to build a home (ft. Ned)

24/09/2022

Elle avait bien fait de rester un peu plus longtemps. Elle avait bien fait de retarder son départ pour les autres régions, de profiter encore un peu de sa famille, de Winterfell, d'un peu de bonheur avant que les problèmes ne reviennent à la charge, avant de sentir le poids du monde sur ses épaules. Car c'était exactement son ressenti en ayant entendu la prophétie, en ayant pris conscience qu'elle avait été la première à être réveillée ─ ce geste ne pouvait pas être anodin. Elle devait avoir une part à jouer dans cela. Et très honnêtement, cela l'excitait autant que ça la terrifiait. Dans sa première vie, elle s'était forgée autour des évènements qu'elle avait vécu et avait construit ses objectifs au fur et à mesure de ses mésaventures. Malgré les malheurs terribles de son enfance, elle avait aimé ça. Elle avait aimé pouvoir voyager, aimé pouvoir passer à côté de ses devoirs de Lady de Winterfell, passé à côté de tout ce qu'elle détestait à l'époque. Et, quelque part, elle avait aussi aimé tuer ceux qui avaient causé malheur à sa famille. Elle avait aimé avoir le pouvoir sur eux, jusqu'au jour où la vengeance ne suffisait plus à combler le vide qu'avait formé sa séparation avec sa fratrie. Mais cette fois, on la faisait revivre pour un objectif plus grand, pour une prophétie trop floue, trop vaste pour qu'Arya puisse en dégager quoique ce soit. Et ça, elle ne voulait l'imposer à personne d'autre. Si elle devait mettre sa vie en péril, elle le ferait seule, sans aucune compagnie. Si elle devait se munir d'Aiguille et braver cent épreuves pour assurer la survie de sa meute, elle le ferait. Mais elle avait été réticente à partir, cette fois-ci. Parce qu'il y avait Sansa, ainsi que Jon, et Gendry lui assurait son soutien, comme il l'avait toujours fait. Revoir tant de monde à Winterfell lui faisait du bien.

Mais rien n'égalait la sensation qu'elle avait en voyant son père. La brune avait eu peur de l'oublier, avec le temps ─ parce qu'elle l'avait fait. Il était mort quand elle était jeune, et les expériences qu'elle avait vécues lui avaient fait oublier des souvenirs, des choses de son enfance. Le mauvais avait rattrapé le bon quand elle n'était encore qu'une enfant désobéissante, et avec ça, les souvenirs de ses parents s'étaient estompés. Mais là, elle se souvenait parfaitement de chaque trait d'Eddard Stark. Certainement car elle partageait majoritairement ses traits, et que Jon aussi, c'était plus facile de reconnaître l'air grave des Stark. Il venait de passer les portes de la cour, où elle trainait comme tous les jours, avec Aiguille, en train d'entrainer les plus jeunes, garçons comme filles. Ce n'était pas maintenant qu'elle allait changer son avis sur le fait que les deux devrait pouvoir apprendre à se battre. De plus, elle prenait assez bien plaisir à entrainer de temps en temps sa tante, qui avait le sang du loup en elle ─ mais moins qu'Arya, cela était vrai. Mais à cet instant où elle reconnut son père, le combat importa peu. Son épée fut rangée et elle marcha, au début. Ensuite, elle courut. Une Lady ? Qui a dit qu'elle en était une ? Actuellement, elle était juste une petite fille qui avait tant désiré revoir son paternel, qui avait du mieux possible suivi ses mots, et qui pouvait enfin le revoir. Aussitôt que Ned posa ses pieds au sol, Arya s'élança sur lui, le serra dans ses bras et pleura. Pleura pour toutes les fois où elle ne l'avait pas fait, pour toutes les fois où elle avait senti son cœur être arraché à la mention de ses parents, de ses frères. Pour toutes les fois où elle s'était dit qu'elle était une louve et pas un être humain, et qu'elle ne pouvait pas se permettre de pleurer, sinon cela aurait été utilisé contre elle.

-Je vous en prie, ne partez plus jamais du Nord ! Oh père, si vous saviez, pleura-t-elle dans son cou (elle qui accusait toujours Sansa d'être une geignarde...).

