"Facing the worst pain that I've known" Ft. Robb Stark

Depuis plusieurs mètres déjà, Catelyn pouvait apercevoir les tours et l'architecture de Winterfell, qui semblait tendre les bras au maigre convoi qui avançait vers elle, les attendre et leur promettre un accueil chaleureux après cette longue route.
La vue de la forteresse la confortait autant qu'elle ne lui pinçait le cœur. Quelques temps plus tôt, l'ancienne lady Stark avait pris part à ce voyage au Mur, décrétant une certaine curiosité pour ce Mur qui était tombé, pour ce que les siècles avaient fait de ce lieu connu de tous et toutes dans l'entièreté du royaume. En vérité, ce n'était pas tant la curiosité qui avait guidé son choix, que l'envie de fuir un peu les fantômes qui la hantaient à Winterfell.
La forteresse ancestrale des Stark était son foyer, elle l'était devenue il y a bien longtemps et elle le resterait jusqu'à ce que cette nouvelle existence prenne fin une nouvelle fois mais depuis son retour, elle découvrait que ces murs étaient aussi son pire cauchemar ; ils renfermaient les fantômes de ses enfants. Oh, Arya était là. Arya était en vie et Catelyn en était heureuse.

Il lui avait été difficile, insupportable d'accepter tout ça, tant qu'elle avait presque vécu une vie de recluse dans ses appartements pendant des semaines, avec Ned pour seule compagnie, avant que la réalité ne s'impose à elle, qu'elle décide de faire preuve de force à nouveau et qu'elle n'aille visiter sa fille, qu'elle ne rattrape le temps avec elle.
Depuis, Catelyn Stark réapprenait à vivre, elle réapprenait à apprécier la beauté de Winterfell, à moins ressentir la culpabilité qui la tenaillait.
Mais il y avait des blessures qui ne pouvaient pas disparaître, qui ne vous relâchaient jamais une fois qu'elles vous enserraient de leurs griffes. Et si Arya était là, elle ne parvenait pas à passer outre l'absence de Sansa et de ses fils, leurs morts la hantait encore... Oh, bien sûr, elle savait à présent le destin qui avait été celui de Sansa, elle était fière de sa fille, tout autant que de Bran mais Rickon et Robb... Ses enfants, ses chers enfants...
Partout où elle posait ses yeux à Winterfell, elle pouvait voir leurs fantômes, et à chaque fois, à chaque fois, ces spectres la distançaient, elle les perdait et la douleur était immense.
Elle avait eu besoin de s'éloigner un peu et lorsqu'elle avait entendu parler de cette expédition, elle en avait profité, était parti pour le Mur et y était resté quelques temps avec le convoi.

Le cadre, les enjeux politiques et l'atmosphère qui régnait autour des ruines du Mur lui avait un peu changé les idées et au final, sur le retour, son cœur était un peu plus apaisé, Catelyn avait même hâte de retrouver Wnterfell après l'inconfort de leur périple.
Il était douloureux de songer aux fantômes qu'elle trouverait de nouveau dans l'enceinte du château, mais l'air sauvage du Nord l'avait requinqué et Catelyn se sentait prête à les affronter de nouveau.
Les chevaux passent les portes du château et Catelyn descend de sa monture, ses jambes sont lourdes et le bas de son dos lui brûle un peu tandis que ses pieds retrouvent le sol avec plaisir.
L'air plus doux de Winterfell semble réchauffer ses poumons et un léger sourire vient même tenir compagnie aux rides de son visage alors qu'elle regarde les alentours.
Son cheval laissé entre de bonnes mains, la lady se tourne, elle a l'intention de rejoindre ses appartements et de se rafraîchir mais à la place, Catelyn s'arrête soudainement au milieu de la cour.
Est-ce un fantôme encore ?

Non. Non, elle sait bien que ce n'est pas un fantôme. Lorsqu'elle voit Robb, les souvenirs qu'elle a de lui entre ces murs sont doux et souriants, ils sont heureux et juvéniles, rien à voir avec l'homme qui lui fait face, celui qui a enduré la guerre, qui est devenu un homme trop tôt. Celui qu'elle a regardé mourir, impuissante.
Un sanglot lui échappe avant même qu'elle ne fasse le premier pas, celui qui la fait courir vers son fils, son premier fils, le dernier enfant qu'elle a eût à ses côtés, le seul qu'elle ait pu gardé à ses côtés...

« Robb ! »

En quelques secondes, Catelyn a franchi la distance qui les séparait, elle s'est jeté à son coup et l'enserre dans une étreinte maternelle et désespérée, tandis qu'il n'y a rien, absolument rien qu'elle ne puisse faire pour empêcher les larmes de rouler sur ses joues qui en ont déjà tant connu...

« Mon fils, mon précieux fils... Tu es là... »

Oh, elle se disloque, la Catelyn forte, celle qui se veut courageuse même quand son cœur est lourd et déchiré, elle ne peut plus que plier sous le poids de ses sentiments colossaux à cet instant, et sa voix en est brisée quand elle parle, au milieu de ses larmes et de sa faiblesse de mère.

« Pardonne moi, je n'ai pas su te protéger... »