she's gone like the wind

Les mots s'enchaînaient sur la missive, mais plus il s'acharnait à les lire, moins ils trouvaient sens dans l'esprit d'Orys. S'il eut été tout d'abord étonné de recevoir une lettre de la part de Maegor, son cerveau s'entêtait à ne pas lui faire comprendre le sens. Dans les appartements qu'il partageait avec son épouse, il se laissa tomber sur un fauteuil, la lettre dans sa main. Ce qu'il comprenait n'avait pas de sens. Non, ça ne pouvait en avoir. C'était impossible.... Pas maintenant. Pas comme ça. Visenya ne pouvait être morte. Il ne l'avait pas même revue, repoussant maintes et maintes fois sa visite à Port Réal. Ils avaient le temps. Voilà l'essence même de ces précédentes pensées lorsque, très égoïstement, il repoussait le voyage, préférant profiter d'Accalmie, de temps avec son épouse, et de toutes autres choses que la guerre qui se préparait, à laquelle il soupçonnait la responsabilité de Visenya, bien que partielle.

«Argella... Je crois qu'il me faut aller à Port Réal.» eut-il dit, lorsqu'elle entra dans la pièce, et qu'elle approcha de lui avec douceur, comme usuellement. Après ses mots, Argella vint à poser une main sur son épaule, en lui demandant si tout allait bien. Les poings serrés, il se tourna vers elle, les yeux brillants de larmes qu'il ne pouvait davantage retenir. «Je... » mais les mots se nouèrent comme une corde autour de son cou, au fond de sa gorge. Il tendit alors la missive à son épouse qui le lut très rapidement, avant de lui apporter son soutien.

Après de longues heures de silence assis sur son fauteuil, à tenter d'assimiler la réalité, et bien qu'il fut impossible de digérer l'information, à tenter de se redresser, Orys brisa le silence, lourd, mais qu'Argella eut respecté sans même qu'il eut à le lui demander, et il prit conscience qu'il ne l'avait pas inclue dans sa précédente phrase. Alors, il se racla la gorge et finit par lui demander. «Souhaites-tu m'accompagner ? Je vais faire préparer le nécessaire pour partir. Je comprendrais si tu décidais de ne pas venir.» Le déplacement d'Orys n'annonçait guère bonne nouvelle, sinon les retentissements d'un combat intérieur qui faisait déjà rage et grondait comme le tonnerre.. De représailles à donner. Il ne fallait point connaître davantage Orys pour le comprendre. Malgré cela, il espérait silencieusement que celle qui avait toujours été présente pour lui, concède à participer à l'expédition, ne sachant pas combien de temps il resterait à la Capitale. Puis Orys se leva, pour commencer les préparatifs de son voyage, auquel elle consentit à participer avec lui.

Pendant tout le voyage, Orys resta silencieux, laissant bouillir la rage qui clamait vengeance en lui. Il ne supportait pas l'idée d'avoir manqué une occasion de serrer sa sœur dans ses bras, d'entendre son rire, bien que plus souvent sarcastique dans ses souvenirs qu'un pur éclat de rire joyeux. Le regard inquiet d'Argella qui n'eut de cesse de se poser sur lui et de le couvrir comme pour le protéger, ne lui sembla pas même l'apaiser, et il parut y être totalement insensible, perdu dans ses pensées, à songer au sort que subirait l'auteur de l'assassinat de Visenya.

En dépit de cela, le périple se déroula sans encombre, sinon le cœur lourd. Il apparut que tous portaient le deuil de la Reine. L'on entendit seulement le bruit du transport, sans l'ombre d'une discussion aux mots prononcés à haute voix.



Leur attelage venait d'arriver à Port Réal. Orys mit un pied sur la terre ferme, et attendit de se faire annoncer auprès de Maegor. Il serrait fortement les poings, les bras lâchés le long de son corps. Il ne voyait plus grand chose autour de lui, et il lui sembla être insensible à ce qui l'entourait, si bien qu'il n'eut plus vraiment conscience de son environnement. Argella était-elle toujours à ses côtés, ou était-elle partie ? A ce jour, il lui fut toujours impossible de faire jouer sa mémoire pour se souvenir de la présence de son épouse. La fièvre, cette frénésie qui s'agitait en lui depuis la réception de la missive de son nouveau suffisait à l'aveugler. Et il ne sembla voir que l'homme qui pourrait soigner sa fureur : Maegor Targaryen, avec qui il partageait toute sa souffrance, son neveu dont il comprenait chaque aspect de son tourment, fut-il décuplé par rapport à celui que ressentait Orys Baratheon.