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17/01/2023

Après des jours de marche, une marche épuisante, éreintante, Eddard rejoignit enfin les terres du Nord. Instinctivement, il s'était tourné vers le nord, dès lors qu'à son réveil, il trouva une enveloppe charnelle à nouveau, sur laquelle sa tête fut bien attachée. La marche fut longue, et il fallut braver froid, vent et dangers divers, tant liés aux animaux qu'aux hommes qui foulaient les Terres. Ici, il n'était plus. Il n'était plus ni lord, ni gouverneur du Nord. Il se rendit compte bien assez vite que dans ce monde qui le réveillât, il n'était qu'un fantôme du passé, guidé par... l'instinct paternel. Il n'avait guère de souhait d'occire, de vengeance. Son cœur se trouva gonflé de l'espoir fou de retrouver ses enfants, d'autant plus lorsqu'il entendit les chuchotements et bavarderies concernant d'ancêtres de vieilles familles. Si lui eut la possibilité de revenir, bien qu'il n'en demandât rien, qui pouvait lui assurer qu'il n'en fut pas de même pour ses enfants ?

Ce fut ce besoin, celui de s'assurer qu'ils allaient bien s'ils étaient de retour, et surtout de les retrouver qui l'anima, et lui permit de sentir que le voyage ne durait pas tant qu'en réalité.
Une fois arrivé à Winterfell, il eut l'impression qu'on l'attendit, d'une certaine manière. Certaines gentes le regardaient avec respect, et hochaient poliment la tête. C'était impressionnant, alors même que d'autres ne semblant guère le reconnaître continuaient leur labeur, sans se soucier de l'homme inconnu dont le pas foulait leurs terres.

Quelques pas plus tard, il leva les yeux en entendant quelqu'un l'interpeller. Mais pas n'importe qui, puisqu'on l'appela "père". Il détailla la jeune femme sans forcément arriver à lui donner le prénom d'un de ses enfants. Comment était-ce possible ? Toutefois, il ne pu s'empêcher de la serrer contre lui. C'était une sensation agréable d'avoir un de ses enfants dans ses bras. Il l'eut presque oublié.«Mais... qui es-tu mon enfant ?» Pourtant, au fond de son coeur, il avait reconnu la sensibilité qui se cachait dans le cœur d'Arya.

24/09/2022

Elle avait espéré le retour de toute sa famille, bien qu'elle pensa que revoir tout le monde serait un choc, eux qui avaient été séparés si longtemps, qui avaient vu leurs vies basculer dès le moment où Robert Baratheon demanda à Eddard Stark de devenir la Main du Roi. Elle était prête à tout mettre de côté juste pour partager un repas avec son père, ou alors tester les talents de Robb à l'épée. Elle aurait pu aussi jouer dans les bois avec Rickon, et parler de ses enfants à sa mère ─ elle pouvait d'ailleurs facilement imaginer que Catelyn aurait été étonnée d'entendre qu'Arya s'était mariée et avait fondé une grande famille. Sansa était revenue à la vie depuis plus longtemps et celle-ci semblait friande de petites activités qui lui permettaient de passer du temps avec les siens, à défaut de pouvoir supporter les deux Targaryen qui trainaient à Winterfell. Quant à Jon, aussitôt elle l'avait revu, Arya s'était sentie complètement chez elle. Elle avait souffert des années qu'elle avait passé à une grande distance de lui, bien qu'elle sut qu'il put vivre à son aise parmi les sauvageons, à défaut de vraiment vivre heureux après ce qu'il avait vécu. Si Bran venait à revenir, elle en serait tout aussi heureuse, bien qu'elle craindrait que ça ne soit toujours pas lui mais la Corneille.

Mais en cet instant même, elle ne craignait rien. Il y avait son père et c'était tout ce qui importait. Ses espoirs n'avaient pas été vain, et maintenant, elle était persuadée que tout ceci devait bien vouloir signifier quelque chose et qu'elle désira chercher ce quelque chose, désira voir d'autres familles réunies, des amitiés être fêtées, des promesses de mariage qui tiendraient dans une seconde vie de façon aussi sincère que dans la première ─ bien que ce genre de mariage fut rare. Elle le serra dans ses bras tant qu'elle put, avant de finalement retoucher le sol quand il lui demanda qui elle était. Elle sentit son cœur se serrer à cette question tandis que les larmes continuaient à dévaler sur ses joues, mais elle comprenait qu'il ne put réellement la reconnaitre. La dernière fois qu'il l'a vue, elle avait dix ans. Elle n'était qu'une enfant. Et aujourd'hui... D'apparence, elle avait une trentaine d'années et elle avait fortement changé avec le temps et les expériences. A quoi s'attendait-elle ? Bien qu'elle fut la seule à avoir les traits typiquement Stark avec Jon, le reste de sa fratrie ayant pris tous les traits Tully.

