♫ King's Landing; Crownlands; Westeros — Day 10 Moon 7 Year 875 Port-Réal était différente. Elle était baignée d’une aura que certain qualifierait de sombre. Maegor, lui, préférait dire qu’il s’agissait d’une aura de justice. Il était arrivé sur le dos de Fyrewrath avec ses épouses, la minuscule Rhaenyra, sa fille, blottie dans des tissus de soies noirs et brodés d’or entre les bras de sa mère. Ils avaient été convoqués par la Reine et si l’attente avait semblé interminable, le prince de Peyredragon et lord des Eyriés, titre qu’il s’était approprié de droit, était tout de même ravi. Il avait eu le temps de penser et de réfléchir et il lui semblait évident, maintenant, que sa mère avait eu raison. Son âme cherchait la guerre tout autant que les chiens cherchaient le gibier et l’appel du sang avait eu raison de toute réflexion et de son intelligence.
Quand il posa le pied à terre, c’est avec fierté que le prince passa les arches et les imposantes portes du Donjon Rouge, celui-là même dont il avait achevé la construction et que la dernière des Targaryen avait saccagé. Ses larges mains caressaient les pierres rouges et chargées d’histoires. Maegor avait toujours aimé les très hautes tours et les très profonds souterrains. Dans sa jeunesse, il aimait s’installer au plus haut de Peyredragon quand il ne traînait pas dans les jupes de sa mère à jouer les gardes. En vieillissant, le valyrien s’était intéressé aux tréfonds de pierres noires et polies qui tapissaient les étages des inférieurs de la forteresse, autant d’endroits que fréquentaient les dragons sauvages qui peuplaient l'île de Peyredragon et il passait de long moment à les arpenter, marchant pendant des heures interminables et dans un silence complet, seul. Le prince, une fois devenu roi, avait désiré que la forteresse de père soit construit sur un modèle similaire. Les tours étaient déjà hautes, il fallait désormais un citadelle capable de les défendre et des souterrains infinis dans lesquels on trouverait ce que Maegor avait toujours aimé : le noir, l'humidité, des gravures valyriennes reprenant de sombres mantras oubliés et des geôles cachées derrières des couloirs labyrinthiques et inquiétant.
“You,” interpella le prince d'une fois forte.
“Show our quarters to my wives. I hope everything has been prepared for us and our child. She's the grandchild of the queen after all.”Il y avait une tendresse immense dans les paroles de Maegor alors que ses mains caressaient lentement le visage délicat de la petite Rhaenyra. Si Alaenys avait été le portrait craché de Tyanna, Maegor voulait croire que son héritière avait certains de ses traits malgré les cheveux roux qui décoraient le dessus de sa petite tête. Le dos de sa main trouva sa joue et le prince de la Maison Targaryen y déposa une caresse lente et presque tremblante, soufflant lentement. S'il se contentait du temps qu'il passait avec sa fille, il apparaissait parfois que cela n'était jamais assez et que les heures qu'il passait à l'observer dormir ne savaient le contenter. Alors, quand il quittait la nurserie, en ces moments-là, Le prince devenait plus colérique qu'il ne l'était déjà. Cette fois, pourtant, il ressentait une excitation tenace. Sa mère rencontrerait enfin la chaire de sa chaire et il ne doutait pas que Rhaenrya saurait ravir la Conquérante.
