui à l'origine de sa mort, de l'Orphelinat de Jon, bien qu'il avait été pris sous l'aile compatissante d'Eddard, qui n'eut pas d'autre choix que de lui mentir toute sa vie et de mentir à tous ses enfants. Il aimait Jon comme s'il était son père, il l'aurait protégé contre vents et marées, au même titre que ses enfants. Si on lui avait demandé de faire un choix entre Jon et ses véritables enfants, il en aurait été totalement incapable. Malgré un nom différent du sien, lui qui avait cru toute sa vie être un batard, il était son enfant. Son fils qu'il avait élevé, aimé, et pour lequel il s'était inquiété autant que pour Richard, Bran, Sansa ou Arya, dès qu'il avait un peu de fièvre, une petite toux, ou une blessure liée à ses aventures enfantines. Jon était un Stark à moitié, mais dans son cœur, il avait prouvé plus d'une fois l'être autant que lui ne l'était. Il avait vécu l'enfer, à peine né, car son père biologique avait enlevé sa mère, et qu'elle était décédée à peine l'avait il retrouvée. C'était son plus grand chagrin, et la raison pour laquelle il n'eut pas hésité une seule seconde à promettre son honneur à sa sœur.

Mais voilà que l'un des coupables des malheurs de sa famille se trouvait face à lui. Il plissa les yeux, devant la fausse politesse de l'homme, qui lui serra le cœur et lui tordit le ventre. Que souhaitait il, à fouler les terres de Winterfell comme s'il était chez lui ?
De politesse il ne su faire preuve devant lui. « Rhaegar. Que faites vous là ? » demanda-t-il en serrant les poings. « Si vous cherchez une nouvelle fois à kidnapper Lyanna, sachez qu'elle n'est point ici. »

Devant l'homme qui, même indirectement, était responsable de bien des maux de sa famille, si on laissait Eddard penser, il avait du mal à rester calme. Il osait fouler les terres du Nord, alors que la soif de vengeance de Robert, et la sienne, avaient commencé suite à l'enlèvement de Lyanna. Alors, évidemment, rester calme, c'était un peu plus compliqué. Il se secouait mentalement pour ne pas se ruer sur lui, sortir son épée de son fourreau, et le provoquer en duel. Mais Ned n'était plus si jeune et la mort l'avait déjà frappé une fois, il n'était pas certain de pouvoir assumer un deuxième coup.

En essayant de s'armer de patience, il le laissa parler, en ne répliquant pas à chaque fois. Son coeur ne fit qu'un bond à l'une de ses phrase : Lyanna ne lui avait rien dit. Rien qui ne puisse l'aider à s'avancer sur le chemin du pardon de celui qui se tenait face à lui actuellement. Non, Lyanna ne lui avait rien dit. Elle était morte avant même d'avoir pu lui confier autre chose que la garde de leur enfant, qu'il ne lui semblait pas que l'amant qu'il se prévalait soit venu chercher pour autant. Etait-il certain qu'elle lui aurait dit de ne point repartir pour la guerre si tel était le cas. Ou qu'elle lui aurait laissé la garde de leur enfant, non ? Mais qu'en savait-il après tout. Il y avait tellement de choses qu'il ne savait pas. Tant de choses qu'il n'était pas forcément en mesure d'expliquer.«Non, elle ne m'a rien dit.» dit-il froidement. Etait-il supposé lui faire confiance ? C'était difficile, même si quelque chose lui disait au fond de lui qu'il n'était pas un menteur. Mais écouter cette voix au fond de lui, c'était presque impossible.

Ses paroles semblaient toutefois sincères, celles qui suivaient. Et Ned ne pouvait se résoudre à ne pas le croire, il aurait s'agit d'être bien trop buté pour réaliser la réalité qui l'étreignait. Il soupira..«Si seulement il ne s'agissait que vos devoirs d'époux ni de ceux attendus d'un prince. Votre départ avec Lyanna a déclenché pire que cela. La vengeance du Roi Robert, sa haine de tout être de votre engeance. Si vous aviez fait preuve d'honnêteté, d'honneur et de courage, alors tout ce qui a suivi votre fuite aurait pu être évité.» Et Jon aurait vécu entouré de ses parents, sans se sentir considéré comme un bâtard. Il soupira de plus belle. .«De quoi diantre parlez-vous ?» Il savait que Robert n'avait pas été toujours droit et juste dans certaines de ses décisions, portées par la haine et la rage qui l'animaient. Mais il n'avait point souvenir de tels évènements.