-Je suis peut-être un peu trop propre pour être reconnue, à présent ? ria-t-elle quand même, misant sur l'humour plutôt que le sérieux tandis qu'elle essuyait ses larmes. Je suis Arya. Et je suis sûre que Sansa et Jon seront très contents de vous revoir, aussi.

Elle lui offrit un sourire en reculant de quelques pas. Llle l'admirait comme elle l'avait fait étant gamine, quand elle voyait non seulement son père mais un grand seigneur juste et qui était apprécié de son peuple. Le Nord était un territoire rude où il fallait savoir combiner le peuple et les conditions naturelles. Les Stark régnaient depuis des siècles, mais pas tous n'avaient convaincu les Nordiens comme Eddard avait pu le faire, ce qui avait mené à ce que Robb puisse compter sur le soutien de nombreux bans quand il avait décidé d'entrer en guerre contre les Lannister. Néanmoins, la loyauté ne fut pas suffisant pour sauver son frère et sa mère.

-Vous préféreriez peut-être rentrer au sein du château ? Ou prier les anciens dieux face au barral ? demanda-t-elle, prête à le suivre comme elle l'avait souvent été plus jeune.

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17/01/2023

Son air lui était incroyablement familier, et toutefois, il eu du mal à trouver un prénom à mettre sur son visage. Pendant quelques instant, il avait hésité à demander l'identité de la jeune femme, se persuadant qu'en fouillant dans sa mémoire, il serait en mesure d'identifier la jeune femme qui l'avait pris dans ses bras. Avait-il eu une enfant dont il aurait oublié le prénom ? Non, c'était très peu probable. Il se souvenait à merveille de chacun de ses enfants : Robb, Sansa, Arya, Bran, et Rickon. Pourtant, il ne reconnaissait en cette jeune femme aucun de ses cinq. Comment pouvait-il avoir oublié un enfant ?

A sa demande, elle répondit avec une pointe d'humour, avant de décliner son identité. Arya ? Mais c'était impossible ! La dernière fois qu'il l'avait vue, elle avait tout juste dix ans, et s'entrainait avec Aiguille, sa toute petite épée, faite sur mesure pour la jeune femme, bien qu'il ne s'agisse pas d'une mauvaise arme. Comment...? Mais cette question n'avait aucun fondement utile ou logique : après tout il était bien revenu à la vie malgré son exécution. Alors formuler une telle question idiote n'avait pas de sens.

«Oh... Arya..» dit-il avait de passer une main dans son dos et de serrer sa fille dans ses bras. Elle avait tellement grandi ! Les larmes lui montèrent aux yeux, tandis qu'il sentait le corps toujours frêle de sa petite contre lui. Elle était devenue une femme. Et elle avait raison : il avait été habitué à la voir avec de la boue, de la suie, les cheveux en pagaille. Elle était désormais loin de la petite fille qui se roulait par terre en courant et en se battant. Il était plutôt fier. «Tu as tellement changé, ma fille ! Regarde toi !» dit-il en riant. «Mais... Quel âge as-tu désormais ?» Combien d'années s'étaient écoulées depuis la dernière fois où il l'avait consolée après avoir relâchée sa louve ? Il avait l'impression que cela ne faisait que quelques jours, quelques semaines, tout au plus. Mais pour elle, cela semblait se comptait en années, peut-être en quart de siècle ?

Aux dires de la jeune femme, Eddard fronça les sourcils. «Sansa et Jon sont ici également ? Ils vont bien ?» Il était consolé de savoir une partie de sa famille à Winterfell, en sécurité. Il aurait voulu poser mille autres questions à la jeune femme, mais il aurait sûrement paru grossier, à ne pas s'inquiéter pour elle, sa soeur et son frère dont il savait qu'ils étaient vivants. Toujours avec beaucoup de fierté envers elle, il lui sourit. «Tu étais déjà belle enfant, tu es encore plus belle désormais.» puis, il hocha la tête pour lui répondre. «Rentrons au château mon enfant.»

24/09/2022

to build a home

Let me tell you something about wolves, child. When the snows fall and the white winds blow, the lone wolf dies, but the pack survives. Summer is the time for squabbles. In winter, we must protect one another, keep each other warm, share our strengths.

