「A reunion of killers」(ft. Alysanne Fléaufort)

Depuis son retour à la vie, Maegor s’était décidé à quitter le Royaume qui l’avait vu naître et devenir roi dès lors que sa mère, Visenya, s’était assise sur le trône qui lui revenait de droit. Maegor Targaryen avait eu des rêves et des espérances, comme tout un chacun, peu importe ce que le peuple ou les nobles pouvaient bien chuchoter à son sujet. Il ne doutait pas que le monde voyait en lui une ignominie, un être dangereux et sans cœur qui représentait tout ce qu’il y avait de mauvais dans la maison Targaryen.

Le prince de Peyredragon s’était vu passer son titre au futur héritier de sa mère avec grand plaisir après avoir ployé le genoux et dès qu’il aurait été débarrassé, Fyrewrath les auraient emmenés, Alys, Tyanna, la minuscule Rhaenyra et lui-même, très loin de cette terre maudite qui n’avait apporté que le malheur et la peine. Ils se seraient installés à nouveau à Pentos et sa fille aurait été protégée des maux qui attaquaient leur famille depuis toujours. Rhaenyra n’aurait manqué de rien et elle aurait été élevée dans la tradition essossienne la plus pur, ne parlant pas un traitre mot de ce qu’on appelait la Langue Commune pour lui préférer le Haut-Valyrien et toute ses formes bâtardes.

A la place de ses rêves, Visenya était morte et Maegor avait pleuré plus de larme qu’il n’en avait fait quand Alaenys avait perdu la vie, si cette dernière avait seulement déjà été insufflée dans son petit corps. Dans cette vie, il avait imaginé passer tout son temps avec sa mère, il avait imaginé que rien ne saurait les séparer et à la place, le prince avait passé plus de temps loin d’elle qu’à ses côtés et la perte l’avait presque anéanti. Ce matin, quand il s’était réveillé, son lit était vide et sur son visage, les larmes et la peine avaient laissé place à une dureté et une colère qui le dépassaient entièrement.

Sa mère était morte, assassinée dans son propre palais et personne n’avait rien fait pour la secourir. On avait laissé son corps là, baignant dans son sang et le criminel était en liberté totale, vivant, respirant un air qu’il ne méritait pas. Alors quand il se leva, le prince de Peyredragon s’habilla seul avec une lenteur rituelle. Il n’était pas commun, ces deux dernières années de le voir aussi sombre. Le valyrien à la place de sa furie habituelle, s’était entouré d’un optimisme et d’une joie rarement balayé, et cela, grâce aux nombreux efforts qu’il avait fait et surtout, grâce à ceux qui habitait sa vie.

Alys et Tyanna tenaient le rôle principal de tout ceci car elles avaient bien trop manqué à Maegor pour qu’il se montra trop désagréable en leur présence. Ensuite, la présence de Tybalt avait eu un véritable effet sur son état général. C’était alors comme si le prince avait retrouvé quelques années de moins, en ce temps où tout semblait être exactement à sa place et parfait dans sa vie. Tout autant que son fils, l’existence d’amis et de camarades avaient un impact similaire sur le prince qui découvrait enfin qu’il n’avait pas à tout affronté seul, ou presque seul. On pouvait le comprendre dans ses bons comme ses mauvais côtés et cela avait fait toute la différence. Finalement, la naissance de sa douce petite fille nommée en l’honneur de la reine de Volantis avait été la plus grande joie de sa vie avant qu’il ne rentre à Port-Réal et que tout ne s’effondre à nouveau. Maegor laissa un instant ses doigts courir son pourpoint noir, et quand il porta enfin son épée à sa ceinture, l’homme quitta la pièce en claquant la porte avec violence.

Toute la joie avait été aspirée de son corps et il ne restait, à cet instant, qu’une vive rage qui l’avait habité si souvent et qui lui avait valu son surnom de Maegor le Cruel. Pour la première fois depuis la naissance de son enfant, le prince ne passa pas lui rendre visite, son pas était lourd et il n’y eut aucune hésitation quand il passa devant la pièce qui abritait Rhaenyra. Il était hors de question qu’elle le voit ainsi, même si elle ne s’en souviendrait jamais, parce que Tyanna avait raison, elle avait toujours raison et cela depuis le premier instant où elle avait ouvert ses maudites lèvres à nouveau face à lui. Il détruisait tout ce qu’il touchait et le prince-dragon refusait de détruire l’être le plus cher dans sa vie, celui-là même qu’il avait attendu depuis si longtemps et qu’on lui avait toujours refusé.