“Go to rest, my dears. I can't imagine how tired you must be. I shall find you.”Et aussi vite qu'il s'était tourné vers elles, Maegor s'était détourné pour traverser le palais qui avait vu l'intégralité de son règne entier se faire et se défaire. Chaque marche lui paraissait familière et pourtant, le temps semblait avoir fait son oeuvre entre ces murs. son pouce retraçait ici et là les traces évidentes des huit longs siècles qu'il avait manqué et la nostalgie sembla lui sauter à la gorge, prête à l'engloutir tout entier. Il se souvint de ses premiers pas ici avec Aenys, à son enjouement lorsqu'il lui montrait chaque pièce et à son sourire qui savait illuminé toutes les pièces. Son frère ainé avait été une bénédiction des Quatorze et il lui semblait à cet instant qu'il lui manquait si terriblement. Alors, dans un pas rageur, le Targaryen repris son chemin en accélérant, un air féroce et en colère plâtré sur la face alors qu'il se rendait jusqu'à la salle qui avait contenu, un jour, le trône de fer. Il n'était plus aujourd'hui, à cause de celle qui avait été la dernière des Targaryen et aujourd'hui, pourtant, leur sang régnait à nouveau. Ses larges mains poussèrent alors vivement les larges portes dans un geste solennel et pourtant, seul le silence l'accueillit. Il faisait un peu sombre, plus que Maegor s'en souvenait. Cela était peut-être dû aux estrades de constructions et il avança jusqu'à ce qu'il ne remarque enfin une masse au sol, baignant dans un liquide, ce qui semblait être une épée ressortant comme une épine douloureuse.
Dans sa vie, le prince de Peyredragon avait assez tué pour savoir de quoi il s'agissait et de quoi est-ce que cela pouvait bien avoir l'apparence. Il regarda alors autour de lui, appelant sa mère trois fois avant de s'approcher. Essayait-elle de le faire accuser d'un meurtre que son fils n'avait pas connu? Est-ce que Tyanna avait eu raison? Une telle situation lui vaudrait les cachots et la mort, il n'en doutait pas et pourtant, si tel était son destin, Maegor l'accepterait sans broncher. Rhaenyra vivrait et elle grandirait pour devenir une princesse Targaryenne telle que le sens commun l'accepterait. Il serait à sa fille de faire ses propres choix et de ne pas suivre son exemple à lui. Il n'était pas une bonne personne, cela, le père le savait, mais il espérait tout de même que son enfant saurait être fière de son héritage et de ce qu'elle était : le sang du Dragon. Le Targaryen s'approcha alors et à chaque pas, son trouble devint une peine qui lui coupa le souffle tout entier. Son corps semblait près à lâcher sous le poids immense de sa découverte.
Là, dans la salle à colonne où s'était un jour tenue les statues d'Aegon le Conquérant et d'Aenys gisait Visenya première du Nom, Reine des Andals, de Rhoynar et des Premiers Hommes, Dame des Sept Couronnes et Protectrice du Royaume. La reine baignait dans son propre nom, victime d'un assassinat lâche qui ne lui avait laissé aucune chance. Son fils tomba à genoux dans un bruit de métal et de cuir lourd, l'attirant à lui lentement. Il n'y croyait pas et le silence s'était transformé en un bourdonnement cynique qui lui rappela lourdement son mutisme quand il avait tourné les talons pour la dernière fois. Maegor jura dans sa barbe, sanglotant sans pouvoir retenir le flot de ses émotions. Chaque fois qu'il semblait laisser sa mère, cette dernière finissait par mourir et il n'avait rien pu faire pour la défendre et la protéger. L'une de ses grandes mains se pressait sur sa joue tandis que la seconde retenait, en vain, la blessure mortelle de saigner. Il était trop tard, cela, le valyrien le savait et pourtant il avait la naïve conviction que sa mère revivrait, qu'elle était une des Quatorze Flammes de Valyria et personne ne pouvait tuer un Dieu.
“Mother, please wake up. Please, don't leave me here alone with those people. Please...”L'écho similaire venu de sa première vie lui revint comme un coup en plein visage. Il se souvint de tous ces cris et de tous ces pleurs. Il avait alors juré de venger leur nom et leur famille, celle qui n'avait pas tourné le dos aux principes de leur sang et après cela, Maegor était tombé dans une apathie d'une quinzaine, incapable de bouger sans ressentir un vide immense et une douleur au cœur. Le prince serra davantage sa mère contre lui, la berçant avant que ses lèvres ne se pose délicatement contre son front et il trouva un peu de courage pour parler et raconter les dernières lunes qu'il avait passé aux Eyriés, celles qu'il avait écrit dans des dizaines de lettres qu'il n'avait jamais envoyé.