Au fur et à mesure que les années passaient pour elle, elle avait aussi eu tendance à oublier à quoi ressemblait ses parents, et pas que. Elle avait aussi oublié Robb et Rickon ; de Robb, elle gardait le souvenir terrible d'avoir vu les Frey et Lannister se pavaner avec son cadavre, sa tête coupée pour celle de son loup à la place. Encore aujourd'hui, elle ne sut dire à quoi ressemblait exactement son frère aîné. Il avait les traits de leur mère et les cheveux roux des Tully, c'était vrai. Mais qu'en était-il du reste ? Est-ce qu'il avait tendance à beaucoup sourire ? Est-ce qu'il bougeait rapidement ou avec lenteur ? Elle ne se souvenait plus réellement de son caractère, non plus. Seulement qu'il était doué avec une épée, et que son rire était bruyant. Il riait beaucoup plus que Jon au quotidien, bien qu'Arya sut toujours comment faire pour tirer un sourire au bouclé. Il était plus facile de ce souvenir que son père était un homme sage et d'honneur, et face à lui, chaque trait revenait à sa place ; mais oui, c'était sûr qu'il ressemblait à ça ! Comment avait-elle pu oublier le visage de l'homme qu'elle avait le plus admiré, et qu'elle avait aussi vengé ?

La seconde étreinte lui fit un bien incroyable. Elle ne pleura pas, elle se contenta de profiter de la sensation d'amour qui émanait de lui maintenant qu'il put la reconnaître, qu'il put voir à quel point elle avait changé mais restait toujours sa Arya, celle qui avait trop de sang de loup en elle, celle qui lui rappelait trop de fois tristement Lyanna. Au moins, dans cette vie, aurait-il moins de raisons d'être triste, d'avoir l'air grave. Elle pouvait assurer cela, mais pour se faire, elle devait se lancer dans la quête qui lui faisait tant peur. Sauf qu'il n'y avait aucun danger qu'elle n'était pas prête pour assurer la sécurité à sa famille ; surtout à son père qu'elle avait connu si peu de temps, mais qu'elle avait gardé dans son cœur jusqu'à la fin. Machinalement, à sa question sur son âge, elle mordit l'intérieur de sa joue par nervosité. Comment pouvait-elle lui dire que des siècles s'étaient écoulés, qu'elle-même avait eu le temps de mourir entre temps, qu'elle avait vécu plus longtemps que lui ?

-Hum, elle s'éloigna légèrement de lui, l'air mal à l'aise. Physiquement, j'estime avoir trente ans. Mais si nous parlons d'expérience de vie... J'ai vécu 63 ans avant de... Revenir à la vie, conclut-elle avec une petite moue. Sansa et Jon vont bien. Winterfell est notre maison, il n'y a pas de meilleur endroit pour nous.

C'était à moitié faux dans son cas. Arya avait tout autant sa place à Accalmie où elle avait oeuvré pendant des années auprès de Gendry. Elle avait été la Lady d'Accalmie plus qu'elle n'avait été la Lady de Winterfell, et ce rôle lui allait très bien étant donnée qu'elle avait gagné en maturité par rapport à l'époque où elle avait combattu le Night King. A ce moment, elle manquait encore de recul par rapport à ce que le monde pouvait réellement lui offrir, et la manière dont elle pouvait le changer. Elle ne pensait pas pouvoir allier ses désirs, mais elle y était parvenue. Elle avait été une lady et une guerrière, une épouse, une mère mais aussi une femme libre. Elle avait aimé et été aimée en retour, et par tous les dieux, c'était plus que ce que la plupart des gens pouvaient avoir !

La brune pencha sa tête sur le côté un moment au compliment de son père, le nez légèrement plissé.

-Enfant, on me confondait toujours pour un garçon. Je crains que vos yeux et vos sentiments vous aient menti pendant ces années, et Sansa aujourd'hui m'a forcée à m'habiller de façon assez décente, de manière à ne pas, je cite "ressembler à un soldat qui a trainé dans la boue et qui a vécu au moins deux guerres sans se laver".

L'Enfant du Loup haussa les épaules, d'un air de dire que c'était ainsi et qu'elle ne pouvait pas y faire grand chose. Plus jeune, elle se serait offusquée, aurait râlé mais elle avait appris que Sansa avait sa propre façon de s'occuper de ceux qu'elle aimait. A la place de faire un commentaire, elle se contenta de lui indiquer de la suivre tandis qu'elle se mit à marcher en direction du château. Elle marchait toujours aussi vite, Arya, comme si elle avait le Diable aux trousses ; c'était peut-être le cas après tout ce qu'elle avait accompli dans sa première vie, pas toujours pour les bonnes raisons. Aussitôt rentrée, entre les murs gris du château dans lequel elle avait grandi et tenté de s'enfuir tant de fois, elle eut un soupir de bien-être, comme à chaque fois qu'elle s'attardait dans les couloirs.