Son poing se serra alors en y pensant, tandis que son esprit lui souffla qu’on eût retiré sa mère de son monde et que jamais elle ne rencontrerait sa petite-fille. Bien sûr, la petite saurait tout de son illustre grand-mère, bien plus que ce que le monde écrirait à son sujet. Elle apprendrait que Visenya était une femme forte avec du caractère et pourtant, qu’elle avait été la meilleure des mères. Elle saurait l’exacte teinte de ses yeux et le reflet argenté de ses cheveux qui dansaient à la lumière. Plus encore, Rhaenyra apprendrait que rien n’est impossible quand on avait le sang de la Conquérante dans le sang et pour cette raison exacte, le prince de Peyredragon pensa qu’ils ne quitteraient jamais Westeros. Leur sang régnerait sur ces terres quoiqu’il advienne car Visenya Targaryen, première du nom, Reine des Andals, de Rhoynar et des Premiers Hommes, Dame des Sept Couronnes et Protectrice du Royaume n’aurait pas tant accompli en vain.

Alors que le fils de la défunte reine traversait les couloirs de ce palais qu’il avait achevé lui-même plusieurs siècles auparavant, il n’était pas rare que l’on s’éloignât sur son passage. Il y avait une aura sombre et terrible l’enveloppant, une de celles qui indiquait qu’il serait prêt à tuer la moindre personne se dressant entre lui et sa mission du jour et Maegor n’était pas connu pour se retenir ou pour se faire prier lorsqu’il était ne serait-ce que contrarié. Le prince marchât d’un pas rageur vers les geôles et souterrains qu’il avait fait construire. De tout ceux qui prétendaient tout connaître de cet endroit, le Targaryen savait qu’ils mentaient. Savaient-ils le moindre recoin comme lui ? Savaient-ils naviguer le réseau de passages secrets, de dédales labyrinthiques, de prisons et autres salles de tortures ? Savaient-ils que les murs avaient quelques gravures pour son seul et unique plaisir personnel ? En dehors de lui, Tyanna était assez érudit quand aux chemins à suivre. Cet endroit, il le lui avait presque offert comme gigantesque terrain de jeu personnel. Il y avait assez de place pour ses expériences, pour tuer plus de personnes que quiconque puisse l’imaginer. C’est là que se rendait le prince de Peyredragon, le regard noir d’une colère sourde, pour trouver une des personnes enfermées dans ces geôles.

Alysanne Fléaufort était une sorcière, disait-on. Elle avait été reine pour un temps avant que Visenya ne monte sur le trône à sa place, comme la Conquérante le devait car telle était sa destinée. Cette femme avait déjà tué et on l’avait laissé entrer dans la dalle du trône sans personne d’autre qu’elle-même pour seule compagnie de la Reine, de leur Reine, celle que la garde régine n’avait pas sût protéger. Maegor rendrait alors la justice comme il le devait puisqu’il lui semblait que personne n’était fichu d’effectuer le travail comme il se devait dans ce Donjon et après cela, personne ne pourrait plus rien faire contre sa propre ascension, celle qui le verrait coiffer la couronne pour la deuxième fois pour remettre ce Royaume sur le droit chemin.

Pour l’heure, le prince de Peyredragon gardait ses ambitions pour lui-même et quand il arriva finalement à sa destination, dégaina sa dague lentement. La lame frappait lentement chaque barreau et sur son visage était dessiné un sourire d’homme fou, celle qui marquait toute sa douleur transformée en une colère si grande qu’il ne pouvait pas la cacher. Et pour la toute première fois depuis qu’il était revenu à la vie, c’était comme s’il était enfin lui-même à nouveau, le réel Maegor, celui qu’il pensait avoir perdu et qui, en fait, vivait en lui depuis toujours, celui qui appelait au sang et à la violence et dans lequel le Targaryen se laissait glisser avec plaisir.

Son pas s’arrêta finalement devant la cage enfermant la jeune femme et pendant un instant, ses sourcils se froncèrent violemment. Il l’observa avec une certaine révulsion, se reculant d’un pas. Maegor trembla quand il lui trouva tant de similarité à Tyanna, sa féroce Tyanna, mais il refusa de se laisser manipuler par ses yeux. A la place, il frappa les barreaux plus fort encore.

“You, Usurper. Come closer. I must talk to you. We should take a walk privately, just the two of us. After all, words have been spread that you are a man killer and that you might be, also, a queenslayer.”

Ou peut-être savait-elle quelque chose, peut-être avait-elle laissé quelqu’un entrer dans le Donjon ou vu des choses dans l’ombre. Maegor savait que parfois, il était bon travailler avec ses ennemis. Après tout, il s’était allié à Otto Hightower et si leur discussion avait été désagréable, il y avait eu des choses, chez cet homme, que le Targaryen avait apprécié. Peut-être apprécierait-il des choses chez la lady Fléaufort.