“I have a daughter now. She was born on the third moon of this year. Her name is Rhaenyra, we named her after the Queen Rhaenyra of Volantis as I thought you'd say I could not name my child after a you since you still lived... Mother... I wish you could have seen her. She has the prettiest flammed hair but her eyes are purple just like yours and your nose two. I think she'll look like you, one day. She'll be a queen. Your legacy is strong, our reign as just begun.”Et sur ses paroles, le Targaryen déposa sa main sur les yeux de Visenya pour les fermer pour toujours, la blottissant tout contre son cœur comme si elle disparaîtrait d'une seconde à l'autre. A chaque seconde qui passait, son regard devint dur, cependant et il finit alors par retirer sa cape d'un rouge carmin, couvrant le corps sans vie de la Reine Targaryen pour lui donner un peu de dignité. Il y avait quelque chose de différent en lui, cette fois, comme si la perte l'avait réveillé plutôt que de l'endormir. Maegor reposa alors sa mère et fit appeler les gardes. Personne ne sortirait du Donjon Rouge avant nouvel ordre et la Commandante de la Garde Régine devait être amené devant lui immédiatement pour répondre à ses manquements. Des mestres devaient être appelés également, celui de Peyredragon en particulier puisque le prince de l'île en était proche et qu'il avait toute confiance. Et dans un cri guttural tout droit sorti de ce que les ouesteriens appelaient les Sept Enfers, le dangereux dragon de prince Targaryen se fraya un chemin entre les planches et les colonnes brisées, caché dans la pénombre comme un prédateur. Il brûlerait quiconque Maegor lui dirait, cela ne faisait aucun doute et le prince en était ravi.
Ils attendirent alors, sombres et en colères, la main de Maegor entourant fermement le pommeau de son épée. Alyssa de la maison Targaryen répondrait de ses manquements en premier, pour autant, elle ne serait pas destituée. Dans sa réflexion, le valyrien s'était dit que cette femme avait eu milles occasions de croiser le fer et de tuer Visenya, mais elle ne l'avait jamais fait. Seule sa fuite indiquerait sa culpabilité et il savait que cette femme ne fuyait pas. Et quand les portes s'ouvrirent, le Prince de Peyredragon se durcit davantage encore, déglutissant avec difficulté avant de redresser son regard.
“Where in the fuck were you? The queen...” les mots se bloquèrent un instant dans la gorge de Maegor.
“The queen is dead. I found her here, dead, in the middle of a her blood with her own sword deeply planted in her guts.”Maegor s'approcha alors à grand pas, le regard venimeux et plein d'une rage immense. Sa propre mère était morte alors qu'ils touchaient enfin, l'un et l'autre, leur rêve du bout des doigts. Visenya avait son trône, son fils avait un enfant et les choses semblaient être promise à aller de l'avant.
“Do you know how serious this is? It's treason, why were you not there? Uh?” Et malgré tout son sérieux et toute sa colère, la perte et le deuil le tenaient par l'estomac.
“We... We need to find the culprit and serve justice for my mother's death... I... What did she decide about her succession?”Les mots finaux avaient été lâchés avec difficulté. Maegor doutait Visenya l'eût nommé comme son héritier, pas alors qu'il avait dit qu'il ne voulait pas du trône et plus encore quand ils voyaient ce que le monde était devenu sous son règne. Le prince n'était pas certain de pouvoir faire mieux dans cette vie, pourtant, Visenya n'était pas sans cartes à jouer, pas alors qu'elle avait à présent une petite fille à peine née. Ce n'était pas pour lui-même que le prince de Peyredragon jouaient à présent, mais pour sa Rhaenyra et il semblait à présent qu'il comprenait pourquoi sa mère l'avait rappelé de Pentos, tant d'année auparavant.