.«Je ne réfute pas l'idée que vous l'aimiez. Mais elle n'est point votre épouse. Elle ne sera jamais reconnue comme tel, ni dans le Nord ni auprès de votre famille. Votre épouse porte le nom d'Elia, jusqu'à sa mort. L'adultère ne puit satisfaire la fonction d'épouse..» Ned montrait beaucoup de catégorisme dans son ton, mais il ne se montrait désormais plus comme un ennemi de Rhaegar, uniquement comme quelqu'un qui le désapprouvait. Il le désapprouvait, et tout ce que ses actions avaient engendré, comme une boule de neige.

Comment croire aux paroles du Targaryen dressé face à lui ? Comment lui offrir la moindre confiance, et arrêter d'accorder crédit aux raisons de Robert Baratheon qui l'avaient poussé à entrer en guerre contre la Maison Targaryen, autrefois la plus influente de toutes les Sept Couronnes, maison qui avait fondé et rallié le monde tel que nous le connaissions ? Bien qu'il entendait une certaine logique, notamment au regard de l'amour que Lyanna portait à son fils, allant jusqu'à lui demander de bafouer tout ou partie de son honneur, et risquer ses épousailles avec Catelyn. Aurait-elle seulement aimé le fils que son kidnappeur lui aurait donné, et aurait-elle tout donné pour le protéger s'il n'y avait pas eu d'immenses amours entre eux ?
Toutefois, était-ce loyauté envers le Baratheon ou un excès de zèle lui indiquant de ne pas faire confiance à cet homme, Eddard ne pouvait s'empêcher d'être méfiant, et de ne pas accorder un crédit total à ses paroles. Puissent-elles être la vérité, il préférait laisser une part de doute, alors que la vérité l'envahissait de plus en plus.

Il y avait bien des signes qui lui montraient que Rhaegar ne pouvait guère mentir. Déjà, il semblait donner des détails précis, qu'on ne donnerait qu'en disant la vraie valeur des évènements. Malgré cela, il ne pouvait s'évertuer à accepter le fils Targaryen, et à faire comme si tout ce pour quoi et contre quoi il s'était battu était vain. C'était encore douloureux. Un peu trop.

Eddard rit légèrement lorsque furent évoquées les époques multiples. «Ne s'agissait-il pas d'une époque antique, époque au cours de laquelle votre maison est allée à l'encontre des lois des Dieux ?» A son avis, ils avaient été suffisamment punis, entre les rencontres inopportunes avec l'Etranger, mais aussi les guerres et rébellions qui en suivirent à chaque fois.

Pour ce qui concernait Elia Martell, il l'avait sue morte, pas répudiée. Mais il était des choses qu'Aerys II avait gardées secrètes. Ils n'avaient rien pu faire pour cette pauvre femme, et Eddard en portait la croix depuis suffisamment d'années pour entendre celui qui se prévalait d'être son beau-frère le remettre à sa place.

«Je ne vous permets pas.» souffla-t-il, froidement. La colère le gagnait, mais elle ne prendrait pas le contrôle sur lui. «Que je sois gouverneur ou non, vous êtes ici sur des terres Stark, et votre présence ici relève de la clémence de vos hôtes.» ses dents serrées, il essaya de desserrer les poings. L'homme ne gagnerait pas à ce petit jeu stupide. «Vous pouvez penser ce que vous voulez, il s'agissait de votre femme, ou peut-être plus à ce moment précis, qu'en sais-je, mais il s'agissait de vos enfants. Vous les avez abandonnés, à bien plus d'égards que je ne pus le faire.»

Il soupira. Ned avait pleinement conscience des fautes de Robert, et de sa guerre portée sur un mensonge qu'il n'avait découvert que trop tard. Les motivations de l'héritier Baratheon avaient fini par porter atteinte à tout Westeros, et avaient amené bien des soucis aux Sept Couronnes. Evidemment, il aurait tout fait pour protéger Jon de Robert : il était son neveu. L'enfant que Lyanna lui avait demandé de protéger au péril de sa propre vie, ce dont il avait fait promesse. Et Robert et sa haine aveugle des Targaryen n'auraient tous deux laissé aucune chance à Jon-Aegon, dont le destin était d'être prince héritier. «Je ne suis pas Robert. Il est des guerres qu'on peut porter sans injustice. Il en est d'autres qu'on ne peut porter sans en commettre à chaque pas. De ces dernières je préfère me retirer. Mon nom est lié à celui de Robert car nous étions tous deux menés par la même vérité. Une vérité dont j'ignorais qu'elle était un mensonge.»

