❝ you're a dragon, i'm a whore ❞ ft. Maegor Targaryen

Son regard était plongé dans les flammes, leurs reflets dansaient dans ses yeux noirs et elle percevait quelques formes abstraites et sombres sans qu’elle ne puisse y desceller quoi que ce soit. Rien sauf ce sentiment profond en elle, ce froid glacial de la mort.
Tyanna de Pentos avait accompagné la mort, ou l’Etranger comme le nommait son Alys, bien des fois. Elle avait marchandé avec elle trop de fois pour garder Maegor en vie et elle connaissait bien sa présence, ce froid qu’elle laissait, ce vide intense et profond, des abysses sombres et le néant total. Elle l’avait même connu, elle était morte durant si longtemps après tout.

« — Is it the end? »

Elle murmura pour elle-même, avec résignation. Sa main se tendit vers les flammes, leur chaleur ne suffisait pas à réchauffer son corps et moins encore son cœur. Et alors la colère s’empara d’elle et d’un geste, elle recouvrit le brasero pour éteindre le feu et quand elle voulut quitter ce qui était son atelier, celui où Maegor et Alys ne venaient que si elle les y invitait, elle posa son regard sur la bougie qu’elle avait lié à la vie du prince Targaryen il y avait presque deux années de cela. Deux années et Tyanna s’interrogea, avaient-ils déjà été aussi proches du bonheur qu’ils avaient connu à Pentos que durant ces deux dernières années ?
Un soupir lui échappa, tout avait une fin. Même les bonnes choses. Surtout les bonnes choses.

La porte se referma derrière elle, elle la referma à clé comme à son habitude et descendit les marches de la tour vers la nurserie où âgée de quatre lunes, la jeune Rhaenyra dormait. Elle était calme et paisible dans son berceau, si délicate avec son visage de poupée, sa peau de porcelaine et ce léger amas de cheveux roux au sommet de sa tête. Elle ressemblait plus à Alys qu'à Maegor, il était vrai mais chaque fois que le regard de la sorcière se posait sur l'enfant, elle revoyait le sien qui n'avait jamais vécu. Alors elle se tenait le plus loin d'elle possible, elle gardait ses distances, soufflait que les cris l'ennuyaient et en cela, il y avait une part de vérité mais elle les aurait supporté en d'autres temps. Elle se pencha au-dessus du berceau et tendit ses doigts vers la joue du bébé, elle était si fragile, il serait si aisé de glisser ses doigts autour de son petit cou et de lui retirer la vie en quelques secondes. Ses ongles effleurèrent son cou, elle sentit son pouls qui pulsait sous son toucher pour prouver que la jeune enfant allait bien, qu'elle vivait et semblait solide. Soudainement, la porte s'ouvrit dans le dos de la brune.

« — Lady Tyanna? What are you... You shouldn't... »

La brune fit un pas en arrière, se tournant vers la nourrice avec un regard dur et sombre sur cette femme qui semblait déterminée à lui dire ce qu'elle devait ou non le faire.

« — I shouldn't what?
— Nothing. »

Tyanna eut un rire satisfait et une nouvelle fois, elle se pencha au-dessus du berceau et déposa ses lèvres contre le crâne de Rhaenyra avant de s'éloigner en silence, laissant la nourrice qui devait veiller sur la jeune princesse, qui le faisait si bien qu'elle aurait eu le temps de mettre fin à sa vie avant même qu'elle ne réagisse si elle l'avait vraiment voulu. Alors lorsqu'elle referma cette nouvelle porte derrière elle, la pentoshie se jura qu'elle parlerait à sa belle Alys de ce sujet, pour la sécurité de sa fille quand Maegor semblait recueillir les gamines de sa nièce et les laisser courir dans le château sans la moindre restriction.
C'était ce même prince vers qui elle marchait, déambulant dans les couloirs de marbre blancs avec lesquels elle contrastait avec ses cheveux si noirs tirés et noués en arrière et sa robe d'un bleu particulièrement sombre. Maegor avait été son objectif premier lorsqu'elle avait quitté son atelier, Rhaenyra ne fut qu'un détour. Alors quand elle arriva dans le salon où il devait déjeuner, où il se trouvait chaque matin quand Alys veillait sur les nauséabondes chèvres pour lesquelles elle s'était prise d'affection, Tyanna poussa la porte sans s'annoncer et dans une claquement, elle la referma derrière elle.