-A part les personnes, pas grand chose n'a changé ici. Winterfell semble immuable alors que le reste de Westeros n'a cessé de devenir différent.

feat. @Eddard Stark

By CrimsonTulip

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17/01/2023

Arya avait tellement changé ! Il eut bien du mal à reconnaître sa petite fille qui s'amusait dans la boue avec des épées. On avait souvent reproché à Arya par le passé qu'elle ne se comportait pas comme une dame devait se comporter. Mais Ned avait toujours pensé qu'elle deviendrait celle qu'elle était amenée à devenir, en dépit des attentes portées sur ses épaules. Si Arya devait devenir une guerrière, elle le serait devenue, et s'il avait eu la chance de voir cela se produire, il l'aurait soutenue coute que coute. Evidemment, il ne s'était pas attendu à la voir grandir lorsqu'on l'avait condamné à être exécuté suite à l trahison qu'avait subi leur maison.

Evidemment, elle était devenue une femme magnifique. Bien que sa beauté était très différente de celle de Sansa, il y avait dans son visage des grains exceptionnel. Elle avait un regard à toute épreuve. Et elle était encore plus belle aujourd'hui que dans ses souvenirs. Sa fille avait si bien grandi ! Il avait les larmes aux yeux en la regardant. Mais en tant que papa fier, il les retenait comme il pouvait, dans l'espoir de ne pas passer pour un papa poule.

Il l'entendait lui conter qu'elle avait vécu 63 ans avant de revenir dans le corps qu'elle possédait lorsqu'elle avait trente ans. Elle avait vécu l'inverse de lui, en somme ? Il était parti bien plus tôt dans sa vie, et était revenu avec le corps d'un homme agé de plus de cinquante ans. Parfois, lorsqu'il se levait trop vite, il avait la sensation que ses os craquaient dans tout son corps. Quand il n'avait pas l'impression que ses muscles faiblissaient.«63 ans ! Tu as eu une belle vie.» Il était heureux d'entendre ce genre d'informations. Il eut toujours espéré que ses enfants vivraient longtemps, et auraient une belle descendance. Evidemment, elle aurait pu vivre de belles années encore. Mais c'était déjà beaucoup. Plus que la plupart des hommes et des femmes de leur époque qui n'étaient pas protégés derrière des bibliothèques. En général, ceux qui dépassaient ces âges étaient les mestres, protégés dans leurs Eglises ou bilbiothèques.
«Je n'aurais pu être plus heureux.» ses enfants allaient bien, du moins, une petite partie au moins. Il aurait fait ce qu'il pouvait pour les protéger quoi qu'il en coûte, et au péril de sa propre vie. Sa fin en était la preuve.

Eddard roula des yeux en entendant parler sa fille. Elle ressemblait à un garçon, autrefois. Pourtant, il ne s'en sentait pas plus dupé. Il rit pourtant en entendant la jeune femme répéter les mots de sa soeur. «Elle n'a peut-être pas eu tort. Sansa est ainsi.» Au moins, il comprenait que sa fille aînée n'avait guère changé. Peut-être la reconnaîtrait-il, elle, faisant office d'un moins mauvais père qu'il ne venait de le faire avec Arya.

Le père suivit sa fille jusqu'au château. Ses yeux confirmèrent les dires de la brune. Il y avait peu de choses qui avaient changé, par ici. Il avait l'impression d'avoir été la veille dans ces lieux. Si l'on ne faisait appel qu'aux souvenirs des bâtiments, il aurait pu dire que quelques jours avant seulement, il avait accepté la proposition de Robert Baratheon pour devenir sa Main. «J'ai l'impression de n'être jamais parti.» souffla-t-il, bien qu'il sut qu'il ne reconnaitrait guère plus de monde que les siens, et encore. «Quand tu dis que Westeros a changé...» commença-t-il, comme une question informulée. Ici, il ne connaissait rien. Que voulait-elle dire ?

