The night is dark and full of darkness

Au cours de cette dernière journée, Otto Hightower, actuel main du roi Viserys I Targaryen, avait pu être témoin de nombreuses choses qui auraient eu une conséquences majeurs sur la suite.

Il y avait d’abord eu le retour de Rhaenyra et sa famille, ce qui avait pu apaiser son cœur; car le roi était plus affaibli que jamais. Parce qu’il savait que l’Etranger était plus près de lui que jamais. Mais il y avait eu cette pétition dont il n’avait pas pu être témoins des discussions entre Alicent et Vaemond Valyrion. Il avait cependant été bien le seul au côté de Viserys lorsqu’il lui avait demandé d’organiser ce repas, et plus important, lorsqu’il avait refusé de prendre son traitement contre la douleur qui plongeait son esprit dans les brumes. Il n’agissait sans doute pas dans son meilleur intérêt, mais dans celui de sa fille, assurément. Et Otto avait gardé secret cette décision du roi, espérant que sa possible arrivée dans la salle du trône les prenne tous par surprise. Car seule sa voix pourrait sauver la position de Rheanyra et Lucerys, une dernière fois. Et cela n’avait pas raté. Otto était resté dans l’ombre, pendant toute cette scène, mais il en avait été ravis. Et puis, ce repas. Oh, il aurait presque pu être tenté de céder à la même naïveté qui semblait aveuglé son roi, et croire que leurs familles étaient à nouveau unies. Mais le roi avait à peine quitté la salle que les tensions étaient violemment revenues. Et Otto Hightower n’avait pu qu’échanger un dernier repas avec Rhaenyra avant qu’elle ne décide de quitter Port Réal pour ramener ses enfants à Peyredragon. La meilleure décision pour eux, pas pour elle.

Il n’avait pas trouvé le sommeil cette nuit. Peut-être savait-il déjà que tout changerait au cœur de cette nuit? Otto Hightower avait de nombreux espions au cœur des murs du donjon rouge. Des serviteurs en tout genre, qui n’étaient jamais suffisamment visibles pour les nobles. Et ce fut d’ailleurs par le biais d’une servante qu’il su la tragédie qui venait de se jouer au milieu de la nuit noire.

Le roi est mort.

Cette nouvelle, il s’y était préparé. Pourtant, pour un instant, il le prit comme par surprise. Il ressentit cette émotion, celle qui nous déchirait lorsque l’on venait de perdre un cher ami. Viserys était son roi, il l’avait servi loyalement depuis son accession au trône. Mais au cours des années, il s’était sincèrement attaché au roi, le considérant comme un ami. Et ce même s’il pouvait toujours bien douter que l’inverse puisse être vrai. Il était son serviteur, rien de plus. Mais aujourd'hui, il devait penser à la suite. Il fallait préparer la succession de Rhaenyra. C’était à cet instant, que Alicent venait d'apparaître face à lui. La reine consort, sa fille. Il avait été amené à ne plus lui faire confiance depuis des années. Car elle avait perdu tout bon sens, et elle semblait être la première menace contre l’héritière désignée de Viserys. Et ce qu’elle lui dit ne fait que souligner un peu plus cette vérité. Voulait-elle lui faire croire que le roi avait changé d’avis sur la succession juste avant de mourir ? Qu’il lui aurait confié à elle seule.

Il aurait voulu lui faire remarquer que cela n’avait aucun sens. Mais Otto Hightower avait toujours pu compter sur son esprit vif. Et de fait, il comprit immédiatement que la situation était bien plus grave qu’elle n’y paraissait. Aussi, fit-il semblant d’aller dans son sens. Peut-être, semblait-elle presque soulagée de pouvoir compter sur son père, sur la main du roi. Et Otto devait être assez convainquant car Alicent continua en lui disant qu’ils étaient déjà tous à bord pour couronner Aegon, qu’ils auraient besoin de son aide à présent qu’il avait l’esprit éclairé. Oh, il comprit bien trop rapidement ce qu’il s’était joué dans son dos. S’était-il laissé trop déconcentré par l’état de santé du roi, par les lettres qu’il avait pu envoyer jusqu’à Peyredragon? Il s’en voulait terriblement, mais il continua de jouer le jeu. Son esprit s’alarma un peu lorsqu’elle part en déclarant avoir convoqué un conseil restreint pour cette nuit.

Il n’avait plus beaucoup de temps.