« — We need to talk. »

La sorcière s'avança à travers la pièce, ses yeux bruns désormais posés sur le valyrien, alors que son visage restait impassible, aucun signe de peine, d'inquiétude ni de tendresse quand elle vint se glisser sur le fauteuil près du sien avec une grâce féline. Elle se pencha en avant, ses coudes appuyés contre ses cuisses et avec grand sérieux, elle prononça quelques mots.

« — Don't leave for King's Landing. »

Ses yeux rencontrèrent les prunelles violettes du prince, elle savait même s'il n'avait encore rien dit. Tyanna savait toujours les choses qui concernaient ces aimés avant même qu'ils ne le lui disent car elle veillait sur eux, silencieusement, dans l'ombre mais elle ne laissait rien lui échapper. Qui lui avait dit que Maegor avait reçu une lettre de sa mère la reine ? Elle le tairait, elle ne lui dirait jamais comment elle savait, comment elle avait appris le contenu de la lettre et ça n'avait pas d'importance à cet instant.

« — I see only death for you there. »

S'inquiétait-elle pour lui ? Bien sûr que oui, il le savait probablement autant qu'elle mais toujours, elle le nierait et se tairait si on le lui demandait. Elle ne pouvait pas laisser son prince mourir, elle l'avait sauvé trop de fois et même si la mort était inévitable, même si elle viendrait bientôt et cela, Tyanna le savait depuis le retour de la belle Herpivoie, elle ne pouvait se résoudre à passer leurs derniers instants loin de lui. Port-Réal n'apporterait que la mort pour eux, cela voulait-il dire que la fin était proche ? Trios viendrait et malgré ses recherches, malgré ses tentatives, elle ignorait encore tant du dieu et de ses fidèles. Il lui faudrait aller à Tyrosh pour cela, pour trouver les informations nécessaires à leur survie mais qu'y trouverait-elle ? Que ferait-elle si elle découvrait qu'ils étaient tout de même condamnés ou qu'elle n'était pas assez forte pour les sauver ? Maegor penserait que si, il ne réalisait pas le prix qu'elle payait chaque fois qu'elle lui apportait son aide et elle le laissait croire qu'il était moindre, que ça n'avait pas d'importance mais elle mentait, elle avait toujours menti. Jamais dans une volonté de le surprotéger mais parce qu'en réalité, elle pensait que le Targaryen se fichait bien du prix à payer, la magie était une arme dont il fallait se servir et non une chose délicate, une énergie puissante avec laquelle il était dangereux de jouer. Il ne comprendrait pas si elle découvrait qu'elle était incapable de les sauver de Trios et sa colère, Tyanna osait à peine l'imaginer. Pourtant, il faudrait le lui dire bientôt. Bientôt, il lui faudrait dire à Maegor qu'ils étaient condamnés à nouveau et qu'en ce monde, ils laisseraient surement une fille seule et orpheline.

La pentoshie se redressa pour mieux laisser son dos retomber contre le dossier du fauteuil tout en chassant toute pensée invasive.

« — Our Alys needs you. So does your daughter now. »

Sa fille, celle de Maegor et Alys. Elle l'aimait aussi mais une part d'elle jalousait Alys d'avoir su donner la vie à cette enfant si belle et délicate quand son Alaenys n'avait pas vécu. Ce n'était pas la bataille pour Harrenhal qui avait mis en péril l'enfant, cela, elle en avait la certitude. Elle ne pouvait pas accuser leurs ennemis car elle avait cessé d'exister avant. Alors malgré son affection pour la jeune Rhaenyra, Tyanna ne savait le montrer, elle ne savait pas dire à Alys et encore moins à Maegor que cette fille était aussi la sienne. Dans ses mots et dans ses actes, elle restait la fille de ses amants.