24/09/2022

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Beaucoup de fois, elle avait dévié du chemin des Stark. Sa famille agissait toujours avec honneur, avec une morale qui n'appartenait qu'aux gens du Nord. Sauf qu'elle avait quitté bien jeune le Nord, et qu'elle avait trop vu ce que certaines personnes avaient fait de sa famille. Elle avait tenté de garder leurs principes, mais elle avait concédé au fait que ça ne l'aiderait pas à survivre. Son père était mort pour son honneur, et autant elle l'aima, elle ne tint pas à connaître le même sort avant d'avoir pu retrouver tout ce qui avait fait d'elle Arya Stark. Elle avait mis quelques années avant de réaliser qu'elle était plus qu'un résultat familial : elle était non seulement ce qu'elle avait vécu par la suite, ainsi que la volonté qui l'avait toujours forgée. Et dans son genre, la brune avait toujours eu une volonté d'acier, prête à se tenir debout lorsque le monde entier s'attendait à ce qu'elle fut à genoux, prête à supplier pour sa vie. Le monde pouvait bien essayer de la réduire à l'état de rien du tout, tant qu'elle avait Aiguille en main, elle se relèverait et lui ferait vivre le pire quart d'heure possible. C'était là qu'elle se différenciait de ses parents, de sa fratrie : elle avait appris que dans la survie, il n'y avait point d'honneur. Et la vengeance était apparue à ce même moment.

Bien sûr, elle se garderait de révéler ce genre d'informations à son père. Elle n'aimait pas particulièrement le mensonge, mais il était inutile de venir lui gâcher cette vie en révélant tout ce qu'elle avait commis pour survivre. Elle avait du sang sur ses mains et elle ne pouvait pas le nier ─ elle en avait eu honte, aussi. Elle s'était demandée qui pourrait encore vouloir d'elle après ce qu'elle avait accompli. Elle avait eu de la chance de rencontrer Gendry assez rapidement, ce qui lui avait permis de ne pas penser qu'elle était devenue affreuse au point de mériter une vie de solitude.

-Je vous assure que pendant 63 ans, Sansa a essayé de corriger mes manières de lady, mais elle n'a eu que du succès à moitié. A un moment, j'ai bien dû admettre que certaines de ses leçons me seraient pratiques... avoua-t-elle avec une petite moue.

Il était vrai qu'une fois qu'elle eut épousé Gendry, il lui manquait quelques codes dans la société. Elle ne manquait pas d'esprit, mais elle avait des manières à affiner, ainsi qu'un peu de diplomatie à apprendre. Sansa avait été d'une grande aide, bien qu'Arya ne l'avouerait jamais à son aînée. C'était une question de... fierté, entre elles ? En entrant dans le château, elle avait d'ailleurs l'impression de voir les traces de sa sœur partout. Que ce fut pour remettre de l'ordre, ses affaires bien rangées ou même le parfum qu'elle mettait toujours. C'était plus facile de remarquer le retour de Sansa Stark que celui de Jon Snow. Quant à Arya, il était aussi facile de remarquer son retour : elle ne tenait pas en place, passait son temps dans la cour, montait à cheval et semait du bazar partout où elle passait. L'ordre, la discrétion et le chaos. Elle continua à avancer jusqu'à trouver le salon, où le feu était toujours allumé. Il n'y avait encore personne, et Arya se laissa doucement choir dans un fauteuil.

-Eh bien... Durant ma première vie, dira-t-on, Westeros avait déjà changé. Le Nord était devenu indépendant et quelques... modifications dans la succession ont été apporté concernant le roi des Sept Couronnes. Et quelques régions, aussi. A présent, ils semblent avoir foutu en l'air le principe d'un seul et unique roi pour tous, mais le Nord est toujours indépendant et les principes que j'ai mis en place à Accalmie ont l'air d'avoir tenu, résuma-t-elle très grossièrement.

Si elle avait parlé naturellement, elle ne réalisa qu'après qu'elle avait mentionné Accalmie dans son discours. Une moue se dessina à nouveau sur son visage. Qu'est-ce qu'une Stark irait faire à Accalmie ? Son rôle aurait dû être dans le Nord, et la dernière fois que Ned l'avait vue, Arya méprisait toujours autant l'idée du mariage et était prête à choisir une vocation qui interdisait le mariage, ou qui le rendait très compliqué à honorer.

-Hmm... Je ne comptais pas vous l'annoncer comme ça, mais il se pourrait que j'ai épousé un lord... et que j'ai longtemps été la lady d'Accalmie. D'où le fait que j'ai légèrement influencé les choses là-bas...

feat. @Eddard Stark

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17/01/2023

Il était étrange de parler avec une femme, calme, posée et qui s'exprimait avec un langage qu'il ne reconnaissait pas forcément à Arya, lorsqu'il avait quitté une petite fille pleine de colère, de révolte, qui se prenait pour le futur petit soldat du Nord, à défaut d'avoir la moindre amitié pour Port-Réal, et de se jeter dans celle-ci.