Heureusement, il était la main du roi. Il n’avait pas eu besoin d’autorisation spéciale pour aller voir le roi une dernière fois. Ils avaient déjà commencé à préparer son corps pour les funérailles à venir. Et ses sentiments pouvaient être double. Il était peiné de le savoir mort. Mais il était également soulagé de le savoir en paix. Il méritait certainement cette paix, d’être enfin libéré de toute cette souffrance. Ce serait maintenant à eux de reprendre la main et de se battre pour faire respecter la succession souhaitée par Viserys.

Son cœur devait battre la chamade dans sa poitrine. Oh que faisait-il, ici? Était-il devenu fou? Mais il devait le faire. Il avait pris avec lui un simple sac de toile, mais bientôt, il trouvera la force de dérober la couronne de Viserys pour l’y cacher.



Assez rapidement, il avait quitté la pièce, laissant les serviteurs revenir dans la pièce. Il avait rarement marché aussi vite. Il savait que le conseil avait déjà dû commencer. Et son absence ferait parler. Il s’était rapidement engouffré dans une pièce, attrapant au vol un simple vêtement qu’il pourrait mettre au-dessus de ses vêtements. Il avait ensuite regagné les couloirs, marchant toujours aussi vite qu’il pouvait sans avoir l’air de courir. Mais il ne faisait peut-être pas assez attention, car au détour d’un autre couloir, il se cogna contre une armure. Ses traits se durcissent légèrement, priant intérieurement pour ne pas mourir ici, pas avant d’avoir réussi à sortir. Mais lorsqu’il releva le regard, il observa le lord commandant, Ser Harrold Ouestrelin. Il remarqua immédiatement les traits tirés sur son visage, et l’absence de sa cape. Il tenta de comprendre, mais l’homme l’informa assez vite qu’ils le recherchaient. Et aussi fou que cela puisse paraître, les deux hommes comprirent assez vite qu’ils pouvaient se faire confiance.

Ils étaient encore en réunion. Otto lui avait seulement demandé ça, pour le moment. Oui. C’était parfait. Tant qu’ils étaient en réunion, ils ne pouvaient pas avoir sonné d’alerte particulière. Alors les deux hommes prirent la fuite, Otto enfilant bientôt ce vêtement par-dessus sa tenue, faisant remonter sa capuche au-dessus de sa tête alors qu’ils avaient rejoint la ville, puis trouver un semblant de bateau sur la jetée, une barque de fortune. Et tandis que Harrold Ouestrelin ramait réellement de son côté, Otto Hightower réfléchissait à tout ce qui suivrait cette maudite nuit. Il observait le ciel étoilé, ce sac sur ses genoux. Un simple sac qui pourtant contenait l’une des clés des sept royaumes.

Au bout d’un temps, et sous les grognement d’Harrold, il avait tout de même prêter main forte pour ramer à son tour, et finalement, ils avaient atteint Peyredragon. Ils s’y avançaient, avec un peu plus d’assurance que lorsqu’ils avaient quitté le dragon rouge. Et bientôt, sans qu’il ne s’en rende compte, on l’annonçait dans cette salle à l’imposante table peinte. Lord Otto Hightower s’avançait seul, l’ancien lord commandant, était resté plus loin. Ses traits devaient être tirés, lourds peut-être. Et plus il avançait, plus il se rendait compte, qu’en une fraction de seconde, tout serait différent pour elle, pour chacun d’entre eux.

Et elle comprit, avant même qu’il ne prononce les mots. Son regard se voulait compatissant à cet instant.

Il marqua un temps d’arrêt avant de terminer sa phrase

Il inspira longuement, semblant chercher ses mots.



A ses quelques mots, il avait également lancé un regard vers Daemon. Malgré leurs différents sans pareil, il ne doutait pas de l’amour entre ces deux frères, et il savait qu’il en souffrirait également. Comme il savait que Viserys avait souffert de l’éloignement de sa fille et de son frère.



Oh, il y avait ce sac qu’il tenait dans sa main, mais il n’en dévoila pas encore le contenu. Rhaenyra et Daemon avaient déjà tant à digérer en si peu de temps. Lui-même, se rendait compte de la rapidité avec laquelle tout c’était déroulé autour de lui. Et il se tenait là devant eux, avec le devoir de leur annoncer la mort du roi ainsi que l’usurpation. Et ce faisant, il se rendit compte que lui-même, n’avait pas encore pris le temps de faire son propre deuil. Pour son roi. Pour son ami. Mais il était là, et il ferait tout son possible pour respecter la véritable volonté de Viserys, comme une dernière promesse qu’il avait pu laisser à sa dépouille après cette dernière visite.