Alors qu'il était prêt à tourner les talons et fausser compagnie à son interlocuteur, non sans se retirer proprement, ce qu'il n'eut guère le temps de réaliser, Rhaegar enchaîna, attisant par ses mots la curiosité d'Eddard. Une curiosité qui eut le don de calmer l'amertume de leurs échanges, du moins, de son côté.

«Primordial ?» répétait-il. Evidemment, il aurait tout fait pour laisser vivre l'enfant. Mais pourquoi sa survie primerait sur celle d'autres, si ce n'était la promesse faite à sa sœur ? «Je n'en sais guère de chose. Je crois n'avoir jamais entendu parler de ce nom.» Enfin, non pas que la culture Targaryenne l'enthousiasma jamais, il n'avait jamais plus creusé que les us et coutumes que l'on pouvait retrouver dans tout genre d'ouvrage.

Eddard Stark était reconnu pour être un homme d'honneur. Il n'y avait rien de malveillant en lui, et il essayait toujours d'être au plus juste. Est-ce que la justesse dont on l'affublait ne signifiait pas qu'il était temps de laisser le bénéfice du doute à Rhaegar ? Il ne pouvait pas faire comme s'il n'entendait pas les paroles, presques implorantes de l'homme. A vrai dire, il avait envie de croire en chacun de ses dires. Alors, il décida de lui laisser une chance, et de le croire, ou du moins, de ne pas refuser de le croire. Malgré tout, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver un soupçon de méfiance. Pourquoi ? Tout simplement car l'homme face à lui était difficile à lire, et il n'arrivait pas forcément à saisir ce à quoi il pensait, ou dans quelle mesure il se méfiait de lui, ou pouvait avoir du ressentiment envers les alliances passées de Ned.

«Il n'empêche.» marmona-t-il, pas tout a fait ravi par l'affirmation bien que sans grande avancée dans leur discussion et leurs prises de position, de Rhaegar.
Quant au fait que ses enfants n'étaient pas en danger de mort ? Même sans cela, si Eddard en avait eu la possibilité, il n'aurait jamais quitté ses enfants. Il ne les aurait jamais laissé seuls aux mains d'une guerre qu'il aurait créé par la folie de son coeur. Ned soupira, et secoua négativement la tête. Non, cela n'était pas raison valable à ses yeux. Il rit un peu rauque, un peu moqueur. «Comment pouviez vous imaginer, l'once d'une seconde que ce que vous avez fait n'allait pas provoquer de guerre ? N'avez vous donc aucunement connaissance de l'égo de Robert Baratheon ? Il était sûr que vous l'aviez blessé, et qu'il y aurait des répercussions. Je peine encore à croire que tout ça, vous ne l'ayez pas vu venir..» Après tout, les hommes, Targaryen ou non, ne manquait pas à provoquer des guerres. L'histoire l'avait démontré bien des fois, et leur passé aurait dû servir de leçon. Mais apparemment, certains hommes n'apprenaient pas. Et il en faisait partie, Ned, tant il avait suivi Robert dans sa course folle au Targaryen. Mais il aurait été fou de penser que les actions provoquées ne manquaient pas d'entrainer une guerre...

Il savait qu'il avait sa part à jouer.. Néanmoins... «Ne remettez pas la faute sur moi, je vous prie. A nos yeux vous aviez enlevé Lyanna. Nous n'avons fait que la défendre. Il existe pourtant bien d'autres façon d'aimer une femme que de fuir sans prévenir personne !»

La chanson de la Glace et du Feu. Voilà un nom qui ne résonnait pas pour Eddard. Il plissa les yeux et soupira de plus belle. Voilà bien des foutaises. Des croyances que les Targaryens se transmettaient d'âge en âge, pour se persuader de... de leur souverraineté ? Qu'ils étaient les salvateurs du monde ? Néanmoins, s'il leva les yeux au ciel, il écouta. «Cela dit, vous vous trompez. Ce n'est pas Jon qui a vaincu les Autres. Enfin, pas de ce que l'on raconte.» Après tout, lui n'était pas présent pour vivre ce moment. Mais Comment le prince sauveur, unifiant les mondes pouvait être celui qui arrêterait les marcheurs blancs pouvait-il être tel que, s'il n'était pas celui qui avait arrêté le Night King ?