Le père qu'était Ned avait les larmes aux yeux en comprenant que sa fille avait eu une belle vie. Qu'elle avait bien vécu, au moins plus longtemps que lui, sinon deux à presque trois fois sa vie. Il rit en l'entendant appuyer que pendant soixante trois années, sa soeur avait marché sur ses talons jusqu'à la voir filer droit. C'était un rire un peu ému, qui aurait pu s'étouffer dans un sanglot de fierté -ce qu'il ne fit pas, ayant également sa propre fierté à préserver.

Toutefois, sur son visage s'exprimait la même douceur et la même bienveillance avec laquelle il avait toujours veillé sur sa fille, la même joie et la même volonté de la protéger, alors qu'elle semblait bien être suffisamment en mesure de le faire elle-même, que ce ne soit par la parole ou par les gestes.«Je suis heureux d'entendre que vous vous êtes serré les coudes jusqu'au bout. C'est important, entre soeurs.» Entre sœurs entre frères et sœurs aussi et surtout. Mais il n'osait demander ce qu'il était advenu de ses fils et de son neveu... Il n'était pas prêt à en entendre forcément d'avantage.

Voilà qu'elle annonçait les changements opérés en Westeros. Il plissa les yeux en l'entendant parler. Il n'était pas encore au courant de ce qu'il en était, sentant encore le picotement, qu'il aurait pourtant juré récent, de sa peau mordue par la hache de son bourreau. Il allait rétorquer en entendant sa fille parler, mettant une petite attente silencieuse, prêt à la couper dès qu'il serait en mesure de le faire. Et avant qu'elle ne reprenne, il prit la parole. «A Accalmie ?» interrogeait-il, alors qu'elle semblait avoir compris et immédiatement prévu la réaction de son père.

«Tu t'es mariée avec un Baratheon ?» demanda-t-il, un peu perplexe et très loin d'imaginer que le batard de Robert avait été renommé Baratheon..

24/09/2022

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Arya n'avait pas forcément désiré devenir chevalier ou soldat, ni même de tuer. Elle avait juste voulu un autre destin que celui qui s'offrait à elle de par son rang, de par le nom qu'elle portait. Elle aurait été prête à devenir mestre, à être une préceptrice, si seulement ça lui évitait de passer ses journées à attendre qu'un homme vint la tirer de son ennui, la sauver, parce qu'elle n'aurait pas supporté ça. Elle avait sa fierté, et c'était un trait de caractère très affirmé chez elle, depuis l'enfance. C'était un trait typique chez les Stark, mais qu'elle avait augmenté d'une certaine façon. Elle n'avait jamais voulu tuer, avoir les mains remplies de sang, réellement utiliser Aiguille pour se tirer d'une situation mortelle. Mais c'était ce qui était advenu lorsqu'elle avait fui Port-Réal, et finalement, elle avait été chanceuse d'avoir reçu cette épée de la part de Jon, que son père céda pour lui offrir des cours pour apprendre l'épéisme, la danse de l'eau. C'était certainement tout ce qui l'avait gardée en vie toutes ces années, car elle n'était pas Sansa qui pouvait si bien prétendre que ce qu'elle disait ne semblait même pas faux, à moins de bien la connaître. Elle n'était pas non plus Jon, qui avait toujours été bon à l'épée. Elle n'avait pas non plus le courage et la ténacité de Robb.

-De temps en temps, on apprenait bien tes leçons. Le loup solitaire meurt, mais la meute survit, cita-t-elle.

Une leçon qu'elle n'avait pas compris avant de se retrouver seule, vraiment seule. Lorsque Gendry resta avec la Fraternité sans Bannière, lorsqu'elle laissa le Limier pour mort, lorsqu'elle n'eut plus aucune nouvelle de sa famille, de quelqu'un qui voudrait bien d'elle. Elle se retrouva alors à Essos, au temple du Noir et du Blanc, seule. Et elle faillit bien mourir, là-bas, si loin de sa famille. Si elle était repartie en sachant ce qu'elle devait faire, qui elle était et qu'elle ne pouvait plus nier, les lunes là-bas furent dures, surtout sans voir pendant des semaines. Ça lui arrivait encore de temps en temps de se réveiller en sursaut, en pensant qu'elle était de nouveau aveugle, avant de parvenir à se calmer et se focaliser sur ses autres sens, ainsi que forcer sur sa vue pour apercevoir dans la pénombre.

Mais cette cécité était son dernier souci face à ce qu'elle venait de dire à son père, et ce qu'il venait de comprendre. Arya lui offrit un petit sourire désolé, parce qu'elle aurait aimé le lui annoncer autrement, peut-être même en présence de son époux, mais ça lui semblait tellement normal d'être mariée à Gendry. Bien sûr, au début, tout le monde avait ri et cru à une blague, jusqu'au mariage où elle lança des regards noirs à sa fratrie et aux invités qui se paraient de sourires un peu moqueurs. Bon, elle l'avait fait attendre pendant sept ans, mais c'était juste un détail...

-Alors, je sais que déjà le fait que je me sois mariée est surprenant, et je ne voulais pas vous le dire comme ça, mais... Oui. J'ai épousé Gendry, le forgeron que vous avez rencontré à Port-Réal. Après votre... mort, j'ai fui Port-Réal. Je me suis faite passer pour un garçon pour aller vers la Garde de Nuit, dans l'espoir de rejoindre Jon, et il était là. On passa quelques temps ensemble avant que nos chemins se séparèrent et se retrouvèrent, mais ça n'avait jamais été un secret pour moi que je l'aimais depuis ce moment. Il fut rendu légitime et prit le nom Baratheon, mais ce ne fut pas à ce moment là que je décidai de vivre à ses côtés. J'ai juste pris du temps avant de réaliser que je pouvais peut-être épouser l'homme que j'aime, tout en gardant mon indépendance. Je vous assure que j'ai été plus que heureuse avec lui, père. Et que j'étais la plus dangereuse de nous deux, se moqua-t-elle finalement, un sourire sincère sur le visage.

feat. @Eddard Stark

By CrimsonTulip

--- daughter of the wolf

Swift as a deer. Quiet as a shadow. Fear cuts deeper than swords. Quick as a snake. Calm as still water.

17/01/2023

Le cœur gonflé par la perspective de savoir que ses filles avaient fait le nécessaire pour rester ensemble, et se soutenir, fortes des enseignements qu'il leur eut donnés par le passé, Ned Stark aurait pu laisser couler les larmes de son corps depuis ses yeux, s'il n'avait pas été homme et fier. Des larmes de fierté et de joie, de soulagement également. Mais elles ne coulèrent point sur ses joues, il les retint, les ravalant d'un sourire.

«Mes enseignements n'étaient donc pas si mauvais ou ennuyeux, je remarque.» affirma-t-il d'un sourire, avant de reprendre. «Je regrette seulement que votre meute se soit restreinte à vous deux la majeure partie de votre temps, si je le comprends bien.»

S'il avait eu un réel pouvoir pour faire changer les choses, il aurait fait tout ce qui était en son pouvoir pour que rien ne se produise de la façon dont cela arriva. Il regrettait bien des choses, de son ancienne vie, notamment d'avoir donné trop facilement sa confiance à ceux qui s'en servirent au détriment de sa maison, au détriment de ses enfants.

Malgré cela, Arya semblait chérir la vie qu'elle avait eue, notamment ses épousailles avec Gendry, dont elle venait de lui indiquer qu'il avait été légitimé comme enfant Baratheon, et non comme son bâtard. Si pour des questions de pouvoir et d'alliances, et sûrement aussi car il avait vu ce dont était capable la maison Baratheon, il sembla émettre une légère contrariété à cette union, Arya ne manqua pas de le rassurer à ce sujet. Il sourit à son enfant, bien que le regard légèrement ailleurs, avant de laisser émettre un éclat de rire. Elle était la plus dangereuse des deux. Il n'en douta pas un seul instant. «Si tel a été ton choix, j'imagine qu'il a été intensément muri..» Effectivement, pour que la petite Arya qu'il eut connue avait fait le choix de se marier, cela ne relevait sûrement pas de pure folie. «Tu as eu beaucoup de chance. Les jeunes femmes de ton âge...» et de sa condition, sans parent pour la protéger, «... n'ont pas toujours le choix d'un mariage d'amour.» statua-t-il, en songeant bien fortement à Sansa, et ses fiançailles avec Joeffrey. Qu'en était-il de sa vie, à Sansa ? Il n'en savait guère grand chose. Il espérait la rencontrer, si elle était également revenue à la vie, et en apprendre plus. Mais l'heure était consacrée à ses retrouvailles avec sa fille.

«Ta descendance t'a-t-elle rendue heureuse également, mon enfant ?»